Actuel / Drahi: l'ogre qui se fait dévorer
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L’histoire du géant français des télécoms, de son ascension, de sa gloire à la déroute récente, est romanesque. Elle est surtout révélatrice des folles errances de la finance. Une leçon de choses. La société de Patrick Drahi, Altice, tremble sur ses bases avec 53 milliards de dettes. Cotée à la bourse d’Amsterdam, l’action a perdu plus de la moitié de sa valeur en quelques semaines. Les investisseurs ont eu longtemps les yeux doux pour cet ambitieux, ils le laissent tomber aujourd’hui. C’est le jeu. Avec sa cavalcade irrationnelle d’emballements et de retournements.
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Drahi a fin nez, il repère les sociétés affaiblies, décroche à toute vitesse des énormes crédits sur la promesse de les assainir. Il adore surgir là où on ne l’attend pas, ces raids qui laissent pantois ses concurrents. Une fois sur la place, il envoie ses tueurs d’emplois, marchande jusqu’à les brutaliser les sous-traitants, parfois ne les paie pas. Il lui faut un rendement maximum pour continuer le jeu, de proie en proie. Problème: dans le cas de SFR, les clients n’ont pas apprécié et s’en vont. <br></p><h3>Pour «l’ogre des networks», tout passe. Ou presque<br></h3><p>Comment les investisseurs ont-ils pu ainsi en rajouter sans cesse, avec des sommes faramineuses? Ils l’ont fait pour deux raisons. Parce qu’ils étaient fascinés par cet homme d’un dynamisme saisissant, par cette aura de succès qu’il sait valoriser. Et aussi par la perspective des gains sur les opérations d’achat elles-mêmes. 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Le best-seller de Emmanuel Todd (<em>La défaite de l’Occident</em>, éd. Gallimard) en fait brillamment le tour, y compris pour la Grande-Bretagne si chère à son cœur. Un peu simpliste parfois, lorsqu’il insiste lourdement sur l’abandon de la pratique religieuse, surtout celle des protestants qu’il a en si haute estime. Mais il a raison de parler de la montée du nihilisme. En Amérique étendu à l'Europe. Le consumérisme finit par consumer la petite flamme qui fait le propre de l’humanité. Selon le philosophe français Abdennour Bidar «l’humanisme est le fil directeur ou l’inspiration profonde de l’histoire culturelle de l’Occident». Mais où le renouer, ce fil? Par l’école, bien sûr, et pas celle des programmes mijotés de Microsoft, par la méditation, par un dialogue respectueux et curieux avec d’autres civilisations. Un petit tour en Asie, en Afrique, en Amérique latine, ça aide à comprendre le monde et à se connaître soi-même. Et surtout, c’est plus abordable, la lecture! 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Comme si la fin de l’escalade belliqueuse ne permettait pas d’espérer au contraire une amorce de détente et d’accord avec la Russie propice à toutes les parties.</span></p> <p><span>Voir émerger de très jeunes dirigeants est réjouissant à l’heure où tant de vieux, de très vieux Présidents s’accrochent sans fin au pouvoir. Quel plaisir ainsi d’entendre le jeune chef d’Etat du Chili, Gabriel Boric (38 ans), réinventer la gauche latino-américaine en la débarrassant de ses scories idéologiques. Mais il émerge aussi des freluquets. Sans expérience de vie, sans profondeur, sans réel parcours démocratique. Brûlant d’abord et avant tout d’ambition politicienne. </span><span>Dans la catégorie des poids légers français, il y en a un qui fait plutôt pitié. L’ex-conjoint de Gabriel Attal, Stéphane Séjourné (38 ans), promis au rang de ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. A l’oral le malheureux multiplie les fautes grossières de français. 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Patrick Drahi, né dans une famille juive marocaine, a fait de brillantes études en France. Il a commencé sa carrière chez UPC à Zurich, et il est resté attaché à la Suisse: son discret état-major se trouve dans le quartier de Rive, à Genève, sa résidence fiscale (au forfait, merci!) à Zermatt.
Mais ces temps-ci, très présent à Paris, il tente de redresser la compagnie de téléphonie SFR que nombre d’abonnés désertent, déçus par le service et par des contenus coûteux. A-t-il rassuré ses collaborateurs qu’il a enfin rencontrés l’autre jour? Pas sûr. «Maintenant, nous allons mieux nous occuper des clients…», a-t-il déclaré ingénument.
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Et la machine s'est soudainement grippée...
L’étendue de l’empire Altice (créé en 2001) est vertigineuse. Tout a commencé en France avec le plus grand réseau câblé dans lequel Drahi a vu l'eldorado. Puis le réseau de télécoms SFR, arraché en 2014 au terme d’une homérique bagarre avec Bouygues. Au passage, rachat du quotidien Libération et du groupe L’Express. Mais le virtuose tous azimuths acquiert aussi des opérateurs au Portugal et en Israël où il possède de plus une chaîne TV, i24 News (en hébreu, anglais et français). A Genève, l’oligarque s’est offert la startup de l’entrepreneur français Pierre Chappaz, Teads (leader de pub en vidéo), pour 305 millions. Une paille.
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Comment les investisseurs ont-ils pu ainsi en rajouter sans cesse, avec des sommes faramineuses? Ils l’ont fait pour deux raisons. Parce qu’ils étaient fascinés par cet homme d’un dynamisme saisissant, par cette aura de succès qu’il sait valoriser. Et aussi par la perspective des gains sur les opérations d’achat elles-mêmes. Drahi paie mal ses collaborateurs («je n’aime pas verser des salaires, je préfère donner des actions»), il ne verse pas de dividendes, mais il est très généreux avec les banques qui lui permettent sa course en avant. Il aurait versé 100 millions aux amis qui lui ont permis le montage dans l’acquisition de SFR.
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A-t-il rassuré ses collaborateurs qu’il a enfin rencontrés l’autre jour? Pas sûr. «Maintenant, nous allons mieux nous occuper des clients…», a-t-il déclaré ingénument.</p><p> Le fringant quinquagénaire franco-israélien subit une claque comme il n’en a jamais reçue au long de sa fulgurante ascension. Mais sa famille et lui n’ont pas trop à s’en faire. Sa fortune personnelle a certes pris un coup de 6,5 milliards d’euros dans la tourmente, mais elle reste considérable, il possède de nombreux biens immobiliers, à Zermatt donc, à Genève, à Paris, à New York et à Tel Aviv. Sans parler de son yacht de 180 mètres.</p><h3>Et la machine s'est soudainement grippée...<br></h3><p> L’étendue de l’empire Altice (créé en 2001) est vertigineuse. Tout a commencé en France avec le plus grand réseau câblé dans lequel Drahi a vu l'eldorado. Puis le réseau de télécoms SFR, arraché en 2014 au terme d’une homérique bagarre avec Bouygues. Au passage, rachat du quotidien <em>Libération</em> et du groupe <em>L’Express</em>. Mais le virtuose tous azimuths acquiert aussi des opérateurs au Portugal et en Israël où il possède de plus une chaîne TV, i24 News (en hébreu, anglais et français). A Genève, l’oligarque s’est offert la startup de l’entrepreneur français Pierre Chappaz, Teads (leader de pub en vidéo), pour 305 millions. Une paille. </p><p>Cet été, à la veille de la descente aux enfers, il annonçait triomphalement l’introduction à Wall Street de Altice US, propriétaire de deux réseaux câblés, et disait convoiter de surcroît un géant des télécoms, Charter, d’une valeur de 180 milliards de dollars. </p><p><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1511450598_capturedecran20171123a11.56.29.png" width="581" height="282"></p><p>Mais la machine s’est soudainement grippée. Les mauvais chiffres de SFR ont inquiété. Il faut bien voir comment l’échafaudage s’est bâti. Drahi a fin nez, il repère les sociétés affaiblies, décroche à toute vitesse des énormes crédits sur la promesse de les assainir. Il adore surgir là où on ne l’attend pas, ces raids qui laissent pantois ses concurrents. Une fois sur la place, il envoie ses tueurs d’emplois, marchande jusqu’à les brutaliser les sous-traitants, parfois ne les paie pas. Il lui faut un rendement maximum pour continuer le jeu, de proie en proie. Problème: dans le cas de SFR, les clients n’ont pas apprécié et s’en vont. <br></p><h3>Pour «l’ogre des networks», tout passe. Ou presque<br></h3><p>Comment les investisseurs ont-ils pu ainsi en rajouter sans cesse, avec des sommes faramineuses? Ils l’ont fait pour deux raisons. Parce qu’ils étaient fascinés par cet homme d’un dynamisme saisissant, par cette aura de succès qu’il sait valoriser. Et aussi par la perspective des gains sur les opérations d’achat elles-mêmes. Drahi paie mal ses collaborateurs («je n’aime pas verser des salaires, je préfère donner des actions»), il ne verse pas de dividendes, mais il est très généreux avec les banques qui lui permettent sa course en avant. Il aurait versé 100 millions aux amis qui lui ont permis le montage dans l’acquisition de SFR. </p><p>Soudain, quand le vent a tourné, ces messieurs ont regardé les chiffres d’un autre œil. En 2016, la dette financière totale était de 54 milliards d’euros et les fonds propres d’Altice de… moins 2,3 milliards! Le plus modeste comptable s’arracherait les cheveux. Mais pour «l’ogre des networks» (titre de sa biographie par Elsa Bembaron), tout passe. Ou presque. Parce que maintenant, la maison sent le roussi. Les spéculateurs ne misent plus à la hausse mais à la baisse. Drahi tente de vendre quelques bouts de l’empire, comme sa société de télécoms en République dominicaine (achetée à Orange pour un milliard). Rien n’y fait, la confiance est rompue. 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Le best-seller de Emmanuel Todd (<em>La défaite de l’Occident</em>, éd. Gallimard) en fait brillamment le tour, y compris pour la Grande-Bretagne si chère à son cœur. Un peu simpliste parfois, lorsqu’il insiste lourdement sur l’abandon de la pratique religieuse, surtout celle des protestants qu’il a en si haute estime. Mais il a raison de parler de la montée du nihilisme. En Amérique étendu à l'Europe. Le consumérisme finit par consumer la petite flamme qui fait le propre de l’humanité. Selon le philosophe français Abdennour Bidar «l’humanisme est le fil directeur ou l’inspiration profonde de l’histoire culturelle de l’Occident». Mais où le renouer, ce fil? Par l’école, bien sûr, et pas celle des programmes mijotés de Microsoft, par la méditation, par un dialogue respectueux et curieux avec d’autres civilisations. Un petit tour en Asie, en Afrique, en Amérique latine, ça aide à comprendre le monde et à se connaître soi-même. Et surtout, c’est plus abordable, la lecture! 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Comme si la fin de l’escalade belliqueuse ne permettait pas d’espérer au contraire une amorce de détente et d’accord avec la Russie propice à toutes les parties.</span></p> <p><span>Voir émerger de très jeunes dirigeants est réjouissant à l’heure où tant de vieux, de très vieux Présidents s’accrochent sans fin au pouvoir. Quel plaisir ainsi d’entendre le jeune chef d’Etat du Chili, Gabriel Boric (38 ans), réinventer la gauche latino-américaine en la débarrassant de ses scories idéologiques. Mais il émerge aussi des freluquets. Sans expérience de vie, sans profondeur, sans réel parcours démocratique. Brûlant d’abord et avant tout d’ambition politicienne. </span><span>Dans la catégorie des poids légers français, il y en a un qui fait plutôt pitié. L’ex-conjoint de Gabriel Attal, Stéphane Séjourné (38 ans), promis au rang de ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. A l’oral le malheureux multiplie les fautes grossières de français. 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Mais il manipule les faits quand il accuse les Polonais d’avoir poussé Hitler à lancer l’offensive vers l’est, en raison des incidents provoqués par eux autour de Dantzig qui était alors une ville allemande. Une broutille au regard de l’ambition folle du Troisième Reich. Le pire, c’est que Poutine paraît y croire.</span></p> <p><span>L’histoire se prête à toutes les manipulations. Mais l’ignorer est une faute lourde aussi de conséquences. On ne comprend rien à la guerre Russie-Ukraine sans la connaître. Rien non plus à la tragédie Israël-Palestine. Rien enfin aux tensions sourdes, plus menaçantes qu’il n’y paraît, qui minent l’entente au cœur du Vieux-Continent.</span></p>', 'content_edition' => 'En lançant, au coin de la table, face à un choix de partenaires européens, l’idée d’envoyer des troupes sur le champ de bataille ukrainien, Emmanuel Macron s’est mis à peu près tous les alliés occidentaux à dos. Protestations assorties en douce de sarcasmes au vu du poids réel de l’armée française. Ce Président a divisé l’Europe. Allant même, lors d’un discours à Prague, jusqu’à traiter de «lâches» les pays qui renâclent devant son jusqu’au-boutisme. Visant sans le nommer le Chancelier allemand qui refuse de livrer des missiles à longue portée, manifestement promis à frapper en profondeur le territoire russe. La relation franco-allemande, sur maints sujets, est exécrable depuis des mois. Et Paris en rajoute une couche. Quiconque croit à la nécessité d’une union de l’Europe, au moins sur l’essentiel, ne peut que s’alarmer. L’entente de ces deux pays est le pilier-même du projet lancé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@FLEUR191 30.11.2017 | 16h49
«Ceci n est hélas que le soubresaut d'un système qui n'en fini pas de mourir (le capitalisme). et comme, à l'inverse du communisme, rien ne se profile à l'horizon pour le remplacer, la saga va être longue avec son cortège de souffrances humaines. L'humanité, ne retient hélas rien du passé, en l'occurrence des derniers krachs boursiers. Faudra-t-il une révolution pour que cela change? Aura-t-elle lieu? Nous sommes tellement aseptisés qu'on se le demande...»
@stef 03.12.2017 | 20h28
«Je rejoint "FLEUR191" dans ses propos.
Il faudra sans doite que Altice dépose son bilan pour assainir le marché, mais ce seront les employés et les clients qui vont en faire les frais.
Drahi devrait ensuite passer beacuoup de temps en prison, histoire de faire un exemple pour décourager les autres...»