Actuel / Pourquoi la Suisse aime tant ses bunkers et ses tunnels
La Suisse est réputée mondialement pour ses bunkers. © Déborah Bertier/8e étage
Les Helvètes déposent sous terre leur mémoire, leurs mythes et une partie de leur identité. Visite guidée avec André Ourednik, géographe et auteur de science-fiction
Nic Ulmi, pour le magazine Horizons
Un réseau de trous, doté de proportions épiques et d’un rayonnement légendaire, traverse les tréfonds du territoire suisse. Du réduit national aux tunnels ferroviaires en passant par le carnotzet, le pays entretient une relation singulièrement passionnée avec son soussol. Pour explorer ce lien à la fois tangible et imaginaire, Horizons s’est entretenu avec André Ourednik. Géographe spécialisé dans l’espace habité et chargé d’enseignement à l’EPFL ainsi qu’à l’Université de Neuchâtel, le chercheur d’origine tchèque est également un écrivain de science-fiction dont les romans visitent régulièrement les mondes souterrains.
Comment analysez-vous la relation de la Suisse avec son sous-sol?
Première chose: il y a un aspect identitaire, une part de l’identité nationale qui s’est construite en lien avec la capacité des Suisses de creuser des tunnels. On fait ainsi beaucoup de cas du fait que nos tunnels seraient les plus longs. Sauf que ce n’est pas vrai: le Gothard est le plus long tunnel ferroviaire transportant des personnes et passant sous des montagnes, mais le plus long tunnel tout court est la ligne 3 du métro de Guangzhou (Canton), en Chine. Simplement, personne n’en parle, et les Chinois s’en fichent, parce que les tunnels ne font pas partie de leur mythes nationaux.
«La claustrophobie, c’est le piège du carnotzet éternel.»
L’obsession suisse pour les tunnels présente évidemment des aspects économiques. Il y a un savoir-faire à exporter, une valeur marchande à prouver. Comme pour la construction des abris souterrains antiatomiques pendant la guerre froide, elle résulte en partie du lobbying mené par l’industrie du ciment auprès des parlementaires afin de rendre obligatoire l’aménagement de ces abris.
Le réduit national développé durant la Seconde Guerre mondiale n’était pas destiné à la population. Mais elle y a cru…
>Il existe en effet un double imaginaire du souterrain. D’une part, c’est depuis les Sumériens le monde des morts, un lieu auquel on ne survit que si l’on est un dieu ou un héros, Gilgamesh, Amon Rê, Orphée… D’autre part, il y a un imaginaire positif du souterrain comme lieu où on se préserve, comme lieu de gestation d’où une société renouvelée va surgir lorsque les conditions du monde seront à nouveau propices. A l’échelle de la vie quotidienne, cette idée est présente en Suisse dans le folklore du carnotzet, la cave à vin convertie en lieu de sociabilité souterrain où l’on se structure soi-même, coupé de l’extérieur et entouré de son groupe d’amis, en se fabriquant une intériorité. Mais cette posture poussée à l’excès conduit à une forme particulière de claustrophobie qu’on observe à bord des sous-marins, ainsi que dans toutes les circonstances où des personnes sont confinées ensemble longtemps dans un même endroit: irritabilité, troubles obsessionnels, paranoïa. C’est le piège du carnotzet éternel…
Après les tunnels alpins, le réduit national et les abris antiatomiques, ce lien privilégié de la Suisse avec ses profondeurs se renouvelle aujourd’hui avec les projets de stockage de données.
En effet, la Suisse se positionne aujourd’hui sur le marché de la sécurisation des données. Comme l’entreprise tessinoise Dataverna, qui a acheté une partie des galeries de service creusées pendant la réalisation du tunnel de base du Gothard afin d’y installer des serveurs informatiques.
L’expression «data mining» désigne l’exploration et l’exploitation des données. C’est comme si cette métaphore est en train de devenir une réalité concrète.
D’un côté, il semblerait en effet que le monde physique donne raison à la métaphore. Mais on peut voir les choses dans l’autre sens: la matérialité des choses, imprégnée d’un imaginaire ancien et d’usages passés, persiste et détermine notre manière de penser. C’est vrai pour des choses anodines: la disposition des lettres sur nos claviers d’ordinateur vient de la matérialité des barres de frappe des anciennes machines à écrire, qui risquaient de s’emmêler si certaines lettres étaient trop proches.
Des anciennes pratiques sociales continuent donc à s’imprimer dans notre esprit et dans nos comportements à travers la matérialité des choses. L’impact de ce type d’empreinte s’observe de manière caractéristique avec les tunnels. J’ai travaillé pour le projet PostCarWorld à l’EPFL, qui explore l’hypothèse d’un monde d’où les voitures auraient été éliminées. Dans ce cadre, on remarque que la réalisation d’un tube supplémentaire pour les voitures dans le Gothard, votée en 2016, nous condamnera en quelque sorte à rentabiliser cet ouvrage. On crée une infrastructure parce qu’il y a des voitures, donc on va continuer à faire des transports à longue distance en voiture parce que cette possibilité existe. La logique qui a conduit à creuser des trous sous les Alpes, propre à nos ancêtres, persiste dans nos pratiques parce qu’elle est inscrite dans la matière.
Ce qui nous amène à un dernier aspect important de l’imaginaire du souterrain: le monde est susceptible de changer, mais la matière persiste, et ce qu’on y a imprimé, enseveli dans le sol, pourrait donc en resurgir.
Comme les 7000 tonnes de munitions enfouies pendant la Seconde Guerre mondiale dans le dépôt de Mitholz dans l’Oberland bernois, qui ont provoqué une déflagration meurtrière en 1947 et qui pourraient exploser à nouveau…
Ou comme les documents de l’armée secrète P26 placés dans le «Musée Résistance Suisse», inauguré en présence du conseiller fédéral Ueli Maurer en novembre 2017 dans le bunker même où cette armée s’entraînait, à Gstaad. Les archives concernant l’organisation censée orchestrer une résistance en cas d’invasion par le pacte de Varsovie sont couvertes par le secret par décision du Conseil fédéral, mais seront ouvertes en 2041. Sous terre, nous avons donc enseveli non seulement notre mémoire, mais aussi nos intentions passées, ainsi que des combats contre un ennemi plus ou moins mythique qui n’existe plus. Dans l’imaginaire du souterrain, tout cela peut se réveiller à tout moment. Comme le char d’assaut du film «Underground» d’Emir Kusturica, qui surgit d’un tunnel bien après l’effondrement de la Yougoslavie, qui est toujours prêt à faire la guerre et qui se cherche un ennemi.
Vous avez exploré toute sorte de profondeurs dans votre oeuvre littéraire.
La première fois, c’était dans ma nouvelle «Naufrage», où les personnages voyagent en bateau à travers une Suisse souterraine dans des tunnels aquatiques. L’idée renvoyait à deux mythologies nationales, celle de la Suisse comme lieu de connexion unique à travers les Alpes et celle du réduit national, le système de fortifications alpin censé assurer la défense du pays pendant la Seconde Guerre mondiale.
«Les Chinois s’en fichent, car les tunnels ne font pas partie de leur mythes nationaux.»
Une autre source d’inspiration de ce texte était une nouvelle de Friedrich Dürrenmatt, «Le Tunnel», écrite en 1952. Le protagoniste voyage en train entre Zurich et Berne, il entre dans un tunnel, le temps passe, tout à coup il réalise qu’une heure s’est écoulée et que le train n’est toujours pas ressorti à la lumière du jour… Dans ma nouvelle, les choses se gâtent aussi: une paroi se déchire –c’est un peu comme si la structure de laSuisse idéale s’effritait – et le bateau se retrouve emporté par une chute d’eau dans un trou à la Jules Verne. On débouche ainsi dans un espace souterrain où vivent des soldats de toutes les époques du passé, de Winkelried au général Guisan, cachés et préservés dans le réduit national.
C’est tout le décor qui s’enfonce sous terre dans votre roman «Les cartes du boyard Kraïenski»...
C’est l’histoire d’un cartographe suisse qui est envoyé en mission pour définir la frontière est de l’Europe. Le cartographe arrive dans le château d’un boyard, quelque part près de l’Ukraine, où il doit scanner une collection de cartes anciennes pour fixer le tracé exact de la frontière. Mais les cartes se contredisent, elles ne collent pas les unes avec les autres, sans compter que le château est en train de s’enfoncer progressivement sous terre…
Il y a deux thèmes qui m’intéressaient ici. L’un est lié à une branche des systèmes d’information géographiques qu’on appelle la géodésie, qui s’attelle à recalculer régulièrement les coordonnées d’une série de points sur Terre. Ces repères se déplacent relativement vite: la dérive des continents va jusqu’à 10-15 centimètres par an, ce qui fait tout de même quelque 2 kilomètres depuis la fondation de Jéricho. Je suis fasciné par cette impermanence du territoire liée au mouvement des plaques tectoniques. Les frontières bougent non seulement historiquement, mais aussi géologiquement, sous l’effet de ce mouvement des profondeurs, qui implique une instabilité fondamentale de tout territoire de référence.
L’autre thème est lié au mouvement du château qui s’enfonce. A un moment donné, le protagoniste part fouiller dans le sous-sol et découvre que des couches antérieures du manoir sont en train de macérer dans la terre glaise. Il est confronté alors à cette capacité qu’a la terre d’engloutir la réalité qu’on construit dessus, au fait que toute forme de projet humain retourne tôt ou tard à cette pâte indéterminée.
Vous reliez ensuite l’imaginaire du souterrain et celui des mégadonnées.
Dans mon dernier roman «Omniscience» de 2017, on est à nouveau sous terre, dans une caverne où l’on stocke des quantités illimitées de données sous une forme liquide, et où des plongeurs tissent des fils narratifs en s’immergeant dans ce vaste bassin… Et il y a encore un roman à paraître, un texte de commande en lien avec l’oeuvre «Atomik Submarine» de l’artiste François Burland, qui a construit un modèle de sous-marin soviétique de dix-huit mètres, évoquant la peur de l’ennemi rouge qu’on imaginait voir surgir n’importe où dans la Suisse des années 1970-1980. Dans ce roman, on se retrouve encore une fois sous terre et on rencontre Gabi I et Gabi II – les noms donnés aux deux tunneliers qui creusaient le nouveau tunnel du Gothard –, qui continuent à excaver, sans qu’on sache pourquoi… Vous voyez, on n’a pas fini de creuser.
Nic Ulmi est journaliste libre à Genève.
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C’est le piège du carnotzet éternel… </p><p><strong>Après les tunnels alpins, le réduit national et les abris antiatomiques, ce lien privilégié de la Suisse avec ses profondeurs se renouvelle aujourd’hui avec les projets de stockage de données. </strong></p><p>En effet, la Suisse se positionne aujourd’hui sur le marché de la sécurisation des données. Comme l’entreprise tessinoise Dataverna, qui a acheté une partie des galeries de service creusées pendant la réalisation du tunnel de base du Gothard afin d’y installer des serveurs informatiques. </p><p><strong>L’expression «data mining» désigne l’exploration et l’exploitation des données. C’est comme si cette métaphore est en train de devenir une réalité concrète. </strong></p><p>D’un côté, il semblerait en effet que le monde physique donne raison à la métaphore. Mais on peut voir les choses dans l’autre sens: la matérialité des choses, imprégnée d’un imaginaire ancien et d’usages passés, persiste et détermine notre manière de penser. C’est vrai pour des choses anodines: la disposition des lettres sur nos claviers d’ordinateur vient de la matérialité des barres de frappe des anciennes machines à écrire, qui risquaient de s’emmêler si certaines lettres étaient trop proches.</p><p>Des anciennes pratiques sociales continuent donc à s’imprimer dans notre esprit et dans nos comportements à travers la matérialité des choses. L’impact de ce type d’empreinte s’observe de manière caractéristique avec les tunnels. J’ai travaillé pour le projet PostCarWorld à l’EPFL, qui explore l’hypothèse d’un monde d’où les voitures auraient été éliminées. Dans ce cadre, on remarque que la réalisation d’un tube supplémentaire pour les voitures dans le Gothard, votée en 2016, nous condamnera en quelque sorte à rentabiliser cet ouvrage. On crée une infrastructure parce qu’il y a des voitures, donc on va continuer à faire des transports à longue distance en voiture parce que cette possibilité existe. 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Ces repères se déplacent relativement vite: la dérive des continents va jusqu’à 10-15 centimètres par an, ce qui fait tout de même quelque 2 kilomètres depuis la fondation de Jéricho. Je suis fasciné par cette impermanence du territoire liée au mouvement des plaques tectoniques. Les frontières bougent non seulement historiquement, mais aussi géologiquement, sous l’effet de ce mouvement des profondeurs, qui implique une instabilité fondamentale de tout territoire de référence. </p><p>L’autre thème est lié au mouvement du château qui s’enfonce. A un moment donné, le protagoniste part fouiller dans le sous-sol et découvre que des couches antérieures du manoir sont en train de macérer dans la terre glaise. Il est confronté alors à cette capacité qu’a la terre d’engloutir la réalité qu’on construit dessus, au fait que toute forme de projet humain retourne tôt ou tard à cette pâte indéterminée. </p><p><strong>Vous reliez ensuite l’imaginaire du souterrain et celui des mégadonnées. </strong></p><p>Dans mon dernier roman «Omniscience» de 2017, on est à nouveau sous terre, dans une caverne où l’on stocke des quantités illimitées de données sous une forme liquide, et où des plongeurs tissent des fils narratifs en s’immergeant dans ce vaste bassin… Et il y a encore un roman à paraître, un texte de commande en lien avec l’oeuvre «Atomik Submarine» de l’artiste François Burland, qui a construit un modèle de sous-marin soviétique de dix-huit mètres, évoquant la peur de l’ennemi rouge qu’on imaginait voir surgir n’importe où dans la Suisse des années 1970-1980. Dans ce roman, on se retrouve encore une fois sous terre et on rencontre Gabi I et Gabi II – les noms donnés aux deux tunneliers qui creusaient le nouveau tunnel du Gothard –, qui continuent à excaver, sans qu’on sache pourquoi… Vous voyez, on n’a pas fini de creuser. </p><p><hr></p><h4>Nic Ulmi est journaliste libre à Genève.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'pourquoi-la-suisse-aime-tant-ses-bunkers-et-ses-tunnels', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 710, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1232, 'homepage_order' => (int) 1457, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'Les Helvètes déposent sous terre leur mémoire, leurs mythes et une partie de leur identité. 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C’est vrai pour des choses anodines: la disposition des lettres sur nos claviers d’ordinateur vient de la matérialité des barres de frappe des anciennes machines à écrire, qui risquaient de s’emmêler si certaines lettres étaient trop proches.</p><p>Des anciennes pratiques sociales continuent donc à s’imprimer dans notre esprit et dans nos comportements à travers la matérialité des choses. L’impact de ce type d’empreinte s’observe de manière caractéristique avec les tunnels. J’ai travaillé pour le projet PostCarWorld à l’EPFL, qui explore l’hypothèse d’un monde d’où les voitures auraient été éliminées. Dans ce cadre, on remarque que la réalisation d’un tube supplémentaire pour les voitures dans le Gothard, votée en 2016, nous condamnera en quelque sorte à rentabiliser cet ouvrage. On crée une infrastructure parce qu’il y a des voitures, donc on va continuer à faire des transports à longue distance en voiture parce que cette possibilité existe. La logique qui a conduit à creuser des trous sous les Alpes, propre à nos ancêtres, persiste dans nos pratiques parce qu’elle est inscrite dans la matière. </p><p><font face="PT Serif"><strong></strong></font>Ce qui nous amène à un dernier aspect important de l’imaginaire du souterrain: le monde est susceptible de changer, mais la matière persiste, et ce qu’on y a imprimé, enseveli dans le sol, pourrait donc en resurgir. </p><p><strong>Comme les 7000 tonnes de munitions enfouies pendant la Seconde Guerre mondiale dans le dépôt de Mitholz dans l’Oberland bernois, qui ont provoqué une déflagration meurtrière en 1947 et qui pourraient exploser à nouveau… </strong></p><p>Ou comme les documents de l’armée secrète P26 placés dans le «Musée Résistance Suisse», inauguré en présence du conseiller fédéral Ueli Maurer en novembre 2017 dans le bunker même où cette armée s’entraînait, à Gstaad. Les archives concernant l’organisation censée orchestrer une résistance en cas d’invasion par le pacte de Varsovie sont couvertes par le secret par décision du Conseil fédéral, mais seront ouvertes en 2041. Sous terre, nous avons donc enseveli non seulement notre mémoire, mais aussi nos intentions passées, ainsi que des combats contre un ennemi plus ou moins mythique qui n’existe plus. Dans l’imaginaire du souterrain, tout cela peut se réveiller à tout moment. Comme le char d’assaut du film «Underground» d’Emir Kusturica, qui surgit d’un tunnel bien après l’effondrement de la Yougoslavie, qui est toujours prêt à faire la guerre et qui se cherche un ennemi. </p><p><strong>Vous avez exploré toute sorte de profondeurs dans votre oeuvre littéraire. </strong></p><p>La première fois, c’était dans ma nouvelle «Naufrage», où les personnages voyagent en bateau à travers une Suisse souterraine dans des tunnels aquatiques. L’idée renvoyait à deux mythologies nationales, celle de la Suisse comme lieu de connexion unique à travers les Alpes et celle du réduit national, le système de fortifications alpin censé assurer la défense du pays pendant la Seconde Guerre mondiale. </p><blockquote>«Les Chinois s’en fichent, car les tunnels ne font pas partie de leur mythes nationaux.» </blockquote><p>Une autre source d’inspiration de ce texte était une nouvelle de Friedrich Dürrenmatt, «Le Tunnel», écrite en 1952. Le protagoniste voyage en train entre Zurich et Berne, il entre dans un tunnel, le temps passe, tout à coup il réalise qu’une heure s’est écoulée et que le train n’est toujours pas ressorti à la lumière du jour… Dans ma nouvelle, les choses se gâtent aussi: une paroi se déchire –c’est un peu comme si la structure de laSuisse idéale s’effritait – et le bateau se retrouve emporté par une chute d’eau dans un trou à la Jules Verne. On débouche ainsi dans un espace souterrain où vivent des soldats de toutes les époques du passé, de Winkelried au général Guisan, cachés et préservés dans le réduit national. </p><p><strong>C’est tout le décor qui s’enfonce sous terre dans votre roman «Les cartes du boyard Kraïenski»... </strong></p><p>C’est l’histoire d’un cartographe suisse qui est envoyé en mission pour définir la frontière est de l’Europe. Le cartographe arrive dans le château d’un boyard, quelque part près de l’Ukraine, où il doit scanner une collection de cartes anciennes pour fixer le tracé exact de la frontière. Mais les cartes se contredisent, elles ne collent pas les unes avec les autres, sans compter que le château est en train de s’enfoncer progressivement sous terre… </p><p>Il y a deux thèmes qui m’intéressaient ici. L’un est lié à une branche des systèmes d’information géographiques qu’on appelle la géodésie, qui s’attelle à recalculer régulièrement les coordonnées d’une série de points sur Terre. Ces repères se déplacent relativement vite: la dérive des continents va jusqu’à 10-15 centimètres par an, ce qui fait tout de même quelque 2 kilomètres depuis la fondation de Jéricho. Je suis fasciné par cette impermanence du territoire liée au mouvement des plaques tectoniques. Les frontières bougent non seulement historiquement, mais aussi géologiquement, sous l’effet de ce mouvement des profondeurs, qui implique une instabilité fondamentale de tout territoire de référence. </p><p>L’autre thème est lié au mouvement du château qui s’enfonce. A un moment donné, le protagoniste part fouiller dans le sous-sol et découvre que des couches antérieures du manoir sont en train de macérer dans la terre glaise. Il est confronté alors à cette capacité qu’a la terre d’engloutir la réalité qu’on construit dessus, au fait que toute forme de projet humain retourne tôt ou tard à cette pâte indéterminée. </p><p><strong>Vous reliez ensuite l’imaginaire du souterrain et celui des mégadonnées. </strong></p><p>Dans mon dernier roman «Omniscience» de 2017, on est à nouveau sous terre, dans une caverne où l’on stocke des quantités illimitées de données sous une forme liquide, et où des plongeurs tissent des fils narratifs en s’immergeant dans ce vaste bassin… Et il y a encore un roman à paraître, un texte de commande en lien avec l’oeuvre «Atomik Submarine» de l’artiste François Burland, qui a construit un modèle de sous-marin soviétique de dix-huit mètres, évoquant la peur de l’ennemi rouge qu’on imaginait voir surgir n’importe où dans la Suisse des années 1970-1980. Dans ce roman, on se retrouve encore une fois sous terre et on rencontre Gabi I et Gabi II – les noms donnés aux deux tunneliers qui creusaient le nouveau tunnel du Gothard –, qui continuent à excaver, sans qu’on sache pourquoi… Vous voyez, on n’a pas fini de creuser. </p><p><hr></p><h4>Nic Ulmi est journaliste libre à Genève.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'pourquoi-la-suisse-aime-tant-ses-bunkers-et-ses-tunnels', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 710, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1232, 'homepage_order' => (int) 1457, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4829, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Célébrer les fleurs de cerisier, ou la poésie de l'impermanence', 'subtitle' => 'Le hanami (« regarder les fleurs »), désigne la coutume traditionnelle japonaise qui consiste à apprécier la beauté des fleurs, principalement les fleurs de cerisier, qui fleurissent entre fin mars et début avril, marquant officiellement l’arrivée du printemps.', 'subtitle_edition' => 'Le hanami (« regarder les fleurs »), désigne la coutume traditionnelle japonaise qui consiste à apprécier la beauté des fleurs, principalement les fleurs de cerisier, qui fleurissent entre fin mars et début avril, marquant officiellement l’arrivée du printemps.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><span><a href="https://theconversation.com/profiles/malgorzata-gosia-k-citko-duplantis-1515126"><strong>Małgorzata (Gosia) K. 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En effet, le <em>sakura</em>, nom donné au cerisier en japonais, est un <a href="https://www.google.com/books/edition/Mizue_Sawano_The_Art_of_the_Cherry_Tree/nHf8lxLOYsUC?hl=en">symbole de l’impermanence</a> reconnu au Japon et ailleurs.</p> <p>Divers festivals sont régulièrement organisés partout dans le monde pour célébrer cette floraison.</p> <p>En tant que <a href="https://wlc.utk.edu/?people=malgorzata-k-citko-duplantis">spécialiste de la littérature et de la culture japonaises prémodernes</a>, j’ai été initiée très tôt à la coutume d’admirer les cerisiers en fleurs. Il s’agit d’un rituel ancien qui a été célébré et décrit au Japon pendant des siècles et qui continue d’être un élément indispensable pour accueillir le printemps. Aux États-Unis, la tradition du <em>hanami</em> a commencé avec la plantation des premiers cerisiers à Washington DC en 1912 en tant que <a href="https://www.nps.gov/subjects/cherryblossom/history-of-the-cherry-trees.htm">cadeau d’amitié du Japon</a>.</p> <h3>Poésie sur la nature</h3> <p>La coutume d’observer les arbres en fleurs au printemps est arrivée au Japon en provenance du continent asiatique. L’observation des pruniers en fleurs, souvent au clair de lune, comme symbole de <a href="https://www.archwaypublishing.com/en/bookstore/bookdetails/799255-The-Plum-Blossom-of-Luojia-Mountain">force, vitalité et fin de l’hiver</a> était pratiquée en Chine depuis l’antiquité. Elle a été adoptée au Japon au cours du VIII<sup>e</sup> siècle.</p> <p>On trouve des exemples poétiques de pruniers en fleurs, ou <em>ume</em> en japonais, dans le <a href="https://www.kokugakuin.ac.jp/assets/uploads/2021/03/KJS2-2Oishi.pdf">« Man’yōshū »</a>, ou « recueil de dix mille feuilles », le plus ancien recueil de poésie japonaise, qui date du VIII<sup>e</sup> siècle.</p> <p>Wiebke Denecke, <a href="https://lit.mit.edu/denecke/">spécialiste des littératures d’Asie orientale</a>, explique que les poètes japonais classiques <a href="https://www.jstor.org/stable/25066837">écrivaient des poèmes sur les fleurs de prunier lorsqu’elles étaient en saison</a>. Leurs compositions ont façonné la poésie de cour japonaise, ou <em>waka</em>, qui est enracinée dans la nature et son cycle saisonnier constant.</p> <p>Cependant, c’est le <em>sakura</em>, et non le prunier, qui occupe une place particulière dans la culture japonaise. Les anthologies impériales de <em>waka</em> compilées au Japon entre 905 et 1439 de l’ère chrétienne contiennent généralement plus de poèmes printaniers composés sur les cerisiers en fleurs que sur les pruniers en fleurs.</p> <h3>Au cœur de la composition des <em>waka</em></h3> <p><a href="https://www.penguinrandomhouse.com/books/558474/the-sakura-obsession-by-naoko-abe/">La première exposition de cerisiers en fleurs</a> a été organisée par l’empereur Saga en 812 de l’ère chrétienne et est rapidement devenue un événement régulier à la cour impériale, souvent accompagné de musique, de nourriture et d’écriture de poèmes.</p> <p>Les cerisiers en fleurs sont devenus l’un des sujets habituels de composition des <em>waka</em>. En fait, j’ai commencé à étudier la poésie japonaise grâce à un poème sur le thème du <em>sakura</em> écrit par une poétesse classique, Izumi Shikibu, dont on pense qu’elle a activement composé des <em>waka</em> vers l’an 1000 de notre ère. Le poème est préfacé par la <a href="http://www.misawa-ac.jp/drama/daihon/genji/bunken/zoku.html">mémoire de son auteur</a>. Ce poème parle de son ancien amant qui souhaite revoir les cerisiers en fleurs avant qu’ils ne tombent.</p> <blockquote> <p>tō o koyo<br />saku to miru ma ni<br />chirinu beshi<br />tsuyu to hana to no<br />naka zo yo no naka</p> <p>Viens vite !<br />À peine commencent-elles à s’ouvrir<br />qu’elles doivent tomber.<br />Notre monde réside<br />dans la rosée au sommet des fleurs de cerisier.</p> </blockquote> <p>Ce poème n’est pas l’exemple le plus célèbre de <em>waka</em> sur les cerisiers en fleurs dans la poésie japonaise prémoderne, mais il contient des couches d’imagerie traditionnelle symbolisant l’impermanence. Il souligne qu’une fois écloses, les fleurs de cerisier sont destinées à tomber. Assister à leur chute est l’objectif même du <em>hanami</em>.</p> <p>La rosée est généralement interprétée comme un <a href="https://www.jstor.org/stable/2385169">symbole de larmes</a> dans le waka, mais elle peut également être lue de manière plus érotique comme une référence à d’autres <a href="https://uhpress.hawaii.edu/title/mapping-courtship-and-kinship-in-classical-japan-the-tale-of-genji-and-its-predecessors/">fluides corporels</a>. Une telle interprétation révèle que le poème est une allusion à une relation amoureuse, qui est aussi fragile que la rosée qui s’évapore sur les fleurs de cerisier qui tombent bientôt ; elle ne dure pas longtemps, il faut donc l’apprécier tant qu’elle existe.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/579998/original/file-20240305-18-vujctw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="Un arbre japonais en fleurs chargé de grappes de fleurs roses dans un jardin" /><em><span>Au Japon, les cerisiers en fleurs symbolisent l’impermanence ». zoomable=</span> <span><a href="https://www.flickr.com/photos/25228175@N08/4549363374">Elvin/Flickr</a>, <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></em></h4> <p>Le poème peut également être interprété de manière plus générale : La rosée est un symbole de la vie humaine, et la chute des cerisiers en fleurs une métaphore de la mort.</p> <h3>Militarisé par l’Empire du Japon</h3> <p>La notion de chute des fleurs de cerisier a été utilisée par <a href="https://www.bloomsbury.com/us/imperial-japan-and-defeat-in-the-second-world-war-9781350246799/">l’Empire du Japon</a>, un État historique qui a existé de la restauration meiji en 1868 jusqu’à la promulgation de la Constitution du Japon en 1947. L’empire est connu pour la <a href="https://www.bloomsbury.com/uk/japanese-taiwan-9781472576743/">colonisation de Taïwan</a> et l’<a href="https://www.peterlang.com/document/1049131">annexion de la Corée</a> afin d’étendre ses territoires.</p> <p><a href="https://kokubunken.repo.nii.ac.jp/records/4747">Sasaki Nobutsuna</a>, un érudit des classiques japonais ayant des liens étroits avec la cour impériale, était un partisan de l’idéologie nationaliste de l’empire. En 1894, il a composé un long poème, <a href="https://dl.ndl.go.jp/pid/873478/1/10">« Shina seibatsu no uta »</a>, ou « Le chant de la conquête des Chinois », pour coïncider avec la première guerre sino-japonaise, qui a duré de 1894 à 1895. Le poème compare la chute des fleurs de cerisier au sacrifice des soldats japonais qui <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/K/bo3656741.html">tombent au combat pour leur pays et leur empereur</a>.</p> <h3>La marchandisation de la saison</h3> <p>Dans le Japon contemporain, les cerisiers en fleurs sont célébrés par de nombreux membres de la société, et pas seulement par la cour impériale. Fleurissant autour du <a href="https://www.nbcbayarea.com/news/national-international/lunar-new-year-2024-how-to-celebrated/3447961/">Nouvel An lunaire</a> célébré dans le Japon prémoderne depuis des siècles, elles symbolisent les nouveaux départs dans tous les domaines de la vie.</p> <p>À l’époque contemporaine, les vendeurs ont transformé les cerisiers en fleurs en vendant du <a href="https://stories.starbucks.com/asia/stories/2024/sakura-season-starts-at-starbucks-japan-on-thursday-february-15/">thé, café</a>, de la <a href="https://japantoday.com/category/features/food/haagen-dazs-releases-two-new-seasonal-flavors">crème glacée</a>, des <a href="https://www.oenon.jp/news/2020/0205-1.html">boissons</a> ou des <a href="https://www.fujingaho.jp/gourmet/sweets/g43015580/fujingahonootoriyose-sakura-sweets20240215/">biscuits</a> aromatisés au <em>sakura</em>, transformant ainsi l’image de l’arbre en fleurs en une marque saisonnière. Les <a href="https://sakura.weathermap.jp/en.php">prévisions météorologiques</a> suivent la floraison des cerisiers pour s’assurer que tout le monde a une chance de participer à l’ancien rituel de l’observation.</p> <p>L’obsession des cerisiers en fleurs peut sembler triviale, mais le <em>hanami</em> rassemble les gens à une époque où la plupart des communications se font virtuellement et à distance, réunissant des membres de la famille, des amis, des collègues de travail et parfois même des étrangers, comme cela m’est arrivé lorsque je vivais au Japon.</p> <p>L’observation des <em>sakura</em> témoigne également de la relation unique que le Japon moderne entretient avec sa propre histoire. En même temps, cela nous rappelle que l’impermanence est peut-être la seule constante de la vie.</p> <h4 style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/580005/original/file-20240305-23810-vdbysn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/580005/original/file-20240305-23810-vdbysn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="Deux rangées de grands arbres avec des grappes de fleurs roses de part et d’autre d’une allée" /></a><em><span>Les cerisiers, avec leurs jolies fleurs, sont arrivés à Washington D.C. comme un cadeau du Japon.</span> <span><a href="https://www.flickr.com/photos/dannyfowler/4469426717">Danny Navarro/Flickr</a>, <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></em></h4> <p>Aujourd’hui, les cerisiers en fleurs sont célébrés au printemps <a href="https://localadventurer.com/places-to-see-cherry-blossoms-in-the-world/">partout dans le monde</a>, encourageant l’appréciation de l’impermanence par l’observation de la nature.<img src="https://counter.theconversation.com/content/225513/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/malgorzata-gosia-k-citko-duplantis-1515126">Małgorzata (Gosia) K. Citko-DuPlantis</a>, Assistant Professor in Japanese Literature and Culture, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/university-of-tennessee-688">University of Tennessee</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/celebrer-les-fleurs-de-cerisier-ou-la-poesie-de-limpermanence-225513">article original</a>.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'celebrer-les-fleurs-de-cerisier-ou-la-poesie-de-l-impermanence', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 20, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://theconversation.com/celebrer-les-fleurs-de-cerisier-ou-la-poesie-de-limpermanence-225513', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4823, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Dérapage de la RTS?', 'subtitle' => 'Après l'émission «Les Beaux Parleurs» du 17 mars dernier, la RTS a exprimé des «regrets» pour les propos «outranciers» du chroniqueur Slobodan Despot, tenus à propos des pays baltes. 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Mais puisque la RTS estime nécessaire d’exprimer des «regrets» pour les «propos outranciers» tenus par Slobodan Despot, quelques questions s’imposent:</p> <p><strong>1.</strong> Pourquoi, si les propos n’y sont pas si libres que ça, l'émission «Les Beaux Parleurs» est-elle toujours présentée comme un «talk show» sur le site de la RTS?</p> <p><strong>2.</strong> Si la RTS juge bon d’exprimer ses «regrets» pour des «propos outranciers», il est à supposer que sa charte a été enfreinte par Slobodan Despot. Dans ce cas, il serait bon de spécifier aux <a href="https://www.24heures.ch/la-rts-regrette-les-propos-outranciers-de-slobodan-despot-739244121528" target="_blank" rel="noopener">lecteurs de <em>24 Heures</em></a> quels passages plus précisément. La charte de la RTS dit notamment ceci: «une responsabilité particulière dans la recherche de la vérité, l’impartialité, la pluralité et le respect de la personne.» En décrivant des éléments factuels, Slobodan Depot a fait preuve de recherche de la vérité. Il représente l’un des éléments nécessaires à la pluralité d’opinion censément chère à la RTS et n’a manqué de respect envers personne au travers de ses propos. Où est donc le problème? 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Certaines des personnes visées (notamment les 23'000 parents ayant signé la pétition du Collectif Parents) ont potentiellement pu se sentir agressées par ces propos. Elles n’en ont pas fait toute une histoire car elles savent que «Les Beaux Parleurs» est une émission de débat et que la liberté d’expression est (pardon, devrait être) l’un des piliers de toute démocratie qui se respecte.</p> <p><strong>5.</strong> Comment la RTS peut-elle justifier qu’elle remplit toujours son mandat de service public si elle décide de manière aléatoire (ou partiale?) de s’excuser pour certains propos, prétendument d’extrême droite, alors qu’elle ne s’excuse pas pour certains propos semblant relever de l’extrême gauche? Qui, au sein de la RTS, décide du moment auquel il faut ou non exprimer des «regrets»? Sur la base de quels critères?</p> <p><strong>6.</strong> Pourquoi exprimer des «regrets» pour des propos pouvant très éventuellement et en cherchant vraiment très très loin, heurter des citoyens des pays baltes uniquement? La RTS serait-elle donc un service public des pays baltes? Dans ce cas, pourquoi Serafe n’envoie-t-elle pas sa facture aux citoyens des pays baltes?</p> <p>Le peuple suisse va voter prochainement sur la question d’une baisse de la redevance. Nombre de citoyens ne se sentent plus représentés par le «service public». La RTS ferait bien d’y penser avant de se lancer précipitamment dans des «regrets» hors de propos, qui ne peuvent qu’attiser un manque de confiance grandissant au sein de la population.</p> <p>De plus, s'il est besoin de le rappeler, la liberté d'opinion est un droit fondamental garanti par l'article 16 de la Constitution. Une opinion ne devrait donc en aucun cas constituer un quelconque «dérapage» dans une démocratie digne de ce nom. Le battage médiatique fait autour des propos d'un chroniqueur interroge donc sur l'état de cette démocratie.</p> <p>Toute cette histoire est une non-affaire, qui me rappelle tristement deux autres non-affaires arrivées il y a pile trois ans et ressemblant en de nombreux points à celle-ci: quelqu’un a été payé pour effectuer un travail précis. Il accomplit ce travail selon les termes du contrat. Qu’on le laisse faire ce travail. 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Toutefois, si, selon les dernières informations sur le sujet, chaque événement devrait avoir sa cérémonie d’ouverture et de clôture, le paralympisme et l’olympisme semblent plus étroitement associés que jamais.</p> <p>Pourtant cela était loin d’être évident. L’histoire des Jeux paralympiques est complexe, posant la question de la définition du handicap. À partir de Jeux sportifs uniquement organisés pour des personnes blessées de la colonne vertébrale en fauteuil roulant (créés en 1948), ils concernent peu à peu, à partir des années 1970, des personnes ayant d’autres types de déficiences.</p> <p>La forme retenue pour les épreuves parisiennes de cet été avec 22 parasports (les sports au programme des Jeux paralympiques) résulte d’un long processus <a href="https://theconversation.com/les-jeux-paralympiques-comment-tout-commenca-il-y-a-70-ans-99390#:%7E:text=Les%20premiers%20Jeux%20de%20Stoke,un%20bus%20de%20transport%20adapt%C3%A9">qui commence le 29 juillet 1948</a>, quand est donné à Londres le coup d’envoi de la XIV<sup>e</sup> olympiade. À cette date, le <a href="https://www.dicolympique.fr/guttmann-ludwig-1899-1980-allemagne-grande-bretagne/">neurochirurgien Ludwig Guttmann</a> organise à l’hôpital de Stoke Mandeville tout proche une compétition de tir à l’arc entre 16 blessés de la colonne vertébrale en fauteuil roulant, vétérans de la Seconde Guerre mondiale.</p> <p>D’origine allemande, Guttmann est l’inventeur de pratiques rééducatives à partir de jeux sportifs. Au fil des années 1950, ses Jeux de Stoke rassemblent de plus en plus de participants et commencent à s’internationaliser. Réservés aux paralysés en fauteuil roulant, ils se tiennent chaque été au sein de l’enceinte hospitalière. En 1952, ils accueillent une délégation néerlandaise, avec 5 compétitions au programme : tir à l’arc, netball, javelot, tennis de table et billard ; la natation fait l’objet de démonstrations. En 1953, des <a href="https://hal.science/hal-01681465">Français, Australiens, Canadiens, Finlandais, Israéliens et Sud-Africains rejoignent l’événement</a>.</p> <p>Ces Jeux de Stoke continuent de s’inscrire dans une logique rééducative et Guttmann organise à cette occasion un congrès médical annuel <a href="https://theconversation.com/les-jeux-paralympiques-comment-tout-commenca-il-y-a-70-ans-99390">sur les avancées dans le traitement des blessés de la colonne vertébrale</a>.</p> <h3>Logique médicale persistante</h3> <p>C’est leur délocalisation à Rome en 1960, dans la foulée des JO, qui va partiellement changer la donne. Si la dimension sportive s’affirme davantage, ils restent inscrits dans l’univers de la rééducation des blessés de la colonne vertébrale. Cette délocalisation est rendue possible grâce aux liens entre Ludwig Guttmann et Antonio Maglio, un confrère italien qui a fondé un centre de rééducation pour paraplégiques proche de la capitale italienne. 400 sportifs, tous en fauteuil, originaires de 23 pays, concourent dans huit disciplines. Bénéficiant des infrastructures olympiques, ils quittent l’univers hospitalier, mais restent encadrés par une logique médicale. En témoignent les ministres venus soutenir les sportifs. Ces « Jeux para-olympiques » s’ouvrent en présence du ministre de la santé italien mais sans le ministre des sports. Ce sera la même chose quatre ans plus tard à Tokyo. Reste qu’une dynamique est alors enclenchée : elle aboutira en 1989 à la création du Comité international paralympique (CIP).</p> <p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p> <p>Les Jeux paralympiques désignent alors un événement reconnu par le CIO impliquant des athlètes ayant divers types d’incapacités (en réalité « capable autrement »). Le para ne signifie plus « pour les paralysés », <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1466424007077348">mais « parallèles » aux Jeux olympiques</a>.</p> <p>Mais avant d’en arriver là, bien des querelles devront être dépassées.</p> <h3>Dynamique compétitive</h3> <p>En effet, dans les années 60, des voix s’élèvent en faveur de l’ouverture aux amputés et aux aveugles, ce que désapprouve la fédération de Stoke qui reste centrée sur le sport en fauteuil roulant des personnes blessées de la colonne vertébrale. En 1964 à Tokyo, une rencontre sportive « tous handicaps » a lieu, en marge des Jeux para-olympiques, pour les non paralysés. En 1968, les Jeux para-olympiques ont lieu à Tel-Aviv et restent encore réservés aux seuls paralysés en fauteuil. Cependant, peu à peu l’objectif initial de rééducation cède la place au désir de se rapprocher du schéma compétitif olympique et de l’image du champion.</p> <p>Bien que Guttmann soit opposé à cette perspective compétitive pour tous les types de déficience, l’objectif des athlètes et de certaines fédérations nationales – dont la France – s’oriente inexorablement vers la mise à distance de la tutelle médicale afin de se rapprocher de l’univers sportif et de ses instances nationales et internationales.</p> <h3>Rapprochements progressifs</h3> <p>Les années 1970 confirment ce basculement, les compétitions accueillant progressivement de nouveaux types de déficiences en catégorisant les athlètes selon leurs capacités.</p> <p>Il s’agit de permettre leur participation, tout en assurant l’égalité des chances et la logique compétitive du sport. Ainsi, l’intégration de nouveaux sportifs dotés de caractéristiques spécifiques implique une réflexion sur la mise en place de classifications fonctionnelles au regard de leurs capacités et de l’incidence qu’elles ont sur leurs performances.</p> <p>En 1972, lors des Jeux paralympiques de Heidelberg (les JO se déroulent à Munich), les déficients visuels sont autorisés à participer <a href="https://www.handisport.org/les-29-sports/goalball/">à des épreuves d’exhibition en goalball</a> et au 100 mètres sprint. Parallèlement, des amputés entrent sur le stade pour manifester leur mécontentement, comme le rappelle feu <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09523367.2014.931842">l’entraîneur d’athlétisme Christian Paillard</a> de la fédération française : « Qu’est-ce que je vois arriver ? Des amputés avec de grandes banderoles ! 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Elle fait planer un risque de scission sur le mouvement.</p> <p>Malgré une situation de crise, les Jeux paralympiques sont maintenus en 1984, mais ils scindés en deux : les sportifs en fauteuils concourent à New York, et tous les autres à Stoke. En 1986, deux fédérations internationales s’agrègent au mouvement : celle des sportifs sourds et celles pour les sportifs ayant des déficiences intellectuelles.</p> <p>Plus de deux décennies après Tokyo (1964), les Jeux de Séoul (1988) sont l’occasion de réunir de nouveau les JO et les Jeux paralympiques sur un même site. Du jamais vu depuis 1964.</p> <p>En 1989, la création du Comité international paralympique (CIP) achève l’alignement sur l’olympisme et la projection vers un événement unique organisé en partenariat avec le CIO : les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) se tiendront désormais obligatoirement sur le même site. Cette obligation ne sera finalement appliquée qu’à partir de 1996 à Atlanta, les Jeux paralympiques de 1992 se déroulant à la fois à Barcelone (pour les déficients physiques) et à Madrid (pour les déficients intellectuels), alors que les JO se tenaient à Barcelone.</p> <h3>Un désir de pratiquer comme les autres</h3> <p>Le mouvement d’intégration n’est pourtant pas achevé et reste un motif de tensions. En 1995, la fédération des sportifs sourds fait le choix de se retirer pour préférer une pratique entre personnes sourdes affirmant leur culture singulière, ou, pour les plus performantes, au sein des JO. Les sourds n’ont finalement jamais participé aux Jeux paralympiques.</p> <p>Parallèlement, si des déficients intellectuels intègrent pour la première fois les épreuves paralympiques en 1992, leur participation n’est pas sans poser problème. Lors du tournoi de basket-ball de Sydney (2000), il s’avère que plusieurs joueurs de l’équipe espagnole ayant remporté le tournoi <a href="https://www.liberation.fr/sports/2000/11/25/de-faux-handicapes-pour-de-vraies-medailles_345658/">n’ont en réalité pas de déficience cognitive</a>. La médaille d’or est restituée et, ne sachant pas comment assurer une sélection fiable de ce type de sportifs, le CIP suspend leur participation. Il faudra attendre Londres (2012) pour qu’ils soient réintégrés.</p> <p>Le désir de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=tuAPPeRg3Nw">pratiquer « comme les autres »</a> produit une force agrégative qui conduit peu à peu à rompre le lien avec le monde médical. 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La vitesse était trop grande pour être suffisamment ralentie de sorte qu’elle s’écrasa à plus de 3 000 km/h sur notre satellite.</p> <p>Le choc fut terrible et la sonde se dispersa sur une centaine de mètres. On le sait car l’impact a été photographié par le satellite LRO (Lunar Reconnaissance Orbiter) de la NASA.</p> <p><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File :Beresheet_Crash_Site_Spotted_LRO_02.gif"><img src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6b/Beresheet_Crash_Site_Spotted_LRO_02.gif/512px-Beresheet_Crash_Site_Spotted_LRO_02.gif" alt="Beresheet Crash Site Spotted LRO 02" width="512" /></a></p> <p>Que sont devenus les tardigrades ? Ont-ils survécus et si oui peuvent-ils coloniser la Lune ? La Lune est-elle contaminée ?</p> <h3>Des animaux à l'épreuve de (presque) tout</h3> <p>Les tardigrades sont des animaux microscopiques. Ils mesurent moins d’un millimètre de long. La plupart possèdent deux yeux, mais tous ont des neurones, un orifice buccal au bout d’une trompe rétractile, un intestin contenant un microbiote et quatre paires de pattes non articulées et terminées par des griffes. Ces animaux partagent un ancêtre commun avec les arthropodes comme les insectes ou les arachnides.</p> <p>La majorité se rencontre dans des environnements aquatiques, mais ils occupent tous les milieux, même urbains. <a href="https://biophysique.mnhn.fr/fr/annuaire/emmanuelle-delagoutte-9017">Emmanuelle Delagoutte</a>, chargée de recherche au CNRS, les récolte dans les mousses et les lichens du Jardin des plantes au Muséum à Paris. Les tardigrades ont besoin d’être entourés d’un film d’eau pour rester actifs, se nourrir de microalgues comme des chlorelles, grandir, se mouvoir et se reproduire. Ils se reproduisent de manière sexuée ou asexuée via la parthénogenèse, c’est-à-dire à partir d’un ovule non fécondé, ou l’hermaphrodisme lorsqu’un individu, qui possède à la fois des gamètes mâles et femelles, s’autoféconde. Après l’éclosion de l’œuf, la vie d’un tardigrade sous forme active dure de 3 à 30 mois. Au total, <a href="https://link.springer.com/book/10.1007/978-3-319-95702-9">1265 espèces ont été décrites</a>, dont deux fossiles.</p> <p>Les tardigrades sont célèbres du fait de leur résistance à des conditions n’existant ni sur la Terre ni sur la Lune. Ils peuvent en effet mettre leur métabolisme à l’arrêt, notamment en perdant jusqu’à 95 % de leur eau corporelle. Certaines espèces synthétisent un sucre, le tréhalose, qui fait office d’antigel, d’autres des protéines dont on pense qu’elles incorporent les constituants cellulaires dans un réseau amorphe « vitreux », offrant ainsi résistance et protection à chaque cellule.</p> <p>La déshydratation déforme le corps dont la taille peut diminuer de moitié. Les pattes disparaissent, seules les griffes sont encore visibles. Cet état appelé cryptobiose persiste jusqu’à ce que les conditions redeviennent favorables.</p> <p>Cependant, selon les espèces, les individus ont besoin de plus ou moins de temps pour se déshydrater et tous les spécimens d’une même espèce ne parviennent pas à revenir à la vie active.</p> <p>Les adultes déshydratés survivent quelques minutes à des températures de – 272 °C ou 150 °C, et sur le long terme à des doses élevées de rayons gamma de 1 000 ou 4 400 Gray (Gy) selon l’espèce. 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Certains sont-ils toujours viables, ensevelis sous le régolithe, la poussière lunaire dont la profondeur varie de quelques mètres à quelques dizaines de mètres ?</p> <p>Tout d’abord, il faut qu’ils aient survécu à l’impact. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33978458/">Des tests au laboratoire</a> ont montré que des spécimens congelés de l’espèce <em>Hypsibius dujardini</em> étaient intacts après un choc à 2600 km/h sous vide sur du sable mais étaient mutilés au-delà de 3000 km/h.</p> <p>Ils doivent ensuite résister à l’absence d’eau et supporter un froid de – 170 à -190 °C durant la nuit lunaire et une chaleur de 100 à 120 °C durant le jour. Un jour ou une nuit lunaire dure longtemps, soit un peu moins de 15 jours terrestres. Même la sonde n’était pas prévue pour résister à de telles amplitudes et devait cesser toute activité après seulement quelques jours terrestres.</p> <p>Enfin, la surface de la Lune n’est pas protégée vis-à-vis des particules solaires et des rayons cosmiques, notamment gamma. Mais là les tardigrades seraient capables de résister. En effet, Robert Wimmer-Schweingruber, Professeur à l’Université de Kiel en Allemagne, et son équipe ont montré que les <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.aaz1334">doses de rayons gamma frappant la surface lunaire étaient permanentes mais faibles</a> par rapport aux doses citées précédemment. Selon lui, 10 années d’exposition aux rayons gamma correspondraient à une dose totale d’environ 1 Gy.</p> <p>Quoi qu’il en soit, sans eau ni oxygène ni microalgues, les tardigrades ne pourront jamais se réactiver. Ainsi la colonisation de la Lune par ces animaux est impossible. Mais des spécimens sont sur le sol lunaire et leur présence pose des questions éthiques comme le souligne <a href="https://www.prindleinstitute.org/2019/09/the-ethics-of-sending-life-to-the-moon-and-beyond/">Matthew Silk</a> écologue à l’université d’Édimbourg. Parmi ces questions, il en est une sur le plan scientifique. A l’heure où l’exploration spatiale repart tous azimuts, contaminer d’autres planètes nous fera-t-il perdre la possibilité de chercher la vie extraterrestre ?</p> <hr /> <h4><em>L’auteur remercie chaleureusement Emmanuelle Delagoutte et Cédric Hubas du Muséum de Paris, ainsi que Robert Wimmer-Schweingruber de l’Université de Kiel, pour leur lecture critique du texte et leurs conseils.</em><img src="https://counter.theconversation.com/content/220910/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></h4> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/laurent-palka-1305597">Laurent Palka</a>, Maître de conférences, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/museum-national-dhistoire-naturelle-mnhn-2191">Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. 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