Volodymyr Zelensky et Jens Stoltenberg, Secrétaire général de l'OTAN. © DR
Alors que les pourparlers semblent progresser et que s’esquissent les premiers contours d’une solution possible en Ukraine (neutralisation et démilitarisation partielle du pays, abandon du Donbass et de la Crimée), on commence à mieux cerner les tenants et aboutissants du conflit. Cela posé, il ne faut pas s’attendre à un cessez-le-feu rapide: les Américains et les Ukrainiens n’ont pas encore assez perdu, et les Russes pas encore assez gagné, pour que les hostilités s’arrêtent.
Mais avant d’aller plus loin, j’aimerais inviter ceux qui ne partagent pas ma vision réaliste des relations internationales à passer leur chemin. Ce qui va suivre ne va pas leur plaire et ils s’éviteront ainsi des aigreurs d’estomac et du temps perdu à me dénigrer. J’estime en effet que la morale est très mauvaise conseillère en géopolitique mais qu’elle s’impose en matière humaine: le réalisme le plus intransigeant n’empêche en rien de s’activer, y compris en temps et en argent comme je le fais, pour soulager le sort des populations éprouvées par les combats.
Les analyses des experts les plus qualifiés (je pense notamment aux Américains John Mearsheimer et Noam Chomsky), les enquêtes de journalistes d’investigation tels que Glenn Greenwald et Max Blumenthal, et les documents saisis par les Russes – l’interception de communications de l’armée ukrainienne le 22 janvier dernier et d’un plan d’attaque saisi dans un ordinateur abandonné par un officier britannique – montrent que cette guerre était à la fois inévitable et très improvisée.
Une guerre inévitable et improvisée
Inéluctable parce que depuis la déclaration de Zelensky sur la reprise de la Crimée par la force en avril 2021, Ukrainiens et Américains avaient décidé de la déclencher au plus tard au début de cette année. La concentration des troupes ukrainiennes dans le Donbass depuis l’été, les livraisons massives d’armes par l’OTAN pendant ces derniers mois, la formation au combat accélérée des régiments Azov et de l’armée, le pilonnage intensif de Donetsk et Lougansk par les Ukrainiens dès le 16 février (tout cela resté ignoré des médias Occidentaux bien sûr), prouvent qu’une opération militaire d’envergure était prévue par Kiev à la fin de cet hiver. L’objectif consistait à répliquer l’opération Tempête déclenchée par la Croatie contre la Krajina serbe en août 1995 et à s’emparer du Donbass au cours d’une offensive éclair sans laisser le temps aux Russes de réagir, de façon à prendre le contrôle de la totalité du territoire ukrainien et à rendre possible une adhésion rapide du pays à l’OTAN et à l’UE. Cela explique au passage pourquoi les Etats-Unis n’ont cessé d’annoncer une attaque russe depuis cet automne: ils savaient qu’une guerre aurait lieu, d’une façon ou d’une autre.
Improvisée parce que la réaction russe s’est faite dans l’urgence. Constatant que les manœuvres diplomatiques de l’OTAN – non-réponse américaine à leurs propositions, rencontre Blinken-Lavrov à Genève en janvier, appels au calme de Zelensky et médiation Macron-Scholz en février – ne voulaient pas, ou ne pouvaient pas réussir, et servaient peut-être à les endormir, les Russes ont riposté d’une façon à la fois magistrale et très risquée. Ils ont décidé de prendre l’initiative d’attaquer en premier en une dizaine de jours (reconnaissance des républiques, accord de coopération puis opération militaire), afin de prendre de court les Ukrainiens.
Et plutôt que d’attaquer de front une armée bien équipée et solidement fortifiée, ils ont décidé de la contourner par une vaste manœuvre d’encerclement/diversion, en se déployant sur trois fronts à la fois, au nord, au centre et au sud, de façon à détruire l’aviation et un maximum d’équipements dès les premières heures et à désorganiser la riposte ukrainienne. S’ils avaient laissé l’Ukraine attaquer d’abord, leur situation serait devenue critique et ils auraient été soit vaincus soit condamnés à une interminable guerre d’usure dans le Donbass. Rappelons que les effectifs russes sont dérisoires: 150'000 hommes contre 300'000 Ukrainiens avec la Garde nationale.
Compte tenu des circonstances, et malgré les couacs et les pertes du début, l’opération russe aura été un succès et fera date dans l’histoire militaire, à défaut d’être un modèle sur le plan humain, bien évidemment. Cette étape étant achevée, les Russes peuvent désormais se concentrer sur leur objectif premier, à savoir la liquidation des poches de Kharkiv et de Marioupol tenues par les régiments néonazis d’Azov et la réduction du chaudron de Kramatorsk où le gros de l’armée ukrainienne se trouve retranché. Après quoi, ils pourront décider s’ils veulent lancer leurs chars à travers la plaine ukrainienne jusqu’à Lviv ou s’arrêter là.
Voilà pour le volet militaire.
Gagnants et perdants
Voyons maintenant le volet politique. Qui sont les vrais gagnants et perdants de cette guerre? Je vois un vrai gagnant, des gagnants moindres et beaucoup de perdants.
Le plus grand gagnant est sans conteste les Etats-Unis. Il faut reconnaitre que l’équipe Biden, malgré la sénilité de son président, a manœuvré de main de maitre. En se dégageant de l’Afghanistan en août dernier, elle s’est blanchie aux yeux de l’opinion et a empêché qu’on lui reproche l’invasion et l’occupation désastreuse de ce pauvre pays. En montant un scénario que le brillant comédien Zelensky a admirablement interprété, ils apparaissent aux yeux de l’opinion occidentale comme de preux chevaliers blancs alors qu’ils ont tout manigancé. Ils ont resserré les rangs de l’OTAN et transformé les Européens en idiots utiles empressés de défendre les-démocraties-menacées-par l’odieux-boucher-dictateur-Poutine. Ils les ont forcés à acheter leur gaz de schiste tandis que la gauche et les Verts allemands se hâtaient de mobiliser des crédits militaires de 100 milliards d’euros pour acheter leurs F-35. Bingo! Seule ombre au tableau: le plan ne s’est pas déroulé comme prévu. Les Russes ne sont pas tombés dans le piège. L’Ukraine sera démembrée, neutralisée et n’entrera pas dans l’OTAN comme espéré.
Les autres gagnants sont la Chine, l’Inde et les pays du Sud, qui regardent avec gourmandise les Occidentaux, et notamment les Européens, s’écharper entre eux et s’affaiblir pour longtemps. De façon inespérée, ils retrouvent la position commode de la neutralité ou du non-alignement. Les Chinois auraient préféré un accord à l’amiable mais ils n’avaient pas le choix: ils savent que s’ils lâchent la Russie, ils seront les prochains sur la liste comme en témoigne le déluge de sinophobie déversé par l’Occident sous le prétexte de défendre les droits des Ouïgours (alors que les droits des Yéménites bombardés sans pitié depuis six ans indiffèrent complètement les Occidentaux).
Le grand perdant sera naturellement l’Ukraine, dépecée, mutilée, démembrée, ravagée, massacrée pour rien puisqu’au final elle perdra bien davantage que ce à quoi les accords de Minsk l’auraient contrainte si elle les avait appliqués au lieu de les mépriser. Le président Zelensky portera à cet égard une lourde responsabilité au regard de l’histoire puisqu’il aura préféré la ruine de son pays plutôt qu’un compromis quand il était encore temps.
Les autres grands perdants sont les Européens. Dans l’immédiat certes, ils peuvent se gargariser de leur unité retrouvée, de leur réarmement accéléré, de leur farouche volonté de défendre la démocratie et la liberté jusqu’au dernier Ukrainien, de leur générosité à l’égard des réfugiés, de leur future indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, etc. Tout cela est juste et vrai, en effet. Mais demain, le prix à payer sera extrêmement lourd. Leur comportement montre qu’ils ne pèsent absolument plus rien face aux Américains, dont ils sont devenus de purs vassaux. La décision d’Ursula von der Leyen, la semaine dernière, de transférer les données personnelles des citoyens européens aux Américains montre l’ampleur de la soumission européenne.
Idem pour l’économie: quel sens y a-t-il à se libérer de la dépendance énergétique russe pour tomber dans celle des Américains avec des prix du gaz quatre ou cinq fois plus élevés? Que dira l’industrie allemande quand il faudra payer la facture? D’autant plus qu’il n’y a ni méthaniers, ni ports, ni usines de dégazéifaction du gaz naturel liquéfié, ni pipelines en suffisance en Europe. Comment livrera-t-on le gaz de schiste américain aux Slovaques, aux Roumains, aux Hongrois? A dos d’âne?
Que diront les Verts allemands quand il leur faudra accepter la construction de nouvelles centrales nucléaires pour satisfaire la demande d’électricité? La jeunesse et les écologistes européens, quand ils découvriront qu’ils ont été bernés et que la lutte contre le réchauffement climatique a été sacrifiée au nom de sordides intérêts géopolitiques? Les Français, quand ils verront leur pays déclassé non seulement sur le plan mondial mais aussi sur le plan européen après avoir assisté au réarmement de l’Allemagne et à l’achat massif d’armes américaines par les Polonais, Baltes, Scandinaves, Italiens, Allemands? Les opinions publiques européennes, quand il faudra entretenir des millions de réfugiés ukrainiens après leur avoir offert des abonnements de train gratuits?
Et que va gagner l’Europe quand elle se retrouvera coupée en deux par des haines profondes et un nouveau rideau de fer qui se sera simplement déplacé un peu plus à l’est que celui de la guerre froide? Et que fera-t-elle quand elle constatera que, loin d’avoir isolé la Russie, c’est elle-même qui se trouvera coupée du reste du monde? Quand on regarde de près le vote des résolutions de l’ONU, on constate en effet que la quarantaine de pays qui se sont abstenus ou n’ont pas pris part au vote représentent une majorité de la population mondiale et 40% de son économie. Loin de fondre, le soutien à la Russie s’est même amélioré entre le vote du 2 mars et celui du 25 mars. Quant aux pays qui ont refusé de prendre des sanctions contre la Russie, on constate qu’une immense majorité s’est abstenue et que seuls les pays occidentaux les ont adoptées…
L'image ruinée de la Suisse
Autre grand perdant: la Suisse. L’officialité suisse se flatte d’avoir suivi avec une célérité historique les sanctions réclamées par les Etats-Unis et l’Union européenne. Les plus pressés réclament déjà une adhésion rapide à l’UE et à l’OTAN. Fort bien. Mais après avoir succombé dans les affaires des fonds juifs et du secret bancaire, cela fait la troisième fois en vingt ans que le Conseil fédéral se soumet aux diktats américains: que reste-t-il de notre droit et de notre souveraineté? Plus grave, nous avons capitulé en rase campagne en abandonnant notre neutralité alors que personne ne nous le demandait. Après avoir tenu bon pendant deux siècles, voici que nous nous soumettons sans combattre en moins de cinq jours!
Cet abandon est grave non seulement pour l’identité du pays mais aussi pour sa crédibilité. Que des conseillers fédéraux se prosternent devant Zelensky sur la Place fédérale et arborent des foulards aux couleurs ukrainiennes, passe encore. C’est du folklore politique. Mais le sacrifice de la neutralité porte une grave atteinte au pays car, en nous calquant sur les Occidentaux, nous avons perdu notre crédit auprès du reste du monde. Que penser de la fiabilité de nos banques quand elles bloquent des comptes sur simple injonction américaine? Que vont devenir la Genève internationale et notre politique étrangère, désormais boycottées par la Russie et probablement nombre d’autres pays, si nous ne sommes plus capables de l’articuler par nous-même sans en référer à Bruxelles et à Washington? Comment Genève peut-elle prétendre rester la capitale du multilatéralisme quand le CERN et l’OIT suspendent la participation de la Russie et que la Suisse, dans le sillage européen, boycotte les discours de Lavrov au Conseil des droits de l’Homme?
Cet abandon signe le naufrage du multilatéralisme inclusif que la Suisse et Genève prétendaient défendre et s’avère gravissime pour notre politique humanitaire et les Conventions de Genève, comme en témoigne le communiqué alarmant du CICR du mardi 29 mars. En nous alignant sans condition derrière l’Ukraine et l’Europe, c’est la neutralité et l’impartialité du CICR que nous avons mis en danger. L’une et l’autre sont indissociables aux yeux du monde. Et c’est pourquoi le CICR a dû réagir avec vigueur face aux tentatives ukrainiennes de saboter son action en l’accusant de traiter avec les Russes, alors que la neutralité est au cœur même de sa mission. Comment faire confiance à une institution dont le pays hôte a trahi l’esprit, et même la lettre, d’une neutralité pourtant inscrite dans sa constitution, pour complaire à des dirigeants politiques occidentaux et à une opinion publique chauffée à blanc par la propagande antirusse?
Le silence des autorités genevoises et des partis politiques coûtera cher, d’autant plus que la Suisse se couvre de ridicule en laissant l’initiative des bons offices à des pays comme Israël, la Turquie ou le Bélarus! Et comment fera-t-elle pour sauver son siège au Conseil de sécurité alors qu’elle a été mise sur la liste noire des pays «inamicaux» par la Russie et peut-être par la Chine, membres permanents du Conseil?
Reste enfin la Russie. Gagnante ou perdante? Les deux en fait. D’un côté, la Russie sera probablement gagnante sur le plan militaire et stratégique. A l’issue des combats, la Russie pourrait bien obtenir neutralisation de l’Ukraine, sa démilitarisation partielle (absence de bases militaires étrangères et d’armes nucléaires) ainsi qu’une possible partition du pays. Elle aura mis KO debout les fanatiques de l’hégémonie américaine qui hantent les bureaux de Washington et de Bruxelles. Elle aura prouvé qu’elle ne transigeait pas avec sa sécurité et celle de ses alliés. Et elle aura montré au monde qu’elle faisait ce qu’elle disait et disait ce qu’elle faisait puisqu’elle avait clairement indiqué ses lignes rouges trois mois avant le conflit. Et cela sans que son économie et sa monnaie flanchent, comme l’espéraient les Occidentaux.
Contrairement à ce que ceux-ci pensent, les sanctions économiques, aussi sévères soient-elles, ne feront que renforcer Poutine, ainsi que le montrent les derniers sondages de l’institut neutre Levada, qui confirment le soutien d’une large majorité de la population à «l’opération spéciale». Aucune sanction n’a jamais réussi à renverser un gouvernement, que ce soit à Cuba, en Iran ou en Corée du Nord.
Mais Moscou devra porter le stigmate du fauteur de guerre, de l’agresseur, même si en termes juridiques sa cause n’est pas moins mauvaise que le furent l’invasion de l’Irak en 2003 et l’agression de l’OTAN contre la Serbie en 1999 avec la partition du Kosovo qui s’en est suivie quelques années plus tard. Le prix humain, culturel, économique et politique à payer sera élevé. Les tensions engendrées par le conflit ne vont pas disparaitre par enchantement et les Russes vont devoir supporter longtemps les conséquences de cette guerre.
Cyberguerre et stratcom
Nous conclurons ce tour d’horizon avec un mot sur l’incroyable succès de la campagne de propagande ukrainienne en Occident. Cette guerre aura été l’occasion de vivre en direct la première opération de cyberguerre totale. Si la liberté de la presse souffre en Russie, cela ne vaut guère mieux chez nous, qui avons banni les médias russes alors que nous prétendons défendre la liberté de la presse et qui proscrivons les points de vue divergents ! En quelques jours, on a assisté à une zélenskisation des esprits, chacun rivalisant de servilité pour écouter le Grand Héros et exécuter ses vœux, le président Macron arborant même une barbe de trois jours et un T-shirt olive pour souligner son adhésion à la cause, tandis que les médias renonçaient à la déontologie journalistique pour embrasser la cause de l’Ukraine. Un tel effondrement de la raison en si peu de temps est inouï.
Inouï mais pas inexplicable. Dan Cohen, correspondant de Behind the News, a démonté les mécanismes sophistiqués de la propagande ukrainienne et les raisons de son succès colossal dans nos pays. Un commandant de l’OTAN a décrit cette campagne dans le Washington Post comme «une formidable opération de stratcom (de communication stratégique) mobilisant médias, Info Ops et Psy Ops». En gros, il s’agissait de mobiliser les médias et d’hypnotiser le public par un jet continu de vraies nouvelles, de fake news, d’images et de narratifs propres à sidérer les gens afin de garder un haut niveau émotionnel et d’oblitérer la capacité de jugement du public.
C’est ainsi qu’on a eu droit à un déferlement d’images spectaculaires et d’informations souvent fausses: la mort prétendue des soldats de l’Ile aux serpents, le fantôme de Kiev qui aurait abattu six avions russes à lui seul, les menaces sur la centrale de Tchernobyl, le faux bombardement de la centrale de Zaporijjia, ou encore les cas de la maternité et du théâtre de Marioupol dont on n’a jamais vu les victimes, à part deux femmes dont l’une au moins a été reconnue vivante. De même qu’on a assisté au blanchiment accéléré des bataillons Azov, reconvertis en soldats patriotes après avoir effacé leurs écussons néonazis, et à la négation de l’existence des laboratoires bactériologiques américains en Ukraine alors que celle-ci a explicitement été reconnue par Victoria Nuland lors d’une audition au Sénat le 8 mars dernier. Il est vrai qu’un wording a immédiatement été mis en place pour les nier. Dès le lendemain, on a commencé à parler de «structures de recherche biologique» et à alerter l’opinion sur de prétendues attaques chimiques russes pour étouffer le problème des laboratoires bactériologiques secrets (Cf. BFM TV).
Il apparait que la communication ukrainienne emploie, sous l’égide du groupe PR Network, pas moins de 150 firmes de relations publiques, des milliers d’experts, des dizaines d’agences de presse, de médias prestigieux, de chaînes Telegram et de médias d’opposition russes pour délivrer ses messages et formater l’opinion occidentale. On se moque des Russes qui ont interdit d’utiliser le mot guerre pour celui «d’opération spéciale». Mais les médias occidentaux ne font pas mieux, eux qui sont alimentés en permanence de messages-clés et d’éléments de langage, prohibant par exemple l’usage d’expression telles que «referendum de Crimée» ou «guerre civile du Donbass». On trouvera tous les détails sur Dan Cohen, Ukraine’s Propaganda War : International PR firms, DC lobbyists and CIA cutouts, MintPressNews.com.
Cette brillante réussite en Occident cache pourtant un échec patent en Amérique latine, en Afrique et en Asie, soit dans 75% du monde habité. Les pays du sud ne sont plus dupes de nos mensonges et de nos intérêts. Et l’étoile de Zelensky commence à pâlir. Sa pitoyable prestation à la Knesset, où il a commis l’erreur de comparer l’offensive russe à la «solution finale» alors que ce sont les Russes qui ont libéré Auschwitz et fait reculer Hitler et que ce sont les ancêtres de ses alliés de l’extrême-droite nationaliste ukrainienne qui ont participé à la Shoah par balles, aura été la goutte de trop.
Au risque de me répéter, je conclurai ce long article en disant: on peut, on doit même, condamner cette guerre. Mais de grâce cessons de nous aveugler. Retrouvons notre esprit critique et notre sens des réalités. C’est ainsi que nous pourrons rebâtir une paix durable sur le champ de ruines qu’est devenue l’Ukraine.
Notice (8): Trying to access array offset on value of type null [APP/Template/Posts/view.ctp, line 147]Code Context<div class="col-lg-12 order-lg-4 order-md-4">
<? if(!$connected['active']): ?>
<div class="utils__spacer--default"></div>
$viewFile = '/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/src/Template/Posts/view.ctp' $dataForView = [ 'referer' => '/', 'OneSignal' => '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093', '_serialize' => [ (int) 0 => 'post' ], 'post' => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 3517, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La Zelenskimania et l’image ravagée de la Suisse', 'subtitle' => 'Alors que les pourparlers semblent progresser et que s’esquissent les premiers contours d’une solution possible en Ukraine (neutralisation et démilitarisation partielle du pays, abandon du Donbass et de la Crimée), on commence à mieux cerner les tenants et aboutissants du conflit. Cela posé, il ne faut pas s’attendre à un cessez-le-feu rapide: les Américains et les Ukrainiens n’ont pas encore assez perdu, et les Russes pas encore assez gagné, pour que les hostilités s’arrêtent.', 'subtitle_edition' => 'Alors que les pourparlers semblent progresser et que s’esquissent les premiers contours d’une solution possible en Ukraine (neutralisation et démilitarisation partielle du pays, abandon du Donbass et de la Crimée), on commence à mieux cerner les tenants et aboutissants du conflit. Cela posé, il ne faut pas s’attendre à un cessez-le-feu rapide: les Américains et les Ukrainiens n’ont pas encore assez perdu, et les Russes pas encore assez gagné, pour que les hostilités s’arrêtent.', 'content' => '<p>Mais avant d’aller plus loin, j’aimerais inviter ceux qui ne partagent pas ma vision réaliste des relations internationales à passer leur chemin. Ce qui va suivre ne va pas leur plaire et ils s’éviteront ainsi des aigreurs d’estomac et du temps perdu à me dénigrer. J’estime en effet que la morale est très mauvaise conseillère en géopolitique mais qu’elle s’impose en matière humaine: le réalisme le plus intransigeant n’empêche en rien de s’activer, y compris en temps et en argent comme je le fais, pour soulager le sort des populations éprouvées par les combats.</p> <p>Les analyses des experts les plus qualifiés (je pense notamment aux Américains John Mearsheimer et Noam Chomsky), les enquêtes de journalistes d’investigation tels que Glenn Greenwald et Max Blumenthal, et les documents saisis par les Russes – l’interception de communications de l’armée ukrainienne le 22 janvier dernier et d’un plan d’attaque saisi dans un ordinateur abandonné par un officier britannique – montrent que cette guerre était à la fois inévitable et très improvisée. </p> <h3>Une guerre inévitable et improvisée</h3> <p>Inéluctable parce que depuis la déclaration de Zelensky sur la reprise de la Crimée par la force en avril 2021, Ukrainiens et Américains avaient décidé de la déclencher au plus tard au début de cette année. La concentration des troupes ukrainiennes dans le Donbass depuis l’été, les livraisons massives d’armes par l’OTAN pendant ces derniers mois, la formation au combat accélérée des régiments Azov et de l’armée, le pilonnage intensif de Donetsk et Lougansk par les Ukrainiens dès le 16 février (tout cela resté ignoré des médias Occidentaux bien sûr), prouvent qu’une opération militaire d’envergure était prévue par Kiev à la fin de cet hiver. L’objectif consistait à répliquer l’opération Tempête déclenchée par la Croatie contre la Krajina serbe en août 1995 et à s’emparer du Donbass au cours d’une offensive éclair sans laisser le temps aux Russes de réagir, de façon à prendre le contrôle de la totalité du territoire ukrainien et à rendre possible une adhésion rapide du pays à l’OTAN et à l’UE. Cela explique au passage pourquoi les Etats-Unis n’ont cessé d’annoncer une attaque russe depuis cet automne: ils savaient qu’une guerre aurait lieu, d’une façon ou d’une autre.</p> <p>Improvisée parce que la réaction russe s’est faite dans l’urgence. Constatant que les manœuvres diplomatiques de l’OTAN – non-réponse américaine à leurs propositions, rencontre Blinken-Lavrov à Genève en janvier, appels au calme de Zelensky et médiation Macron-Scholz en février – ne voulaient pas, ou ne pouvaient pas réussir, et servaient peut-être à les endormir, les Russes ont riposté d’une façon à la fois magistrale et très risquée. Ils ont décidé de prendre l’initiative d’attaquer en premier en une dizaine de jours (reconnaissance des républiques, accord de coopération puis opération militaire), afin de prendre de court les Ukrainiens. </p> <p>Et plutôt que d’attaquer de front une armée bien équipée et solidement fortifiée, ils ont décidé de la contourner par une vaste manœuvre d’encerclement/diversion, en se déployant sur trois fronts à la fois, au nord, au centre et au sud, de façon à détruire l’aviation et un maximum d’équipements dès les premières heures et à désorganiser la riposte ukrainienne. S’ils avaient laissé l’Ukraine attaquer d’abord, leur situation serait devenue critique et ils auraient été soit vaincus soit condamnés à une interminable guerre d’usure dans le Donbass. Rappelons que les effectifs russes sont dérisoires: 150'000 hommes contre 300'000 Ukrainiens avec la Garde nationale.</p> <p>Compte tenu des circonstances, et malgré les couacs et les pertes du début, l’opération russe aura été un succès et fera date dans l’histoire militaire, à défaut d’être un modèle sur le plan humain, bien évidemment. Cette étape étant achevée, les Russes peuvent désormais se concentrer sur leur objectif premier, à savoir la liquidation des poches de Kharkiv et de Marioupol tenues par les régiments néonazis d’Azov et la réduction du chaudron de Kramatorsk où le gros de l’armée ukrainienne se trouve retranché. Après quoi, ils pourront décider s’ils veulent lancer leurs chars à travers la plaine ukrainienne jusqu’à Lviv ou s’arrêter là.</p> <p>Voilà pour le volet militaire.</p> <h3>Gagnants et perdants</h3> <p>Voyons maintenant le volet politique. Qui sont les vrais gagnants et perdants de cette guerre? Je vois un vrai gagnant, des gagnants moindres et beaucoup de perdants.</p> <p>Le plus grand gagnant est sans conteste les Etats-Unis. Il faut reconnaitre que l’équipe Biden, malgré la sénilité de son président, a manœuvré de main de maitre. En se dégageant de l’Afghanistan en août dernier, elle s’est blanchie aux yeux de l’opinion et a empêché qu’on lui reproche l’invasion et l’occupation désastreuse de ce pauvre pays. En montant un scénario que le brillant comédien Zelensky a admirablement interprété, ils apparaissent aux yeux de l’opinion occidentale comme de preux chevaliers blancs alors qu’ils ont tout manigancé. Ils ont resserré les rangs de l’OTAN et transformé les Européens en idiots utiles empressés de défendre les-démocraties-menacées-par l’odieux-boucher-dictateur-Poutine. Ils les ont forcés à acheter leur gaz de schiste tandis que la gauche et les Verts allemands se hâtaient de mobiliser des crédits militaires de 100 milliards d’euros pour acheter leurs F-35. Bingo! Seule ombre au tableau: le plan ne s’est pas déroulé comme prévu. Les Russes ne sont pas tombés dans le piège. L’Ukraine sera démembrée, neutralisée et n’entrera pas dans l’OTAN comme espéré.</p> <p>Les autres gagnants sont la Chine, l’Inde et les pays du Sud, qui regardent avec gourmandise les Occidentaux, et notamment les Européens, s’écharper entre eux et s’affaiblir pour longtemps. De façon inespérée, ils retrouvent la position commode de la neutralité ou du non-alignement. Les Chinois auraient préféré un accord à l’amiable mais ils n’avaient pas le choix: ils savent que s’ils lâchent la Russie, ils seront les prochains sur la liste comme en témoigne le déluge de sinophobie déversé par l’Occident sous le prétexte de défendre les droits des Ouïgours (alors que les droits des Yéménites bombardés sans pitié depuis six ans indiffèrent complètement les Occidentaux).</p> <p>Le grand perdant sera naturellement l’Ukraine, dépecée, mutilée, démembrée, ravagée, massacrée pour rien puisqu’au final elle perdra bien davantage que ce à quoi les accords de Minsk l’auraient contrainte si elle les avait appliqués au lieu de les mépriser. Le président Zelensky portera à cet égard une lourde responsabilité au regard de l’histoire puisqu’il aura préféré la ruine de son pays plutôt qu’un compromis quand il était encore temps.</p> <p>Les autres grands perdants sont les Européens. Dans l’immédiat certes, ils peuvent se gargariser de leur unité retrouvée, de leur réarmement accéléré, de leur farouche volonté de défendre la démocratie et la liberté jusqu’au dernier Ukrainien, de leur générosité à l’égard des réfugiés, de leur future indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, etc. Tout cela est juste et vrai, en effet. Mais demain, le prix à payer sera extrêmement lourd. Leur comportement montre qu’ils ne pèsent absolument plus rien face aux Américains, dont ils sont devenus de purs vassaux. La décision d’Ursula von der Leyen, la semaine dernière, de transférer les données personnelles des citoyens européens aux Américains montre l’ampleur de la soumission européenne. </p> <p>Idem pour l’économie: quel sens y a-t-il à se libérer de la dépendance énergétique russe pour tomber dans celle des Américains avec des prix du gaz quatre ou cinq fois plus élevés? Que dira l’industrie allemande quand il faudra payer la facture? D’autant plus qu’il n’y a ni méthaniers, ni ports, ni usines de dégazéifaction du gaz naturel liquéfié, ni pipelines en suffisance en Europe. Comment livrera-t-on le gaz de schiste américain aux Slovaques, aux Roumains, aux Hongrois? A dos d’âne?</p> <p>Que diront les Verts allemands quand il leur faudra accepter la construction de nouvelles centrales nucléaires pour satisfaire la demande d’électricité? La jeunesse et les écologistes européens, quand ils découvriront qu’ils ont été bernés et que la lutte contre le réchauffement climatique a été sacrifiée au nom de sordides intérêts géopolitiques? Les Français, quand ils verront leur pays déclassé non seulement sur le plan mondial mais aussi sur le plan européen après avoir assisté au réarmement de l’Allemagne et à l’achat massif d’armes américaines par les Polonais, Baltes, Scandinaves, Italiens, Allemands? Les opinions publiques européennes, quand il faudra entretenir des millions de réfugiés ukrainiens après leur avoir offert des abonnements de train gratuits? </p> <p>Et que va gagner l’Europe quand elle se retrouvera coupée en deux par des haines profondes et un nouveau rideau de fer qui se sera simplement déplacé un peu plus à l’est que celui de la guerre froide? Et que fera-t-elle quand elle constatera que, loin d’avoir isolé la Russie, c’est elle-même qui se trouvera coupée du reste du monde? Quand on regarde de près le vote des résolutions de l’ONU, on constate en effet que la quarantaine de pays qui se sont abstenus ou n’ont pas pris part au vote représentent une majorité de la population mondiale et 40% de son économie. Loin de fondre, le soutien à la Russie s’est même amélioré entre le vote du 2 mars et celui du 25 mars. Quant aux pays qui ont refusé de prendre des sanctions contre la Russie, on constate qu’une immense majorité s’est abstenue et que seuls les pays occidentaux les ont adoptées…</p> <h3>L'image ruinée de la Suisse</h3> <p>Autre grand perdant: la Suisse. L’officialité suisse se flatte d’avoir suivi avec une célérité historique les sanctions réclamées par les Etats-Unis et l’Union européenne. Les plus pressés réclament déjà une adhésion rapide à l’UE et à l’OTAN. Fort bien. Mais après avoir succombé dans les affaires des fonds juifs et du secret bancaire, cela fait la troisième fois en vingt ans que le Conseil fédéral se soumet aux diktats américains: que reste-t-il de notre droit et de notre souveraineté? Plus grave, nous avons capitulé en rase campagne en abandonnant notre neutralité alors que personne ne nous le demandait. Après avoir tenu bon pendant deux siècles, voici que nous nous soumettons sans combattre en moins de cinq jours! </p> <p>Cet abandon est grave non seulement pour l’identité du pays mais aussi pour sa crédibilité. Que des conseillers fédéraux se prosternent devant Zelensky sur la Place fédérale et arborent des foulards aux couleurs ukrainiennes, passe encore. C’est du folklore politique. Mais le sacrifice de la neutralité porte une grave atteinte au pays car, en nous calquant sur les Occidentaux, nous avons perdu notre crédit auprès du reste du monde. Que penser de la fiabilité de nos banques quand elles bloquent des comptes sur simple injonction américaine? Que vont devenir la Genève internationale et notre politique étrangère, désormais boycottées par la Russie et probablement nombre d’autres pays, si nous ne sommes plus capables de l’articuler par nous-même sans en référer à Bruxelles et à Washington? Comment Genève peut-elle prétendre rester la capitale du multilatéralisme quand le CERN et l’OIT suspendent la participation de la Russie et que la Suisse, dans le sillage européen, boycotte les discours de Lavrov au Conseil des droits de l’Homme? </p> <p>Cet abandon signe le naufrage du multilatéralisme inclusif que la Suisse et Genève prétendaient défendre et s’avère gravissime pour notre politique humanitaire et les Conventions de Genève, comme en témoigne le communiqué alarmant du CICR du mardi 29 mars. En nous alignant sans condition derrière l’Ukraine et l’Europe, c’est la neutralité et l’impartialité du CICR que nous avons mis en danger. L’une et l’autre sont indissociables aux yeux du monde. Et c’est pourquoi le CICR a dû réagir avec vigueur face aux tentatives ukrainiennes de saboter son action en l’accusant de traiter avec les Russes, alors que la neutralité est au cœur même de sa mission. Comment faire confiance à une institution dont le pays hôte a trahi l’esprit, et même la lettre, d’une neutralité pourtant inscrite dans sa constitution, pour complaire à des dirigeants politiques occidentaux et à une opinion publique chauffée à blanc par la propagande antirusse?</p> <p>Le silence des autorités genevoises et des partis politiques coûtera cher, d’autant plus que la Suisse se couvre de ridicule en laissant l’initiative des bons offices à des pays comme Israël, la Turquie ou le Bélarus! Et comment fera-t-elle pour sauver son siège au Conseil de sécurité alors qu’elle a été mise sur la liste noire des pays «inamicaux» par la Russie et peut-être par la Chine, membres permanents du Conseil?</p> <p>Reste enfin la Russie. Gagnante ou perdante? Les deux en fait. D’un côté, la Russie sera probablement gagnante sur le plan militaire et stratégique. A l’issue des combats, la Russie pourrait bien obtenir neutralisation de l’Ukraine, sa démilitarisation partielle (absence de bases militaires étrangères et d’armes nucléaires) ainsi qu’une possible partition du pays. Elle aura mis KO debout les fanatiques de l’hégémonie américaine qui hantent les bureaux de Washington et de Bruxelles. Elle aura prouvé qu’elle ne transigeait pas avec sa sécurité et celle de ses alliés. Et elle aura montré au monde qu’elle faisait ce qu’elle disait et disait ce qu’elle faisait puisqu’elle avait clairement indiqué ses lignes rouges trois mois avant le conflit. Et cela sans que son économie et sa monnaie flanchent, comme l’espéraient les Occidentaux.</p> <p>Contrairement à ce que ceux-ci pensent, les sanctions économiques, aussi sévères soient-elles, ne feront que renforcer Poutine, ainsi que le montrent les derniers sondages de l’institut neutre Levada, qui confirment le soutien d’une large majorité de la population à «l’opération spéciale». Aucune sanction n’a jamais réussi à renverser un gouvernement, que ce soit à Cuba, en Iran ou en Corée du Nord. </p> <p>Mais Moscou devra porter le stigmate du fauteur de guerre, de l’agresseur, même si en termes juridiques sa cause n’est pas moins mauvaise que le furent l’invasion de l’Irak en 2003 et l’agression de l’OTAN contre la Serbie en 1999 avec la partition du Kosovo qui s’en est suivie quelques années plus tard. Le prix humain, culturel, économique et politique à payer sera élevé. Les tensions engendrées par le conflit ne vont pas disparaitre par enchantement et les Russes vont devoir supporter longtemps les conséquences de cette guerre.</p> <h3>Cyberguerre et stratcom</h3> <p>Nous conclurons ce tour d’horizon avec un mot sur l’incroyable succès de la campagne de propagande ukrainienne en Occident. Cette guerre aura été l’occasion de vivre en direct la première opération de cyberguerre totale. Si la liberté de la presse souffre en Russie, cela ne vaut guère mieux chez nous, qui avons banni les médias russes alors que nous prétendons défendre la liberté de la presse et qui proscrivons les points de vue divergents ! En quelques jours, on a assisté à une zélenskisation des esprits, chacun rivalisant de servilité pour écouter le Grand Héros et exécuter ses vœux, le président Macron arborant même une barbe de trois jours et un T-shirt olive pour souligner son adhésion à la cause, tandis que les médias renonçaient à la déontologie journalistique pour embrasser la cause de l’Ukraine. Un tel effondrement de la raison en si peu de temps est inouï.</p> <p>Inouï mais pas inexplicable. Dan Cohen, correspondant de <i>Behind the News</i>, a démonté les mécanismes sophistiqués de la propagande ukrainienne et les raisons de son succès colossal dans nos pays. Un commandant de l’OTAN a décrit cette campagne dans le <i>Washington Post</i> comme «une formidable opération de stratcom (de communication stratégique) mobilisant médias, Info Ops et Psy Ops». En gros, il s’agissait de mobiliser les médias et d’hypnotiser le public par un jet continu de vraies nouvelles, de fake news, d’images et de narratifs propres à sidérer les gens afin de garder un haut niveau émotionnel et d’oblitérer la capacité de jugement du public. </p> <p>C’est ainsi qu’on a eu droit à un déferlement d’images spectaculaires et d’informations souvent fausses: la mort prétendue des soldats de l’Ile aux serpents, le fantôme de Kiev qui aurait abattu six avions russes à lui seul, les menaces sur la centrale de Tchernobyl, le faux bombardement de la centrale de Zaporijjia, ou encore les cas de la maternité et du théâtre de Marioupol dont on n’a jamais vu les victimes, à part deux femmes dont l’une au moins a été reconnue vivante. De même qu’on a assisté au blanchiment accéléré des bataillons Azov, reconvertis en soldats patriotes après avoir effacé leurs écussons néonazis, et à la négation de l’existence des laboratoires bactériologiques américains en Ukraine alors que celle-ci a explicitement été reconnue par Victoria Nuland lors d’une audition au Sénat le 8 mars dernier. Il est vrai qu’un<i> wording</i> a immédiatement été mis en place pour les nier. Dès le lendemain, on a commencé à parler de «structures de recherche biologique» et à alerter l’opinion sur de prétendues attaques chimiques russes pour étouffer le problème des laboratoires bactériologiques secrets (Cf. BFM TV). </p> <p>Il apparait que la communication ukrainienne emploie, sous l’égide du groupe PR Network, pas moins de 150 firmes de relations publiques, des milliers d’experts, des dizaines d’agences de presse, de médias prestigieux, de chaînes Telegram et de médias d’opposition russes pour délivrer ses messages et formater l’opinion occidentale. On se moque des Russes qui ont interdit d’utiliser le mot guerre pour celui «d’opération spéciale». Mais les médias occidentaux ne font pas mieux, eux qui sont alimentés en permanence de messages-clés et d’éléments de langage, prohibant par exemple l’usage d’expression telles que «referendum de Crimée» ou «guerre civile du Donbass». On trouvera tous les détails sur <i>Dan Cohen, Ukraine’s Propaganda War : International PR firms, DC lobbyists and CIA cutouts, MintPressNews.com.</i></p> <p>Cette brillante réussite en Occident cache pourtant un échec patent en Amérique latine, en Afrique et en Asie, soit dans 75% du monde habité. Les pays du sud ne sont plus dupes de nos mensonges et de nos intérêts. Et l’étoile de Zelensky commence à pâlir. Sa pitoyable prestation à la Knesset, où il a commis l’erreur de comparer l’offensive russe à la «solution finale» alors que ce sont les Russes qui ont libéré Auschwitz et fait reculer Hitler et que ce sont les ancêtres de ses alliés de l’extrême-droite nationaliste ukrainienne qui ont participé à la Shoah par balles, aura été la goutte de trop.</p> <p>Au risque de me répéter, je conclurai ce long article en disant: on peut, on doit même, condamner cette guerre. Mais de grâce cessons de nous aveugler. Retrouvons notre esprit critique et notre sens des réalités. C’est ainsi que nous pourrons rebâtir une paix durable sur le champ de ruines qu’est devenue l’Ukraine.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-zelenskimania-et-l-image-ravagee-de-la-suisse', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 515, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 5708, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Guy Mettan', 'description' => 'Alors que les pourparlers semblent progresser et que s’esquissent les premiers contours d’une solution possible en Ukraine (neutralisation et démilitarisation partielle du pays, abandon du Donbass et de la Crimée), on commence à mieux cerner les tenants et aboutissants du conflit. Cela posé, il ne faut pas s’attendre à un cessez-le-feu rapide: les Américains et les Ukrainiens n’ont pas encore assez perdu, et les Russes pas encore assez gagné, pour que les hostilités s’arrêtent.', 'title' => 'La Zelenskimania et l’image ravagée de la Suisse', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = '/' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 3517, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La Zelenskimania et l’image ravagée de la Suisse', 'subtitle' => 'Alors que les pourparlers semblent progresser et que s’esquissent les premiers contours d’une solution possible en Ukraine (neutralisation et démilitarisation partielle du pays, abandon du Donbass et de la Crimée), on commence à mieux cerner les tenants et aboutissants du conflit. Cela posé, il ne faut pas s’attendre à un cessez-le-feu rapide: les Américains et les Ukrainiens n’ont pas encore assez perdu, et les Russes pas encore assez gagné, pour que les hostilités s’arrêtent.', 'subtitle_edition' => 'Alors que les pourparlers semblent progresser et que s’esquissent les premiers contours d’une solution possible en Ukraine (neutralisation et démilitarisation partielle du pays, abandon du Donbass et de la Crimée), on commence à mieux cerner les tenants et aboutissants du conflit. Cela posé, il ne faut pas s’attendre à un cessez-le-feu rapide: les Américains et les Ukrainiens n’ont pas encore assez perdu, et les Russes pas encore assez gagné, pour que les hostilités s’arrêtent.', 'content' => '<p>Mais avant d’aller plus loin, j’aimerais inviter ceux qui ne partagent pas ma vision réaliste des relations internationales à passer leur chemin. Ce qui va suivre ne va pas leur plaire et ils s’éviteront ainsi des aigreurs d’estomac et du temps perdu à me dénigrer. J’estime en effet que la morale est très mauvaise conseillère en géopolitique mais qu’elle s’impose en matière humaine: le réalisme le plus intransigeant n’empêche en rien de s’activer, y compris en temps et en argent comme je le fais, pour soulager le sort des populations éprouvées par les combats.</p> <p>Les analyses des experts les plus qualifiés (je pense notamment aux Américains John Mearsheimer et Noam Chomsky), les enquêtes de journalistes d’investigation tels que Glenn Greenwald et Max Blumenthal, et les documents saisis par les Russes – l’interception de communications de l’armée ukrainienne le 22 janvier dernier et d’un plan d’attaque saisi dans un ordinateur abandonné par un officier britannique – montrent que cette guerre était à la fois inévitable et très improvisée. </p> <h3>Une guerre inévitable et improvisée</h3> <p>Inéluctable parce que depuis la déclaration de Zelensky sur la reprise de la Crimée par la force en avril 2021, Ukrainiens et Américains avaient décidé de la déclencher au plus tard au début de cette année. La concentration des troupes ukrainiennes dans le Donbass depuis l’été, les livraisons massives d’armes par l’OTAN pendant ces derniers mois, la formation au combat accélérée des régiments Azov et de l’armée, le pilonnage intensif de Donetsk et Lougansk par les Ukrainiens dès le 16 février (tout cela resté ignoré des médias Occidentaux bien sûr), prouvent qu’une opération militaire d’envergure était prévue par Kiev à la fin de cet hiver. L’objectif consistait à répliquer l’opération Tempête déclenchée par la Croatie contre la Krajina serbe en août 1995 et à s’emparer du Donbass au cours d’une offensive éclair sans laisser le temps aux Russes de réagir, de façon à prendre le contrôle de la totalité du territoire ukrainien et à rendre possible une adhésion rapide du pays à l’OTAN et à l’UE. Cela explique au passage pourquoi les Etats-Unis n’ont cessé d’annoncer une attaque russe depuis cet automne: ils savaient qu’une guerre aurait lieu, d’une façon ou d’une autre.</p> <p>Improvisée parce que la réaction russe s’est faite dans l’urgence. Constatant que les manœuvres diplomatiques de l’OTAN – non-réponse américaine à leurs propositions, rencontre Blinken-Lavrov à Genève en janvier, appels au calme de Zelensky et médiation Macron-Scholz en février – ne voulaient pas, ou ne pouvaient pas réussir, et servaient peut-être à les endormir, les Russes ont riposté d’une façon à la fois magistrale et très risquée. Ils ont décidé de prendre l’initiative d’attaquer en premier en une dizaine de jours (reconnaissance des républiques, accord de coopération puis opération militaire), afin de prendre de court les Ukrainiens. </p> <p>Et plutôt que d’attaquer de front une armée bien équipée et solidement fortifiée, ils ont décidé de la contourner par une vaste manœuvre d’encerclement/diversion, en se déployant sur trois fronts à la fois, au nord, au centre et au sud, de façon à détruire l’aviation et un maximum d’équipements dès les premières heures et à désorganiser la riposte ukrainienne. S’ils avaient laissé l’Ukraine attaquer d’abord, leur situation serait devenue critique et ils auraient été soit vaincus soit condamnés à une interminable guerre d’usure dans le Donbass. Rappelons que les effectifs russes sont dérisoires: 150'000 hommes contre 300'000 Ukrainiens avec la Garde nationale.</p> <p>Compte tenu des circonstances, et malgré les couacs et les pertes du début, l’opération russe aura été un succès et fera date dans l’histoire militaire, à défaut d’être un modèle sur le plan humain, bien évidemment. Cette étape étant achevée, les Russes peuvent désormais se concentrer sur leur objectif premier, à savoir la liquidation des poches de Kharkiv et de Marioupol tenues par les régiments néonazis d’Azov et la réduction du chaudron de Kramatorsk où le gros de l’armée ukrainienne se trouve retranché. Après quoi, ils pourront décider s’ils veulent lancer leurs chars à travers la plaine ukrainienne jusqu’à Lviv ou s’arrêter là.</p> <p>Voilà pour le volet militaire.</p> <h3>Gagnants et perdants</h3> <p>Voyons maintenant le volet politique. Qui sont les vrais gagnants et perdants de cette guerre? Je vois un vrai gagnant, des gagnants moindres et beaucoup de perdants.</p> <p>Le plus grand gagnant est sans conteste les Etats-Unis. Il faut reconnaitre que l’équipe Biden, malgré la sénilité de son président, a manœuvré de main de maitre. En se dégageant de l’Afghanistan en août dernier, elle s’est blanchie aux yeux de l’opinion et a empêché qu’on lui reproche l’invasion et l’occupation désastreuse de ce pauvre pays. En montant un scénario que le brillant comédien Zelensky a admirablement interprété, ils apparaissent aux yeux de l’opinion occidentale comme de preux chevaliers blancs alors qu’ils ont tout manigancé. Ils ont resserré les rangs de l’OTAN et transformé les Européens en idiots utiles empressés de défendre les-démocraties-menacées-par l’odieux-boucher-dictateur-Poutine. Ils les ont forcés à acheter leur gaz de schiste tandis que la gauche et les Verts allemands se hâtaient de mobiliser des crédits militaires de 100 milliards d’euros pour acheter leurs F-35. Bingo! Seule ombre au tableau: le plan ne s’est pas déroulé comme prévu. Les Russes ne sont pas tombés dans le piège. L’Ukraine sera démembrée, neutralisée et n’entrera pas dans l’OTAN comme espéré.</p> <p>Les autres gagnants sont la Chine, l’Inde et les pays du Sud, qui regardent avec gourmandise les Occidentaux, et notamment les Européens, s’écharper entre eux et s’affaiblir pour longtemps. De façon inespérée, ils retrouvent la position commode de la neutralité ou du non-alignement. Les Chinois auraient préféré un accord à l’amiable mais ils n’avaient pas le choix: ils savent que s’ils lâchent la Russie, ils seront les prochains sur la liste comme en témoigne le déluge de sinophobie déversé par l’Occident sous le prétexte de défendre les droits des Ouïgours (alors que les droits des Yéménites bombardés sans pitié depuis six ans indiffèrent complètement les Occidentaux).</p> <p>Le grand perdant sera naturellement l’Ukraine, dépecée, mutilée, démembrée, ravagée, massacrée pour rien puisqu’au final elle perdra bien davantage que ce à quoi les accords de Minsk l’auraient contrainte si elle les avait appliqués au lieu de les mépriser. Le président Zelensky portera à cet égard une lourde responsabilité au regard de l’histoire puisqu’il aura préféré la ruine de son pays plutôt qu’un compromis quand il était encore temps.</p> <p>Les autres grands perdants sont les Européens. Dans l’immédiat certes, ils peuvent se gargariser de leur unité retrouvée, de leur réarmement accéléré, de leur farouche volonté de défendre la démocratie et la liberté jusqu’au dernier Ukrainien, de leur générosité à l’égard des réfugiés, de leur future indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, etc. Tout cela est juste et vrai, en effet. Mais demain, le prix à payer sera extrêmement lourd. Leur comportement montre qu’ils ne pèsent absolument plus rien face aux Américains, dont ils sont devenus de purs vassaux. La décision d’Ursula von der Leyen, la semaine dernière, de transférer les données personnelles des citoyens européens aux Américains montre l’ampleur de la soumission européenne. </p> <p>Idem pour l’économie: quel sens y a-t-il à se libérer de la dépendance énergétique russe pour tomber dans celle des Américains avec des prix du gaz quatre ou cinq fois plus élevés? Que dira l’industrie allemande quand il faudra payer la facture? D’autant plus qu’il n’y a ni méthaniers, ni ports, ni usines de dégazéifaction du gaz naturel liquéfié, ni pipelines en suffisance en Europe. Comment livrera-t-on le gaz de schiste américain aux Slovaques, aux Roumains, aux Hongrois? A dos d’âne?</p> <p>Que diront les Verts allemands quand il leur faudra accepter la construction de nouvelles centrales nucléaires pour satisfaire la demande d’électricité? La jeunesse et les écologistes européens, quand ils découvriront qu’ils ont été bernés et que la lutte contre le réchauffement climatique a été sacrifiée au nom de sordides intérêts géopolitiques? Les Français, quand ils verront leur pays déclassé non seulement sur le plan mondial mais aussi sur le plan européen après avoir assisté au réarmement de l’Allemagne et à l’achat massif d’armes américaines par les Polonais, Baltes, Scandinaves, Italiens, Allemands? Les opinions publiques européennes, quand il faudra entretenir des millions de réfugiés ukrainiens après leur avoir offert des abonnements de train gratuits? </p> <p>Et que va gagner l’Europe quand elle se retrouvera coupée en deux par des haines profondes et un nouveau rideau de fer qui se sera simplement déplacé un peu plus à l’est que celui de la guerre froide? Et que fera-t-elle quand elle constatera que, loin d’avoir isolé la Russie, c’est elle-même qui se trouvera coupée du reste du monde? Quand on regarde de près le vote des résolutions de l’ONU, on constate en effet que la quarantaine de pays qui se sont abstenus ou n’ont pas pris part au vote représentent une majorité de la population mondiale et 40% de son économie. Loin de fondre, le soutien à la Russie s’est même amélioré entre le vote du 2 mars et celui du 25 mars. Quant aux pays qui ont refusé de prendre des sanctions contre la Russie, on constate qu’une immense majorité s’est abstenue et que seuls les pays occidentaux les ont adoptées…</p> <h3>L'image ruinée de la Suisse</h3> <p>Autre grand perdant: la Suisse. L’officialité suisse se flatte d’avoir suivi avec une célérité historique les sanctions réclamées par les Etats-Unis et l’Union européenne. Les plus pressés réclament déjà une adhésion rapide à l’UE et à l’OTAN. Fort bien. Mais après avoir succombé dans les affaires des fonds juifs et du secret bancaire, cela fait la troisième fois en vingt ans que le Conseil fédéral se soumet aux diktats américains: que reste-t-il de notre droit et de notre souveraineté? Plus grave, nous avons capitulé en rase campagne en abandonnant notre neutralité alors que personne ne nous le demandait. Après avoir tenu bon pendant deux siècles, voici que nous nous soumettons sans combattre en moins de cinq jours! </p> <p>Cet abandon est grave non seulement pour l’identité du pays mais aussi pour sa crédibilité. Que des conseillers fédéraux se prosternent devant Zelensky sur la Place fédérale et arborent des foulards aux couleurs ukrainiennes, passe encore. C’est du folklore politique. Mais le sacrifice de la neutralité porte une grave atteinte au pays car, en nous calquant sur les Occidentaux, nous avons perdu notre crédit auprès du reste du monde. Que penser de la fiabilité de nos banques quand elles bloquent des comptes sur simple injonction américaine? Que vont devenir la Genève internationale et notre politique étrangère, désormais boycottées par la Russie et probablement nombre d’autres pays, si nous ne sommes plus capables de l’articuler par nous-même sans en référer à Bruxelles et à Washington? Comment Genève peut-elle prétendre rester la capitale du multilatéralisme quand le CERN et l’OIT suspendent la participation de la Russie et que la Suisse, dans le sillage européen, boycotte les discours de Lavrov au Conseil des droits de l’Homme? </p> <p>Cet abandon signe le naufrage du multilatéralisme inclusif que la Suisse et Genève prétendaient défendre et s’avère gravissime pour notre politique humanitaire et les Conventions de Genève, comme en témoigne le communiqué alarmant du CICR du mardi 29 mars. En nous alignant sans condition derrière l’Ukraine et l’Europe, c’est la neutralité et l’impartialité du CICR que nous avons mis en danger. L’une et l’autre sont indissociables aux yeux du monde. Et c’est pourquoi le CICR a dû réagir avec vigueur face aux tentatives ukrainiennes de saboter son action en l’accusant de traiter avec les Russes, alors que la neutralité est au cœur même de sa mission. Comment faire confiance à une institution dont le pays hôte a trahi l’esprit, et même la lettre, d’une neutralité pourtant inscrite dans sa constitution, pour complaire à des dirigeants politiques occidentaux et à une opinion publique chauffée à blanc par la propagande antirusse?</p> <p>Le silence des autorités genevoises et des partis politiques coûtera cher, d’autant plus que la Suisse se couvre de ridicule en laissant l’initiative des bons offices à des pays comme Israël, la Turquie ou le Bélarus! Et comment fera-t-elle pour sauver son siège au Conseil de sécurité alors qu’elle a été mise sur la liste noire des pays «inamicaux» par la Russie et peut-être par la Chine, membres permanents du Conseil?</p> <p>Reste enfin la Russie. Gagnante ou perdante? Les deux en fait. D’un côté, la Russie sera probablement gagnante sur le plan militaire et stratégique. A l’issue des combats, la Russie pourrait bien obtenir neutralisation de l’Ukraine, sa démilitarisation partielle (absence de bases militaires étrangères et d’armes nucléaires) ainsi qu’une possible partition du pays. Elle aura mis KO debout les fanatiques de l’hégémonie américaine qui hantent les bureaux de Washington et de Bruxelles. Elle aura prouvé qu’elle ne transigeait pas avec sa sécurité et celle de ses alliés. Et elle aura montré au monde qu’elle faisait ce qu’elle disait et disait ce qu’elle faisait puisqu’elle avait clairement indiqué ses lignes rouges trois mois avant le conflit. Et cela sans que son économie et sa monnaie flanchent, comme l’espéraient les Occidentaux.</p> <p>Contrairement à ce que ceux-ci pensent, les sanctions économiques, aussi sévères soient-elles, ne feront que renforcer Poutine, ainsi que le montrent les derniers sondages de l’institut neutre Levada, qui confirment le soutien d’une large majorité de la population à «l’opération spéciale». Aucune sanction n’a jamais réussi à renverser un gouvernement, que ce soit à Cuba, en Iran ou en Corée du Nord. </p> <p>Mais Moscou devra porter le stigmate du fauteur de guerre, de l’agresseur, même si en termes juridiques sa cause n’est pas moins mauvaise que le furent l’invasion de l’Irak en 2003 et l’agression de l’OTAN contre la Serbie en 1999 avec la partition du Kosovo qui s’en est suivie quelques années plus tard. Le prix humain, culturel, économique et politique à payer sera élevé. Les tensions engendrées par le conflit ne vont pas disparaitre par enchantement et les Russes vont devoir supporter longtemps les conséquences de cette guerre.</p> <h3>Cyberguerre et stratcom</h3> <p>Nous conclurons ce tour d’horizon avec un mot sur l’incroyable succès de la campagne de propagande ukrainienne en Occident. Cette guerre aura été l’occasion de vivre en direct la première opération de cyberguerre totale. Si la liberté de la presse souffre en Russie, cela ne vaut guère mieux chez nous, qui avons banni les médias russes alors que nous prétendons défendre la liberté de la presse et qui proscrivons les points de vue divergents ! En quelques jours, on a assisté à une zélenskisation des esprits, chacun rivalisant de servilité pour écouter le Grand Héros et exécuter ses vœux, le président Macron arborant même une barbe de trois jours et un T-shirt olive pour souligner son adhésion à la cause, tandis que les médias renonçaient à la déontologie journalistique pour embrasser la cause de l’Ukraine. Un tel effondrement de la raison en si peu de temps est inouï.</p> <p>Inouï mais pas inexplicable. Dan Cohen, correspondant de <i>Behind the News</i>, a démonté les mécanismes sophistiqués de la propagande ukrainienne et les raisons de son succès colossal dans nos pays. Un commandant de l’OTAN a décrit cette campagne dans le <i>Washington Post</i> comme «une formidable opération de stratcom (de communication stratégique) mobilisant médias, Info Ops et Psy Ops». En gros, il s’agissait de mobiliser les médias et d’hypnotiser le public par un jet continu de vraies nouvelles, de fake news, d’images et de narratifs propres à sidérer les gens afin de garder un haut niveau émotionnel et d’oblitérer la capacité de jugement du public. </p> <p>C’est ainsi qu’on a eu droit à un déferlement d’images spectaculaires et d’informations souvent fausses: la mort prétendue des soldats de l’Ile aux serpents, le fantôme de Kiev qui aurait abattu six avions russes à lui seul, les menaces sur la centrale de Tchernobyl, le faux bombardement de la centrale de Zaporijjia, ou encore les cas de la maternité et du théâtre de Marioupol dont on n’a jamais vu les victimes, à part deux femmes dont l’une au moins a été reconnue vivante. De même qu’on a assisté au blanchiment accéléré des bataillons Azov, reconvertis en soldats patriotes après avoir effacé leurs écussons néonazis, et à la négation de l’existence des laboratoires bactériologiques américains en Ukraine alors que celle-ci a explicitement été reconnue par Victoria Nuland lors d’une audition au Sénat le 8 mars dernier. Il est vrai qu’un<i> wording</i> a immédiatement été mis en place pour les nier. Dès le lendemain, on a commencé à parler de «structures de recherche biologique» et à alerter l’opinion sur de prétendues attaques chimiques russes pour étouffer le problème des laboratoires bactériologiques secrets (Cf. BFM TV). </p> <p>Il apparait que la communication ukrainienne emploie, sous l’égide du groupe PR Network, pas moins de 150 firmes de relations publiques, des milliers d’experts, des dizaines d’agences de presse, de médias prestigieux, de chaînes Telegram et de médias d’opposition russes pour délivrer ses messages et formater l’opinion occidentale. On se moque des Russes qui ont interdit d’utiliser le mot guerre pour celui «d’opération spéciale». Mais les médias occidentaux ne font pas mieux, eux qui sont alimentés en permanence de messages-clés et d’éléments de langage, prohibant par exemple l’usage d’expression telles que «referendum de Crimée» ou «guerre civile du Donbass». On trouvera tous les détails sur <i>Dan Cohen, Ukraine’s Propaganda War : International PR firms, DC lobbyists and CIA cutouts, MintPressNews.com.</i></p> <p>Cette brillante réussite en Occident cache pourtant un échec patent en Amérique latine, en Afrique et en Asie, soit dans 75% du monde habité. Les pays du sud ne sont plus dupes de nos mensonges et de nos intérêts. Et l’étoile de Zelensky commence à pâlir. Sa pitoyable prestation à la Knesset, où il a commis l’erreur de comparer l’offensive russe à la «solution finale» alors que ce sont les Russes qui ont libéré Auschwitz et fait reculer Hitler et que ce sont les ancêtres de ses alliés de l’extrême-droite nationaliste ukrainienne qui ont participé à la Shoah par balles, aura été la goutte de trop.</p> <p>Au risque de me répéter, je conclurai ce long article en disant: on peut, on doit même, condamner cette guerre. Mais de grâce cessons de nous aveugler. Retrouvons notre esprit critique et notre sens des réalités. C’est ainsi que nous pourrons rebâtir une paix durable sur le champ de ruines qu’est devenue l’Ukraine.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-zelenskimania-et-l-image-ravagee-de-la-suisse', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 515, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 5708, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4935, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La Russie se met en ordre de bataille', 'subtitle' => 'Continuité ou petite révolution? Comment interpréter les changements intervenus dans la composition du gouvernement russe? Comme à son habitude, Poutine a misé sur la stabilité et la fidélité, en renouvelant les mandats de 90% des ministres et des hauts cadres, mais en procédant néanmoins à des mutations qui ne sont pas anodines.', 'subtitle_edition' => 'Continuité ou petite révolution? Comment interpréter les changements intervenus dans la composition du gouvernement russe? Comme à son habitude, Poutine a misé sur la stabilité et la fidélité, en renouvelant les mandats de 90% des ministres et des hauts cadres, mais en procédant néanmoins à des mutations qui ne sont pas anodines.', 'content' => '<p>La nouveauté la plus spectaculaire est sans conteste l'éjection par le haut du ministre de la Défense, Sergey Shoigu, devenu patron du Conseil de sécurité, précédée et suivie par une opération de nettoyage des cadres les plus corrompus de son ministère, dont deux membres éminents ont été arrêtés. Il faut dire que, depuis la rébellion de Prigogine en juillet dernier et les rumeurs persistantes de détournements de fonds, la position de Shoigu était devenue intenable. Mal aimé par les soldats sur le front et détesté par la population, qui ne croyait plus à ses déclarations amphigouriques alors que les troupes peinaient sur le terrain à cause des lacunes d'approvisionnement, il n'avait plus sa place à la tête d'un ministère qui concentre désormais plus de 6% du PNB dans ses mains et dont le budget va aller croissant dans les prochaines années.</p> <p>Le ménage n'est pas encore achevé, puisque d'autres personnages controversés, tel le vice-ministre ossète Ruslan Tsilakov, restent encore en place. Mais il a commencé et on verra bien jusqu'où il ira. Le fait que Poutine ait désigné un de ses proches à la réputation impeccable, le mathématicien de formation et technocrate avisé de l'économie Andrey Belooussov, manifeste en tout cas une claire volonté de reprise en mains et de réorganisation de la défense sur des bases beaucoup plus efficaces et acceptables pour l'opinion publique et les militaires. On ne pouvait plus continuer à mobiliser autant d'argent pour qu'il disparaisse dans des poches indélicates.</p> <p>L'autre surprise de ce remaniement vient de la nomination de Nikolaï Patrushev, ancien président du Conseil de sécurité, et d'Alexey Dyumin, ex-garde du corps de Poutine et ancien gouverneur de Toula, comme assistants personnels du président. Personne ne sait ce que ces nouvelles fonctions, vagues et peu concrètes, signifient. Il s'agit là probablement de nominations temporaires, ces deux personnalités restant en réserve de la République en attendant d'autres postes, peut-être à la tête du Conseil de la Fédération et de la Douma. Le rôle de Patrushev, dont le fils vient d'être promu vice-Premier ministre et que la rumeur désigne comme l'un des successeurs potentiels de Poutine, reste dans tous les cas déterminant même s'il n'apparait plus au premier plan.</p> <p>Un mot encore sur les différentes déclarations qu'ont faites Poutine et les divers ministres lorsqu'ils se sont adressés à la Douma. Tous ont mis l'accent sur la compétitivité, l'innovation, le développement économique, le besoin de concurrence (Poutine), les uns promouvant la production de drones et d'un réseau de satellites propre à concurrencer Starlink d'Elon Musk, les autres annonçant leur volonté de réformer le système fiscal et de mettre en place un impôt progressif qui viserait les oligarques, qui se sont encore enrichis avec l'opération militaire, en acquérant des entreprises étrangères à prix cassés, et dont l'hyper-richesse est de plus en plus mal vue par le peuple.</p> <p>Témoin de la chute de l'Union soviétique et connaisseur avisé de l'histoire, Poutine sait que l'économie a toujours été le point faible de la Russie. Il veut à tout prix éviter les erreurs du passé et tient à maintenir une économie compétitive, face à l'Occident mais aussi face à l'ami et partenaire chinois. La comparaison va peut-être surprendre. Mais il faut voir Poutine et ses proches, tel Belooussov, comme un mélange de Richelieu et de Colbert. Richelieu, pour qui la raison d'Etat et les intérêts de la France l'emportaient sur toute autre considération, avait su hisser le royaume sur le devant de la scène européenne en évinçant des princes plus puissants, Ferdinand II d'Autriche et le roi d'Espagne. Il avait su assurer la sécurité et la prééminence de la France en ruinant l'Allemagne et ses concurrents pendant la Guerre de Trente Ans. Quant à Colbert, il avait su donner à la France une économie florissante et compétitive en mêlant habilement mercantilisme et étatisme. </p> <p>Henry Kissinger explique très bien le succès de cette formule dans son livre <em>Diplomatie</em> (Fayard, 1996). Si l'on veut comprendre la Russie d'aujourd'hui et ne se tromper ni sur sa volonté ni sur son potentiel, il faut considérer Poutine comme un néo-Richelieu et un néo-Colbert, qui tient à conjuguer à la fois la souplesse et la force innovative du capitalisme libéral et les moyens de la puissance étatique.</p> <p>C'est en réussissant à transformer le pays en s'inspirant de ces modèles que la Russie gagnera la guerre contre l'Occident coalisé. Ce n'est plus une question de choix mais de nécessité bien comprise. Après deux années de guerre pendant lesquelles l'improvisation et la débrouille ont permis de tenir et de marquer quelques points sur le champ de bataille, Poutine a bien compris que la Russie devait désormais se ranger en ordre de bataille et mobiliser dans la longue durée toutes ses ressources (mais pas les hommes, <em>dixit</em> Belooussov, lesquels doivent continuer à travailler et à produire dans une économie qui est déjà à court de main d'œuvre). </p> <p>Car il a aussi compris que l'Occident n'accepterait pas sa défaite. L'union retrouvée des Démocrates et des Républicains au Congrès américain, aussi laborieuse qu'elle ait été, est faite pour durer tandis que la menace d'Emmanuel Macron d'envoyer des troupes de l'OTAN en Ukraine, même rejetée par les autres dirigeants européens, est à prendre au sérieux. Elles l'ont convaincu que les Occidentaux ne voudront pas négocier tant qu'ils trouveront assez de soldats ukrainiens et de volontaires de l'OTAN pour mourir sur le champ de bataille. </p> <p>De ce point de vue, la pseudo-conférence de paix du Bürgenstock que la Suisse a accepté d'organiser pour se faire bien voir de ses partenaires occidentaux est en train de tourner à la farce. Comme vient de l'avouer le Chancelier Scholz, il ne s'agit plus du tout d'une conférence de paix mais d'une conférence unilatérale de soutien au régime de Zelensky, auquel les participants seront appelés à faire allégeance s'il tient jusque-là.</p> <p>La Suisse est en train d'apprendre à ses dépens qu'après avoir donné une main à ses prétendus amis de l'OTAN, ceux-ci lui prendraient les bras et les jambes. Quand on cède une fois, on cède mille fois. La Suisse n'en fera jamais assez pour l'Ukraine: ce reproche des Occidentaux à l'égard de notre pays va aller en s'amplifiant et débouchera sur des exigences d'autant plus exorbitantes que la guerre va durer et s'amplifier.</p> <p>Demeure la question existentielle: qui va sortir vainqueur de ce duel à mort? Hier, la réponse à cette question ne faisait pas de doute. La victoire finale revenait fatalement aux puissances maritimes, qui, pendant ces trois derniers siècles, l'ont toujours emporté sur leurs adversaires continentaux. Espagne, puis Hollande, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Japon (jusqu'en 1941) ont dominé grâce à leur puissance maritime. </p> <p>Mais aujourd'hui, cette réponse ne va plus de soi.</p> <p>D'abord, la Russie s'est réveillée. Et on a vu que quand la Russie se réveillait, en 1812 comme en 1919 et 1941, cela se passait assez mal pour ses adversaires. Ensuite elle est adossée à la Chine, devenue de loin la première puissance industrielle et économique mondiale en termes de parité de pouvoir d'achat, et aux BRICS, qui, même s'ils se méfient d'une Russie qui serait trop agressive, sont désormais devenus <i>too big to fail</i>, trop lourds pour se laisser à nouveau vassaliser par l'Europe et les Etats-Unis. </p> <p>Cette alliance des ressources minérales et énergétiques bon marché et de la capacité industrielle et d'innovation entre deux pays majeurs et contigus d'Eurasie est absolument nouvelle dans l'histoire. D'autre part, l'Inde, l'Indonésie, le Brésil et beaucoup d'autres ne sont plus prêts à courber l'échine devant un Occident qui n'est plus en mesure de les subjuguer économiquement et qui a perdu toute autorité morale à leurs yeux.</p> <p>Car la force de l'Occident reposait jusqu'ici sur son économie, mais aussi sur son pouvoir d'attraction inégalé. Il l'emportait par la force de ses valeurs et de ses réalisations. Démocratie, bonheur individuel, flexibilité, innovation, progrès scientifiques, épanouissement des arts et de la culture étaient de son côté. Or cela n'est plus que très partiellement vrai. La démocratie s'est corrompue en oligarchie et s'est muée en un régime où l'état d'exception, la surveillance de masse et la répression des idées iconoclastes, de la liberté de pensée et d'expression se sont fortement accrus sous le prétexte de lutter contre le terrorisme et les «ingérences extérieures». </p> <p>Le respect de la morale et des droits de l'Homme s'est terriblement affaibli depuis qu'on peut voir une puissance occidentale, Israël, massacrer sans scrupule des milliers de femmes et d'enfants innocents sans provoquer le moindre blâme dans la presse et chez les dirigeants politiques. Enfin, la mutation anthropologique qui consiste à dire qu'un homme n'est plus un homme et qu'une femme n'est plus une femme et à reconnaitre l'existence d'un troisième sexe inexistant dans la nature est totalement incomprise et passe pour une aberration mentale hors d'Occident.</p> <p>Bref, l'Occident n'est plus un modèle, et c'est peut-être ce qui le perdra. Après tout Athènes, puissance maritime glorieuse, n'a-t-elle pas perdu la guerre du Péloponnèse contre Sparte la terrienne dès qu'elle a commencé à tromper ses alliés et à se tromper sur elle-même? </p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-russie-se-met-en-ordre-de-bataille', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 28, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 5708, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4903, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Accords de Genève de 1954: quand la diplomatie suisse brillait ', 'subtitle' => 'C'est par une bise glaciale que s'ouvrit, le 26 avril 1954, la plus importante conférence de paix que la Suisse ait connue dans son histoire. Pendant 87 jours, les délégations des Quatre Grands – la Grande-Bretagne et la France étaient encore du nombre à l'époque, aux côtés des Etats-Unis et de l'Union soviétique – de la Chine, de l'Inde et d'une vingtaine de pays ont négocié sans relâche pour tenter de ramener la paix en Asie. ', 'subtitle_edition' => 'C'est par une bise glaciale que s'ouvrit, le 26 avril 1954, la plus importante conférence de paix que la Suisse ait connue dans son histoire. Pendant 87 jours, les délégations des Quatre Grands – la Grande-Bretagne et la France étaient encore du nombre à l'époque, aux côtés des Etats-Unis et de l'Union soviétique – de la Chine, de l'Inde et d'une vingtaine de pays ont négocié sans relâche pour tenter de ramener la paix en Asie. ', 'content' => '<p>Un an plus tôt, en juillet 1953, la guerre de Corée s'était achevée par un armistice sans paix. Et depuis 1946, la France se livrait à une guerre sans issue au Vietnam. Dix jours après l'ouverture des négociations, la débâcle de Dien Bien Phu, le 7 mai 1954, devait d'ailleurs la convaincre d'abandonner la partie.</p> <p>C'est ainsi que, pendant trois mois, le Conseiller fédéral Max Petitpierre et le Conseil fédéral purent recevoir sans discontinuer le gratin des ministres et Premiers ministres des nations parmi les plus puissantes du monde: John Foster Dulles puis Walter Bedell Smith, Anthony Eden, Georges Bidault, Pierre Mendès France, Viatcheslav Molotov – qui se rendra même à Berne à la plus grande satisfaction des autorités et des médias suisses de l'époque – Chou en Lai, dont c'était la première visite en Europe, le délégué indien Krishna Menon, lui aussi encore inconnu, et enfin le premier ministre nord-vietnamien Pham Van Dong et l'empereur d'Annam Bao Dai, pour ne citer que les plus connus. </p> <p>On s'aperçut dès les deux premières semaines que les négociations sur la Corée n'aboutiraient pas. Les délégations coréennes ne cessaient de s'invectiver tandis que les Occidentaux menés par les Américains aussi bien que le camp communiste sous le leadership soviétique et chinois se montraient inflexibles. Les choses se présentaient beaucoup mieux pour l'Indochine, grâce à la défaire militaire française et à l'arrivée au pouvoir de Mendès France, fermement décidé à sortir du bourbier indochinois. Après deux mois d'âpres négociations, le 21 juillet, on parvint finalement à signer un accord de paix, qui est resté dans l'histoire sous le nom d'Accords de Genève. Le Vietnam se trouvait <em>de facto</em> partagé en deux, de part et d'autre du 17ème parallèle.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1714592058_img_4169.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <p>La paix ne devait guère durer, les Américains se hâtant de déclarer qu'ils n'étaient pas liés par ces accords et redoublant d'activisme dans leur politique de <i>containment</i> du bloc communiste. Le Vietnam allait dès lors devenir la principale guerre chaude de la guerre froide. </p> <p>Mais sur le moment, et dans les années qui suivirent, tout le monde fut satisfait. Les Vietnamiens du Nord et Sud avaient obtenu leur Etat, les Français s'étaient débarrassés de l'Indochine alors que l'Algérie était prête à s'enflammer, les Soviétiques avaient réussi à calmer le jeu et à se donner une aura pacifiste, les Chinois et les Indiens étaient ravis d'avoir été reconnus sur la scène internationale, de même que le tiers monde, à qui la défaite d'une grande puissance coloniale convenait fort bien, tandis que les Suisses étaient enchantés d'avoir enfin pu faire reconnaitre les mérites de la neutralité (contestée par l'Union soviétique après 1945) et leurs talents pour les bons offices. De plus, en quelques semaines, la Suisse avait pu se constituer un réseau diplomatique de premier ordre dans tous les camps, aussi bien à l'Ouest qu'à l'Est, et avait réussi à réinstaller Genève comme capitale multilatérale.</p> <p>Contrairement à ce qu'on peut penser, ce succès n'a pas été de soi et a exigé beaucoup d'opiniâtreté et de doigté. Il tient pour une bonne part à l'esprit du temps – la conviction que la neutralité était un instrument utile – et à l'adresse et à la fermeté de conviction d'un homme, Max Petitpierre, qui ne se laissa pas démonter lorsqu'on l'accusa de pactiser avec l'ennemi communiste. D'abord, la Suisse avait su rester neutre pendant la guerre de Corée, ce qui fut bien reçu par l'URSS et la Chine. Elle n'avait pas non plus adhéré à l'OTAN. Elle avait rapidement reconnu le gouvernement de Mao à Pékin. Et elle avait su démontrer que sa neutralité était utile aux Occidentaux qui avaient besoin d'un Etat neutre pour surveiller la ligne de démarcation en Corée. Petitpierre, en rusé diplomate, avait alors réussi à hisser la neutralité suisse au-dessus des autres en faisant accepter le mandat de surveillance suisse aussi bien par les Américains que par les Russes. </p> <p>Ce succès devait d'ailleurs se confirmer l'année suivante, lorsque Genève, en plein milieu de la guerre froide, réussit à accueillir le premier Sommet des Quatre Grands. Beaucoup d'autres devaient suivre, dont la rencontre Reagan-Gorbatchev en 1985 et le sommet Biden-Poutine en 2021.</p> <p>En somme, Petitpierre avait réussi le pari de prouver aux Suisses et au monde qu'il y avait un grand rôle pour les petits pays neutres, et cela même quand les rivalités entre superpuissances étaient à leur comble. Je doute qu'on parvienne à de tels résultats avec la très mal nommée «Conférence de paix sur l'Ukraine».</p>', 'content_edition' => 'Un an plus tôt, en juillet 1953, la guerre de Corée s'était achevée par un armistice sans paix. Et depuis 1946, la France se livrait à une guerre sans issue au Vietnam. Dix jours après l'ouverture des négociations, la débâcle de Dien Bien Phu, le 7 mai 1954, devait d'ailleurs la convaincre d'abandonner la partie.', 'slug' => 'accords-de-geneve-de-1954-quand-la-diplomatie-suisse-brillait', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 58, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 5708, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4888, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Le Donbass, au cœur de la guerre mémorielle', 'subtitle' => 'Entre Russie et Occident, entre Ukrainiens de Kiev et ex-Ukrainiens redevenus Russes, la bataille n'est pas seulement militaire, elle est aussi mémorielle. A l'Ouest, on voudrait commémorer le 80ème anniversaire du Débarquement, le 6 juin prochain, sans les Russes, en niant que la victoire sur l'Allemagne nazie fut d'abord une victoire soviétique et que l'Opération Overlord n'aurait pu réussir sans l'Opération Bagration menée à l'est par l'Armée rouge pour y fixer les divisions de chars allemands. ', 'subtitle_edition' => 'Entre Russie et Occident, entre Ukrainiens de Kiev et ex-Ukrainiens redevenus Russes, la bataille n'est pas seulement militaire, elle est aussi mémorielle. A l'Ouest, on voudrait commémorer le 80ème anniversaire du Débarquement sans les Russes, en niant que la victoire sur l'Allemagne nazie fut d'abord une victoire soviétique...', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Lire aussi</strong>: <a href="https://bonpourlatete.com/reportage/marioupol-donetsk-lugansk-reportage-sur-le-front-du-donbass" target="_blank" rel="noopener"><em>Marioupol, Donetsk, Lugansk: reportage sur le front du Donbass</em></a></p> <hr /> <p>En Europe de l'Est, dans les pays baltes et en Ukraine en particulier, on déboulonne à tout va les statues historiques et les monuments aux morts de la Deuxième guerre mondiale pour ériger des stèles à la gloire des victimes des Soviétiques et des nationalistes qui ont combattu aux côtés des nazis et massacré les Juifs, tels que Stepan Bandera, Iaroslav Stetsko ou Roman Choukhevitch. On fait semblant d'oublier que le camp de la mort de Treblinka était dirigé par une vingtaine de SS allemands et que l'extermination y était assurée par une centaine de gardiens ukrainiens et lituaniens.</p> <p>La célébration de l'Holodomor, du nom que les Ukrainiens donnent à la famine déclenchée par Staline contre la paysannerie en 1932, est un exemple typique de ces omissions volontaires. Elle attribue ce massacre par la disette aux seuls Russes et fait des Ukrainiens ses uniques victimes alors qu'il a aussi touché le sud de la Russie et le Kazakhstan et qu'il a été orchestré par un Géorgien, Staline, et exécuté par un Polonais, Kossior, qui dirigeait l'Ukraine à cette époque.</p> <p>Tous les jours des monuments sont abattus et d'autres édifiés à leur place, en catimini, dans le silence des médias occidentaux. Cette réécriture de l'histoire et cette guerre mémorielle n'ont pas échappé aux gens du Donbass, qui, fidèles à leur devise «Ne jamais oublier, ne jamais pardonner», réagissent en redoublant de foi commémorative et de monuments aux héros tombés sur le champ d'honneur.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950996_capturedcran2024042411.28.54.png" class="img-responsive img-fluid center " width="529" height="716" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>«Ne jamais oublier, ne jamais pardonner». Monument commémorant le massacre de la communauté juive de Lugansk. © G.M.</em></h4> <p>Le mémorial le plus troublant est sans doute celui du Puits de Mine 4/4 Bis à Donetsk. Je n'en avais jamais entendu parler et vous non plus je présume. Il ne figure dans aucun de nos livres d'histoire et il est introuvable sur Wikipedia. Or on estime que 75'000 à 102'000 personnes y ont été massacrées entre fin 1941 et 1943, soit deux fois à trois fois plus qu'à Babi Yar. L'ensemble de la communauté juive de la ville (appelée Stalino à l'époque) a été jetée dans cette fosse, ainsi que des dizaines de milliers de civils. Ce mémorial, ignoré par le gouvernement de Kiev après 1991 parce qu'il dérangeait le récit officiel et ne concernait que les russophones de l'est du pays, est en voie de réhabilitation depuis l'an dernier. Il suffit de se rendre sur ce site pour comprendre pourquoi les habitants du Donbass se sont soulevés en avril 2014 lorsque le régime issu de Maidan a voulu bannir leur langue et a envoyé les héritiers de leurs bourreaux pour les réprimer. </p> <p>On peut détruire les monuments mais pas le souvenir.</p> <p>A 70 kilomètres de Donetsk, dans la province de Horlivka, le monumental cénotaphe de Savur-Mohila est un autre témoignage des batailles du dernier siècle, érigé au sommet de la colline la plus haute du Donbass, sur l'emplacement de l'un des grands chocs de la Seconde guerre mondiale, qui eut lieu en juillet-août 1943, en même temps que la fameuse bataille de chars de Koursk qui devait briser la Wehrmacht. Une allée d'escaliers avec une immense flèche y avait été édifiée en 1963. 70 ans plus tard, en août 2014, la colline a fait l'objet d'une âpre bataille de position entre séparatistes et soldats kiéviens, avant d'être définitivement reprise par les républicains de Donetsk emmenés par leur prestigieux chef Alexandre Zakhartchenko. Les combats l'avaient saccagée. Après 2022, Poutine l'a fait reconstruire pour commémorer les deux guerres, la Grande Guerre patriotique de 1941-1945 et celle de la libération du Donbass de 2014-2022. De chaque côté de l'allée, de grandes stèles sculptées célèbrent les héros morts pour la liberté du Donbass entre 1941 et 2022.</p> <p>Mais c'est sans doute à Lougansk que ce choc mémoriel est le plus intense. J'y suis accueilli par Anna Soroka, historienne et combattante dans les régiments de la République dès 2014. Le premier monument commémore les 67 enfants tués par les miliciens ukrainiens des bataillons néonazis Kraken et Aïdar qui ont tenté de prendre la ville en 2014 et l'ont bombardée jusqu'en 2022. Il a été construit au milieu d'un parc qui sert de jardin d'enfants. Plusieurs gosses y ont été tués par un bombardement ciblé des Ukrainiens, les bâtiments avoisinants n'ayant pas été touchés. </p> <p>Les enfants sont en effet l'objet d'une guerre de l'information sans merci dans les deux camps. Les Ukrainiens ont déposé plainte pour crime de guerre contre les Russes et la Cour pénale internationale a inculpé Vladimir Poutine et la responsable russe de l'enfance pour kidnapping d'enfants ukrainiens. La propagande occidentale reprend en boucle ces accusations, au cinéma – le documentaire <em>ad hoc</em> vient de recevoir un Oscar – et dans les médias. Lesquels oublient naturellement de répercuter le point de vue des habitants du Donbass, pour lesquels ce sont les Ukrainiens qui prennent les enfants en otage. Il existe en effet en Ukraine une organisation de volontaires, appelés les Anges Blancs, calquée sur le modèle des fameux Casques Blancs syriens qui, on s'en souvient, étaient loin d'être des secouristes neutres et agissaient en fait pour le compte des groupes djihadistes. </p> <p>Ces détachements d'Anges Blancs (White Angels) ont été formés dès février 2022 par un certain Rustam Lukomsky. La presse anglo-saxonne les a mentionnés à quelques reprises. Pour ceux du Donbass, leur but consiste à forcer les parents des zones du front à se séparer de leurs enfants sous prétexte de les protéger. Les enfants sont donc isolés de leurs parents et «mis en sécurité» à l'arrière, où ils sont dès lors utilisés comme moyens de chantage contre leurs familles. Celles-ci se trouvent déchirées entre deux choix aussi insupportables l'un que l'autre: soit elles abandonnent leurs foyers pour rejoindre leurs enfants, soit elles y restent en se voyant forcées de collaborer avec l'armée ukrainienne qui les invite à dénoncer ou à saboter les mouvements de l'armée russe. On imagine la détresse des parents confrontés à un tel chantage. Des témoignages, comme ceux d'Olga V. Zubtsova de Bakhmut et d'Igor Litvinov d'Avdievka, confirment cette version des choses. Enfin, d'innombrables rumeurs circulent sur les réseaux sociaux, qui accusent ces prétendus Anges Blancs d'alimenter les réseaux de pédo-criminalité et le trafic d'enfants. Mais cela reste à prouver.</p> <p>Le deuxième monument se trouve dans un bois à la sortie de Lugansk. Comme le Puits de mine No 4 de Donetsk, il commémore le lieu du massacre de la communauté juive de Lugansk (environ 3'000 femmes et enfants essentiellement juifs) et de 8'000 adultes de diverses confessions pendant l'occupation nazie. «On ne peut pas comprendre pourquoi, aujourd'hui, Kiev honore les descendants de ceux qui ont tué tant des nôtres pendant la Deuxième Guerre mondiale», dit Anna Soroka. Abandonné aux ronces depuis 1991, le site a fait l'objet d'une restauration récente. Il ne figure pas sur nos applications de recherche. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950577_img_4160.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4><em><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950703_img_4161.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></em></h4> <h4 style="text-align: center;"><em>Monument en hommage aux victimes du massacre du Puits de Mine 4/4 Bis à Donetsk. © G.M.</em></h4> <p>Un peu plus loin, de l'autre côté de la route, les autorités de la république ont érigé un vaste mémorial en l'honneur des combattants et des civils tués par la guerre de 2014-2022. Près de 400 tombes sont alignées de part et d'autre de l'allée qui mène de la statue inspirée de Rodin près de l'entrée, à la flèche centrale et à la chapelle ardente. On s'arrête près de la tombe d'Ivan Selikhov. Anna a personnellement connu la plupart des personnes enterrées ici. Le 5 mai 2014, Ivan a été sorti de sa maison et exécuté pour l'exemple d'une balle dans la tête par les milices, parce que son fils s'était engagé auprès des républicains. Ses voisins avaient d'abord dû l'inhumer dans son jardin. Le site se trouve sur les lieux mêmes de la bataille et rend hommage aux 397 «victimes de l'agression ukrainienne» de cet été-là, ouvriers, creuseurs de tranchées, instituteurs, écoliers, médecins, infirmières, patients frappés par le bombardement de leur école et de leur hôpital (169 morts).</p> <p>En revenant en ville, nous passons devant le grand monument aux soldats soviétiques qui ont libéré la ville en 1943 et devant un char ukrainien décoré de fleurs posé sur un socle de béton en bordure de l'autoroute: les habitants du quartier l'ont posé là pour rappeler que ce char avait bombardé leurs maisons il y a dix ans. En contrebas, un champ toujours jonché de mines est fortement déconseillé aux promeneurs.</p> <p>Le dernier monument de ce tour de ville funèbre est sans doute le plus emblématique du destin tragique du Donbass durant ces dernières cent années. Il s'agit du mémorial de Hostra Mohyla posé sur une petite colline au sud-est de la ville. Plusieurs monuments de facture diverse y rappellent le souvenir des diverses communautés rayées de la carte au fil des décennies. Mais le plus grand, qui coiffe le sommet du complexe, donne la clé de la psychologie des habitants de la région. Il présente quatre statues géantes de soldats, héros en armes des quatre guerres qui marquent la conscience collective du Donbass: un combattant de la guerre civile, un soldat soviétique de la Grande Guerre patriotique, un militant de la résistance anti-kiévienne de 2014-2018, et enfin un combattant de la guerre de libération de l'oblast de 2022 à nos jours.</p> <p>Pour ce site comme pour les autres, malgré sa popularité auprès des habitants, on ne trouve absolument aucune information sur les moteurs de recherche occidentaux. Google et Wikipedia ignorent ou ont banni ces sites de leur répertoire. Seule la Stiftung Denkmal für die ermordeten Juden Europas fournit quelques éléments sur les victimes juives.</p> <p>On comprend dès lors mieux pourquoi la Russie, et ses nouveaux citoyens des provinces de l'est ukrainien, n'abandonneront jamais leur combat contre Kiev et contre l'Occident sans l'avoir gagné. La rage sourde qui les saisit à l'idée que nous voulions, par Ukrainiens interposés, les effacer de la surface de la terre, au sens propre et au sens figuré, ne disparaitra qu'avec ce qu'ils considéreront comme leur victoire.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'le-donbass-au-coeur-de-la-guerre-memorielle', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 342, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 15, 'person_id' => (int) 5708, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [[maximum depth reached]], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4882, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Marioupol, Donetsk, Lugansk: reportage sur le front du Donbass', 'subtitle' => 'Comment ont-ils pu nous faire ça? Pourquoi Kiev veut-elle nous détruire? Telles sont les questions que se posent les habitants du Donbass depuis dix ans. Vues de Suisse ou de France, elles peuvent paraitre incongrues tant nous sommes habitués à penser que seuls les Ukrainiens souffriraient de la guerre. Nous ne voulons pas savoir que la bataille dure depuis dix ans et a d'abord affecté la population civile du Donbass.', 'subtitle_edition' => 'Comment ont-ils pu nous faire ça? Pourquoi Kiev veut-elle nous détruire? Telles sont les questions que se posent les habitants du Donbass depuis dix ans. Vues de Suisse ou de France, elles peuvent paraitre incongrues tant nous sommes habitués à penser que seuls les Ukrainiens souffriraient de la guerre. Nous ne voulons pas savoir que la bataille dure depuis dix ans et a d'abord affecté la population civile du Donbass.', 'content' => '<p>Pendant une semaine, j'ai pu sillonner les deux provinces dans tous les sens, visiter les villes détruites et en voie de reconstruction, rencontrer des réfugiés, discuter avec les gens. Je ne doute pas que ce récit offusquera nombre de gens accoutumés à voir le monde en noir et blanc. A ceux-là je répondrai ce que John Steinbeck et Robert Capa ont lancé à leurs détracteurs lorsqu'ils ont visité la Russie de Staline en 1947, au début de la guerre froide: je me contente de témoigner, de rapporter ce que j'ai vu et entendu de l'autre côté du front. A chacun, ensuite, de se faire son opinion.</p> <p>Tout a commencé de façon très russe, par un enchainement improbable de circonstances. Il y a neuf ans à Dushambe, j'avais rencontré un entrepreneur tadjik de Moscou qui mariait sa fille. Il ne parlait pas un mot d'anglais et, sans faire de cas de mon russe misérable, il avait invité toute notre délégation à la noce. J'avais fait un petit discours de circonstance en l'honneur de la mariée et de ses parents. Depuis lors, Umar Ikromovitch est devenu un ami pour la vie, que ni la distance ni la fracture linguistique ne sauraient séparer. Une ou deux fois par an, aux fêtes importantes, il m'envoie des messages Telegram. En février, surprise, il me propose de me joindre à lui pour visiter ses réalisations dans le Donbass, dans lequel il n'était encore jamais allé. Umar emploie en effet quelques centaines d'ouvriers dans la région de Moscou et quelques dizaines dans la reconstruction du Donbass.</p> <p>Le 3 avril à trois heures du matin, il m'attendait donc avec Nikita, un de ses amis du ministère de la Défense, à la sortie de l'aéroport de Vnukovo, à Moscou, pour m'embarquer dans le Donbass. Nikita avait préparé le programme et fourni les autorisations nécessaires ainsi qu'un chauffeur aguerri, Volodia. Pendant dix heures d'affilée, avec une courte pause-café dans une station-service qui venait d'ouvrir, nous avons descendu à tombeau ouvert les 1'060 kilomètres de l'autoroute Prigogine qui relie Moscou à Rostov-sur-le-Don, celle-là même que le chef défunt de Wagner avait voulu remonter avec ses chars en juillet dernier.</p> <p>Rien n'est plus simple qu'une autoroute russe. C'est toujours tout droit, il n'y a pas un virage jusqu'à Rostov. Et comme celle-ci est impeccable, à part cinquante kilomètres de travaux peu avant Rostov, le trajet fut rapide et indolore, nous permettant de passer en quelques heures des dernières neiges moscovites aux douceurs du printemps de la mer d'Azov. En chemin, des norias de camions, quelques convois militaires, mais assez peu en fin de compte.</p> <p>A Rostov, port animé et capitale embouteillée du sud russe, nous avons à peine pu poser nos bagages et faire trois pas que nous voilà partis pour notre première visite: une énorme station de pompage-turbinage des eaux du Don située à l'embouchure du fleuve, à une vingtaine de kilomètres de la ville. Des ouvriers s'activent encore à terminer les aménagements extérieurs. Deux gigantesques tuyaux, des dizaines de citernes de 20'000m<sup>3</sup> et huit stations de pompage de onze turbines chacune acheminent désormais l'eau douce de Rostov à Donetsk, située à deux cents kilomètres de là et privée d'eau potable à cause de l'embargo ukrainien. Tout est automatisé. Les 3'700 ouvriers ont commencé et terminé l'immense chantier ainsi que la construction de la ligne à haute tension destinée à alimenter les turbines en six mois, entre novembre 2022, aussitôt après la réintégration des républiques dans la mère-patrie, et avril dernier.</p> <p>Première conclusion: après des investissements aussi rapides et colossaux, la volonté russe me semble inébranlable et il me paraît exclu que la Russie accepte à nouveau, un jour, de se séparer du Donbass. Ce territoire est désormais russe, point final.</p> <p>A la nuit tombante, nous voici enfin assis à la table d'une brasserie manifestement très prisée de Rostov, face au Don paisible. La nuit sera calme et le sommeil de plomb. La suivante, avec quarante missiles ukrainiens tirés sur la base aérienne voisine de Morozovsk, sera plus animée. </p> <p>Le lendemain matin, départ pour Marioupol, à 180 kilomètres et trois heures de route. Après Taganrog, la route longe la mer d'Azov et est encombrée par les convois de camions qui vont et viennent du Donbass. Elle est en plein travaux d'élargissement. Les véhicules militaires arborent un V ou un Z bien visibles. Checkpoints et contrôles divers se succèdent avant et après la frontière de la République de Donetsk. Sur les bas-côtés, de longues colonnes attendent la fouille. Grâce à nos laissez-passer, nous voici bientôt en territoire ex-ukrainien. Evgueni, un Russe de Vladivostok engagé volontaire auprès de la République de Donetsk, prend le relais. Il nous servira de guide et d'interprète tout au long de notre séjour. </p> <p>Peu avant midi, nous atteignons les faubourgs de Marioupol et entrons sur le territoire d'Azovstal, totalement dévasté. L'usine n'est plus que cheminées rouillées, entrelacs de tuyaux éventrés et de ferrailles tordues. Une vision d'apocalypse qui évoque immédiatement Stalingrad, l'usine de tracteurs, Vassili Grossmann et le <em>Voyage en Russie</em> de Steinbeck et Capa. Aucune des maisons et des immeubles d'habitation alentour n'a survécu. </p> <p>Le centre-ville a en revanche beaucoup mieux résisté, avec un taux de destruction qu'on peut estimer à cinquante pourcents à première vue. Il est en pleine rénovation. Sur la place centrale, la reconstruction du fameux théâtre – bombardé ou dynamité on ne sait trop – doit être achevée à la fin de l'année. Umar est content: les enfants et les jeunes mères se sont déjà emparés du parc et du terrain de jeux que son entreprise vient d'achever. Les lignes de bus, offerts par la ville de Saint-Pétersbourg, ont été rétablies. Les terrasses de café ont rouvert.</p> <p>Puis nous repartons pour l'ouest de la ville, qui offre un paysage très différent. Tout y est neuf. Les quartiers anciens ont déjà été rénovés et de nouveaux quartiers, des bouquets d'immeubles, une école, une crèche, un hôpital, y ont jailli de terre en moins d'une année. Une dame qui promène son chien nous explique qu'elle vient d'emménager dans son appartement tout neuf il y a quinze jours, après avoir vécu pendant des mois dans un taudis sans eau courante. </p> <p>Supervisés par une société publique du ministère de la Défense avec l'aide des villes et des provinces russes, les chantiers s'activent jour et nuit. Dix mille habitants ont déjà été relogés et la ville a retrouvé les deux tiers de sa population d'avant-guerre, soit 300'000 habitants. Durant l'après-midi, nous visiterons un second hôpital de 60 lits, entièrement neuf et démontable, très bien équipé et dirigé par des médecins volontaires provenant des différentes régions de Russie.</p> <p>Les constructions les plus spectaculaires concernent toutefois les écoles. En bordure de mer, une nouvelle académie de la marine accueillera sa première volée de cadets à la rentrée de septembre. Salles de cours, internat, salles de sports, salles d'entrainement, quatre immeubles de verre et d'acier rutilants sont sortis de terre en dix mois. Prévus pour 560 élèves en uniforme de 11 à 17 ans, ils accueilleront principalement des orphelins des deux guerres du Donbass, celle de 2014-2022 et celle de 2022-2024, me dit-on. Six jours d'enseignement par semaine à raison de huit à dix heures par jour, on n'aura guère le temps de s'y ennuyer. A la fin du cursus, les élèves pourront soit parfaire leur formation dans la marine soit entrer dans une université civile.</p> <p>La seconde école est plus classique mais encore plus spectaculaire. C'est un collège expérimental comme on n'en encore jamais vu en Russie (ni en Suisse à ma connaissance). Le design, remarquable, est très étudié. Les salles de classe sont équipées avec les dernières technologies, ordinateurs, robots, cyber et nanotechnologies, intelligence artificielle. Plus classiques, les salles de dessins, de couture, de cuisine, de peinture, de langues, de ballet, de théâtre, de chimie, physique, de biologie, d'anatomie et mathématiques. Il existe même une salle équipée de cabines pour apprendre à conduire et à piloter.</p> <p>Commencée fin 2022, terminée en septembre 2023, elle a accueilli sa première volée de 500 élèves l'an dernier et en attend 500 de plus à la rentrée de septembre. La pédagogie est à l'avenant, sans minauderies pédagogistes: les cours durent douze heures par jour. Ils commencent à 8h et se terminent à 20h à raison de six heures de matières «dures» le matin, et de six heures de matières plus récréatives ou complémentaires l'après-midi. La cantine assure trois repas par jour. Seule difficulté, assure la directrice, celle de trouver des enseignants qui veuillent bien accepter de s'installer à Marioupol. Mais elle n'a pas l'air d'être du genre à s'effrayer devant la tâche.</p> <p>En fin d'après-midi, nous nous engageons sur l'autoroute toute neuve qui relie Marioupol à Donetsk, à 120 kilomètres, en faisant un petit arrêt dans la petite ville de Volnovakha, dont le palais de la culture a subi une frappe de HIMARS en novembre dernier. Le toit s'est écroulé et des échafaudages encombrent ce qui reste de la scène et de la salle. Par chance, la salve n'a fait ni mort ni blessé, le spectacle programmé ce jour-là ayant été déplacé à la dernière minute. Pour les habitants, pas de doute, les Ukrainiens cherchaient à tuer le plus de civils possibles. Mon guide m'explique qu'ils tirent toujours les HIMARS par groupe de trois: une première roquette pour percer le toit et les structures, une deuxième pour liquider les occupants et, vingt à vingt-cinq minutes plus tard, une troisième frappe pour tuer le maximum de pompiers, secouristes, parents, policiers, amis, voisins venus secourir les victimes. Ce récit me sera répété plusieurs fois.</p> <p>Donetsk est une grande ville d'un million d'habitants, très étendue, très animée, avec une circulation dense. On n'y voit que peu d'immeubles ou de façades détruites. En revanche, la ville vit au son du canon. Je n'y avais pas prêté attention à mon arrivée, à cause de la fatigue et des émotions de la journée. Mais en me réveillant à trois heures du matin, j'ai soudain été frappé par le son du canon. Toutes les deux à trois minutes, un coup part, faisant trembler les vitres et illuminant le ciel d'une lueur orangée: ce sont les artilleurs russes qui tirent sur les positions ukrainiennes, à quelques de kilomètres du centre-ville. Les Ukrainiens ripostent avec des missiles, des drones ou des roquettes HIMARS, ce qui enclenche les tirs de contre-batterie russes, à raison d'un ou deux par heure me semble-t-il.</p> <p>Le lendemain matin, on m'apprendra à distinguer les uns des autres. Les HIMARS sont silencieux jusqu'à l'explosion finale, les missiles SCALP français et Storm Shadow britanniques font un bourdonnement d'avion, de même que les missiles anti-missiles russes, tandis que les obus ordinaires tombent en sifflant. De toute façon, je n'ai aucun souci à me faire, m'assurent mes nouveaux amis. Ils m'ont logé dans le seul hôtel de la ville encore en mains américaines et jamais les Ukrainiens n'oseraient tirer sur une cible américaine. Il n'en reste pas moins que les tirs ukrainiens continuent à faire des blessés et un mort par semaine en moyenne. Tous des civils, car il n'y a absolument aucun soldat, véhicule ou installation militaire en ville. En quatre jours, je n'y ai pas croisé un seul uniforme.</p> <p>Nous commençons la journée par une visite à l'Allée des Anges, qui se trouve au milieu d'un beau parc urbain. C'est le nom qu'on a donné au monument funéraire érigé en mémoire des enfants tués par les bombardements ukrainiens depuis 2014. 160 noms ont déjà été inscrits sur le marbre. Mais la liste en comprend plus de 200 à ce jour. Des dizaines de bouquets de fleurs, de jouets, de photos d'enfants s'amoncellent sous l'arche de fer forgé. C'est bouleversant.</p> <p>Au retour, nous rendons visite aux confrères de la télévision et de la radio OPLOT, en bordure de la place centrale. Leur immeuble est régulièrement visé par des HIMARS. On n'a pas encore pu réparer les derniers studios frappés mais on les retape à la fortune du pot et les cinq chaines TV et radio diffusent leurs programmes sans interruption. La direction et l'équipe sont à 90% féminines, les quelques hommes étant chargés de la couverture du front, à dix kilomètres de là. Un petit jardin d'enfant - une grande crèche attirerait l'attention des HIMARS ukrainiens - accueille les enfants des employés. Il en va ainsi dans toute la ville, les crèches publiques ayant dû fermer pour éviter les frappes. Au début, en 2014, il avait été difficile de recruter des journalistes à cause des risques d'attentat mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, assure la rédactrice en chef Nina Anatoleva. L'intervention russe de 2022 a beaucoup renforcé la sécurité. Mais ils ont perdu en audience. Leurs chaines, qui diffusaient largement dans la partie russophone de l'Ukraine, ont été coupées et ne sont plus visibles que sur internet ou sur le réseau local.</p> <p>L'après-midi, nous nous rendons dans le village de Yassinouvata, proche d'Avdeevka, et donc tout près du front. Le village, très exposé aux tirs d'obus ukrainiens, abrite une école transformée en centre d'accueil pour les réfugiés des villages récemment libérés. Aussitôt sortis de Donetsk, la proximité du front se fait sentir. La route est défoncée par les tirs d'obus et jonchée de débris de ponts écroulés. Sur notre gauche deux hélicoptères Ka-50 Alligators et un MI-8 reviennent du front en rase-mottes. A notre droite des tranchées et trois rangées de dents de dragons, équivalents de nos Toblerone suisses, forment une des lignes de la défense russe. Des engins militaires la longent régulièrement. </p> <p>Notre véhicule est parfaitement anonyme. Pas de convoi, d'insignes de presse, de gilets pare-balles ou de casques qui pourraient attirer l'attention des drones de surveillance ukrainiens. Les GPS de nos portables sont désactivés depuis longtemps. Il s'agit d’être le plus banal possible. La route est de plus en plus défoncée et la circulation quasi inexistante. Le chauffeur, le guide et Umar sont parfaitement impavides.</p> <p>La directrice de l'école, ex-professeure de mathématiques devenue directrice du centre d'accueil, nous accueille. La libération d'Avdeevka et des villages voisins fin février a fait sortir les habitants survivants des caves. Ils sont logés ici, dans les salles de classe, en attendant de retrouver leur logement ou d'en trouver un nouveau. Sur les 160 personnes hébergées, certaines ont déjà pu regagner Avdeevka. Aujourd'hui, c'est au tour de Nina Timofeevna, 85 ans et toute sa verve, de regagner son logis. Elle a vécu dans sa cave pendant deux ans en faisant du feu à même la rue. «Les soldats ukrainiens ne nous ont pas aidés du tout», assure-t-elle, tandis que l'armée russe a réparé son toit et les vitres de sa maison, si bien qu'elle peut y retourner, encadrée par deux soldats de la police militaire qui lui portent son barda. «Ce n'est pas une guerre, mais un massacre de civils. Ils veulent nous détruire.»</p> <p>Dans les couloirs, des bénévoles de l'Eglise orthodoxe déballent des cartons de vêtements, des bouteilles d'eau et de la nourriture. Dans les autres salles, des couples avec un beau chat aux yeux bleus, des vieillards. Une famille avec un jeune garçon de quatre ans. Elle s'est fait souffler son appartement par une roquette alors qu'elle essayait de trouver de la nourriture à l'extérieur. Le père était ouvrier et la mère comptable à la cokerie d'Avdeevka. Ils ont échappé à la mort par miracle et n'en reviennent pas encore d'avoir survécu... </p> <p>Sur le chemin du retour à Donetsk, la discussion porte sur la vie pendant la guerre et Evgueni m'apprend qu'à Marioupol le bataillon néonazi Azov avait ouvert dès 2014 une prison secrète dans un bâtiment de l'aéroport, appelée la «Bibliotheka», la Bibliothèque, parce que les victimes y étaient désignées comme des «livres», à l'image des nazis qui appelaient leurs victimes des «Stück». Selon les témoignages, des dizaines de personnes y ont été torturées et tuées pendant les huit années durant lesquelles les nationalistes tatoués de symboles nazis du bataillon ont fait la loi à Marioupol tandis que la police locale regardait ailleurs. Des investigations sont en cours pour identifier les victimes et la visite des locaux est suspendue. La presse russe en a parlé mais les médias occidentaux ont gardé le silence, de peur d'écorner le narratif des gentils Ukrainiens et des méchants russes.</p> <p>Deuxième constat: le Donbass fête en ce début avril le 10ème anniversaire de son soulèvement contre le régime de Kiev qui avait décrété la guerre au terrorisme contre lui. Des milliers de personnes, enfants, civils et combattants, ont été tuées. Donetsk a pris le surnom de «ville des héros». Après tant de sacrifices, les trois millions d'habitants de l'oblast se battront jusqu'au bout pour défendre leur république, quel qu'en soit le prix et quoi qu'on puisse penser d'eux en Occident.</p> <p style="text-align: right;"><strong><em>(Suite et fin la semaine prochaine.)</em></strong></p> <hr /> <h4>Lire aussi prochainement sur <a href="http://www.antipresse.net" target="_blank" rel="noopener">Antipresse</a> l'interview de Denis Pouchiline, chef de la République de Donetsk. </h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'marioupol-donetsk-lugansk-reportage-sur-le-front-du-donbass', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 71, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 15, 'person_id' => (int) 5708, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 9153, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Zelenski en discussion avec Jens Stoltenberg secrétaire général de lOTAN.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 564175, 'md5' => '40687d5c725679a50dc9b93cb3c0450b', 'width' => (int) 3000, 'height' => (int) 2000, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Volodymyr Zelensky et Jens Stoltenberg, Secrétaire général de l'OTAN.', 'author' => '', 'copyright' => '© DR', 'path' => '1648826163_zelenskiendiscussionavecjensstoltenbergsecrtairegnraldelotan.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 4959, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Toujours un plaisir de vous lire et honte d'être suisse et sa merde de justice, pseudo démocrato ', 'post_id' => (int) 3517, 'user_id' => (int) 440, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 4961, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Ps : les médias russes ne sont pas interdits en Suisse...', 'post_id' => (int) 3517, 'user_id' => (int) 287, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 4962, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Intéressant article qui - quoi que l'on pense de M. Mettan - mérite réflexion. Dommage que l'auteur n'arrive pas à s'empêcher de faire transpirer sa subjectivité et sens de la propagande avec des phrases aussi idiotes qu'inutiles telles que "et malgré les couacs et les pertes du début, l’opération russe aura été un succès et fera date dans l’histoire militaire". Quelques liens auraient aussi été bienvenus.', 'post_id' => (int) 3517, 'user_id' => (int) 335, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 4964, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Merci d'avoir par votre préambule attiré mon attention. J'en ai eu pour du vilain argent. Je conteste qu'on ait placé votre article sous le qualificatif d'analyse. Je n'y trouve qu'une épaisse couche de subjectivité tissée de russophile primaire croisée avec un antiaméricanisme secondaire ou le contraire. Guy Mettan avant toute vers l'est, je réponds à l'est rien de nouveau! Mais trêve de plaisanteries à défaut de cessez-le feu, sur le fond je n'ai rien appris de stimulant pour la construction de la paix et de la coexistence qu'on peut tous espérer entre les populations du sud au nord de l'ouest à l'est. ', 'post_id' => (int) 3517, 'user_id' => (int) 12553, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 4965, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Je rêve (en forme de cauchemar) : donc ce sont les Ukrainiens et les Américains qui "avaient décidé de déclencher la guerre", les Russes ont répondu de façon "magistrale", "Marioupol tenu par les régiments néonazis", Biden atteint de "sénilité". La voix de son maître.', 'post_id' => (int) 3517, 'user_id' => (int) 1306, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 4968, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => '@miwy par rapport à des liens pour étayer la position M. Mettan: https://www.nachdenkseiten.de/wp-content/uploads/2022/03/220331-Bossardt-Russische-Operation-in-UA-2022-Bericht-30-Mar.pdf https://www.freitag.de/autoren/gunnar-jeschke/putin-die-zeitenwende-eine-analyse On peut ne pas être d'accord avec ces analyses, mais on peut difficilement les classer sous "propagande" ', 'post_id' => (int) 3517, 'user_id' => (int) 3707, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 4969, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Texte remarquable de lucidité, que nous aurions souhaitée de la part du gouvernement suisse, qui maintenant nous a mis dans un beau pétrin ! J'ose une raison, à mes yeux essentielle, à la dérive de notre pays, et notamment à cette déplorable soumission aux diktats américains dont parle M. Mettan: "... car ayant connu Dieu, ils ne l'ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces; mais ils se sont égarés dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres. Se ventant d'être sages, ils sont devenus fous..." Romains 1: 21, 22 Christophe Demierre', 'post_id' => (int) 3517, 'user_id' => (int) 6639, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 4974, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Merci à BPLT de publier les analyses lucides de MM. Guy Mettan et Jacques Baud qui donnent un éclairage indispensable pour mieux comprendre les enjeux géopolitiques, stratégiques, militaires et commerciaux qui sous-tendent cette effroyable guerre en Ukraine. ', 'post_id' => (int) 3517, 'user_id' => (int) 4069, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 4975, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Lorsque Sarkozy a donné l'ordre d'exécuter mohamar Gaddafi comme un rat, on n'a pas beaucoup entendu ces donneurs de leçon démocrates, élever leur caquet!', 'post_id' => (int) 3517, 'user_id' => (int) 440, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 4976, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Et d'ailleurs, c'était le sommet de la perversion, car il est de notoriété publique que Gadaffi avait financé sa campagne...!', 'post_id' => (int) 3517, 'user_id' => (int) 440, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 4981, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Merci pour cet article qui devrait réveiller certains esprits. L'homme est toujours un faux-cul donnant de l'argent pour soutenir les sinistrés et fabriquant des armes pour panser les blessures. Il est claire qu'en augmentant le potentiel armé, nous allons arriver à la paix ! Je ne peux plus me reconnaitre dans la politique de la Suisse actuelle qui se couche devant les Etats-Unis et n'ose plus s'affirmer.', 'post_id' => (int) 3517, 'user_id' => (int) 10645, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 4982, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'M. Mettan, Vous nous demandez de ne pas être aveuglé par le discours majoritaire en Occident, à savoir que l'Ukraine n'est qu'une victime des méchants russes, et c'est tant mieux. Ceci ne permet aucunement de justifier le cynisme de Vladimir (même prénom que moi - pas toujours facile à porter ces jours !) Poutine et ses sbires, qui affirmaient encore jusqu'au 23 février qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter, que le troupes à la frontière n'étaient qu'un exercice des troupes russes, avec le concours de la Biélorussie. Le délai très court entre l'annonce du début des "opérations spéciales" et l'avancée des premières troupes fait furieusement penser à l'invasion de la Pologne en 1939, même si depuis les moyens de surveillance et de communication n'ont plus rien de comparable. Il est tout à fait vrai qu'on omet chez nous les vexations des russophones qui parlent ou écrivent leur langue, pourtant si proche de l'Ukrainien, même dans des régions majoritairement russes. Le découpage de ces 2 pays ne représente pas grand chose, tant du point de vue historique, que politique ou de ses habitants, tant il y a un continuum d'habitants, de dialectes russes, un mélange de peuples slaves chahutés par l'histoire et le rouleau compresseur communiste. Il y a peu d'enfants de coeur dans chacun des camps, mais le ukrainiens ont été beaucoup plus compétents pour attirer la sympathie des démocraties occidentales. Ceci dit, la tyrannie de Putine (Put-ler comme l'appellent bon nombre de ses détracteurs) ne fait que peu de doutes. L'homme très vraisemblablement le plus riche du monde (200 Mrd de fortune directe et surtout indirecte) est un tyran qui rêve de grandeur et de retrouver l'empire soviétique. Les lois liberticides contre la liberté de presse et antidémocratique ne peuvent être mais en doute. Outre les questions des sanctions et de l'alignement de la Suisse, se pose la question cruciale de notre dépendance de junkie aux énergies fossiles. Nous en sommes totalement dépendant et risquons un effondrement total de notre économie si nous coupons le robinet trop vite. Le meilleur moyen de limiter la capacité de nuisance de la Russie, tout en préservant l'avenir de notre terre est de mettre le turbo pour nous libérer de cette dépendance. Malgré les augmentations de prix, on n'a pas l'impression que les habitations sont moins chauffées ni que les routes désertes. Ceci explique aussi très clairement pourquoi les régions qui n'ont aucune ressource qui abreuvent nos économies (pétrole, ou minerais en priorité) n'intéressent pas grand monde et ne font pas les gros titres, ni ne bénéficient d'un quelconque soutien politique.', 'post_id' => (int) 3517, 'user_id' => (int) 3521, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 5451, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Bravo ! Que dire d'autre... ? Tout est dit, avec brio. Merci ! Alors certes, la propagande ukrainienne est efficace, mais je m'étonne quand même de la naïveté de mes compatriotes ! On dirait que tout esprit critique c'est soudain évaporé de leur esprit ! Comme si les manigances du "grand satan" étaient dégagées d'un revers du bras en disant: "mais non, ce n'est pas possible, c'est trop gros". Alors que justement, "plus c'est gros, plus ça passe !"', 'post_id' => (int) 3517, 'user_id' => (int) 207, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' } ] $author = 'Guy Mettan' $description = 'Alors que les pourparlers semblent progresser et que s’esquissent les premiers contours d’une solution possible en Ukraine (neutralisation et démilitarisation partielle du pays, abandon du Donbass et de la Crimée), on commence à mieux cerner les tenants et aboutissants du conflit. Cela posé, il ne faut pas s’attendre à un cessez-le-feu rapide: les Américains et les Ukrainiens n’ont pas encore assez perdu, et les Russes pas encore assez gagné, pour que les hostilités s’arrêtent.' $title = 'La Zelenskimania et l’image ravagée de la Suisse' $crawler = true $connected = null $menu_blocks = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 56, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => '#Trends', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_tags', 'extern_url' => null, 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'posts' => [[maximum depth reached]], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 55, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => 'Les plus lus cette semaine', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_highlight', 'extern_url' => null, 'tags' => [[maximum depth reached]], 'posts' => [ [maximum depth reached] ], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' } ] $menu = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 2, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'A vif', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 4, 'description' => 'Lorsque nos auteurs ont envie de réagir sur le vif à un événement, des concerts aux disparitions célèbres, ils confient leurs écrits à la rubrique "A vif", afin que ceux-ci soient publiés dans l’instant.', 'slug' => 'a-vif', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 3, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Chronique', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => '<p>La réputation des chroniqueurs de Bon pour la tête n’est plus à faire: Tout va bien, Le billet du Vaurien, la chronique de JLK, ou encore Migraine et In#actuel, il y en a pour tous les goûts!</p>', 'slug' => 'chroniques', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 4, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Lu ailleurs', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => 'Pourquoi ne pas mettre en avant nos collègues lorsque l'on est sensibles à leur travail? Dans la rubrique « Lu ailleurs » vous trouverez des reprises choisies par la rédaction et remaniées façon BPLT.', 'slug' => 'ailleurs', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 5, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Actuel', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 1, 'description' => 'Bon pour la tête n’a pas vocation à être un site d’actualité à proprement parler, car son équipe prend le temps et le recul nécessaire pour réagir à l’information.', 'slug' => 'actuel', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 6, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Culture', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'culture', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 7, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Vos lettres', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 6, 'description' => 'Bon pour la tête donne la parole à ses lecteurs, qu’ils aient envie de partager leur avis, pousser un coup de gueule ou contribuer à la palette diversifiée d’articles publiés. A vous de jouer!', 'slug' => 'vos-lettres-a-bon-pour-la-tete', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Analyse', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'analyse', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 10, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Science', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'sciences', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 1, 'rght' => (int) 2, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 11, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Histoire', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'histoire', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 3, 'rght' => (int) 4, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 12, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Humour', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'humour', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 5, 'rght' => (int) 6, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 13, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Débat', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'debat', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 7, 'rght' => (int) 8, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 14, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Opinion', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'opinion', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 9, 'rght' => (int) 10, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 15, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Reportage', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'reportage', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 11, 'rght' => (int) 12, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' } ] $tag = object(App\Model\Entity\Tag) { 'id' => (int) 804, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Ukraine', 'slug' => 'ukraine', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Tags' } $edition = object(App\Model\Entity\Edition) { 'id' => (int) 55, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'num' => (int) 54, 'active' => true, 'title' => 'Edition 54', 'header' => null, '_joinData' => object(App\Model\Entity\EditionsPost) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Editions' }include - APP/Template/Posts/view.ctp, line 147 Cake\View\View::_evaluate() - CORE/src/View/View.php, line 1435 Cake\View\View::_render() - CORE/src/View/View.php, line 1393 Cake\View\View::render() - CORE/src/View/View.php, line 892 Cake\Controller\Controller::render() - CORE/src/Controller/Controller.php, line 791 Cake\Http\ActionDispatcher::_invoke() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 126 Cake\Http\ActionDispatcher::dispatch() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 94 Cake\Http\BaseApplication::__invoke() - CORE/src/Http/BaseApplication.php, line 256 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 App\Middleware\IpMatchMiddleware::__invoke() - APP/Middleware/IpMatchMiddleware.php, line 28 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\RoutingMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/RoutingMiddleware.php, line 164 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cors\Routing\Middleware\CorsMiddleware::__invoke() - ROOT/vendor/ozee31/cakephp-cors/src/Routing/Middleware/CorsMiddleware.php, line 32 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\AssetMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/AssetMiddleware.php, line 88 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Warning: file_put_contents(/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/logs/debug.log) [function.file-put-contents]: failed to open stream: Permission denied in /data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/vendor/cakephp/cakephp/src/Log/Engine/FileLog.php on line 133
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
13 Commentaires
@willoft 01.04.2022 | 00h31
«Toujours un plaisir de vous lire et honte d'être suisse et sa merde de justice, pseudo démocrato »
@Clive 01.04.2022 | 04h39
«Ps : les médias russes ne sont pas interdits en Suisse...»
@miwy 01.04.2022 | 05h56
«Intéressant article qui - quoi que l'on pense de M. Mettan - mérite réflexion. Dommage que l'auteur n'arrive pas à s'empêcher de faire transpirer sa subjectivité et sens de la propagande avec des phrases aussi idiotes qu'inutiles telles que "et malgré les couacs et les pertes du début, l’opération russe aura été un succès et fera date dans l’histoire militaire". Quelques liens auraient aussi été bienvenus.»
@Latombe 01.04.2022 | 09h26
«Merci d'avoir par votre préambule attiré mon attention. J'en ai eu pour du vilain argent. Je conteste qu'on ait placé votre article sous le qualificatif d'analyse.
Je n'y trouve qu'une épaisse couche de subjectivité tissée de russophile primaire croisée avec un antiaméricanisme secondaire ou le contraire. Guy Mettan avant toute vers l'est, je réponds à l'est rien de nouveau!
Mais trêve de plaisanteries à défaut de cessez-le feu, sur le fond je n'ai rien appris de stimulant pour la construction de la paix et de la coexistence qu'on peut tous espérer entre les populations du sud au nord de l'ouest à l'est.
»
@yvesmagat 01.04.2022 | 09h37
«Je rêve (en forme de cauchemar) : donc ce sont les Ukrainiens et les Américains qui "avaient décidé de déclencher la guerre", les Russes ont répondu de façon "magistrale", "Marioupol tenu par les régiments néonazis", Biden atteint de "sénilité". La voix de son maître.»
@Da_S 01.04.2022 | 10h46
«@miwy
par rapport à des liens pour étayer la position M. Mettan:
https://www.nachdenkseiten.de/wp-content/uploads/2022/03/220331-Bossardt-Russische-Operation-in-UA-2022-Bericht-30-Mar.pdf
https://www.freitag.de/autoren/gunnar-jeschke/putin-die-zeitenwende-eine-analyse
On peut ne pas être d'accord avec ces analyses, mais on peut difficilement les classer sous "propagande"
»
@Christode 01.04.2022 | 12h18
«Texte remarquable de lucidité, que nous aurions souhaitée de la part du gouvernement suisse, qui maintenant nous a mis dans un beau pétrin !
J'ose une raison, à mes yeux essentielle, à la dérive de notre pays, et notamment à cette déplorable soumission aux diktats américains dont parle M. Mettan:
"... car ayant connu Dieu, ils ne l'ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces; mais ils se sont égarés dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres. Se ventant d'être sages, ils sont devenus fous..." Romains 1: 21, 22
Christophe Demierre»
@Qovadis 01.04.2022 | 17h06
«Merci à BPLT de publier les analyses lucides de MM. Guy Mettan et Jacques Baud qui donnent un éclairage indispensable pour mieux comprendre les enjeux géopolitiques, stratégiques, militaires et commerciaux qui sous-tendent cette effroyable guerre en Ukraine. »
@willoft 01.04.2022 | 17h54
«Lorsque Sarkozy a donné l'ordre d'exécuter mohamar Gaddafi comme un rat, on n'a pas beaucoup entendu ces donneurs de leçon démocrates, élever leur caquet!»
@willoft 01.04.2022 | 17h58
«Et d'ailleurs, c'était le sommet de la perversion, car il est de notoriété publique que Gadaffi avait financé sa campagne...!»
@marcello 02.04.2022 | 19h05
«Merci pour cet article qui devrait réveiller certains esprits.
L'homme est toujours un faux-cul donnant de l'argent pour soutenir les sinistrés et fabriquant des armes pour panser les blessures. Il est claire qu'en augmentant le potentiel armé, nous allons arriver à la paix !
Je ne peux plus me reconnaitre dans la politique de la Suisse actuelle qui se couche devant les Etats-Unis et n'ose plus s'affirmer.»
@vladm 04.04.2022 | 15h46
«M. Mettan,
Vous nous demandez de ne pas être aveuglé par le discours majoritaire en Occident, à savoir que l'Ukraine n'est qu'une victime des méchants russes, et c'est tant mieux.
Ceci ne permet aucunement de justifier le cynisme de Vladimir (même prénom que moi - pas toujours facile à porter ces jours !) Poutine et ses sbires, qui affirmaient encore jusqu'au 23 février qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter, que le troupes à la frontière n'étaient qu'un exercice des troupes russes, avec le concours de la Biélorussie.
Le délai très court entre l'annonce du début des "opérations spéciales" et l'avancée des premières troupes fait furieusement penser à l'invasion de la Pologne en 1939, même si depuis les moyens de surveillance et de communication n'ont plus rien de comparable.
Il est tout à fait vrai qu'on omet chez nous les vexations des russophones qui parlent ou écrivent leur langue, pourtant si proche de l'Ukrainien, même dans des régions majoritairement russes. Le découpage de ces 2 pays ne représente pas grand chose, tant du point de vue historique, que politique ou de ses habitants, tant il y a un continuum d'habitants, de dialectes russes, un mélange de peuples slaves chahutés par l'histoire et le rouleau compresseur communiste.
Il y a peu d'enfants de coeur dans chacun des camps, mais le ukrainiens ont été beaucoup plus compétents pour attirer la sympathie des démocraties occidentales.
Ceci dit, la tyrannie de Putine (Put-ler comme l'appellent bon nombre de ses détracteurs) ne fait que peu de doutes. L'homme très vraisemblablement le plus riche du monde (200 Mrd de fortune directe et surtout indirecte) est un tyran qui rêve de grandeur et de retrouver l'empire soviétique. Les lois liberticides contre la liberté de presse et antidémocratique ne peuvent être mais en doute.
Outre les questions des sanctions et de l'alignement de la Suisse, se pose la question cruciale de notre dépendance de junkie aux énergies fossiles. Nous en sommes totalement dépendant et risquons un effondrement total de notre économie si nous coupons le robinet trop vite. Le meilleur moyen de limiter la capacité de nuisance de la Russie, tout en préservant l'avenir de notre terre est de mettre le turbo pour nous libérer de cette dépendance. Malgré les augmentations de prix, on n'a pas l'impression que les habitations sont moins chauffées ni que les routes désertes.
Ceci explique aussi très clairement pourquoi les régions qui n'ont aucune ressource qui abreuvent nos économies (pétrole, ou minerais en priorité) n'intéressent pas grand monde et ne font pas les gros titres, ni ne bénéficient d'un quelconque soutien politique.»
@stef 14.10.2022 | 15h10
«Bravo ! Que dire d'autre... ?
Tout est dit, avec brio. Merci !
Alors certes, la propagande ukrainienne est efficace, mais je m'étonne quand même de la naïveté de mes compatriotes !
On dirait que tout esprit critique c'est soudain évaporé de leur esprit !
Comme si les manigances du "grand satan" étaient dégagées d'un revers du bras en disant: "mais non, ce n'est pas possible, c'est trop gros".
Alors que justement, "plus c'est gros, plus ça passe !"»