Analyse / Dr. Volodymyr & Mr. Zelensky: la face cachée du président ukrainien
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«Héros de la liberté», «Hero of Our Time», «Der Unbeugsame», «The Unlikely Ukrainian Hero Who Defied Putin and United the World», «Zelensky, l’Ukraine dans le sang»: les médias et les dirigeants occidentaux ne savent plus quels superlatifs utiliser pour chanter les louanges du président ukrainien, tant ils sont fascinés par la «stupéfiante résilience» du comédien miraculeusement transformé en «chef de guerre» et en «sauveur de la démocratie.»
Depuis trois mois, le chef d’Etat ukrainien fait la une des magazines, ouvre les téléjournaux, inaugure le Festival de Cannes, harangue les parlements, félicite et admoneste ses collègues à la tête d’Etats dix fois plus puissants que lui avec un bonheur et un sens tactique qu’aucun acteur de cinéma ni aucun dirigeant politique avant lui n’avait connus.
Comment ne pas tomber sous le charme de cet improbable Mr. Bean qui, après avoir conquis le public avec ses grimaces et ses extravagances (se promener nu dans un magasin et mimer un pianiste jouant avec son sexe par exemple), a su en une nuit troquer ses pitreries et ses jeux de mots graveleux contre un T-shirt gris-vert, une barbe d’une semaine et des mots pleins de gravité pour galvaniser ses troupes assaillies par le méchant ours russe?
Depuis le 24 février, Volodymyr Zelensky a, sans conteste, administré la preuve qu’il était un artiste de la politique internationale aux talents exceptionnels. Ceux qui avaient suivi sa carrière de comique n’ont pas été surpris car ils connaissaient son sens inné de l’improvisation, ses facultés mimétiques, son audace de jeu. La façon dont il a mené campagne et terrassé en quelques semaines, entre le 31 décembre 2018 et le 21 avril 2019, des adversaires pourtant coriaces comme l’ancien président Porochenko, en mobilisant son équipe de production et ses généreux donateurs oligarques, avait déjà prouvé l’ampleur de ses talents. Mais il restait à transformer l’essai. Ce qui est désormais fait.
Talent pour le double jeu
Cependant, comme c’est souvent le cas, la façade ressemble rarement aux coulisses. La lumière des projecteurs cache plus qu’elle ne montre. Et là, force est de constater que le tableau est moins reluisant: tant ses réalisations de chef d’Etat que ses performances de défenseur de la démocratie laissent sérieusement à désirer.
Ce talent pour le double jeu, Zelensky va le montrer dès son élection. On rappelle qu’il a été élu le avec le score canon de 73,2% des voix en promettant de mettre fin à la corruption, de mener l’Ukraine sur le chemin du progrès et de la civilisation, et surtout de faire la paix avec les russophones du Donbass. Aussitôt élu, il va trahir toutes ses promesses avec un zèle si intempestif que sa cote de popularité tombera à 23% en janvier 2022, au point de se faire distancer par ses deux principaux adversaires.
Dès mai 2019, pour satisfaire ses sponsors oligarques, le nouvel élu lance un programme massif de privatisation du sol portant sur 40 millions d’hectares de bonnes terres agricoles sous prétexte que le moratoire sur la vente des terres aurait fait perdre des milliards de dollars au PIB du pays. Dans la foulée des programmes de «décommunisation» et de «dérussification» entamés depuis le coup d’Etat pro-américain de février 2014, il lance une vaste opération de privatisation des biens d’Etat, d’austérité budgétaire, de dérégulation des lois sur le travail et de démantèlement des syndicats, ce qui fâche une majorité d’Ukrainiens qui n’avaient pas compris ce que leur candidat entendait par «progrès», «occidentalisation» et «normalisation» de l’économie ukrainienne. Dans un pays qui, en 2020, affichait un revenu par habitant de 3726 dollars contre 10'126 dollars pour l’adversaire russe, alors qu’en 1991 le revenu moyen de l’Ukraine dépassait celui de la Russie, la comparaison n’est pas flatteuse. Et on comprend que les Ukrainiens n’aient pas applaudi cette énième réforme néolibérale.
Quant à la marche vers la civilisation, elle prendra la forme d’un autre décret qui, le 19 mai 2021, assure la domination de la langue ukrainienne et bannit le russe dans toutes les sphères de la vie publique, administrations, écoles et commerces, à la grande satisfaction des nationalistes et à la stupéfaction des russophones du sud-est du pays.
Un sponsor en fuite
En matière de corruption, le bilan n’est pas meilleur. En 2015, le Guardian estimait que l’Ukraine était le pays le plus corrompu d’Europe. En 2021, Transparency International, une ONG occidentale basée à Berlin, classait l’Ukraine au 122ème rang mondial de la corruption, tout près de la Russie honnie (136ème). Pas brillant pour un pays qui passe pour un parangon de vertu face aux barbares russes. La corruption est partout, dans les ministères, les administrations, les entreprises publiques, le parlement, la police, et même dans la Haute Cour de Justice Anti-Corruption selon le Kyiv Post! Il n’est pas rare de voir des juges rouler en Porsche, observent les journaux.
Le principal sponsor de Zelensky, Ihor Kolomoïsky, résident à Genève où il possède des bureaux luxueux avec vue sur la rade, n'est pas le moindre de ces oligarques qui profitent de la corruption ambiante: le 5 mars 2021, Anthony Blinken, qui ne pouvait sans doute pas faire autrement, annonçait que le Département d’Etat avait bloqué ses avoirs et l’avait banni des Etats-Unis en raison «d’une implication pour fait significatif de corruption». Il est vrai qu’on accusait Kolomoïsky d’avoir détourné 5,5 milliards de dollars de la banque publique Privatbank. Simple coïncidence, le bon Ihor était aussi le principal actionnaire du holding pétrolier Burisma qui employait le fils de Joe Biden, Hunter, pour un modeste dédommagement de 50'000 dollars par mois, et qui fait aujourd’hui l’objet d’une enquête du procureur du Delaware. Sage précaution: Kolomoisky, devenu persona non grata en Israël et réfugié en Géorgie selon certains témoins, ne risque ainsi pas de venir témoigner à la barre.
C’est ce même Kolomoïsky, décidément incontournable dans cette Ukraine en route vers le progrès, qui a fait toute la carrière d’acteur de Zelensky et qu’on retrouve impliqué dans l’affaire des Pandora Papers révélée par la presse en octobre 2021. Ces papiers ont révélé que la chaine de TV 1+1 appartenant au sulfureux oligarque avait versé pas moins de 40 millions de dollars à sa vedette Zelensky depuis 2012 et que ce dernier, peu avant d’être élu président et avec l’aide de sa garde rapprochée de Kryvyi Rih - les deux frères Shefir, dont l’un est l’auteur des scénarios de Zelensky et l’autre le chef du Service de sécurité d’Etat, et le producteur et propriétaire de leur société de production commune Kvartal 95 - avait prudemment transféré des sommes considérables sur des comptes offshore ouverts au nom de sa femme, tout en acquérant trois appartements non déclarés à Londres pour la somme de 7,5 millions de dollars.
Ce goût du «serviteur du peuple» (c’est le nom de sa série télévisée et de son parti politique) pour le confort non-prolétarien est confirmé par une photo brièvement apparue sur les réseaux sociaux et aussitôt effacée par les fact-checkers anti-complotistes, qui le montrait prenant ses aises dans un palace tropical à quelques dizaines de milliers de dollars la nuit alors qu’il était censé passer ses vacances d’hiver dans une modeste station de ski des Carpates.
Cet art de l’optimisation fiscale et cette fréquentation assidue d’oligarques pour le moins controversés ne plaident donc pas en faveur d’un engagement présidentiel inconditionnel contre la corruption. Pas plus que le fait d’avoir essayé de dégommer le président de la Cour constitutionnelle Oleksandr Tupytskyi, qui le gênait, et nommé premier ministre, après le départ de son prédécesseur Oleksyi Hontcharouk pour cause de scandale, un inconnu du nom de Denys Chmynal mais qui avait le mérite de diriger l’une des usines de l’homme le plus riche du pays, Rinat Akhmetov, propriétaire de la fameuse usine Azovstal, ultime refuge des héroïques combattants de la liberté du bataillon Azov. Combattants qui arborent sur leur bras, dans leur cou, dans leur dos ou sur leur poitrine des tatouages glorifiant le Wolfsangel de la Division SS Das Reich, des phrases d’Adolf Hitler ou des croix gammées, comme on a pu le voir sur les innombrables vidéos diffusées par les Russes après leur reddition.
Otage des bataillons Azov
Car le rapprochement du flamboyant Volodymyr avec les représentants les plus extrêmes de la droite nationaliste ukrainienne n’est pas la moindre des étrangetés du Dr. Zelensky. Cette complicité a aussitôt été niée avec la plus grande virulence par la presse occidentale, qui l’a jugée scandaleuse en raison des origines juives du président, subitement redécouvertes. Comment un président juif pourrait-il sympathiser avec des néo-nazis, par ailleurs présentés comme une infime minorité de marginaux? Il ne faudrait tout de même pas donner du crédit à l’opération de «dénazification» menée par Vladimir Poutine…
Et pourtant les faits sont têtus et loin d’être anodins.
Il est certain qu’à titre personnel Zelensky n’a jamais été proche de l’idéologie néo-nazie ni même de l’extrême-droite nationaliste ukrainienne. Son ascendance juive, même si elle est relativement lointaine et n’a jamais été revendiquée avant février 2022, exclut bien évidemment tout antisémitisme de sa part. Ce rapprochement ne trahit donc pas une affinité mais relève de la banale raison d’Etat et d’un mélange bien compris de pragmatisme et d’instinct de survie physique et politique.
Il faut remonter à octobre 2019 pour comprendre la nature des relations entre Zelensky et l’extrême-droite. Et il faut comprendre que ces formations d’extrême-droite, même si elles ne pèsent que 2% de l’électorat, représentent tout de même près d’un million de personnes très motivées et bien organisées et qui se répartissent dans de nombreux groupements et mouvements, dont le régiment Azov (cofondé et financé dès 2014 par Kolomoïsky, toujours lui!) n’est que le plus connu. Il faut lui ajouter les organisations Aïdar, Dnipro, Safari, Svoboda, Pravy Sektor, C14 et Corps national pour être complet.
C14, baptisé ainsi en raison du nombre de mots de la phrase du néonazi américain David Lane («We must secure the existence of our people and a future for white children»), est l’un des moins connus à l’étranger mais les plus redoutés pour sa violence raciste en Ukraine. Tous ces groupements ont été plus ou moins fondus dans l’armée et la garde nationale ukrainiennes à l’initiative de leur animateur, l’ancien ministre de l’Intérieur Arsen Avakov, qui a régné sans partage sur l’appareil de sécurité ukrainien de 2014 à 2021. Ce sont eux que Zelensky appelle des «vétérans» depuis l’automne 2019.
Quelques mois après son élection, le jeune président se rend en effet dans le Donbass pour tenter de réaliser sa promesse électorale et faire appliquer les accords de Minsk signés par son prédécesseur. Les forces d’extrême-droite, qui pilonnent les villes des Donetsk et Lougansk depuis 2014 au prix de dix mille morts, l’accueillent avec la plus grande circonspection car ils se méfient de ce président «pacifiste». Ils mènent une campagne sans pitié contre la paix sous le slogan «Pas de capitulation». Sur une vidéo, on voit un Zelensky blême les implorer: «Je suis le président de ce pays. J’ai 41 ans. Je ne suis pas un loser. Je viens vers vous et vous dis: retirez les armes.» La vidéo est lâchée sur les réseaux sociaux et Zelensky devient aussitôt la cible d’une campagne haineuse. C’en sera fait de ses velléités de paix et d’application des accords de Minsk.
Peu après cet incident, un retrait mineur des forces extrémistes a lieu, puis les bombardements reprennent de plus belle.
Croisade nationaliste
Le problème est que non seulement Zelensky a cédé à leur chantage mais qu’il les rejoint dans leur croisade nationaliste. Après son expédition ratée, en novembre 2019, il reçoit plusieurs leaders de l’extrême-droite, dont Yehven Taras, le chef du C14, tandis que son premier ministre s’affiche aux côtés d’Andryi Medvedko, une figure néo-nazie soupçonnée de meurtre. Il soutient aussi le footballeur Zolzulya contre les fans espagnols qui l’accusent d’être un nazi à cause de son soutien proclamé à Stepan Bandera, le leader nationaliste qui a collaboré avec l’Allemagne nazie pendant la guerre (et avec la CIA après la guerre) et participé à l’Holocauste des Juifs.
La collaboration avec les radicaux nationalistes est bien installée. En novembre de l’an dernier, Zelensky nomme l’ultra-nationaliste de Pravy Sektor Dmytro Yarosh conseiller spécial du commandant en chef de l’armée ukrainienne et, depuis février 2022, chef de l’Armée des volontaires qui fait régner la terreur à l’arrière. Au même Moment, il nomme Oleksander Poklad, surnommé «l’étrangleur» en raison de son goût pour la torture, chef du contre-espionnage du SBU. En décembre, deux mois avant la guerre, c’est au tour d’un autre chef de Pravy Sektor, le commandant Dmytro Kotsuybaylo, d’être récompensé par le titre de «Héros de l’Ukraine» tandis que, une semaine après le début des hostilités, Zelensky fait remplacer le gouverneur régional d’Odessa par Maksym Marchenko, ancien commandant du bataillon ultranationaliste Aïdar, celui-là même auprès duquel Bernard-Henri Lévy se fera une gloire de défiler.
Désir d’amadouer l’extrême-droite en lui confiant des postes? Ultra-patriotisme partagé? Ou simple convergence d’intérêt entre une droite néolibérale atlantiste et pro-occidentale et une extrême droite nationaliste qui rêve de casser du Russe et de «mener les races blanches du monde dans une croisade finale contre les Untermenschen guidés par les Sémites», selon les mots de l’ancien député Andryi Biletsky, chef du Corps national? On ne sait trop, aucun journaliste ne s’étant hasardé à poser la question à Zelensky.
Ce qui ne fait aucun doute en revanche, c’est la dérive de plus en plus autoritaire, voire criminelle, du régime ukrainien. A tel point que ses zélotes devraient y réfléchir à deux fois avant de proposer leur idole au prix Nobel de la Paix. Car, pendant que les médias regardent ailleurs, c’est une vraie campagne d’intimidation, de kidnappings et d’exécutions que subissent les élus locaux et nationaux soupçonnés d’être des agents russes ou de connivence avec l’ennemi parce qu’ils veulent éviter une escalade du conflit.
«Un traitre de moins en Ukraine! On l’a retrouvé tué et il a été jugé par le tribunal du peuple!» C’est ainsi que le conseiller du ministre de l’Intérieur, Anton Gerashenko, a annoncé sur son compte Telegram le meurtre de Volodymyr Strok, maire et ancien député de la petite ville de Kremnina. Soupçonné d’avoir collaboré avec les Russes, il a été enlevé puis torturé avant d’être exécuté. Le 7 mars, c’est au tour du maire de Gostomel d’être tué parce qu’il avait voulu négocier un corridor humanitaire avec les militaires russes. Le 24 mars, c’est le maire de Kupyansk qui demande à Zelensky de relâcher sa fille enlevée par les séides du SBU. Au même moment, un des négociateurs ukrainiens est retrouvé mort après avoir été accusé de trahison par les médias nationalistes. Pas moins de onze maires sont portés disparus à ce jour, y compris dans des régions jamais occupées par les Russes…
Partis d'opposition interdits
Mais la répression ne s’arrête pas là. Elle frappe les médias critiques, qui ont tous été fermés, et les partis d’opposition, qui ont tous été dissous.
En février 2021, Zelensky fait fermer trois chaînes d’opposition jugées pro-russes et censées appartenir à l’oligarque Viktor Medvedchuk, NewsOne, Zik et 112 Ukraine. Le Département d’Etat salue cet attentat contre la liberté de la presse en déclarant que «les Etats-Unis soutiennent les efforts ukrainiens pour contrer l’influence maligne de la Russie…». En janvier 2022, un mois avant la guerre, c’est au tour de la chaine Nash d’être fermée. Après le début de la guerre, le régime fait la chasse aux journalistes, blogueurs et commentateurs de gauche. Début avril, deux chaînes de droite sont également touchées. Channel 5 et Pryamiy. Un décret présidentiel oblige toutes les chaines à diffuser un seul et unique son de cloche, pro-gouvernemental bien sûr. Récemment la chasse aux sorcières s’est même étendue au blogueur critique le plus populaire du pays, le Navalny ukrainien, Anatoliy Shariy, qui a été arrêté le 4 mai dernier par les autorités espagnoles à la demande de la police politique ukrainienne. Des attaques contre la presse au moins équivalentes à celles de l’autocrate Poutine, mais dont on n'a jamais entendu parler dans les médias occidentaux…
La purge a été encore plus sévère pour les partis politiques. Elle a décimé les principaux opposants de Zelensky. Au printemps 2021, le domicile du principal d’entre eux, Medvedchuk, réputé proche de Poutine, est saccagé et son propriétaire placé en résidence surveillée. Le 12 avril dernier, le député oligarque a été interné de force dans un lieu tenu secret, visiblement drogué, privé de visites avant d’être exhibé à la TV et proposé en échange de la libération des défenseurs d’Azovstal, au mépris de toutes les conventions de Genève. Ses avocats, menacés, ont dû renoncer à le défendre au profit d’un proche des services.
En décembre dernier, c’est Petro Porochenko, qui remontait dans les sondages, qui a été accusé de trahison. Le 20 décembre 2021 à 15h07, on pouvait lire sur le site officiel du SBU qu’il était suspect d’avoir commis des crimes de trahison et de soutien à des activités terroristes. L’ancien président, qui était pourtant un antirusse forcené, se voyait reprocher «d’avoir rendu l’Ukraine énergétiquement dépendante de la Russie et des leaders des pseudo-Républiques sous contrôle russe.»
Le 3 mars dernier, ce sont les activistes de la Gauche Lizvizia qui subissent un raid du SBU et son emprisonnés par douzaines. Puis le 19 mars, la répression frappe l’ensemble de la gauche ukrainienne. Par décret, onze partis de gauche sont interdits, soit le Parti pour la vie, l’Opposition de gauche, le parti socialiste progressiste d’Ukraine, le parti socialiste d’Ukraine, l’union des forces de gauche, les Socialistes, le Parti Sharyi, Les Nôtres, Etat, le Bloc d’opposition le Bloc Volodymyr Saldo.
D’autres activistes, blogueurs et défenseurs des droits de l’Homme sont arrêtés et torturés, le journaliste Yan Taksyur, l’activiste Elena Brezhnaya, le boxeur de MMA Maxim Ryndovskiy ou encore l’avocate Elena Viacheslavova, dont le père était mort carbonisé dans le pogrom du 2 mai 2014 à la Maison des syndicats d’Odessa.
Pour compléter cette liste, on mentionnera encore ces hommes et ces femmes déshabillés et fouettés en public par les nationalistes dans les rues de Kiev, ces prisonniers russes battus et dont on tirait dans les jambes avant de les exécuter, ce soldat à qui on avait percé un œil avant de le tuer, ces membres de la Légion géorgienne qui ont exécuté des prisonniers russes dans un village près de Kiev tandis que leur chef se vantait de ne jamais faire de prisonnier. Sur la chaine Ukraine 24, c’est le chef du service médical de l’armée qui indique avoir donné l’ordre «de castrer tous les hommes russes parce qu’ils sont des sous-hommes pires que des cafards.» Enfin, l’Ukraine recourt massivement à la technologie de reconnaissance faciale de la société Clearview afin d’identifier les morts russes et de diffuser leurs photos sur les réseaux sociaux russes en les tournant en ridicule…
Un acteur à oscariser
On pourrait multiplier les exemples, tant sont nombreuses les citations et les vidéos d’atrocités commises par les troupes du défenseur de la démocratie et des droits humains qui préside aux destinées de l’Ukraine. Mais ce serait fastidieux et contre-productif auprès d’une opinion publique convaincue que ces comportements barbares sont uniquement dus aux Russes.
C’est pourquoi aucune ONG ne s’en alarme, le Conseil de l’Europe reste coi, le Tribunal pénal international n’enquête pas, les organisations de défense de la liberté de la presse restent muettes. Ils n’ont pas bien écouté ce que le gentil Volodymyr leur avait déclaré lors d’une visite à Boutcha début avril: «Si nous ne trouvons pas une porte de sortie civilisée, vous connaissez nos gens, ils trouveront une issue non-civilisée.»
Le problème de l’Ukraine est que son président, bon gré ou mal gré, a cédé son pouvoir aux extrémistes sur le plan intérieur et aux militaires de l’OTAN sur le plan extérieur pour s’adonner au plaisir d’être adulé par les foules du monde entier. N’est-ce pas lui qui déclarait à un journaliste français le 5 mars dernier, dix jours après l’invasion russe: «Aujourd’hui, ma vie est belle. Je crois que je suis désiré. Je sens que c’est le sens le plus important de ma vie: être désiré. Sentir que vous n’êtes pas banalement en train de respirer, marcher et manger quelque chose. Vous vivez!».
On vous l’a dit: Zelensky est un grand acteur. Comme son prédécesseur qui avait incarné le Dr. Jekyll & Mr. Hyde en 1932, il mérite de gagner l’Oscar du meilleur rôle masculin de la décennie. Mais quand il devra s’atteler à la tâche de reconstruire son pays dévasté par une guerre qu’il aurait pu éviter en 2019, le retour à la réalité risque d’être difficile.
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Ceux qui avaient suivi sa carrière de comique n’ont pas été surpris car ils connaissaient son sens inné de l’improvisation, ses facultés mimétiques, son audace de jeu. La façon dont il a mené campagne et terrassé en quelques semaines, entre le 31 décembre 2018 et le 21 avril 2019, des adversaires pourtant coriaces comme l’ancien président Porochenko, en mobilisant son équipe de production et ses généreux donateurs oligarques, avait déjà prouvé l’ampleur de ses talents. Mais il restait à transformer l’essai. Ce qui est désormais fait.</p> <h3>Talent pour le double jeu</h3> <p>Cependant, comme c’est souvent le cas, la façade ressemble rarement aux coulisses. La lumière des projecteurs cache plus qu’elle ne montre. Et là, force est de constater que le tableau est moins reluisant: tant ses réalisations de chef d’Etat que ses performances de défenseur de la démocratie laissent sérieusement à désirer.</p> <p><a href="https://www.nytimes.com/2022/02/21/opinion/ukraine-russia-zelensky-putin.html">Ce talent pour le double jeu</a>, Zelensky va le montrer dès son élection. On rappelle qu’il a été élu le avec le score canon de 73,2% des voix en promettant de mettre fin à la corruption, de mener l’Ukraine sur le chemin du progrès et de la civilisation, et surtout de faire la paix avec les russophones du Donbass. Aussitôt élu, il va trahir toutes ses promesses avec un zèle si intempestif que sa cote de popularité tombera à 23% en janvier 2022, au point de se faire distancer par ses deux principaux adversaires.</p> <p>Dès mai 2019, pour satisfaire ses sponsors oligarques, le nouvel élu lance un programme massif de privatisation du sol portant sur 40 millions d’hectares de bonnes terres agricoles sous prétexte que le moratoire sur la vente des terres aurait fait perdre des milliards de dollars au PIB du pays. Dans la foulée des programmes de «décommunisation» et de «dérussification» entamés depuis le coup d’Etat pro-américain de février 2014, il lance une vaste opération de privatisation des biens d’Etat, d’austérité budgétaire, de dérégulation des lois sur le travail et de démantèlement des syndicats, ce qui fâche une majorité d’Ukrainiens qui n’avaient pas compris ce que leur candidat entendait par «progrès», «occidentalisation» et «normalisation» de l’économie ukrainienne. Dans un pays qui, en 2020, affichait un revenu par habitant de 3726 dollars contre 10'126 dollars pour l’adversaire russe, alors qu’en 1991 le revenu moyen de l’Ukraine dépassait celui de la Russie, la comparaison n’est pas flatteuse. Et on comprend que les Ukrainiens n’aient pas applaudi cette énième réforme néolibérale.</p> <p>Quant à la marche vers la civilisation, elle prendra la forme d’un autre décret qui, le 19 mai 2021, assure la domination de la langue ukrainienne et bannit le russe dans toutes les sphères de la vie publique, administrations, écoles et commerces, à la grande satisfaction des nationalistes et à la stupéfaction des russophones du sud-est du pays.</p> <h3>Un sponsor en fuite</h3> <p>En matière de corruption, le bilan n’est pas meilleur. En 2015, le <i>Guardian</i> estimait que l’Ukraine était le pays le plus corrompu d’Europe. En 2021, Transparency International, une ONG occidentale basée à Berlin, classait l’Ukraine au 122ème rang mondial de la corruption, tout près de la Russie honnie (136ème). Pas brillant pour un pays qui passe pour un parangon de vertu face aux barbares russes. La corruption est partout, dans les ministères, les administrations, les entreprises publiques, le parlement, la police, et même dans la Haute Cour de Justice Anti-Corruption selon le <i>Kyiv Post</i>! Il n’est pas rare de voir des juges rouler en Porsche, observent les journaux. </p> <p>Le principal sponsor de Zelensky, Ihor Kolomoïsky, résident à Genève où il possède des bureaux luxueux avec vue sur la rade, n'est pas le moindre de ces oligarques qui profitent de la corruption ambiante: le 5 mars 2021, Anthony Blinken, qui ne pouvait sans doute pas faire autrement, annonçait que <a href="https://www.state.gov/public-designation-of-oligarch-and-former-ukrainian-public-official-ihor-kolomoyskyy-due-to-involvement-in-significant-corruption/">le Département d’Etat avait bloqué ses avoirs et l’avait banni des Etats-Unis</a> en raison «d’une implication pour fait significatif de corruption». Il est vrai qu’on accusait Kolomoïsky d’avoir détourné 5,5 milliards de dollars de la banque publique Privatbank. Simple coïncidence, le bon Ihor était aussi le principal actionnaire du holding pétrolier Burisma qui employait le fils de Joe Biden, Hunter, pour un modeste dédommagement de 50'000 dollars par mois, et qui fait aujourd’hui l’objet d’une enquête du procureur du Delaware. Sage précaution: Kolomoisky, devenu persona non grata en Israël et réfugié en Géorgie selon certains témoins, ne risque ainsi pas de venir témoigner à la barre.</p> <p>C’est ce même Kolomoïsky, décidément incontournable dans cette Ukraine en route vers le progrès, qui a fait toute la carrière d’acteur de Zelensky et qu’on retrouve impliqué dans l’affaire des Pandora Papers révélée par la presse en octobre 2021. Ces papiers ont révélé que la chaine de TV 1+1 appartenant au sulfureux oligarque avait versé pas moins de 40 millions de dollars à sa vedette Zelensky depuis 2012 et que ce dernier, peu avant d’être élu président et avec l’aide de sa garde rapprochée de Kryvyi Rih - les deux frères Shefir, dont l’un est l’auteur des scénarios de Zelensky et l’autre le chef du Service de sécurité d’Etat, et le producteur et propriétaire de leur société de production commune Kvartal 95 - avait prudemment transféré des sommes considérables sur des comptes offshore ouverts au nom de sa femme, tout en acquérant trois appartements non déclarés à Londres pour la somme de 7,5 millions de dollars.</p> <p>Ce goût du «serviteur du peuple» (c’est le nom de sa série télévisée et de son parti politique) pour le confort non-prolétarien est confirmé par une photo brièvement apparue sur les réseaux sociaux et aussitôt effacée par les fact-checkers anti-complotistes, qui le montrait prenant ses aises dans un palace tropical à quelques dizaines de milliers de dollars la nuit alors qu’il était censé passer ses vacances d’hiver dans une modeste station de ski des Carpates. </p> <p>Cet art de l’optimisation fiscale et cette fréquentation assidue d’oligarques pour le moins controversés ne plaident donc pas en faveur d’un engagement présidentiel inconditionnel contre la corruption. Pas plus que le fait d’avoir essayé de dégommer le président de la Cour constitutionnelle Oleksandr Tupytskyi, qui le gênait, et nommé premier ministre, après le départ de son prédécesseur Oleksyi Hontcharouk pour cause de scandale, un inconnu du nom de Denys Chmynal mais qui avait le mérite de diriger l’une des usines de l’homme le plus riche du pays, Rinat Akhmetov, propriétaire de la fameuse usine Azovstal, ultime refuge des héroïques combattants de la liberté du bataillon Azov. Combattants qui arborent sur leur bras, dans leur cou, dans leur dos ou sur leur poitrine des tatouages glorifiant le Wolfsangel de la Division SS Das Reich, des phrases d’Adolf Hitler ou des croix gammées, comme on a pu le voir sur les innombrables vidéos diffusées par les Russes après leur reddition.</p> <h3>Otage des bataillons Azov</h3> <p>Car <a href="https://thegrayzone.com/2022/03/04/nazis-ukrainian-war-russia/">le rapprochement</a> du flamboyant Volodymyr avec les représentants les plus extrêmes de la droite nationaliste ukrainienne n’est pas la moindre des étrangetés du Dr. Zelensky. Cette complicité a aussitôt été niée avec la plus grande virulence par la presse occidentale, qui l’a jugée scandaleuse en raison des origines juives du président, subitement redécouvertes. Comment un président juif pourrait-il sympathiser avec des néo-nazis, par ailleurs présentés comme une infime minorité de marginaux? Il ne faudrait tout de même pas donner du crédit à l’opération de «dénazification» menée par Vladimir Poutine…</p> <p>Et pourtant les faits sont têtus et loin d’être anodins.</p> <p>Il est certain qu’à titre personnel Zelensky n’a jamais été proche de l’idéologie néo-nazie ni même de l’extrême-droite nationaliste ukrainienne. Son ascendance juive, même si elle est relativement lointaine et n’a jamais été revendiquée avant février 2022, exclut bien évidemment tout antisémitisme de sa part. Ce rapprochement ne trahit donc pas une affinité mais relève de la banale raison d’Etat et d’un mélange bien compris de pragmatisme et d’instinct de survie physique et politique.</p> <p>Il faut remonter à octobre 2019 pour comprendre la nature des relations entre Zelensky et l’extrême-droite. Et il faut comprendre que ces formations d’extrême-droite, même si elles ne pèsent que 2% de l’électorat, représentent tout de même près d’un million de personnes très motivées et bien organisées et qui se répartissent dans de nombreux groupements et mouvements, dont le régiment Azov (cofondé et financé dès 2014 par Kolomoïsky, toujours lui!) n’est que le plus connu. Il faut lui ajouter les organisations Aïdar, Dnipro, Safari, Svoboda, Pravy Sektor, C14 et Corps national pour être complet. </p> <p>C14, baptisé ainsi en raison du nombre de mots de la phrase du néonazi américain David Lane («We must secure the existence of our people and a future for white children»), est <a href="https://www.bellingcat.com/news/uk-and-europe/2019/08/09/yes-its-still-ok-to-call-ukraines-c14-neo-nazi/">l’un des moins connus à l’étranger mais les plus redoutés pour sa violence raciste en Ukraine</a>. Tous ces groupements ont été plus ou moins fondus dans l’armée et la garde nationale ukrainiennes à l’initiative de leur animateur, l’ancien ministre de l’Intérieur Arsen Avakov, qui a régné sans partage sur l’appareil de sécurité ukrainien de 2014 à 2021. Ce sont eux que Zelensky appelle des «vétérans» depuis l’automne 2019.</p> <p>Quelques mois après son élection, le jeune président se rend en effet dans le Donbass pour tenter de réaliser sa promesse électorale et faire appliquer les accords de Minsk signés par son prédécesseur. Les forces d’extrême-droite, qui pilonnent les villes des Donetsk et Lougansk depuis 2014 au prix de dix mille morts, l’accueillent avec la plus grande circonspection car ils se méfient de ce président «pacifiste». Ils mènent une campagne sans pitié contre la paix sous le slogan «Pas de capitulation». <a href="https://twitter.com/liveuamap/status/1188041134943154177?lang=fr">Sur une vidéo</a>, on voit un Zelensky blême les implorer: «Je suis le président de ce pays. J’ai 41 ans. Je ne suis pas un loser. Je viens vers vous et vous dis: retirez les armes.» La vidéo est lâchée sur les réseaux sociaux et Zelensky devient aussitôt la cible d’une campagne haineuse. C’en sera fait de ses velléités de paix et d’application des accords de Minsk.</p> <p>Peu après cet incident, un retrait mineur des forces extrémistes a lieu, puis les bombardements reprennent de plus belle.</p> <h3>Croisade nationaliste</h3> <p>Le problème est que non seulement Zelensky a cédé à leur chantage mais qu’il les rejoint dans leur croisade nationaliste. Après son expédition ratée, en novembre 2019, il reçoit plusieurs leaders de l’extrême-droite, dont Yehven Taras, le chef du C14, tandis que son premier ministre s’affiche aux côtés d’Andryi Medvedko, une figure néo-nazie soupçonnée de meurtre. Il soutient aussi le footballeur Zolzulya contre les fans espagnols qui l’accusent d’être un nazi à cause de son soutien proclamé à Stepan Bandera, le leader nationaliste qui a collaboré avec l’Allemagne nazie pendant la guerre (et avec la CIA après la guerre) et participé à l’Holocauste des Juifs. </p> <p>La collaboration avec les radicaux nationalistes est bien installée. En novembre de l’an dernier, Zelensky nomme l’ultra-nationaliste de Pravy Sektor Dmytro Yarosh conseiller spécial du commandant en chef de l’armée ukrainienne et, depuis février 2022, chef de l’Armée des volontaires qui fait régner la terreur à l’arrière. Au même Moment, il nomme Oleksander Poklad, surnommé «l’étrangleur» en raison de son goût pour la torture, chef du contre-espionnage du SBU. En décembre, deux mois avant la guerre, c’est au tour d’un autre chef de Pravy Sektor, le commandant Dmytro Kotsuybaylo, d’être récompensé par le titre de «Héros de l’Ukraine» tandis que, une semaine après le début des hostilités, Zelensky fait remplacer le gouverneur régional d’Odessa par Maksym Marchenko, ancien commandant du bataillon ultranationaliste Aïdar, celui-là même <a href="https://frontpopulaire.fr/o/Content/co808443/quand-bhl-s-affiche-a-odessa-avec-un-ex-commandant-accuse-de-crimes-de-guer">auprès duquel Bernard-Henri Lévy se fera une gloire de défiler</a>.</p> <p>Désir d’amadouer l’extrême-droite en lui confiant des postes? Ultra-patriotisme partagé? Ou simple convergence d’intérêt entre une droite néolibérale atlantiste et pro-occidentale et une extrême droite nationaliste qui rêve de casser du Russe et de «mener les races blanches du monde dans une croisade finale contre les Untermenschen guidés par les Sémites», <a href="https://covertactionmagazine.com/fr/2021/07/29/notre-mission-est-de-mener-les-races-blanches-du-monde-dans-une-croisade-finale-contre-les-sous-humains-untermenschen-dirig%25C3%25A9s-par-des-s%25C3%25A9mites/">selon les mots</a> de l’ancien député Andryi Biletsky, chef du Corps national? On ne sait trop, aucun journaliste ne s’étant hasardé à poser la question à Zelensky.</p> <p>Ce qui ne fait aucun doute en revanche, c’est la dérive de plus en plus autoritaire, voire criminelle, du régime ukrainien. A tel point que ses zélotes devraient y réfléchir à deux fois avant de proposer leur idole au prix Nobel de la Paix. Car, pendant que les médias regardent ailleurs, c’est une vraie campagne d’intimidation, de kidnappings et d’exécutions que subissent les élus locaux et nationaux soupçonnés d’être des agents russes ou de connivence avec l’ennemi parce qu’ils veulent éviter une escalade du conflit.</p> <p>«Un traitre de moins en Ukraine! On l’a retrouvé tué et il a été jugé par le tribunal du peuple!» C’est ainsi que le conseiller du ministre de l’Intérieur, Anton Gerashenko, <a href="https://amp.lematin.ch/story/un-maire-ukrainien-prorusse-enleve-et-abattu-353514569673">a annoncé</a> sur son compte Telegram le meurtre de Volodymyr Strok, maire et ancien député de la petite ville de Kremnina. Soupçonné d’avoir collaboré avec les Russes, il a été enlevé puis torturé avant d’être exécuté. Le 7 mars, c’est au tour du maire de Gostomel <a href="https://www.ndtv.com/world-news/ukraine-town-mayor-killed-in-russian-fire-while-distributing-bread-medicine-2808351">d’être tué</a> parce qu’il avait voulu négocier un corridor humanitaire avec les militaires russes. Le 24 mars, c’est le maire de Kupyansk qui <a href="https://www.reddit.com/r/UkraineWarVideoReport/comments/tm5392/the_mayor_of_kupyansk_turned_to_volodymyr/">demande à Zelensky de relâcher sa fille enlevée par les séides du SBU</a>. Au même moment, un des négociateurs ukrainiens est retrouvé mort après avoir été accusé de trahison par les médias nationalistes. Pas moins de onze maires sont portés disparus à ce jour, y compris dans des régions jamais occupées par les Russes…</p> <h3>Partis d'opposition interdits</h3> <p>Mais la répression ne s’arrête pas là. Elle frappe les médias critiques, qui ont tous été fermés, et les partis d’opposition, qui ont tous été dissous.</p> <p>En février 2021, Zelensky <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2021/02/05/le-president-ukrainien-zelensky-fait-fermer-trois-chaines-prorusses_6068914_3210.html">fait fermer trois chaînes d’opposition</a> jugées pro-russes et censées appartenir à l’oligarque Viktor Medvedchuk, NewsOne, Zik et 112 Ukraine. Le Département d’Etat salue cet attentat contre la liberté de la presse en déclarant que «les Etats-Unis soutiennent les efforts ukrainiens pour contrer l’influence maligne de la Russie…». En janvier 2022, un mois avant la guerre, c’est au tour de la chaine Nash d’être fermée. Après le début de la guerre, le régime fait la chasse aux journalistes, blogueurs et commentateurs de gauche. Début avril, deux chaînes de droite sont également touchées. Channel 5 et Pryamiy. <a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/les-medias-ukrainiens-reussissent-encore-a-informer-la-population-1396152">Un décret présidentiel</a> oblige toutes les chaines à diffuser un seul et unique son de cloche, pro-gouvernemental bien sûr. Récemment la chasse aux sorcières s’est même étendue au blogueur critique le plus populaire du pays, le Navalny ukrainien, Anatoliy Shariy, qui <a href="https://www.sudouest.fr/international/europe/ukraine/guerre-en-ukraine-le-blogueur-ukrainien-pro-russe-anatoli-charii-arrete-en-espagne-10828767.php">a été arrêté le 4 mai dernier par les autorités espagnoles</a> à la demande de la police politique ukrainienne. Des attaques contre la presse au moins équivalentes à celles de l’autocrate Poutine, mais dont on n'a jamais entendu parler dans les médias occidentaux…</p> <p>La purge a été encore plus sévère pour les partis politiques. Elle a décimé les principaux opposants de Zelensky. Au printemps 2021, le domicile du principal d’entre eux, Medvedchuk, réputé proche de Poutine, <a href="https://www.vanityfair.fr/pouvoir/article/la-chute-de-viktor-medvedchuk-homme-le-plus-puissant-dukraine-et-ami-de-poutine">est saccagé et son propriétaire placé en résidence surveillée</a>. Le 12 avril dernier, le député oligarque a été interné de force dans un lieu tenu secret, visiblement drogué, privé de visites avant d’être exhibé à la TV et proposé en échange de la libération des défenseurs d’Azovstal, au mépris de toutes les conventions de Genève. Ses avocats, menacés, ont dû renoncer à le défendre au profit d’un proche des services. </p> <p>En décembre dernier, c’est Petro Porochenko, qui remontait dans les sondages, qui a été <a href="https://www.usnews.com/news/business/articles/2021-12-20/authorities-say-ex-leader-of-ukraine-is-suspected-of-treason">accusé de trahison</a>. Le 20 décembre 2021 à 15h07, on pouvait lire sur le site officiel du SBU qu’il était suspect d’avoir commis des crimes de trahison et de soutien à des activités terroristes. L’ancien président, qui était pourtant un antirusse forcené, se voyait reprocher «d’avoir rendu l’Ukraine énergétiquement dépendante de la Russie et des leaders des pseudo-Républiques sous contrôle russe.»</p> <p>Le 3 mars dernier, ce sont les activistes de la Gauche Lizvizia qui subissent un raid du SBU et son emprisonnés par douzaines. Puis le 19 mars, la répression frappe l’ensemble de la gauche ukrainienne. Par décret, <a href="https://www.liberation.fr/checknews/volodymyr-zelensky-a-t-il-suspendu-onze-partis-dopposition-ukrainiens-20220324_32PCSM7A4NGN7KF7OQN7OSHMYM/">onze partis de gauche sont interdits</a>, soit le Parti pour la vie, l’Opposition de gauche, le parti socialiste progressiste d’Ukraine, le parti socialiste d’Ukraine, l’union des forces de gauche, les Socialistes, le Parti Sharyi, Les Nôtres, Etat, le Bloc d’opposition le Bloc Volodymyr Saldo. </p> <p>D’autres activistes, blogueurs et défenseurs des droits de l’Homme sont arrêtés et torturés, le journaliste Yan Taksyur, l’activiste Elena Brezhnaya, le boxeur de MMA Maxim Ryndovskiy ou encore l’avocate Elena Viacheslavova, dont le père était mort carbonisé dans le pogrom du 2 mai 2014 à la Maison des syndicats d’Odessa.</p> <p>Pour compléter cette liste, on mentionnera encore ces hommes et ces femmes déshabillés et fouettés en public par les nationalistes dans les rues de Kiev, ces prisonniers russes battus et dont on tirait dans les jambes avant de les exécuter, ce soldat à qui on avait percé un œil avant de le tuer, ces membres de la Légion géorgienne qui ont exécuté des prisonniers russes dans un village près de Kiev tandis que leur chef se vantait de ne jamais faire de prisonnier. Sur la chaine Ukraine 24, c’est le chef du service médical de l’armée qui indique <a href="https://www.mirror.co.uk/news/world-news/ukrainian-doctors-told-castrate-captured-26523466?utm_source=pocket_mylist">avoir donné l’ordre</a> «de castrer tous les hommes russes parce qu’ils sont des sous-hommes pires que des cafards.» Enfin, <a href="https://www.reuters.com/technology/exclusive-ukraine-has-started-using-clearview-ais-facial-recognition-during-war-2022-03-13/">l’Ukraine recourt massivement à la technologie de reconnaissance faciale de la société Clearview</a> afin d’identifier les morts russes et de diffuser leurs photos sur les réseaux sociaux russes en les tournant en ridicule…</p> <h3>Un acteur à oscariser</h3> <p>On pourrait multiplier les exemples, tant sont nombreuses les citations et les vidéos d’atrocités commises par les troupes du défenseur de la démocratie et des droits humains qui préside aux destinées de l’Ukraine. Mais ce serait fastidieux et contre-productif auprès d’une opinion publique convaincue que ces comportements barbares sont uniquement dus aux Russes. </p> <p>C’est pourquoi aucune ONG ne s’en alarme, le Conseil de l’Europe reste coi, le Tribunal pénal international n’enquête pas, les organisations de défense de la liberté de la presse restent muettes. Ils n’ont pas bien écouté ce que le gentil Volodymyr leur avait déclaré lors d’une visite à Boutcha début avril: «Si nous ne trouvons pas une porte de sortie civilisée, vous connaissez nos gens, ils trouveront une issue non-civilisée.»</p> <p>Le problème de l’Ukraine est que son président, bon gré ou mal gré, a cédé son pouvoir aux extrémistes sur le plan intérieur et aux militaires de l’OTAN sur le plan extérieur pour s’adonner au plaisir d’être adulé par les foules du monde entier. N’est-ce pas lui qui déclarait à un journaliste français le 5 mars dernier, dix jours après l’invasion russe: «Aujourd’hui, ma vie est belle. Je crois que je suis désiré. Je sens que c’est le sens le plus important de ma vie: être désiré. Sentir que vous n’êtes pas banalement en train de respirer, marcher et manger quelque chose. Vous vivez!».</p> <p>On vous l’a dit: Zelensky est un grand acteur. Comme son prédécesseur qui avait incarné le Dr. Jekyll & Mr. Hyde en 1932, il mérite de gagner l’Oscar du meilleur rôle masculin de la décennie. 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Ceux qui avaient suivi sa carrière de comique n’ont pas été surpris car ils connaissaient son sens inné de l’improvisation, ses facultés mimétiques, son audace de jeu. La façon dont il a mené campagne et terrassé en quelques semaines, entre le 31 décembre 2018 et le 21 avril 2019, des adversaires pourtant coriaces comme l’ancien président Porochenko, en mobilisant son équipe de production et ses généreux donateurs oligarques, avait déjà prouvé l’ampleur de ses talents. Mais il restait à transformer l’essai. Ce qui est désormais fait.</p> <h3>Talent pour le double jeu</h3> <p>Cependant, comme c’est souvent le cas, la façade ressemble rarement aux coulisses. La lumière des projecteurs cache plus qu’elle ne montre. Et là, force est de constater que le tableau est moins reluisant: tant ses réalisations de chef d’Etat que ses performances de défenseur de la démocratie laissent sérieusement à désirer.</p> <p><a href="https://www.nytimes.com/2022/02/21/opinion/ukraine-russia-zelensky-putin.html">Ce talent pour le double jeu</a>, Zelensky va le montrer dès son élection. On rappelle qu’il a été élu le avec le score canon de 73,2% des voix en promettant de mettre fin à la corruption, de mener l’Ukraine sur le chemin du progrès et de la civilisation, et surtout de faire la paix avec les russophones du Donbass. 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En 2021, Transparency International, une ONG occidentale basée à Berlin, classait l’Ukraine au 122ème rang mondial de la corruption, tout près de la Russie honnie (136ème). Pas brillant pour un pays qui passe pour un parangon de vertu face aux barbares russes. La corruption est partout, dans les ministères, les administrations, les entreprises publiques, le parlement, la police, et même dans la Haute Cour de Justice Anti-Corruption selon le <i>Kyiv Post</i>! Il n’est pas rare de voir des juges rouler en Porsche, observent les journaux. </p> <p>Le principal sponsor de Zelensky, Ihor Kolomoïsky, résident à Genève où il possède des bureaux luxueux avec vue sur la rade, n'est pas le moindre de ces oligarques qui profitent de la corruption ambiante: le 5 mars 2021, Anthony Blinken, qui ne pouvait sans doute pas faire autrement, annonçait que <a href="https://www.state.gov/public-designation-of-oligarch-and-former-ukrainian-public-official-ihor-kolomoyskyy-due-to-involvement-in-significant-corruption/">le Département d’Etat avait bloqué ses avoirs et l’avait banni des Etats-Unis</a> en raison «d’une implication pour fait significatif de corruption». Il est vrai qu’on accusait Kolomoïsky d’avoir détourné 5,5 milliards de dollars de la banque publique Privatbank. Simple coïncidence, le bon Ihor était aussi le principal actionnaire du holding pétrolier Burisma qui employait le fils de Joe Biden, Hunter, pour un modeste dédommagement de 50'000 dollars par mois, et qui fait aujourd’hui l’objet d’une enquête du procureur du Delaware. Sage précaution: Kolomoisky, devenu persona non grata en Israël et réfugié en Géorgie selon certains témoins, ne risque ainsi pas de venir témoigner à la barre.</p> <p>C’est ce même Kolomoïsky, décidément incontournable dans cette Ukraine en route vers le progrès, qui a fait toute la carrière d’acteur de Zelensky et qu’on retrouve impliqué dans l’affaire des Pandora Papers révélée par la presse en octobre 2021. Ces papiers ont révélé que la chaine de TV 1+1 appartenant au sulfureux oligarque avait versé pas moins de 40 millions de dollars à sa vedette Zelensky depuis 2012 et que ce dernier, peu avant d’être élu président et avec l’aide de sa garde rapprochée de Kryvyi Rih - les deux frères Shefir, dont l’un est l’auteur des scénarios de Zelensky et l’autre le chef du Service de sécurité d’Etat, et le producteur et propriétaire de leur société de production commune Kvartal 95 - avait prudemment transféré des sommes considérables sur des comptes offshore ouverts au nom de sa femme, tout en acquérant trois appartements non déclarés à Londres pour la somme de 7,5 millions de dollars.</p> <p>Ce goût du «serviteur du peuple» (c’est le nom de sa série télévisée et de son parti politique) pour le confort non-prolétarien est confirmé par une photo brièvement apparue sur les réseaux sociaux et aussitôt effacée par les fact-checkers anti-complotistes, qui le montrait prenant ses aises dans un palace tropical à quelques dizaines de milliers de dollars la nuit alors qu’il était censé passer ses vacances d’hiver dans une modeste station de ski des Carpates. </p> <p>Cet art de l’optimisation fiscale et cette fréquentation assidue d’oligarques pour le moins controversés ne plaident donc pas en faveur d’un engagement présidentiel inconditionnel contre la corruption. Pas plus que le fait d’avoir essayé de dégommer le président de la Cour constitutionnelle Oleksandr Tupytskyi, qui le gênait, et nommé premier ministre, après le départ de son prédécesseur Oleksyi Hontcharouk pour cause de scandale, un inconnu du nom de Denys Chmynal mais qui avait le mérite de diriger l’une des usines de l’homme le plus riche du pays, Rinat Akhmetov, propriétaire de la fameuse usine Azovstal, ultime refuge des héroïques combattants de la liberté du bataillon Azov. Combattants qui arborent sur leur bras, dans leur cou, dans leur dos ou sur leur poitrine des tatouages glorifiant le Wolfsangel de la Division SS Das Reich, des phrases d’Adolf Hitler ou des croix gammées, comme on a pu le voir sur les innombrables vidéos diffusées par les Russes après leur reddition.</p> <h3>Otage des bataillons Azov</h3> <p>Car <a href="https://thegrayzone.com/2022/03/04/nazis-ukrainian-war-russia/">le rapprochement</a> du flamboyant Volodymyr avec les représentants les plus extrêmes de la droite nationaliste ukrainienne n’est pas la moindre des étrangetés du Dr. Zelensky. Cette complicité a aussitôt été niée avec la plus grande virulence par la presse occidentale, qui l’a jugée scandaleuse en raison des origines juives du président, subitement redécouvertes. Comment un président juif pourrait-il sympathiser avec des néo-nazis, par ailleurs présentés comme une infime minorité de marginaux? Il ne faudrait tout de même pas donner du crédit à l’opération de «dénazification» menée par Vladimir Poutine…</p> <p>Et pourtant les faits sont têtus et loin d’être anodins.</p> <p>Il est certain qu’à titre personnel Zelensky n’a jamais été proche de l’idéologie néo-nazie ni même de l’extrême-droite nationaliste ukrainienne. Son ascendance juive, même si elle est relativement lointaine et n’a jamais été revendiquée avant février 2022, exclut bien évidemment tout antisémitisme de sa part. Ce rapprochement ne trahit donc pas une affinité mais relève de la banale raison d’Etat et d’un mélange bien compris de pragmatisme et d’instinct de survie physique et politique.</p> <p>Il faut remonter à octobre 2019 pour comprendre la nature des relations entre Zelensky et l’extrême-droite. Et il faut comprendre que ces formations d’extrême-droite, même si elles ne pèsent que 2% de l’électorat, représentent tout de même près d’un million de personnes très motivées et bien organisées et qui se répartissent dans de nombreux groupements et mouvements, dont le régiment Azov (cofondé et financé dès 2014 par Kolomoïsky, toujours lui!) n’est que le plus connu. Il faut lui ajouter les organisations Aïdar, Dnipro, Safari, Svoboda, Pravy Sektor, C14 et Corps national pour être complet. </p> <p>C14, baptisé ainsi en raison du nombre de mots de la phrase du néonazi américain David Lane («We must secure the existence of our people and a future for white children»), est <a href="https://www.bellingcat.com/news/uk-and-europe/2019/08/09/yes-its-still-ok-to-call-ukraines-c14-neo-nazi/">l’un des moins connus à l’étranger mais les plus redoutés pour sa violence raciste en Ukraine</a>. Tous ces groupements ont été plus ou moins fondus dans l’armée et la garde nationale ukrainiennes à l’initiative de leur animateur, l’ancien ministre de l’Intérieur Arsen Avakov, qui a régné sans partage sur l’appareil de sécurité ukrainien de 2014 à 2021. Ce sont eux que Zelensky appelle des «vétérans» depuis l’automne 2019.</p> <p>Quelques mois après son élection, le jeune président se rend en effet dans le Donbass pour tenter de réaliser sa promesse électorale et faire appliquer les accords de Minsk signés par son prédécesseur. Les forces d’extrême-droite, qui pilonnent les villes des Donetsk et Lougansk depuis 2014 au prix de dix mille morts, l’accueillent avec la plus grande circonspection car ils se méfient de ce président «pacifiste». Ils mènent une campagne sans pitié contre la paix sous le slogan «Pas de capitulation». <a href="https://twitter.com/liveuamap/status/1188041134943154177?lang=fr">Sur une vidéo</a>, on voit un Zelensky blême les implorer: «Je suis le président de ce pays. J’ai 41 ans. Je ne suis pas un loser. Je viens vers vous et vous dis: retirez les armes.» La vidéo est lâchée sur les réseaux sociaux et Zelensky devient aussitôt la cible d’une campagne haineuse. C’en sera fait de ses velléités de paix et d’application des accords de Minsk.</p> <p>Peu après cet incident, un retrait mineur des forces extrémistes a lieu, puis les bombardements reprennent de plus belle.</p> <h3>Croisade nationaliste</h3> <p>Le problème est que non seulement Zelensky a cédé à leur chantage mais qu’il les rejoint dans leur croisade nationaliste. Après son expédition ratée, en novembre 2019, il reçoit plusieurs leaders de l’extrême-droite, dont Yehven Taras, le chef du C14, tandis que son premier ministre s’affiche aux côtés d’Andryi Medvedko, une figure néo-nazie soupçonnée de meurtre. Il soutient aussi le footballeur Zolzulya contre les fans espagnols qui l’accusent d’être un nazi à cause de son soutien proclamé à Stepan Bandera, le leader nationaliste qui a collaboré avec l’Allemagne nazie pendant la guerre (et avec la CIA après la guerre) et participé à l’Holocauste des Juifs. </p> <p>La collaboration avec les radicaux nationalistes est bien installée. En novembre de l’an dernier, Zelensky nomme l’ultra-nationaliste de Pravy Sektor Dmytro Yarosh conseiller spécial du commandant en chef de l’armée ukrainienne et, depuis février 2022, chef de l’Armée des volontaires qui fait régner la terreur à l’arrière. Au même Moment, il nomme Oleksander Poklad, surnommé «l’étrangleur» en raison de son goût pour la torture, chef du contre-espionnage du SBU. En décembre, deux mois avant la guerre, c’est au tour d’un autre chef de Pravy Sektor, le commandant Dmytro Kotsuybaylo, d’être récompensé par le titre de «Héros de l’Ukraine» tandis que, une semaine après le début des hostilités, Zelensky fait remplacer le gouverneur régional d’Odessa par Maksym Marchenko, ancien commandant du bataillon ultranationaliste Aïdar, celui-là même <a href="https://frontpopulaire.fr/o/Content/co808443/quand-bhl-s-affiche-a-odessa-avec-un-ex-commandant-accuse-de-crimes-de-guer">auprès duquel Bernard-Henri Lévy se fera une gloire de défiler</a>.</p> <p>Désir d’amadouer l’extrême-droite en lui confiant des postes? Ultra-patriotisme partagé? Ou simple convergence d’intérêt entre une droite néolibérale atlantiste et pro-occidentale et une extrême droite nationaliste qui rêve de casser du Russe et de «mener les races blanches du monde dans une croisade finale contre les Untermenschen guidés par les Sémites», <a href="https://covertactionmagazine.com/fr/2021/07/29/notre-mission-est-de-mener-les-races-blanches-du-monde-dans-une-croisade-finale-contre-les-sous-humains-untermenschen-dirig%25C3%25A9s-par-des-s%25C3%25A9mites/">selon les mots</a> de l’ancien député Andryi Biletsky, chef du Corps national? On ne sait trop, aucun journaliste ne s’étant hasardé à poser la question à Zelensky.</p> <p>Ce qui ne fait aucun doute en revanche, c’est la dérive de plus en plus autoritaire, voire criminelle, du régime ukrainien. A tel point que ses zélotes devraient y réfléchir à deux fois avant de proposer leur idole au prix Nobel de la Paix. Car, pendant que les médias regardent ailleurs, c’est une vraie campagne d’intimidation, de kidnappings et d’exécutions que subissent les élus locaux et nationaux soupçonnés d’être des agents russes ou de connivence avec l’ennemi parce qu’ils veulent éviter une escalade du conflit.</p> <p>«Un traitre de moins en Ukraine! On l’a retrouvé tué et il a été jugé par le tribunal du peuple!» C’est ainsi que le conseiller du ministre de l’Intérieur, Anton Gerashenko, <a href="https://amp.lematin.ch/story/un-maire-ukrainien-prorusse-enleve-et-abattu-353514569673">a annoncé</a> sur son compte Telegram le meurtre de Volodymyr Strok, maire et ancien député de la petite ville de Kremnina. Soupçonné d’avoir collaboré avec les Russes, il a été enlevé puis torturé avant d’être exécuté. Le 7 mars, c’est au tour du maire de Gostomel <a href="https://www.ndtv.com/world-news/ukraine-town-mayor-killed-in-russian-fire-while-distributing-bread-medicine-2808351">d’être tué</a> parce qu’il avait voulu négocier un corridor humanitaire avec les militaires russes. Le 24 mars, c’est le maire de Kupyansk qui <a href="https://www.reddit.com/r/UkraineWarVideoReport/comments/tm5392/the_mayor_of_kupyansk_turned_to_volodymyr/">demande à Zelensky de relâcher sa fille enlevée par les séides du SBU</a>. Au même moment, un des négociateurs ukrainiens est retrouvé mort après avoir été accusé de trahison par les médias nationalistes. Pas moins de onze maires sont portés disparus à ce jour, y compris dans des régions jamais occupées par les Russes…</p> <h3>Partis d'opposition interdits</h3> <p>Mais la répression ne s’arrête pas là. Elle frappe les médias critiques, qui ont tous été fermés, et les partis d’opposition, qui ont tous été dissous.</p> <p>En février 2021, Zelensky <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2021/02/05/le-president-ukrainien-zelensky-fait-fermer-trois-chaines-prorusses_6068914_3210.html">fait fermer trois chaînes d’opposition</a> jugées pro-russes et censées appartenir à l’oligarque Viktor Medvedchuk, NewsOne, Zik et 112 Ukraine. Le Département d’Etat salue cet attentat contre la liberté de la presse en déclarant que «les Etats-Unis soutiennent les efforts ukrainiens pour contrer l’influence maligne de la Russie…». En janvier 2022, un mois avant la guerre, c’est au tour de la chaine Nash d’être fermée. Après le début de la guerre, le régime fait la chasse aux journalistes, blogueurs et commentateurs de gauche. Début avril, deux chaînes de droite sont également touchées. Channel 5 et Pryamiy. <a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/les-medias-ukrainiens-reussissent-encore-a-informer-la-population-1396152">Un décret présidentiel</a> oblige toutes les chaines à diffuser un seul et unique son de cloche, pro-gouvernemental bien sûr. Récemment la chasse aux sorcières s’est même étendue au blogueur critique le plus populaire du pays, le Navalny ukrainien, Anatoliy Shariy, qui <a href="https://www.sudouest.fr/international/europe/ukraine/guerre-en-ukraine-le-blogueur-ukrainien-pro-russe-anatoli-charii-arrete-en-espagne-10828767.php">a été arrêté le 4 mai dernier par les autorités espagnoles</a> à la demande de la police politique ukrainienne. Des attaques contre la presse au moins équivalentes à celles de l’autocrate Poutine, mais dont on n'a jamais entendu parler dans les médias occidentaux…</p> <p>La purge a été encore plus sévère pour les partis politiques. Elle a décimé les principaux opposants de Zelensky. Au printemps 2021, le domicile du principal d’entre eux, Medvedchuk, réputé proche de Poutine, <a href="https://www.vanityfair.fr/pouvoir/article/la-chute-de-viktor-medvedchuk-homme-le-plus-puissant-dukraine-et-ami-de-poutine">est saccagé et son propriétaire placé en résidence surveillée</a>. Le 12 avril dernier, le député oligarque a été interné de force dans un lieu tenu secret, visiblement drogué, privé de visites avant d’être exhibé à la TV et proposé en échange de la libération des défenseurs d’Azovstal, au mépris de toutes les conventions de Genève. Ses avocats, menacés, ont dû renoncer à le défendre au profit d’un proche des services. </p> <p>En décembre dernier, c’est Petro Porochenko, qui remontait dans les sondages, qui a été <a href="https://www.usnews.com/news/business/articles/2021-12-20/authorities-say-ex-leader-of-ukraine-is-suspected-of-treason">accusé de trahison</a>. Le 20 décembre 2021 à 15h07, on pouvait lire sur le site officiel du SBU qu’il était suspect d’avoir commis des crimes de trahison et de soutien à des activités terroristes. L’ancien président, qui était pourtant un antirusse forcené, se voyait reprocher «d’avoir rendu l’Ukraine énergétiquement dépendante de la Russie et des leaders des pseudo-Républiques sous contrôle russe.»</p> <p>Le 3 mars dernier, ce sont les activistes de la Gauche Lizvizia qui subissent un raid du SBU et son emprisonnés par douzaines. Puis le 19 mars, la répression frappe l’ensemble de la gauche ukrainienne. Par décret, <a href="https://www.liberation.fr/checknews/volodymyr-zelensky-a-t-il-suspendu-onze-partis-dopposition-ukrainiens-20220324_32PCSM7A4NGN7KF7OQN7OSHMYM/">onze partis de gauche sont interdits</a>, soit le Parti pour la vie, l’Opposition de gauche, le parti socialiste progressiste d’Ukraine, le parti socialiste d’Ukraine, l’union des forces de gauche, les Socialistes, le Parti Sharyi, Les Nôtres, Etat, le Bloc d’opposition le Bloc Volodymyr Saldo. </p> <p>D’autres activistes, blogueurs et défenseurs des droits de l’Homme sont arrêtés et torturés, le journaliste Yan Taksyur, l’activiste Elena Brezhnaya, le boxeur de MMA Maxim Ryndovskiy ou encore l’avocate Elena Viacheslavova, dont le père était mort carbonisé dans le pogrom du 2 mai 2014 à la Maison des syndicats d’Odessa.</p> <p>Pour compléter cette liste, on mentionnera encore ces hommes et ces femmes déshabillés et fouettés en public par les nationalistes dans les rues de Kiev, ces prisonniers russes battus et dont on tirait dans les jambes avant de les exécuter, ce soldat à qui on avait percé un œil avant de le tuer, ces membres de la Légion géorgienne qui ont exécuté des prisonniers russes dans un village près de Kiev tandis que leur chef se vantait de ne jamais faire de prisonnier. Sur la chaine Ukraine 24, c’est le chef du service médical de l’armée qui indique <a href="https://www.mirror.co.uk/news/world-news/ukrainian-doctors-told-castrate-captured-26523466?utm_source=pocket_mylist">avoir donné l’ordre</a> «de castrer tous les hommes russes parce qu’ils sont des sous-hommes pires que des cafards.» Enfin, <a href="https://www.reuters.com/technology/exclusive-ukraine-has-started-using-clearview-ais-facial-recognition-during-war-2022-03-13/">l’Ukraine recourt massivement à la technologie de reconnaissance faciale de la société Clearview</a> afin d’identifier les morts russes et de diffuser leurs photos sur les réseaux sociaux russes en les tournant en ridicule…</p> <h3>Un acteur à oscariser</h3> <p>On pourrait multiplier les exemples, tant sont nombreuses les citations et les vidéos d’atrocités commises par les troupes du défenseur de la démocratie et des droits humains qui préside aux destinées de l’Ukraine. Mais ce serait fastidieux et contre-productif auprès d’une opinion publique convaincue que ces comportements barbares sont uniquement dus aux Russes. </p> <p>C’est pourquoi aucune ONG ne s’en alarme, le Conseil de l’Europe reste coi, le Tribunal pénal international n’enquête pas, les organisations de défense de la liberté de la presse restent muettes. Ils n’ont pas bien écouté ce que le gentil Volodymyr leur avait déclaré lors d’une visite à Boutcha début avril: «Si nous ne trouvons pas une porte de sortie civilisée, vous connaissez nos gens, ils trouveront une issue non-civilisée.»</p> <p>Le problème de l’Ukraine est que son président, bon gré ou mal gré, a cédé son pouvoir aux extrémistes sur le plan intérieur et aux militaires de l’OTAN sur le plan extérieur pour s’adonner au plaisir d’être adulé par les foules du monde entier. N’est-ce pas lui qui déclarait à un journaliste français le 5 mars dernier, dix jours après l’invasion russe: «Aujourd’hui, ma vie est belle. Je crois que je suis désiré. Je sens que c’est le sens le plus important de ma vie: être désiré. Sentir que vous n’êtes pas banalement en train de respirer, marcher et manger quelque chose. Vous vivez!».</p> <p>On vous l’a dit: Zelensky est un grand acteur. Comme son prédécesseur qui avait incarné le Dr. Jekyll & Mr. Hyde en 1932, il mérite de gagner l’Oscar du meilleur rôle masculin de la décennie. Mais quand il devra s’atteler à la tâche de reconstruire son pays dévasté par une guerre qu’il aurait pu éviter en 2019, le retour à la réalité risque d’être difficile.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'dr-volodymyr-mr-zelensky-la-face-cachee-du-president-ukrainien', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 643, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 5708, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4935, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La Russie se met en ordre de bataille', 'subtitle' => 'Continuité ou petite révolution? 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Il faut dire que, depuis la rébellion de Prigogine en juillet dernier et les rumeurs persistantes de détournements de fonds, la position de Shoigu était devenue intenable. Mal aimé par les soldats sur le front et détesté par la population, qui ne croyait plus à ses déclarations amphigouriques alors que les troupes peinaient sur le terrain à cause des lacunes d'approvisionnement, il n'avait plus sa place à la tête d'un ministère qui concentre désormais plus de 6% du PNB dans ses mains et dont le budget va aller croissant dans les prochaines années.</p> <p>Le ménage n'est pas encore achevé, puisque d'autres personnages controversés, tel le vice-ministre ossète Ruslan Tsilakov, restent encore en place. Mais il a commencé et on verra bien jusqu'où il ira. Le fait que Poutine ait désigné un de ses proches à la réputation impeccable, le mathématicien de formation et technocrate avisé de l'économie Andrey Belooussov, manifeste en tout cas une claire volonté de reprise en mains et de réorganisation de la défense sur des bases beaucoup plus efficaces et acceptables pour l'opinion publique et les militaires. On ne pouvait plus continuer à mobiliser autant d'argent pour qu'il disparaisse dans des poches indélicates.</p> <p>L'autre surprise de ce remaniement vient de la nomination de Nikolaï Patrushev, ancien président du Conseil de sécurité, et d'Alexey Dyumin, ex-garde du corps de Poutine et ancien gouverneur de Toula, comme assistants personnels du président. Personne ne sait ce que ces nouvelles fonctions, vagues et peu concrètes, signifient. Il s'agit là probablement de nominations temporaires, ces deux personnalités restant en réserve de la République en attendant d'autres postes, peut-être à la tête du Conseil de la Fédération et de la Douma. Le rôle de Patrushev, dont le fils vient d'être promu vice-Premier ministre et que la rumeur désigne comme l'un des successeurs potentiels de Poutine, reste dans tous les cas déterminant même s'il n'apparait plus au premier plan.</p> <p>Un mot encore sur les différentes déclarations qu'ont faites Poutine et les divers ministres lorsqu'ils se sont adressés à la Douma. Tous ont mis l'accent sur la compétitivité, l'innovation, le développement économique, le besoin de concurrence (Poutine), les uns promouvant la production de drones et d'un réseau de satellites propre à concurrencer Starlink d'Elon Musk, les autres annonçant leur volonté de réformer le système fiscal et de mettre en place un impôt progressif qui viserait les oligarques, qui se sont encore enrichis avec l'opération militaire, en acquérant des entreprises étrangères à prix cassés, et dont l'hyper-richesse est de plus en plus mal vue par le peuple.</p> <p>Témoin de la chute de l'Union soviétique et connaisseur avisé de l'histoire, Poutine sait que l'économie a toujours été le point faible de la Russie. Il veut à tout prix éviter les erreurs du passé et tient à maintenir une économie compétitive, face à l'Occident mais aussi face à l'ami et partenaire chinois. La comparaison va peut-être surprendre. Mais il faut voir Poutine et ses proches, tel Belooussov, comme un mélange de Richelieu et de Colbert. Richelieu, pour qui la raison d'Etat et les intérêts de la France l'emportaient sur toute autre considération, avait su hisser le royaume sur le devant de la scène européenne en évinçant des princes plus puissants, Ferdinand II d'Autriche et le roi d'Espagne. Il avait su assurer la sécurité et la prééminence de la France en ruinant l'Allemagne et ses concurrents pendant la Guerre de Trente Ans. Quant à Colbert, il avait su donner à la France une économie florissante et compétitive en mêlant habilement mercantilisme et étatisme. </p> <p>Henry Kissinger explique très bien le succès de cette formule dans son livre <em>Diplomatie</em> (Fayard, 1996). Si l'on veut comprendre la Russie d'aujourd'hui et ne se tromper ni sur sa volonté ni sur son potentiel, il faut considérer Poutine comme un néo-Richelieu et un néo-Colbert, qui tient à conjuguer à la fois la souplesse et la force innovative du capitalisme libéral et les moyens de la puissance étatique.</p> <p>C'est en réussissant à transformer le pays en s'inspirant de ces modèles que la Russie gagnera la guerre contre l'Occident coalisé. Ce n'est plus une question de choix mais de nécessité bien comprise. Après deux années de guerre pendant lesquelles l'improvisation et la débrouille ont permis de tenir et de marquer quelques points sur le champ de bataille, Poutine a bien compris que la Russie devait désormais se ranger en ordre de bataille et mobiliser dans la longue durée toutes ses ressources (mais pas les hommes, <em>dixit</em> Belooussov, lesquels doivent continuer à travailler et à produire dans une économie qui est déjà à court de main d'œuvre). </p> <p>Car il a aussi compris que l'Occident n'accepterait pas sa défaite. L'union retrouvée des Démocrates et des Républicains au Congrès américain, aussi laborieuse qu'elle ait été, est faite pour durer tandis que la menace d'Emmanuel Macron d'envoyer des troupes de l'OTAN en Ukraine, même rejetée par les autres dirigeants européens, est à prendre au sérieux. Elles l'ont convaincu que les Occidentaux ne voudront pas négocier tant qu'ils trouveront assez de soldats ukrainiens et de volontaires de l'OTAN pour mourir sur le champ de bataille. </p> <p>De ce point de vue, la pseudo-conférence de paix du Bürgenstock que la Suisse a accepté d'organiser pour se faire bien voir de ses partenaires occidentaux est en train de tourner à la farce. Comme vient de l'avouer le Chancelier Scholz, il ne s'agit plus du tout d'une conférence de paix mais d'une conférence unilatérale de soutien au régime de Zelensky, auquel les participants seront appelés à faire allégeance s'il tient jusque-là.</p> <p>La Suisse est en train d'apprendre à ses dépens qu'après avoir donné une main à ses prétendus amis de l'OTAN, ceux-ci lui prendraient les bras et les jambes. Quand on cède une fois, on cède mille fois. La Suisse n'en fera jamais assez pour l'Ukraine: ce reproche des Occidentaux à l'égard de notre pays va aller en s'amplifiant et débouchera sur des exigences d'autant plus exorbitantes que la guerre va durer et s'amplifier.</p> <p>Demeure la question existentielle: qui va sortir vainqueur de ce duel à mort? Hier, la réponse à cette question ne faisait pas de doute. La victoire finale revenait fatalement aux puissances maritimes, qui, pendant ces trois derniers siècles, l'ont toujours emporté sur leurs adversaires continentaux. Espagne, puis Hollande, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Japon (jusqu'en 1941) ont dominé grâce à leur puissance maritime. </p> <p>Mais aujourd'hui, cette réponse ne va plus de soi.</p> <p>D'abord, la Russie s'est réveillée. Et on a vu que quand la Russie se réveillait, en 1812 comme en 1919 et 1941, cela se passait assez mal pour ses adversaires. Ensuite elle est adossée à la Chine, devenue de loin la première puissance industrielle et économique mondiale en termes de parité de pouvoir d'achat, et aux BRICS, qui, même s'ils se méfient d'une Russie qui serait trop agressive, sont désormais devenus <i>too big to fail</i>, trop lourds pour se laisser à nouveau vassaliser par l'Europe et les Etats-Unis. </p> <p>Cette alliance des ressources minérales et énergétiques bon marché et de la capacité industrielle et d'innovation entre deux pays majeurs et contigus d'Eurasie est absolument nouvelle dans l'histoire. D'autre part, l'Inde, l'Indonésie, le Brésil et beaucoup d'autres ne sont plus prêts à courber l'échine devant un Occident qui n'est plus en mesure de les subjuguer économiquement et qui a perdu toute autorité morale à leurs yeux.</p> <p>Car la force de l'Occident reposait jusqu'ici sur son économie, mais aussi sur son pouvoir d'attraction inégalé. Il l'emportait par la force de ses valeurs et de ses réalisations. Démocratie, bonheur individuel, flexibilité, innovation, progrès scientifiques, épanouissement des arts et de la culture étaient de son côté. Or cela n'est plus que très partiellement vrai. La démocratie s'est corrompue en oligarchie et s'est muée en un régime où l'état d'exception, la surveillance de masse et la répression des idées iconoclastes, de la liberté de pensée et d'expression se sont fortement accrus sous le prétexte de lutter contre le terrorisme et les «ingérences extérieures». </p> <p>Le respect de la morale et des droits de l'Homme s'est terriblement affaibli depuis qu'on peut voir une puissance occidentale, Israël, massacrer sans scrupule des milliers de femmes et d'enfants innocents sans provoquer le moindre blâme dans la presse et chez les dirigeants politiques. Enfin, la mutation anthropologique qui consiste à dire qu'un homme n'est plus un homme et qu'une femme n'est plus une femme et à reconnaitre l'existence d'un troisième sexe inexistant dans la nature est totalement incomprise et passe pour une aberration mentale hors d'Occident.</p> <p>Bref, l'Occident n'est plus un modèle, et c'est peut-être ce qui le perdra. 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Les délégations coréennes ne cessaient de s'invectiver tandis que les Occidentaux menés par les Américains aussi bien que le camp communiste sous le leadership soviétique et chinois se montraient inflexibles. Les choses se présentaient beaucoup mieux pour l'Indochine, grâce à la défaire militaire française et à l'arrivée au pouvoir de Mendès France, fermement décidé à sortir du bourbier indochinois. Après deux mois d'âpres négociations, le 21 juillet, on parvint finalement à signer un accord de paix, qui est resté dans l'histoire sous le nom d'Accords de Genève. 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Les Vietnamiens du Nord et Sud avaient obtenu leur Etat, les Français s'étaient débarrassés de l'Indochine alors que l'Algérie était prête à s'enflammer, les Soviétiques avaient réussi à calmer le jeu et à se donner une aura pacifiste, les Chinois et les Indiens étaient ravis d'avoir été reconnus sur la scène internationale, de même que le tiers monde, à qui la défaite d'une grande puissance coloniale convenait fort bien, tandis que les Suisses étaient enchantés d'avoir enfin pu faire reconnaitre les mérites de la neutralité (contestée par l'Union soviétique après 1945) et leurs talents pour les bons offices. De plus, en quelques semaines, la Suisse avait pu se constituer un réseau diplomatique de premier ordre dans tous les camps, aussi bien à l'Ouest qu'à l'Est, et avait réussi à réinstaller Genève comme capitale multilatérale.</p> <p>Contrairement à ce qu'on peut penser, ce succès n'a pas été de soi et a exigé beaucoup d'opiniâtreté et de doigté. Il tient pour une bonne part à l'esprit du temps – la conviction que la neutralité était un instrument utile – et à l'adresse et à la fermeté de conviction d'un homme, Max Petitpierre, qui ne se laissa pas démonter lorsqu'on l'accusa de pactiser avec l'ennemi communiste. D'abord, la Suisse avait su rester neutre pendant la guerre de Corée, ce qui fut bien reçu par l'URSS et la Chine. Elle n'avait pas non plus adhéré à l'OTAN. Elle avait rapidement reconnu le gouvernement de Mao à Pékin. Et elle avait su démontrer que sa neutralité était utile aux Occidentaux qui avaient besoin d'un Etat neutre pour surveiller la ligne de démarcation en Corée. 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On fait semblant d'oublier que le camp de la mort de Treblinka était dirigé par une vingtaine de SS allemands et que l'extermination y était assurée par une centaine de gardiens ukrainiens et lituaniens.</p> <p>La célébration de l'Holodomor, du nom que les Ukrainiens donnent à la famine déclenchée par Staline contre la paysannerie en 1932, est un exemple typique de ces omissions volontaires. Elle attribue ce massacre par la disette aux seuls Russes et fait des Ukrainiens ses uniques victimes alors qu'il a aussi touché le sud de la Russie et le Kazakhstan et qu'il a été orchestré par un Géorgien, Staline, et exécuté par un Polonais, Kossior, qui dirigeait l'Ukraine à cette époque.</p> <p>Tous les jours des monuments sont abattus et d'autres édifiés à leur place, en catimini, dans le silence des médias occidentaux. Cette réécriture de l'histoire et cette guerre mémorielle n'ont pas échappé aux gens du Donbass, qui, fidèles à leur devise «Ne jamais oublier, ne jamais pardonner», réagissent en redoublant de foi commémorative et de monuments aux héros tombés sur le champ d'honneur.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950996_capturedcran2024042411.28.54.png" class="img-responsive img-fluid center " width="529" height="716" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>«Ne jamais oublier, ne jamais pardonner». Monument commémorant le massacre de la communauté juive de Lugansk. © G.M.</em></h4> <p>Le mémorial le plus troublant est sans doute celui du Puits de Mine 4/4 Bis à Donetsk. Je n'en avais jamais entendu parler et vous non plus je présume. Il ne figure dans aucun de nos livres d'histoire et il est introuvable sur Wikipedia. Or on estime que 75'000 à 102'000 personnes y ont été massacrées entre fin 1941 et 1943, soit deux fois à trois fois plus qu'à Babi Yar. L'ensemble de la communauté juive de la ville (appelée Stalino à l'époque) a été jetée dans cette fosse, ainsi que des dizaines de milliers de civils. Ce mémorial, ignoré par le gouvernement de Kiev après 1991 parce qu'il dérangeait le récit officiel et ne concernait que les russophones de l'est du pays, est en voie de réhabilitation depuis l'an dernier. 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Celles-ci se trouvent déchirées entre deux choix aussi insupportables l'un que l'autre: soit elles abandonnent leurs foyers pour rejoindre leurs enfants, soit elles y restent en se voyant forcées de collaborer avec l'armée ukrainienne qui les invite à dénoncer ou à saboter les mouvements de l'armée russe. On imagine la détresse des parents confrontés à un tel chantage. Des témoignages, comme ceux d'Olga V. Zubtsova de Bakhmut et d'Igor Litvinov d'Avdievka, confirment cette version des choses. Enfin, d'innombrables rumeurs circulent sur les réseaux sociaux, qui accusent ces prétendus Anges Blancs d'alimenter les réseaux de pédo-criminalité et le trafic d'enfants. Mais cela reste à prouver.</p> <p>Le deuxième monument se trouve dans un bois à la sortie de Lugansk. 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Nikita avait préparé le programme et fourni les autorisations nécessaires ainsi qu'un chauffeur aguerri, Volodia. Pendant dix heures d'affilée, avec une courte pause-café dans une station-service qui venait d'ouvrir, nous avons descendu à tombeau ouvert les 1'060 kilomètres de l'autoroute Prigogine qui relie Moscou à Rostov-sur-le-Don, celle-là même que le chef défunt de Wagner avait voulu remonter avec ses chars en juillet dernier.</p> <p>Rien n'est plus simple qu'une autoroute russe. C'est toujours tout droit, il n'y a pas un virage jusqu'à Rostov. Et comme celle-ci est impeccable, à part cinquante kilomètres de travaux peu avant Rostov, le trajet fut rapide et indolore, nous permettant de passer en quelques heures des dernières neiges moscovites aux douceurs du printemps de la mer d'Azov. 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Après Taganrog, la route longe la mer d'Azov et est encombrée par les convois de camions qui vont et viennent du Donbass. Elle est en plein travaux d'élargissement. Les véhicules militaires arborent un V ou un Z bien visibles. Checkpoints et contrôles divers se succèdent avant et après la frontière de la République de Donetsk. Sur les bas-côtés, de longues colonnes attendent la fouille. Grâce à nos laissez-passer, nous voici bientôt en territoire ex-ukrainien. Evgueni, un Russe de Vladivostok engagé volontaire auprès de la République de Donetsk, prend le relais. Il nous servira de guide et d'interprète tout au long de notre séjour. </p> <p>Peu avant midi, nous atteignons les faubourgs de Marioupol et entrons sur le territoire d'Azovstal, totalement dévasté. L'usine n'est plus que cheminées rouillées, entrelacs de tuyaux éventrés et de ferrailles tordues. Une vision d'apocalypse qui évoque immédiatement Stalingrad, l'usine de tracteurs, Vassili Grossmann et le <em>Voyage en Russie</em> de Steinbeck et Capa. Aucune des maisons et des immeubles d'habitation alentour n'a survécu. </p> <p>Le centre-ville a en revanche beaucoup mieux résisté, avec un taux de destruction qu'on peut estimer à cinquante pourcents à première vue. Il est en pleine rénovation. Sur la place centrale, la reconstruction du fameux théâtre – bombardé ou dynamité on ne sait trop – doit être achevée à la fin de l'année. Umar est content: les enfants et les jeunes mères se sont déjà emparés du parc et du terrain de jeux que son entreprise vient d'achever. Les lignes de bus, offerts par la ville de Saint-Pétersbourg, ont été rétablies. Les terrasses de café ont rouvert.</p> <p>Puis nous repartons pour l'ouest de la ville, qui offre un paysage très différent. Tout y est neuf. 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En bordure de mer, une nouvelle académie de la marine accueillera sa première volée de cadets à la rentrée de septembre. Salles de cours, internat, salles de sports, salles d'entrainement, quatre immeubles de verre et d'acier rutilants sont sortis de terre en dix mois. Prévus pour 560 élèves en uniforme de 11 à 17 ans, ils accueilleront principalement des orphelins des deux guerres du Donbass, celle de 2014-2022 et celle de 2022-2024, me dit-on. Six jours d'enseignement par semaine à raison de huit à dix heures par jour, on n'aura guère le temps de s'y ennuyer. A la fin du cursus, les élèves pourront soit parfaire leur formation dans la marine soit entrer dans une université civile.</p> <p>La seconde école est plus classique mais encore plus spectaculaire. C'est un collège expérimental comme on n'en encore jamais vu en Russie (ni en Suisse à ma connaissance). Le design, remarquable, est très étudié. 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Seule difficulté, assure la directrice, celle de trouver des enseignants qui veuillent bien accepter de s'installer à Marioupol. Mais elle n'a pas l'air d'être du genre à s'effrayer devant la tâche.</p> <p>En fin d'après-midi, nous nous engageons sur l'autoroute toute neuve qui relie Marioupol à Donetsk, à 120 kilomètres, en faisant un petit arrêt dans la petite ville de Volnovakha, dont le palais de la culture a subi une frappe de HIMARS en novembre dernier. Le toit s'est écroulé et des échafaudages encombrent ce qui reste de la scène et de la salle. Par chance, la salve n'a fait ni mort ni blessé, le spectacle programmé ce jour-là ayant été déplacé à la dernière minute. Pour les habitants, pas de doute, les Ukrainiens cherchaient à tuer le plus de civils possibles. 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Il n'en reste pas moins que les tirs ukrainiens continuent à faire des blessés et un mort par semaine en moyenne. Tous des civils, car il n'y a absolument aucun soldat, véhicule ou installation militaire en ville. En quatre jours, je n'y ai pas croisé un seul uniforme.</p> <p>Nous commençons la journée par une visite à l'Allée des Anges, qui se trouve au milieu d'un beau parc urbain. C'est le nom qu'on a donné au monument funéraire érigé en mémoire des enfants tués par les bombardements ukrainiens depuis 2014. 160 noms ont déjà été inscrits sur le marbre. Mais la liste en comprend plus de 200 à ce jour. Des dizaines de bouquets de fleurs, de jouets, de photos d'enfants s'amoncellent sous l'arche de fer forgé. C'est bouleversant.</p> <p>Au retour, nous rendons visite aux confrères de la télévision et de la radio OPLOT, en bordure de la place centrale. Leur immeuble est régulièrement visé par des HIMARS. 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Leurs chaines, qui diffusaient largement dans la partie russophone de l'Ukraine, ont été coupées et ne sont plus visibles que sur internet ou sur le réseau local.</p> <p>L'après-midi, nous nous rendons dans le village de Yassinouvata, proche d'Avdeevka, et donc tout près du front. Le village, très exposé aux tirs d'obus ukrainiens, abrite une école transformée en centre d'accueil pour les réfugiés des villages récemment libérés. Aussitôt sortis de Donetsk, la proximité du front se fait sentir. La route est défoncée par les tirs d'obus et jonchée de débris de ponts écroulés. Sur notre gauche deux hélicoptères Ka-50 Alligators et un MI-8 reviennent du front en rase-mottes. A notre droite des tranchées et trois rangées de dents de dragons, équivalents de nos Toblerone suisses, forment une des lignes de la défense russe. Des engins militaires la longent régulièrement. </p> <p>Notre véhicule est parfaitement anonyme. Pas de convoi, d'insignes de presse, de gilets pare-balles ou de casques qui pourraient attirer l'attention des drones de surveillance ukrainiens. Les GPS de nos portables sont désactivés depuis longtemps. Il s'agit d’être le plus banal possible. La route est de plus en plus défoncée et la circulation quasi inexistante. Le chauffeur, le guide et Umar sont parfaitement impavides.</p> <p>La directrice de l'école, ex-professeure de mathématiques devenue directrice du centre d'accueil, nous accueille. La libération d'Avdeevka et des villages voisins fin février a fait sortir les habitants survivants des caves. Ils sont logés ici, dans les salles de classe, en attendant de retrouver leur logement ou d'en trouver un nouveau. Sur les 160 personnes hébergées, certaines ont déjà pu regagner Avdeevka. Aujourd'hui, c'est au tour de Nina Timofeevna, 85 ans et toute sa verve, de regagner son logis. 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Ils ont échappé à la mort par miracle et n'en reviennent pas encore d'avoir survécu... </p> <p>Sur le chemin du retour à Donetsk, la discussion porte sur la vie pendant la guerre et Evgueni m'apprend qu'à Marioupol le bataillon néonazi Azov avait ouvert dès 2014 une prison secrète dans un bâtiment de l'aéroport, appelée la «Bibliotheka», la Bibliothèque, parce que les victimes y étaient désignées comme des «livres», à l'image des nazis qui appelaient leurs victimes des «Stück». Selon les témoignages, des dizaines de personnes y ont été torturées et tuées pendant les huit années durant lesquelles les nationalistes tatoués de symboles nazis du bataillon ont fait la loi à Marioupol tandis que la police locale regardait ailleurs. Des investigations sont en cours pour identifier les victimes et la visite des locaux est suspendue. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
7 Commentaires
@willoft 27.05.2022 | 04h18
«Nul doute que Zelansky soit un avatar américain inventé de longue date avec sa série "Au service du peuple", jusqu'à son ultra-hyper médiatisation.
D'ailleurs à ce sujet, l'on entend peu les chantres de la liberté d'expression dénoncer une réthorique biaisée.
Le plus dramatique est pour la fin de l'Europe, qui après plus d'un siècle n'a pas réussi à se débarrasser de son sauveur démocratique au son du canon, n'a pas compris que si les US veulent anéantir la Russie c'est pour affaiblir l'Europe, etc.
P.S. une excellente série sur Netflix, "Gloria"
Le Portugal, l'Angola, la Russie, oû, si la technologie a changé, le monde, lui, non!»
@Apitoyou 27.05.2022 | 07h46
«Comment ne pas être stupéfait par ces révélations ? Je me doutais bien que la propagande tout azimut de ce président dans toutes les instances gouvernementales occidentales et américaines obligeait à choisir son camp. Mais, de là, à connaître ce qui vient d’être relaté, nous oblige à voir encore la pourriture mentale humaine de quiconque veut diriger un pays en faisant de la politique mainstream, propre et sexy. Le charnier humain n’est pas prêt de refermer ses portes. Désespérant ! L’auteur de cet article va-t-il le proposer à La Tribune de Genève?»
@Miscellénia 27.05.2022 | 11h55
«M.Mettan avance que l 'Ukraine aurait pu éviter la guerre en 2019. Il serait intéressant qu'il développe cette thèse dans un prochain "Bon pour la tête".»
@Qovadis 27.05.2022 | 16h58
«Cet article mériterait d’être traduit en anglais et repris par les grands journaux américains.»
@Claude Ruey 29.05.2022 | 09h32
«Lu sur le mur de Philippe Souaille à propos du propagandiste poutinien Mettan :
Dans un très long post sur Facebook le principal propagandiste de Moscou en Suisse romande s’est livré à une époustouflante démonstration de mauvaise foi. Naturalisé russe, décoré par la Russie, le gars ne se cache plus. Mais par exemple, il met comme « sources » à son pamphlet, une demi-douzaine de références occidentales et rien d’autre, histoire de bétonner ses arrières, alors qu’en réalité les ¾ de son texte sont en provenance directe de la propagande russe. Il accumule les mensonges et les omissions, comptant sur le fait que 99% de ses lecteurs n’iront pas vérifier.»
@willoft 29.05.2022 | 20h11
«@ Claude Ruey
Votre commentaire ne vous honore pas, cher Monsieur (ex conseiller vaudois?)
D'abord pour citer les propos d'un autre, lus sur Facebook.
Ensuite, parce que cet auteur ne donne aucune preuve tangible de ce qu'il écrit!
Bien sûr, chacun est libre de croire ce que bon lui chante, mais un peu de rigueur, n'est jamais de trop!»
@ compagnon de cordée 31.05.2022 | 18h35
«A trop forcer le trait,on perd en crédibilité. Et quid des mercenaires de la légion Wagner.
Les nationalistes ukrainiens défendent leur pays. Ceux qui ne le feraient pas seraient alors des collabos!»