© Pascal Parrone / BPLT 2020
Si une bonne part de ce qui se produit dans le cerveau durant l’orgasme chez l’humain demeure un mystère, des décennies de travaux scientifiques ont contribué à percer certains secrets. Et si la recherche a tant progressé, c'est en raison de l'observation des rats.
Gonzalo R. Quintana Zunino PhD student, Behavioural Neuroscience, Concordia University et Conall Eoghan Mac Cionnaith, Ph.D Candidate, Concordia University.
En matière de sexe, soyons humbles, nous sommes similaires… aux rats.
En effet, lorsqu'il est question d’activité sexuelle – et peut-être même d’orgasme – les rats ont des réactions physiologiques semblables à celles des humains. En fait, nos connaissances au sujet des processus cérébraux de l’orgasme nous viennent surtout d’études sur le rat de laboratoire.
Si une bonne part de ce qui se produit dans le cerveau durant l’orgasme chez l’humain demeure un mystère, des décennies de travaux scientifiques ont contribué à percer certains secrets.
L’une des principales raisons pour lesquelles certains aspects de la recherche dans ce domaine ont tant progressé à ce jour est l’utilisation de modèles animaux. Dans notre laboratoire, dirigé par James Pfaus, au Centro De Investigaciones Cerebrales et à l’Université Concordia les animaux nous aident à mieux comprendre en quoi consiste exactement un orgasme.
Nous espérons que la présente étude nous permettra de mieux comprendre les interactions sexuelles chez l’humain et la raison pour laquelle nous ressentons une attirance pour certaines personnes, certaines odeurs ou certains lieux. Comment se déclenche l’excitation? Comment ce phénomène peut-il se produire sans qu’on s’en aperçoive? Les sons que nous produisons durant l’acte sexuel ont-ils une signification?
Qu’est-ce qu’un orgasme?
La plus grande difficulté que comporte l’étude de l’orgasme chez l’animal réside dans la nature subjective du phénomène. De toute évidence, on ne peut pas demander aux sujets animaux s’ils ont ressenti un orgasme à la suite d’une stimulation sexuelle d’une certaine intensité ou d’un certain type.
En matière d’orgasme, les choses paraissent simples: on sait lorsqu’on en a un.
Mais, comment peut-on définir l’orgasme d’un point de vue scientifique? La plupart des définitions font référence aux sensations physiologiques et aux caractéristiques émotionnelles qui convergent en un instant de détente et d’extase. Plus précisément, on peut définir l’orgasme comme la libération de la «tension sexuelle» accumulée durant la période de stimulation qui précède l’orgasme.
On suppose souvent, à tort, que l’orgasme coïncide nécessairement avec l’éjaculation. Or, en effet, les deux se produisent simultanément de façon assez systématique chez l’homme (quoique certains hommes n’éjaculent pas durant l’orgasme). Mais, ce n’est généralement pas le cas chez la femme), bien que certaines femmes «éjaculent» durant l’orgasme.
En réalité, à l’heure actuelle, il n’existe qu’une seule façon de savoir si une personne a un orgasme: par les contractions des muscles pelviens).
Mais la subjectivité a son poids. Ce qui correspond au meilleur orgasme possible pour une personne peut paraître ordinaire pour une autre. Par ailleurs, la stimulation nécessaire à l’atteinte de l’orgasme varie énormément d’une personne à l’autre.
Ces facteurs rendent difficile la conduite d’expériences contrôlées chez l’humain. Les différences génétiques et environnementales occasionnent sans doute aussi d’importantes variations dans la perception et le signalement de la stimulation sexuelle, de même que du point de bascule où la «tension sexuelle» est libérée.
Les questionnaires uniformisés qui servent à évaluer l’intensité et la fréquence des orgasmes présentent les mêmes lacunes que toutes les études comportant un volet d’autodéclaration, par exemple la possibilité que le sujet mente ou ne comprenne pas bien ses propres états subjectifs.
À l’heure actuelle, nous – les neuroscientifiques – faisons face à un obstacle de taille. En effet, nous ne disposons que d’un seul marqueur de l’orgasme chez l’humain et n’avons à notre portée aucune technique d’imagerie assez fiable pour explorer les mécanismes biochimiques propres au phénomène dans le contexte en constante mutation que représentent les expériences subjectives.
Modèles animaux
Chez les mâles de différentes espèces animales, l’éjaculation est synonyme d’orgasme. De façon similaire, les femelles peuvent éprouver une tension ou des contractions utérines et musculaires rythmées. Bien qu’on ne puisse supposer que les animaux éprouvent un orgasme, il est possible, par triangulation, de déterminer s’ils en ont un sur le plan physiologique.
Qu’en serait-il si l’on pouvait dégager des comportements analogues chez l’humain et l’animal, et s’en servir pour déduire la survenue d’orgasmes chez les animaux?
Les chercheurs qui tentent de combler cet écart entre l’humain et l’animal ont mis de l’avant trois grandes caractéristiques de l’orgasme humain que l’on pourrait évaluer chez l’animal, puis mettre en comparaison avec l’humain: les changements physiologiques; les comportements à court terme; les comportements à long terme;
Comment ces critères peuvent-ils être appliqués au rat?
Le rat et l’humain: semblables à plusieurs égards
Changements physiologiques: combattre, fuir ou forniquer
Les humains comme les rats subissent de nombreux changements physiologiques avant, durant et après l’acte sexuel. En réaction, notre corps se prépare à combattre, à fuir ou à forniquer.
En matière d’orgasme, les rats ont des réactions physiologiques semblables à celles des humains. Quand la stimulation est d’ordre sexuel, sur le plan physiologique, les humains réagissent à peu près de la même façon que les rats – par une augmentation de l’excitation physiologique et de l’apport sanguin aux organes génitaux ainsi qu’une contraction musculaire.
Comportements à court terme: les femelles prennent l’initiative
Dans le monde sexuel des rats, c’est la femelle qui sollicite le mâle. C’est elle qui choisit son partenaire ainsi que le moment auquel elle souhaite un rapprochement. Elle encourage activement le mâle à la poursuivre en se précipitant vers lui pour ensuite se retourner brusquement et s’enfuir. Elle arque le dos quand le mâle touche ses flancs pour l’inviter à accomplir l’acte sexuel.
Ce cycle se répète jusqu’à ce que le mâle éjacule.Après coup, le mâle s’endort parfois. Pour relancer les ébats, la femelle sautille autour de lui afin de lui signaler son désir.
Tout le long de ce marathon sexuel, mâle et femelle émettent des sons ou des « appels » à une fréquence inaudible pour l’humain. Il est toutefois possible d’enregistrer ces ultrasons au moyen d’un appareil spécial et de les analyser.
Au moment de l’émission du sperme, les appels du mâle sont longs et distinctifs, ce qui permet de les corréler à l’éjaculation, et possiblement à l’orgasme. Les appels de la femelle sont différents : ils sont plus variés et surviennent à des moments distincts –rien ne permet de les associer à un orgasme.
Comportements à long terme: schémas sexuels
On observe des mécanismes d’apprentissage tant chez les rats mâles que chez les femelles. Par exemple, après des expériences sexuelles répétées avec des partenaires dégageant une odeur d’amande, les mâles comme les femelles tendent à préférer des congénères qui sentent l’amande à d’autres partenaires sexuels potentiels.
Les rats et d’autres animaux ont conscience des stimuli sexuels qui leur sont adressés et se comportent de manière à obtenir un maximum de satisfaction.
Toutefois, quand les scientifiques entrent dans la sphère des expériences subjectives, ils naviguent en eaux troubles.
Enseignements à tirer des études chez l’animal
Durant l’orgasme – état de grande satisfaction – les humains ont tendance à associer l’environnement à des sentiments positifs. Nous relevons certains signaux et aspects de notre environnement et sommes susceptibles de voir nos orgasmes associés à ces sentiments. Quand nous avons des rapports sexuels et arrivons à l’orgasme, nous captons rapidement l’information ambiante – lieux, gens et autres facteurs contextuels.
Par exemple, quand vous respirez le parfum d’une personne qui vous est familière ou qui évoque l’activité sexuelle, les souvenirs rejaillissent rapidement, et votre corps «s’emballe», parfois même sans que vous vous en aperceviez.
Ces mécanismes d’apprentissage peuvent façonner nos préférences sexuelles pour certaines personnes, endroits ou objets . Ils influencent ainsi nos choix de partenaires et de cadres pour les relations sexuelles.
Un modèle animal de l’orgasme permettrait aux scientifiques d’explorer les raisons pour lesquelles certaines personnes ont de la difficulté à atteindre l’orgasme et de concevoir en conséquence des interventions comportementales et pharmacologiques. D’un point de vue plus fondamental, la compréhension de l’orgasme chez l’animal peut contribuer à faire la lumière sur ce qui se produit dans le cerveau humain au moment de l’orgasme.
Nous ne serons jamais vraiment en mesure d’évaluer objectivement un état subjectif chez le rat au moyen des techniques de recherche actuelles. Mais en combinant l’étude des réponses physiologiques, des changements à court terme dans la motivation sexuelle et les états indicateurs de la récompense sexuelle, ainsi que des préférences sexuelles stables à long terme, nous pouvons dégager certains indices à propos de l’orgasme, et nous commençons à observer ces comportements sexuels chez les rats.
Déjà, c’est un bon début.
Cet article est republié à partir de The Conversation, sous licence Creative Commons.
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En réaction, notre corps se prépare à combattre, à fuir ou à forniquer.</p> <p>En matière d’orgasme, les rats ont des réactions physiologiques semblables à celles des humains. Quand la stimulation est d’ordre sexuel, sur le plan physiologique, les humains réagissent à peu près de la même façon que les rats – par une augmentation de l’excitation physiologique et de l’apport sanguin aux organes génitaux ainsi qu’une contraction musculaire.</p> <p><strong><em>Comportements à court terme: les femelles prennent l’initiative</em></strong></p> <p>Dans le monde sexuel des rats, c’est la femelle qui sollicite le mâle. C’est elle qui choisit son partenaire ainsi que le moment auquel elle souhaite un rapprochement. Elle encourage activement le mâle à la poursuivre en se précipitant vers lui pour ensuite se retourner brusquement et s’enfuir. Elle arque le dos quand le mâle touche ses flancs pour l’inviter à accomplir l’acte sexuel.</p> <p>Ce cycle se répète jusqu’à ce que le mâle éjacule.Après coup, le mâle s’endort parfois. Pour relancer les ébats, la femelle sautille autour de lui afin de lui signaler son désir.</p> <p>Tout le long de ce marathon sexuel, mâle et femelle émettent des sons ou des « appels » à une fréquence inaudible pour l’humain. Il est toutefois possible d’enregistrer ces ultrasons au moyen d’un appareil spécial et de les analyser.</p> <p>Au moment de l’émission du sperme, les appels du mâle sont longs et distinctifs, ce qui permet de les corréler à l’éjaculation, et possiblement à l’orgasme. Les appels de la femelle sont différents : ils sont plus variés et surviennent à des moments distincts –rien ne permet de les associer à un orgasme.</p> <p><strong><em>Comportements à long terme: schémas sexuels</em></strong></p> <p>On observe des mécanismes d’apprentissage tant chez les rats mâles que chez les femelles. Par exemple, après des expériences sexuelles répétées avec des partenaires dégageant une odeur d’amande, les mâles comme les femelles tendent à préférer des congénères qui sentent l’amande à d’autres partenaires sexuels potentiels.</p> <p>Les rats et d’autres animaux ont conscience des stimuli sexuels qui leur sont adressés et se comportent de manière à obtenir un maximum de satisfaction.</p> <p>Toutefois, quand les scientifiques entrent dans la sphère des expériences subjectives, ils naviguent en eaux troubles.</p> <h3>Enseignements à tirer des études chez l’animal</h3> <p>Durant l’orgasme – état de grande satisfaction – les humains ont tendance à associer l’environnement à des sentiments positifs. Nous relevons certains signaux et aspects de notre environnement et sommes susceptibles de voir nos orgasmes associés à ces sentiments. <a>Quand nous avons des rapports sexuels et arrivons à l’orgasme, nous captons rapidement l’information ambiante – lieux, gens et autres facteurs contextuels</a>.</p> <p>Par exemple, quand vous respirez le parfum d’une personne qui vous est familière ou qui évoque l’activité sexuelle, les souvenirs rejaillissent rapidement, et votre corps «s’emballe», parfois même sans que vous vous en aperceviez.</p> <p>Ces mécanismes d’apprentissage <a href="https://theconversation.com/whos-your-ideal-mate-your-first-love-may-have-something-to-do-with-it-91068">peuvent façonner nos préférences sexuelles pour certaines personnes</a>, <a href="https://theconversation.com/are-you-a-pervert-challenging-the-boundaries-of-sex-82564">endroits ou objets </a>. Ils influencent ainsi nos choix de partenaires et de cadres pour les relations sexuelles.</p> <p>Un modèle animal de l’orgasme permettrait aux scientifiques d’explorer les raisons pour lesquelles certaines personnes ont de la difficulté à atteindre l’orgasme et de concevoir en conséquence des interventions comportementales et pharmacologiques. D’un point de vue plus fondamental, la compréhension de l’orgasme chez l’animal peut contribuer à faire la lumière sur ce qui se produit dans le cerveau humain au moment de l’orgasme.</p> <p>Nous ne serons jamais vraiment en mesure d’évaluer objectivement un état subjectif chez le rat au moyen des techniques de recherche actuelles. Mais en combinant l’étude des réponses physiologiques, des changements à court terme dans la motivation sexuelle et les états indicateurs de la récompense sexuelle, ainsi que des préférences sexuelles stables à long terme, nous pouvons dégager certains indices à propos de l’orgasme, et nous commençons à observer ces comportements sexuels chez les rats.</p> <p>Déjà, c’est un bon début.</p> <hr /> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com/quand-la-sexualite-des-rats-nous-en-dit-long-sur-celle-des-humains-117049" target="_blank" rel="noopener">The Conversation</a>, sous licence Creative Commons. </h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'quand-la-sexualite-des-rats-nous-en-dit-long-sur-celle-des-humains', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 612, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2120, 'homepage_order' => (int) 2370, 'original_url' => 'https://theconversation.com/quand-la-sexualite-des-rats-nous-en-dit-long-sur-celle-des-humains-117049', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5302, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (2)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. 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Depuis plusieurs semaines, Pierre correspondait avec une dizaine de personnes et toutes leurs conversations avaient pour sujet la critique du virilisme, la chasse au masculinisme, la volonté d’abattre le patriarcat «d’abord en nous». Rien que d’y penser, ça me donne envie de vomir. Je sais bien qu’une épidémie wokiste s’est abattue sur l’Occident mais je me pensais à l’abri. Eh bien, non! Cette épidémie a envahi mon salon, elle couche même dans mon lit! J’ai également découvert que Pierre me mentait. Alors qu’il prétendait aller jouer au badminton avec des copains, il participait à des <em>workshops</em> de déconstruction de virilité. «Je ne suis plus sûr de rien, écrivait-il sur le forum To-be-is-not-to-be-a-man. Suis-je un homme, une femme, un être mixte, double? Suis-je? 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Je l’ai tout de suite trouvé à mon goût mais je n’étais pas là pour ça. Nous nous étions donnés rendez-vous dans un tea-room du centre-ville, j’avais pris avec moi l’ordinateur portable de Pierre. Pierre qui prétendait être parti en séminaire professionnel à Zurich mais, je l’avais découvert sans peine, se trouvait en fait à Tolochenaz où avait lieu une rencontre avec un guru de la déconstruction masculine: «De viril à viriel».</p> <p>- Vous avez donc des doutes concernant votre mari? Expliquez-moi ce qui vous inquiète...</p> <p>Ce vouvoiement a sonné très agréablement à mes oreilles. Avec son col roulé, son blaser et sa coupe de cheveux tout à la fois stricte et décontractée, Emmanuel me fit me rendre compte qu’autour de moi, les hommes avaient depuis longtemps renoncé à leur élégance, privilégiant des tenues décontractées ne mettant plus du tout leurs atouts masculins en valeur.</p> <p>Oui, je dois l’avouer, à moi aussi les jeunes réactionnaires faisaient de l’effet. 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La fidélité absolue est un concept éculé et hypocrite qui a pour but principal que les hommes soient certains que les enfants qui sortent des ventres de leur épouse soient bien le produit de leurs spermatozoïdes à eux. Transmettre ses gènes est un réflexe très animal, si Sapiens est vraiment un être supérieur, il devrait se détendre sur cette question. En plus, Pierre et moi n’avons pas fait d’enfants, trop concentrés sur nous-mêmes et nos vies à réussir. Marie, ma sœur, prétend que pour les femmes, l’importance de la fidélité n’a pas pour but la perpétuation de l’espèce mais plutôt la conservation à leur côté du mâle qui assure leur protection. Elle se trompe. Si Pierre et moi sommes toujours ensemble après trente-cinq ans de mariage, c’est justement parce que nous nous laissons la liberté d’aller de temps en temps voir ailleurs. Marie, elle, ne souhaitait plus de rapports sexuels tout en menaçant son mari de le quitter s’il la trompait. C’est lui qui est parti avec la première maîtresse qu’il s’est autorisée.</p> <p>Mais Pierre a changé.</p> <p>Nous nous sommes connus dans une manifestation contre le racisme alors que nous avions vingt-sept ans. Il était graphiste tandis que moi j’enseignais le français à des réfugiés dans un centre géré par l’Eglise protestante. Je l’avais déjà remarqué à d’autres occasions au fil des ans – Lausanne est une petite ville – notamment lors d’une soirée chez Jean-Luc, lequel a été mon amant lorsque j’avais vingt ans et que j’hésitais entre le trotskisme et l’écologie politique. Lorsque Jean-Luc, figure de proue des trotskistes locaux, m’avait quittée pour une camarade d’origine kurde plus valorisante pour lui, j’avais renoncé aux principes de la Quatrième Internationale et milité pour la sauvegarde de la planète, jusqu’à ma rencontre avec un zapatiste belge avec qui je suis partie au Mexique où j’ai attrapé une infection sexuellement transmissible. De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. 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Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. 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Ils réduisent de manière significative la quantité de plastique qui se retrouve dans les océans.</p> <p>Malgré cela, et parce qu’ils font un travail salissant et vivent dans des endroits sales, ils sont souvent tenus pour responsables du problème de la pollution plastique. Dans les discours politiques des villes et des Etats, leur travail a longtemps été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247816657302">tourné en dérision, considéré comme non qualifié et inefficace</a>. <a href="https://www.undp.org/blog/unsung-heroes-four-things-policymakers-can-do-empower-informal-waste-workers">L’absence de reconnaissance officielle</a> de leur travail rend leurs revenus particulièrement instables et précaires. Les réglementations environnementales peuvent <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ac6b49">aggraver ces menaces</a> en accélérant la privatisation du traitement des déchets.</p> <p>Alors que les efforts de lutte contre la pollution plastique gagnent du terrain, les ramasseurs informels sont soumis à une double pression:</p> <ul> <li> <p>Ils doivent protéger leur accès aux déchets, car c’est l’un des rares moyens de subsistance dont ils disposent.</p> </li> <li> <p>En même temps, ils cherchent à améliorer leurs conditions de vie et de travail.</p> </li> </ul> <p>Un groupe de ramasseurs de déchets a donc profité de l’ouverture des négociations pour <a href="https://globalrec.org/document/just-transition-waste-pickers-un-plastics-treaty/">plaider en faveur de la reconnaissance de leur travail</a>. Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. Par exemple la <a href="https://www.businessforplasticstreaty.org/vision-statement#Key-elements">Business Coalition for a Plastics Treaty</a>, les <a href="https://news.un.org/en/story/2024/10/1156301">dirigeants des Nations unies</a> et même <a href="https://resolutions.unep.org/resolutions/uploads/american_chemistry_council.pdf">l’industrie pétrochimique</a>.</p> <p>Certaines de ces demandes ont été intégrées aux projets de traité sur les plastiques discutés au cours des négociations, ce qui représente une victoire majeure pour les travailleurs du secteur informel des déchets.</p> <p>Un consensus se dégage sur le fait qu’une économie circulaire inclusive peut être bénéfique à la fois pour l’environnement, l’économie et les travailleurs en améliorant la gestion de la pollution, les moyens de subsistance et les opportunités de croissance économique pour les entreprises.</p> <p>Ces promesses demandent toutefois à être vérifiées sur le terrain. Et c’est là que les choses se compliquent.</p> <h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3> <p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p> <figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span></figcaption> </figure> <p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p> <p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p> <p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p> <p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p> <p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p> <p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p> <p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. Ils restent toujours relégués aux mêmes tâches manuelles et difficiles, même si leurs conditions de travail en ressortent légèrement améliorées.</p> <h3>L’industrie du plastique maintient le <em>statu quo</em></h3> <p>Malgré les bonnes intentions de départ, des termes tels que «économie circulaire inclusive» sont donc trop souvent utilisés à des fins de <em>green washing</em> et même de <em>justice washing</em>, tandis que les travailleurs continuent à endurer des conditions difficiles. Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 45, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5283, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes', 'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. Gasche</strong>, article publié sur <a href="https://www.infosperber.ch/medien/medienkritik/die-usa-finanzieren-internationales-journalisten-kollektiv/" target="_blank" rel="noopener"><em>Infosperber</em></a> le 5 décembre 2024, traduit par <em>Bon Pour La Tête</em></p> <hr /> <p>Parmi de nombreux autres médias, la <em>NZZ</em> et le <em>Tages-Anzeiger</em> ont diffusé à plusieurs reprises des révélations du réseau international de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Ce faisant, ils n'ont pas rendu transparent le fait que les services gouvernementaux américains paient la moitié du budget de l'OCCRP. 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De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». C'est ce qu'a déclaré Leonard Novy, directeur de l'Institut allemand des médias et de la politique de communication, à la chaîne NDR. Cela laisse supposer que les journalistes peuvent être utilisés ou instrumentalisés à des fins politiques.</p> <p>Sullivan et l'OCCRP ont également laissé les médias partenaires et leurs lecteurs dans l'ignorance de leur proximité avec le gouvernement américain. Selon Leonard Novy, l'organisation a ainsi dépassé les limites.</p> <h3><strong>Sullivan n'a pas voulu parler clairement aujourd'hui encore</strong></h3> <p>Sullivan a d'abord affirmé à la chaîne NDR que l'OCCRP avait «un groupe de donateurs largement répandu», parmi lesquels «aucun donateur individuel ne domine». Il a ajouté que «le gouvernement américain [...] est l'un des plus grands donateurs, mais ce n'est pas un pourcentage énorme». Confronté aux dernières découvertes, il a finalement reconnu l'importance du financement de Washington: «C'est le plus grand bailleur de fonds de l'OCCRP, oui, et ce depuis presque le début de notre histoire. [...] Je suis très reconnaissant au gouvernement américain.»</p> <p>Par écrit, Sullivan a renchéri: «Nous avons dû décider si nous voulions accepter de l'argent du gouvernement ou ne pas exister.» Sur le site web de l'OCCRP, les montants des sponsors ne sont pas indiqués.</p> <h3><strong>Conditions posées</strong></h3> <p>Sullivan a confirmé à la NDR le pouvoir d'influence des autorités américaines: «Dans le cadre d'accords de coopération que nous n'aimons pas conclure, ils ont un droit de regard sur le choix des personnes [...] Ils peuvent mettre leur veto sur quelqu'un [...] Ils n'ont jamais mis leur veto sur quelqu'un.»</p> <p>L'OCCRP ne peut pas enquêter sur des affaires américaines avec l'argent fourni par Washington. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Sullivan à la NDR. «Je pense que le gouvernement américain ne le permet pas. 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Des faits presque incroyables sur le travail de relations publiques du Pentagone.</p> <p><strong>20 avril 2008</strong> <a href="https://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/gekaufte-meinung-pentagon-beschaeftigt-pr-armee-fuer-us-tv-a-548519.html">Le Pentagone emploie une armée de RP pour la télévision américaine</a>. 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