Actuel / Radio-TV: ce qui pourrait changer
Gilles Marchand, directeur de la SSR, ne manie pas la langue de bois. © SRG SSR / Marcel Grubenmann
Le 4 mars annonce-t-il, même en cas de refus de l’initiative, une révolution à la SSR? Probablement. Parce que même sans ce psychodrame, elle aurait dû survenir, tôt ou tard. Parce que dans le grand chambardement médiatique, rien ne peut continuer comme avant. Car nous nous mettons tous à consommer images, sons, textes par des canaux nouveaux, avec des habitudes nouvelles même si les anciennes persistent.
A ne pas manquer: l'interview-vidéo de Gilles Marchand en fin d'article
Mais que se cache-t-il derrière le mot tant proclamé de «réformes» ? Chacun a sa petite idée. Il faudra bien qu’un cap soit fixé. Le directeur général de la SSR, Gilles Marchand, fait ouvertement part de ses vues. Le débat ne fait que commencer.
Premier constat. Le coût de la radio-télévision publique, même justifié par les prestations, apparaît trop élevé à la plupart des Suisses: ajouté au coût du câble, du téléphone portable, de tant d’autres offres, cela fait beaucoup. Le Conseil fédéral a donc décidé de baisser la redevance (qui passe à 365 francs en 2019) et de plafonner le budget de la grande maison. Celle-ci devra donc assumer ses tâches avec moins d’argent, c’est-à-dire, Marchand dixit, rationaliser la production des émissions, réduire les effectifs, tailler dans l’administration, dans l’informatique, partout où cela ne prive pas le public de ce qu’il attend. Et autre virage s’impose: renoncer à nombre d’investissements notamment immobiliers. Des temps très durs attendent les six mille collaborateurs de l’entreprise, déjà secoués dans cette campagne par un «stress test» existentiel d’une ampleur jamais vue.
Les pri-o-ri-tés
Supprimer des chaînes radio et TV? Ce n’est pas le problème, martèle Marchand. La question est celle des contenus. Leur répartition sur diverses fréquences entraîne des coûts négligeables avec les technologies nouvelles. Mais quelles priorités dans les programmes? C’est le point central.
Là aussi, il y aura du nouveau. Du côté de la télévision surtout. Longtemps, les chaînes publiques suisses ont eu une obsession: garder les parts de marché face à la concurrence étrangère. Quitte à utiliser les mêmes armes, les séries, les mêmes spectacles. Faut-il maintenant se recentrer sur ce qui relève spécifiquement du service public? Réponse: «Nous voulons nous recentrer sur ce qui fait notre différence.» Où et comment? Par l’information, bien sûr, qui aujourd’hui déjà, est bien présente et soutient les comparaisons internationales. Aussi et surtout par la culture. A fixer en priorité désormais! Gilles Marchand dit souhaiter renforcer la production de films. Un pays, estime-t-il, a aussi besoin de la fiction pour se faire une image de lui-même. Bonne nouvelle. Mais soit dit en passant, les talents d’ici suffiront-ils à relever le défi ?
Travailler avec d'autres
Couper dans les budgets, c’est nécessaire, mais innover, investir plus dans de nouveaux projets l’est tout autant pour rester vivant. Concrètement, cela veut dire pousser plus loin les expériences digitales. Rendre les contenus accessibles à tout moment et sur n’importe quel outil. Et puis il existe d’autres ressources inexplorées aujourd’hui. Romands, Alémaniques et Tessinois échangent peu leurs programmes, produisent peu ensemble. Or le sous-titrage devient à la mode! On le voit sur les vidéos de youtube. Nous pouvons partir à l’exploration des perles de nos voisins. Et pourquoi pas enfin organiser des débats à l’échelle suisse où chacun parle sa langue avec des traductions? C’est lourd, mais ce peut être intéressant.
L’un des reproches faits à la SSR, c’est son superbe enfermement. Là aussi, le message a passé. Le mot qui revient maintenant, c’est coproduction. Travailler non seulement avec les chaînes publiques françaises et allemandes comme aujourd'hui, mais désormais avec maints acteurs locaux. Les télés régionales, les journaux, les sites internet. Monter des projets ensemble.
Au public maintenant de se faire entendre!
Les éditeurs joueront-ils le jeu? Ici, la chatte a encore mal aux pieds. Les grands groupes zurichois doivent-ils, veulent-ils coordonner leurs efforts commerciaux avec la SSR pour faire face à la concurrence dévorante des géants américains (comme Ringier le fait, d’autres peut-être à l’avenir)? Ou va-t-on vers l’affrontement chacun pour soi sur le terrain fragile de la publicité? Un point névralgique: la SSR et Swisscom qui en savent beaucoup sur nos dadas communiqueront ces données à leurs partenaires ? Cela inquiète et irrite beaucoup de monde.
On peut faire toutes sortes de reproches à la SSR, au mode de perception de la taxe, mais reconnaissons lui ce mérite: son directeur général ne manie pas la langue de bois. Au public maintenant de s’exprimer. D’abord en votant non le 4 mars. En se faisant entendre ensuite sur ce qu’il souhaite. Les oreilles sont plus ouvertes quelles ne l’ont jamais été. Quant aux casseurs du service public, laissons-les dans leurs rêves incohérents.
L'interview-vidéo de Gilles Marchand
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Ainsi donc la Suisse suspend son aide, comme les Etats-Unis, alors que des proches alliés d’Israël, comme l’Allemagne – qui a même augmenté sa contribution –, la Grande-Bretagne et la France, après avoir interrompu leurs versements au moment des premières accusations israéliennes, les ont repris ensuite. Et pour cause. La situation humanitaire reste catastrophique à Gaza. Le nombre des camions autorisés à y entrer reste largement insuffisant. La plupart des hôpitaux ont été détruits. Les bombardements et les tirs se poursuivent, tuant, selon certaines estimations, entre 50 et 100 personnes par jour. Des dizaines de secouristes de l’UNRWA et des rares ONG encore actives ont été blessés, tués ou chassés. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
10 Commentaires
@merinos 13.02.2018 | 11h01
«nous ne sommes plus dans les années huitante, par conséquent, raisonner comme si SRF info (par exemple) était une télévision à part entière à l'instar de TF1, France 2 ou arte, ce n'est pas sérieux.
de même concernant la radio.
ceci d'autant plus qu'avec la TNT, la RNT (radio numérique terrestre) et le satellite, les chaînes sont diffusées "en équipe".»
@JeanPaul80 13.02.2018 | 12h12
«Beaucoup de gens sont mécontents de devoir payer une redevance obligatoire, surtout s'ils n'utilisent pas ou peu le service public. Pourquoi ne pas diviser le système en bouquets, correspondant aux goûts de chacun et qui seraient facturés individuellement. Pour donner un exemple, Fransat propose une trentaine de programmes gratuits avec la possibilité de s'abonner à divers packs: cinéma, famille, sport, jeunesse. Toutes les émissions sont en HD. Moi-même. ne regardant jamais le sport, je me suis abonné aux packs cinéma et bis télévision et paie en tout 14,98€ par mois. Lorsque je pars pour plus d'un mois, je peux très bien suspendre mon abonnement et le reprendre à ma guise. Il suffit de ne pas payer. L'abonnement reprend dès que je paie.
https://www.fransat.fr
»
@Deky 13.02.2018 | 15h58
«Pas d'accord avec M. Marchand. Il faudrait plutôt concentrer l'offre publique sur un canal radio et un canal TV par région linguistique. La dilution actuelle des chaînes donne des soupes fades et on devrait incessamment zapper pour avoir une vue d'ensemble, et passer d'une émission intéressante à l'autre, ce qu'on ne fait évidemment pas. Tout aussi évidemment, cela obligerait à avoir une diversité de contenus sur la même chaîne et donc de faire des choix, qui pourraient être douloureux pour certains egos.»
@JoelSutter 14.02.2018 | 08h36
«Pour le Grand Public, il serait bien de clarifier les rôles de chacun: qui fait quoi, quel est le rôle de le SSR, celui de la RTS, qui est diffuseur, qui est créateur de contenus... C'est le brouillard, j'insiste, au niveau du "consommateur" lambda. Et c'est dommage: c'est ce qui incite un certain nombre de gens à pencher du côté du oui. Je n'ai pas l'impression que M. Marchand s'en rende compte. »
@merinos 14.02.2018 | 16h25
«@ JeanPaul80
les chaînes de France Télévisions, diffusées par Fransat (par exemple), touchent de l'argent de la redevance française.
@ Deky
et l'argent de la pub, après avoir perdu des parts de marché, où irait-il?
enfin, de manière à mieux connaître la SRG SSR, je vous recommande chaudement de devenir membre d'une ou plusieurs sociétés régionales de notre service public national: http://www.srgssr.ch/fr/devenir-membre/
»
@bouboule 16.02.2018 | 22h15
«Il y a deux problèmes avec la TV et la radio: 1) le niveau est bas (surtout pour la radio, qui ne coûte pas chère) et 2) la SSR fait de la propagande pour elle en employant tous les moyens possibles, méthodes avalisées par nos plus hautes instances politiques.
C'est comme cela que cela se passe en Suisse quand il faut discuter de choses importantes.
Pour reprendre un cas historique je rappelle la votation pour ou contre ECOPOP, le sujet a dû paraitre tellement brûlant qu'on voyait même des affiches encadrées vissées dans les wagons des CFF, affiches invitant à voter contre avec comme slogan "ECOPOP déraille" ! De la véritable propagande d'Etat, depuis ce jour je suis extrêmement vigilant. Pour moi le simple fait que l'on arête pas de voir qu'on essaye de nous faire peur avec une disparition de la SSR relève de la manipulation. D'autre part au nom de quelle solidarité faudrait il payer autant? 120 millions sont offerts à la Romandie, qu'ils gardent cet argent ! Nous sommes capables d'émettre nos idées nous mêmes. No me gusta llevar un sombrero ajeno (il ne me plait guère d'être coiffé par le chapeau d'un autre)»
@Foenix 18.02.2018 | 14h22
«L'ouverture et la coopération sont toujours des voies positives à suivre. Un service public pour le maintien de la démocratie avec une information neutre/objective, certainement ! Conserver deux chaînes par zone linguistique pas forcément si cela veut dire une chaîne vraiment de qualité. Pourquoi pas créer à la place une chaîne collaborative plurilingue pour renforcer l'identité nationale et la pratique des langues autres nationales ? Et sur quels critères soutenir des médias locaux ou régionaux qui devraient justement faire l'objet du pouvoir du marché ?»
@stef 18.02.2018 | 19h29
«LE SERVICE PUBLIC S’ADRESSE AUX CITOYENS.
LES MÉDIAS PRIVÉS S’ADRESSENT AUX CONSOMMATEURS.
À MÉDITER AVANT DE VOTER... ;-)»
@merinos 19.02.2018 | 11h34
«@ Foenix
l'expérience a déjà été tentée: http://fr.wikipedia.org/wiki/Suisse_4 et http://fr.wikipedia.org/wiki/HD_suisse
et nous sommes au 21e siècle, alors il faut faire attention de ne pas mélanger les chaînes de télévision des canaux de diffusion.
»
@flegmatique 19.02.2018 | 13h45
«Stef (ci-dessous) a raison mais ce n'est pas parce que le vote s'oriente vers un NON cinglant à l'utopie UDC que la SSR ne devra pas se remettre en question Mr Marchand l'a très bien compris. Il faudra peut-être redéfinir le fameux mandat de service public mais aussi échanger/partager davantage entre les régions, créer du lien, sous-titrer les débats, montrer l'originalité de ce pays, de ses cultures, du vivre ensemble !! Quel challenge exitant !!
»