Actuel / Facebook veut le bonheur, et l’argent du bonheur
Le Web affectif: une économie numérique des émotions. © Alloing C., Pierre J/INA Editions, CC BY-SA
Le 1er novembre, l’entreprise Facebook a publié les résultats trimestriels de son activité économique. Comme chaque trimestre, un nouveau record est battu: 10 milliards de chiffre d’affaires en un seul trimestre; rien qu’en publicité!
Camille Alloing, Université de Poitiers et Julien Pierre, Audencia Business School
Ce genre de publication s’adresse principalement aux investisseurs, il s’accompagne d’ailleurs d’un temps d’échange entre le directoire de l’entreprise et les représentants de grands établissements financiers.
Le but est de rassurer les actionnaires, avec moult précautions d’usage. Et de présenter les axes de rentabilité pour les périodes à venir. Ainsi, les dirigeants de Facebook doivent faire face aux problèmes de manipulation par des acteurs étrangers, et annoncent des investissements conséquents en ce sens. Puis répètent la feuille de route déjà engagée et amorcée pour les années à venir: élargir la base client (avec des projets comme Internet.org ou Aquila), offrir des expériences enrichies par la vidéo ou la réalité virtuelle et proposer des publicités mieux ciblées (par le recours à des intelligences artificielles).
En fait la stratégie première de Facebook et sa réaction aux «fake news» vont dans le même sens: il s’agit de cadrer la manière dont les publications peuvent affecter les usagers, et par ricochet les résultats économiques.
Dans «Le Web affectif: une économie numérique des émotions», l’ouvrage que nous venons de publier chez INA Editions, nous parlons à ce sujet de stratégie affective, décomposée en cinq strates de circulation des affects.
La minute Spinoza
Qu’est-ce qu’un affect? C’est ce qui a un effet sur. L’affectivité désigne ainsi la capacité pour une entité d’en affecter une autre, ou d’être affectée par elle. Une entité peut être un individu, les messages qu’il a produits, un agent au sein d’une organisation (comme le community manager d’une marque), ou un objet technique (comme le smartphone).
Un sourire peut nous affecter, quelques notes de musique, une pensée, un objet dans lequel on a investi des souvenirs, et dans lequel son concepteur – artiste ou designer – a engagé de l’affectivité. L’affect produit, et est le produit, des émotions.
Si un affect transforme notre état émotionnel, il peut aussi transformer nos certitudes, voire nos connaissances. Et in fine nos actions. Mais pour qu’un phénomène produise un effet, il doit circuler. C’est cette circulation des affects qui va nous intéresser en tant que chercheurs en sciences de l’information et de la communication: non seulement nous nous attachons à analyser cette circulation – et les stratégies affectives qui la permettent, mais nous cherchons également à en souligner les enjeux.
Car en effet celui qui a la possibilité d’affecter les autres détient sur eux un véritable pouvoir. Plus encore celui qui permet la circulation des affects: dans le cas qui nous intéresse, Facebook.
Le philosophe Baruch Spinoza prend cette anecdote pour expliquer en quoi consiste les affects, anecdote reprise ensuite par Gilles Deleuze: le philosophe est dans la rue, en train de marcher, quand il croise Pierre, puis Paul. Pierre lui est désagréable et il le trouve antipathique, tandis que Paul lui est sympathique. Lorsqu’il voit Pierre, il est affecté de tristesse; lorsqu’il voit Paul, il est affecté de joie. Le comportement qu’il aura avec l’un ne sera pas le même que celui qu’il aura avec l’autre. Son agir (Spinoza parle de «puissance d’agir», ou «force d’exister») ne sera pas le même et connaîtra des variations. Pierre et Paul font varier la puissance d’agir de Spinoza, ils ont un pouvoir sur lui.
Il n’est pas question de savoir si l’on circule plus ou moins dans la rue à l’époque de Spinoza comme à la nôtre, mais une chose est sûre: on circule énormément sur le web aujourd’hui. Or les piétons que nous croisons – dans une rue nommée Newsfeed – arrivent dans un ordre défini par des algorithmes. Selon une série d’équations complètement opaques, mais dont l’objectif est de faire varier au maximum notre puissance d’agir. Et tant qu’à faire, puisque c’est le credo du fondateur, nous affecter de joie.
Une stratégie affective?
Pour faciliter la circulation des affects, l’entreprise Facebook déploie des ressources considérables, à la hauteur de ces recettes.
Sur son revenu net d’exploitation trimestrielle (net income, bleu clair) s’élevant à 4 707 millions de dollars :
22,4 % est consacré au marketing (violet): accompagnement des annonceurs (démarchage, opérations spéciales, formations et e-formation) et consolidation des équipes. Sheryl Sandberg (directrice de l’exploitation) annonce par exemple qu’il y a 6 millions d’annonceurs sur Facebook, principalement des PME, avec une belle croissance en Europe. Ainsi la demande augmente (et va encore plus augmenter: il y a 65 millions d’entreprises sur Facebook), le nombre d’espaces d’affichage augmente (2 milliards d’utilisateurs), la qualité du profil de ces utilisateurs augmente, à hauteur des données affectives qu’ils saisissent. Au final, le prix moyen d’une publicité sur Facebook a augmenté de 33%, déclare le directeur financier, estimant d’ailleurs que cette croissance va se confirmer.
27,8 % part en moyens généraux (cost of revenue), ventilés entre l’achat de matériels (serveurs), la construction de nouveaux datacenters et l’emploi de certaines ressources humaines spécifiques. Pour modérer les contenus en circulation, l’entreprise va employer 10'000 personnes de plus (via des prestataires), qui viendront se rajouter aux 23'000 salariés actuels.
39,4 % est investi en recherche et développement (rouge). Ces investissements portent sur du matériel informatique (dédié au machine learning), de la recherche (divers programmes de soutien) et du recrutement de chercheurs.
Prenons l’exemple du développement de Facebook Reactions et voyons comment il se retrouve dans ces chiffres, et cette stratégie. La conception de ces émoticônes repose sur des brevets. Des experts en psychologie sociale ont été interrogés, relayant en interne le paradigme des émotions universelles.
Cela a ensuite nécessité le recrutement de designers renommés capables de mettre en œuvre des approches empathiques avec des panels d’utilisateurs. Ces panels sont devenus de plus en plus conséquents: d’une poignée d’individus dans les locaux de Menlo Park à des pays entiers avant le déploiement international.
Au final, Facebook achète de l’empathie à travers la compétence des designers qu’elle recrute et des experts qu’elle sollicite. Elle valorise cette compétence dans son activité de développement des produits. L’empathie se retrouve au cœur de sa proposition de valeur: les «Reactions» permettraient en effet de mieux saisir comment les individus sont affectés par une publication. Enfin, la plateforme vend cette empathie aux annonceurs qui, bien avant le lancement officiel, étaient informés par le département marketing du bénéfice de cette nouvelle fonctionnalité. Ces nouvelles métriques aussitôt mises en ligne, les revues et agences de marketing ont aligné leurs stratégies, leurs conseils, leurs tableaux de bord.
Si l’on regarde du côté des données, les «Reactions» sont encodées dans la base de Facebook, et elles apparaissent dans les statistiques de publication et d’engagement. Mais elles ne sont pas exploitées dans le formulaire de sélection des audiences pour les formats publicitaires, et elles n’affectent pas la diffusion des publicités.
Même si ce sont des réactions émotionnelles qui sont modélisées et représentées sous forme d’icône, peu importe l’émotion vécue: l’essentiel pour Facebook est d’inciter les usagers à signaler ce par quoi ils sont affectés, et ce faisant pour la plateforme de chercher à les affecter plus encore.
Attirer les affects, affecter l’attention
Quelques designers, employés par les sites et applications dominants du marché, ont fait état des dérives de leur travail, remettant en question l’emprise de leurs outils sur l’attention de leurs utilisateurs (lire Tristan Harris, Justin Rosenstein).
«Nous avons besoin de nos smartphones, des écrans de notifications et des navigateurs web pour renforcer nos esprits et nos relations interpersonnelles qui mettent en avant nos valeurs, pas nos impulsions».
Yves Citton, dans un texte particulièrement éclairant sur la question, rappelle que «les voies frayées par les affects tendent à focaliser notre attention vers des objets qui varieront en fonction de la nature de la réaction affective, avec ici encore des effets de renforcements circulaires » entre ressources attentionnelles, charges émotionnelles et puissance d’agir. Il invite ainsi à «re-router nos frayages affectifs».
L’éthique du design de l’attention, que certains appellent de leurs vœux, est aussi une éthique du design de nos affects: comprendre leur circulation, et les stratégies visant à potentialiser cette circulation des affects, est un enjeu majeur aujourd’hui. Gilles Deleuze s’étonnait ainsi que «les gens qui ont le pouvoir, dans n’importe quel domaine, aient besoin de nous affecter d’une manière triste. Inspirer des passions tristes est nécessaire à l’exercice du pouvoir». Faut-il s’étonner, se rassurer ou bien s’inquiéter, si dorénavant l’exercice du pouvoir en passe par des passions joyeuses, comme voudrait nous le faire croire Facebook?
Cela est-il vrai, d’ailleurs: cette injonction au bonheur, que nul ne saurait refuser, ne risque-t-elle pas de conduire à un syndrome d’épuisement émotionnel? Auquel cas l’assertion de Gilles Deleuze pourrait bien se confirmer.
Camille Alloing, Associate professor, Université de Poitiers and Julien Pierre, Enseignant-chercheur à Audencia Business School, Audencia Business School
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C’est cette <strong>circulation des affects</strong> qui va nous intéresser en tant que chercheurs en sciences de l’information et de la communication: non seulement nous nous attachons à analyser cette circulation – et les stratégies affectives qui la permettent, mais nous cherchons également à en souligner les enjeux.</p> <p>Car en effet celui qui a la possibilité d’affecter les autres détient sur eux un véritable pouvoir. Plus encore celui qui permet la circulation des affects: dans le cas qui nous intéresse, Facebook.</p> <p>Le philosophe Baruch Spinoza prend cette anecdote pour expliquer en quoi consiste les affects, anecdote reprise ensuite par <a href="https://www.webdeleuze.com/textes/11">Gilles Deleuze</a>: le philosophe est dans la rue, en train de marcher, quand il croise Pierre, puis Paul. Pierre lui est désagréable et il le trouve antipathique, tandis que Paul lui est sympathique. 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Et tant qu’à faire, puisque c’est le credo du fondateur, nous affecter de joie.</p> <h3>Une stratégie affective?</h3> <p>Pour faciliter la circulation des affects, l’entreprise <em>Facebook</em> déploie des ressources considérables, à la hauteur de ces recettes.</p> <figure class="align-center "> <img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/195490/original/file-20171120-18555-6dgxuu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip"> <figcaption> <span class="caption">Répartition des charges par rapport aux revenus.</span> <span class="attribution"><span class="source">Données financières publiées par Facebook, agrégées sur un tableau Google Drive.</span></span> </figcaption> </figure> <br><p>Sur son revenu net d’exploitation trimestrielle (<em>net income</em>, bleu clair) s’élevant à 4 707 millions de dollars :</p> <ul> <li><p>22,4 % est consacré au marketing (violet): accompagnement des annonceurs (démarchage, opérations spéciales, formations et e-formation) et consolidation des équipes. Sheryl Sandberg (directrice de l’exploitation) annonce par exemple qu’il y a 6 millions d’annonceurs sur Facebook, principalement des PME, avec une belle croissance en Europe. Ainsi la demande augmente (et va encore plus augmenter: il y a 65 millions d’entreprises sur Facebook), le nombre d’espaces d’affichage augmente (2 milliards d’utilisateurs), la qualité du profil de ces utilisateurs augmente, à hauteur des données affectives qu’ils saisissent. Au final, le prix moyen d’une publicité sur Facebook a augmenté de 33%, déclare le directeur financier, estimant d’ailleurs que cette croissance va se confirmer.</p></li> <li><p>27,8 % part en moyens généraux (<em>cost of revenue</em>), ventilés entre l’achat de matériels (serveurs), la construction de nouveaux <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_de_donn%C3%A9es"><em>datacenters</em></a> et l’emploi de certaines ressources humaines spécifiques. 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Mais elles ne sont pas exploitées dans le formulaire de sélection des audiences pour les formats publicitaires, et <a href="https://www.Facebook.com/business/help/132956237168989">elles n’affectent pas la diffusion des publicités</a>.</p> <p>Même si ce sont des réactions émotionnelles qui sont modélisées et représentées sous forme d’icône, peu importe l’émotion vécue: l’essentiel pour <em>Facebook</em> est d’inciter les usagers à signaler ce par quoi ils sont affectés, et ce faisant pour la plateforme de chercher à les affecter plus encore.</p> <h3>Attirer les affects, affecter l’attention</h3> <p>Quelques designers, employés par les sites et applications dominants du marché, ont fait état des dérives de leur travail, remettant en question l’emprise de leurs outils sur l’attention de leurs utilisateurs (lire <a href="https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2016/11/the-binge-breaker/501122/">Tristan Harris</a>, <a href="https://www.theguardian.com/technology/2017/oct/05/smartphone-addiction-silicon-valley-dystopia">Justin Rosenstein</a>).</p> <p>«Nous avons besoin de nos smartphones, des écrans de notifications et des navigateurs web pour renforcer nos esprits et nos relations interpersonnelles qui mettent en avant nos valeurs, pas nos impulsions».</p> <p>Yves Citton, dans un <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-00846521/document">texte</a> particulièrement éclairant sur la question, rappelle que «les voies frayées par les affects tendent à focaliser notre attention vers des objets qui varieront en fonction de la nature de la réaction affective, avec ici encore des effets de renforcements circulaires » entre ressources attentionnelles, charges émotionnelles et puissance d’agir. 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Faut-il s’étonner, se rassurer ou bien s’inquiéter, si dorénavant l’exercice du pouvoir en passe par des passions joyeuses, comme voudrait nous le faire croire Facebook?</p> <p><img src="https://counter.theconversation.com/content/87811/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1">Cela est-il vrai, d’ailleurs: cette injonction au bonheur, que nul ne saurait refuser, ne risque-t-elle pas de conduire à un syndrome d’épuisement émotionnel? 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Puis répètent la feuille de route déjà engagée et amorcée pour les années à venir: élargir la base client (avec des projets comme <a href="https://info.Internet.org/fr/">Internet.org</a> ou <a href="https://code.Facebook.com/posts/348442828901047/aquila-what-s-next-for-high-altitude-connectivity-/">Aquila</a>), offrir des expériences enrichies par la vidéo ou la <a href="https://research.fb.com/category/virtual-reality/">réalité virtuelle</a> et proposer des publicités mieux ciblées (par le recours à des <a href="https://research.fb.com/category/applied-machine-learning/">intelligences artificielles</a>).</p> <p>En fait la stratégie première de <em>Facebook</em> et sa réaction aux «fake news» vont dans le même sens: il s’agit de cadrer la manière dont les publications peuvent <em>affecter</em> les usagers, et par ricochet les résultats économiques.</p> <p>Dans <a href="http://www.inaglobal.fr/numerique/article/ce-que-liker-veut-dire-9973">«Le Web affectif: une économie numérique des émotions»</a>, l’ouvrage que nous venons de publier chez INA Editions, nous parlons à ce sujet de <strong>stratégie affective</strong>, décomposée en cinq strates de circulation des affects.</p><br> <figure class="align-center "> <img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/195475/original/file-20171120-18538-1skv3u6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip"> <figcaption> <span class="caption"></span></figcaption><figcaption><span class="caption"><br></span></figcaption><h4><figcaption><span class="caption">Les cinq strates de circulation des affects sur Facebook.</span><span class="attribution"><span class="license"></span></span></figcaption>Nous présentons ici uniquement la strate économique telle qu’elle est déployée par Facebook. Mais tout d’abord… <figcaption><span class="caption"></span></figcaption></h4></figure><h3>La minute Spinoza</h3> <p>Qu’est-ce qu’un <a href="https://rfsic.revues.org/2518">affect</a>? C’est ce qui a un effet sur. L’affectivité désigne ainsi la capacité pour une entité d’en affecter une autre, ou d’être affectée par elle. Une entité peut être un individu, les messages qu’il a produits, un agent au sein d’une organisation (comme le <em>community manager</em> d’une marque), ou un objet technique (comme le smartphone).</p> <p>Un sourire peut nous affecter, quelques notes de musique, une pensée, un objet dans lequel on a investi des souvenirs, et dans lequel son concepteur – artiste ou designer – a engagé de l’affectivité. L’affect produit, et est le produit, des émotions.</p> <p>Si un affect transforme notre état émotionnel, il peut aussi transformer nos certitudes, voire nos connaissances. Et <em>in fine</em> nos actions. Mais pour qu’un phénomène produise un effet, il doit circuler. C’est cette <strong>circulation des affects</strong> qui va nous intéresser en tant que chercheurs en sciences de l’information et de la communication: non seulement nous nous attachons à analyser cette circulation – et les stratégies affectives qui la permettent, mais nous cherchons également à en souligner les enjeux.</p> <p>Car en effet celui qui a la possibilité d’affecter les autres détient sur eux un véritable pouvoir. Plus encore celui qui permet la circulation des affects: dans le cas qui nous intéresse, Facebook.</p> <p>Le philosophe Baruch Spinoza prend cette anecdote pour expliquer en quoi consiste les affects, anecdote reprise ensuite par <a href="https://www.webdeleuze.com/textes/11">Gilles Deleuze</a>: le philosophe est dans la rue, en train de marcher, quand il croise Pierre, puis Paul. Pierre lui est désagréable et il le trouve antipathique, tandis que Paul lui est sympathique. Lorsqu’il voit Pierre, il est affecté de tristesse; lorsqu’il voit Paul, il est affecté de joie. Le comportement qu’il aura avec l’un ne sera pas le même que celui qu’il aura avec l’autre. Son agir (Spinoza parle de «puissance d’agir», ou «force d’exister») ne sera pas le même et connaîtra des variations. Pierre et Paul font varier la puissance d’agir de Spinoza, ils ont un pouvoir sur lui.</p> <p>Il n’est pas question de savoir si l’on circule plus ou moins dans la rue à l’époque de Spinoza comme à la nôtre, mais une chose est sûre: on circule énormément sur le web aujourd’hui. Or les piétons que nous croisons – dans une rue nommée <em>Newsfeed</em> – arrivent dans un ordre défini par des algorithmes. Selon une série d’équations complètement opaques, mais dont l’objectif est de faire varier au maximum notre puissance d’agir. Et tant qu’à faire, puisque c’est le credo du fondateur, nous affecter de joie.</p> <h3>Une stratégie affective?</h3> <p>Pour faciliter la circulation des affects, l’entreprise <em>Facebook</em> déploie des ressources considérables, à la hauteur de ces recettes.</p> <figure class="align-center "> <img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/195490/original/file-20171120-18555-6dgxuu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip"> <figcaption> <span class="caption">Répartition des charges par rapport aux revenus.</span> <span class="attribution"><span class="source">Données financières publiées par Facebook, agrégées sur un tableau Google Drive.</span></span> </figcaption> </figure> <br><p>Sur son revenu net d’exploitation trimestrielle (<em>net income</em>, bleu clair) s’élevant à 4 707 millions de dollars :</p> <ul> <li><p>22,4 % est consacré au marketing (violet): accompagnement des annonceurs (démarchage, opérations spéciales, formations et e-formation) et consolidation des équipes. Sheryl Sandberg (directrice de l’exploitation) annonce par exemple qu’il y a 6 millions d’annonceurs sur Facebook, principalement des PME, avec une belle croissance en Europe. Ainsi la demande augmente (et va encore plus augmenter: il y a 65 millions d’entreprises sur Facebook), le nombre d’espaces d’affichage augmente (2 milliards d’utilisateurs), la qualité du profil de ces utilisateurs augmente, à hauteur des données affectives qu’ils saisissent. Au final, le prix moyen d’une publicité sur Facebook a augmenté de 33%, déclare le directeur financier, estimant d’ailleurs que cette croissance va se confirmer.</p></li> <li><p>27,8 % part en moyens généraux (<em>cost of revenue</em>), ventilés entre l’achat de matériels (serveurs), la construction de nouveaux <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_de_donn%C3%A9es"><em>datacenters</em></a> et l’emploi de certaines ressources humaines spécifiques. Pour modérer les contenus en circulation, l’entreprise va employer 10'000 personnes de plus (via des prestataires), qui viendront se rajouter aux 23'000 salariés actuels.</p></li> <li><p><strong>39,4 % est investi en recherche et développement</strong> (rouge). Ces investissements portent sur du matériel informatique (dédié au <a href="https://code.Facebook.com/posts/1687861518126048/Facebook-to-open-source-ai-hardware-design/">machine learning</a>), de la recherche (divers <a href="http://reasearch.fb.com/programs/">programmes de soutien</a>) et du recrutement de <a href="https://research.fb.com/people/">chercheurs</a>.</p></li> </ul> <p>Prenons l’exemple du <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01626544">développement de Facebook Reactions</a> et voyons comment il se retrouve dans ces chiffres, et cette stratégie. La conception de ces émoticônes repose sur des <a href="https://patents.google.com/patent/US20140279418A1">brevets</a>. Des <a href="http://psychology.berkeley.edu/people/dacher-keltner">experts en psychologie sociale</a> ont été interrogés, relayant en interne le paradigme des émotions universelles.</p> <figure class="align-center "> <img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/195477/original/file-20171120-18547-dqb6sa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip"> <figcaption> <span class="caption">Facebook Reactions.</span> </figcaption> </figure> <br><p>Cela a ensuite nécessité le recrutement de <a href="https://medium.com/Facebook-design/reactions-not-everything-in-life-is-likable-5c403de72a3f">designers renommés</a> capables de mettre en œuvre des approches empathiques avec des panels d’utilisateurs. Ces panels sont devenus de plus en plus conséquents: d’une poignée d’individus dans les locaux de Menlo Park à des pays entiers avant le déploiement international.</p> <p>Au final, <strong>Facebook achète de l’empathie</strong> à travers la compétence des designers qu’elle recrute et des experts qu’elle sollicite. Elle valorise cette compétence dans son activité de développement des produits. L’empathie se retrouve au cœur de sa proposition de valeur: les «Reactions» permettraient en effet de mieux saisir comment les individus sont affectés par une publication. Enfin, <strong>la plateforme vend cette empathie aux annonceurs</strong> qui, bien avant le lancement officiel, étaient informés par le département marketing du bénéfice de cette nouvelle fonctionnalité. Ces nouvelles métriques aussitôt mises en ligne, les revues et agences de marketing ont aligné leurs stratégies, leurs conseils, leurs tableaux de bord.</p> <p>Si l’on regarde du côté des données, les <a href="https://developers.Facebook.com/docs/graph-api/reference/v2.11/object/reactions">«Reactions» sont encodées</a> dans la base de Facebook, et elles apparaissent dans les statistiques de publication et d’engagement. Mais elles ne sont pas exploitées dans le formulaire de sélection des audiences pour les formats publicitaires, et <a href="https://www.Facebook.com/business/help/132956237168989">elles n’affectent pas la diffusion des publicités</a>.</p> <p>Même si ce sont des réactions émotionnelles qui sont modélisées et représentées sous forme d’icône, peu importe l’émotion vécue: l’essentiel pour <em>Facebook</em> est d’inciter les usagers à signaler ce par quoi ils sont affectés, et ce faisant pour la plateforme de chercher à les affecter plus encore.</p> <h3>Attirer les affects, affecter l’attention</h3> <p>Quelques designers, employés par les sites et applications dominants du marché, ont fait état des dérives de leur travail, remettant en question l’emprise de leurs outils sur l’attention de leurs utilisateurs (lire <a href="https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2016/11/the-binge-breaker/501122/">Tristan Harris</a>, <a href="https://www.theguardian.com/technology/2017/oct/05/smartphone-addiction-silicon-valley-dystopia">Justin Rosenstein</a>).</p> <p>«Nous avons besoin de nos smartphones, des écrans de notifications et des navigateurs web pour renforcer nos esprits et nos relations interpersonnelles qui mettent en avant nos valeurs, pas nos impulsions».</p> <p>Yves Citton, dans un <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-00846521/document">texte</a> particulièrement éclairant sur la question, rappelle que «les voies frayées par les affects tendent à focaliser notre attention vers des objets qui varieront en fonction de la nature de la réaction affective, avec ici encore des effets de renforcements circulaires » entre ressources attentionnelles, charges émotionnelles et puissance d’agir. Il invite ainsi à «re-router nos frayages affectifs».</p> <p>L’éthique du design de l’attention, que certains appellent de leurs vœux, est aussi <strong>une éthique du design de nos affects</strong>: comprendre leur circulation, et les stratégies visant à potentialiser cette circulation des affects, est un enjeu majeur aujourd’hui. Gilles Deleuze s’étonnait ainsi que «les gens qui ont le pouvoir, dans n’importe quel domaine, aient besoin de nous affecter d’une manière triste. Inspirer des passions tristes est nécessaire à l’exercice du pouvoir». Faut-il s’étonner, se rassurer ou bien s’inquiéter, si dorénavant l’exercice du pouvoir en passe par des passions joyeuses, comme voudrait nous le faire croire Facebook?</p> <p><img src="https://counter.theconversation.com/content/87811/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1">Cela est-il vrai, d’ailleurs: cette injonction au bonheur, que nul ne saurait refuser, ne risque-t-elle pas de conduire à un syndrome d’épuisement émotionnel? Auquel cas l’assertion de Gilles Deleuze pourrait bien se confirmer.</p> <span></span><p></p><hr><p></p><p><span><a href="https://theconversation.com/profiles/camille-alloing-424499">Camille Alloing</a>, Associate professor, <em><a href="http://theconversation.com/institutions/universite-de-poitiers-2135">Université de Poitiers</a></em> and <a href="https://theconversation.com/profiles/julien-pierre-308213">Julien Pierre</a>, Enseignant-chercheur à Audencia Business School, <em><a href="http://theconversation.com/institutions/audencia-business-school-2166">Audencia Business School</a></em></span></p> <p><a href="https://theconversation.com/facebook-veut-le-bonheur-et-largent-du-bonheur-87811">L'article original</a> sur <a href="https://theconversation.com/fr">The Conversation France</a>. <br></p> ', 'content_edition' => null, 'slug' => 'x-1', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 831, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 629, 'homepage_order' => (int) 624, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4881, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) aurait-elle engagé une guerre contre le monde des réalités?', 'subtitle' => 'Avec le jugement favorable à la plainte de l’association KlimaSeniorinnen Schweiz, la CEDH ouvre la voie à la sanction des Etats en se fondant sur des arguments façonnés dans un monde imaginaire. 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Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p> <p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. Ce qui est visé, selon le jugement, serait l’incapacité de la Suisse à fournir une estimation des émissions de gaz à effet de serre futures afin de limiter «le réchauffement climatique» au fameux 1,5°C de l’Accord de Paris, valeur pourtant parfaitement arbitraire et dont les conséquences néfastes restent difficiles à identifier.</p> <p>Mais qu’en est-il vraiment? Que disent les données des études démographiques sur la «violation du droit à la vie» que ce soit sous les climats helvétiques ou mondiaux? Le «réchauffement climatique» met-il réellement en péril le «droit à la vie» des femmes âgées de Suisse?</p> <p>Premier constat, d’après les données de l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), l’espérance de vie à la naissance des femmes suisses est passée de 79,3 ans en 1982 à 85,4 ans en 2022, et ce malgré «l’urgence climatique», soit un gain de 56 jours par an depuis 1982. Sur la même période, l’espérance de vie à 65 ans, âge minimal de ces militantes, est passée de 18,4 à 22,5 années. Il ne semble pas que «le climat» ait eu des conséquences fâcheuses sur leur droit à la vie.</p> <p>En recoupant les données de l’OFS et de Météosuisse, on peut observer la nature cyclique du nombre de décès par semaine des personnes de plus de 65 ans en Suisse, de 2010 à 2024 (Figure).</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713434705_capturedcran2024041812.04.17.png" class="img-responsive img-fluid center " width="784" height="554" /></p> <p>La courbe noire pleine montre que les périodes hivernales restent les plus fatales, toutes causes confondues, pouvant parfois accroître la mortalité de 72% par rapport aux périodes estivales. Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p> <p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p> <p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. D’après la Banque Mondiale, les émissions de CO<sub>2</sub> par dollar de parité de pouvoir d’achat de PIB (ce qui ramène tous les pays du monde à une échelle comparable) placent la Suisse au 4ème<sup>.</sup>rang sur 181 pays, démontrant son efficience énergétique tout en maintenant des conditions de vie exceptionnelles, devant la Suède 6ème, la France 28ème, l’Allemagne 74ème (illustrant l’échec de l’<i>Energiewende</i>), les USA 126ème et la Chine 170ème.</p> <p>Dans le monde réel, si la Suisse devait poursuivre ses émissions de CO<sub>2</sub> au niveau de 2019, elle ne contribuerait en 2100 qu’à une élévation de la température mondiale de quelques millièmes de degrés Celsius suivant les formules fournies par le GIEC. Ces valeurs restent non-mesurables et insignifiantes.</p> <p>Mais les militantes du climat ne vivent pas dans le monde réel. 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(2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-cedh-aurait-elle-engage-une-guerre-contre-le-monde-des-realites', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 37, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4878, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Cuba entre famine et abondance', 'subtitle' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. 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Le Tribunal fédéral n'est pas habilité à contrôler les lois fédérales. Le gardien suprême de la Constitution est le Parlement lui-même. Il est à la fois législateur et juge et peut, de fait, édicter des lois fédérales non conformes à la Constitution sans avoir à craindre de sanctions. Les membres du Conseil des États et du Conseil national portent donc une grande responsabilité et devraient d'autant plus être un exemple en matière de respect de la Constitution et d'esprit démocratique. Mais beaucoup ne le sont pas !</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que de nombreux représentants bourgeois du peuple se soient détournés de cette attitude fondamentale est probablement dû surtout à l'évolution politique des dernières décennies. 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Si l’Allemagne et les autres membres de l’alliance nouent bien des partenariats avec des Etats du Pacifique, et conduisent des exercices militaires dans la zone, ce n’est pas à la hauteur de la «menace chinoise».</p> <p>La nature de cette menace? Elle n’est pas directement militaire mais plutôt économique. «Si Pékin était en mesure de bloquer les voies commerciales dans la mer de Chine méridionale, la circulation des marchandises en Europe serait en péril».</p> <p>Autre question qui n’était pas d’actualité il y a 75 ans: la contribution des Etats-Unis. Le <a href="https://www.telegraph.co.uk/opinion/2024/04/03/europe-must-step-up-to-keep-the-us-in-nato/" target="_blank" rel="noopener"><em>Daily Telegraph</em></a> regrette que l’Europe ne fasse aucun effort pour s’assurer que le plus grand contributeur de l’OTAN ne s’en détache pas. L’heure est grave, puisqu’on parle de «passer à la caisse». 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