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<p style="text-align: center;">Un essai de <a href="https://www.republik.ch/~graf">Daniel Graf</a> , publié le 10 janvier 2020 sur le site d'information <a href="https://www.republik.ch/2020/01/10/welches-links" target="_blank" rel="noopener">Republik</a> et traduit par <strong>Marta Czarska</strong>.</p>
<hr />
<h3><strong>L’échauffement</strong></h3>
<p>Représentons-nous, l’espace d’un instant, <strong>la social-démocratie comme un joueur de football</strong>. Appelons-le Rainer. Jadis, au XX<sup>e</sup> siècle, Rainer était le grand chouchou du public du<em> FC Gauche</em>. Il portait le maillot rouge avec le logo du club «SOCIAL» avec la même fierté que jadis son père, et les fans du FC Gauche avaient à cœur la même chose que lui: être au taquet. Esprit d’équipe. Boulettes et bière.</p>
<p>Et puis, juste lorsqu'il avait déjà fait subir quelques défaites historiques au <em>Club Capital</em>, arrivait sur le banc d'entraineur ce Schröderblair qui modifia la tactique. Rainer et les gars devaient soudain passer au jaune, et le logo avec la devise «SOCIAL» était banni du jeu et n’était plus exhibé que comme médaille d’honneur le dimanche dans le salon des VIP. Rainer dirait aujourd’hui: étonnamment tard, les fans commencèrent à se détourner de lui et de son équipe, et de plus en plus de supporters ajoutaient sur le logo un A devant le slogan et un point d'exclamation derrière. C’était un coup au cœur, mais Rainer pouvait comprendre les gens: bon sang, ils avaient bien raison. Il n’était pas le seul à vouloir récupérer son maillot rouge.</p>
<p>Quelques changements d'entraineurs plus tard et après une interminable série de défaites, il était enfin temps d’imprimer le slogan en gras sur le maillot. Mais entretemps, le monde avait changé, tout comme le FC Gauche.</p>
<p>Une autre équipe d’alors, qui jouait jadis 3 ligues plus bas en <strong>maillot vert</strong> avec le risible slogan «CLIMAT», était soudain devenue leur égale, se démarquant même mieux dans certains tournois. Et cela malgré le fait que, certains disaient même: <em>parce que</em>, il y avait bien plus de <strong>femmes</strong> dans l’équipe.</p>
<p>Et les fans? Ils ne parlaient plus que des verts. Les mêmes qui, avant, à chaque match de coupe, s’excitaient au stade ou devant leurs écrans au cri de guerre «SOCIAL - en finale!», préféraient désormais enfiler les maillots de l’équipe «CLIMAT». Juste parce que le climat était soudain devenu un bon filon.</p>
<p>Mais une chose troublait vraiment Rainer. Il y avait aussi cette équipe, les <strong>multicolores</strong>. Ils étaient soudain partout avec leur maillots arc-en-ciel, même si le terme «politique identitaire» semblait déjà être délirant, en tout cas après les boulettes et la bière, et surtout pas comme quelque chose qui pouvait faire rimer match de barrage avec un cri de guerre convenable.</p>
<p>Mais d’où venez-vous donc? demandait Rainer, et les multicolores répondaient: nous sommes là depuis longtemps, mais avant, nous ne pouvions être que spectateurs, mais maintenant nous aussi, nous participons volontiers au jeu. Naturellement, les multicolores l'exprimaient en vérité d'une façon bien plus compliquée et récoltaient aussi les applaudissement des maillots verts. Même certains des anciens fans de Rainer exultaient. De même que les rouges de l’équipe des juniors.</p>
<p>Non, Rainer n'avait au fond rien contre les verts et rien non plus contre les multicolores, mais lorsqu’il s’asseyait avec les hommes de jadis, avec ceux qui ne faisaient pas flotter leur bannière sous ce nouveau vent, ils étaient bien tous d'accord sur une chose. Il faudrait à nouveau se concentrer sur l’essentiel, il faudrait crier haut et fort: <em>question sociale au lieu du bla-bla identitaire!</em></p>
<p>A ce stade, alors que l'histoire de Rainer n'est pas terminée, vous criez, chers lecteurs, de votre côté de l’écran: Assez de ces bêtises! Ce ne sont que des fractions artificielles!</p>
<p>Vous voyez, on s’est compris.</p>
<h3><strong>Premier match: question sociale et identité</strong></h3>
<p>Si la gauche politique veut survivre dans cette nouvelle décennie, elle ferait bien de considérer quelques débats sectaires stériles de ces derniers temps comme une «phase d’orientation» et les reléguer loin d'elle, dans la chronique des années 2010. Cela vaut surtout pour la formule «Question sociale vs. X».</p>
<p>Oui, face à l’éclatante inégalité sociale et après des décennies de destruction néolibérale, elle a d’urgence besoin d’un contre-programme politique. Mais une politique qui veut jouer <em>exclusivement</em> sur la<strong> lutte des classes</strong> est dépassée.</p>
<p>Aujourd’hui, la politique de gauche sera jaugée à l'aune de sa résolution de trois grandes questions actuelles: la question sociale, la crise climatique et les diverses problématiques de justice réunies sous le label «politique identitaire». Et si l’on observe par exemple le PS suisse, les Verts européens ou la fraction Kipping-Bartsch de la gauche allemande, si l’on écoute les activistes de <em>Fridays for Future</em>, les nouvelles voix du SPD ou les institutions apolitiques <a href="http://www.denknetz.ch/">en Suisse</a> et <a href="https://www.solidarische-moderne.de/">en Allemagne</a> on peut dire: bien des gens l’ont compris depuis longtemps déjà.</p>
<p><strong>Bien sûr, il faut et on doit débattre de ce que la politique de gauche signifie aujourd’hui. Mais au lieu de débattre continuellement sur le mode du «soit/soit», on pourrait pour une fois à nouveau s’interroger sur le joli petit mot «et».</strong></p>
<p>Aucun des grands débats de ces derniers temps n’en était plus éloigné, aucun ne fût mené avec tant d’ardeur que le duel décisif, plus que stérile, portant le nom «question sociale ou politique identitaire de gauche?». Comme s’il fallait, pour réaliser l’une, abandonner l'autre. Et comme si l’inégalité sociale et les diverses formes de discrimination n’étaient pas toutes deux des défis complexes qui nécessitent des réponses intelligentes au lieu de jouer l’un contre l’autre.</p>
<p><em>Republik</em> a pris position <a href="https://www.republik.ch/dossier/identitaetspolitik">régulièrement dans ce débat</a>, essayé d’ouvrir des perspectives <a href="https://www.republik.ch/2019/02/16/ueberall-identitaeten">au-delà des fausses oppositions</a> et <a href="https://www.republik.ch/2019/08/17/wer-hat-angst-vorm-zuhoeren">expliqué en détail</a> pourquoi le tapage généralisé autour du <em>politiquement correct</em> et la politique identitaire de gauche sont condamnés à l’échec même s’ils proviennent de la gauche. (Du côté de la droite, ce genre de débat semble se limiter à un copier/coller de la même polémique.)</p>
<p>Comme il n’y a pas grand-chose à y ajouter, juste deux remarques sur les reproches courants faits à la politique identitaire.</p>
<p>L’objection numéro 1 sonne en substance ainsi: la politique identitaire est le terrain de jeu d’égocentriques qui élèvent les soucis personnels d’une <strong>minorité</strong> au-delà de la <strong>société</strong>.</p>
<p>En fait, c'est tout le contraire. La société majoritaire laisse bien trop souvent aux minorités (par exemple aux femmes) le soin d’attirer l'attention sur les expériences réelles de discrimination, les menaces tangibles, la violence verbale et physique au sein de notre société, au lieu de s’y opposer activement à leurs côtés lorsque les valeurs élémentaires de <em>notre communauté à tous</em> sont touchées.</p>
<p>Il dépend de nous que la politique identitaire d’émancipation soit le problème d’un Moi directement concerné ou qu’elle soit comprise comme une éthique du Toi - en lien avec la question de savoir comment nous voulons vivre. Les luttes contre le racisme, l’antisémitisme, la misogynie, l’homophobie et la transphobie ne sont pas des intérêts de particuliers, mais nous rappellent les promesses fondamentales de notre <strong>démocratie</strong>, en permanence attaquées et minées. Une politique de la gauche qui ne transmet pas suffisamment qu’elle y est attachée n’aura pas d’avenir, même si elle pose les bonnes questions sociopolitiques - voir Corbyn, voir l’échec du mouvement allemand «Aufstehen».</p>
<p>Reproche numéro 2: La politique identitaire promeut la culture de la révolte et la pensée manichéenne, aussi parce qu’elle est défendue aveuglement à gauche, sans jamais être critiquée.</p>
<p>En vérité, le débat s'accompagne depuis des années d’une critique constante et différenciée, comme on peut le voir dans les livres de <a href="https://www.hanser-literaturverlage.de/buch/identitaeten-die-fiktionen-der-zugehoerigkeit/978-3-446-26416-8/">Kwame Anthony Appiah</a>, <a href="https://www.suhrkamp.de/buecher/wir-tristan_garcia_58724.html">Tristan Garcia</a> ou dans le recueil très recommandable «<a href="https://www.verbrecherverlag.de/book/detail/985">Trigger Warnung</a>». Le trio d’éditeurs de ce dernier, Eva Berendsen, Saba-Nur Cheema et Meron Mendel, font la distinction entre les enjeux principaux de la politique identitaire, dont ils ne remettent pas en question la pertinence, et un courant qu’ils décrivent comme «<em>une politique identitaire vulgaire aux accents fondamentalistes</em>». Ils entendent par là, par exemple, <strong>des règles de langage dogmatiques</strong>, qui ne permettent plus qu’une seule représentation adéquate d'expression, peu importe quel soit le niveau de formation des locuteurs et l’intention de leur discours. On empêche ainsi des partisans potentiels, qui n’auront pas suivi toute la réflexion académique sous-jacente, de prendre la parole - un très mauvais service à se rendre.</p>
<p>Ainsi, contrairement aux tentatives hostiles de délégitimation, la <em>critique solidaire</em> est constructive. Elle critique, lorsque des questions légitimes sont invoquées par des moyens problématiques, elle nuance les analyses et les arguments, elle s’efforce d’écouter et de poursuivre la réflexion. Tandis que les polémistes de droite sont avides de cas extrêmes et sensationnels, dans le très évident but de discréditer, grâce à une caricature instrumentalisée, la politique identitaire de gauche en tant que telle.</p>
<p>On y reconnait une stratégie pour s’assurer quelques privilèges et détourner la critique des rapports de force dominants. La gauche classique devrait pouvoir reconnaitre de telles stratégies. Mais lorsque les opposants de gauche à la politique identitaire opposent la question sociale aux problématiques antiracistes et antisexistes, ils font le jeu de la droite et les aident à appliquer le principe du «diviser pour régner». Ils oublient que la question de la justice a de nombreuses facettes, pas seulement économiques.</p>
<p>Et pourquoi donc, demandent Emma Dowling, Silke van Dyk et Stefanie Graefe <a href="https://www.prokla.de/index.php/PROKLA/article/view/69">dans un excellent essai</a>, les problèmes des travailleurs blancs de sexe masculin relèvent de la lutte des classes, tandis que «les luttes des femmes, des noirs ou des gays/lesbiennes» sont artificiellement écartées de la question sociale en étant qualifiées de «luttes de politique identitaire»?</p>
<p>L’inégalité et la marginalisation ont aussi souvent des conséquences économiques tangibles, comme dans le fameux exemple de l’inégalité des revenus entre hommes et femmes. Comme il est déjà impossible de séparer les questions sociales et identitaires dans la vie d’une travailleuse de couleur, le défi consiste à réfléchir à la complexité de telles délimitations et à se demander quelles solutions politiques doivent y être apportées. Sans oublier qu’une gauche moderne devrait être en mesure de répondre aux questions de justice de tous ceux qui <em>n’appartiennent pas</em> à la classe des travailleurs.</p>
<p>Bref, face à la réalité d’une société pluraliste, la gauche ferait bien de se comprendre comme la «<a href="https://www.republik.ch/2018/11/20/das-ende-der-sozialdemokratie">voix de tous les défavorisés</a>», au lieu de créer inutilement, dans une logique de concurrence, ou même d'exclusion, des barrières entre les diverses problématiques. Ce n'est qu’en abandonnant l’alternative entre politique sociale et politique identitaire qu’une discussion sensée sur les défis politiques identitaires pourra avoir lieu, sur des questions de faits politiques concrètes, mais aussi en prenant en compte l’opinion publique démocratique et la culture du débat.</p>
<p>Par qu’il faut bien le dire, les débats de la politique identitaire n’ont souvent pas lieu au niveau strictement politique, à savoir dans le cadre de la législation et des décisions parlementaires. Ils traitent aussi de questions de société et de culture, comme pour la féminisation des substantifs ou des disputes sur l’appropriation culturelle dans l'art. La gauche ne devrait ni s'en détourner, en la considérant comme apolitique, ni se dépenser à fond dans cette partie du débat.</p>
<p>En effet, même en étant un partisan convaincu d’un langage politiquement correct, on peut se demander jusqu’où une dispute à propos d'un choix terminologique doit aller, et se rappeler par la même occasion que l’engagement pour les mêmes principes fondamentaux devrait aussi valoir pour les initiatives législatives et la lutte pour les droits politiques. Pour renforcer les minorités par exemple, outre un langage respectueux, le droit de vote. Car c'est <a href="https://www.republik.ch/2019/10/18/schweiz-du-hast-ein-demokratieproblem">un défaut notable de la démocratie</a>, que des personnes étrangères qui vivent depuis des années dans un pays et l’ont depuis longtemps choisi comme le leur, n’aient pas de droits politiques.</p>
<p>C'est donc aussi une question de <strong>politisation de la politique identitaire</strong>. Et des priorités dans le choix des moyens. Cela suppose avant tout qu’il ne faut pas constamment revoir la légitimité fondamentale des questions de politique identitaire.</p>
<p>En outre, comme on peut aussi le lire dans «Trigger Warnung», il nous faut d’urgence une culture de la <strong>tolérance</strong> des erreurs pour contrecarrer une culture de l’<strong>indignation</strong> dogmatique et éviter l’apologétique.</p>
<p>Cela aussi est plus une question culturelle que strictement politique. Mais une politique favorablement perçue et l’identification à une offre politique ne naissent pas seulement grâce à un programme. Il est dès lors essentiel pour la gauche, à une époque où la nouvelle droite menace notre démocratie, de toujours préciser: «<em>Nous sommes résolument opposés à toute forme de misanthropie à l’égard de groupes. Il ne faut pas compter sur nous pour monter les uns contre les autres. Pas même quand nous posons la question sociale</em>».</p>
<h3><strong>Deuxième match: Climat et justice</strong></h3>
<p>Comparés à la dispute identitaire, les conflits entre politique sociale et politique climatique sont jusqu’à présent restés décents. L’écologie fait depuis trop longtemps partie du programme fondamental des partis de gauche, les rouges et les verts sont depuis trop longtemps des partenaires politiques, pour qu’il y ait à craindre ici des incompatibilités catégoriques et sérieuses.</p>
<p>Et pourtant, une tension latente se manifeste tant dans les questions de faits que dans le quotidien de la concurrence entre partis. Les sociaux-démocrates ne peuvent pas être indifférents aux échecs électoraux qu’ils encaissent coup sur coup au niveau européens alors que les Verts ont le vent en poupe, aussi grâce à des voix jadis rouges. «A gauche, peu importe pour qui» n’est un slogan porteur pour aucun parti politique.</p>
<p>En Suisse, où les sociaux-démocrates ont déjà un fort profil écologique, où le rapport des forces entre PS et les Verts est stable et les transferts des électeurs sont moindre qu’ailleurs, le regroupement est encore relativement léger. En Allemagne, par contre, malgré un bilan récent misérable, le parti des écologistes, encore considéré comme pionnier du mouvement climatique, devance depuis longtemps les deux autres partis rouges; lorsque les électeurs et les Verts célèbrent leurs derniers succès, le SPD fait figure d’amant délaissé. Faut-ils s’en étonner, quand les sociaux-démocrates contemplent parfois la <strong>vague verte</strong> avec des sentiments partagés?</p>
<p>En effet, la crise climatique fait aussi ressortir les différences entre les rouges et les verts au niveau socio-électoral, en particulier dans les pays à charbon comme l’Allemagne, où les électeurs des sociaux-démocrates sont estampillés amis du secteur minier. Le SPD tombe ainsi inévitablement dans le dilemme entre les attentes de sa clientèle et la conscience écologique. La pression sur le SPD augmente à chaque nouvelle victoire du mouvement pour le climat. Et comme il y a des personnes futées qui le saisissent parfois, on pouvait lire à la fin de l'année du climat 2019 dans <a href="https://www.zeit.de/kultur/2019-12/sozialdemokratie-spd-sozialpolitik-klimaschutz-widerspruch">une fameuse tribune</a> que la social-démocratie devrait «vite disparaitre de la politique» pour le bien de l'environnement. Ou comme le disait le grand titre: «Le SPD doit mourir pour que nous puissions vivre» (titre modifié depuis en «Le SPD? Il peut dégager!»).</p>
<p><em>La social-démocratie doit disparaitre?</em> Dans tous les cas pour le plaisir de la provocation. Rien n'est plus erroné que cette phrase.</p>
<p>La devise centrale de la politique du futur devrait plutôt être: <em>la question climatique est une question sociale</em>. La notion politique de loin la plus importante dans les années à venir est la «<strong>justice climatique</strong>».</p>
<p>La logique d'exploitation du capitalisme actuel ne s’exprime nulle part de manière aussi drastique que dans la crise climatique, et ce à double titre: dans la surexploitation effrénée de la nature et sous la forme de l’inégalité radicale à l’échelle mondiale.</p>
<p>On voit aujourd’hui déjà que la tendance est que les pays les plus pauvres de la terre (et à l'intérieur des nations, les populations les plus démunies) sont les plus touchés par les dégâts du changement climatique, tout simplement en raison du manque d'une protection efficace contre les catastrophes et parce que les habitants n’ont pas les moyens de fuir vers les régions du monde où la prospérité est encore suffisante pour que les phénomènes extrêmes soient moins menaçants.</p>
<p>La communauté mondiale devra donc mobiliser toujours plus de nouvelles aides. Ensuite, la politique climatique internationale devra expliquer aux pays émergents pourquoi, au nom de la protection du climat, ils devraient renoncer à l’exploitation des ressources auxquelles les pays industrialisés doivent leur prospérité. Cela sera impossible à réaliser sans prestations compensatoires. Voilà la dimension internationale du problème.</p>
<p>Des taxes écologiques de Macron aux hausses galopantes du prix de l’essence en Iran, on voit aussi les phénomènes internes à un pays donné: là où les mesures politiques touchent la vie quotidienne et pèsent sur ce que l’on appelle le <strong>petit peuple</strong>, une véhémente protestation est à craindre, car elles portent aussi profondément atteinte au <strong>sentiment de justice</strong>. Surtout en matière de politique climatique, où des actions décisives sont inévitables, cela signifie qu’il n’y a aucune chance d'acceptation d'une politique écologique sans le corollaire de justice sociale.</p>
<p>Les démocrates américains Alexandria Ocasio-Cortez et Edward Markey ont établi cette nécessité dans un programme politique sous le slogan «<strong>Green New Deal</strong>». Ce concept connait un succès populaire grandissant au niveau mondial, entre autres grâce aux best-sellers internationaux d'auteurs comme Naomi Klein et Jeremy Rifkin. <em>(Notre débat à ce sujet </em><a href="https://www.republik.ch/2019/12/04/green-new-deal-aber-welcher"><em>ici</em></a><em>, N.d.R.)</em> Par nature, les idées et les mesures spécifiques concrètes tendent à s’éloigner. Pour lutter contre les énormes défis de la crise climatique de façon socialement supportable, il faut avant tout, outre de nouvelles stratégies de subventions et d’investissements, une politique fiscale fondamentalement nouvelle qui obligerait tous, aussi et en particulier les plus forts financièrement, à payer leur dû. Et donc concrètement: impôt sur la fortune, impôt sur la richesse, taxe incitative avec redistribution, sans oublier la lutte contre cet euphémisme qu’est «l’évasion fiscale».</p>
<p>Autrement dit, les exigences de la politique climatique recouvrent assez exactement ce que Thomas Piketty conclut dans son analyse <a href="https://www.republik.ch/2019/10/12/ungleichheit-ist-kein-naturgesetz">Capital et inégalité</a>.</p>
<p>Le monde n’a jamais autant eu besoin qu’aujourd’hui d’une <em>réponse sociale-démocratique à la crise climatique et aux inégalités mondiales</em>. La question n'est dès lors pas si écologie et politique sociale sont compatibles. La question pressante est bien plus de savoir comment, après le désastre de la conférence de Madrid et face à l'absence d'une politique sociale supranationale, résoudre à temps les questions de justice de la crise climatique. En outre, ce sera plus difficile à réaliser que le folklore du travailleur blanc et de la lutte des classes.</p>
<h3><strong>La finale: quelle gauche?</strong></h3>
<p>La réponse ne peut qu’être: plusieurs. La démocratie, sapée au niveau mondial par l’inégalité sociale, menacée dans ses standards civilisationnels par la nouvelle droite et qui fait montre jusqu’ici d'une incapacité d’action éclatante dans la crise climatique, a amèrement besoin d’une gauche politiquement variée. C'est pourquoi la faible approche «soit/soit» équivaut à de la <strong>paresse</strong>.</p>
<p>Au lieu d’affirmer des prétendues incompatibilités catégoriques, il faut <strong>raisonner en réseau</strong>. Ce qui signifie concrètement, d’une part, qu’il faut former des alliances stratégiques et circonstancielles avec les forces démocratiques externes au spectre de la gauche. Cela signifie, d'autre part, qu’il faut se limiter à quelques grandes questions afin d’y apporter les meilleurs solutions politiques au lieu de mener des débats fondamentaux - sectaires.</p>
<p>Une politique progressiste qui veut répondre de manière adéquate aux réalités sociales et aux défis du présent doit obligatoirement être sociale <strong><em>et</em></strong> écologique <strong><em>et</em></strong> antiraciste <strong><em>et</em></strong> féministe, elle doit s’engager pour une politique des réfugiés humaine, pour l’égalité des genres <em>et</em> pour la responsabilité postcoloniale. Elle a dans le même temps besoin de tolérance afin de résister aux diverses conceptions de l’ordre et des notions de cette énumération.</p>
<p>En bref, elle doit à nouveau prendre le terme «de gauche» au sérieux. La meilleure traduction serait: justice. Ce n'est pas un singulier, c'est un principe directeur. Et c'est le défi auquel notre société se mesure en ce moment. </p>',
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<h3><strong>L’échauffement</strong></h3>
<p>Représentons-nous, l’espace d’un instant, <strong>la social-démocratie comme un joueur de football</strong>. Appelons-le Rainer. Jadis, au XX<sup>e</sup> siècle, Rainer était le grand chouchou du public du<em> FC Gauche</em>. Il portait le maillot rouge avec le logo du club «SOCIAL» avec la même fierté que jadis son père, et les fans du FC Gauche avaient à cœur la même chose que lui: être au taquet. Esprit d’équipe. Boulettes et bière.</p>
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<p>Et les fans? Ils ne parlaient plus que des verts. Les mêmes qui, avant, à chaque match de coupe, s’excitaient au stade ou devant leurs écrans au cri de guerre «SOCIAL - en finale!», préféraient désormais enfiler les maillots de l’équipe «CLIMAT». Juste parce que le climat était soudain devenu un bon filon.</p>
<p>Mais une chose troublait vraiment Rainer. Il y avait aussi cette équipe, les <strong>multicolores</strong>. Ils étaient soudain partout avec leur maillots arc-en-ciel, même si le terme «politique identitaire» semblait déjà être délirant, en tout cas après les boulettes et la bière, et surtout pas comme quelque chose qui pouvait faire rimer match de barrage avec un cri de guerre convenable.</p>
<p>Mais d’où venez-vous donc? demandait Rainer, et les multicolores répondaient: nous sommes là depuis longtemps, mais avant, nous ne pouvions être que spectateurs, mais maintenant nous aussi, nous participons volontiers au jeu. Naturellement, les multicolores l'exprimaient en vérité d'une façon bien plus compliquée et récoltaient aussi les applaudissement des maillots verts. Même certains des anciens fans de Rainer exultaient. De même que les rouges de l’équipe des juniors.</p>
<p>Non, Rainer n'avait au fond rien contre les verts et rien non plus contre les multicolores, mais lorsqu’il s’asseyait avec les hommes de jadis, avec ceux qui ne faisaient pas flotter leur bannière sous ce nouveau vent, ils étaient bien tous d'accord sur une chose. Il faudrait à nouveau se concentrer sur l’essentiel, il faudrait crier haut et fort: <em>question sociale au lieu du bla-bla identitaire!</em></p>
<p>A ce stade, alors que l'histoire de Rainer n'est pas terminée, vous criez, chers lecteurs, de votre côté de l’écran: Assez de ces bêtises! Ce ne sont que des fractions artificielles!</p>
<p>Vous voyez, on s’est compris.</p>
<h3><strong>Premier match: question sociale et identité</strong></h3>
<p>Si la gauche politique veut survivre dans cette nouvelle décennie, elle ferait bien de considérer quelques débats sectaires stériles de ces derniers temps comme une «phase d’orientation» et les reléguer loin d'elle, dans la chronique des années 2010. Cela vaut surtout pour la formule «Question sociale vs. X».</p>
<p>Oui, face à l’éclatante inégalité sociale et après des décennies de destruction néolibérale, elle a d’urgence besoin d’un contre-programme politique. Mais une politique qui veut jouer <em>exclusivement</em> sur la<strong> lutte des classes</strong> est dépassée.</p>
<p>Aujourd’hui, la politique de gauche sera jaugée à l'aune de sa résolution de trois grandes questions actuelles: la question sociale, la crise climatique et les diverses problématiques de justice réunies sous le label «politique identitaire». Et si l’on observe par exemple le PS suisse, les Verts européens ou la fraction Kipping-Bartsch de la gauche allemande, si l’on écoute les activistes de <em>Fridays for Future</em>, les nouvelles voix du SPD ou les institutions apolitiques <a href="http://www.denknetz.ch/">en Suisse</a> et <a href="https://www.solidarische-moderne.de/">en Allemagne</a> on peut dire: bien des gens l’ont compris depuis longtemps déjà.</p>
<p><strong>Bien sûr, il faut et on doit débattre de ce que la politique de gauche signifie aujourd’hui. Mais au lieu de débattre continuellement sur le mode du «soit/soit», on pourrait pour une fois à nouveau s’interroger sur le joli petit mot «et».</strong></p>
<p>Aucun des grands débats de ces derniers temps n’en était plus éloigné, aucun ne fût mené avec tant d’ardeur que le duel décisif, plus que stérile, portant le nom «question sociale ou politique identitaire de gauche?». Comme s’il fallait, pour réaliser l’une, abandonner l'autre. Et comme si l’inégalité sociale et les diverses formes de discrimination n’étaient pas toutes deux des défis complexes qui nécessitent des réponses intelligentes au lieu de jouer l’un contre l’autre.</p>
<p><em>Republik</em> a pris position <a href="https://www.republik.ch/dossier/identitaetspolitik">régulièrement dans ce débat</a>, essayé d’ouvrir des perspectives <a href="https://www.republik.ch/2019/02/16/ueberall-identitaeten">au-delà des fausses oppositions</a> et <a href="https://www.republik.ch/2019/08/17/wer-hat-angst-vorm-zuhoeren">expliqué en détail</a> pourquoi le tapage généralisé autour du <em>politiquement correct</em> et la politique identitaire de gauche sont condamnés à l’échec même s’ils proviennent de la gauche. (Du côté de la droite, ce genre de débat semble se limiter à un copier/coller de la même polémique.)</p>
<p>Comme il n’y a pas grand-chose à y ajouter, juste deux remarques sur les reproches courants faits à la politique identitaire.</p>
<p>L’objection numéro 1 sonne en substance ainsi: la politique identitaire est le terrain de jeu d’égocentriques qui élèvent les soucis personnels d’une <strong>minorité</strong> au-delà de la <strong>société</strong>.</p>
<p>En fait, c'est tout le contraire. La société majoritaire laisse bien trop souvent aux minorités (par exemple aux femmes) le soin d’attirer l'attention sur les expériences réelles de discrimination, les menaces tangibles, la violence verbale et physique au sein de notre société, au lieu de s’y opposer activement à leurs côtés lorsque les valeurs élémentaires de <em>notre communauté à tous</em> sont touchées.</p>
<p>Il dépend de nous que la politique identitaire d’émancipation soit le problème d’un Moi directement concerné ou qu’elle soit comprise comme une éthique du Toi - en lien avec la question de savoir comment nous voulons vivre. Les luttes contre le racisme, l’antisémitisme, la misogynie, l’homophobie et la transphobie ne sont pas des intérêts de particuliers, mais nous rappellent les promesses fondamentales de notre <strong>démocratie</strong>, en permanence attaquées et minées. Une politique de la gauche qui ne transmet pas suffisamment qu’elle y est attachée n’aura pas d’avenir, même si elle pose les bonnes questions sociopolitiques - voir Corbyn, voir l’échec du mouvement allemand «Aufstehen».</p>
<p>Reproche numéro 2: La politique identitaire promeut la culture de la révolte et la pensée manichéenne, aussi parce qu’elle est défendue aveuglement à gauche, sans jamais être critiquée.</p>
<p>En vérité, le débat s'accompagne depuis des années d’une critique constante et différenciée, comme on peut le voir dans les livres de <a href="https://www.hanser-literaturverlage.de/buch/identitaeten-die-fiktionen-der-zugehoerigkeit/978-3-446-26416-8/">Kwame Anthony Appiah</a>, <a href="https://www.suhrkamp.de/buecher/wir-tristan_garcia_58724.html">Tristan Garcia</a> ou dans le recueil très recommandable «<a href="https://www.verbrecherverlag.de/book/detail/985">Trigger Warnung</a>». Le trio d’éditeurs de ce dernier, Eva Berendsen, Saba-Nur Cheema et Meron Mendel, font la distinction entre les enjeux principaux de la politique identitaire, dont ils ne remettent pas en question la pertinence, et un courant qu’ils décrivent comme «<em>une politique identitaire vulgaire aux accents fondamentalistes</em>». Ils entendent par là, par exemple, <strong>des règles de langage dogmatiques</strong>, qui ne permettent plus qu’une seule représentation adéquate d'expression, peu importe quel soit le niveau de formation des locuteurs et l’intention de leur discours. On empêche ainsi des partisans potentiels, qui n’auront pas suivi toute la réflexion académique sous-jacente, de prendre la parole - un très mauvais service à se rendre.</p>
<p>Ainsi, contrairement aux tentatives hostiles de délégitimation, la <em>critique solidaire</em> est constructive. Elle critique, lorsque des questions légitimes sont invoquées par des moyens problématiques, elle nuance les analyses et les arguments, elle s’efforce d’écouter et de poursuivre la réflexion. Tandis que les polémistes de droite sont avides de cas extrêmes et sensationnels, dans le très évident but de discréditer, grâce à une caricature instrumentalisée, la politique identitaire de gauche en tant que telle.</p>
<p>On y reconnait une stratégie pour s’assurer quelques privilèges et détourner la critique des rapports de force dominants. La gauche classique devrait pouvoir reconnaitre de telles stratégies. Mais lorsque les opposants de gauche à la politique identitaire opposent la question sociale aux problématiques antiracistes et antisexistes, ils font le jeu de la droite et les aident à appliquer le principe du «diviser pour régner». Ils oublient que la question de la justice a de nombreuses facettes, pas seulement économiques.</p>
<p>Et pourquoi donc, demandent Emma Dowling, Silke van Dyk et Stefanie Graefe <a href="https://www.prokla.de/index.php/PROKLA/article/view/69">dans un excellent essai</a>, les problèmes des travailleurs blancs de sexe masculin relèvent de la lutte des classes, tandis que «les luttes des femmes, des noirs ou des gays/lesbiennes» sont artificiellement écartées de la question sociale en étant qualifiées de «luttes de politique identitaire»?</p>
<p>L’inégalité et la marginalisation ont aussi souvent des conséquences économiques tangibles, comme dans le fameux exemple de l’inégalité des revenus entre hommes et femmes. Comme il est déjà impossible de séparer les questions sociales et identitaires dans la vie d’une travailleuse de couleur, le défi consiste à réfléchir à la complexité de telles délimitations et à se demander quelles solutions politiques doivent y être apportées. Sans oublier qu’une gauche moderne devrait être en mesure de répondre aux questions de justice de tous ceux qui <em>n’appartiennent pas</em> à la classe des travailleurs.</p>
<p>Bref, face à la réalité d’une société pluraliste, la gauche ferait bien de se comprendre comme la «<a href="https://www.republik.ch/2018/11/20/das-ende-der-sozialdemokratie">voix de tous les défavorisés</a>», au lieu de créer inutilement, dans une logique de concurrence, ou même d'exclusion, des barrières entre les diverses problématiques. Ce n'est qu’en abandonnant l’alternative entre politique sociale et politique identitaire qu’une discussion sensée sur les défis politiques identitaires pourra avoir lieu, sur des questions de faits politiques concrètes, mais aussi en prenant en compte l’opinion publique démocratique et la culture du débat.</p>
<p>Par qu’il faut bien le dire, les débats de la politique identitaire n’ont souvent pas lieu au niveau strictement politique, à savoir dans le cadre de la législation et des décisions parlementaires. Ils traitent aussi de questions de société et de culture, comme pour la féminisation des substantifs ou des disputes sur l’appropriation culturelle dans l'art. La gauche ne devrait ni s'en détourner, en la considérant comme apolitique, ni se dépenser à fond dans cette partie du débat.</p>
<p>En effet, même en étant un partisan convaincu d’un langage politiquement correct, on peut se demander jusqu’où une dispute à propos d'un choix terminologique doit aller, et se rappeler par la même occasion que l’engagement pour les mêmes principes fondamentaux devrait aussi valoir pour les initiatives législatives et la lutte pour les droits politiques. Pour renforcer les minorités par exemple, outre un langage respectueux, le droit de vote. Car c'est <a href="https://www.republik.ch/2019/10/18/schweiz-du-hast-ein-demokratieproblem">un défaut notable de la démocratie</a>, que des personnes étrangères qui vivent depuis des années dans un pays et l’ont depuis longtemps choisi comme le leur, n’aient pas de droits politiques.</p>
<p>C'est donc aussi une question de <strong>politisation de la politique identitaire</strong>. Et des priorités dans le choix des moyens. Cela suppose avant tout qu’il ne faut pas constamment revoir la légitimité fondamentale des questions de politique identitaire.</p>
<p>En outre, comme on peut aussi le lire dans «Trigger Warnung», il nous faut d’urgence une culture de la <strong>tolérance</strong> des erreurs pour contrecarrer une culture de l’<strong>indignation</strong> dogmatique et éviter l’apologétique.</p>
<p>Cela aussi est plus une question culturelle que strictement politique. Mais une politique favorablement perçue et l’identification à une offre politique ne naissent pas seulement grâce à un programme. Il est dès lors essentiel pour la gauche, à une époque où la nouvelle droite menace notre démocratie, de toujours préciser: «<em>Nous sommes résolument opposés à toute forme de misanthropie à l’égard de groupes. Il ne faut pas compter sur nous pour monter les uns contre les autres. Pas même quand nous posons la question sociale</em>».</p>
<h3><strong>Deuxième match: Climat et justice</strong></h3>
<p>Comparés à la dispute identitaire, les conflits entre politique sociale et politique climatique sont jusqu’à présent restés décents. L’écologie fait depuis trop longtemps partie du programme fondamental des partis de gauche, les rouges et les verts sont depuis trop longtemps des partenaires politiques, pour qu’il y ait à craindre ici des incompatibilités catégoriques et sérieuses.</p>
<p>Et pourtant, une tension latente se manifeste tant dans les questions de faits que dans le quotidien de la concurrence entre partis. Les sociaux-démocrates ne peuvent pas être indifférents aux échecs électoraux qu’ils encaissent coup sur coup au niveau européens alors que les Verts ont le vent en poupe, aussi grâce à des voix jadis rouges. «A gauche, peu importe pour qui» n’est un slogan porteur pour aucun parti politique.</p>
<p>En Suisse, où les sociaux-démocrates ont déjà un fort profil écologique, où le rapport des forces entre PS et les Verts est stable et les transferts des électeurs sont moindre qu’ailleurs, le regroupement est encore relativement léger. En Allemagne, par contre, malgré un bilan récent misérable, le parti des écologistes, encore considéré comme pionnier du mouvement climatique, devance depuis longtemps les deux autres partis rouges; lorsque les électeurs et les Verts célèbrent leurs derniers succès, le SPD fait figure d’amant délaissé. Faut-ils s’en étonner, quand les sociaux-démocrates contemplent parfois la <strong>vague verte</strong> avec des sentiments partagés?</p>
<p>En effet, la crise climatique fait aussi ressortir les différences entre les rouges et les verts au niveau socio-électoral, en particulier dans les pays à charbon comme l’Allemagne, où les électeurs des sociaux-démocrates sont estampillés amis du secteur minier. Le SPD tombe ainsi inévitablement dans le dilemme entre les attentes de sa clientèle et la conscience écologique. La pression sur le SPD augmente à chaque nouvelle victoire du mouvement pour le climat. Et comme il y a des personnes futées qui le saisissent parfois, on pouvait lire à la fin de l'année du climat 2019 dans <a href="https://www.zeit.de/kultur/2019-12/sozialdemokratie-spd-sozialpolitik-klimaschutz-widerspruch">une fameuse tribune</a> que la social-démocratie devrait «vite disparaitre de la politique» pour le bien de l'environnement. Ou comme le disait le grand titre: «Le SPD doit mourir pour que nous puissions vivre» (titre modifié depuis en «Le SPD? Il peut dégager!»).</p>
<p><em>La social-démocratie doit disparaitre?</em> Dans tous les cas pour le plaisir de la provocation. Rien n'est plus erroné que cette phrase.</p>
<p>La devise centrale de la politique du futur devrait plutôt être: <em>la question climatique est une question sociale</em>. La notion politique de loin la plus importante dans les années à venir est la «<strong>justice climatique</strong>».</p>
<p>La logique d'exploitation du capitalisme actuel ne s’exprime nulle part de manière aussi drastique que dans la crise climatique, et ce à double titre: dans la surexploitation effrénée de la nature et sous la forme de l’inégalité radicale à l’échelle mondiale.</p>
<p>On voit aujourd’hui déjà que la tendance est que les pays les plus pauvres de la terre (et à l'intérieur des nations, les populations les plus démunies) sont les plus touchés par les dégâts du changement climatique, tout simplement en raison du manque d'une protection efficace contre les catastrophes et parce que les habitants n’ont pas les moyens de fuir vers les régions du monde où la prospérité est encore suffisante pour que les phénomènes extrêmes soient moins menaçants.</p>
<p>La communauté mondiale devra donc mobiliser toujours plus de nouvelles aides. Ensuite, la politique climatique internationale devra expliquer aux pays émergents pourquoi, au nom de la protection du climat, ils devraient renoncer à l’exploitation des ressources auxquelles les pays industrialisés doivent leur prospérité. Cela sera impossible à réaliser sans prestations compensatoires. Voilà la dimension internationale du problème.</p>
<p>Des taxes écologiques de Macron aux hausses galopantes du prix de l’essence en Iran, on voit aussi les phénomènes internes à un pays donné: là où les mesures politiques touchent la vie quotidienne et pèsent sur ce que l’on appelle le <strong>petit peuple</strong>, une véhémente protestation est à craindre, car elles portent aussi profondément atteinte au <strong>sentiment de justice</strong>. Surtout en matière de politique climatique, où des actions décisives sont inévitables, cela signifie qu’il n’y a aucune chance d'acceptation d'une politique écologique sans le corollaire de justice sociale.</p>
<p>Les démocrates américains Alexandria Ocasio-Cortez et Edward Markey ont établi cette nécessité dans un programme politique sous le slogan «<strong>Green New Deal</strong>». Ce concept connait un succès populaire grandissant au niveau mondial, entre autres grâce aux best-sellers internationaux d'auteurs comme Naomi Klein et Jeremy Rifkin. <em>(Notre débat à ce sujet </em><a href="https://www.republik.ch/2019/12/04/green-new-deal-aber-welcher"><em>ici</em></a><em>, N.d.R.)</em> Par nature, les idées et les mesures spécifiques concrètes tendent à s’éloigner. Pour lutter contre les énormes défis de la crise climatique de façon socialement supportable, il faut avant tout, outre de nouvelles stratégies de subventions et d’investissements, une politique fiscale fondamentalement nouvelle qui obligerait tous, aussi et en particulier les plus forts financièrement, à payer leur dû. Et donc concrètement: impôt sur la fortune, impôt sur la richesse, taxe incitative avec redistribution, sans oublier la lutte contre cet euphémisme qu’est «l’évasion fiscale».</p>
<p>Autrement dit, les exigences de la politique climatique recouvrent assez exactement ce que Thomas Piketty conclut dans son analyse <a href="https://www.republik.ch/2019/10/12/ungleichheit-ist-kein-naturgesetz">Capital et inégalité</a>.</p>
<p>Le monde n’a jamais autant eu besoin qu’aujourd’hui d’une <em>réponse sociale-démocratique à la crise climatique et aux inégalités mondiales</em>. La question n'est dès lors pas si écologie et politique sociale sont compatibles. La question pressante est bien plus de savoir comment, après le désastre de la conférence de Madrid et face à l'absence d'une politique sociale supranationale, résoudre à temps les questions de justice de la crise climatique. En outre, ce sera plus difficile à réaliser que le folklore du travailleur blanc et de la lutte des classes.</p>
<h3><strong>La finale: quelle gauche?</strong></h3>
<p>La réponse ne peut qu’être: plusieurs. La démocratie, sapée au niveau mondial par l’inégalité sociale, menacée dans ses standards civilisationnels par la nouvelle droite et qui fait montre jusqu’ici d'une incapacité d’action éclatante dans la crise climatique, a amèrement besoin d’une gauche politiquement variée. C'est pourquoi la faible approche «soit/soit» équivaut à de la <strong>paresse</strong>.</p>
<p>Au lieu d’affirmer des prétendues incompatibilités catégoriques, il faut <strong>raisonner en réseau</strong>. Ce qui signifie concrètement, d’une part, qu’il faut former des alliances stratégiques et circonstancielles avec les forces démocratiques externes au spectre de la gauche. Cela signifie, d'autre part, qu’il faut se limiter à quelques grandes questions afin d’y apporter les meilleurs solutions politiques au lieu de mener des débats fondamentaux - sectaires.</p>
<p>Une politique progressiste qui veut répondre de manière adéquate aux réalités sociales et aux défis du présent doit obligatoirement être sociale <strong><em>et</em></strong> écologique <strong><em>et</em></strong> antiraciste <strong><em>et</em></strong> féministe, elle doit s’engager pour une politique des réfugiés humaine, pour l’égalité des genres <em>et</em> pour la responsabilité postcoloniale. Elle a dans le même temps besoin de tolérance afin de résister aux diverses conceptions de l’ordre et des notions de cette énumération.</p>
<p>En bref, elle doit à nouveau prendre le terme «de gauche» au sérieux. La meilleure traduction serait: justice. Ce n'est pas un singulier, c'est un principe directeur. Et c'est le défi auquel notre société se mesure en ce moment. </p>',
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<p>En effet, on retrouve dans les signaux de communication de ces espèces, des caractéristiques similaires à celle du langage parlé humain, telles que la notion de sémantique (un cri est porteur de sens), la variation d’un son qui change la signification du cri (ce qui se rapproche de la notion de phonème, unité minimale du langage parlé humain), ou la notion de morphologie (il existe dans les cris des éléments qui peuvent être combinés de manière variée au sein de différentes structures plus complexes). Mais rien ne permet d’abandonner l’idée que la parole reste « le propre de l’homme », c’est-à-dire la capacité à articuler avec sa bouche des sons distinctifs qui peuvent se combiner à l’infini pour donner une infinité de sens.</p>
<p>C’est sans doute à cette spécificité que la question de l’émergence de la parole dans l’évolution humaine doit d’être restée à travers les âges au cœur de recherches dans le domaine de la philosophie, de la linguistique et, plus récemment, de l’éthologie, de la psychologie et des neurosciences. Cette question renvoie à la fois à l’existence des capacités cognitives adaptées à l’émergence du langage, qu’il soit parlé ou non, et à l’existence de capacités physiques de la bouche et des lèvres pour structurer et articuler les unités sonores qui seront les vecteurs acoustiques du langage, via la parole.</p>
<p>Cognitivement, le <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2011.0295">langage renvoie fondamentalement à la capacité d’abstraction</a>. C’est la raison pour laquelle la fabrication d’outils, la maîtrise du feu, les peintures pariétales, la structuration de l’habitat sont autant d’étapes de l’évolution humaine qui ont fréquemment été utilisées comme des marqueurs potentiels de l’émergence de la capacité au langage. Il n’y a pas de consensus sur l’émergence de la parole. Nos travaux visent à contribuer à ces débats, en étudiant si les capacités des hominines fossiles (les Néandertaliens qui sont proches de nous comme leurs ancêtres, les H. heidelbergensis datant de 500 000 ans voire les Australopithèques qui sont beaucoup plus anciens et appartiennent à un autre genre) leur permettaient d’articuler suffisamment de sons distinctifs pour constituer la base du langage parlé.</p>
<h3>Depuis quand peut-on articuler ?</h3>
<p>Sur le plan physique, c’est l’usage de la bouche qui est au cœur de la capacité à parler. <a href="https://www.youtube.com/watch?v=XVE4B6TxlfM">Le célèbre ethnologue français André Leroi-Gourhan</a> (1911-1986) voyait dans le passage de la quadrupédie à la bipédie une étape essentielle dans l’émergence du langage parlé : permettant l’usage de la main pour des gestes de préhension jusqu’alors effectués par la bouche, la bipédie a « libéré » la mandibule, les lèvres et la langue pour leur permettre d’exécuter un répertoire gestuel riche et structuré, capable de transmettre le langage via le son.</p>
<p>Quand est apparue la capacité physique à articuler des sons distinctifs ? C’est lorsque l’ensemble de cartilages marqué par la pomme d’Adam, qu’on appelle le larynx, est suffisamment descendu dans le cou, répondit le <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.164.3884.1185">chercheur américain Philip Lieberman</a> (1934-2022) dans le journal Science en 1969. Cette descente du larynx aurait, selon lui, offert à la langue un espace vertical nouveau, suffisamment large pour qu’elle puisse se déformer, se bomber ou s’aplatir pour générer une variété de formes et de sons appropriée à la richesse combinatoire du langage.</p>
<p>Cette hypothèse, qui a fonctionné pendant plusieurs décennies, en sclérosant quelque peu la recherche dans ce domaine, a depuis lors été fortement contestée. Le chercheur <a href="https://theconversation.com/la-parole-ne-serait-pas-apparue-avec-homo-sapiens-et-ce-sont-les-singes-qui-nous-le-disent-128708">Louis-Jean Boë et ses collègues</a> ont en effet montré que les cris de babouins, dont le larynx est élevé et la langue plate, contiennent des sons proches du « a », du « ou » et du « i », les trois voyelles qui constituent la base fondamentale des systèmes vocaliques des langues du monde.</p>
<p>De même, Fitch, pourtant disciple de Lieberman, et ses collègues, <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.1600723">dans un article paru dans <em>Science Advances</em> en 2016</a>, ont montré, à partir de radiographies de la gueule de macaques au cours de la déglutition, que malgré leur larynx élevé, ces primates pouvaient générer des formes de langue compatibles avec la production de voyelles suffisamment variées et distinctes pour constituer les bases sonores d’un langage parlé. La descente du larynx ne semble donc pas constituer un marqueur fiable de l’émergence de la capacité physique à parler au cours de l’évolution humaine, et le mystère reste entier.</p>
<p>Pour tenter de le percer, notre projet <a href="https://iscd.sorbonne-universite.fr/research/sponsored-junior-teams/origins-of-speech/">« Origins of Speech »</a>, s’est proposé d’élaborer des modèles biomécaniques de langue d’humains fossiles.</p>
<p>Un modèle biomécanique est un modèle numérique, sur ordinateur, qui représente une partie du corps humain, avec son anatomie, ses structures osseuses, ses tissus mous, ses muscles, et est capable de rendre compte des mécanismes physiques qui régissent leurs mouvements et leurs déformations sous l’action d’activations musculaires. Pour la langue, de tels modèles permettent d’étudier comment les muscles linguaux influencent la forme et la position de la langue dans la bouche. Ainsi, pour les fossiles, ces modèles offriraient la possibilité d’étudier, quantitativement et systématiquement, leur capacité à produire des sons de parole.</p>
<h3>Prédire la langue des humains fossiles à partir des os de la tête</h3>
<p>Mais sur quoi s’appuyer pour élaborer de tels modèles ? Aucune donnée anatomique n’existe. En effet, les tissus mous de langue, des parois de la bouche, et du visage ne fossilisent pas. Seuls restent les os, plus ou moins abîmés par les sévices du temps.</p>
<p>C’est l’idée originale de notre projet, présentée dans <a href="https://journals.plos.org/ploscompbiol/article?id=10.1371/journal.pcbi.1011808">notre article récent</a> publié dans le journal <em>PLoS Computational Biology</em> porté par les jeunes chercheurs de notre équipe, Pablo Alvarez, Marouane El Mouss et Maxime Calka.</p>
<h4><a href="https://images.theconversation.com/files/590916/original/file-20240429-20-zn36pe.png?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/590916/original/file-20240429-20-zn36pe.png?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="" /></a><em><span>Processus permettant la génération d’un modèle biomécanique de langue de babouin par la transformation d’un modèle de référence élaboré sur un humain actuel. Cette transformation s’appuie sur la modélisation mathématique des différences morphologiques entre les structures osseuses crâniennes de l’humain actuel et du babouin.</span> <span><span>Fourni par l'auteur</span></span></em></h4>
<p>Elle consiste à exploiter les structures osseuses fossilisées pour prédire la forme et l’anatomie de la langue de ces humains disparus. Pour cela, nous utilisons comme référence le modèle biomécanique de langue d’un humain vivant, que nous avons soigneusement conçu dans nos laboratoires grenoblois GIPSA-lab et TIMC au cours de près de 3 décennies de recherches coordonnées.</p>
<p>Ce modèle rend compte fidèlement de la morphologie de la langue, de ses structures musculaires, des caractéristiques mécaniques de ses tissus mous, et de ses interactions mécaniques avec la mandibule, le palais et l’os hyoïde, un petit os mobile qui relie la langue… au larynx.</p>
<h4 style="text-align: center;"><iframe frameborder="0" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Pz0A5HTYFeM?wmode=transparent&start=0" width="440"></iframe><em><span>Modèle de langue TIMC et Gipsa lab Grenoble.</span></em></h4>
<p>C’est en modifiant la géométrie du modèle de référence que nous générerons des modèles biomécaniques pour les langues fossiles. Pour cela, en nous appuyant sur des outils mathématiques combinant des transformations géométriques complexes, nous déterminons tout d’abord la transformation géométrique optimale qui permet de passer de la géométrie du crâne et de la mandibule de l’humain actuel à celle du crâne et de la mandibule de l’humain fossile.</p>
<p>Puis nous appliquons cette transformation géométrique au modèle de langue du premier pour le déformer et en faire un modèle de langue pour le second, avec sa forme spécifique, ses structures musculaires, et ses interactions avec la mandibule, le palais et l’os hyoïde…</p>
<p>Mais dans quelle mesure peut-on faire confiance à une transformation géométrique basée sur les structures osseuses pour prédire les tissus mous de la langue ? Pour répondre à cette question, cruciale pour valider la méthode, nous avons choisi d’évaluer leur méthode sur la génération d’un modèle biomécanique de langue de babouin, un primate non-humain dont la morphologie de la tête est très différente de celle d’un Homo Sapiens.</p>
<p>Notre hypothèse en la matière consiste à dire que si cette méthode marche pour un tel primate, alors il est vraisemblable qu’elle sera fiable pour la prédiction de la langue de tous les humains fossiles dont les crânes sont moins différents de celui d’un Homo Sapiens, que ne l’est celui d’un babouin.Nous avons alors généré deux modèles de langue de babouin. Le premier a été conçu en utilisant une transformation géométrique optimale déterminée en prenant en compte les structures osseuses et les tissus mous de la tête. Comme on peut s’y attendre, la complétude des informations morphologiques prises en compte permet d’obtenir un modèle qui décrit avec une grande précision la morphologie de la langue du babouin.</p>
<p>Puis nous avons généré un second modèle, en déterminant la transformation géométrique optimale sur la seule base des informations sur les structures osseuses, ignorant celles sur les tissus mous. Ce second modèle s’est avéré être très proche du premier et la fiabilité de cette prédiction a été validée par des outils statistiques de quantification des incertitudes développés par Anca Belme à l’Institut Jean Le Rond d’Alembert de Sorbonne Université. Nous avons alors pu conclure que notre méthode est fiable pour générer, à partir des seules structures osseuses, des modèles biomécaniques réalistes pour les langues de primates, qu’ils soient humains ou non humains, qu’ils soient vivants ou (bientôt car les analyses sont en cours) fossiles.</p>
<p>C’est en exploitant cette méthode, que nous travaillons actuellement à la génération de modèles biomécaniques de la langue d’humains fossiles, tels que les <em>Homo Heidelbergensis</em> connus en Europe à partir de 600 000 ans ou les Néandertaliens de 70-50 000 ans, à partir respectivement des ossements d’Arago 21 (grotte à proximité de Perpignan) et de ceux de La Ferrassie 1 en Dordogne. Notre but est d’explorer systématiquement les conséquences des activations des muscles de la langue dans ces modèles, d’observer le spectre des formes de la bouche qui peuvent ainsi être générées et d’analyser les caractéristiques des sons qui seraient ainsi produits par les fossiles, en faisant l’hypothèse qu’ils possédaient des cordes vocales et des capacités pulmonaires similaires à celles des Homo Sapiens. Il sera aussi possible de tester quantitativement, en jouant sur la position de l’os hyoïde, connecté au larynx, dans quelle mesure la position, plus ou moins haute, du larynx est susceptible d’influencer la richesse des formes de bouches et des sons produits.</p>
<p>C’est la méthodologie de recherche que nous avons choisie pour percer le mystère de l’émergence au cours de l’évolution humaine de la capacité à produire avec la bouche des sons suffisamment variés pour constituer la base d’un langage utilisant l’acoustique pour véhiculer des idées entre congénères…<img src="https://counter.theconversation.com/content/226977/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p>
<hr />
<h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/pascal-perrier-1528361">Pascal Perrier</a>, Professeur en Mathématiques du Signal - Modèles biomécaniques orofociaux - Modèlisation du contrôle moteur de la production de la parole, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/institut-polytechnique-de-grenoble-grenoble-inp-2428">Institut polytechnique de Grenoble (Grenoble INP)</a></em>; <a href="https://theconversation.com/profiles/amelie-vialet-1528373">Amélie Vialet</a>, Maître de conférences en paléoanthropologie, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/museum-national-dhistoire-naturelle-mnhn-2191">Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)</a></em> et <a href="https://theconversation.com/profiles/yohan-payan-1528354">Yohan Payan</a>, Chercheur en biomécanique des tissus mous, laboratoire TIMC (CNRS, Univ. Grenoble Alpes), <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-grenoble-alpes-uga-2279">Université Grenoble Alpes (UGA)</a></em></span></h4>
<h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/emergence-du-langage-dans-levolution-humaine-des-chercheurs-font-parler-les-structures-osseuses-fossilisees-226977">article original</a>.</h4>
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'subtitle' => 'Avec le jugement favorable à la plainte de l’association KlimaSeniorinnen Schweiz, la CEDH ouvre la voie à la sanction des Etats en se fondant sur des arguments façonnés dans un monde imaginaire. Pour la première fois, les juges laissent libre cours au développement d’une sorte de solipsisme radical, qui estime non seulement que la description des climats de la Terre peut se résumer à des impressions subjectives, mais qu’en plus ces climats peuvent être soumis à la seule volonté humaine.',
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'content' => '<p style="text-align: center;">Dr <strong>Eric Verrecchia</strong>, biogéochimiste</p>
<hr />
<p>Ce solipsisme contribue à la construction d’une illusion de masse encouragée par la substitution de modèles numériques virtuels à la réalité du monde. Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p>
<p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. Ce qui est visé, selon le jugement, serait l’incapacité de la Suisse à fournir une estimation des émissions de gaz à effet de serre futures afin de limiter «le réchauffement climatique» au fameux 1,5°C de l’Accord de Paris, valeur pourtant parfaitement arbitraire et dont les conséquences néfastes restent difficiles à identifier.</p>
<p>Mais qu’en est-il vraiment? Que disent les données des études démographiques sur la «violation du droit à la vie» que ce soit sous les climats helvétiques ou mondiaux? Le «réchauffement climatique» met-il réellement en péril le «droit à la vie» des femmes âgées de Suisse?</p>
<p>Premier constat, d’après les données de l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), l’espérance de vie à la naissance des femmes suisses est passée de 79,3 ans en 1982 à 85,4 ans en 2022, et ce malgré «l’urgence climatique», soit un gain de 56 jours par an depuis 1982. Sur la même période, l’espérance de vie à 65 ans, âge minimal de ces militantes, est passée de 18,4 à 22,5 années. Il ne semble pas que «le climat» ait eu des conséquences fâcheuses sur leur droit à la vie.</p>
<p>En recoupant les données de l’OFS et de Météosuisse, on peut observer la nature cyclique du nombre de décès par semaine des personnes de plus de 65 ans en Suisse, de 2010 à 2024 (Figure).</p>
<p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713434705_capturedcran2024041812.04.17.png" class="img-responsive img-fluid center " width="784" height="554" /></p>
<p>La courbe noire pleine montre que les périodes hivernales restent les plus fatales, toutes causes confondues, pouvant parfois accroître la mortalité de 72% par rapport aux périodes estivales. Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p>
<p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p>
<p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p>
<p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p>
<p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. D’après la Banque Mondiale, les émissions de CO<sub>2</sub> par dollar de parité de pouvoir d’achat de PIB (ce qui ramène tous les pays du monde à une échelle comparable) placent la Suisse au 4ème<sup>.</sup>rang sur 181 pays, démontrant son efficience énergétique tout en maintenant des conditions de vie exceptionnelles, devant la Suède 6ème, la France 28ème, l’Allemagne 74ème (illustrant l’échec de l’<i>Energiewende</i>), les USA 126ème et la Chine 170ème.</p>
<p>Dans le monde réel, si la Suisse devait poursuivre ses émissions de CO<sub>2</sub> au niveau de 2019, elle ne contribuerait en 2100 qu’à une élévation de la température mondiale de quelques millièmes de degrés Celsius suivant les formules fournies par le GIEC. Ces valeurs restent non-mesurables et insignifiantes.</p>
<p>Mais les militantes du climat ne vivent pas dans le monde réel. Elles séjournent dans un univers peuplé d’illusions où seules les impressions du sujet construisent son milieu, où les slogans inconsistants balaient les données factuelles, où la Suisse parviendrait par sa «politique climatique» à influencer la régulation des climats de la Terre. Oui, la CEDH a bien approuvé la guerre contre la réalité menée par le climatisme, nouvelle religion de certaines classes aisées des pays les plus riches.</p>
<hr />
<h4><sup>1</sup>Masselot et al. (2023) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 7, e-271-281</h4>
<h4><sup>2</sup>Zhao et al. (2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>',
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'content' => '<p>Le commerce est d<span>irigé par un Cubano-américain, Frank Cuspinera Medina, dans le cadre d’une société enregistrée en Floride avec des capitaux de diverses sources, espagnoles notamment. Les vastes hangars se trouvent à une dizaine de kilomètres du centre, sans desserte de transports publics. Tous les jours, c’est là un défilé de belles voitures. Pas seulement à plaques diplomatiques. L’île en détresse a ses nouveaux riches. </span></p>
<p><span>«La plupart des Cubains seraient capables de faire un infarctus, tant il y a de nourriture et de produits qu’ils n’ont jamais vus de leur vie et qu’ils ne pourront jamais se payer», lâche une pharmacienne venue en side-car avec son mari «pour voir ça». Seuls moyens de paiement, le dollar, l’euro, les cartes Visa et Mastercard dans ces monnaies, non accessibles aux Cubains. Les amateurs de viande veillent à garder le ticket de caisse, car ailleurs il est interdit d’acheter du bœuf hors des restaurants et la police contrôle les voitures. Les caissières sont vêtues de tee-shirts estampillés Saint-Gobain, sans que personne ne sache quel est ici le rôle de cette entreprise. Toutes sont jeunes, blanches, souriantes. «Il n’y a qu’un jeune Noir, sûrement qu’ils s’en servent pour décharger les caisses», raille une cliente mulâtre. </span><span>Le Parti communiste au pouvoir a l’échine souple. Et s’accommode des arrangements les plus douteux.</span></p>
<hr />
<h4><a href="https://www.lefigaro.fr/conjoncture/diplomarket-ce-supermarche-americain-qui-fait-fureur-a-cuba-20240414" target="_blank" rel="noopener">Lire l'article original</a></h4>',
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'content' => '<p style="text-align: justify;"><span>Ces derniers temps, la majorité bourgeoise a pris un cap discutable en matière de politique nationale : de plus en plus souvent, elle plie à sa volonté les plébiscites et les décisions démocratiques qui ne lui conviennent pas - au besoin contre les règles de procédure établies, la Constitution fédérale et la volonté du peuple. Oui à la démocratie - mais seulement au cas par cas ? On assiste ici à une dangereuse érosion de l'esprit démocratique.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie ne vit pas seulement d'une constitution fondée sur le principe de la majorité, les droits fondamentaux et les droits de l'homme et des règles de procédure équitables ; la démocratie vit aussi du fait que l'esprit de la constitution est déterminant et guide les acteurs politiques. Les principes démocratiques doivent primer sur l'idéologie et le programme des partis. Si cette attitude fondamentale fait défaut, la démocratie risque de devenir lettre morte.</span></p>
<h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Mauvais perdants</span></strong></h3>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que cette attitude fondamentale ne soit pas au mieux en Suisse se manifeste de plus en plus souvent, par exemple récemment après le "oui" à la 13e rente AVS. Bien que plusieurs semaines se soient écoulées entre-temps, les partis bourgeois n'arrivent pas à se résigner à leur défaite, restent en mode combat, se moquent de la décision populaire et la torpillent avec des propositions de financement abracadabrantes. </span></p>
<p style="text-align: justify;"><span>Cela a culminé récemment avec la NZZ, qui a suggéré avec malice d'introduire une réglementation permettant de renoncer volontairement au supplément de rente. On pourrait considérer cette rhétorique comme une manière de surmonter la douleur des perdants de la votation. Mais ce serait sous-estimer le phénomène. Car le discrédit jeté par la majorité bourgeoise sur les plébiscites indésirables fait désormais partie du système. Elle sert à préparer le terrain pour pouvoir attaquer plus tard les verdicts démocratiques au Parlement, à justifier les manœuvres douteuses du point de vue de la politique nationale ainsi que les atermoiements juridiques nécessaires et à leur donner une apparence de légitimité.</span></p>
<h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Une évolution inquiétante</span></strong></h3>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Les six décisions prises récemment par le Conseil des États et le Conseil national illustrent ce que l'on entend par là. Il y a un an, le Parlement bourgeois a permis au Conseil fédéral, dans le cadre d'une procédure sans précédent, de signer le contrat d'achat des avions de combat F-35, alors qu'une initiative populaire était en suspens. Une votation a ainsi été empêchée de facto, un droit populaire a été invalidé et les opposants ont été refroidis.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En 2021, le peuple a approuvé l'initiative sur les soins, contre la volonté des bourgeois. Elle est aujourd'hui encore bloquée. C'est précisément ce que les représentants du PLR avaient menacé de faire en cas de "oui" : repousser la décision du peuple aux calendes grecques. Le secteur des soins y voit à juste titre une violation de la Constitution.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Sous la pression de la majorité bourgeoise, le Conseil fédéral a présenté en janvier un projet visant à annuler les salaires minimaux cantonaux existants. Le Conseil fédéral lui-même a mis en garde contre cette intention et l'a qualifiée d'anticonstitutionnelle, car elle bafoue la souveraineté cantonale et le principe de légalité.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En mars de cette année, la majorité bourgeoise a fait échouer la mise en œuvre de l'initiative populaire contre la publicité pour le tabac, approuvée en 2022, en voulant imposer des règles spéciales qui étaient en retrait par rapport à l'ancienne loi. Même les médias bourgeois ont parlé d'une violation de la volonté populaire.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En mars également, les bourgeois ont troué la loi sur les résidences secondaires avec des exceptions si larges que le Conseil fédéral a dû constater que la Constitution était ici violée. La loi est issue d'une initiative populaire approuvée en 2012 et combattue par les bourgeois.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Enfin, lors de la dernière session, le Conseil des États a transmis une motion visant à contraindre toutes les communes à maintenir la vitesse maximale à 50 km/h dans les localités. Ce faisant, il a fait fi de deux piliers fondamentaux de notre système politique : l'autonomie communale et le fédéralisme.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En somme, cela montre clairement ce qui se passe dans le camp bourgeois : une profonde réticence à accepter les défaites et à mettre en œuvre les décisions populaires de manière constructive avec l'adversaire politique, conformément à notre démocratie de concordance. Au lieu de cela, il place de plus en plus souvent ses propres objectifs et intérêts au-dessus des principes démocratiques et adapte les règles du jeu dans le processus de décision parlementaire à ce qui sert ses propres intérêts, grâce à de larges majorités.</span></p>
<h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Un opportunisme dangereux</span></strong></h3>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>L'attitude de plus en plus opportuniste de la majorité bourgeoise vis-à-vis des principes de la politique étatique est dangereuse. Elle conduit à des décisions à la légitimité douteuse, déforme la législation, dévalorise nos fondements constitutionnels et endommage la confiance de la population dans le processus politique et dans le fonctionnement des institutions démocratiques.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Cette situation est d'autant plus grave que la Suisse ne connaît pas de juridiction constitutionnelle. Le Tribunal fédéral n'est pas habilité à contrôler les lois fédérales. Le gardien suprême de la Constitution est le Parlement lui-même. Il est à la fois législateur et juge et peut, de fait, édicter des lois fédérales non conformes à la Constitution sans avoir à craindre de sanctions. Les membres du Conseil des États et du Conseil national portent donc une grande responsabilité et devraient d'autant plus être un exemple en matière de respect de la Constitution et d'esprit démocratique. Mais beaucoup ne le sont pas !</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que de nombreux représentants bourgeois du peuple se soient détournés de cette attitude fondamentale est probablement dû surtout à l'évolution politique des dernières décennies. Celle-ci est marquée par deux courants profonds : premièrement, une politique économique, fiscale, financière et sociale néolibérale prononcée et, deuxièmement, une radicalisation dans l'éventail des partis de droite avec un effet d'aspiration sur les partis bourgeois. Ces deux phénomènes ont affaibli la conscience de la nécessité du respect de la Constitution et de l'esprit démocratique.</span></p>
<h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Néolibéraux et droits de l'Homme</span></strong></h3>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Tout d'abord, le néolibéralisme : il a conduit à un déchaînement du pouvoir économique, avec pour conséquence que l'État démocratique est devenu le serviteur de groupes et de branches et que le lobbying s'est propagé jusque dans les ramifications les plus fines de la politique et de l'administration. Il s'agit de moins en moins de concevoir la démocratie comme un moyen d'établir le bien commun et la justice, mais plutôt de la contourner et de la déformer pour mieux faire valoir des intérêts économiques particuliers.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Ensuite, concernant la radicalisation dans l'éventail politique de droite : elle a rendu les gens vulnérables à une mentalité autoritaire de "maître chez soi". L'importance de valeurs telles que les droits de l'homme et le principe d'égalité ainsi que le respect des principes de la politique d'État s'estompe. Dans ces milieux, la démocratie et la constitution ne sont invoquées que lorsqu'elles servent leur propre idéologie et peuvent être utilisées comme moyen pour atteindre une fin. Car ici aussi, seul compte le fait de s'imposer - avec ou contre la démocratie et la constitution.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie au cas par cas, en fonction de l'idéologie, des intérêts particuliers et des calculs de pouvoir ? Et ce à une époque où il serait plus que jamais nécessaire de défendre les valeurs et les principes démocratiques ? Sombres perspectives.</span><o:p></o:p></p>
<hr />
<p style="text-align: justify;"><a href="https://www.infosperber.ch/politik/demokratie-ja-aber-nur-wenns-passt/" target="_blank" rel="noopener">L'article original publié sur Infosperber</a></p>',
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1 Commentaire
@stef 16.02.2020 | 15h32
«La justice sociale devra être le phare de cette décennie !»