Le président des chefs d'état-major interarmées, Mark Milley, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd J. Austin, et le ministre ukrainien de la Défense, Oleksii Reznikov, rencontrent leurs homologues de l'OTAN lors de la réunion du Groupe consultatif sur la défense de l'Ukraine à la base aérienne de Ramstein (Allemagne), le mardi 26 avril.
On le devinait depuis le début du conflit mais c’est désormais avéré, la paix n’aura pas lieu en Ukraine avant longtemps. Au lendemain de leur voyage confidentiel à Kiev le 24 avril, le Secrétaire à la Défense et le Secrétaire d’Etat américains ont annoncé la couleur à leur retour en Pologne: ils veulent «voir la Russie si affaiblie qu’elle ne pourra plus faire des choses telles qu’une invasion de l’Ukraine.» Un porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain a renchéri: nous voulons transformer «cette invasion en échec stratégique pour la Russie» et en «victoire pour l’Ukraine».
Joignant la parole aux actes, les Etats-Unis ont immédiatement annoncé un supplément de 700 millions de dollars de livraisons d’armes à l’Ukraine, portant l’effort de guerre américain à 3,7 milliards de dollars depuis le 24 février, auxquels il convient de rajouter les 4,6 milliards accordés en 2021 et les milliards d’euros d’armements livrés ou promis par les Européens. La folie guerrière que l’on avait reprochée à Poutine en février semble s’être désormais emparée de l’Occident, rendant toute perspective de paix, et même de simple cessez-le-feu, hautement improbable, et faisant de ce conflit de loin le plus dangereux depuis 1945. L’Ouest et l’OTAN paraissent décidés à se battre jusqu’au dernier Ukrainien, et si possible, jusqu’au dernier Russe.
Les deux camps sont désormais murés dans leurs certitudes jusqu’au-boutistes: en dégainant la première, la Russie a indirectement donné raison aux Etats-Unis qui dénonçaient le bellicisme de Poutine. Mais en transformant ce qui était un conflit de voisinage et un problème régional de sécurité en guerre globale d’anéantissement de l’ennemi russe, les Etats-Unis sont en train de donner raison à Poutine qui voyait dans l’attitude hostile de l’OTAN depuis les années 2000 une menace existentielle pour l’existence de son pays.
A partir de là, on ne voit pas très bien comment une paix, même précaire, pourrait advenir.
De ce point de vue, l’affaire des présumés crimes de guerre de Boutcha aura constitué un tournant décisif, en rendant toute conciliation entre l’Ukraine et la Russie impossible et les négociations entre les deux parties vaines. Ce n’est donc pas un hasard si, depuis un mois, sur le plan militaire, les opérations ont changé de nature en se transformant en guerre d’usure et de grignotages territoriaux, et non plus en guerre de mouvement pour reprendre le langage de 14-18, la Russie revendiquant désormais la «libération» de l’Est et du Sud ukrainiens.
Mais examinons d’abord les caractéristiques de cette confrontation armée inédite entre les deux grandes superpuissances nucléaires. Dès fin février, il est apparu évident que les opérations militaires dépassaient largement le cadre de l’Ukraine et que l’OTAN était massivement mobilisée tant en matière de fournitures d’armes et d’entrainement que de commandement des troupes, de renseignements, de surveillance radar et satellitaire, de cyberguerre, de propagande et d’information et de sanctions économiques. Comme l’a révélé Radio Canada, cela fait des années que des instructeurs canadiens sont présents en Ukraine, formant même des extrémistes des bataillons Azov en dépit d’une loi nationale qui le leur interdisait. Voir aussi le témoignage du reporter français Régis Le Sommier qui s’est retrouvé pris en charge par un officier américain alors qu’il accompagnait des volontaires partis au front.
De fait, de nombreux pays de l’OTAN sont activement engagés contre la Russie dans tous les domaines. On peut donc bien parler d’une «guerre hors limites» ou mieux, d’une guerre illimitée. En proclamant qu’il s’agissait désormais de «battre la Russie», les Etats-Unis ont encore fait monter la tension d’un cran.
La guerre est illimitée dans le temps – elle est faite pour durer le plus longtemps et avec la plus haute intensité possible, la seule limite étant le seuil nucléaire. Elle se distingue donc des guerres d’Afghanistan contre les Soviétiques et de Syrie entre 2015 et 2018 par un degré plus élevé d’agressivité, tout en n’étant pas totale, puisque le niveau nucléaire n’est pas (encore) engagé. Elle est aussi illimitée dans l’espace dans la mesure où le conflit dépasse les seules limites territoriales de l’Ukraine et cherche à déstabiliser – voire à démanteler la Russie et à renverser son gouvernement – la Russie et son voisinage proche, de la Finlande à l’Asie centrale, tout en l’isolant du reste du monde par des trains continus de sanctions économiques et des pressions énormes contre les Etats qui refusent de se joindre à cette curée. Et enfin elle est illimitée dans son spectre d’activités puisqu’elle se déploie dans tous les domaines de l’activité humaine, militaire, cognitive, culturelle, économique, politique, informationnelle, spatiale, scientifique, etc.
Ce sont donc bien deux mondes qui s’affrontent dans une lutte sans merci: l’un qui prétend se battre pour préserver ses «valeurs démocratiques, libérales et progressistes», et l’autre qui se bat pour préserver son droit à exister de façon différente et pour qui ces valeurs ne sont qu’un manteau d’hypocrisie destiné à masquer une irrépressible ambition d’hégémonie mondiale. Le choc oppose, grosso modo, les 37 pays qui forment l’Occident aux 150 pays qui doutent, hésitent ou s’y opposent, et qui l’ont exprimé en refusant de prendre des sanctions économiques contre la Russie.
En plus de ces obstacles géopolitiques et civilisationnels, un facteur circonstanciel empêche la paix: les élections de mi-mandat qui doivent avoir lieu cet automne aux Etats-Unis. On en parle très peu en Europe. A tort, car il pèse très lourd. Avec un président Biden peu populaire et qui passe pour sénile, les Démocrates misent sur une escalade du conflit pour mobiliser leurs troupes et surtout pour contrer leurs adversaires républicains. C’est d’autant plus facile que les Etats-Unis peuvent mener la guerre par procuration, que la vie de leurs soldats est épargnée, que les sanctions économiques n’affectent que leurs alliés européens et que la haine des Démocrates contre la Russie depuis l’élection manquée d’Hillary Clinton en 2016 ne demande qu’à s’épancher. Malgré le résultat négatif des enquêtes menées par les deux procureurs spéciaux nommés pour investiguer le Russiagate, ils persistent à affirmer que la Russie a truqué les élections de 2016. A Washington, la paix est tout sauf souhaitée, du moins jusqu’à la fin novembre.
Le troisième obstacle à la paix est encore plus décisif, tout en restant tabou en Europe: ce sont les conséquences de l’affaire de Boutcha. Pour l’Occident la messe est dite: c’est un massacre, un crime de guerre, un crime contre l’humanité, un génocide même, commis par les soldats russes. Or le déroulement des faits pose nombre de questions sans réponse: pourquoi le maire de la ville n’a pas parlé de ces massacres lors de sa première intervention le 30 mars? Pourquoi a-t-il fallu attendre trois jours, dont deux pendant lesquels les milices d’Azov et de Safari ont «nettoyé la ville des saboteurs et des complices des Russes», pour voir apparaitre les premières photos de massacre? Pourquoi les images satellites dudit massacre proviennent-elles exclusivement d’une société américaine travaillant pour le Pentagone? Comment se fait-il que la totalité des victimes civiles de Boutcha ait été attribuée aux «exactions» russes alors que la ville, occupée par les Russes, a subi des bombardements très intenses de l’armée ukrainienne pendant quatre semaines? On peut multiplier les interrogations et seul l’avenir dira ce qu’il en a vraiment été.
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Dans tous les cas, l’effet Boutcha aura été dévastateur pour la paix. On oublie que la médiatisation du massacre a eu lieu après une avancée des négociations en Turquie, au terme desquelles les Russes avaient annoncé le retrait de leurs troupes du nord de l’Ukraine. Résultat: les Russes ont perdu toute confiance dans la partie ukrainienne et dans le processus de négociation. Ils savent désormais, tout comme les Ukrainiens de l’Est, que s’ils cèdent un pouce du terrain conquis, il sera procédé au même déferlement médiatique et qu’on assimilera la totalité des victimes à des «crimes de guerre» odieux. Quant aux Ukrainiens de l’Est et du Sud, ils ont aussi compris la leçon: ils seront impitoyablement massacrés par les troupes d’Azov, kidnappés ou torturés par le SBU si les Russes les abandonnent, à la manière du blogueur américano-chilien Gonzalo Lira à Kharkov.
De même, la diffusion en boucle de ces images a fait bouillir la haine de la Russie et exacerbé la russophobie chez les Ukrainiens de l’Ouest comme dans les opinions publiques occidentales. Désormais, sur l’ensemble du continent européen à l’ouest du Dniepr, on assiste à une surenchère politique et médiatique pour réclamer plus d’armes, plus de sanctions, plus d’argent pour l’Ukraine et s’opposer à toute tentative sérieuse de dialogue avec la Russie, tandis que les partisans de la paix sont décrits comme des traitres ou des amis du «criminel» Poutine.
Même pour Zelensky, la négociation est devenue impossible, car il serait aussitôt accusé de pactiser avec le «boucher du Kremlin» par les nationalistes extrémistes de son camp. Sa survie politique, et même physique, serait en jeu. Il est d’ailleurs frappant de constater à quel point le régime ukrainien s’est radicalisé ces dernières semaines avec la surveillance et l’expulsion des journalistes non conformes, mais surtout la dissolution et l’interdiction des partis d’opposition (les partis du bloc de gauche et jugés pro-russes, dont le leader du principal d’entre eux, Viktor Medvedchuk, a été enlevé, mis au secret et proposé d’être libéré en échange de prisonniers russes). On rappellera que les chaines de télévision et les médias considérés comme «hostiles» avaient déjà été fermés. Cette dérive vers l’autoritarisme affecte donc aussi l’Ukraine.
On ne voit donc pas comment la paix pourrait être rétablie dans un tel climat d’hystérie. On se demande même si l’Occident, qui ne semble plus que parler le langage des armes, n’est pas saisi d’une sorte de folie suicidaire. Dans ces conditions, on peut au mieux espérer un cessez-le-feu et un conflit plus ou moins gelé avec une Ukraine coupée en deux. Mais même de cela on est encore loin! Dans les semaines et les mois qui viennent, avec les livraisons d’armes en cours, les espoirs de victoire proclamés par la coalition occidentale, la résilience d’une économie russe loin de s’effondrer, le soutien confirmé de la Chine et de l’Inde, il faut plutôt s’attendre à une escalade des combats, des tensions internationales… et des propagandes qui les accompagnent!
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La folie guerrière que l’on avait reprochée à Poutine en février semble s’être désormais emparée de l’Occident, rendant toute perspective de paix, et même de simple cessez-le-feu, hautement improbable, et faisant de ce conflit de loin le plus dangereux depuis 1945. L’Ouest et l’OTAN paraissent décidés à se battre jusqu’au dernier Ukrainien, et si possible, jusqu’au dernier Russe.</p> <p>Les deux camps sont désormais murés dans leurs certitudes jusqu’au-boutistes: en dégainant la première, la Russie a indirectement donné raison aux Etats-Unis qui dénonçaient le bellicisme de Poutine. Mais en transformant ce qui était un conflit de voisinage et un problème régional de sécurité en guerre globale d’anéantissement de l’ennemi russe, les Etats-Unis sont en train de donner raison à Poutine qui voyait dans l’attitude hostile de l’OTAN depuis les années 2000 une menace existentielle pour l’existence de son pays.</p> <p>A partir de là, on ne voit pas très bien comment une paix, même précaire, pourrait advenir. </p> <p>De ce point de vue, l’affaire des présumés crimes de guerre de Boutcha aura constitué un tournant décisif, en rendant toute conciliation entre l’Ukraine et la Russie impossible et les négociations entre les deux parties vaines. Ce n’est donc pas un hasard si, depuis un mois, sur le plan militaire, les opérations ont changé de nature en se transformant en guerre d’usure et de grignotages territoriaux, et non plus en guerre de mouvement pour reprendre le langage de 14-18, la Russie revendiquant désormais la «libération» de l’Est et du Sud ukrainiens.</p> <p>Mais examinons d’abord les caractéristiques de cette confrontation armée inédite entre les deux grandes superpuissances nucléaires. Dès fin février, il est apparu évident que les opérations militaires dépassaient largement le cadre de l’Ukraine et que l’OTAN était massivement mobilisée tant en matière de fournitures d’armes et d’entrainement que de commandement des troupes, de renseignements, de surveillance radar et satellitaire, de cyberguerre, de propagande et d’information et de sanctions économiques. <a href="https://ici.radio-canada.ca/amp/1873461/canada-regiment-ukrainien-lie-extreme-droite-azov">Comme l’a révélé Radio Canada</a>, cela fait des années que des instructeurs canadiens sont présents en Ukraine, formant même des extrémistes des bataillons Azov en dépit d’une loi nationale qui le leur interdisait. Voir aussi le <a href="https://www.dailymotion.com/video/x8a23ub">témoignage du reporter français Régis Le Sommier</a> qui s’est retrouvé pris en charge par un officier américain alors qu’il accompagnait des volontaires partis au front.</p> <p>De fait, de nombreux pays de l’OTAN sont activement engagés contre la Russie dans tous les domaines. On peut donc bien parler <a href="https://www.youtube.com/watch?v=qfNbWDzOBwI&t=3424s">d’une «guerre hors limites»</a> ou mieux, d’une guerre illimitée. En proclamant qu’il s’agissait désormais de «battre la Russie», les Etats-Unis ont encore fait monter la tension d’un cran.</p> <p>La guerre est illimitée dans le temps – elle est faite pour durer le plus longtemps et avec la plus haute intensité possible, la seule limite étant le seuil nucléaire. Elle se distingue donc des guerres d’Afghanistan contre les Soviétiques et de Syrie entre 2015 et 2018 par un degré plus élevé d’agressivité, tout en n’étant pas totale, puisque le niveau nucléaire n’est pas (encore) engagé. Elle est aussi illimitée dans l’espace dans la mesure où le conflit dépasse les seules limites territoriales de l’Ukraine et cherche à déstabiliser – voire à démanteler la Russie et à renverser son gouvernement – la Russie et son voisinage proche, de la Finlande à l’Asie centrale, tout en l’isolant du reste du monde par des trains continus de sanctions économiques et des pressions énormes contre les Etats qui refusent de se joindre à cette curée. Et enfin elle est illimitée dans son spectre d’activités puisqu’elle se déploie dans tous les domaines de l’activité humaine, militaire, cognitive, culturelle, économique, politique, informationnelle, spatiale, scientifique, etc. </p> <p>Ce sont donc bien deux mondes qui s’affrontent dans une lutte sans merci: l’un qui prétend se battre pour préserver ses «valeurs démocratiques, libérales et progressistes», et l’autre qui se bat pour préserver son droit à exister de façon différente et pour qui ces valeurs ne sont qu’un manteau d’hypocrisie destiné à masquer une irrépressible ambition d’hégémonie mondiale. 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Malgré le résultat négatif des enquêtes menées par les deux procureurs spéciaux nommés pour investiguer le Russiagate, ils <a href="https://www.wsj.com/amp/articles/trump-russia-danchenko-steele-dossier-fbi-durham-11636152567">persistent à affirmer</a> que la Russie a truqué les élections de 2016. A Washington, la paix est tout sauf souhaitée, du moins jusqu’à la fin novembre.</p> <p>Le troisième obstacle à la paix est encore plus décisif, tout en restant tabou en Europe: ce sont les conséquences de l’affaire de Boutcha. Pour l’Occident la messe est dite: c’est un massacre, un crime de guerre, un crime contre l’humanité, un génocide même, commis par les soldats russes. Or le déroulement des faits pose nombre de questions sans réponse: pourquoi le maire de la ville n’a pas parlé de ces massacres lors de sa première intervention le 30 mars? Pourquoi a-t-il fallu attendre trois jours, dont deux pendant lesquels les milices d’Azov et de Safari ont «nettoyé la ville des saboteurs et des complices des Russes», pour voir apparaitre les premières photos de massacre? Pourquoi les images satellites dudit massacre proviennent-elles exclusivement d’une société américaine travaillant pour le Pentagone? Comment se fait-il que la totalité des victimes civiles de Boutcha ait été attribuée aux «exactions» russes alors que la ville, occupée par les Russes, a subi des bombardements très intenses de l’armée ukrainienne pendant quatre semaines? On peut <a href="https://consortiumnews.com/2022/04/04/questions-abound-about-bucha-massacre/">multiplier les interrogations</a> et seul l’avenir dira ce qu’il en a vraiment été. </p> <p>Ce qui ne souffre aucune contestation en revanche, c’est l’exposition médiatique des cadavres, dont les photos ont inondé les médias occidentaux pendant des jours et donné lieu aux pèlerinages macabres de tout ce que l’Occident compte de politiciens et de journalistes. Ces hordes de journalistes soigneusement filtrés, encadrés et conduits en bus sur la «scène de crime» pour la filmer n’inspirent rien de bon. Elles transpirent la mise en scène. On les a trop souvent vues, et pour ma part vécues, à Sarajevo ou ailleurs, pour croire tout à fait à leur innocente spontanéité. 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Désormais, sur l’ensemble du continent européen à l’ouest du Dniepr, on assiste à une surenchère politique et médiatique pour réclamer plus d’armes, plus de sanctions, plus d’argent pour l’Ukraine et s’opposer à toute tentative sérieuse de dialogue avec la Russie, tandis que les partisans de la paix sont décrits comme des traitres ou des amis du «criminel» Poutine. </p> <p>Même pour Zelensky, la négociation est devenue impossible, car il serait aussitôt accusé de pactiser avec le «boucher du Kremlin» par les nationalistes extrémistes de son camp. Sa survie politique, et même physique, serait en jeu. 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Dans les semaines et les mois qui viennent, avec les livraisons d’armes en cours, les espoirs de victoire proclamés par la coalition occidentale, la résilience d’une économie russe loin de s’effondrer, le soutien confirmé de la Chine et de l’Inde, il faut plutôt s’attendre à une escalade des combats, des tensions internationales… et des propagandes qui les accompagnent!</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'pourquoi-personne-ne-veut-la-paix-en-ukraine', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 563, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 5708, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 13 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 14 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 15 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4903, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Accords de Genève de 1954: quand la diplomatie suisse brillait ', 'subtitle' => 'C'est par une bise glaciale que s'ouvrit, le 26 avril 1954, la plus importante conférence de paix que la Suisse ait connue dans son histoire. 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Dix jours après l'ouverture des négociations, la débâcle de Dien Bien Phu, le 7 mai 1954, devait d'ailleurs la convaincre d'abandonner la partie.</p> <p>C'est ainsi que, pendant trois mois, le Conseiller fédéral Max Petitpierre et le Conseil fédéral purent recevoir sans discontinuer le gratin des ministres et Premiers ministres des nations parmi les plus puissantes du monde: John Foster Dulles puis Walter Bedell Smith, Anthony Eden, Georges Bidault, Pierre Mendès France, Viatcheslav Molotov – qui se rendra même à Berne à la plus grande satisfaction des autorités et des médias suisses de l'époque – Chou en Lai, dont c'était la première visite en Europe, le délégué indien Krishna Menon, lui aussi encore inconnu, et enfin le premier ministre nord-vietnamien Pham Van Dong et l'empereur d'Annam Bao Dai, pour ne citer que les plus connus. </p> <p>On s'aperçut dès les deux premières semaines que les négociations sur la Corée n'aboutiraient pas. 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On fait semblant d'oublier que le camp de la mort de Treblinka était dirigé par une vingtaine de SS allemands et que l'extermination y était assurée par une centaine de gardiens ukrainiens et lituaniens.</p> <p>La célébration de l'Holodomor, du nom que les Ukrainiens donnent à la famine déclenchée par Staline contre la paysannerie en 1932, est un exemple typique de ces omissions volontaires. Elle attribue ce massacre par la disette aux seuls Russes et fait des Ukrainiens ses uniques victimes alors qu'il a aussi touché le sud de la Russie et le Kazakhstan et qu'il a été orchestré par un Géorgien, Staline, et exécuté par un Polonais, Kossior, qui dirigeait l'Ukraine à cette époque.</p> <p>Tous les jours des monuments sont abattus et d'autres édifiés à leur place, en catimini, dans le silence des médias occidentaux. Cette réécriture de l'histoire et cette guerre mémorielle n'ont pas échappé aux gens du Donbass, qui, fidèles à leur devise «Ne jamais oublier, ne jamais pardonner», réagissent en redoublant de foi commémorative et de monuments aux héros tombés sur le champ d'honneur.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950996_capturedcran2024042411.28.54.png" class="img-responsive img-fluid center " width="529" height="716" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>«Ne jamais oublier, ne jamais pardonner». Monument commémorant le massacre de la communauté juive de Lugansk. © G.M.</em></h4> <p>Le mémorial le plus troublant est sans doute celui du Puits de Mine 4/4 Bis à Donetsk. Je n'en avais jamais entendu parler et vous non plus je présume. Il ne figure dans aucun de nos livres d'histoire et il est introuvable sur Wikipedia. Or on estime que 75'000 à 102'000 personnes y ont été massacrées entre fin 1941 et 1943, soit deux fois à trois fois plus qu'à Babi Yar. L'ensemble de la communauté juive de la ville (appelée Stalino à l'époque) a été jetée dans cette fosse, ainsi que des dizaines de milliers de civils. Ce mémorial, ignoré par le gouvernement de Kiev après 1991 parce qu'il dérangeait le récit officiel et ne concernait que les russophones de l'est du pays, est en voie de réhabilitation depuis l'an dernier. Il suffit de se rendre sur ce site pour comprendre pourquoi les habitants du Donbass se sont soulevés en avril 2014 lorsque le régime issu de Maidan a voulu bannir leur langue et a envoyé les héritiers de leurs bourreaux pour les réprimer. </p> <p>On peut détruire les monuments mais pas le souvenir.</p> <p>A 70 kilomètres de Donetsk, dans la province de Horlivka, le monumental cénotaphe de Savur-Mohila est un autre témoignage des batailles du dernier siècle, érigé au sommet de la colline la plus haute du Donbass, sur l'emplacement de l'un des grands chocs de la Seconde guerre mondiale, qui eut lieu en juillet-août 1943, en même temps que la fameuse bataille de chars de Koursk qui devait briser la Wehrmacht. Une allée d'escaliers avec une immense flèche y avait été édifiée en 1963. 70 ans plus tard, en août 2014, la colline a fait l'objet d'une âpre bataille de position entre séparatistes et soldats kiéviens, avant d'être définitivement reprise par les républicains de Donetsk emmenés par leur prestigieux chef Alexandre Zakhartchenko. Les combats l'avaient saccagée. Après 2022, Poutine l'a fait reconstruire pour commémorer les deux guerres, la Grande Guerre patriotique de 1941-1945 et celle de la libération du Donbass de 2014-2022. De chaque côté de l'allée, de grandes stèles sculptées célèbrent les héros morts pour la liberté du Donbass entre 1941 et 2022.</p> <p>Mais c'est sans doute à Lougansk que ce choc mémoriel est le plus intense. J'y suis accueilli par Anna Soroka, historienne et combattante dans les régiments de la République dès 2014. Le premier monument commémore les 67 enfants tués par les miliciens ukrainiens des bataillons néonazis Kraken et Aïdar qui ont tenté de prendre la ville en 2014 et l'ont bombardée jusqu'en 2022. Il a été construit au milieu d'un parc qui sert de jardin d'enfants. Plusieurs gosses y ont été tués par un bombardement ciblé des Ukrainiens, les bâtiments avoisinants n'ayant pas été touchés. </p> <p>Les enfants sont en effet l'objet d'une guerre de l'information sans merci dans les deux camps. Les Ukrainiens ont déposé plainte pour crime de guerre contre les Russes et la Cour pénale internationale a inculpé Vladimir Poutine et la responsable russe de l'enfance pour kidnapping d'enfants ukrainiens. La propagande occidentale reprend en boucle ces accusations, au cinéma – le documentaire <em>ad hoc</em> vient de recevoir un Oscar – et dans les médias. Lesquels oublient naturellement de répercuter le point de vue des habitants du Donbass, pour lesquels ce sont les Ukrainiens qui prennent les enfants en otage. Il existe en effet en Ukraine une organisation de volontaires, appelés les Anges Blancs, calquée sur le modèle des fameux Casques Blancs syriens qui, on s'en souvient, étaient loin d'être des secouristes neutres et agissaient en fait pour le compte des groupes djihadistes. </p> <p>Ces détachements d'Anges Blancs (White Angels) ont été formés dès février 2022 par un certain Rustam Lukomsky. La presse anglo-saxonne les a mentionnés à quelques reprises. Pour ceux du Donbass, leur but consiste à forcer les parents des zones du front à se séparer de leurs enfants sous prétexte de les protéger. Les enfants sont donc isolés de leurs parents et «mis en sécurité» à l'arrière, où ils sont dès lors utilisés comme moyens de chantage contre leurs familles. Celles-ci se trouvent déchirées entre deux choix aussi insupportables l'un que l'autre: soit elles abandonnent leurs foyers pour rejoindre leurs enfants, soit elles y restent en se voyant forcées de collaborer avec l'armée ukrainienne qui les invite à dénoncer ou à saboter les mouvements de l'armée russe. On imagine la détresse des parents confrontés à un tel chantage. Des témoignages, comme ceux d'Olga V. Zubtsova de Bakhmut et d'Igor Litvinov d'Avdievka, confirment cette version des choses. Enfin, d'innombrables rumeurs circulent sur les réseaux sociaux, qui accusent ces prétendus Anges Blancs d'alimenter les réseaux de pédo-criminalité et le trafic d'enfants. Mais cela reste à prouver.</p> <p>Le deuxième monument se trouve dans un bois à la sortie de Lugansk. Comme le Puits de mine No 4 de Donetsk, il commémore le lieu du massacre de la communauté juive de Lugansk (environ 3'000 femmes et enfants essentiellement juifs) et de 8'000 adultes de diverses confessions pendant l'occupation nazie. «On ne peut pas comprendre pourquoi, aujourd'hui, Kiev honore les descendants de ceux qui ont tué tant des nôtres pendant la Deuxième Guerre mondiale», dit Anna Soroka. Abandonné aux ronces depuis 1991, le site a fait l'objet d'une restauration récente. 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Le 5 mai 2014, Ivan a été sorti de sa maison et exécuté pour l'exemple d'une balle dans la tête par les milices, parce que son fils s'était engagé auprès des républicains. Ses voisins avaient d'abord dû l'inhumer dans son jardin. Le site se trouve sur les lieux mêmes de la bataille et rend hommage aux 397 «victimes de l'agression ukrainienne» de cet été-là, ouvriers, creuseurs de tranchées, instituteurs, écoliers, médecins, infirmières, patients frappés par le bombardement de leur école et de leur hôpital (169 morts).</p> <p>En revenant en ville, nous passons devant le grand monument aux soldats soviétiques qui ont libéré la ville en 1943 et devant un char ukrainien décoré de fleurs posé sur un socle de béton en bordure de l'autoroute: les habitants du quartier l'ont posé là pour rappeler que ce char avait bombardé leurs maisons il y a dix ans. En contrebas, un champ toujours jonché de mines est fortement déconseillé aux promeneurs.</p> <p>Le dernier monument de ce tour de ville funèbre est sans doute le plus emblématique du destin tragique du Donbass durant ces dernières cent années. Il s'agit du mémorial de Hostra Mohyla posé sur une petite colline au sud-est de la ville. Plusieurs monuments de facture diverse y rappellent le souvenir des diverses communautés rayées de la carte au fil des décennies. Mais le plus grand, qui coiffe le sommet du complexe, donne la clé de la psychologie des habitants de la région. 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Il ne parlait pas un mot d'anglais et, sans faire de cas de mon russe misérable, il avait invité toute notre délégation à la noce. J'avais fait un petit discours de circonstance en l'honneur de la mariée et de ses parents. Depuis lors, Umar Ikromovitch est devenu un ami pour la vie, que ni la distance ni la fracture linguistique ne sauraient séparer. Une ou deux fois par an, aux fêtes importantes, il m'envoie des messages Telegram. En février, surprise, il me propose de me joindre à lui pour visiter ses réalisations dans le Donbass, dans lequel il n'était encore jamais allé. Umar emploie en effet quelques centaines d'ouvriers dans la région de Moscou et quelques dizaines dans la reconstruction du Donbass.</p> <p>Le 3 avril à trois heures du matin, il m'attendait donc avec Nikita, un de ses amis du ministère de la Défense, à la sortie de l'aéroport de Vnukovo, à Moscou, pour m'embarquer dans le Donbass. Nikita avait préparé le programme et fourni les autorisations nécessaires ainsi qu'un chauffeur aguerri, Volodia. Pendant dix heures d'affilée, avec une courte pause-café dans une station-service qui venait d'ouvrir, nous avons descendu à tombeau ouvert les 1'060 kilomètres de l'autoroute Prigogine qui relie Moscou à Rostov-sur-le-Don, celle-là même que le chef défunt de Wagner avait voulu remonter avec ses chars en juillet dernier.</p> <p>Rien n'est plus simple qu'une autoroute russe. C'est toujours tout droit, il n'y a pas un virage jusqu'à Rostov. Et comme celle-ci est impeccable, à part cinquante kilomètres de travaux peu avant Rostov, le trajet fut rapide et indolore, nous permettant de passer en quelques heures des dernières neiges moscovites aux douceurs du printemps de la mer d'Azov. En chemin, des norias de camions, quelques convois militaires, mais assez peu en fin de compte.</p> <p>A Rostov, port animé et capitale embouteillée du sud russe, nous avons à peine pu poser nos bagages et faire trois pas que nous voilà partis pour notre première visite: une énorme station de pompage-turbinage des eaux du Don située à l'embouchure du fleuve, à une vingtaine de kilomètres de la ville. Des ouvriers s'activent encore à terminer les aménagements extérieurs. Deux gigantesques tuyaux, des dizaines de citernes de 20'000m<sup>3</sup> et huit stations de pompage de onze turbines chacune acheminent désormais l'eau douce de Rostov à Donetsk, située à deux cents kilomètres de là et privée d'eau potable à cause de l'embargo ukrainien. Tout est automatisé. Les 3'700 ouvriers ont commencé et terminé l'immense chantier ainsi que la construction de la ligne à haute tension destinée à alimenter les turbines en six mois, entre novembre 2022, aussitôt après la réintégration des républiques dans la mère-patrie, et avril dernier.</p> <p>Première conclusion: après des investissements aussi rapides et colossaux, la volonté russe me semble inébranlable et il me paraît exclu que la Russie accepte à nouveau, un jour, de se séparer du Donbass. Ce territoire est désormais russe, point final.</p> <p>A la nuit tombante, nous voici enfin assis à la table d'une brasserie manifestement très prisée de Rostov, face au Don paisible. La nuit sera calme et le sommeil de plomb. La suivante, avec quarante missiles ukrainiens tirés sur la base aérienne voisine de Morozovsk, sera plus animée. </p> <p>Le lendemain matin, départ pour Marioupol, à 180 kilomètres et trois heures de route. Après Taganrog, la route longe la mer d'Azov et est encombrée par les convois de camions qui vont et viennent du Donbass. Elle est en plein travaux d'élargissement. Les véhicules militaires arborent un V ou un Z bien visibles. Checkpoints et contrôles divers se succèdent avant et après la frontière de la République de Donetsk. Sur les bas-côtés, de longues colonnes attendent la fouille. Grâce à nos laissez-passer, nous voici bientôt en territoire ex-ukrainien. Evgueni, un Russe de Vladivostok engagé volontaire auprès de la République de Donetsk, prend le relais. Il nous servira de guide et d'interprète tout au long de notre séjour. </p> <p>Peu avant midi, nous atteignons les faubourgs de Marioupol et entrons sur le territoire d'Azovstal, totalement dévasté. L'usine n'est plus que cheminées rouillées, entrelacs de tuyaux éventrés et de ferrailles tordues. Une vision d'apocalypse qui évoque immédiatement Stalingrad, l'usine de tracteurs, Vassili Grossmann et le <em>Voyage en Russie</em> de Steinbeck et Capa. Aucune des maisons et des immeubles d'habitation alentour n'a survécu. </p> <p>Le centre-ville a en revanche beaucoup mieux résisté, avec un taux de destruction qu'on peut estimer à cinquante pourcents à première vue. Il est en pleine rénovation. Sur la place centrale, la reconstruction du fameux théâtre – bombardé ou dynamité on ne sait trop – doit être achevée à la fin de l'année. Umar est content: les enfants et les jeunes mères se sont déjà emparés du parc et du terrain de jeux que son entreprise vient d'achever. Les lignes de bus, offerts par la ville de Saint-Pétersbourg, ont été rétablies. Les terrasses de café ont rouvert.</p> <p>Puis nous repartons pour l'ouest de la ville, qui offre un paysage très différent. Tout y est neuf. Les quartiers anciens ont déjà été rénovés et de nouveaux quartiers, des bouquets d'immeubles, une école, une crèche, un hôpital, y ont jailli de terre en moins d'une année. Une dame qui promène son chien nous explique qu'elle vient d'emménager dans son appartement tout neuf il y a quinze jours, après avoir vécu pendant des mois dans un taudis sans eau courante. </p> <p>Supervisés par une société publique du ministère de la Défense avec l'aide des villes et des provinces russes, les chantiers s'activent jour et nuit. Dix mille habitants ont déjà été relogés et la ville a retrouvé les deux tiers de sa population d'avant-guerre, soit 300'000 habitants. Durant l'après-midi, nous visiterons un second hôpital de 60 lits, entièrement neuf et démontable, très bien équipé et dirigé par des médecins volontaires provenant des différentes régions de Russie.</p> <p>Les constructions les plus spectaculaires concernent toutefois les écoles. En bordure de mer, une nouvelle académie de la marine accueillera sa première volée de cadets à la rentrée de septembre. Salles de cours, internat, salles de sports, salles d'entrainement, quatre immeubles de verre et d'acier rutilants sont sortis de terre en dix mois. Prévus pour 560 élèves en uniforme de 11 à 17 ans, ils accueilleront principalement des orphelins des deux guerres du Donbass, celle de 2014-2022 et celle de 2022-2024, me dit-on. Six jours d'enseignement par semaine à raison de huit à dix heures par jour, on n'aura guère le temps de s'y ennuyer. A la fin du cursus, les élèves pourront soit parfaire leur formation dans la marine soit entrer dans une université civile.</p> <p>La seconde école est plus classique mais encore plus spectaculaire. C'est un collège expérimental comme on n'en encore jamais vu en Russie (ni en Suisse à ma connaissance). Le design, remarquable, est très étudié. Les salles de classe sont équipées avec les dernières technologies, ordinateurs, robots, cyber et nanotechnologies, intelligence artificielle. Plus classiques, les salles de dessins, de couture, de cuisine, de peinture, de langues, de ballet, de théâtre, de chimie, physique, de biologie, d'anatomie et mathématiques. Il existe même une salle équipée de cabines pour apprendre à conduire et à piloter.</p> <p>Commencée fin 2022, terminée en septembre 2023, elle a accueilli sa première volée de 500 élèves l'an dernier et en attend 500 de plus à la rentrée de septembre. La pédagogie est à l'avenant, sans minauderies pédagogistes: les cours durent douze heures par jour. Ils commencent à 8h et se terminent à 20h à raison de six heures de matières «dures» le matin, et de six heures de matières plus récréatives ou complémentaires l'après-midi. La cantine assure trois repas par jour. Seule difficulté, assure la directrice, celle de trouver des enseignants qui veuillent bien accepter de s'installer à Marioupol. Mais elle n'a pas l'air d'être du genre à s'effrayer devant la tâche.</p> <p>En fin d'après-midi, nous nous engageons sur l'autoroute toute neuve qui relie Marioupol à Donetsk, à 120 kilomètres, en faisant un petit arrêt dans la petite ville de Volnovakha, dont le palais de la culture a subi une frappe de HIMARS en novembre dernier. Le toit s'est écroulé et des échafaudages encombrent ce qui reste de la scène et de la salle. Par chance, la salve n'a fait ni mort ni blessé, le spectacle programmé ce jour-là ayant été déplacé à la dernière minute. Pour les habitants, pas de doute, les Ukrainiens cherchaient à tuer le plus de civils possibles. Mon guide m'explique qu'ils tirent toujours les HIMARS par groupe de trois: une première roquette pour percer le toit et les structures, une deuxième pour liquider les occupants et, vingt à vingt-cinq minutes plus tard, une troisième frappe pour tuer le maximum de pompiers, secouristes, parents, policiers, amis, voisins venus secourir les victimes. Ce récit me sera répété plusieurs fois.</p> <p>Donetsk est une grande ville d'un million d'habitants, très étendue, très animée, avec une circulation dense. On n'y voit que peu d'immeubles ou de façades détruites. En revanche, la ville vit au son du canon. Je n'y avais pas prêté attention à mon arrivée, à cause de la fatigue et des émotions de la journée. Mais en me réveillant à trois heures du matin, j'ai soudain été frappé par le son du canon. Toutes les deux à trois minutes, un coup part, faisant trembler les vitres et illuminant le ciel d'une lueur orangée: ce sont les artilleurs russes qui tirent sur les positions ukrainiennes, à quelques de kilomètres du centre-ville. Les Ukrainiens ripostent avec des missiles, des drones ou des roquettes HIMARS, ce qui enclenche les tirs de contre-batterie russes, à raison d'un ou deux par heure me semble-t-il.</p> <p>Le lendemain matin, on m'apprendra à distinguer les uns des autres. Les HIMARS sont silencieux jusqu'à l'explosion finale, les missiles SCALP français et Storm Shadow britanniques font un bourdonnement d'avion, de même que les missiles anti-missiles russes, tandis que les obus ordinaires tombent en sifflant. De toute façon, je n'ai aucun souci à me faire, m'assurent mes nouveaux amis. Ils m'ont logé dans le seul hôtel de la ville encore en mains américaines et jamais les Ukrainiens n'oseraient tirer sur une cible américaine. Il n'en reste pas moins que les tirs ukrainiens continuent à faire des blessés et un mort par semaine en moyenne. Tous des civils, car il n'y a absolument aucun soldat, véhicule ou installation militaire en ville. En quatre jours, je n'y ai pas croisé un seul uniforme.</p> <p>Nous commençons la journée par une visite à l'Allée des Anges, qui se trouve au milieu d'un beau parc urbain. C'est le nom qu'on a donné au monument funéraire érigé en mémoire des enfants tués par les bombardements ukrainiens depuis 2014. 160 noms ont déjà été inscrits sur le marbre. Mais la liste en comprend plus de 200 à ce jour. Des dizaines de bouquets de fleurs, de jouets, de photos d'enfants s'amoncellent sous l'arche de fer forgé. C'est bouleversant.</p> <p>Au retour, nous rendons visite aux confrères de la télévision et de la radio OPLOT, en bordure de la place centrale. Leur immeuble est régulièrement visé par des HIMARS. On n'a pas encore pu réparer les derniers studios frappés mais on les retape à la fortune du pot et les cinq chaines TV et radio diffusent leurs programmes sans interruption. La direction et l'équipe sont à 90% féminines, les quelques hommes étant chargés de la couverture du front, à dix kilomètres de là. Un petit jardin d'enfant - une grande crèche attirerait l'attention des HIMARS ukrainiens - accueille les enfants des employés. Il en va ainsi dans toute la ville, les crèches publiques ayant dû fermer pour éviter les frappes. Au début, en 2014, il avait été difficile de recruter des journalistes à cause des risques d'attentat mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, assure la rédactrice en chef Nina Anatoleva. L'intervention russe de 2022 a beaucoup renforcé la sécurité. Mais ils ont perdu en audience. 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Pas de convoi, d'insignes de presse, de gilets pare-balles ou de casques qui pourraient attirer l'attention des drones de surveillance ukrainiens. Les GPS de nos portables sont désactivés depuis longtemps. Il s'agit d’être le plus banal possible. La route est de plus en plus défoncée et la circulation quasi inexistante. Le chauffeur, le guide et Umar sont parfaitement impavides.</p> <p>La directrice de l'école, ex-professeure de mathématiques devenue directrice du centre d'accueil, nous accueille. La libération d'Avdeevka et des villages voisins fin février a fait sortir les habitants survivants des caves. Ils sont logés ici, dans les salles de classe, en attendant de retrouver leur logement ou d'en trouver un nouveau. Sur les 160 personnes hébergées, certaines ont déjà pu regagner Avdeevka. Aujourd'hui, c'est au tour de Nina Timofeevna, 85 ans et toute sa verve, de regagner son logis. 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La Moscovie, on le sait, a commencé son expansion, au XIVe siècle, en anéantissant (avec quelle férocité) un autre État russe, la « république » de Novgorod. Elle a englouti plus facilement toutes les autres principautés voisines, pour, de siècle en siècle, arriver jusqu’au Pacifique. Du fait de son immensité, elle est plus qu’un pays, elle est à elle seule un monde, et c’est pourquoi elle se conçoit facilement en opposition au reste du monde. En cela, le KGB était l’héritier des tsars. Ce qui est étonnant, c’est, pour une fois, la lucidité de l’Occident. Le dire n’est pas du sarcasme. Car ce type de pouvoir politique, cette conception de l’État (un État qui ne peut tenir qu’en s’étendant toujours plus loin, avec un pouvoir despotique pour tenir tout ensemble), nous sont difficiles à comprendre… Actuellement, la Russie nous montre un de ses visages, celui de la « stratocratie » dont parlait Castoriadis. Poutine n’est pas toute la Russie, loin de là, il faut le répéter. Mais aujourd’hui c’est celle-là qui nous concerne directement, à travers l’Ukraine. Oui, le moment est dangereux. Mais le plus dangereux serait de ne pas le comprendre, de prendre Poutine pour un phénomène isolé, sans ses racines historiques. Reconnaître à ce régime « le droit à exister de façon différente », c’est lui reconnaître celui de tuer Nemtsov et Politkovskaïa, de mettre Navalny en camp, de faire taire l’Écho de Moscou et toute voix non inféodée au pouvoir. Certes, pour éviter de subir le « déferlement médiatique » que nous imposent nos reporters, ces « journalistes soigneusement filtrés » au péril de leur vie, il vaudrait mieux nous contenter de la télévision russe… Les soi-disant « nationalistes extrémistes » qui selon l’expression d’Alexandre Herzen se battent « pour leur liberté et pour la nôtre », ce sont les descendants de ces mêmes Russes des XVI-XVIIe qui fuyaient les exactions d’Ivan le Terrible et les débuts du servage vers la steppe libre. Car l’Ukraine, c’est un peu comme la Russie – mais libre. De cela, en particulier, Moscou a peur. Bien des acteurs de la pérestroïka avaient foi dans le changement des mentalités, ils croyaient qu’avec une relative prospérité, un quotidien qui ne serait plus sous la contrainte, les esprits oublieraient ces vieux démons. On le voit : une seule chose peut les en libérer, c’est un vrai changement intérieur, un changement de régime politique, non une « pérestroïka » qui a donné la fortune sans la liberté, à un petit nombre, pendant que l’Occident laissait placidement l’argent du pétrole et du gaz reconstituer le complexe militaro-industriel soviétique. Mais il est sûr que « l’économie russe est loin de s’effondrer ». Le calvaire de l’Ukraine n’est pas près de finir, et la lucidité oblige à reconnaître que le moment est très périlleux pour tous. Il est d’autant plus vital d’en bien comprendre les enjeux. 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Je relève en particulier trois choses : mettre l’accent sur la peur fantasmée d’une invasion de la Fédération de Russie par les Etats-Unis et ses alliés pour justifier toute opération militaire russe, discréditer Joe Biden (comme Trump et son Joe l’endormi) en donnant crédit à ceux qui l’accusent de sénilité au nom de son âge (tout simplement contemporain de Jacques Pilet votre réd. en chef et Suzette Sandoz, une de vos groupies,…), mettre en doute les actes cruels et foulant aux pieds le droit de la guerre commis sur des populations civiles par des soldats russes à Boutcha et Irpin en attendant d’autres. Je ne doute pas qu’il y ait aussi des actes cruels commis par des Ukrainiens, je ne suis pas naïf, mais pour prendre de la hauteur je renvoie à l’analyse (une solide celle-là) de Mikhaïl Chichkine, écrivain russe établi à Zurich, parue dans le Guardian et reprise par le Courrier du 29 avril. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
16 Commentaires
@Franky 29.04.2022 | 02h18
«Le colapsologue que je suis est pleinement satisfait de l' évolution de la situation....Chic... on y arrivera !»
@XG 29.04.2022 | 05h57
«Merci Monsieur Mettan pour cet éclairage différent qui change de la propagande anti-russe relayée jusqu'à l'écoeurement par les médias de grand chemin. Pour le moment les grands gagnants de cette situation sont les marchands d'armes, surtout américains. Et si le conflit se prolonge, ils vont s'assurer une rente de situation bien confortable. Comme certaines entreprises pharmaceutiques l'ont fait avec le CoVid. Les grands perdants de ces jeux géopolitiques malfaisants sont, comme toujours les civils, ici ukrainiens, qui payent les pots cassés de l'incompétence et de l'entêtement de leurs dirigeants. Un jour cela pourrait être nous, car nos dirigeants actuels, en Occident, ne valent guère mieux. »
@Chuck50 29.04.2022 | 08h47
«La folie des grandeurs états-unienne, un pays au bord du gouffre.»
@Apropos 29.04.2022 | 09h18
«C’est étonnant comment une simple petite phrase résonne toujours autant : à qui le crime profite ? Merci pour votre article.»
@Libredepenser61 29.04.2022 | 12h01
«Quelle excellente et pertinente analyse; je partage. »
@simone 29.04.2022 | 15h05
«Votre commentaire clair et sans passion est redoutablement lucide comme l'interview du colonel Baud sur you Tube.
Jusqu'où iront la folie et l'aveuglement des Européens et la mégalomanie de l'0TAN pilotée par des Démocrates américains? Continuez d'écrire, s'il vous plaît. Peut-être finirez-vous par être lu et compris!
Suzette Sandoz
»
@Chan clear 29.04.2022 | 15h36
«Merci de cette analyse, il y a un tel paradoxe entre une frange de l'humanité qui ne cesse de se " bouger" contre la pollution planétaire et d'une autre part, les livraisons d'armes incessantes vers l'Ukraine, du matériel lourd comme décrit dans la Presse, on pourrait rêver qu'une voix s'élève et dise : Bon maintenant les garçon ça suffit, on arrête de jouer !" »
@RAS 29.04.2022 | 16h22
«Pour rappel, il serait intéressant d’étudier l’histoire politique de la seconde guerre mondiale.
Des documents, publiés en 2012, ont permis de revoir l’histoire du financement d’Hitler et de l’organisation de la seconde guerre mondiale par les banquiers états-uniens et britanniques, couverts par le président Franklin Roosevelt, dans l’espoir de détruire l’URSS.
Pendant que des soldats mouraient sur les champs de bataille, la direction de la BRI (Banque de règlement internationaux) se réunissait à Bâle avec les banquiers des États-Unis, d’Angleterre, d’Allemagne, d’Italie, de Belgique et du Japon.
Tout cela pour en arriver, après la deuxième guerre mondiale, à l’adoption du dollar comme monnaie de référence, et, sous prétexte de protéger l’Europe, la création de l’OTAN en mains américaines, ceci grâce à la confiance naïve des élus européens.
Concernant la situation actuelle, il serait bon de rappeler la signature des accords de Minsk I et II, avec la participation de la France et de l’Allemagne, deux pays qui n’ont absolument rien fait pour le respect des accords.
La situation actuelle me paraît ressembler étrangement à ce qui s’est déjà passé.
En remplacement des grandes théories, il serait temps de réagir et de rejeter cette guerre par procuration des USA.
»
@Paulo51 29.04.2022 | 16h39
«Ce conflit me paraissait simple à comprendre avant la lecture de cet article!
Merci pour cet éclairage.
Jean-Paul Respinguet»
@markefrem 29.04.2022 | 19h06
«Écrite par un russophile (poutinolâtre ?) patenté, une telle prose n’a rien d’étonnant.
La tentative de justifier cette brutale barbarie, au mépris des accords signés, à la seule gloire d’un illuminé imaginant ressusciter la "grandeur" passée de l’ex URSS, avec son étendue géographique et la veule soumission de ses vassaux, ne trompera que quelques demeurés incapables de discernement. A décharge, notre manque de réaction aux précédentes exactions (Crimée, Géorgie, Tchétchénie, etc.) constituait un bel encouragement à poursuivre cette enivrante chevauchée conquérante, basée sur le mensonge, la dissimulation, la fourberie et la supposée pleutrerie du reste du monde civilisé.»
@joly.tramelan 29.04.2022 | 19h34
«Cela fait du bien de lire un journaliste qui ne bêle pas avec les moutons de Panurge. Merci Monsieur Mettan !»
@Ciufetta 29.04.2022 | 20h07
« Parler de la guerre en Ukraine comme d’un « conflit de voisinage » et d’un « problème régional de sécurité » est étonnant, quand on voit resurgir des profondeurs de l’histoire russe les plus vieux démons de l’empire moscovite. La Moscovie, on le sait, a commencé son expansion, au XIVe siècle, en anéantissant (avec quelle férocité) un autre État russe, la « république » de Novgorod. Elle a englouti plus facilement toutes les autres principautés voisines, pour, de siècle en siècle, arriver jusqu’au Pacifique. Du fait de son immensité, elle est plus qu’un pays, elle est à elle seule un monde, et c’est pourquoi elle se conçoit facilement en opposition au reste du monde. En cela, le KGB était l’héritier des tsars.
Ce qui est étonnant, c’est, pour une fois, la lucidité de l’Occident. Le dire n’est pas du sarcasme. Car ce type de pouvoir politique, cette conception de l’État (un État qui ne peut tenir qu’en s’étendant toujours plus loin, avec un pouvoir despotique pour tenir tout ensemble), nous sont difficiles à comprendre…
Actuellement, la Russie nous montre un de ses visages, celui de la « stratocratie » dont parlait Castoriadis. Poutine n’est pas toute la Russie, loin de là, il faut le répéter. Mais aujourd’hui c’est celle-là qui nous concerne directement, à travers l’Ukraine. Oui, le moment est dangereux. Mais le plus dangereux serait de ne pas le comprendre, de prendre Poutine pour un phénomène isolé, sans ses racines historiques.
Reconnaître à ce régime « le droit à exister de façon différente », c’est lui reconnaître celui de tuer Nemtsov et Politkovskaïa, de mettre Navalny en camp, de faire taire l’Écho de Moscou et toute voix non inféodée au pouvoir. Certes, pour éviter de subir le « déferlement médiatique » que nous imposent nos reporters, ces « journalistes soigneusement filtrés » au péril de leur vie, il vaudrait mieux nous contenter de la télévision russe…
Les soi-disant « nationalistes extrémistes » qui selon l’expression d’Alexandre Herzen se battent « pour leur liberté et pour la nôtre », ce sont les descendants de ces mêmes Russes des XVI-XVIIe qui fuyaient les exactions d’Ivan le Terrible et les débuts du servage vers la steppe libre. Car l’Ukraine, c’est un peu comme la Russie – mais libre. De cela, en particulier, Moscou a peur.
Bien des acteurs de la pérestroïka avaient foi dans le changement des mentalités, ils croyaient qu’avec une relative prospérité, un quotidien qui ne serait plus sous la contrainte, les esprits oublieraient ces vieux démons. On le voit : une seule chose peut les en libérer, c’est un vrai changement intérieur, un changement de régime politique, non une « pérestroïka » qui a donné la fortune sans la liberté, à un petit nombre, pendant que l’Occident laissait placidement l’argent du pétrole et du gaz reconstituer le complexe militaro-industriel soviétique.
Mais il est sûr que « l’économie russe est loin de s’effondrer ». Le calvaire de l’Ukraine n’est pas près de finir, et la lucidité oblige à reconnaître que le moment est très périlleux pour tous. Il est d’autant plus vital d’en bien comprendre les enjeux. »
@Ciufetta 30.04.2022 | 08h23
«pardon pour cette coquille! C'est au XVe siècle que Moscou a anéanti Novgorod...@Ciufetta»
@Latombe 01.05.2022 | 11h50
«Russophilie quand tu nous tiens !
J’ai eu un certain penchant à m’intéresser au discours de Guy Mettan lorsqu’il était responsable dans la formation des journalistes et membre du PDC (qui marchait à l’époque sur deux jambes : démocrate et chrétienne et qui les a coupées toutes les deux pour revendiquer à lui seul le Centre).
Mais plus récemment j’ai eu le sentiment d’une dérive obsessionnelle qui diabolise l’Occident un peu comme Zemmour diabolise l’Islam, et qui, depuis, idolâtre la Russie et peut-être même son chef.
Cela péjore la prétention à l’analyse de la guerre menée par le gouvernement russe contre la nation ukrainienne appelée aussi opération (très) spéciale.
Je relève en particulier trois choses : mettre l’accent sur la peur fantasmée d’une invasion de la Fédération de Russie par les Etats-Unis et ses alliés pour justifier toute opération militaire russe, discréditer Joe Biden (comme Trump et son Joe l’endormi) en donnant crédit à ceux qui l’accusent de sénilité au nom de son âge (tout simplement contemporain de Jacques Pilet votre réd. en chef et Suzette Sandoz, une de vos groupies,…), mettre en doute les actes cruels et foulant aux pieds le droit de la guerre commis sur des populations civiles par des soldats russes à Boutcha et Irpin en attendant d’autres.
Je ne doute pas qu’il y ait aussi des actes cruels commis par des Ukrainiens, je ne suis pas naïf, mais pour prendre de la hauteur je renvoie à l’analyse (une solide celle-là) de Mikhaïl Chichkine, écrivain russe établi à Zurich, parue dans le Guardian et reprise par le Courrier du 29 avril.
»
@stef 24.10.2022 | 12h54
«@RAS: pourriez-vous me faire parvenir sur l'adresse “[email protected]” le lien vers les documents publiés en 2012, qui étayent le financement de Hitler par les USA et UK, svp ?
Je souhaiterai les publier pour les faire connaître.
Merci d'avance.»
@stef 24.10.2022 | 13h00
«Les USA n'ont de cesse de vouloir imposer leur mode de vie au reste du monde.
Mais nous ne voulons PAS de leur mode de vie: les McDo, l'inculture du middlewest, les conditions sociales proches du néant, leurs 800 bases militaires partout dans le monde !!
Le monde veut conserver sa souveraineté politique et monétaire, et cesser d'être asservi par les USA !»