Analyse / En route vers la troisième guerre mondiale
Kyiv après les bombardements russes du 10 octobre dernier. © National Police of Ukraine / Source officielle
Cette fois, l’ours russe est fâché. Et quand l’ours russe est fâché, il frappe tous azimuts, sans relâche et sans retenue. Seule manière d’apaiser sa colère: se coucher face contre terre, mettre les mains sur la nuque et espérer que ça passe rapidement.
Le régime ukrainien, enhardi par ses récentes victoires et les encouragements armés de l’Occident, est en train d’apprendre à ses dépens cette élémentaire vérité. La Russie est désormais en guerre et elle ira jusqu’au bout quel qu’en soit le prix. Et comme l’Occident sous influence américaine n’entend pas renoncer à «affaiblir» l’ennemi russe jusqu’à son implosion finale, les dés paraissent jetés. La montée aux extrêmes est devenue inarrêtable, si bien qu’on peut désormais voir cette guerre d’Ukraine comme un prélude régional à un embrasement plus général, comme une étape vers une troisième guerre mondiale dont l’Europe sera une fois de plus le théâtre et la victime.
Quelques faits d’abord.
Il est très difficile de chiffrer l’aide militaire à l’Ukraine, certaines livraisons n’étant pas communiquées ou se faisant de gré à gré sans passer par des votes parlementaires publics. Il est aussi difficile de distinguer le militaire de «l’humanitaire» ou du soutien financier aux dépenses courantes de l’Etat ukrainien. Mais selon diverses sources, en huit mois de guerre, les Etats-Unis ont voté 54 milliards de dollars d’aides diverses à l’Ukraine dont la moitié pour des armements. Fin août, 14 milliards d’armements directs étaient attestés. A cela il faut ajouter 30 milliards d’euros alloués par les pays européens, dont au moins 10 en livraisons d’armes. Soit plus trois milliards par mois et près de cinq fois le budget militaire annuel ukrainien en quelques mois! Nul doute que la riposte russe au sabotage de Nordstream et à l’attentat contre le pont de Crimée va encore accentuer la cadence des fournitures militaires à Kiev. (Voir Connor Echols, By the numbers: Keeping track of the single largest arms transfer in US history, September 18, 202, www.responsiblestatecraft.org et Waffen, Kredite, Hilfsgüter: Welche Länder unterstützen die Ukraine am meisten? Tagesspiegel, 31. August, 2022.)
Les aides en nature (fournitures de renseignements, surveillance radar et satellite, entrainement de troupes, envois de mercenaires privés et de conseillers militaires) ne sont pas compris dans ce décompte. Ces chiffres astronomiques cachent une autre réalité: la qualité et la létalité des armes livrées ne cessent de monter en gamme. On peut donc vraiment parler de co-belligérance et d’engagement direct de l’OTAN dans une guerre qui ne veut pas dire pas son nom, ni en Russie où on continue à parler «d’opération militaire spéciale», ni en Occident, où l’on persiste à prétendre que l’on n’est pas en guerre pour ne pas avoir à consulter les parlements et à dire la vérité aux peuples.
Le réarmement massif de l’Allemagne, avec la décision du chancelier Scholz d’allouer 100 milliards d’euros à cette tâche dans les années à venir, ainsi que le basculement des armées suédoises et finlandaises, neutres jusqu’ici, dans le giron de l’OTAN, sont autant de signes de cette nouvelle marche vers la guerre généralisée.
Autre fait majeur, le sabotage de trois des quatre tubes des gazoducs Nordstream I et II. Cette opération visait à la fois un but tactique à court terme – détruire l’approvisionnement de l’Allemagne en gaz bon marché pour l’arrimer au gaz américain mais aussi couper court aux protestations grandissantes des opinions publiques européennes et des industriels allemands qui commençaient à réclamer des négociations avec la Russie (la mise hors d’usage des tubes rend caduque toute velléité de paix et de rétablissement des circuits économiques) – et un but militaire stratégique: désintriquer l’économie allemande et européenne de ses liens avec la Russie de façon à constituer deux blocs économiques complètement indépendants et prêts à se livrer une bataille sans merci. Dans la perspective d’une guerre à outrance, il est en effet vital de couper les ponts.
L’ancien rédacteur en chef du quotidien financier Handelsblatt, Gabor Steingart, en a parlé sans détour dans l’un de ses Pioneer Briefings: «La conduite d’une troisième guerre mondiale n’est pas seulement une question militaire. C’est d’abord et avant tout une question économique. Car sans désenchevêtrement économique le long des blocs de puissance et des blocs militaires, une guerre efficace et soutenable sur une longue période est impossible, comme on l’a vu avec la dépendance de l’Allemagne au gaz naturel russe. Celui qui veut rendre la guerre mondiale gérable doit d’abord dégrouper le commerce mondial. L’indépendance économique est plus importante que des milliards supplémentaires pour la Bundeswehr. Vus sous l’angle économique, les préparatifs pour rendre une troisième guerre mondiale gérable battent leur plein». (3. Weltkrieg: So soll er führbar gemacht werden, Dienstag, 3. Mai 2022). Il n’y a pas un mot à rajouter.
C’est aussi dans cette perspective qu’il faut comprendre le déluge des sanctions économiques qui se sont abattues sur la Russie depuis février. Considérées objectivement, elles n’ont qu’un effet très limité sur l’économie russe, avec une récession attendue de -4,5% au lieu des -12 % espérés par l’OTAN, à peine équivalente à celle que la France a connue en 2020 avec le Covid. Elles ont même eu un effet inverse dans la mesure où les revenus des exportations de pétrole et de gaz devraient rapporter 338 milliards de dollars à la Russie cette année, en hausse de près 100 milliards par rapport à 2021! (Cf. Patrick Cockburn, How the West’s Sanctions on Russia Boomeranged. The sanctions have completely failed, Counterpunch, October 10, 2022).
C’est pourquoi on ne discute jamais de leur efficacité dans nos médias, qui répètent en boucle le mantra d’Ursula von der Leyen, selon lequel il suffirait d’attendre. Le but est de contraindre les entreprises occidentales à cesser toute interaction avec la Russie de façon à pouvoir les mobiliser entièrement en cas de guerre générale.
Quant à l’attentat contre le pont de Crimée, qui fait suite à une longue série de sabotages, de bombardements et d’exécutions de cadres pro-russes dans les républiques du Donbass, sur le territoire russe ou contre la centrale nucléaire de Zaparoje, il visait à couper les approvisionnements des armées russes de Crimée et de Kherson dans la perspective d’une offensive générale ukrainienne vers le sud. Cette tactique avait déjà été utilisée en août contre les ponts sur Dniepr avant l’offensive de septembre contre Kherson.
En effet, après avoir obtenu des gains au nord, à Kharkov, et au sud-ouest, à Kherson, la stratégie de Kiev vise logiquement à couper le front russe en deux par une attaque massive sur Melitopol et Marioupol, ce qui conduirait l’armée russe à une déroute complète. Mais le demi-échec de l’attentat, suivi d’une riposte massive des Russes depuis lundi ainsi que l’engagement graduel de troupes russes fraîches et la mise hors combat des capacités d’écoute et de transmission de l’armée ukrainienne rendent cette offensive moins probable. Pas sûr que l’armée russe se laisse à nouveau surprendre.
A ce propos, il est aujourd’hui évident que Poutine a commis la même erreur que Staline lorsque ce dernier a attaqué la Finlande en 1939. La Finlande de l’époque était proche de l’Allemagne nazie et était armée par elle. Les canons et la marine allemande menaçaient directement Saint-Pétersbourg, tout comme la présence de l’OTAN dans l’Ukraine d’aujourd’hui aux yeux de la Russie. Pour Staline, il s’agissait d’une guerre préventive avant la grande guerre à venir contre les Allemands. Pour amadouer les sceptiques, il avait alors engagé des troupes insuffisantes, auxquelles les Finlandais se sont opposés avec succès. Réalisant son erreur, il a fini par envoyer de nouvelles forces, et il a gagné. Poutine a lui aussi engagé une force trop petite, et l’opération de police s’est trouvée confrontée à une résistance inattendue et à des revers qui l’obligent aujourd’hui à décréter une mobilisation partielle et à monter en puissance afin d’obliger l’Ukraine à capituler.
L’avenir dira si ce schéma est correct. Mais s’il est pertinent, il y a tout lieu d’en redouter les conséquences. En effet, en 1940, Hitler avait suivi de près le déroulement de la guerre russo-finlandaise et en avait conclu que si même une Finlande faible et peu peuplée pouvait humilier l’Union soviétique, la puissante Allemagne allait pouvoir la vaincre sans coup férir. On a vu ce qu’il lui en a coûté. Or il semble qu’aujourd’hui l’adversaire stratégique de la Russie – l’Occident collectif sous drapeau américain – soit en train de commettre la même erreur que Hitler. Son bellicisme et sa propagande exacerbée, qui présentent la victoire finale contre la Russie comme un devoir moral et un fait acquis, lui font penser que Moscou peut être vaincu. Avec ou sans armes nucléaires tactiques, peu importe. Ce climat de triomphalisme rend nouvelle guerre générale très probable.
Tel est le principal enjeu du moment. Que les Ukrainiens conquièrent plus ou moins de villages, coulent des navires emblématiques comme le Moskva ou bombardent des infrastructures russes symboliques comme Nordstream ou le pont de Crimée est d’une importance somme toute relative. Ce qui compte, c’est la conclusion qu’en tirent leurs sponsors occidentaux. S’ils persistent à croire qu’ils peuvent battre la Russie et l’affaiblir à mort, alors cette idée erronée va déclencher une nouvelle guerre mondiale. Et Liz Truss, qui s’est dit prête à appuyer sur le bouton rouge, pourra passer à l’acte. Tout comme Vladimir Poutine s’il se sent réduit à cette extrémité.
Dans son discours du 30 septembre, qui a à peine mentionné l’Ukraine, ce dernier a montré qu’il avait compris le message qu’on lui avait envoyé en surarmant l’Ukraine, en sabotant les infrastructures russes et en multipliant les sanctions et que, à ses yeux, le conflit avait basculé dans une autre dimension, à savoir une guerre de civilisation sans merci contre l’Occident collectif. Survivra qui pourra.
Le temps est compté pour faire dérailler cet engrenage fatal. Plus que jamais, il s’agit de retrouver l’usage de ce mot oublié depuis le 24 février dernier: paix.
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Dans la perspective d’une guerre à outrance, il est en effet vital de couper les ponts. </p> <p>L’ancien rédacteur en chef du quotidien financier <i>Handelsblatt</i>, Gabor Steingart, en a parlé sans détour dans l’un de ses <i>Pioneer Briefings</i>: <i></i>«La conduite d’une troisième guerre mondiale n’est pas seulement une question militaire. C’est d’abord et avant tout une question économique. Car sans désenchevêtrement économique le long des blocs de puissance et des blocs militaires, une guerre efficace et soutenable sur une longue période est impossible, comme on l’a vu avec la dépendance de l’Allemagne au gaz naturel russe. Celui qui veut rendre la guerre mondiale gérable doit d’abord dégrouper le commerce mondial. L’indépendance économique est plus importante que des milliards supplémentaires pour la Bundeswehr. Vus sous l’angle économique, les préparatifs pour rendre une troisième guerre mondiale gérable battent leur plein». (3. 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Cette tactique avait déjà été utilisée en août contre les ponts sur Dniepr avant l’offensive de septembre contre Kherson. </p> <p>En effet, après avoir obtenu des gains au nord, à Kharkov, et au sud-ouest, à Kherson, la stratégie de Kiev vise logiquement à couper le front russe en deux par une attaque massive sur Melitopol et Marioupol, ce qui conduirait l’armée russe à une déroute complète. Mais le demi-échec de l’attentat, suivi d’une riposte massive des Russes depuis lundi ainsi que l’engagement graduel de troupes russes fraîches et la mise hors combat des capacités d’écoute et de transmission de l’armée ukrainienne rendent cette offensive moins probable. Pas sûr que l’armée russe se laisse à nouveau surprendre.</p> <p>A ce propos, il est aujourd’hui évident que Poutine a commis la même erreur que Staline lorsque ce dernier a attaqué la Finlande en 1939. La Finlande de l’époque était proche de l’Allemagne nazie et était armée par elle. Les canons et la marine allemande menaçaient directement Saint-Pétersbourg, tout comme la présence de l’OTAN dans l’Ukraine d’aujourd’hui aux yeux de la Russie. Pour Staline, il s’agissait d’une guerre préventive avant la grande guerre à venir contre les Allemands. Pour amadouer les sceptiques, il avait alors engagé des troupes insuffisantes, auxquelles les Finlandais se sont opposés avec succès. Réalisant son erreur, il a fini par envoyer de nouvelles forces, et il a gagné. Poutine a lui aussi engagé une force trop petite, et l’opération de police s’est trouvée confrontée à une résistance inattendue et à des revers qui l’obligent aujourd’hui à décréter une mobilisation partielle et à monter en puissance afin d’obliger l’Ukraine à capituler.</p> <p>L’avenir dira si ce schéma est correct. Mais s’il est pertinent, il y a tout lieu d’en redouter les conséquences. En effet, en 1940, Hitler avait suivi de près le déroulement de la guerre russo-finlandaise et en avait conclu que si même une Finlande faible et peu peuplée pouvait humilier l’Union soviétique, la puissante Allemagne allait pouvoir la vaincre sans coup férir. On a vu ce qu’il lui en a coûté. Or il semble qu’aujourd’hui l’adversaire stratégique de la Russie – l’Occident collectif sous drapeau américain – soit en train de commettre la même erreur que Hitler. Son bellicisme et sa propagande exacerbée, qui présentent la victoire finale contre la Russie comme un devoir moral et un fait acquis, lui font penser que Moscou peut être vaincu. Avec ou sans armes nucléaires tactiques, peu importe. Ce climat de triomphalisme rend nouvelle guerre générale très probable. </p> <p>Tel est le principal enjeu du moment. Que les Ukrainiens conquièrent plus ou moins de villages, coulent des navires emblématiques comme le Moskva ou bombardent des infrastructures russes symboliques comme Nordstream ou le pont de Crimée est d’une importance somme toute relative. Ce qui compte, c’est la conclusion qu’en tirent leurs sponsors occidentaux. S’ils persistent à croire qu’ils peuvent battre la Russie et l’affaiblir à mort, alors cette idée erronée va déclencher une nouvelle guerre mondiale. Et Liz Truss, qui s’est dit prête à appuyer sur le bouton rouge, pourra passer à l’acte. Tout comme Vladimir Poutine s’il se sent réduit à cette extrémité. </p> <p>Dans son discours du 30 septembre, qui a à peine mentionné l’Ukraine, ce dernier a montré qu’il avait compris le message qu’on lui avait envoyé en surarmant l’Ukraine, en sabotant les infrastructures russes et en multipliant les sanctions et que, à ses yeux, le conflit avait basculé dans une autre dimension, à savoir une guerre de civilisation sans merci contre l’Occident collectif. Survivra qui pourra.</p> <p>Le temps est compté pour faire dérailler cet engrenage fatal. 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Le fait que Poutine ait désigné un de ses proches à la réputation impeccable, le mathématicien de formation et technocrate avisé de l'économie Andrey Belooussov, manifeste en tout cas une claire volonté de reprise en mains et de réorganisation de la défense sur des bases beaucoup plus efficaces et acceptables pour l'opinion publique et les militaires. On ne pouvait plus continuer à mobiliser autant d'argent pour qu'il disparaisse dans des poches indélicates.</p> <p>L'autre surprise de ce remaniement vient de la nomination de Nikolaï Patrushev, ancien président du Conseil de sécurité, et d'Alexey Dyumin, ex-garde du corps de Poutine et ancien gouverneur de Toula, comme assistants personnels du président. Personne ne sait ce que ces nouvelles fonctions, vagues et peu concrètes, signifient. 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Tous ont mis l'accent sur la compétitivité, l'innovation, le développement économique, le besoin de concurrence (Poutine), les uns promouvant la production de drones et d'un réseau de satellites propre à concurrencer Starlink d'Elon Musk, les autres annonçant leur volonté de réformer le système fiscal et de mettre en place un impôt progressif qui viserait les oligarques, qui se sont encore enrichis avec l'opération militaire, en acquérant des entreprises étrangères à prix cassés, et dont l'hyper-richesse est de plus en plus mal vue par le peuple.</p> <p>Témoin de la chute de l'Union soviétique et connaisseur avisé de l'histoire, Poutine sait que l'économie a toujours été le point faible de la Russie. Il veut à tout prix éviter les erreurs du passé et tient à maintenir une économie compétitive, face à l'Occident mais aussi face à l'ami et partenaire chinois. La comparaison va peut-être surprendre. Mais il faut voir Poutine et ses proches, tel Belooussov, comme un mélange de Richelieu et de Colbert. Richelieu, pour qui la raison d'Etat et les intérêts de la France l'emportaient sur toute autre considération, avait su hisser le royaume sur le devant de la scène européenne en évinçant des princes plus puissants, Ferdinand II d'Autriche et le roi d'Espagne. Il avait su assurer la sécurité et la prééminence de la France en ruinant l'Allemagne et ses concurrents pendant la Guerre de Trente Ans. Quant à Colbert, il avait su donner à la France une économie florissante et compétitive en mêlant habilement mercantilisme et étatisme. </p> <p>Henry Kissinger explique très bien le succès de cette formule dans son livre <em>Diplomatie</em> (Fayard, 1996). Si l'on veut comprendre la Russie d'aujourd'hui et ne se tromper ni sur sa volonté ni sur son potentiel, il faut considérer Poutine comme un néo-Richelieu et un néo-Colbert, qui tient à conjuguer à la fois la souplesse et la force innovative du capitalisme libéral et les moyens de la puissance étatique.</p> <p>C'est en réussissant à transformer le pays en s'inspirant de ces modèles que la Russie gagnera la guerre contre l'Occident coalisé. Ce n'est plus une question de choix mais de nécessité bien comprise. Après deux années de guerre pendant lesquelles l'improvisation et la débrouille ont permis de tenir et de marquer quelques points sur le champ de bataille, Poutine a bien compris que la Russie devait désormais se ranger en ordre de bataille et mobiliser dans la longue durée toutes ses ressources (mais pas les hommes, <em>dixit</em> Belooussov, lesquels doivent continuer à travailler et à produire dans une économie qui est déjà à court de main d'œuvre). </p> <p>Car il a aussi compris que l'Occident n'accepterait pas sa défaite. L'union retrouvée des Démocrates et des Républicains au Congrès américain, aussi laborieuse qu'elle ait été, est faite pour durer tandis que la menace d'Emmanuel Macron d'envoyer des troupes de l'OTAN en Ukraine, même rejetée par les autres dirigeants européens, est à prendre au sérieux. 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La Suisse n'en fera jamais assez pour l'Ukraine: ce reproche des Occidentaux à l'égard de notre pays va aller en s'amplifiant et débouchera sur des exigences d'autant plus exorbitantes que la guerre va durer et s'amplifier.</p> <p>Demeure la question existentielle: qui va sortir vainqueur de ce duel à mort? Hier, la réponse à cette question ne faisait pas de doute. La victoire finale revenait fatalement aux puissances maritimes, qui, pendant ces trois derniers siècles, l'ont toujours emporté sur leurs adversaires continentaux. Espagne, puis Hollande, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Japon (jusqu'en 1941) ont dominé grâce à leur puissance maritime. </p> <p>Mais aujourd'hui, cette réponse ne va plus de soi.</p> <p>D'abord, la Russie s'est réveillée. Et on a vu que quand la Russie se réveillait, en 1812 comme en 1919 et 1941, cela se passait assez mal pour ses adversaires. Ensuite elle est adossée à la Chine, devenue de loin la première puissance industrielle et économique mondiale en termes de parité de pouvoir d'achat, et aux BRICS, qui, même s'ils se méfient d'une Russie qui serait trop agressive, sont désormais devenus <i>too big to fail</i>, trop lourds pour se laisser à nouveau vassaliser par l'Europe et les Etats-Unis. </p> <p>Cette alliance des ressources minérales et énergétiques bon marché et de la capacité industrielle et d'innovation entre deux pays majeurs et contigus d'Eurasie est absolument nouvelle dans l'histoire. D'autre part, l'Inde, l'Indonésie, le Brésil et beaucoup d'autres ne sont plus prêts à courber l'échine devant un Occident qui n'est plus en mesure de les subjuguer économiquement et qui a perdu toute autorité morale à leurs yeux.</p> <p>Car la force de l'Occident reposait jusqu'ici sur son économie, mais aussi sur son pouvoir d'attraction inégalé. Il l'emportait par la force de ses valeurs et de ses réalisations. 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Enfin, la mutation anthropologique qui consiste à dire qu'un homme n'est plus un homme et qu'une femme n'est plus une femme et à reconnaitre l'existence d'un troisième sexe inexistant dans la nature est totalement incomprise et passe pour une aberration mentale hors d'Occident.</p> <p>Bref, l'Occident n'est plus un modèle, et c'est peut-être ce qui le perdra. 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Dix jours après l'ouverture des négociations, la débâcle de Dien Bien Phu, le 7 mai 1954, devait d'ailleurs la convaincre d'abandonner la partie.</p> <p>C'est ainsi que, pendant trois mois, le Conseiller fédéral Max Petitpierre et le Conseil fédéral purent recevoir sans discontinuer le gratin des ministres et Premiers ministres des nations parmi les plus puissantes du monde: John Foster Dulles puis Walter Bedell Smith, Anthony Eden, Georges Bidault, Pierre Mendès France, Viatcheslav Molotov – qui se rendra même à Berne à la plus grande satisfaction des autorités et des médias suisses de l'époque – Chou en Lai, dont c'était la première visite en Europe, le délégué indien Krishna Menon, lui aussi encore inconnu, et enfin le premier ministre nord-vietnamien Pham Van Dong et l'empereur d'Annam Bao Dai, pour ne citer que les plus connus. </p> <p>On s'aperçut dès les deux premières semaines que les négociations sur la Corée n'aboutiraient pas. Les délégations coréennes ne cessaient de s'invectiver tandis que les Occidentaux menés par les Américains aussi bien que le camp communiste sous le leadership soviétique et chinois se montraient inflexibles. Les choses se présentaient beaucoup mieux pour l'Indochine, grâce à la défaire militaire française et à l'arrivée au pouvoir de Mendès France, fermement décidé à sortir du bourbier indochinois. Après deux mois d'âpres négociations, le 21 juillet, on parvint finalement à signer un accord de paix, qui est resté dans l'histoire sous le nom d'Accords de Genève. 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Il tient pour une bonne part à l'esprit du temps – la conviction que la neutralité était un instrument utile – et à l'adresse et à la fermeté de conviction d'un homme, Max Petitpierre, qui ne se laissa pas démonter lorsqu'on l'accusa de pactiser avec l'ennemi communiste. D'abord, la Suisse avait su rester neutre pendant la guerre de Corée, ce qui fut bien reçu par l'URSS et la Chine. Elle n'avait pas non plus adhéré à l'OTAN. Elle avait rapidement reconnu le gouvernement de Mao à Pékin. Et elle avait su démontrer que sa neutralité était utile aux Occidentaux qui avaient besoin d'un Etat neutre pour surveiller la ligne de démarcation en Corée. 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On fait semblant d'oublier que le camp de la mort de Treblinka était dirigé par une vingtaine de SS allemands et que l'extermination y était assurée par une centaine de gardiens ukrainiens et lituaniens.</p> <p>La célébration de l'Holodomor, du nom que les Ukrainiens donnent à la famine déclenchée par Staline contre la paysannerie en 1932, est un exemple typique de ces omissions volontaires. Elle attribue ce massacre par la disette aux seuls Russes et fait des Ukrainiens ses uniques victimes alors qu'il a aussi touché le sud de la Russie et le Kazakhstan et qu'il a été orchestré par un Géorgien, Staline, et exécuté par un Polonais, Kossior, qui dirigeait l'Ukraine à cette époque.</p> <p>Tous les jours des monuments sont abattus et d'autres édifiés à leur place, en catimini, dans le silence des médias occidentaux. Cette réécriture de l'histoire et cette guerre mémorielle n'ont pas échappé aux gens du Donbass, qui, fidèles à leur devise «Ne jamais oublier, ne jamais pardonner», réagissent en redoublant de foi commémorative et de monuments aux héros tombés sur le champ d'honneur.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950996_capturedcran2024042411.28.54.png" class="img-responsive img-fluid center " width="529" height="716" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>«Ne jamais oublier, ne jamais pardonner». Monument commémorant le massacre de la communauté juive de Lugansk. © G.M.</em></h4> <p>Le mémorial le plus troublant est sans doute celui du Puits de Mine 4/4 Bis à Donetsk. Je n'en avais jamais entendu parler et vous non plus je présume. Il ne figure dans aucun de nos livres d'histoire et il est introuvable sur Wikipedia. Or on estime que 75'000 à 102'000 personnes y ont été massacrées entre fin 1941 et 1943, soit deux fois à trois fois plus qu'à Babi Yar. L'ensemble de la communauté juive de la ville (appelée Stalino à l'époque) a été jetée dans cette fosse, ainsi que des dizaines de milliers de civils. Ce mémorial, ignoré par le gouvernement de Kiev après 1991 parce qu'il dérangeait le récit officiel et ne concernait que les russophones de l'est du pays, est en voie de réhabilitation depuis l'an dernier. Il suffit de se rendre sur ce site pour comprendre pourquoi les habitants du Donbass se sont soulevés en avril 2014 lorsque le régime issu de Maidan a voulu bannir leur langue et a envoyé les héritiers de leurs bourreaux pour les réprimer. </p> <p>On peut détruire les monuments mais pas le souvenir.</p> <p>A 70 kilomètres de Donetsk, dans la province de Horlivka, le monumental cénotaphe de Savur-Mohila est un autre témoignage des batailles du dernier siècle, érigé au sommet de la colline la plus haute du Donbass, sur l'emplacement de l'un des grands chocs de la Seconde guerre mondiale, qui eut lieu en juillet-août 1943, en même temps que la fameuse bataille de chars de Koursk qui devait briser la Wehrmacht. Une allée d'escaliers avec une immense flèche y avait été édifiée en 1963. 70 ans plus tard, en août 2014, la colline a fait l'objet d'une âpre bataille de position entre séparatistes et soldats kiéviens, avant d'être définitivement reprise par les républicains de Donetsk emmenés par leur prestigieux chef Alexandre Zakhartchenko. Les combats l'avaient saccagée. Après 2022, Poutine l'a fait reconstruire pour commémorer les deux guerres, la Grande Guerre patriotique de 1941-1945 et celle de la libération du Donbass de 2014-2022. De chaque côté de l'allée, de grandes stèles sculptées célèbrent les héros morts pour la liberté du Donbass entre 1941 et 2022.</p> <p>Mais c'est sans doute à Lougansk que ce choc mémoriel est le plus intense. J'y suis accueilli par Anna Soroka, historienne et combattante dans les régiments de la République dès 2014. Le premier monument commémore les 67 enfants tués par les miliciens ukrainiens des bataillons néonazis Kraken et Aïdar qui ont tenté de prendre la ville en 2014 et l'ont bombardée jusqu'en 2022. Il a été construit au milieu d'un parc qui sert de jardin d'enfants. Plusieurs gosses y ont été tués par un bombardement ciblé des Ukrainiens, les bâtiments avoisinants n'ayant pas été touchés. </p> <p>Les enfants sont en effet l'objet d'une guerre de l'information sans merci dans les deux camps. Les Ukrainiens ont déposé plainte pour crime de guerre contre les Russes et la Cour pénale internationale a inculpé Vladimir Poutine et la responsable russe de l'enfance pour kidnapping d'enfants ukrainiens. La propagande occidentale reprend en boucle ces accusations, au cinéma – le documentaire <em>ad hoc</em> vient de recevoir un Oscar – et dans les médias. Lesquels oublient naturellement de répercuter le point de vue des habitants du Donbass, pour lesquels ce sont les Ukrainiens qui prennent les enfants en otage. Il existe en effet en Ukraine une organisation de volontaires, appelés les Anges Blancs, calquée sur le modèle des fameux Casques Blancs syriens qui, on s'en souvient, étaient loin d'être des secouristes neutres et agissaient en fait pour le compte des groupes djihadistes. </p> <p>Ces détachements d'Anges Blancs (White Angels) ont été formés dès février 2022 par un certain Rustam Lukomsky. La presse anglo-saxonne les a mentionnés à quelques reprises. Pour ceux du Donbass, leur but consiste à forcer les parents des zones du front à se séparer de leurs enfants sous prétexte de les protéger. Les enfants sont donc isolés de leurs parents et «mis en sécurité» à l'arrière, où ils sont dès lors utilisés comme moyens de chantage contre leurs familles. Celles-ci se trouvent déchirées entre deux choix aussi insupportables l'un que l'autre: soit elles abandonnent leurs foyers pour rejoindre leurs enfants, soit elles y restent en se voyant forcées de collaborer avec l'armée ukrainienne qui les invite à dénoncer ou à saboter les mouvements de l'armée russe. On imagine la détresse des parents confrontés à un tel chantage. Des témoignages, comme ceux d'Olga V. Zubtsova de Bakhmut et d'Igor Litvinov d'Avdievka, confirment cette version des choses. Enfin, d'innombrables rumeurs circulent sur les réseaux sociaux, qui accusent ces prétendus Anges Blancs d'alimenter les réseaux de pédo-criminalité et le trafic d'enfants. Mais cela reste à prouver.</p> <p>Le deuxième monument se trouve dans un bois à la sortie de Lugansk. Comme le Puits de mine No 4 de Donetsk, il commémore le lieu du massacre de la communauté juive de Lugansk (environ 3'000 femmes et enfants essentiellement juifs) et de 8'000 adultes de diverses confessions pendant l'occupation nazie. «On ne peut pas comprendre pourquoi, aujourd'hui, Kiev honore les descendants de ceux qui ont tué tant des nôtres pendant la Deuxième Guerre mondiale», dit Anna Soroka. Abandonné aux ronces depuis 1991, le site a fait l'objet d'une restauration récente. Il ne figure pas sur nos applications de recherche. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950577_img_4160.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4><em><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950703_img_4161.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></em></h4> <h4 style="text-align: center;"><em>Monument en hommage aux victimes du massacre du Puits de Mine 4/4 Bis à Donetsk. © G.M.</em></h4> <p>Un peu plus loin, de l'autre côté de la route, les autorités de la république ont érigé un vaste mémorial en l'honneur des combattants et des civils tués par la guerre de 2014-2022. Près de 400 tombes sont alignées de part et d'autre de l'allée qui mène de la statue inspirée de Rodin près de l'entrée, à la flèche centrale et à la chapelle ardente. On s'arrête près de la tombe d'Ivan Selikhov. Anna a personnellement connu la plupart des personnes enterrées ici. Le 5 mai 2014, Ivan a été sorti de sa maison et exécuté pour l'exemple d'une balle dans la tête par les milices, parce que son fils s'était engagé auprès des républicains. Ses voisins avaient d'abord dû l'inhumer dans son jardin. Le site se trouve sur les lieux mêmes de la bataille et rend hommage aux 397 «victimes de l'agression ukrainienne» de cet été-là, ouvriers, creuseurs de tranchées, instituteurs, écoliers, médecins, infirmières, patients frappés par le bombardement de leur école et de leur hôpital (169 morts).</p> <p>En revenant en ville, nous passons devant le grand monument aux soldats soviétiques qui ont libéré la ville en 1943 et devant un char ukrainien décoré de fleurs posé sur un socle de béton en bordure de l'autoroute: les habitants du quartier l'ont posé là pour rappeler que ce char avait bombardé leurs maisons il y a dix ans. En contrebas, un champ toujours jonché de mines est fortement déconseillé aux promeneurs.</p> <p>Le dernier monument de ce tour de ville funèbre est sans doute le plus emblématique du destin tragique du Donbass durant ces dernières cent années. Il s'agit du mémorial de Hostra Mohyla posé sur une petite colline au sud-est de la ville. Plusieurs monuments de facture diverse y rappellent le souvenir des diverses communautés rayées de la carte au fil des décennies. Mais le plus grand, qui coiffe le sommet du complexe, donne la clé de la psychologie des habitants de la région. Il présente quatre statues géantes de soldats, héros en armes des quatre guerres qui marquent la conscience collective du Donbass: un combattant de la guerre civile, un soldat soviétique de la Grande Guerre patriotique, un militant de la résistance anti-kiévienne de 2014-2018, et enfin un combattant de la guerre de libération de l'oblast de 2022 à nos jours.</p> <p>Pour ce site comme pour les autres, malgré sa popularité auprès des habitants, on ne trouve absolument aucune information sur les moteurs de recherche occidentaux. Google et Wikipedia ignorent ou ont banni ces sites de leur répertoire. Seule la Stiftung Denkmal für die ermordeten Juden Europas fournit quelques éléments sur les victimes juives.</p> <p>On comprend dès lors mieux pourquoi la Russie, et ses nouveaux citoyens des provinces de l'est ukrainien, n'abandonneront jamais leur combat contre Kiev et contre l'Occident sans l'avoir gagné. La rage sourde qui les saisit à l'idée que nous voulions, par Ukrainiens interposés, les effacer de la surface de la terre, au sens propre et au sens figuré, ne disparaitra qu'avec ce qu'ils considéreront comme leur victoire.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'le-donbass-au-coeur-de-la-guerre-memorielle', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 342, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 15, 'person_id' => (int) 5708, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [[maximum depth reached]], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4882, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Marioupol, Donetsk, Lugansk: reportage sur le front du Donbass', 'subtitle' => 'Comment ont-ils pu nous faire ça? 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Il ne parlait pas un mot d'anglais et, sans faire de cas de mon russe misérable, il avait invité toute notre délégation à la noce. J'avais fait un petit discours de circonstance en l'honneur de la mariée et de ses parents. Depuis lors, Umar Ikromovitch est devenu un ami pour la vie, que ni la distance ni la fracture linguistique ne sauraient séparer. Une ou deux fois par an, aux fêtes importantes, il m'envoie des messages Telegram. En février, surprise, il me propose de me joindre à lui pour visiter ses réalisations dans le Donbass, dans lequel il n'était encore jamais allé. Umar emploie en effet quelques centaines d'ouvriers dans la région de Moscou et quelques dizaines dans la reconstruction du Donbass.</p> <p>Le 3 avril à trois heures du matin, il m'attendait donc avec Nikita, un de ses amis du ministère de la Défense, à la sortie de l'aéroport de Vnukovo, à Moscou, pour m'embarquer dans le Donbass. Nikita avait préparé le programme et fourni les autorisations nécessaires ainsi qu'un chauffeur aguerri, Volodia. Pendant dix heures d'affilée, avec une courte pause-café dans une station-service qui venait d'ouvrir, nous avons descendu à tombeau ouvert les 1'060 kilomètres de l'autoroute Prigogine qui relie Moscou à Rostov-sur-le-Don, celle-là même que le chef défunt de Wagner avait voulu remonter avec ses chars en juillet dernier.</p> <p>Rien n'est plus simple qu'une autoroute russe. C'est toujours tout droit, il n'y a pas un virage jusqu'à Rostov. Et comme celle-ci est impeccable, à part cinquante kilomètres de travaux peu avant Rostov, le trajet fut rapide et indolore, nous permettant de passer en quelques heures des dernières neiges moscovites aux douceurs du printemps de la mer d'Azov. En chemin, des norias de camions, quelques convois militaires, mais assez peu en fin de compte.</p> <p>A Rostov, port animé et capitale embouteillée du sud russe, nous avons à peine pu poser nos bagages et faire trois pas que nous voilà partis pour notre première visite: une énorme station de pompage-turbinage des eaux du Don située à l'embouchure du fleuve, à une vingtaine de kilomètres de la ville. Des ouvriers s'activent encore à terminer les aménagements extérieurs. Deux gigantesques tuyaux, des dizaines de citernes de 20'000m<sup>3</sup> et huit stations de pompage de onze turbines chacune acheminent désormais l'eau douce de Rostov à Donetsk, située à deux cents kilomètres de là et privée d'eau potable à cause de l'embargo ukrainien. Tout est automatisé. Les 3'700 ouvriers ont commencé et terminé l'immense chantier ainsi que la construction de la ligne à haute tension destinée à alimenter les turbines en six mois, entre novembre 2022, aussitôt après la réintégration des républiques dans la mère-patrie, et avril dernier.</p> <p>Première conclusion: après des investissements aussi rapides et colossaux, la volonté russe me semble inébranlable et il me paraît exclu que la Russie accepte à nouveau, un jour, de se séparer du Donbass. Ce territoire est désormais russe, point final.</p> <p>A la nuit tombante, nous voici enfin assis à la table d'une brasserie manifestement très prisée de Rostov, face au Don paisible. La nuit sera calme et le sommeil de plomb. La suivante, avec quarante missiles ukrainiens tirés sur la base aérienne voisine de Morozovsk, sera plus animée. </p> <p>Le lendemain matin, départ pour Marioupol, à 180 kilomètres et trois heures de route. Après Taganrog, la route longe la mer d'Azov et est encombrée par les convois de camions qui vont et viennent du Donbass. Elle est en plein travaux d'élargissement. Les véhicules militaires arborent un V ou un Z bien visibles. Checkpoints et contrôles divers se succèdent avant et après la frontière de la République de Donetsk. Sur les bas-côtés, de longues colonnes attendent la fouille. Grâce à nos laissez-passer, nous voici bientôt en territoire ex-ukrainien. Evgueni, un Russe de Vladivostok engagé volontaire auprès de la République de Donetsk, prend le relais. Il nous servira de guide et d'interprète tout au long de notre séjour. </p> <p>Peu avant midi, nous atteignons les faubourgs de Marioupol et entrons sur le territoire d'Azovstal, totalement dévasté. L'usine n'est plus que cheminées rouillées, entrelacs de tuyaux éventrés et de ferrailles tordues. Une vision d'apocalypse qui évoque immédiatement Stalingrad, l'usine de tracteurs, Vassili Grossmann et le <em>Voyage en Russie</em> de Steinbeck et Capa. Aucune des maisons et des immeubles d'habitation alentour n'a survécu. </p> <p>Le centre-ville a en revanche beaucoup mieux résisté, avec un taux de destruction qu'on peut estimer à cinquante pourcents à première vue. Il est en pleine rénovation. Sur la place centrale, la reconstruction du fameux théâtre – bombardé ou dynamité on ne sait trop – doit être achevée à la fin de l'année. Umar est content: les enfants et les jeunes mères se sont déjà emparés du parc et du terrain de jeux que son entreprise vient d'achever. Les lignes de bus, offerts par la ville de Saint-Pétersbourg, ont été rétablies. Les terrasses de café ont rouvert.</p> <p>Puis nous repartons pour l'ouest de la ville, qui offre un paysage très différent. Tout y est neuf. Les quartiers anciens ont déjà été rénovés et de nouveaux quartiers, des bouquets d'immeubles, une école, une crèche, un hôpital, y ont jailli de terre en moins d'une année. Une dame qui promène son chien nous explique qu'elle vient d'emménager dans son appartement tout neuf il y a quinze jours, après avoir vécu pendant des mois dans un taudis sans eau courante. </p> <p>Supervisés par une société publique du ministère de la Défense avec l'aide des villes et des provinces russes, les chantiers s'activent jour et nuit. Dix mille habitants ont déjà été relogés et la ville a retrouvé les deux tiers de sa population d'avant-guerre, soit 300'000 habitants. Durant l'après-midi, nous visiterons un second hôpital de 60 lits, entièrement neuf et démontable, très bien équipé et dirigé par des médecins volontaires provenant des différentes régions de Russie.</p> <p>Les constructions les plus spectaculaires concernent toutefois les écoles. En bordure de mer, une nouvelle académie de la marine accueillera sa première volée de cadets à la rentrée de septembre. Salles de cours, internat, salles de sports, salles d'entrainement, quatre immeubles de verre et d'acier rutilants sont sortis de terre en dix mois. Prévus pour 560 élèves en uniforme de 11 à 17 ans, ils accueilleront principalement des orphelins des deux guerres du Donbass, celle de 2014-2022 et celle de 2022-2024, me dit-on. Six jours d'enseignement par semaine à raison de huit à dix heures par jour, on n'aura guère le temps de s'y ennuyer. A la fin du cursus, les élèves pourront soit parfaire leur formation dans la marine soit entrer dans une université civile.</p> <p>La seconde école est plus classique mais encore plus spectaculaire. C'est un collège expérimental comme on n'en encore jamais vu en Russie (ni en Suisse à ma connaissance). Le design, remarquable, est très étudié. Les salles de classe sont équipées avec les dernières technologies, ordinateurs, robots, cyber et nanotechnologies, intelligence artificielle. Plus classiques, les salles de dessins, de couture, de cuisine, de peinture, de langues, de ballet, de théâtre, de chimie, physique, de biologie, d'anatomie et mathématiques. Il existe même une salle équipée de cabines pour apprendre à conduire et à piloter.</p> <p>Commencée fin 2022, terminée en septembre 2023, elle a accueilli sa première volée de 500 élèves l'an dernier et en attend 500 de plus à la rentrée de septembre. La pédagogie est à l'avenant, sans minauderies pédagogistes: les cours durent douze heures par jour. Ils commencent à 8h et se terminent à 20h à raison de six heures de matières «dures» le matin, et de six heures de matières plus récréatives ou complémentaires l'après-midi. La cantine assure trois repas par jour. Seule difficulté, assure la directrice, celle de trouver des enseignants qui veuillent bien accepter de s'installer à Marioupol. Mais elle n'a pas l'air d'être du genre à s'effrayer devant la tâche.</p> <p>En fin d'après-midi, nous nous engageons sur l'autoroute toute neuve qui relie Marioupol à Donetsk, à 120 kilomètres, en faisant un petit arrêt dans la petite ville de Volnovakha, dont le palais de la culture a subi une frappe de HIMARS en novembre dernier. Le toit s'est écroulé et des échafaudages encombrent ce qui reste de la scène et de la salle. Par chance, la salve n'a fait ni mort ni blessé, le spectacle programmé ce jour-là ayant été déplacé à la dernière minute. Pour les habitants, pas de doute, les Ukrainiens cherchaient à tuer le plus de civils possibles. Mon guide m'explique qu'ils tirent toujours les HIMARS par groupe de trois: une première roquette pour percer le toit et les structures, une deuxième pour liquider les occupants et, vingt à vingt-cinq minutes plus tard, une troisième frappe pour tuer le maximum de pompiers, secouristes, parents, policiers, amis, voisins venus secourir les victimes. Ce récit me sera répété plusieurs fois.</p> <p>Donetsk est une grande ville d'un million d'habitants, très étendue, très animée, avec une circulation dense. On n'y voit que peu d'immeubles ou de façades détruites. En revanche, la ville vit au son du canon. Je n'y avais pas prêté attention à mon arrivée, à cause de la fatigue et des émotions de la journée. Mais en me réveillant à trois heures du matin, j'ai soudain été frappé par le son du canon. Toutes les deux à trois minutes, un coup part, faisant trembler les vitres et illuminant le ciel d'une lueur orangée: ce sont les artilleurs russes qui tirent sur les positions ukrainiennes, à quelques de kilomètres du centre-ville. Les Ukrainiens ripostent avec des missiles, des drones ou des roquettes HIMARS, ce qui enclenche les tirs de contre-batterie russes, à raison d'un ou deux par heure me semble-t-il.</p> <p>Le lendemain matin, on m'apprendra à distinguer les uns des autres. Les HIMARS sont silencieux jusqu'à l'explosion finale, les missiles SCALP français et Storm Shadow britanniques font un bourdonnement d'avion, de même que les missiles anti-missiles russes, tandis que les obus ordinaires tombent en sifflant. De toute façon, je n'ai aucun souci à me faire, m'assurent mes nouveaux amis. Ils m'ont logé dans le seul hôtel de la ville encore en mains américaines et jamais les Ukrainiens n'oseraient tirer sur une cible américaine. Il n'en reste pas moins que les tirs ukrainiens continuent à faire des blessés et un mort par semaine en moyenne. Tous des civils, car il n'y a absolument aucun soldat, véhicule ou installation militaire en ville. En quatre jours, je n'y ai pas croisé un seul uniforme.</p> <p>Nous commençons la journée par une visite à l'Allée des Anges, qui se trouve au milieu d'un beau parc urbain. C'est le nom qu'on a donné au monument funéraire érigé en mémoire des enfants tués par les bombardements ukrainiens depuis 2014. 160 noms ont déjà été inscrits sur le marbre. Mais la liste en comprend plus de 200 à ce jour. Des dizaines de bouquets de fleurs, de jouets, de photos d'enfants s'amoncellent sous l'arche de fer forgé. C'est bouleversant.</p> <p>Au retour, nous rendons visite aux confrères de la télévision et de la radio OPLOT, en bordure de la place centrale. Leur immeuble est régulièrement visé par des HIMARS. On n'a pas encore pu réparer les derniers studios frappés mais on les retape à la fortune du pot et les cinq chaines TV et radio diffusent leurs programmes sans interruption. La direction et l'équipe sont à 90% féminines, les quelques hommes étant chargés de la couverture du front, à dix kilomètres de là. Un petit jardin d'enfant - une grande crèche attirerait l'attention des HIMARS ukrainiens - accueille les enfants des employés. Il en va ainsi dans toute la ville, les crèches publiques ayant dû fermer pour éviter les frappes. Au début, en 2014, il avait été difficile de recruter des journalistes à cause des risques d'attentat mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, assure la rédactrice en chef Nina Anatoleva. L'intervention russe de 2022 a beaucoup renforcé la sécurité. Mais ils ont perdu en audience. Leurs chaines, qui diffusaient largement dans la partie russophone de l'Ukraine, ont été coupées et ne sont plus visibles que sur internet ou sur le réseau local.</p> <p>L'après-midi, nous nous rendons dans le village de Yassinouvata, proche d'Avdeevka, et donc tout près du front. Le village, très exposé aux tirs d'obus ukrainiens, abrite une école transformée en centre d'accueil pour les réfugiés des villages récemment libérés. Aussitôt sortis de Donetsk, la proximité du front se fait sentir. La route est défoncée par les tirs d'obus et jonchée de débris de ponts écroulés. Sur notre gauche deux hélicoptères Ka-50 Alligators et un MI-8 reviennent du front en rase-mottes. A notre droite des tranchées et trois rangées de dents de dragons, équivalents de nos Toblerone suisses, forment une des lignes de la défense russe. Des engins militaires la longent régulièrement. </p> <p>Notre véhicule est parfaitement anonyme. Pas de convoi, d'insignes de presse, de gilets pare-balles ou de casques qui pourraient attirer l'attention des drones de surveillance ukrainiens. Les GPS de nos portables sont désactivés depuis longtemps. Il s'agit d’être le plus banal possible. La route est de plus en plus défoncée et la circulation quasi inexistante. Le chauffeur, le guide et Umar sont parfaitement impavides.</p> <p>La directrice de l'école, ex-professeure de mathématiques devenue directrice du centre d'accueil, nous accueille. La libération d'Avdeevka et des villages voisins fin février a fait sortir les habitants survivants des caves. Ils sont logés ici, dans les salles de classe, en attendant de retrouver leur logement ou d'en trouver un nouveau. Sur les 160 personnes hébergées, certaines ont déjà pu regagner Avdeevka. Aujourd'hui, c'est au tour de Nina Timofeevna, 85 ans et toute sa verve, de regagner son logis. Elle a vécu dans sa cave pendant deux ans en faisant du feu à même la rue. «Les soldats ukrainiens ne nous ont pas aidés du tout», assure-t-elle, tandis que l'armée russe a réparé son toit et les vitres de sa maison, si bien qu'elle peut y retourner, encadrée par deux soldats de la police militaire qui lui portent son barda. «Ce n'est pas une guerre, mais un massacre de civils. Ils veulent nous détruire.»</p> <p>Dans les couloirs, des bénévoles de l'Eglise orthodoxe déballent des cartons de vêtements, des bouteilles d'eau et de la nourriture. Dans les autres salles, des couples avec un beau chat aux yeux bleus, des vieillards. Une famille avec un jeune garçon de quatre ans. Elle s'est fait souffler son appartement par une roquette alors qu'elle essayait de trouver de la nourriture à l'extérieur. Le père était ouvrier et la mère comptable à la cokerie d'Avdeevka. Ils ont échappé à la mort par miracle et n'en reviennent pas encore d'avoir survécu... </p> <p>Sur le chemin du retour à Donetsk, la discussion porte sur la vie pendant la guerre et Evgueni m'apprend qu'à Marioupol le bataillon néonazi Azov avait ouvert dès 2014 une prison secrète dans un bâtiment de l'aéroport, appelée la «Bibliotheka», la Bibliothèque, parce que les victimes y étaient désignées comme des «livres», à l'image des nazis qui appelaient leurs victimes des «Stück». Selon les témoignages, des dizaines de personnes y ont été torturées et tuées pendant les huit années durant lesquelles les nationalistes tatoués de symboles nazis du bataillon ont fait la loi à Marioupol tandis que la police locale regardait ailleurs. Des investigations sont en cours pour identifier les victimes et la visite des locaux est suspendue. La presse russe en a parlé mais les médias occidentaux ont gardé le silence, de peur d'écorner le narratif des gentils Ukrainiens et des méchants russes.</p> <p>Deuxième constat: le Donbass fête en ce début avril le 10ème anniversaire de son soulèvement contre le régime de Kiev qui avait décrété la guerre au terrorisme contre lui. Des milliers de personnes, enfants, civils et combattants, ont été tuées. Donetsk a pris le surnom de «ville des héros». 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"poutine a lui aussi engagé une force trop petite, et l’opération de police s’est trouvée confrontée à une résistance inattendue…" "l'opération de police": guy mettan prend vraiment ses lecteurs pour des imbéciles et se moque des ukrainiens de manière extrêmement grave. 2. "il semble qu’aujourd’hui l’adversaire stratégique de la russie – l’occident collectif sous drapeau américain – soit en train de commettre la même erreur que hitler. son bellicisme et sa propagande exacerbée, qui présentent la victoire finale contre la russie comme un devoir moral et un fait acquis, lui font penser que moscou peut être vaincu. 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Bon pour la tête à droite toute? Ce qui serait bon pour la tête serait de laisser la place au doute, se méfier des montages géopolitiques à partir de quelques faits, tout en écartant bien d'autres, accepter que l'histoire, même si elle permet, en éclairant le passé, de faire des hypothèses sur le présent, reste muette devant l'avenir qui ménage toujours des surprises. 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Pourquoi les médias mainstream n’en parlent pas ou peu ? C’est comme ce soir au 1930 de la RTS. On va nous bassiner pendant deux semaines avec le 60ème anniversaire de la crise de Cuba. Mais qui dira que, « en novembre 1961, les États-Unis déployèrent 15 missiles Jupiter en Turquie et 30 autres en Italie, lesquels étaient capables d'atteindre le territoire soviétique. Commençait également, le 7 février 1962, l'embargo des États-Unis contre Cuba. » ? 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En parlant du mantra d'attendre, les US se frottent les mains et ont sans doute déjà gagné plus que l'aide qu'ils fournissent à l'Ukraine, entre les armes, le gaz et autre pétrole, sans parler du reste. Toujours en parlant d'attendre, l'hiver arrive au Nord et la révolte des peuples gronde, ne lui manque plus que des grands froids avec des coupures de courant et de combustible. Il n'y a qu'à voir la gabegie anglaise et sa Lizz qui est déjà sur un siège éjectable (de F35). La France commence aussi à se rebeller et avec les augmentations de tout, pas que de l'énergie, des salaires qui régressent, le printemps risque d'être chahuté, dans cette bonne vieille Europe! 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
9 Commentaires
@Christophe Mottiez 14.10.2022 | 16h41
«amender les passages fallacieux que contient ce nouveau texte anti-occidental serait trop long.
deux remarques, cependant:
1.
"poutine a lui aussi engagé une force trop petite, et l’opération de police s’est trouvée confrontée à une résistance inattendue…"
"l'opération de police":
guy mettan prend vraiment ses lecteurs pour des imbéciles et se moque des ukrainiens de manière extrêmement grave.
2.
"il semble qu’aujourd’hui l’adversaire stratégique de la russie – l’occident collectif sous drapeau américain – soit en train de commettre la même erreur que hitler. son bellicisme et sa propagande exacerbée, qui présentent la victoire finale contre la russie comme un devoir moral et un fait acquis, lui font penser que moscou peut être vaincu. (…) s’ils persistent à croire qu’ils peuvent battre la russie et l’affaiblir à mort, alors cette idée erronée va déclencher une nouvelle guerre mondiale.":
il ne s'agit pas de vaincre la russie, ni de l'affaiblir à mort.
il s'agit de faire reculer vladimir poutine.
en d'autres termes, il s'agit de ne pas refaire la terrible erreur des accords de munich (1938) qui capitulaient devant la volonté despotique d'adolf hitler. cette capitulation a renforcé hitler dans ses folles ambitions et cela a conduit à la deuxième guerre mondiale. si nous ne stoppons pas vladimir poutine dans sa folle entreprise, nous risquons une "troisième guerre mondiale".
»
@Latombe 14.10.2022 | 17h03
«Bon pour la tête?
Je commence à en douter. Jacques Pilet balance entre pro europe et antiaméricanisme, Guy Mettan mue du PDC à une russophile même pas modérée par l'impérialisme de Poutine (un tueur disait Joe Biden à Genève), Jacques Baud en rajoute une couche en déguisant les aspirations démocratiques et indépendantistes de L'Ukraine sous des oripeaux fascistes.
Bon pour la tête à droite toute?
Ce qui serait bon pour la tête serait de laisser la place au doute, se méfier des montages géopolitiques à partir de quelques faits, tout en écartant bien d'autres, accepter que l'histoire, même si elle permet, en éclairant le passé, de faire des hypothèses sur le présent, reste muette devant l'avenir qui ménage toujours des surprises.
Pour la petite Suisse, ballotée par des maelströms entre puissants qui remue nos habitudes, je propose de profiter de l'opportunité pour booster nos ressources locales en énergie (solaire et hydraulique), lutter contre les gaspillages de toute sorte et développer nos intelligences collectives pour, dans un esprit de respect mutuel, construire un avenir décarboné, qui préserve la biodiversité, la qualité des sols et qui privilégie la croissance du bien vivre ensemble plutôt que la croissance de la consommation et la compétition entre les individus.»
@Qovadis 14.10.2022 | 20h23
«Excellent article qui met en lumière les motivations mercantiles peu glorieuses des États-Unis. Pourquoi les médias mainstream n’en parlent pas ou peu ?
C’est comme ce soir au 1930 de la RTS. On va nous bassiner pendant deux semaines avec le 60ème anniversaire de la crise de Cuba. Mais qui dira que, « en novembre 1961, les États-Unis déployèrent 15 missiles Jupiter en Turquie et 30 autres en Italie, lesquels étaient capables d'atteindre le territoire soviétique. Commençait également, le 7 février 1962, l'embargo des États-Unis contre Cuba. » ? (Source Wikipedia) »
@willoft 15.10.2022 | 07h49
«Il faut saluer la proposition de Paix d'Elon Musk, qui me semblait la meilleure solution avant qu'il la propose.
Mais les bouteurs d'huile sur le feu sont tellement excités par le jeu, qu'elle n'a pas fait meilleure couverture que son cybertruck amphibie.
En parlant du mantra d'attendre, les US se frottent les mains et ont sans doute déjà gagné plus que l'aide qu'ils fournissent à l'Ukraine, entre les armes, le gaz et autre pétrole, sans parler du reste.
Toujours en parlant d'attendre, l'hiver arrive au Nord et la révolte des peuples gronde, ne lui manque plus que des grands froids avec des coupures de courant et de combustible.
Il n'y a qu'à voir la gabegie anglaise et sa Lizz qui est déjà sur un siège éjectable (de F35).
La France commence aussi à se rebeller et avec les augmentations de tout, pas que de l'énergie, des salaires qui régressent, le printemps risque d'être chahuté, dans cette bonne vieille Europe!
Tout ça pour dire que la décarbonation n'est pas près d'être en route et il serait bon d'avoir les chiffres de rejets et de dégats ambientaux dans une telle guerre et aussi que le succès bienvenu des véhicules électriques, risque de recevoir un premier pénalty :)»
@Susi 15.10.2022 | 23h18
«
Le think tank américain “Rand corporation” est certainement celui qui influence le plus la politique aux USA.
Le texte suivant ( lien) est certainement intéressant pour tous ceux qui s’intéressent aux intentions américaines en lien avec la Russie.
https://www.rand.org/content/dam/rand/pubs/research_briefs/RB10000/RB10014/RAND_RB10014.pdf»
@Daniel P 16.10.2022 | 10h56
«Guy Mettan met Hitler du mauvais côté! Poutine est Hitler. Comme Hitler, il fait la guerre pour annexer ses voisins qui se trouvaient enfin libres depuis 1990. Attitude débile que l'occident pensait désamorcer en établissant des relations commerciales fortes pour développer la Russie. Un tyran est à la manoeuvre. Il faut le stopper...»
@GFTH68 20.10.2022 | 09h47
«"Le rôle de l'humiliation dans l'histoire est plus important que celui de la violence" dixit O. Abel»
@willoft 20.10.2022 | 19h30
«Oui, bien sûr, Poutine est Hitler, Hitler était juif et l'ami Jesus Christus (autre juif) a été crucifié par les Juifs
What else!»
@Yves 04.11.2022 | 13h38
«Ce texte ne confond-il pas "Russie" avec "Poutine"?»