
La police militaire taïwanaise. © DR
C’est peu dire que les tensions sont vives en ce moment en mer de Chine. Il ne se passe pas une semaine sans que les médias ne relaient des informations autour d’un déploiement de flotte américaine en Asie, l’installation de lance-missiles sur des îles japonaises ou encore le déroulement d’exercices militaires chinois autour de Taïwan. La «poudrière asiatique» comme on l’appelle est plus susceptible d’exploser que jamais et la Chine est très attentive aux événements se déroulant en ce moment en Ukraine. Voyant la faiblesse manifeste des Etats-Unis et du camp occidental face à l’opération russe en Ukraine, les Chinois seraient tentés de profiter de cette fenêtre pour remettre définitivement la main sur Taïwan, de manière diplomatique ou par la force. Et c’est dans ce contexte qu’il est intéressant de se pencher sur la stratégie de défense de ce qui est encore considéré aujourd’hui comme «la République de Chine» en opposition à «la République Populaire de Chine» qui est la Chine «continentale». Curieusement, bien que le contexte historique soit très différent, Taïwan s’inspire en partie pour sa stratégie de défense d’un concept bien connu en Suisse depuis la deuxième guerre mondiale, le réduit national. Décryptage.
Mettons les choses au clair immédiatement: il y a 80 ans d’écart entre la Seconde guerre mondiale et l’ère actuelle. En d’autres termes, les technologies, les opinions publiques, la diplomatie, la circulation de l’information ou encore l’aménagement du territoire diffèrent énormément entre les deux contextes. Les comparaisons vont forcément être limitées par ces facteurs et il faut noter que les gouvernements et sociologies de ces peuples n’ont rien à voir. Pas question donc, de comparer la Chine actuelle à l’Allemagne nazie ou encore Taïwan à la Suisse des années 1940 car cela serait factuellement faux. Une fois cet élément posé, comparons ce qui est comparable afin de se rendre compte des similarités conceptuelles qui existent entre la préparation actuelle de Taïwan et la défense de la Confédération organisée par le général Guisan en 1940.
Premièrement, il s’agit de conflits asymétriques. En effet, la Chine, tout comme l’Allemagne de 1940, est beaucoup plus puissante que son voisin, que ce soit au niveau du nombre d’hommes que du matériel. Ne pouvant se battre à armes égales, la Suisse et Taïwan sont contraints de mettre sur pied la stratégie de défense la plus dissuasive possible pour éviter le combat frontal. Les Taïwanais appellent cela «la stratégie du porc-épic». Cette image illustrant parfaitement la mentalité taïwanaise actuelle n’est pas sans rappeler le discours de l’état-major helvétique aux officiers supérieurs du Reich au moment des négociations de juin 19401.
Pour résumer très grossièrement, la Suisse a tenu la position suivante face à l’Allemagne: oui, vous êtes plus forts et vous réussirez sûrement à occuper en grande partie le plateau suisse ainsi que les plus grandes villes du pays. Mais 1) vous ne tiendrez jamais tout le territoire à cause du réduit national (on y reviendra plus tard) et 2) la dépense d’hommes, de matériel et d’énergie sera tellement grande qu’elle n’en vaut pas le coup par rapport à ce que vous pourriez y gagner et il est bien plus rentable pour vous que nous restions neutres et indépendants.
Et c’est précisément ce qu’essaie de faire Taïwan en ce moment, rendre le rapport coût / bénéfice le plus insupportable possible pour la Chine.
Concrètement, sur le plan opératif, que peut Taïwan pour parvenir à cet objectif stratégique, en plus de conclure des alliances qui, on l’a vu dernièrement, peuvent servir mais trouvent très vite leurs limites face à un pays aussi important sur la scène internationale que la Chine? D’ailleurs, mis à part l’héroïsme de certaines poches de résistance françaises qui continuaient à se battre en juin 1940, personne n’est venu au secours d’une Suisse menacée par le Reich, alors en pleine ascension et presque tout-puissant en Europe occidentale (la Grande-Bretagne exceptée). Il y a donc fort à parier que si invasion il y a, les Taïwanais, bien que soutenus par leurs alliés occidentaux, devront défendre leur île eux-mêmes. Il faut d’abord signaler que, comme en Suisse, les habitants de Taïwan sont très bien formés au maniement des armes et à la pratique d’opérations militaires. En effet, jusqu’en 2016, le service militaire était obligatoire pour tous les hommes taïwanais et il n’a été aboli officiellement que récemment au profit d’une armée de volontaires (même si dans les faits, le service est encore quasi-obligatoire, l’armée taïwanaise ayant des difficultés à remplir ses effectifs uniquement sur la base du volontariat).
Ensuite, il y a cette fameuse tactique du «réduit national», bien connue des Suisses qui avaient prévu de se replier dans les Alpes et les zones du pays difficiles d’accès pour l’armée allemande afin d’y mener une guérilla sur un terrain plus favorable aux défenseurs. Peu de personnes le savent, mais une partie de l’île de Taïwan, essentiellement la façade orientale, est composée de collines et de forêts très prisées par les touristes et les résidents de l’île. D’après les rumeurs et déclarations propagées par l’état-major taïwanais, de nombreux bunkers et places fortes ont été aménagés dans ces collines pour servir de points durs en cas d’invasion.
Les comparaisons entre les deux territoires, la Suisse et Taïwan, ne s’arrêtent pas là, car il y a aussi l’aspect amphibie. En effet, si la Suisse n’est pas entourée par la mer comme Taïwan, elle est bordée de rivières et de lacs qui servent de frontières naturelles et qu’il faut franchir pour entrer avec des chars sur le territoire. En juin 1940, le général Guisan avait menacé de faire sauter la plupart des ponts sur le Rhin en cas d’invasion de l’Allemagne, afin de rendre la traversée du fleuve la plus pénible possible pour les blindés allemands. Il en va de même pour Taïwan qui a miné une bonne partie de ses côtes et plages occidentales (celles qui font face à la Chine) dans l’unique but de ralentir au maximum la progression des navires de débarquement chinois.
Enfin, il y a la dimension urbaine des combats. Si Taïwan est bien plus peuplé que ne l’était la Suisse de 1940, il est bon de noter que ce sont deux territoires relativement denses, si l’on considère uniquement le territoire «habitable» (environ 50% du territoire helvétique est inhabitable: lacs, glaciers, montagnes, etc.). De manière très prosaïque, il est bien plus facile pour un envahisseur de progresser sur de grandes plaines comme en Ukraine que dans des zones urbanisées, car la formation de poches de résistance y est bien plus aisée. Taïwan, comme la Suisse, compte donc sur son aménagement du territoire pour rendre la progression de troupes ennemies la plus lente et coûteuse en hommes et en matériel possible, d’autant plus si ledit envahisseur souhaite limiter les dégâts, sachant qu’il devra tout reconstruire par la suite en cas de réussite de l’opération d’invasion.
Pour conclure, il est évident que la situation de Taïwan en cas d’invasion se rapproche beaucoup plus de la Suisse de 1940 que de l’Ukraine actuelle, que ce soit pour des raisons topographiques, stratégiques ou d’urbanisme. L’Ukraine, de par son territoire peu dense, très plat et facile d’accès, rend très difficile la mise en place des concepts de défense développés par la Suisse et qui lui ont permis en partie d’avorter une tentative d’invasion allemande à l’époque. Taïwan mise donc sur sa technologie et ses alliances d’un côté mais surtout sur son peuple, sa préparation et son territoire de l’autre afin de dissuader la Chine de commettre l’irréparable. Sans prendre parti dans ce conflit, il faut espérer que la «poudrière asiatique» n’explose jamais, car cela entraînerait, pour le monde entier, des répercussions économiques, sanitaires et humanitaires de nature sismique, bien plus néfastes et significatives que celles provoquées par l’opération russe en Ukraine. Pourquoi?
D’abord, la Chine est, de loin, le plus grand transformateur de matières premières au monde et le premier exportateur de produits manufacturés, dont certains sont de première nécessité dans notre société (médicaments, alimentation, smartphones, ordinateurs, etc.). Imposer des sanctions à une telle puissance économique serait comme se tirer une balle dans chaque pied en termes de pouvoir d’achat ainsi que de circulation des marchandises à l'échelle mondiale. Ensuite, une opération militaire menée par la Chine à Taïwan causerait une perturbation majeure sur le marché des semi-conducteurs, élément souvent mésestimé mais pourtant crucial de l’économie actuelle. Or il se trouve que le premier producteur au monde de semi-conducteurs, c’est justement Taïwan, dont l’économie est spécialisée dans ce secteur. On y trouve les usines les plus avancées du monde dans la gravure au laser de ces circuits utilisés dans la plupart des appareils électroniques. Un embargo de la Chine sur Taïwan ou pire, des bombardements aériens massifs sur l’île créeraient immédiatement un choc économique qui peut, potentiellement, être le plus violent du siècle. Affaire à suivre donc...
1Lire à ce sujet l’excellent ouvrage d’Edouard Falletti, «L’encerclement de la Suisse» aux éditions Cabédita / collection Archives vivantes 2010.
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Il en va de même pour Taïwan qui a miné une bonne partie de ses côtes et plages occidentales (celles qui font face à la Chine) dans l’unique but de ralentir au maximum la progression des navires de débarquement chinois.</p> <p>Enfin, il y a la dimension urbaine des combats. Si Taïwan est bien plus peuplé que ne l’était la Suisse de 1940, il est bon de noter que ce sont deux territoires relativement denses, si l’on considère uniquement le territoire «habitable» (environ 50% du territoire helvétique est inhabitable: lacs, glaciers, montagnes, etc.). De manière très prosaïque, il est bien plus facile pour un envahisseur de progresser sur de grandes plaines comme en Ukraine que dans des zones urbanisées, car la formation de poches de résistance y est bien plus aisée. Taïwan, comme la Suisse, compte donc sur son aménagement du territoire pour rendre la progression de troupes ennemies la plus lente et coûteuse en hommes et en matériel possible, d’autant plus si ledit envahisseur souhaite limiter les dégâts, sachant qu’il devra tout reconstruire par la suite en cas de réussite de l’opération d’invasion.</p> <p>Pour conclure, il est évident que la situation de Taïwan en cas d’invasion se rapproche beaucoup plus de la Suisse de 1940 que de l’Ukraine actuelle, que ce soit pour des raisons topographiques, stratégiques ou d’urbanisme. L’Ukraine, de par son territoire peu dense, très plat et facile d’accès, rend très difficile la mise en place des concepts de défense développés par la Suisse et qui lui ont permis en partie d’avorter une tentative d’invasion allemande à l’époque. Taïwan mise donc sur sa technologie et ses alliances d’un côté mais surtout sur son peuple, sa préparation et son territoire de l’autre afin de dissuader la Chine de commettre l’irréparable. Sans prendre parti dans ce conflit, il faut espérer que la «poudrière asiatique» n’explose jamais, car cela entraînerait, pour le monde entier, des répercussions économiques, sanitaires et humanitaires de nature sismique, bien plus néfastes et significatives que celles provoquées par l’opération russe en Ukraine. Pourquoi?</p> <p>D’abord, la Chine est, de loin, le plus grand transformateur de matières premières au monde et le premier exportateur de produits manufacturés, dont certains sont de première nécessité dans notre société (médicaments, alimentation, smartphones, ordinateurs, etc.). Imposer des sanctions à une telle puissance économique serait comme se tirer une balle dans chaque pied en termes de pouvoir d’achat ainsi que de circulation des marchandises à l'échelle mondiale. Ensuite, une opération militaire menée par la Chine à Taïwan causerait une perturbation majeure sur le marché des semi-conducteurs, élément souvent mésestimé mais pourtant crucial de l’économie actuelle. Or il se trouve que le premier producteur au monde de semi-conducteurs, c’est justement Taïwan, dont l’économie est spécialisée dans ce secteur. On y trouve les usines les plus avancées du monde dans la gravure au laser de ces circuits utilisés dans la plupart des appareils électroniques. Un embargo de la Chine sur Taïwan ou pire, des bombardements aériens massifs sur l’île créeraient immédiatement un choc économique qui peut, potentiellement, être le plus violent du siècle. 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Quand il est question d’hydrogène comme vecteur énergétique, nous parlons de dihydrogène (H<sub>2</sub>), sous forme de gaz. S’il existe quelques poches d’hydrogène dans la nature, la grande majorité de l’hydrogène consommé sur Terre est créé par des processus industriels, plus ou moins polluants selon les méthodes. Ce qui nous intéresse dans le cadre de cet article et du futur énergétique de la Suisse et potentiellement du monde, c’est ce qu’on appelle l’hydrogène «vert», qui est produit à partir de l’électrolyse de l’eau, procédé qui demande une grande quantité d’électricité. Si cette électrolyse est effectuée avec de l’électricité décarbonée (énergies renouvelables intermittentes, nucléaire ou hydroélectricité par exemple), nous pouvons parler d’hydrogène décarboné ou «vert». 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En effet, si pour la petite mobilité individuelle (vélo électrique, moto, petite voiture citadine), les batteries représentent une solution envisageable à large échelle, ce n’est pas le cas pour la mobilité «lourde» comme les camionnettes, les camions et les grosses voitures (Cf. <a href="https://bonpourlatete.com/analyse/pourquoi-la-voiture-electrique-est-une-absurdite-ecologique" target="_blank" rel="noopener">mon article du 21 octobre 2022</a> sur la voiture électrique). L’énergie hydrogène pourrait être très utile pour remplacer le diesel pour ce type de transport, notamment dans les pays qui ne possèdent pas de source d’hydrocarbures, comme la Suisse par exemple. L’hydrogène comme carburant n’émet que de la vapeur d’eau et représente donc un carburant totalement écologique, pour autant qu’il soit produit avec des énergies décarbonées. 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Comme l’électricité ne se stocke pas ou très mal, il est intéressant d’avoir la possibilité de la transformer en hydrogène pour l'utiliser à un autre moment.</p> <p>Cependant, la démocratisation de l’hydrogène dans notre mix énergétique est limitée par plusieurs problèmes techniques et économiques. Premièrement, il y a la problématique du stockage. En effet, l’hydrogène étant le gaz le plus léger de l’univers, il faut soit le liquéfier, soit le mettre sous très haute pression pour pouvoir le distribuer, le transporter et l’entreposer correctement. Tous ces processus sont très énergivores, et donc peu idéaux en période de frugalité énergétique. L’hydrogène est également un gaz très inflammable et présente de gros risques dans le domaine de la mobilité où les accidents peuvent être fréquents. Enfin, il y a la question du rendement. 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Si cette solution vous intéresse, vous pouvez écouter sur Radiolibre.ch l’épisode de mon podcast «Durabilité: et maintenant, qu’est-ce qu’on fait?» consacré à l’hydrogène comme vecteur énergétique, avec comme invité Aris Maroonian, fondateur de la start-up Neology, <a href="https://radiolibre.ch/podcast/la-revolution-hydrogene-dans-lenergie-aris-maroonian-neology/" target="_blank" rel="noopener">via ce lien</a>.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Article sur l’hydrogène dans la transition énergétique sur <a href="https://blog.romande-energie.ch/fr/comprendre-l-energie/152-hydrogene-transition-energetique" target="_blank" rel="noopener">le blog de romande énergie.</a></h4> <h4><sup>2</sup>«Hydrogène, le nouveau pétrole», Thierry Lepercq, Editions du Cherche-Midi, 2019.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-limites-et-possibilites-de-l-hydrogene-comme-vecteur-d-energie', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 565, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 13318, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4019, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => '«Avatar 2», un film hors du temps', 'subtitle' => 'Treize ans après le succès historique du premier opus, la licence Avatar revient sur le grand écran avec «Avatar, la voie de l’eau» sorti le 14 décembre dernier au cinéma. S’il est encore un peu tôt pour dire si cette suite dépassera les sommets atteints par l’original au niveau commercial, nous pouvons d’ores et déjà dire que c’est un film hors du temps, que ce soit au niveau de sa conception, de sa durée et du contexte hollywoodien actuel. Explications. ', 'subtitle_edition' => 'Treize ans après le succès historique du premier opus, la licence Avatar revient sur le grand écran avec «Avatar, la voie de l’eau» sorti le 14 décembre dernier au cinéma. S’il est encore un peu tôt pour dire si cette suite dépassera les sommets atteints par l’original au niveau commercial, nous pouvons d’ores et déjà dire que c’est un film hors du temps, que ce soit au niveau de sa conception, de sa durée et du contexte hollywoodien actuel. Explications. ', 'content' => '<p>Treize ans, voilà le temps qui séparent les deux premiers films <em>Avatar</em>, soit une éternité pour les fans les plus assidus de la franchise crée par le réalisateur à succès canadien, James Cameron (<em>Titanic</em>, <em>Terminator</em>, <em>Aliens</em>). Aucune production cinématographique grand public n’avait suscité une aussi longue attente depuis <em>Star Wars</em>, puisqu’il y a 16 ans entre la fin de la trilogie originale (1983) et le premier épisode de la «prélogie» (1999). Et les attentes étaient grandes puisque James Cameron avait annoncé très tôt son souhait de produire de nombreuses suites à <em>Avatar</em> après le succès gigantesque de ce dernier dans les salles obscures en 2009. Après de nombreux reports et des effets d’annonces pour le moins chaotiques, la série des quatre suites d’<em>Avatar</em> est enfin lancée et devrait se poursuivre jusqu’en 2028 si tout va bien, à coup d’une sortie tous les deux ans. 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Il aurait été aisé de céder à la facilité en produisant des suites à la pelle dans un univers si étendu qu’est celui d’Avatar et de surfer immédiatement sur le succès générationnel du premier film, mais une autre direction a été choisie et qui démontre que cela est possible (même si ce n’est pas donné à tout le monde évidemment).</p> <h3>Un film de 3h12</h3> <p>Mais si <em>Avatar, la voie de l’eau</em> est un projet hors du temps, ce n’est pas seulement de par sa conception, c’est aussi dans son contenu. Pour commencer, le film dure 3h12 et prend son temps pour présenter ses nouveaux personnages et le nouvel environnement dans lequel vont évoluer les protagonistes. Si quelques passages au début et à la fin du film sont plus rapidement expédiés (car il a fallu faire des choix au montage on l’imagine), ce film prends un temps d’exposition très rare pour une super production hollywoodienne moderne. Plus marquant encore, James Cameron assume les positions prises dans le premier film en allant encore plus loin dans son message écologiste, «animaliste», anticolonialiste et anticapitaliste consumériste sans limite. Pourtant, le monde culturel occidental n’est plus le même depuis 2009, au sein duquel les discours aseptisés et lisses sont devenus la norme. Si certains messages sont assénés parfois avec un manque de subtilité évidents, comme par exemple la dénonciation de la chasse à la baleine, Cameron a le mérite d’assumer ses convictions. Plus étonnants encore, <em>Avatar</em> échappe, pour l’instant encore, aux ravages de l’idéologie woke, très en vogue actuellement à Hollywood, en témoigne les scandales entourant la série <em>Les Anneaux de pouvoir</em> sortie en 2022 sur la plateforme Amazon Prime. 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Comment ce sentiment négatif, ce trouble psychologique, s’implante-t-il toujours plus solidement?', 'content' => '<p>Pour commencer, il est important de faire une précision: en l'état actuel des connaissances de la médecine et de la psychiatrie, l’éco-anxiété <a href="https://presse.inserm.fr/leco-anxiete-une-maladie-mentale-vraiment-2/44466/">n’est pas reconnue</a> comme une maladie. Cela signifie qu’il y a bien une construction sociale ou un quelconque phénomène de déconstruction ou de perturbation dans la société expliquant le développement de ce trouble mental. D’après les dernières recherches et statistiques effectuées dans le monde occidental, l’éco-anxiété touche particulièrement les jeunes, même si les chiffres exacts sont difficiles à estimer, tant le phénomène est structurel, social et diffus dans la population. 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L’éco-anxiété est donc un phénomène construit, produit de son époque et qui fait des ravages psychologiques dans une partie de la population occidentale avec des symptômes qui vont de la dépression à la paralysie sociale, en passant par la colère, la révolte ou le fait de se priver d’avoir des enfants, non pas par envie personnelle, mais par crainte de l’avenir et sentiment de ne pas pouvoir transmettre un monde meilleur à ses descendants.</p> <p>Ce phénomène est aujourd’hui devenu un véritable enjeu de santé publique et surtout de société, tant il peut peser sur tous les aspects de la vie courante (carrière professionnelle, vie de famille, espérances et projets d’avenir, etc.) Si l'inquiétude quant à la qualité de notre environnement pour les années à venir peut servir de multiplicateur motivationnel pour les citoyens sensibles à cette problématique, elle peut aussi servir le contrôle social de la population dans une période de crises systémiques et de troubles sociaux économiques. 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La disparition de la biodiversité, les événements climatiques extrêmes, la pollution des océans, la fonte des glaciers… les exemples d’images, articles, reportages, annonces politiques, programmes de sensibilisation scolaires sont légions aujourd’hui et plus personne ou presque dans nos sociétés ultra-connectées n’ignore l'existence des problématiques environnementales. Un sentiment de catastrophisme permanent est distillé dans les médias, parfois de manière justifiée, d’autres fois moins. Le fait est que la population des pays dits «développés» est de plus en plus sensible aux problématiques écologiques, notamment par l’influence des médias.</p> <p>D’un autre côté, une certaine frange des militants «écologiques» et des autorités font culpabiliser la population pour son absence d’efforts. Mais les individus sont également conscients que tout ne peut pas passer par eux et qu’une partie des solutions est dans les mains des autorités. Et que s’est-il passé de ce côté? Si l’on regarde bien, malgré quelques améliorations marginales, pas grand-chose. Pour preuve: aucune remise en cause du libre-échange, de la poursuite effrénée d’un modèle économique basé sur la consommation et la possession de biens, particulièrement pour les classes les plus privilégiées, promotion du modèle consumériste, exploitation de plus en plus intensive des ressources, etc. Cette incohérence entre le discours ambiant alarmiste sur les questions écologiques et l’inertie, voire la fuite en avant, de nos sociétés sur ces enjeux est à la base de cette massification de l’éco-anxiété chez les citoyens. On ne peut pas d’un côté expliquer aux citoyens la gravité et l’urgence des questions environnementales, leur dire qu’ils en sont en partie responsables, et de l’autre promouvoir la continuité d’un système qui est précisément à l'origine de la dégradation de l'environnement. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@Roger R. 09.09.2022 | 06h50
«Intéressante comparaison si nous lisons
bien les réserves décrites en introduction.
Merci aussi pour la proposition de lecture (« L’encerclement de la Suisse »).
»
@simone 14.09.2022 | 09h09
«Merci de cet éclairage tout à fait inattendu et très intéressant.
Suzette Sandoz»