Actuel / Voyage sur le front de la Mer Noire
Parlement de Gagaouzie. © G.M.
Manifestation devant le Parlement moldave. © G.M.
L'ancien Président moldave Igor Dodon. © G.M.
Si l’on entend beaucoup les pays baltes et la Pologne dans le conflit en Ukraine, les pays du front sud sont en revanche très discrets. Un forum sur la paix et la neutralité à Chisinau et diverses rencontres organisées à l’occasion des élections bulgares du 2 octobre m’ont permis de visiter la Moldavie, la Roumanie et la Bulgarie au début du mois. Le moins qu’on puisse dire est que j’en suis revenu avec des sentiments mitigés, et même assez accablé par le climat de déréliction dans lequel semblent baigner les peuples de ces pays.
Exiguë, enclavée, sans ressources naturelles, vivant essentiellement de sa production agricole et viticole, coincée entre les grands voisins roumain et ukrainien d’une part et tiraillée entre ces géants que sont l’Union européenne et la Russie d’autre part, la Moldavie, avec ses trois petits millions d’habitants, est sans nul doute le plus mal loti des trois. Mais elle y est habituée et ne s’en formalise pas trop. Les Moldaves savent que l’histoire et la géographie les ont placés au mauvais endroit. Comme le fait remarquer ce conseiller de la Présidente pro-européenne Maya Sandu, «c’est seulement la deuxième fois en mille ans que nous vivons trois décades consécutives d’indépendance et de paix.» Entre les Mongols, les Turcs, les Polonais, les Cosaques, les Russes, les Roumains ou les Allemands, la Moldavie a enchainé les invasions, répressions, déportations et guerres entre voisins.
Divisions politiques
Le pays est profondément divisé, politiquement et géopolitiquement, constate-t-il. Trois camps s’affrontent, les atlantistes pro-européens de Maya Sandu, actuellement au pouvoir, les socialistes jugés pro-russes de l’ancien Président Igor Dodon, et le parti Egalité, de tendance conservatrice mais pro-russe lui aussi, fondé par l’oligarque Ihor Shor actuellement réfugié en Israël et qui organise depuis plusieurs mois des manifestations anti-gouvernementales devant le Parlement. Un sondage récent a montré que 43% de la population s’exprime exclusivement en russe sur son portable. «Comment trouver une majorité pour voter pro-Moldave?», se demande-t-il avec ironie.
Il a parfaitement conscience de vivre dans un pays attachant mais impossible. Il me cite en exemple la fameuse Transnistrie, russophile à 200% et censée être l’ennemie du pouvoir, mais sans laquelle ce même pouvoir ne pourrait vivre puisque la province rebelle fournit l’essentiel de son gaz et de son électricité. Approvisionnée en gaz russe à travers l’Ukraine (malgré la guerre), Tiraspol le revend en effet à Chisinau tout en le brûlant pour faire tourner une aciérie dont la production est achetée par l’Union européenne! Sauf que ce gaz n’a jamais été payé depuis trente ans, ni par les uns ni par les autres, si bien que le montant cumulé de la dette envers Gazprom atteint 7 milliards de dollars (60% du PNB moldave), dette qui deviendrait immédiatement exigible en cas d’adhésion du pays à l’UE.
Choisir entre deux empires
Avec le regain de tension provoqué par la guerre en Ukraine, le pays se trouve sommé de choisir entre les deux empires, l’européen et le russe, qui se livrent une bataille sans merci. Tous les dirigeants occidentaux, de Blinken à Macron, ont fait le pèlerinage de Chisinau ce printemps pour sommer la Moldavie de prendre des sanctions contre la Russie, dont, outre l’énergie, elle dépend également pour ses exportations alimentaires. Le pays accueille des centaines de milliers de réfugiés ukrainiens et est soupçonné, malgré sa neutralité inscrite dans la Constitution, de servir de plaque tournante au trafic avec l’Ukraine. Promue officiellement candidate à l’UE, elle croule désormais sous les propositions de livraisons d’armes, les offres de coopération, les subventions aux médias tandis que les ONG soutenues par Bruxelles prolifèrent. Une course contre la montre est engagée pour détacher la population moldave de son tropisme russophile. L’UE y a dépêché ses meilleurs agents d’influence tandis que les Etats-Unis viennent d’acquérir cinq hectares au milieu de la capitale pour y construire leur nouvelle ambassade, en démolissant au passage le stade construit par les Soviétiques. Un chantier gigantesque pour un si petit pays mais qui permet d’y installer des centres d’écoute enterrés et de faire du passé table rase…
Un contexte explosif
Mais les jeux ne sont pas encore faits. La présidente, élue comme Zelensky sur un programme anti-corruption, commence à être rattrapée par les affaires malgré une presse aux ordres. Roumaine de passeport et formée aux Etats-Unis comme la plupart de ses homologues baltes, scandinaves ou géorgienne, on l’accuse de négliger les affaires locales, d’être sans cesse en voyage et de poser en permanence aux côtés des dirigeants occidentaux, du secrétaire général de l’OTAN à l’empereur du Japon et au roi Charles III. Un sondage effectué en septembre dernier par le groupe de réflexion Intellect montre que 39% de la population approuve le projet d’adhésion à l’UE contre 38,5% qui le désapprouve, que 20% seulement soutient les sanctions anti-russes de l’UE (contre 59% qui les rejette) tandis que 73% s’oppose à une reprise de ces mêmes sanctions par la Moldavie. La neutralité est plébiscitée par plus de 50% des gens contre environ 20% qui préféreraient adhérer à l’Union européenne ou au contraire à l’Union eurasiatique (18%). L’aide aux réfugiés ukrainiens est en revanche plébiscitée par trois quarts des Moldaves.
Dans ce contexte explosif, l’ancien Président socialiste Igor Dodon, assigné à résidence sous l’accusation de corruption, ne voit qu’une issue pour sauver son pays de la désintégration: un accord entre grandes puissances, qui reconnaîtrait sa neutralité sur le modèle autrichien de 1955. Une visite en Gagaouzie, le fief de la petite minorité turque orthodoxe du sud du pays, et en Transnistrie, confirme en tout cas que ces deux régions sont prêtes à faire sécession et à imiter les provinces du Donbass en cas d’adhésion du pays à l’UE et à l’OTAN. Vassili, ancien député communiste et président du consistoire de l’église orthodoxe gagaouze à Comrat – un syncrétisme qui surprend en Occident mais assez répandu ici – est catégorique: pas question d’adhérer. En Transnistrie, les passants rencontrés partagent le même avis: plutôt mourir que de passer sous la tutelle occidentale. Ceux-là attendent avec impatience que l’armée russe rompe le siège de Kherson et vienne frapper à la porte de la Moldavie.
L’avenir en trois hypothèses
Une hypothèse que n’exclut pas Igor Dodon, qui pense que les Russes respecteront les frontières légales du pays et aideront à résoudre le conflit avec la Transnistrie en échange de la neutralité effective du pays. A ce stade, il voit trois scénarios de sortie de crise. Le premier est celui d’un chaos de type libyen: fuite en avant, anarchie, conflits politiques, désintégration économique. Le second, son préféré, est celui dit du «Congrès de Vienne»: Européens et Russes se remettent à négocier, le pays est réunifié et déclaré neutre, gouvernement et opposition collaborent pour relancer le pays sur de nouvelles bases; le troisième est le prolongement de la tendance actuelle: l’adhésion masquée à l’UE et à l’OTAN se poursuit en douce, jusqu’à ce que la Russie décide d’y mettre le holà, comme en Ukraine, et annexe la Transnistrie et la Gagaouzie révoltées au terme d’un conflit armé (ou pas). Les paris sont ouverts.
Escale en Roumanie
Faisons escale maintenant en Roumanie, où j’ai rendez-vous à Bucarest avec mon mentor roumain, Petru Romosan, qui m’a proposé de me faire découvrir sa ville. Poète, éditeur, graphomane impénitent, Petru lit mes livres, traduit et publie mes articles en roumain depuis quelque temps. Sa devise pourrait être «Dissident un jour, dissident toujours». Lauréat du Prix national de poésie à 21 ans, sous l’ère Ceaucescu, il a fini par prendre en grippe un régime devenu paranoïaque. Dans les années 1980, lui et sa femme ont réussi à passer à l’Ouest et à s’installer à Paris où ils ont travaillé dans l’édition jusqu’à la fin des années 1990. Rentrés à Bucarest, ils y ont fondé leur propre maison et publié plus de 300 titres en vingt ans. Fin 2019, peu avant la crise du Covid, la Securitate, toujours active, a mis le feu aux deux locaux avoisinants, dévastant leurs archives, leurs ordinateurs et leur stock de livres. Depuis lors, il écrit.
Les mêmes «bandits» au pouvoir
C’est que, bien que rentré dans un pays désormais estampillé démocratique et intégré dans le camp du bien, notre homme n’a rien perdu de sa verve critique. Comme les deux Alexandres russes, Zinoviev et Soljenitsyne, il a persévéré dans la dissidence et continué à publier des livres critiques sur les nouvelles autorités. La raison? Elle tient en deux phrases: «Ce sont toujours les mêmes bandits qui sont au pouvoir, la même clique. Sauf qu’hier elle prenait ses ordres au Kremlin tandis qu’aujourd’hui elle les prend à Washington.» KGB ou CIA, les esclaves ont changé de maitre mais gardé les mêmes méthodes et liens de vassalité. Et en effet, la Roumanie, qui est un monde en soi, opaque et impénétrable pour le reste de l’Europe, sert de relai fidèle et discret à l’UE et à l’OTAN dans leur guerre contre la Russie. Les Roumains, échaudés par l’histoire, n’apprécient pas les Ukrainiens. Mais ils fournissent docilement à l’Occident tout ce dont il a besoin. Celui-ci peut y masser ses troupes et ses matériels et utiliser en toute quiétude ses bases militaires, ses ports et ses chemins de fer pour y faire transiter les armes et le blé. Signe des temps, à côté de l’immense palais si décrié de Ceauscescu, on construit une nouvelle cathédrale, tout aussi monstrueuse. Autres temps, mêmes goûts pour les constructions mégalomaniaques.
Politiciens europhiles et atlantistes
J’arrive à Sofia, capitale du pays de la rose, le week-end des élections nationales du 2 octobre, les secondes en dix mois. La vie politique bulgare, comme celles de la Moldavie et de la Roumanie, est un feuilleton inépuisable. La classe politique y est encore plus discréditée qu’ailleurs, avec un abstentionnisme qui bat tous les records (60,7%). En gros, cinq ou six partis, tous plus europhiles les uns que les autres, se disputent le pouvoir depuis des lustres. Tous sont pour l’Europe et contre la Russie. Mais aucun ne s’accorde sur qui doit diriger le pays. Les querelles de personnes et de clans – car qui dit pouvoir dit participation aux prébendes européennes – sont donc déterminantes. Actuellement, le combat est monopolisé par deux euroturbos atlantistes, Boïko Borissov, qui a commencé sa carrière comme garde du corps du dernier Président communiste Jivkov, et Kiril Petkov, Premier ministre sortant. Trois autres partis servent d’appoint pour former les coalitions et se partager le butin des subventions européennes.
Le résultat n’a pas été plus décisif que les scrutins précédents: le parti de Borissov est arrivé en tête et celui de Petkov deuxième. Mais comme l’un et l’autre ont exclu de travailler ensemble et que les autres ne suffisent pas à faire une majorité, la vacance du pouvoir semble partie pour durer. Fait notable, les seuls qui ont progressé sont le parti turc, un petit parti conservateur, ainsi que les deux partis souverainistes, Renaissance, qui a doublé le nombre de sièges, et Réveil bulgare, qui entre pour la première fois au Parlement. Ces deux formations, qui revendiquent l’indépendance nationale, sont naturellement étiquetées comme pro-russes par la presse d’Etat et les médias privés, unanimement européistes et atlantistes.
Opinion publique divisée
Toutefois, ici comme ailleurs, l’opinion publique est plus divisée. Le dernier sondage américain Yougov, réalisé en mai dernier, montre que 44% des Bulgares estiment que la guerre en Ukraine est d’abord de la faute de l’OTAN et de l’Occident contre seulement 23% qui pensent qu’elle est d’abord le fait des Russes! Le reste pense que les torts sont partagés. Tout cela malgré une propagande massive. Comme quoi les vieilles sympathies – les Bulgares n’oublient pas qu’ils ont été délivrés du joug ottoman par l’armée russe en 1878 au prix d’une guerre meurtrière et que l’Union soviétique a empêché le démembrement du pays voulu par les Britanniques en 1945 – ont la vie dure.
En attendant le pays sert aussi de base arrière à la guerre en Ukraine. Depuis l’adhésion surprise à l’OTAN à la faveur de l’invasion américaine de l’Irak en 2003, quatre bases militaires américaines y ont été ouvertes, soit une pour 1,5 million d’habitants. Il se murmure qu’aucune décision politique importante ne peut être prise sans l’aval de l’ambassade américaine à Sofia, comme c’est le cas au Montenegro et en Macédoine du Nord voisine.
Le défi démographique
En fait le vrai défi de la Bulgarie est ailleurs. Il est démographique, comme dans la plupart des pays d’Europe de l’Est, pays baltes inclus. La Bulgarie bat tous les records européens de dépopulation depuis 1991, soit depuis son rapprochement avec l’Europe de l’Ouest. Elle a perdu plus d’un million d’habitants en trente ans, soit 15% de sa population, passant sous la barre des sept millions. Elle reste un pays très pauvre, dont l’agriculture, secteur économique important, est en train d’être tuée à petit feu par les normes européennes. Le passage à l’agriculture industrielle intensive, la privatisation des terres et l’extension des monocultures d’exportation participent à la désertification des campagnes. Un exemple: un étude européenne sur les conditions de vie des bécasses sauvages a montré qu’en 2008, peu après l’entrée dans l’UE, quelques hectares de terre pouvaient nourrir 1'300 bécasses avec 69 types de graines différentes tandis qu’en 2018, dix ans après l’introduction des normes européennes, le même territoire n’en nourrissait plus 300 avec neuf types de graines seulement. Un vrai désastre économique et écologique.
La vocation de ces pays est-elle de servir de variable d’ajustement, de bassin d’exploitation et de réservoir de main d’œuvre bon marché à une Europe transformée en Moloch néolibéral et belliciste? La question mérite d’être posée. La trajectoire qui incarne le mieux le destin tragique des pays des Balkans et du front de la Mer Noire, pour reprendre l’image du début, est sans doute incarnée par Kristalina Georgieva, ancienne commissaire européenne devenue patronne du FMI, dont la notice biographique a été soigneusement expurgée pour correspondre aux «valeurs» américaines et européennes. Née en août 1953, peu après la mort de Staline, dans une famille de la nomenklatura communiste, elle se prénommait en réalité Stalina, ou Stalinka (petite Staline), en hommage au grand homme disparu. Une habile et bénigne modification de son état civil intervenue au bon moment lui a permis de faire oublier ce prénom infamant et de le transmuter en Kristalina. Ni vu ni connu. Une voie royale s’ouvrait à elle pour mener une grande carrière professionnelle au sein des instances dirigeantes occidentales. Au profit de qui?
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Un sondage récent a montré que 43% de la population s’exprime exclusivement en russe sur son portable. «Comment trouver une majorité pour voter pro-Moldave?», se demande-t-il avec ironie.</p> <p>Il a parfaitement conscience de vivre dans un pays attachant mais impossible. Il me cite en exemple la fameuse Transnistrie, russophile à 200% et censée être l’ennemie du pouvoir, mais sans laquelle ce même pouvoir ne pourrait vivre puisque la province rebelle fournit l’essentiel de son gaz et de son électricité. Approvisionnée en gaz russe à travers l’Ukraine (malgré la guerre), Tiraspol le revend en effet à Chisinau tout en le brûlant pour faire tourner une aciérie dont la production est achetée par l’Union européenne! 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Promue officiellement candidate à l’UE, elle croule désormais sous les propositions de livraisons d’armes, les offres de coopération, les subventions aux médias tandis que les ONG soutenues par Bruxelles prolifèrent. Une course contre la montre est engagée pour détacher la population moldave de son tropisme russophile. L’UE y a dépêché ses meilleurs agents d’influence tandis que les Etats-Unis viennent d’acquérir cinq hectares au milieu de la capitale pour y construire leur nouvelle ambassade, en démolissant au passage le stade construit par les Soviétiques. Un chantier gigantesque pour un si petit pays mais qui permet d’y installer des centres d’écoute enterrés et de faire du passé table rase…</p> <h3>Un contexte explosif</h3> <p>Mais les jeux ne sont pas encore faits. La présidente, élue comme Zelensky sur un programme anti-corruption, commence à être rattrapée par les affaires malgré une presse aux ordres. 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L’aide aux réfugiés ukrainiens est en revanche plébiscitée par trois quarts des Moldaves.</p> <p>Dans ce contexte explosif, l’ancien Président socialiste Igor Dodon, assigné à résidence sous l’accusation de corruption, ne voit qu’une issue pour sauver son pays de la désintégration: un accord entre grandes puissances, qui reconnaîtrait sa neutralité sur le modèle autrichien de 1955. Une visite en Gagaouzie, le fief de la petite minorité turque orthodoxe du sud du pays, et en Transnistrie, confirme en tout cas que ces deux régions sont prêtes à faire sécession et à imiter les provinces du Donbass en cas d’adhésion du pays à l’UE et à l’OTAN. Vassili, ancien député communiste et président du consistoire de l’église orthodoxe gagaouze à Comrat – un syncrétisme qui surprend en Occident mais assez répandu ici – est catégorique: pas question d’adhérer. En Transnistrie, les passants rencontrés partagent le même avis: plutôt mourir que de passer sous la tutelle occidentale. Ceux-là attendent avec impatience que l’armée russe rompe le siège de Kherson et vienne frapper à la porte de la Moldavie.</p> <h3>L’avenir en trois hypothèses</h3> <p>Une hypothèse que n’exclut pas Igor Dodon, qui pense que les Russes respecteront les frontières légales du pays et aideront à résoudre le conflit avec la Transnistrie en échange de la neutralité effective du pays. A ce stade, il voit trois scénarios de sortie de crise. Le premier est celui d’un chaos de type libyen: fuite en avant, anarchie, conflits politiques, désintégration économique. Le second, son préféré, est celui dit du «Congrès de Vienne»: Européens et Russes se remettent à négocier, le pays est réunifié et déclaré neutre, gouvernement et opposition collaborent pour relancer le pays sur de nouvelles bases; le troisième est le prolongement de la tendance actuelle: l’adhésion masquée à l’UE et à l’OTAN se poursuit en douce, jusqu’à ce que la Russie décide d’y mettre le holà, comme en Ukraine, et annexe la Transnistrie et la Gagaouzie révoltées au terme d’un conflit armé (ou pas). Les paris sont ouverts.</p> <h3>Escale en Roumanie</h3> <p>Faisons escale maintenant en Roumanie, où j’ai rendez-vous à Bucarest avec mon mentor roumain, Petru Romosan, qui m’a proposé de me faire découvrir sa ville. Poète, éditeur, graphomane impénitent, Petru lit mes livres, traduit et publie mes articles en roumain depuis quelque temps. Sa devise pourrait être «Dissident un jour, dissident toujours». 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Autres temps, mêmes goûts pour les constructions mégalomaniaques.</p> <h3>Politiciens europhiles et atlantistes</h3> <p>J’arrive à Sofia, capitale du pays de la rose, le week-end des élections nationales du 2 octobre, les secondes en dix mois. La vie politique bulgare, comme celles de la Moldavie et de la Roumanie, est un feuilleton inépuisable. La classe politique y est encore plus discréditée qu’ailleurs, avec un abstentionnisme qui bat tous les records (60,7%). En gros, cinq ou six partis, tous plus europhiles les uns que les autres, se disputent le pouvoir depuis des lustres. Tous sont pour l’Europe et contre la Russie. Mais aucun ne s’accorde sur qui doit diriger le pays. Les querelles de personnes et de clans – car qui dit pouvoir dit participation aux prébendes européennes – sont donc déterminantes. 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Un sondage récent a montré que 43% de la population s’exprime exclusivement en russe sur son portable. «Comment trouver une majorité pour voter pro-Moldave?», se demande-t-il avec ironie.</p> <p>Il a parfaitement conscience de vivre dans un pays attachant mais impossible. Il me cite en exemple la fameuse Transnistrie, russophile à 200% et censée être l’ennemie du pouvoir, mais sans laquelle ce même pouvoir ne pourrait vivre puisque la province rebelle fournit l’essentiel de son gaz et de son électricité. Approvisionnée en gaz russe à travers l’Ukraine (malgré la guerre), Tiraspol le revend en effet à Chisinau tout en le brûlant pour faire tourner une aciérie dont la production est achetée par l’Union européenne! Sauf que ce gaz n’a jamais été payé depuis trente ans, ni par les uns ni par les autres, si bien que le montant cumulé de la dette envers Gazprom atteint 7 milliards de dollars (60% du PNB moldave), dette qui deviendrait immédiatement exigible en cas d’adhésion du pays à l’UE.</p> <h3>Choisir entre deux empires</h3> <p>Avec le regain de tension provoqué par la guerre en Ukraine, le pays se trouve sommé de choisir entre les deux empires, l’européen et le russe, qui se livrent une bataille sans merci. Tous les dirigeants occidentaux, de Blinken à Macron, ont fait le pèlerinage de Chisinau ce printemps pour sommer la Moldavie de prendre des sanctions contre la Russie, dont, outre l’énergie, elle dépend également pour ses exportations alimentaires. Le pays accueille des centaines de milliers de réfugiés ukrainiens et est soupçonné, malgré sa neutralité inscrite dans la Constitution, de servir de plaque tournante au trafic avec l’Ukraine. Promue officiellement candidate à l’UE, elle croule désormais sous les propositions de livraisons d’armes, les offres de coopération, les subventions aux médias tandis que les ONG soutenues par Bruxelles prolifèrent. Une course contre la montre est engagée pour détacher la population moldave de son tropisme russophile. L’UE y a dépêché ses meilleurs agents d’influence tandis que les Etats-Unis viennent d’acquérir cinq hectares au milieu de la capitale pour y construire leur nouvelle ambassade, en démolissant au passage le stade construit par les Soviétiques. Un chantier gigantesque pour un si petit pays mais qui permet d’y installer des centres d’écoute enterrés et de faire du passé table rase…</p> <h3>Un contexte explosif</h3> <p>Mais les jeux ne sont pas encore faits. La présidente, élue comme Zelensky sur un programme anti-corruption, commence à être rattrapée par les affaires malgré une presse aux ordres. Roumaine de passeport et formée aux Etats-Unis comme la plupart de ses homologues baltes, scandinaves ou géorgienne, on l’accuse de négliger les affaires locales, d’être sans cesse en voyage et de poser en permanence aux côtés des dirigeants occidentaux, du secrétaire général de l’OTAN à l’empereur du Japon et au roi Charles III. Un sondage effectué en septembre dernier par le groupe de réflexion Intellect montre que 39% de la population approuve le projet d’adhésion à l’UE contre 38,5% qui le désapprouve, que 20% seulement soutient les sanctions anti-russes de l’UE (contre 59% qui les rejette) tandis que 73% s’oppose à une reprise de ces mêmes sanctions par la Moldavie. La neutralité est plébiscitée par plus de 50% des gens contre environ 20% qui préféreraient adhérer à l’Union européenne ou au contraire à l’Union eurasiatique (18%). L’aide aux réfugiés ukrainiens est en revanche plébiscitée par trois quarts des Moldaves.</p> <p>Dans ce contexte explosif, l’ancien Président socialiste Igor Dodon, assigné à résidence sous l’accusation de corruption, ne voit qu’une issue pour sauver son pays de la désintégration: un accord entre grandes puissances, qui reconnaîtrait sa neutralité sur le modèle autrichien de 1955. Une visite en Gagaouzie, le fief de la petite minorité turque orthodoxe du sud du pays, et en Transnistrie, confirme en tout cas que ces deux régions sont prêtes à faire sécession et à imiter les provinces du Donbass en cas d’adhésion du pays à l’UE et à l’OTAN. Vassili, ancien député communiste et président du consistoire de l’église orthodoxe gagaouze à Comrat – un syncrétisme qui surprend en Occident mais assez répandu ici – est catégorique: pas question d’adhérer. En Transnistrie, les passants rencontrés partagent le même avis: plutôt mourir que de passer sous la tutelle occidentale. Ceux-là attendent avec impatience que l’armée russe rompe le siège de Kherson et vienne frapper à la porte de la Moldavie.</p> <h3>L’avenir en trois hypothèses</h3> <p>Une hypothèse que n’exclut pas Igor Dodon, qui pense que les Russes respecteront les frontières légales du pays et aideront à résoudre le conflit avec la Transnistrie en échange de la neutralité effective du pays. A ce stade, il voit trois scénarios de sortie de crise. Le premier est celui d’un chaos de type libyen: fuite en avant, anarchie, conflits politiques, désintégration économique. 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Lauréat du Prix national de poésie à 21 ans, sous l’ère Ceaucescu, il a fini par prendre en grippe un régime devenu paranoïaque. Dans les années 1980, lui et sa femme ont réussi à passer à l’Ouest et à s’installer à Paris où ils ont travaillé dans l’édition jusqu’à la fin des années 1990. Rentrés à Bucarest, ils y ont fondé leur propre maison et publié plus de 300 titres en vingt ans. Fin 2019, peu avant la crise du Covid, la Securitate, toujours active, a mis le feu aux deux locaux avoisinants, dévastant leurs archives, leurs ordinateurs et leur stock de livres. Depuis lors, il écrit.</p> <h3>Les mêmes «bandits» au pouvoir</h3> <p>C’est que, bien que rentré dans un pays désormais estampillé démocratique et intégré dans le camp du bien, notre homme n’a rien perdu de sa verve critique. Comme les deux Alexandres russes, Zinoviev et Soljenitsyne, il a persévéré dans la dissidence et continué à publier des livres critiques sur les nouvelles autorités. La raison? 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Le passage à l’agriculture industrielle intensive, la privatisation des terres et l’extension des monocultures d’exportation participent à la désertification des campagnes. Un exemple: un étude européenne sur les conditions de vie des bécasses sauvages a montré qu’en 2008, peu après l’entrée dans l’UE, quelques hectares de terre pouvaient nourrir 1'300 bécasses avec 69 types de graines différentes tandis qu’en 2018, dix ans après l’introduction des normes européennes, le même territoire n’en nourrissait plus 300 avec neuf types de graines seulement. Un vrai désastre économique et écologique.</p> <p>La vocation de ces pays est-elle de servir de variable d’ajustement, de bassin d’exploitation et de réservoir de main d’œuvre bon marché à une Europe transformée en Moloch néolibéral et belliciste? La question mérite d’être posée. La trajectoire qui incarne le mieux le destin tragique des pays des Balkans et du front de la Mer Noire, pour reprendre l’image du début, est sans doute incarnée par Kristalina Georgieva, ancienne commissaire européenne devenue patronne du FMI, dont la notice biographique a été soigneusement expurgée pour correspondre aux «valeurs» américaines et européennes. Née en août 1953, peu après la mort de Staline, dans une famille de la nomenklatura communiste, elle se prénommait en réalité Stalina, ou Stalinka (petite Staline), en hommage au grand homme disparu. Une habile et bénigne modification de son état civil intervenue au bon moment lui a permis de faire oublier ce prénom infamant et de le transmuter en Kristalina. Ni vu ni connu. Une voie royale s’ouvrait à elle pour mener une grande carrière professionnelle au sein des instances dirigeantes occidentales. 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Les Vietnamiens du Nord et Sud avaient obtenu leur Etat, les Français s'étaient débarrassés de l'Indochine alors que l'Algérie était prête à s'enflammer, les Soviétiques avaient réussi à calmer le jeu et à se donner une aura pacifiste, les Chinois et les Indiens étaient ravis d'avoir été reconnus sur la scène internationale, de même que le tiers monde, à qui la défaite d'une grande puissance coloniale convenait fort bien, tandis que les Suisses étaient enchantés d'avoir enfin pu faire reconnaitre les mérites de la neutralité (contestée par l'Union soviétique après 1945) et leurs talents pour les bons offices. De plus, en quelques semaines, la Suisse avait pu se constituer un réseau diplomatique de premier ordre dans tous les camps, aussi bien à l'Ouest qu'à l'Est, et avait réussi à réinstaller Genève comme capitale multilatérale.</p> <p>Contrairement à ce qu'on peut penser, ce succès n'a pas été de soi et a exigé beaucoup d'opiniâtreté et de doigté. Il tient pour une bonne part à l'esprit du temps – la conviction que la neutralité était un instrument utile – et à l'adresse et à la fermeté de conviction d'un homme, Max Petitpierre, qui ne se laissa pas démonter lorsqu'on l'accusa de pactiser avec l'ennemi communiste. D'abord, la Suisse avait su rester neutre pendant la guerre de Corée, ce qui fut bien reçu par l'URSS et la Chine. Elle n'avait pas non plus adhéré à l'OTAN. Elle avait rapidement reconnu le gouvernement de Mao à Pékin. Et elle avait su démontrer que sa neutralité était utile aux Occidentaux qui avaient besoin d'un Etat neutre pour surveiller la ligne de démarcation en Corée. Petitpierre, en rusé diplomate, avait alors réussi à hisser la neutralité suisse au-dessus des autres en faisant accepter le mandat de surveillance suisse aussi bien par les Américains que par les Russes. </p> <p>Ce succès devait d'ailleurs se confirmer l'année suivante, lorsque Genève, en plein milieu de la guerre froide, réussit à accueillir le premier Sommet des Quatre Grands. Beaucoup d'autres devaient suivre, dont la rencontre Reagan-Gorbatchev en 1985 et le sommet Biden-Poutine en 2021.</p> <p>En somme, Petitpierre avait réussi le pari de prouver aux Suisses et au monde qu'il y avait un grand rôle pour les petits pays neutres, et cela même quand les rivalités entre superpuissances étaient à leur comble. Je doute qu'on parvienne à de tels résultats avec la très mal nommée «Conférence de paix sur l'Ukraine».</p>', 'content_edition' => 'Un an plus tôt, en juillet 1953, la guerre de Corée s'était achevée par un armistice sans paix. 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On fait semblant d'oublier que le camp de la mort de Treblinka était dirigé par une vingtaine de SS allemands et que l'extermination y était assurée par une centaine de gardiens ukrainiens et lituaniens.</p> <p>La célébration de l'Holodomor, du nom que les Ukrainiens donnent à la famine déclenchée par Staline contre la paysannerie en 1932, est un exemple typique de ces omissions volontaires. Elle attribue ce massacre par la disette aux seuls Russes et fait des Ukrainiens ses uniques victimes alors qu'il a aussi touché le sud de la Russie et le Kazakhstan et qu'il a été orchestré par un Géorgien, Staline, et exécuté par un Polonais, Kossior, qui dirigeait l'Ukraine à cette époque.</p> <p>Tous les jours des monuments sont abattus et d'autres édifiés à leur place, en catimini, dans le silence des médias occidentaux. Cette réécriture de l'histoire et cette guerre mémorielle n'ont pas échappé aux gens du Donbass, qui, fidèles à leur devise «Ne jamais oublier, ne jamais pardonner», réagissent en redoublant de foi commémorative et de monuments aux héros tombés sur le champ d'honneur.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950996_capturedcran2024042411.28.54.png" class="img-responsive img-fluid center " width="529" height="716" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>«Ne jamais oublier, ne jamais pardonner». Monument commémorant le massacre de la communauté juive de Lugansk. © G.M.</em></h4> <p>Le mémorial le plus troublant est sans doute celui du Puits de Mine 4/4 Bis à Donetsk. Je n'en avais jamais entendu parler et vous non plus je présume. Il ne figure dans aucun de nos livres d'histoire et il est introuvable sur Wikipedia. Or on estime que 75'000 à 102'000 personnes y ont été massacrées entre fin 1941 et 1943, soit deux fois à trois fois plus qu'à Babi Yar. L'ensemble de la communauté juive de la ville (appelée Stalino à l'époque) a été jetée dans cette fosse, ainsi que des dizaines de milliers de civils. Ce mémorial, ignoré par le gouvernement de Kiev après 1991 parce qu'il dérangeait le récit officiel et ne concernait que les russophones de l'est du pays, est en voie de réhabilitation depuis l'an dernier. Il suffit de se rendre sur ce site pour comprendre pourquoi les habitants du Donbass se sont soulevés en avril 2014 lorsque le régime issu de Maidan a voulu bannir leur langue et a envoyé les héritiers de leurs bourreaux pour les réprimer. </p> <p>On peut détruire les monuments mais pas le souvenir.</p> <p>A 70 kilomètres de Donetsk, dans la province de Horlivka, le monumental cénotaphe de Savur-Mohila est un autre témoignage des batailles du dernier siècle, érigé au sommet de la colline la plus haute du Donbass, sur l'emplacement de l'un des grands chocs de la Seconde guerre mondiale, qui eut lieu en juillet-août 1943, en même temps que la fameuse bataille de chars de Koursk qui devait briser la Wehrmacht. 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Le premier monument commémore les 67 enfants tués par les miliciens ukrainiens des bataillons néonazis Kraken et Aïdar qui ont tenté de prendre la ville en 2014 et l'ont bombardée jusqu'en 2022. Il a été construit au milieu d'un parc qui sert de jardin d'enfants. Plusieurs gosses y ont été tués par un bombardement ciblé des Ukrainiens, les bâtiments avoisinants n'ayant pas été touchés. </p> <p>Les enfants sont en effet l'objet d'une guerre de l'information sans merci dans les deux camps. Les Ukrainiens ont déposé plainte pour crime de guerre contre les Russes et la Cour pénale internationale a inculpé Vladimir Poutine et la responsable russe de l'enfance pour kidnapping d'enfants ukrainiens. La propagande occidentale reprend en boucle ces accusations, au cinéma – le documentaire <em>ad hoc</em> vient de recevoir un Oscar – et dans les médias. Lesquels oublient naturellement de répercuter le point de vue des habitants du Donbass, pour lesquels ce sont les Ukrainiens qui prennent les enfants en otage. Il existe en effet en Ukraine une organisation de volontaires, appelés les Anges Blancs, calquée sur le modèle des fameux Casques Blancs syriens qui, on s'en souvient, étaient loin d'être des secouristes neutres et agissaient en fait pour le compte des groupes djihadistes. </p> <p>Ces détachements d'Anges Blancs (White Angels) ont été formés dès février 2022 par un certain Rustam Lukomsky. La presse anglo-saxonne les a mentionnés à quelques reprises. Pour ceux du Donbass, leur but consiste à forcer les parents des zones du front à se séparer de leurs enfants sous prétexte de les protéger. Les enfants sont donc isolés de leurs parents et «mis en sécurité» à l'arrière, où ils sont dès lors utilisés comme moyens de chantage contre leurs familles. Celles-ci se trouvent déchirées entre deux choix aussi insupportables l'un que l'autre: soit elles abandonnent leurs foyers pour rejoindre leurs enfants, soit elles y restent en se voyant forcées de collaborer avec l'armée ukrainienne qui les invite à dénoncer ou à saboter les mouvements de l'armée russe. On imagine la détresse des parents confrontés à un tel chantage. Des témoignages, comme ceux d'Olga V. Zubtsova de Bakhmut et d'Igor Litvinov d'Avdievka, confirment cette version des choses. Enfin, d'innombrables rumeurs circulent sur les réseaux sociaux, qui accusent ces prétendus Anges Blancs d'alimenter les réseaux de pédo-criminalité et le trafic d'enfants. Mais cela reste à prouver.</p> <p>Le deuxième monument se trouve dans un bois à la sortie de Lugansk. Comme le Puits de mine No 4 de Donetsk, il commémore le lieu du massacre de la communauté juive de Lugansk (environ 3'000 femmes et enfants essentiellement juifs) et de 8'000 adultes de diverses confessions pendant l'occupation nazie. «On ne peut pas comprendre pourquoi, aujourd'hui, Kiev honore les descendants de ceux qui ont tué tant des nôtres pendant la Deuxième Guerre mondiale», dit Anna Soroka. Abandonné aux ronces depuis 1991, le site a fait l'objet d'une restauration récente. 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Il ne parlait pas un mot d'anglais et, sans faire de cas de mon russe misérable, il avait invité toute notre délégation à la noce. J'avais fait un petit discours de circonstance en l'honneur de la mariée et de ses parents. Depuis lors, Umar Ikromovitch est devenu un ami pour la vie, que ni la distance ni la fracture linguistique ne sauraient séparer. Une ou deux fois par an, aux fêtes importantes, il m'envoie des messages Telegram. En février, surprise, il me propose de me joindre à lui pour visiter ses réalisations dans le Donbass, dans lequel il n'était encore jamais allé. Umar emploie en effet quelques centaines d'ouvriers dans la région de Moscou et quelques dizaines dans la reconstruction du Donbass.</p> <p>Le 3 avril à trois heures du matin, il m'attendait donc avec Nikita, un de ses amis du ministère de la Défense, à la sortie de l'aéroport de Vnukovo, à Moscou, pour m'embarquer dans le Donbass. Nikita avait préparé le programme et fourni les autorisations nécessaires ainsi qu'un chauffeur aguerri, Volodia. Pendant dix heures d'affilée, avec une courte pause-café dans une station-service qui venait d'ouvrir, nous avons descendu à tombeau ouvert les 1'060 kilomètres de l'autoroute Prigogine qui relie Moscou à Rostov-sur-le-Don, celle-là même que le chef défunt de Wagner avait voulu remonter avec ses chars en juillet dernier.</p> <p>Rien n'est plus simple qu'une autoroute russe. C'est toujours tout droit, il n'y a pas un virage jusqu'à Rostov. Et comme celle-ci est impeccable, à part cinquante kilomètres de travaux peu avant Rostov, le trajet fut rapide et indolore, nous permettant de passer en quelques heures des dernières neiges moscovites aux douceurs du printemps de la mer d'Azov. En chemin, des norias de camions, quelques convois militaires, mais assez peu en fin de compte.</p> <p>A Rostov, port animé et capitale embouteillée du sud russe, nous avons à peine pu poser nos bagages et faire trois pas que nous voilà partis pour notre première visite: une énorme station de pompage-turbinage des eaux du Don située à l'embouchure du fleuve, à une vingtaine de kilomètres de la ville. Des ouvriers s'activent encore à terminer les aménagements extérieurs. Deux gigantesques tuyaux, des dizaines de citernes de 20'000m<sup>3</sup> et huit stations de pompage de onze turbines chacune acheminent désormais l'eau douce de Rostov à Donetsk, située à deux cents kilomètres de là et privée d'eau potable à cause de l'embargo ukrainien. Tout est automatisé. 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Après Taganrog, la route longe la mer d'Azov et est encombrée par les convois de camions qui vont et viennent du Donbass. Elle est en plein travaux d'élargissement. Les véhicules militaires arborent un V ou un Z bien visibles. Checkpoints et contrôles divers se succèdent avant et après la frontière de la République de Donetsk. Sur les bas-côtés, de longues colonnes attendent la fouille. Grâce à nos laissez-passer, nous voici bientôt en territoire ex-ukrainien. Evgueni, un Russe de Vladivostok engagé volontaire auprès de la République de Donetsk, prend le relais. Il nous servira de guide et d'interprète tout au long de notre séjour. </p> <p>Peu avant midi, nous atteignons les faubourgs de Marioupol et entrons sur le territoire d'Azovstal, totalement dévasté. L'usine n'est plus que cheminées rouillées, entrelacs de tuyaux éventrés et de ferrailles tordues. Une vision d'apocalypse qui évoque immédiatement Stalingrad, l'usine de tracteurs, Vassili Grossmann et le <em>Voyage en Russie</em> de Steinbeck et Capa. Aucune des maisons et des immeubles d'habitation alentour n'a survécu. </p> <p>Le centre-ville a en revanche beaucoup mieux résisté, avec un taux de destruction qu'on peut estimer à cinquante pourcents à première vue. Il est en pleine rénovation. Sur la place centrale, la reconstruction du fameux théâtre – bombardé ou dynamité on ne sait trop – doit être achevée à la fin de l'année. Umar est content: les enfants et les jeunes mères se sont déjà emparés du parc et du terrain de jeux que son entreprise vient d'achever. Les lignes de bus, offerts par la ville de Saint-Pétersbourg, ont été rétablies. Les terrasses de café ont rouvert.</p> <p>Puis nous repartons pour l'ouest de la ville, qui offre un paysage très différent. Tout y est neuf. Les quartiers anciens ont déjà été rénovés et de nouveaux quartiers, des bouquets d'immeubles, une école, une crèche, un hôpital, y ont jailli de terre en moins d'une année. Une dame qui promène son chien nous explique qu'elle vient d'emménager dans son appartement tout neuf il y a quinze jours, après avoir vécu pendant des mois dans un taudis sans eau courante. </p> <p>Supervisés par une société publique du ministère de la Défense avec l'aide des villes et des provinces russes, les chantiers s'activent jour et nuit. Dix mille habitants ont déjà été relogés et la ville a retrouvé les deux tiers de sa population d'avant-guerre, soit 300'000 habitants. Durant l'après-midi, nous visiterons un second hôpital de 60 lits, entièrement neuf et démontable, très bien équipé et dirigé par des médecins volontaires provenant des différentes régions de Russie.</p> <p>Les constructions les plus spectaculaires concernent toutefois les écoles. En bordure de mer, une nouvelle académie de la marine accueillera sa première volée de cadets à la rentrée de septembre. Salles de cours, internat, salles de sports, salles d'entrainement, quatre immeubles de verre et d'acier rutilants sont sortis de terre en dix mois. Prévus pour 560 élèves en uniforme de 11 à 17 ans, ils accueilleront principalement des orphelins des deux guerres du Donbass, celle de 2014-2022 et celle de 2022-2024, me dit-on. Six jours d'enseignement par semaine à raison de huit à dix heures par jour, on n'aura guère le temps de s'y ennuyer. A la fin du cursus, les élèves pourront soit parfaire leur formation dans la marine soit entrer dans une université civile.</p> <p>La seconde école est plus classique mais encore plus spectaculaire. C'est un collège expérimental comme on n'en encore jamais vu en Russie (ni en Suisse à ma connaissance). Le design, remarquable, est très étudié. 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Seule difficulté, assure la directrice, celle de trouver des enseignants qui veuillent bien accepter de s'installer à Marioupol. Mais elle n'a pas l'air d'être du genre à s'effrayer devant la tâche.</p> <p>En fin d'après-midi, nous nous engageons sur l'autoroute toute neuve qui relie Marioupol à Donetsk, à 120 kilomètres, en faisant un petit arrêt dans la petite ville de Volnovakha, dont le palais de la culture a subi une frappe de HIMARS en novembre dernier. Le toit s'est écroulé et des échafaudages encombrent ce qui reste de la scène et de la salle. Par chance, la salve n'a fait ni mort ni blessé, le spectacle programmé ce jour-là ayant été déplacé à la dernière minute. Pour les habitants, pas de doute, les Ukrainiens cherchaient à tuer le plus de civils possibles. Mon guide m'explique qu'ils tirent toujours les HIMARS par groupe de trois: une première roquette pour percer le toit et les structures, une deuxième pour liquider les occupants et, vingt à vingt-cinq minutes plus tard, une troisième frappe pour tuer le maximum de pompiers, secouristes, parents, policiers, amis, voisins venus secourir les victimes. Ce récit me sera répété plusieurs fois.</p> <p>Donetsk est une grande ville d'un million d'habitants, très étendue, très animée, avec une circulation dense. On n'y voit que peu d'immeubles ou de façades détruites. En revanche, la ville vit au son du canon. Je n'y avais pas prêté attention à mon arrivée, à cause de la fatigue et des émotions de la journée. Mais en me réveillant à trois heures du matin, j'ai soudain été frappé par le son du canon. Toutes les deux à trois minutes, un coup part, faisant trembler les vitres et illuminant le ciel d'une lueur orangée: ce sont les artilleurs russes qui tirent sur les positions ukrainiennes, à quelques de kilomètres du centre-ville. Les Ukrainiens ripostent avec des missiles, des drones ou des roquettes HIMARS, ce qui enclenche les tirs de contre-batterie russes, à raison d'un ou deux par heure me semble-t-il.</p> <p>Le lendemain matin, on m'apprendra à distinguer les uns des autres. Les HIMARS sont silencieux jusqu'à l'explosion finale, les missiles SCALP français et Storm Shadow britanniques font un bourdonnement d'avion, de même que les missiles anti-missiles russes, tandis que les obus ordinaires tombent en sifflant. De toute façon, je n'ai aucun souci à me faire, m'assurent mes nouveaux amis. Ils m'ont logé dans le seul hôtel de la ville encore en mains américaines et jamais les Ukrainiens n'oseraient tirer sur une cible américaine. Il n'en reste pas moins que les tirs ukrainiens continuent à faire des blessés et un mort par semaine en moyenne. Tous des civils, car il n'y a absolument aucun soldat, véhicule ou installation militaire en ville. En quatre jours, je n'y ai pas croisé un seul uniforme.</p> <p>Nous commençons la journée par une visite à l'Allée des Anges, qui se trouve au milieu d'un beau parc urbain. C'est le nom qu'on a donné au monument funéraire érigé en mémoire des enfants tués par les bombardements ukrainiens depuis 2014. 160 noms ont déjà été inscrits sur le marbre. Mais la liste en comprend plus de 200 à ce jour. Des dizaines de bouquets de fleurs, de jouets, de photos d'enfants s'amoncellent sous l'arche de fer forgé. C'est bouleversant.</p> <p>Au retour, nous rendons visite aux confrères de la télévision et de la radio OPLOT, en bordure de la place centrale. Leur immeuble est régulièrement visé par des HIMARS. 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Leurs chaines, qui diffusaient largement dans la partie russophone de l'Ukraine, ont été coupées et ne sont plus visibles que sur internet ou sur le réseau local.</p> <p>L'après-midi, nous nous rendons dans le village de Yassinouvata, proche d'Avdeevka, et donc tout près du front. Le village, très exposé aux tirs d'obus ukrainiens, abrite une école transformée en centre d'accueil pour les réfugiés des villages récemment libérés. Aussitôt sortis de Donetsk, la proximité du front se fait sentir. La route est défoncée par les tirs d'obus et jonchée de débris de ponts écroulés. Sur notre gauche deux hélicoptères Ka-50 Alligators et un MI-8 reviennent du front en rase-mottes. A notre droite des tranchées et trois rangées de dents de dragons, équivalents de nos Toblerone suisses, forment une des lignes de la défense russe. Des engins militaires la longent régulièrement. </p> <p>Notre véhicule est parfaitement anonyme. Pas de convoi, d'insignes de presse, de gilets pare-balles ou de casques qui pourraient attirer l'attention des drones de surveillance ukrainiens. Les GPS de nos portables sont désactivés depuis longtemps. Il s'agit d’être le plus banal possible. La route est de plus en plus défoncée et la circulation quasi inexistante. Le chauffeur, le guide et Umar sont parfaitement impavides.</p> <p>La directrice de l'école, ex-professeure de mathématiques devenue directrice du centre d'accueil, nous accueille. La libération d'Avdeevka et des villages voisins fin février a fait sortir les habitants survivants des caves. Ils sont logés ici, dans les salles de classe, en attendant de retrouver leur logement ou d'en trouver un nouveau. Sur les 160 personnes hébergées, certaines ont déjà pu regagner Avdeevka. Aujourd'hui, c'est au tour de Nina Timofeevna, 85 ans et toute sa verve, de regagner son logis. 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De là une assez bonne route mène en cinq heures à Karakol, petite bourgade située à l'extrême est du pays, près de la frontière du Sinkiang chinois. Nous sommes toujours sur la branche nord des Monts célestes, qui forment un fer à cheval autour du lac salé d'Issyk-Koul, le plus vaste et le plus haut du monde (1600 mètres d'altitude) après le Titicaca. Ses eaux sont froides mais on peut s'y baigner à toutes saisons, ou presque. </p> <p>Karakol est l'une des vingt-trois stations de ski kirghizes. Située à 1'760 mètres d'altitude, elle est peuplée de quelque 70'000 habitants et d'autant de chevaux. </p> <p>Les Kirghizes sont les rois du cheval, à qui ils peuvent faire faire à peu près n'importe quoi. Un ancien Président kirghize a en effet fondé les Jeux Mondiaux Nomades, qui rassemblent tous les deux ans les peuples de la steppe autour des sports équestres, du tir à l'arc et de diverses joutes qui rappellent nos très suisses luttes à la culotte. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
5 Commentaires
@simone 28.10.2022 | 17h55
«Merci d'aborder un sujet dont on ne parle jamais dans aucun média. C'est fort intéressant.
Suzette Sandoz»
@willoft 28.10.2022 | 19h57
«Merci pour le voyage, Monsieur Mettan!
Oui, c'est assez rigolo de voir tous ces peuples penser que l'Europe (en faillite) va les sauver.
Et on ne parle même pas de l'Ukraine qui n'arrête pas de mendier chaque jour plus...!
La réalité est que l'Europe a manqué le train d'une alliance avec la Russie et c'est sans doute perdu pour elle, elle sera chinoise et non américaine, vous verrez, comme l'Afrique et l'Amérique latine, d'ailleurs.
Alea jacta est
»
@Roger R. 28.10.2022 | 20h56
«Bonjour
Merci pour cet éclairage qui survole quelques
pays de l’Est dont on ne parle que relativement peu. »
@Roger R. 28.10.2022 | 20h56
«Bonjour
Merci pour cet éclairage qui survole quelques
pays de l’Est dont on ne parle que relativement peu. »
@Philippe37 29.10.2022 | 11h03
«Sensible et bienfaisant. Merci»