Actuel / Virée chez les Gérard
La première page du livre d’or de la confrérie © Jonas Follonier pour BPLT
Vous vous appelez Gérard, Claude, François, André? Devenez des compagnons! Il existe, en Suisse, de nombreuses associations basées sur un prénom saint. Vous non plus, vous ne le saviez pas? Eh bien, je me suis incrusté dans la sortie annuelle de la Confrérie Saint-Gérard, en Valais central, le dimanche 3 octobre dernier, pour me plonger dans cet univers. Il m’est apparu cocasse, intrigant, comique. Touchant. Et il en dit beaucoup sur notre Suisse. Reportage.
«Gérard?», lance un Gérard. Une douzaine de Gérard tourne la tête: «Oui?» L’heure est au comique de répétition ce dimanche de beau temps dans une forêt du Valais central, sur la rive droite de la Lienne, qui prend sa source au col du Rawyl pour se jeter dans le Rhône. Mon grand-père Gérard est venu avec un intrus: un journaliste. Tous enchaînent l’automatisme de la poignée de mains pré-Covid et celui de la présentation: «Gérard. Enchanté.» Certains le font exprès, d’autres non. Décidément, je sens qu’on va bien s’amuser.
Heureusement, la médaille portée par chaque convive indique leur nom de famille. Des patronymes valaisans, quelques italiens. Les prénoms, eux, sont zemmourisés: point de Gerardo – et le calendrier chrétien veille sur eux. Je remarque que les sautoirs des médailles sont de différentes couleurs selon les personnes. «Les rubans jaunes sont ceux des compagnons (les membres standards), les bleus à ceux qui ont rendu un service particulier à l’association (les maîtres-compagnons), les rouges et blancs sont réservés au comité (les grands-maîtres compagnons), et les noirs aux compagnons d’honneur, qui sont des invités de marque», m’explique l'abbé-président, un certain Gérard. Je comprends vite que cet attirail tient moins de la hiérarchie suspicieuse que du folklore choisi, du ridicule conscientisé, de l’autodérision.
Quelques Gérard. © Jonas Follonier pour BPLT
«J’ai proposé à un ami qui s’appelle Gérard de rejoindre notre confrérie», m’explique un homonyme. «Il a pris peur en pensant que c’était une secte. Je lui ai ri au nez de façon énervée!» Sortir de ce groupement? C’est bien sûr possible, et facile. «Mais ça ne viendrait à l’idée de personne.» La cotisation annuelle s’élève à quelques francs et finance les deux événements de l’année que sont l’assemblée générale et le «chapitre». En termes concrets, un repas et un repas. Les buts de la confrérie sont d’ailleurs les suivants: a) contribuer à nouer des contacts d'amitiés entre tous les Gérard. b) Rechercher les moyens d'engendrer la bonne humeur. (extrait des statuts)
Des confréries comme ça, il y en a des dizaines dans les cantons catholiques de Suisse romande, surtout Fribourg et Valais. La Suisse est le pays à compter le plus d’associations par habitant – la même chose vaut d’ailleurs pour les brasseries artisanales. Mais quand même, réunir des individus ayant pour seul point commun de s’appeler Gérard, il fallait y penser! Un ancien prof me prend au vol. «Je vais te dire quelque chose: ça paraît dingue, mais à chaque fois qu’on se retrouve, on se rend compte qu’on a d’autres points communs.» Lesquels? «A part le fait d’avoir deux yeux, deux oreilles, etc., on se distingue par une certaine convivialité.» Bref, ce sont des bons vivants. «Exact! Tu as tout compris!» Je me surprends ensuite à me faire la réflexion que, mine de rien, c’est vrai qu’ils se ressemblent. Se prénommer de telle ou telle façon, c’est se prédestiner.
Une messe privée
Le chapitre, on est en train de le débuter, justement. Et il faut l’avouer, c’est un peu plus qu’un repas. Car c’est une messe qui s’apprête à être célébrée. Mais pas n’importe laquelle. Si cette célébration d’une trentaine de minutes a beau être tout ce qu’il y a de plus catholique, elle se déroule devant la pittoresque et minuscule chapelle du Moulin, propriété de la confrérie. «La chapelle était abandonnée, un Gérard l’a retapée et il l’a cédée à la confrérie.» Le résultat est magnifique. Entre un trait de peinture bleu ciel faisant penser aux petites bâtisses religieuses grecques et des vitraux réalisés par des élèves du secondaire I en cours de travaux manuels, on trouve des objets en l’honneur de saint Gérard.
A l’intérieur de la chapelle © Jonas Follonier pour BPLT
La messe est assurée cette fois-ci par l’aumônier de l’hôpital de Sion. «Avant lui», me dit un gars, «on a eu plusieurs curés qui s’appelaient Gérard, dont "notre" Gérard attitré pendant de longues années». Aussi, cette équipe compte un chauffeur de taxi: la course est gratuite pour les Gérard. Revenons à la messe, que j’ai écoutée d’une narine. Celle-ci, évidement, se réfère à saint Gérard, saint patron des apprentis, des premiers communiants, des personnes calomniées et – attribut le plus important – des femmes enceintes. «C’est pour ça que le symbole de la confrérie est une cigogne qui porte un enfant», glisse le sympathique curé au milieu de deux «Hallelujah» entonnés à tue-tête par la petite assemblée.
Une partie des treize membres présents cette année («Le Covid est passé par-là. Et puis il y a cinq blessés.») © Jonas Follonier pour BPLT
Extrait du Livre d’or. Lors de l’intronisation d’un nouveau membre, qui reçoit une médaille et un diplôme, le comité porte chapeau à plume et veste de circonstance. © Jonas Follonier pour BPLT
Apéro, grillade et plus si affinités
Le symbole de la cigogne n’empêche pas la confrérie de ne compter aucune femme. Certaines épouses, filles ou pratiquantes ont néanmoins rejoint l’assistance pour profiter de la messe en un si charmant coin. Elles restent également pour l’apéritif, qui a lieu au bord d’un torrent qui alimente la Lienne, non loin de la chapelle. Un peu de marche fait du bien. «Même si on a bientôt tous huitante ans.» L’air est frais, le vin flatte le palais. Mais il est déjà temps pour les femmes de rentrer chez elles et pour les hommes de regagner leurs voitures. Cap sur un local de la plaine du Rhône, où se prépare une après-midi de grillades.
Les Gérard, l’aumônier et moi entamons la discussion par un thème léger: le mariage pour tous. Tout le monde est d’accord, on passe vite à autre chose. Les voitures électriques, l’Afghanistan, un certain Gérard de Sion, le prénom «Gérard», la cuisson des côtes d’agneau. L’après-midi est déjà bien avancée quand un compagnon fait goûter à tout le monde son Limoncello maison. J’ai la tête qui tourne, le carnet plein de notes, la mémoire emplie de beaux souvenirs et des gens qui m’attendent. «Comment, tu ne restes pas pour la pétanque et la raclette? – J’ai déjà une autre raclette de prévue, ailleurs en Valais. – Dommage, ce sera pour la prochaine fois. Change de prénom et tu entres dans la confrérie.» Le chapitre, décidément, c’est quand même un peu plus qu’un repas: c’est deux repas. Et une bonne rincée de camaraderie.
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Je comprends vite que cet attirail tient moins de la hiérarchie suspicieuse que du folklore choisi, du ridicule conscientisé, de l’autodérision.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1634145147_capturedcran2021101319.11.33.png" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Quelques Gérard. © Jonas Follonier pour </em>BPLT</h4> <p>«J’ai proposé à un ami qui s’appelle Gérard de rejoindre notre confrérie», m’explique un homonyme. «Il a pris peur en pensant que c’était une secte. Je lui ai ri au nez de façon énervée!» Sortir de ce groupement? C’est bien sûr possible, et facile. «Mais ça ne viendrait à l’idée de personne.» La cotisation annuelle s’élève à quelques francs et finance les deux événements de l’année que sont l’assemblée générale et le «chapitre». En termes concrets, un repas et un repas. Les buts de la confrérie sont d’ailleurs les suivants: a) contribuer à nouer des contacts d'amitiés entre tous les Gérard. b) Rechercher les moyens d'engendrer la bonne humeur. (extrait des statuts)</p> <p>Des confréries comme ça, il y en a des dizaines dans les cantons catholiques de Suisse romande, surtout Fribourg et Valais. La Suisse est le pays à compter le plus d’associations par habitant – la même chose vaut d’ailleurs pour les brasseries artisanales. Mais quand même, réunir des individus ayant pour seul point commun de s’appeler Gérard, il fallait y penser! Un ancien prof me prend au vol. «Je vais te dire quelque chose: ça paraît dingue, mais à chaque fois qu’on se retrouve, on se rend compte qu’on a d’autres points communs.» Lesquels? «A part le fait d’avoir deux yeux, deux oreilles, etc., on se distingue par une certaine convivialité.» Bref, ce sont des bons vivants. «Exact! Tu as tout compris!» Je me surprends ensuite à me faire la réflexion que, mine de rien, c’est vrai qu’ils se ressemblent. Se prénommer de telle ou telle façon, c’est se prédestiner.</p> <h3>Une messe privée</h3> <p>Le chapitre, on est en train de le débuter, justement. Et il faut l’avouer, c’est un peu plus qu’un repas. Car c’est une messe qui s’apprête à être célébrée. Mais pas n’importe laquelle. Si cette célébration d’une trentaine de minutes a beau être tout ce qu’il y a de plus catholique, elle se déroule devant la pittoresque et minuscule chapelle du Moulin, propriété de la confrérie. «La chapelle était abandonnée, un Gérard l’a retapée et il l’a cédée à la confrérie.» Le résultat est magnifique. 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Lors de l’intronisation d’un nouveau membre, qui reçoit une médaille et un diplôme, le comité porte chapeau à plume et veste de circonstance. © Jonas Follonier pour </em>BPLT</h4> <h3>Apéro, grillade et plus si affinités</h3> <p>Le symbole de la cigogne n’empêche pas la confrérie de ne compter aucune femme. Certaines épouses, filles ou pratiquantes ont néanmoins rejoint l’assistance pour profiter de la messe en un si charmant coin. Elles restent également pour l’apéritif, qui a lieu au bord d’un torrent qui alimente la Lienne, non loin de la chapelle. Un peu de marche fait du bien. «Même si on a bientôt tous huitante ans.» L’air est frais, le vin flatte le palais. Mais il est déjà temps pour les femmes de rentrer chez elles et pour les hommes de regagner leurs voitures. Cap sur un local de la plaine du Rhône, où se prépare une après-midi de grillades.</p> <p>Les Gérard, l’aumônier et moi entamons la discussion par un thème léger: le mariage pour tous. Tout le monde est d’accord, on passe vite à autre chose. Les voitures électriques, l’Afghanistan, un certain Gérard de Sion, le prénom «Gérard», la cuisson des côtes d’agneau. L’après-midi est déjà bien avancée quand un compagnon fait goûter à tout le monde son Limoncello maison. J’ai la tête qui tourne, le carnet plein de notes, la mémoire emplie de beaux souvenirs et des gens qui m’attendent. «Comment, tu ne restes pas pour la pétanque et la raclette? – J’ai déjà une autre raclette de prévue, ailleurs en Valais. – Dommage, ce sera pour la prochaine fois. Change de prénom et tu entres dans la confrérie.» Le chapitre, décidément, c’est quand même un peu plus qu’un repas: c’est deux repas. 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Je remarque que les sautoirs des médailles sont de différentes couleurs selon les personnes. «Les rubans jaunes sont ceux des compagnons (les membres standards), les bleus à ceux qui ont rendu un service particulier à l’association (les maîtres-compagnons), les rouges et blancs sont réservés au comité (les grands-maîtres compagnons), et les noirs aux compagnons d’honneur, qui sont des invités de marque», m’explique l'abbé-président, un certain Gérard. Je comprends vite que cet attirail tient moins de la hiérarchie suspicieuse que du folklore choisi, du ridicule conscientisé, de l’autodérision.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1634145147_capturedcran2021101319.11.33.png" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Quelques Gérard. © Jonas Follonier pour </em>BPLT</h4> <p>«J’ai proposé à un ami qui s’appelle Gérard de rejoindre notre confrérie», m’explique un homonyme. «Il a pris peur en pensant que c’était une secte. 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Si cette célébration d’une trentaine de minutes a beau être tout ce qu’il y a de plus catholique, elle se déroule devant la pittoresque et minuscule chapelle du Moulin, propriété de la confrérie. «La chapelle était abandonnée, un Gérard l’a retapée et il l’a cédée à la confrérie.» Le résultat est magnifique. 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Lors de l’intronisation d’un nouveau membre, qui reçoit une médaille et un diplôme, le comité porte chapeau à plume et veste de circonstance. © Jonas Follonier pour </em>BPLT</h4> <h3>Apéro, grillade et plus si affinités</h3> <p>Le symbole de la cigogne n’empêche pas la confrérie de ne compter aucune femme. Certaines épouses, filles ou pratiquantes ont néanmoins rejoint l’assistance pour profiter de la messe en un si charmant coin. Elles restent également pour l’apéritif, qui a lieu au bord d’un torrent qui alimente la Lienne, non loin de la chapelle. Un peu de marche fait du bien. «Même si on a bientôt tous huitante ans.» L’air est frais, le vin flatte le palais. Mais il est déjà temps pour les femmes de rentrer chez elles et pour les hommes de regagner leurs voitures. Cap sur un local de la plaine du Rhône, où se prépare une après-midi de grillades.</p> <p>Les Gérard, l’aumônier et moi entamons la discussion par un thème léger: le mariage pour tous. Tout le monde est d’accord, on passe vite à autre chose. Les voitures électriques, l’Afghanistan, un certain Gérard de Sion, le prénom «Gérard», la cuisson des côtes d’agneau. L’après-midi est déjà bien avancée quand un compagnon fait goûter à tout le monde son Limoncello maison. J’ai la tête qui tourne, le carnet plein de notes, la mémoire emplie de beaux souvenirs et des gens qui m’attendent. «Comment, tu ne restes pas pour la pétanque et la raclette? – J’ai déjà une autre raclette de prévue, ailleurs en Valais. – Dommage, ce sera pour la prochaine fois. Change de prénom et tu entres dans la confrérie.» Le chapitre, décidément, c’est quand même un peu plus qu’un repas: c’est deux repas. 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Le rectorat a négocié avec la faîtière d’étudiants un accord commun – incluant tous les étudiants et collaborateurs de l’université – portant sur la défense de valeurs fondamentales telles que la liberté académique, la liberté d’expression, le refus de la violence, etc. Mais le <a href="https://www.unige.ch/communication/communiques/2022/luniversite-et-ses-etudiant-es-reaffirment-les-valeurs-de-linstitution">communiqué de l’université</a> souffre d’une certaine ambiguïté:</p> <p>«Par cette déclaration commune, le rectorat et les étudiant-es replacent (…) le débat dans son contexte académique et souhaitent rappeler des principes essentiels: le respect dû aux personnes passant par la lutte contre toute forme de discrimination, notamment de genre, d’origine ou de classe; le refus de la violence sous toutes ses formes; le respect de la liberté académique dans la recherche et l’enseignement, <em>encadrée par les valeurs précitées</em><sup><strong>1</strong></sup>. Ces convictions partagées permettent au Rectorat de renoncer au dépôt de plainte pénale initialement envisagé (…)»</p> <p>Faut-il en déduire que les conférences empêchées par les activistes LGBTQI+ n’auraient pas dû être organisées? Autrement dit, l’université donne-t-elle raison aux manifestants – au-delà de la violence dont ils ont fait usage – sur le bien-fondé de leur indignation? On pourrait le croire en lisant également ce passage: «Indépendamment de sa forme, l’action menée par les manifestant-es le 17 mai est révélatrice de la souffrance qui affecte certains groupes vulnérables – dont les personnes trans – et qui implique pour l’institution un devoir particulier de protection.»</p> <h3>Cotisations obligatoires et fonctionnement démocratique</h3> <p>Il ne sera pas question ici d’établir qui a gagné ce «match» (comme si on ne le savait pas, du reste), mais de livrer quelques informations sur cette faîtière d’étudiants et ses équivalents romands. Qui sont ces groupes désormais puissants dans les rapports de force idéologiques qui parcourent l’université et la société de manière générale (pour vous en convaincre, songez au fait qu’à Neuchâtel, les représentants des étudiants avaient réussi à ne faire comptabiliser que les réussites d’examens, et pas les échecs, en période de Covid)? Nous n’avons malheureusement pas réussi à contacter la CUAE, mais les informations à disposition de tous et les contacts pris auprès d’autres faîtières suffisent à répondre aux besoins de cet article.</p> <p>De manière générale, toutes les faîtières d’associations étudiantes nichées dans les universités romandes poursuivent les mêmes objectifs: mettre en réseau la communauté estudiantine, défendre ses intérêts auprès du rectorat et auprès du canton, favoriser l’égalité des chances, financer des événements ou des activités d’associations d’étudiants, etc. Bref, soutenir les étudiants.</p> <p>Pour être membre de la CUAE, il suffit de s’affilier à l’une des associations étudiantes de l’Université de Genève, qui elles-mêmes composent la CUAE. Une contribution de 5 CHF est alors prélevée dans les taxes universitaires que paient de toute manière les étudiants. Mais il est aussi possible de s’engager pour la CUAE à titre individuel. Par comparaison, «l’Association Générale des Etudiant·e·s de l’Université de Fribourg» (AGEF) vit grâce à une cotisation obligatoire de 20 CHF pour tout étudiant, dont une bonne partie repart dans les sections de la faîtière (une section par département ou faculté). C’est à peu près la même chose à Neuchâtel, où tous les étudiants sont <em>de facto</em> membres de la «Fédération des étudiant·e·s neuchâtelois·e·s» (FEN) et paient ainsi une cotisation de 15 CHF, comprise dans la taxe d’étude. Si quelqu’un ne souhaite pas la payer, il doit démissionner par écrit de la faîtière.</p> <p>On part alors du principe que les faîtières en question doivent se sentir responsables de leur caractère représentatif vis-à-vis des étudiants qu’elles fédèrent. Mais pas besoin de trop gratter pour se rendre compte qu’il ne s’agit pas vraiment du genre de la maison. La CUAE se définit sur son site comme «association faîtière et syndicat des étudiant.e.x.s de l’Université de Genève, et leur porte-parole auprès des autorités universitaires et politiques». Déjà, même s’il s’agit d’une volonté des individus qui composent la CUAE, son statut de syndicat pose question, dans la mesure où il reflète une certaine culture politique: n’y a-t-il pas incompatibilité entre cette nature de syndicat (unique en Suisse parmi les universités) et le fait de devoir représenter les étudiants dans leur diversité (y compris politique, diversité qu’on oublie souvent)?</p> <h3>Revendications politiques «si ça concerne les étudiants»</h3> <p>En partant de cette interrogation, on peut tirer un fil logique pour questionner les types de revendications portées par la CUAE et par leurs émules romandes. Si les représentants de toutes les autres faîtières estudiantines nous ont déclaré qu’ils condamnaient les moyens violents utilisés par les manifestants genevois pour faire entendre leur cause, ils sont également unanimes sur la limite que leurs associations se fixent concernant leurs revendications politiques. En effet, toutes les faîtières se donnent la compétence de prendre publiquement position «quand le sujet concerne les étudiants». Voici comment par exemple Guillaume Haas détaille le cas de l’AGEF, qu’il co-préside:</p> <p>«Notre grande différence avec la CUAE (Genève) est que l’AGEF (Fribourg) est représentée à tous les niveaux de l’université de Fribourg. Et quand je dis à tous les niveaux, c’est à tous les niveaux: au Sénat, qui est l’organe suprême de l’université, mais aussi dans la moindre des petites commissions. L’UniFR est l’une des universités les plus démocratiques d’Europe. C’est ce qui explique que l’AGEF ait peu de coups d’éclat, contrairement à nos camarades de la CUAE. Je ne leur en fait pas le reproche: c’est leur seul moyen de se faire entendre. Sur le plan des idées politiques, j’observe qu’il y a des personnes de tous bords à l’AGEF. Il y a des sensibilités différentes qui s’expriment lors de discussions sur les budgets et l’allocation des fonds, par exemple. Mais l’AGEF est apolitique: nous ne fonctionnons pas avec un système de représentants par partis. On ne parle que de politique quand le sujet concerne les étudiants.»</p> <p>Or, cela devient plus difficile à appliquer dans des exemples concrets. C’est que cette ligne de conduite a priori juste et inoffensive est on ne peut plus floue. A partir de combien d’étudiants concernés une affaire est censée «concerner les étudiants»? Outre l’intégration des étudiants transgenres dans la forme des statuts de l’Union des étudiant-e-s de Suisse (UNES), les délégués de cette «faîtière des faîtières» ont par exemple traité d’une initiative populaire en assemblées des délégués, parce que la votation faisait courir un risque au programme ERASMUS, même si les étudiants n’étaient pas cités dans le texte. Rebelote avec la question de l’accord-cadre et HORIZON2020. Un ancien responsable de la FEN, la faîtière neuchâteloise, confie:</p> <p>«Peu de personnes s’engagent dans ces structures. Il y a eu des assemblées générales de la FEN où nous étions dix. 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Un fait psychologique simple: quand la Fédération des Associations d’Etudiant-e-s-x (Lausanne) convoque une assemblée «ouverte à tou-x-te-s», un étudiant qui trouve cette graphie laide, contestable sur le fond, ridicule ou les trois à la fois se dira peut-être que le comité n’est sans doute pas si ouvert que cela à tout le monde, du moins pas aux idées qu’il défendrait s’il venait y parler en toute honnêteté.</p> <p>C’est un fait et non un commentaire, ni même une analyse: une idéologie radicale de gauche identitaire suinte du vocabulaire, du propos et des actions de la CUAE, comme de bien d’autres associations, y compris, mais dans une moindre mesure, les faîtières d’étudiants des autres universités. 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Sur la base des réponses, ces candidats sont classés selon un axe des abscisses «gauche-droite» et un axe des ordonnées «libéral-conservateur». Les résultats servent ensuite à générer des recommandations de vote pour tout citoyen qui participe à son tour au sondage.</p> <p>La première conclusion que l’on peut tirer des graphiques ci-dessus, c’est qu’il semble régner, au sein de l’Assemblée fédérale actuelle, un plus grand écart d’idées politiques au sein d’un parti de droite ou du centre qu’au sein d’un parti de gauche. On pourrait objecter, avec raison, que les critères «libéral» versus «conservateur» sont moins pertinents à gauche qu’à droite, et que l’écart observé verticalement sur le graphique est donc biaisé. Or, on remarque également une plus grande distance sur l’axe <i>horizontal</i> entre les points les plus éloignés d’un même parti de droite que ceux d’un même parti de gauche. Ce qui signifie bien qu’il y a plus de différences entre les ailes gauche et droite d’un parti de droite (ou du centre) qu’entre les ailes gauche et droite d’un parti de gauche. Fait éclairant, le constat peut être vérifié avec d’autres élections sur le site de Smartvote, par exemple l’actuel scrutin vaudois.</p> <p>Interrogé sur ces données, l’historien et juriste Olivier Meuwly, membre du PLR, prêche d’abord pour sa paroisse: «Le pluralisme des idées est une vertu sur le plan intellectuel». Mais il nuance aussitôt: «Cela peut être aussi un facteur de confusion ou de division sur le plan électoral.» Historiquement, les libéraux-radicaux ont toujours eu cette caractéristique, explique le spécialiste. Une caractéristique qu’il juge donc neutre: les partis de droite n’en ressortent pas plus légitimes. Il constate en revanche un écart entre le discours de gauche et la réalité de son corps d’élus: «La pluralité et la tolérance, brandies si souvent par le PS et les Verts, sont bien plus présentes chez leurs adversaires dans les faits. On le constate aussi dans des débats de société actuels, avec par exemple le courant woke de la gauche qui souhaite restreindre la liberté d’expression, censurer des œuvres, interdire certaines discussions, etc.»</p> <h3>La diversité des profils socio-professionnels, un atout? </h3> <p>La discussion devient encore plus intéressante quand on se penche sur un autre schéma: celui de l’observatoire des élites suisses (OBELIS), de l’Université de Lausanne, représentant le profil socio-professionnel des politiciens actuellement sous la Coupole. Ceux-ci sont répertoriés selon la distinction «ayant suivi des hautes études - n’ayant pas suivi de hautes études». Le résultat semble comme calqué sur les graphiques précédents (pluralisme des idées):</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1648117695_capturedcran2022032411.27.09.png" class="img-responsive img-fluid center " width="555" height="386" /></p> <h4><em>Observatoire des élites suisses (Obelis) de l’Université de Lausanne, graphique publié dans <i>Le Temps</i> le 24 octobre 2019.</em></h4> <p>Là encore, Olivier Meuwly sourit: «Il y a une contradiction évidente entre le fait de se proclamer le parti des prolétaires et de ne plus l’être depuis longtemps au niveau de ses représentants, comme d’une partie de ses électeurs d’ailleurs.» Il n’empêche, en théorie, rien ne défend à un professeur d’université de s’intéresser à la condition des ouvriers. Mais il faut noter toutes les fois où la gauche, dans notre pays, place au premier plan de ses revendications l’égalité des chances, la dignité de chaque individu, le fait que chacun puisse et doive s’engager en politique ou dans un conseil d’administration, etc. Il y a donc un paradoxe évident entre la forte présence de ces thèmes au niveau de la posture de la gauche et la réalité des origines socio-professionnelles au niveau de ses représentants.</p> <p>Encore une fois, il n’a pas été question ici d’évaluer positivement ou négativement une homogénéité d’opinions ou de parcours. Mais de pointer des faits et de les mettre en perspective avec le langage de la gauche. Cette famille de pensée, incontournable dans la vie politique suisse, devrait davantage se pencher sur ses paradoxes. «C’est une des conditions pour que la social-démocratie, prise dans ses contradictions internes, ne subisse pas une dégringolade à la française – moins violente, mais quand même. 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Le deuxième tour dans le Canton de Vaud sera un bon test», conclut Olivier Meuwly, pour qui rien n’est encore écrit.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-partis-de-droite-sont-plus-diversifies-que-les-partis-de-gauche', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 552, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 2374, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 8673, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Capture d’écran 2021-10-13 à 19.17.png', 'type' => 'image', 'subtype' => 'png', 'size' => (int) 895841, 'md5' => '0c9eb15c8e853d109750130ecaeceb14', 'width' => (int) 973, 'height' => (int) 534, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'La première page du livre d’or de la confrérie', 'author' => '', 'copyright' => '© Jonas Follonier pour BPLT', 'path' => '1634145747_capturedcran2021101319.17.png', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [] $author = 'Jonas Follonier' $description = 'Vous vous appelez Gérard, Claude, François, André? 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