Média indocile – nouvelle formule

Analyse


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Que la politique nous mente, passe encore. On s’y est habitué. Mais que le droit devienne courbe et que la science soit bafouée, c’est franchement gênant. Or c'est ce qui est en train de se passer en ce début de troisième année covidienne.



Le mensonge, la duplicité, l’opportunisme, la tromperie, peu importe comment on appelle cette mystification, nous accompagne depuis le début de la pandémie et ne nous lâche plus. On se souvient des promesses faites sur les masques, les tests, les respirateurs, proclamés inutiles en mars et obligatoires en mai 2020. Aujourd’hui, les bobards continuent à propos de la vaccination et du passe sanitaire, encouragés jusqu’à l’hystérie alors que l’évidence montre que la troisième dose n’est d’aucune d’utilité face à la contamination d’Omicron et d’un apport scientifiquement non prouvé pour éviter les cas graves. 

Mais ce n’est pas le plus important. Beaucoup plus grave nous parait le fait que le droit n’est plus respecté. Depuis le 1er février dernier, plus de 250'000 Suisses qui s’étaient faits vacciner de bonne foi au premier semestre 2021 en échange d’un passe valide 365 jours ont été brutalement mis devant le fait accompli en voyant ce délai ramené à 270 jours s’ils n’avaient pas reçu leur troisième dose. Or un des fondements du droit consiste à ne pas imposer de changement légal avec effet rétroactif. On aurait pu accepter ce changement s’il avait été valable pour les personnes vaccinées après le 1er février 2022. Mais ce n’est pas le cas. Il s’agit donc d’un déni de droit caractérisé et d’une atteinte à l’état de droit tout à fait inacceptable dans une démocratie.

A cela s’ajoutent les atteintes aux droits de l’Homme, liberté d’expression, de réunion, du commerce et de culte, sévèrement limités. Un rapport de Freedom House a établi que la démocratie avait reculé dans 80 pays depuis le début de la pandémie, et en particulier dans les pays jugés les plus démocratiques tels que les Etats-Unis, la France ou les Pays-Bas, et qu’en 2020 le nombre de pays libres avait atteint son niveau le plus bas depuis quinze ans.

Tout aussi inquiétant est le déni de science auquel nous assistons depuis le début de cette crise. Comme s’en sont fait l’écho l’un des épidémiologistes les plus capés des Etats-Unis, le professeur émérite à l’Université de Stanford John Ioannidis, et la professeure à l’Université Erasmus de Rotterdam Michaela Schippers, dans le magazine en ligne juif new-yorkais Tablet, la pandémie a changé les normes de la science. Pour le pire. Des principes basiques de la méthodologie scientifique tels que «le scepticisme, le questionnement, la réfutabilité, le désintéressement ont été jetés à la poubelle pour nourrir des combats politiques qui n’ont rien à voir avec la science. Tous les efforts faits ces dernières années pour confronter les théories scientifiques aux observations et pour améliorer la méta-recherche (la recherche sur la recherche) ont été anéantis1.»  

En août 2021, 330'000 articles sur le Covid avaient été publiés par un million de scientifiques provenant des 174 domaines de la science – y compris la branche de l’automobile! – souvent sans rigueur, tandis que des experts autoproclamés trustaient les médias et les plateaux télévisés. 

Le constat est sévère. Ses auteurs comme la revue qui les publie ne sauraient être soupçonnés de complotisme. On a quitté le domaine de la science pour entrer dans celui de la religion et du tabou. Il est temps d’imiter le Danemark, d’arrêter de prendre les vaccinés pour des imbéciles et de renouer avec les fondamentaux et du droit et de la science.


1John P.A. Ioannidis and Michaela C. Schippers, «Saving Democracy From Pandemic», Tablet, Jan. 22, 2022, et «How Pandemic Is Changing the Norms of Science», Tablet, Sept. 9, 2021.

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

5 Commentaires

@Gassigassou 04.02.2022 | 09h53

«On croirait lire un manifeste de la LMR… Il est temps que le journalisme revienne à ses racines INFORMER»


@Michel Rossinelli 04.02.2022 | 11h54

«Je ne sais pas si M. Mettan est juriste, mais lorsque j'enseignais le droit constitutionnel à l'université de Genève, je lui aurai mis zéro, car écrire que : "Or un des fondements du droit consiste à ne pas imposer de changement légal avec effet rétroactif." On aurait pu accepter ce changement s’il avait été valable pour les personnes vaccinées après le 1er février 2022. Mais ce n’est pas le cas. Il s’agit donc d’un déni de droit caractérisé et d’une atteinte à l’état de droit tout à fait inacceptable dans une démocratie." est une absurdité. D'une part, la décision de réduire le délai de validité du pass ne valait que pour l'avenir, donc sans effet rétroactif et, d'autre part, il n'existe aucun principe absolu de non-rétroactivité des lois dans nos démocraties. Rappelons que le Conseil fédéral avait répondu en conclusion comme suit en 2015 au postulat Minder (qui a été classé sans suite) demandant l'inscription du principe de non rétroactivité dans la Constitution fédérale :

"Une interdiction absolue de la rétroactivité inscrite dans la Constitution aurait peu d'effets sur les lois au sens formel puisque les personnes concernées ne pourraient s'opposer à l'application de celles qui violeraient cette interdiction. Enfin, il faut noter qu'une interdiction absolue aurait aussi pour effet d'exclure les mesures rétroactives qui peuvent se justifier dans l'intérêt des personnes concernées."
»


@Ph.L. 05.02.2022 | 11h12

«A propos de la rétroactivité du droit, on lit ceci sur Internet au premier clic :
"1.1 Selon l'art. 2 al. 1 CP, la loi pénale ne s'applique qu'aux faits commis après son entrée en vigueur (principe de la non-rétroactivité de la loi pénale). ... Il en découle que l'on applique en principe la loi en vigueur au moment où l'acte a été commis, à moins que la nouvelle loi ne soit plus favorable à l'auteur."
Ce rappel pour défendre quelque peu le propos de M. Mettan... Par ailleurs, on peut souligner que l'application gratuite téléchargeable par tout un chacun "Covid Cert", qui permet de contrôler les "pass sanitaire", permet aussi de les enregistrer sur son ordiphone, de les convertir en "pdf" et de les envoyer où bon nous semble par ce biais - et ceci en violant allégrement toute les lois sur la protections des données et le secret médical. Ainsi, n'importe quel garçon de café peut disposer des données vaccinales de milliers de clients et clientes comme il l'entend et, pourquoi pas, les vendre au plus offrant, en toute décontraction. Je trouve cela hallucinant. Symptomatique, à mon sens, de ce que l'on est prêt à accepter lorsqu'on est sous l'emprise de l'hypocondrie collective et des angoisses névrotiques l'accompagnant : un véritable aveuglement.»


@Qovadis 05.02.2022 | 16h42

«Quand j’ai vu que le certificat Covid version pdf ne mentionnait pas la durée de validité d’une année, j’ai tout de suite compris que ladite durée pouvait être adaptée facilement au gré des circonstances. En cas d’urgence sanitaire, comme l’apparition de variants mal couverts pas le vaccin, ce n’est certainement pas une mauvaise chose. Évidemment en tant qu’individus, on a la désagréable impression d’être tenus en laisse.»


@Maryvon 10.02.2022 | 10h26

«Je m'éloigne un tout petit peu des propos de Mettan auxquels j'adhère sans réserve pour vous dire mon étonnement en visionnant une émission sur la chaîne LCI. M. Pujadas interviewait le Dr. Martin Blachier qui nous a informés sans équivoque que depuis deux mois, les scientifiques savent très bien que le variant Omicron est très peu dangereux. Le Dr. Blachier a ajouté que deux catégories de personnes pouvaient être sérieusement atteintes, celles qui souffrent de très graves problèmes d'immunité ou les personnes très très âgées. Il a ouvertement remis en question l'injection d'une 3ème dose sur la population de moins de 60 ans et bien entendu il remet en question également la vaccination des enfants. Il s'insurge que l'on contraigne des gosses à porter le masque à l'école. Bien entendu, il ne remet pas en question ce qui s'est fait auparavant mais bien les mesures prises ces deux derniers mois. il convient de souligner deux choses, la première le Dr. Blachier n'est absolument pas un complotise, la chaîne LCI jusqu'alors a toujours approuvé sans réserve les mesures prises par le Gouvernement français et M. Pujadas n'est pas non plus un "illuminé". On le sentait révolté et il l'a exprimé clairement. Comment se fait il qu'en Suisse, nous n'avons aucune réaction sur ces questions précises ?»


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