Actuel / Les choses changent à Samos, mais pour les réfugiés le cauchemar continue
La "jungle" de Samos au petit matin. © Michael Wyler
8h du matin, l'heure d'aller chercher l'eau potable pour la journée, soit 1,5 litres par personne. © Michael Wyler
La "jungle", à deux pas de la ville de Samos. © Michael Wyler
"Restriction géographique Samos" pour Georges, qui attend ici de connaître son sort depuis plus de deux ans. © Michael Wyler
Le camps d'accueil de Samos, partie officielle. © Michael Wyler
Le camp de Zervos en construction. © Michael Wyler
Les bâtiments administratifs du camp de Zervos. © Michael Wyler
Alors que les garde-côtes grecs et Frontex (l’agence européenne de garde-frontières et garde-côtes) commettent impunément des crimes en refoulant en pleine mer des zodiacs de réfugiés venant de Turquie, le camp dit d’accueil et la «jungle» de Samos se vident rapidement, suite à une nouvelle politique du gouvernement grec. Reportage.
Lors de ma dernière visite, le centre d'accueil et d'identification de Samos – d’une capacité de 680 personnes – débordait avec 8500 réfugiés, presque tous obligés de squatter les alentours, que l’on surnomme la «jungle». Obtenir la permission de prendre le ferry pour rejoindre le continent était illusoire.
Or en l'espace de quelques semaines, le camp s'est vidé de trois-quarts de ses habitants et les autorités encouragent un maximum de personnes à quitter l’île pour Athènes, allant jusqu'à annuler tout contrôle d'identité lors de l'embarquement sur le ferry. Conséquence, ils ne sont plus que quelques 2000 réfugiés sur place et l'objectif est d'arriver à 1000 d'ici la fin de l'été.
Enfin un geste humanitaire? Pas du tout.
«La façon dont on a traité les réfugiés ici ces dernières années était criminelle et inhumaine»
Nouveau directeur du centre d’accueil, le général en retraite X, qui ne souhaite pas que son nom soit publié, n'est pas facile à rencontrer et il s'en excuse. Il m'a en effet fallut six semaines d'attente et une demi-douzaine de courriels et rappels au service de presse du Ministère des migrations pour enfin recevoir, le jour de mon arrivée à Samos, une autorisation d'entrer dans le camp pour une durée de 40 minutes.
Le nouveau directeur du camps d'accueil et d'identification de Samos, un général à la retraite. © Toutes les photos sont de Michael Wyler
«Je ne suis pas un politicien, me dit-il en guise d'accueil, et donc, si cela avait dépendu de moi, je vous aurais donné mon accord en trois minutes, même si je ne donne jamais d'interviews. Comme je dis ce que je pense, si vous publiez tout ce que je dis, on me renverra probablement cultiver mes tomates. Car je le dis haut et fort: la façon dont on a traité les réfugiés ici ces dernières années était criminelle et inhumaine.»
Pas de doute, le général n’a pas sa langue dans sa poche et il ne va pas se faire que des amis, mais, comme il le dit: «Ce n’est pas mon problème. Je vis bien avec ma pension et ce ne sont pas les quelques euros que je touche en plus pour mettre de l’ordre dans ce bordel qui vont m’empêcher de m’exprimer!»
Grâce à lui, il y a maintenant un ramassage régulier des ordures, des toilettes portables, un accès à l'eau pour les réfugiés qui dorment sous tente hors du camp et une douche pour 100 personnes (contre une pour 500 auparavant). Ce n'est certes pas le paradis, mais c'est au moins un enfer nettement moins infernal.
Le Club Me(r)d(e)
N'empêche, la première chose qui frappe en arrivant près de la «jungle», c'est l'odeur. Pour parler clair, une odeur de merde et de putréfaction. Si cette partie sauvage du camp, en dehors des barrières et barbelés qui entourent le camp «officiel» n'abrite plus que quelque 1500 personnes (il y en a environ 800 dans le camp officiel) les conditions de (sur)vie restent plus que pénibles.
Je n'ai croisé ici ni Bernard Henri Levy ni Jean Ziegler, mais des Syriens, Afghans, Pakistanais, Congolais, Somaliens, l'air épuisé et les yeux hagards. Difficile de dormir avant 1-2 heures du matin à cause de la chaleur et il faut se lever tôt pour aller chercher les bouteilles d’eau potable – 1,5 litres par personne et par jour.
Les rats sont rois, les serpents et les scorpions princes de la jungle. Si la situation est dramatique pour les hommes et les enfants, elle est encore pire pour les femmes. Tout comme à Moriah, le camp dit d’accueil de l’île de Lesbos (ils sont environ 12 000 dans leur «jungle»), elles n'osent plus sortir de leur tentes une fois la nuit tombée – ne serait-ce que pour aller aux toilettes – de crainte d'être agressées.
Quant aux douches, notre général a beau en faire réparer régulièrement les portes, il y a toujours des petits malins pour les casser, rendant dangereux l’accès pour les femmes. C’est qu’ici la misère est tout aussi physique que mentale. Privés de toute activité, les jeunes gens qui croupissent 2-3 ans dans ce camp, sans travail, école, ou formation, finissent presque tous par avoir des problèmes d’ordre psychologique et en ce qui concerne le sexe, important à tout âge, c’est libidodo…
Revenons à nos moutons…
… ou plutôt à notre général. «Faire partir des milliers de personnes pour le continent (entendez Athènes) n'est pas la solution. Là-bas, ils sont déjà des dizaines de milliers à dormir sous tente ou à la belle étoile dans les parcs ou arrêts de bus, en ville et dans les banlieues, à la recherche de quoi survivre.»
«Les garder ici n’est pas une solution non plus, poursuit-il, car le camp de Samos devra être détruit et dératisé dès que possible, infesté qu’il est de milliers de rats. Et que feront ces derniers quand tout le monde aura migré au nouveau camp? Ils descendront en ville, à quelques centaines de mètres en contrebas, pour trouver de la nourriture. Or, si le gouvernement construit un nouveau camp loin de tout, c'est pour que le tourisme puisse reprendre, pas pour que l'on doive naviguer entre les hordes de rats.»
Les déchet, du pain bénit pour les rats.
Le gouvernement est donc en train de construire de nouveaux camps, bien isolés, mais d’une capacité limitée. Celui de Samos, situé à Zervos, ne pourra accueillir que 1500 personnes et il faut donc réduire rapidement le nombre de réfugiés sur place, quitte à les envoyer au casse-pipes à Athènes.
Si le nouveau camp de Lesbos (5000 places) reste pour le moment une utopie (le ministre grec de l’immigration, Panagiótis Mitarákis, dit attendre encore des soumissions, les licences nécessaires et une participation aux frais de l’Union européenne), celui de Samos est quasiment terminé.
Le Stalag de Zervos
Zervos se trouve à une dizaine de kilomètres de la ville de Samos. C’est là, au milieu de rien du tout, sans végétation, sans ombre et sans âme que se dresse le futur camp d’accueil et d’identification de l’île.
On dit souvent qu’une image vaut mille mots. Regardez donc les photos, elles se passent de légendes... Certes, les conteneurs disposeront de toilettes et de l’électricité. Il y aura des douches et, en principe, même de l'eau courante, mais... entourés de barrières et de barbelés, les futurs habitants seront coupés de tout. Libres de sortir la journée (pour aller où?), mais tenus au couvre-feu entre le coucher et le lever du soleil.
Mode stalag 2021 à Zervos.
«Plutôt crever à Athènes que de me faire transférer dans ce camp», me dit B, un jeune Afghan, à Samos depuis près de trois ans. Et ils sont nombreux à penser de même, sachant pertinemment que s'ils quittent l’île sans avoir les papiers nécessaires leur donnant accès à une aide humanitaire, ils seront livrés à eux-mêmes et sans ressources dans la capitale grecque.
Sachant tout cela, pourquoi les réfugiés continuent-ils à vouloir venir en Grèce au risque de se noyer, d'être refoulés sur la Turquie ou parqués dans des camps?
Bruno, un Bernois qui vit à Samos depuis 25 ans, explique: «Tu penses bien que ceux qui sont ici ne vont jamais avouer à leurs familles qu’ils sont dans la m… et qu’il faut dire aux autres de ne surtout pas venir. Ils vont donc en ville, prennent des seflies devant des belles voitures en disant que ce sont les leurs. J’en connais même un qui a fait un montage de lui avec une belle blonde, qu’il affirmait être sa femme, devant une Rolls Royce à Londres…»
Changement de paradigme pour les volontaires
Manoli vient de Perpignan. Elle est cheffe de projet pour Samos Volunteers, une organisation remarquable qui depuis des années offre un espace de vie sécurisé (le centre Alpha), des cours de langues, de musique, d'informatique, etc. et lave des tonnes de linge pour les réfugiés qui n’ont aucune possibilité de le faire ailleurs.
La buanderie de Samos Volunteers.
Le centre Alpha, où sont notamment donnés ces cours, se trouve à moins de 500 mètres du camp. Idéal donc. Mais que va-t-il advenir de tout cela une fois le nouveau camp opérationnel? Manoli me confirme que depuis l'arrivée du nouveau directeur du camp, les choses se sont quelque peu améliorées, notre général à la retraite étant bien plus à l'écoute des organisations de volontaires que Maria-Dimitra Nioutsikou qu’il a remplacé (Lire le précédent reportage à Samos de Michael Wyler).
Mais le problème reste entier. Comment poursuivre leurs activités si le nouveau camp se trouve isolé et à l'écart de tout? Samos Volunteers a donc loué un terrain à côté du nouveau camp et y installera des tentes pour pourvoir poursuivre les cours. Reste à régler les problèmes d’eau et d’électricité. Avec ses collègues d’autres organisations de volontaires, elle étudie donc également la possibilité d’organiser des transports réguliers de Zervos au centre-ville de Samos.
Même point d’interrogation pour Margherita, qui dirige le Projet Armonia à Samos. Vu que la nourriture offerte aux réfugiés dans le camp a souvent dépassé sa date de péremption depuis belle lurette et est parfois bien moisie, Armonia prépare et offre des repas, principalement aux personnes vulnérables, femmes enceintes ou allaitant, malades, souffrant d’un handicap et à celles et ceux qui n’ont plus droit à la nourriture au camp.
Margherita devant le restaurant du Projet Armonia.
Depuis le Covid, son restaurant sert ses repas à l’emporter. Plus de 1000 par jour en début d’année, dans les 650 maintenant qu’il y a moins de monde dans le camp. Livrer sur place serait sans doute plus commode pour tout le monde, mais Armonia n’a pas la licence de catering…
«Nous travaillons avec 28 volontaires qui font les achats, la mise en place, la cuisine, l’accueil et le service. Nombre d’entre eux sont eux-mêmes des réfugiés, explique Margherita, qui précise que pour le moment, Armonia n’envisage pas de déménager mais qu’il lui faut rester souple, la situation pouvant rapidement évoluer.
En cuisine...
Nombre d’organisations envisagent en effet de transférer leurs activités sur Athènes, où les besoins sont de plus en plus grands.
Pour mon général, la suite dépendra surtout de Recep Erdogan. Le dictateur turc n’ayant jamais caché ses intentions de récupérer les îles de Chios, Samos, Kos et Lesbos, il peut, du jour au lendemain, ouvrir les vannes et laisser partir de Turquie des milliers de réfugiés, principalement musulmans. Ni Frontex, ni les garde-côtes grecs ne seraient alors en mesure de refouler tout ce monde.
«Pour le moment, les gouvernements de l’Union Européenne se sentent peu concernés par ce que nous subissons, me dit un des policier qui garde l’entrée du camp. Mais si un jour, la Grèce en aussi marre d’être le dindon de la farce, souvenez-vous que Corfou n’est qu’à 170km de l’Italie…»
Jusqu'à aujourd'hui, en juin, Aegean Boat Report a enregistré 35 refoulements illégaux en mer Égée, effectués par les garde-côtes helléniques. 865 personnes se sont vu refuser leur droit de demander l'asile et leurs droits humains ont été violés par le gouvernement grec. Sept de ces cas de refoulement ont été effectués à l'aide d'équipements de sauvetage et donc, 307 personnes, enfants, femmes et hommes ont été placés sur 11 radeaux de sauvetage et laissés à la dérive en mer.
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Conséquence, ils ne sont plus que quelques 2000 réfugiés sur place et l'objectif est d'arriver à 1000 d'ici la fin de l'été.</p> <p>Enfin un geste humanitaire? Pas du tout.</p> <h3><strong>«La façon dont on a traité les réfugiés ici ces dernières années était criminelle et inhumaine»</strong></h3> <p>Nouveau directeur du centre d’accueil, le général en retraite X, qui ne souhaite pas que son nom soit publié, n'est pas facile à rencontrer et il s'en excuse. Il m'a en effet fallut six semaines d'attente et une demi-douzaine de courriels et rappels au service de presse du Ministère des migrations pour enfin recevoir, le jour de mon arrivée à Samos, une autorisation d'entrer dans le camp pour une durée de 40 minutes.</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1624283076_jenesuispasunpoliticien.ledirecteurducampsdaccueiletdidentificationdesamos..jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="875" height="697" />Le nouveau directeur du camps d'accueil et d'identification de Samos, un général à la retraite. ©<em> Toutes les photos sont de Michael Wyler</em></h4> <p>«Je ne suis pas un politicien, me dit-il en guise d'accueil, et donc, si cela avait dépendu de moi, je vous aurais donné mon accord en trois minutes, même si je ne donne jamais d'interviews. Comme je dis ce que je pense, si vous publiez tout ce que je dis, on me renverra probablement cultiver mes tomates. Car je le dis haut et fort: la façon dont on a traité les réfugiés ici ces dernières années était criminelle et inhumaine.»</p> <p>Pas de doute, le général n’a pas sa langue dans sa poche et il ne va pas se faire que des amis, mais, comme il le dit: «Ce n’est pas mon problème. Je vis bien avec ma pension et ce ne sont pas les quelques euros que je touche en plus pour mettre de l’ordre dans ce bordel qui vont m’empêcher de m’exprimer!»</p> <p>Grâce à lui, il y a maintenant un ramassage régulier des ordures, des toilettes portables, un accès à l'eau pour les réfugiés qui dorment sous tente hors du camp et une douche pour 100 personnes (contre une pour 500 auparavant). Ce n'est certes pas le paradis, mais c'est au moins un enfer nettement moins infernal.</p> <h3>Le Club Me(r)d(e)</h3> <p>N'empêche, la première chose qui frappe en arrivant près de la «jungle», c'est l'odeur. Pour parler clair, une odeur de merde et de putréfaction. Si cette partie sauvage du camp, en dehors des barrières et barbelés qui entourent le camp «officiel» n'abrite plus que quelque 1500 personnes (il y en a environ 800 dans le camp officiel) les conditions de (sur)vie restent plus que pénibles.</p> <p>Je n'ai croisé ici ni Bernard Henri Levy ni Jean Ziegler, mais des Syriens, Afghans, Pakistanais, Congolais, Somaliens, l'air épuisé et les yeux hagards. Difficile de dormir avant 1-2 heures du matin à cause de la chaleur et il faut se lever tôt pour aller chercher les bouteilles d’eau potable – 1,5 litres par personne et par jour.</p> <p>Les rats sont rois, les serpents et les scorpions princes de la jungle. Si la situation est dramatique pour les hommes et les enfants, elle est encore pire pour les femmes. Tout comme à Moriah, le camp dit d’accueil de l’île de Lesbos (ils sont environ 12 000 dans leur «jungle»), elles n'osent plus sortir de leur tentes une fois la nuit tombée – ne serait-ce que pour aller aux toilettes – de crainte d'être agressées.</p> <p>Quant aux douches, notre général a beau en faire réparer régulièrement les portes, il y a toujours des petits malins pour les casser, rendant dangereux l’accès pour les femmes. C’est qu’ici la misère est tout aussi physique que mentale. Privés de toute activité, les jeunes gens qui croupissent 2-3 ans dans ce camp, sans travail, école, ou formation, finissent presque tous par avoir des problèmes d’ordre psychologique et en ce qui concerne le sexe, important à tout âge, c’est libidodo…</p> <h3>Revenons à nos moutons…</h3> <p>… ou plutôt à notre général. «Faire partir des milliers de personnes pour le continent (entendez Athènes) n'est pas la solution. Là-bas, ils sont déjà des dizaines de milliers à dormir sous tente ou à la belle étoile dans les parcs ou arrêts de bus, en ville et dans les banlieues, à la recherche de quoi survivre.»</p> <p>«Les garder ici n’est pas une solution non plus, poursuit-il, car le camp de Samos devra être détruit et dératisé dès que possible, infesté qu’il est de milliers de rats. Et que feront ces derniers quand tout le monde aura migré au nouveau camp? Ils descendront en ville, à quelques centaines de mètres en contrebas, pour trouver de la nourriture. Or, si le gouvernement construit un nouveau camp loin de tout, c'est pour que le tourisme puisse reprendre, pas pour que l'on doive naviguer entre les hordes de rats.»</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1624283488_painbnipourlesrats.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="805" height="781" /><br />Les déchet, du pain bénit pour les rats.</h4> <p>Le gouvernement est donc en train de construire de nouveaux camps, bien isolés, mais d’une capacité limitée. Celui de Samos, situé à Zervos, ne pourra accueillir que 1500 personnes et il faut donc réduire rapidement le nombre de réfugiés sur place, quitte à les envoyer au casse-pipes à Athènes.</p> <p>Si le nouveau camp de Lesbos (5000 places) reste pour le moment une utopie (le ministre grec de l’immigration, Panagiótis Mitarákis, dit attendre encore des soumissions, les licences nécessaires et une participation aux frais de l’Union européenne), celui de Samos est quasiment terminé.</p> <h3>Le Stalag de Zervos</h3> <p>Zervos se trouve à une dizaine de kilomètres de la ville de Samos. C’est là, au milieu de rien du tout, sans végétation, sans ombre et sans âme que se dresse le futur camp d’accueil et d’identification de l’île.</p> <p>On dit souvent qu’une image vaut mille mots. Regardez donc les photos, elles se passent de légendes... Certes, les conteneurs disposeront de toilettes et de l’électricité. 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Et ils sont nombreux à penser de même, sachant pertinemment que s'ils quittent l’île sans avoir les papiers nécessaires leur donnant accès à une aide humanitaire, ils seront livrés à eux-mêmes et sans ressources dans la capitale grecque.</p> <p>Sachant tout cela, pourquoi les réfugiés continuent-ils à vouloir venir en Grèce au risque de se noyer, d'être refoulés sur la Turquie ou parqués dans des camps?</p> <p>Bruno, un Bernois qui vit à Samos depuis 25 ans, explique: «Tu penses bien que ceux qui sont ici ne vont jamais avouer à leurs familles qu’ils sont dans la m… et qu’il faut dire aux autres de ne surtout pas venir. Ils vont donc en ville, prennent des seflies devant des belles voitures en disant que ce sont les leurs. J’en connais même un qui a fait un montage de lui avec une belle blonde, qu’il affirmait être sa femme, devant une Rolls Royce à Londres…»</p> <h3>Changement de paradigme pour les volontaires</h3> <p>Manoli vient de Perpignan. Elle est cheffe de projet pour Samos Volunteers, une organisation remarquable qui depuis des années offre un espace de vie sécurisé (le centre Alpha), des cours de langues, de musique, d'informatique, etc. et lave des tonnes de linge pour les réfugiés qui n’ont aucune possibilité de le faire ailleurs.</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1624284422_labuanderiedesamosvolunteers.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="762" height="1017" /><br />La buanderie de Samos Volunteers.</h4> <p>Le centre Alpha, où sont notamment donnés ces cours, se trouve à moins de 500 mètres du camp. Idéal donc. Mais que va-t-il advenir de tout cela une fois le nouveau camp opérationnel? Manoli me confirme que depuis l'arrivée du nouveau directeur du camp, les choses se sont quelque peu améliorées, notre général à la retraite étant bien plus à l'écoute des organisations de volontaires que Maria-Dimitra Nioutsikou qu’il a remplacé (<em><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/assassins-silencieux" target="_blank" rel="noopener">Lire le précédent reportage à Samos de Michael Wyler</a></em>).</p> <p>Mais le problème reste entier. Comment poursuivre leurs activités si le nouveau camp se trouve isolé et à l'écart de tout? Samos Volunteers a donc loué un terrain à côté du nouveau camp et y installera des tentes pour pourvoir poursuivre les cours. Reste à régler les problèmes d’eau et d’électricité. Avec ses collègues d’autres organisations de volontaires, elle étudie donc également la possibilité d’organiser des transports réguliers de Zervos au centre-ville de Samos.</p> <p>Même point d’interrogation pour Margherita, qui dirige le Projet Armonia à Samos. Vu que la nourriture offerte aux réfugiés dans le camp a souvent dépassé sa date de péremption depuis belle lurette et est parfois bien moisie, Armonia prépare et offre des repas, principalement aux personnes vulnérables, femmes enceintes ou allaitant, malades, souffrant d’un handicap et à celles et ceux qui n’ont plus droit à la nourriture au camp.</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1624283704_margheritaquidirigeleprojetarmoniadevantsonrestaurant.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="767" height="821" /><br />Margherita devant le restaurant du Projet Armonia.</h4> <p>Depuis le Covid, son restaurant sert ses repas à l’emporter. Plus de 1000 par jour en début d’année, dans les 650 maintenant qu’il y a moins de monde dans le camp. Livrer sur place serait sans doute plus commode pour tout le monde, mais Armonia n’a pas la licence de catering…</p> <p>«Nous travaillons avec 28 volontaires qui font les achats, la mise en place, la cuisine, l’accueil et le service. Nombre d’entre eux sont eux-mêmes des réfugiés, explique Margherita, qui précise que pour le moment, Armonia n’envisage pas de déménager mais qu’il lui faut rester souple, la situation pouvant rapidement évoluer.</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1624284234_encuisine.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="747" height="498" /><br />En cuisine...</h4> <p>Nombre d’organisations envisagent en effet de transférer leurs activités sur Athènes, où les besoins sont de plus en plus grands.</p> <p>Pour mon général, la suite dépendra surtout de Recep Erdogan. Le dictateur turc n’ayant jamais caché ses intentions de récupérer les îles de Chios, Samos, Kos et Lesbos, il peut, du jour au lendemain, ouvrir les vannes et laisser partir de Turquie des milliers de réfugiés, principalement musulmans. Ni Frontex, ni les garde-côtes grecs ne seraient alors en mesure de refouler tout ce monde.</p> <p>«Pour le moment, les gouvernements de l’Union Européenne se sentent peu concernés par ce que nous subissons, me dit un des policier qui garde l’entrée du camp. Mais si un jour, la Grèce en aussi marre d’être le dindon de la farce, souvenez-vous que Corfou n’est qu’à 170km de l’Italie…»</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1624514351_img_1807.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="736" height="1040" /><br />Jusqu'à aujourd'hui, en juin, Aegean Boat Report a enregistré 35 refoulements illégaux en mer Égée, effectués par les garde-côtes helléniques. 865 personnes se sont vu refuser leur droit de demander l'asile et leurs droits humains ont été violés par le gouvernement grec. 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Il m'a en effet fallut six semaines d'attente et une demi-douzaine de courriels et rappels au service de presse du Ministère des migrations pour enfin recevoir, le jour de mon arrivée à Samos, une autorisation d'entrer dans le camp pour une durée de 40 minutes.</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1624283076_jenesuispasunpoliticien.ledirecteurducampsdaccueiletdidentificationdesamos..jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="875" height="697" />Le nouveau directeur du camps d'accueil et d'identification de Samos, un général à la retraite. ©<em> Toutes les photos sont de Michael Wyler</em></h4> <p>«Je ne suis pas un politicien, me dit-il en guise d'accueil, et donc, si cela avait dépendu de moi, je vous aurais donné mon accord en trois minutes, même si je ne donne jamais d'interviews. Comme je dis ce que je pense, si vous publiez tout ce que je dis, on me renverra probablement cultiver mes tomates. Car je le dis haut et fort: la façon dont on a traité les réfugiés ici ces dernières années était criminelle et inhumaine.»</p> <p>Pas de doute, le général n’a pas sa langue dans sa poche et il ne va pas se faire que des amis, mais, comme il le dit: «Ce n’est pas mon problème. Je vis bien avec ma pension et ce ne sont pas les quelques euros que je touche en plus pour mettre de l’ordre dans ce bordel qui vont m’empêcher de m’exprimer!»</p> <p>Grâce à lui, il y a maintenant un ramassage régulier des ordures, des toilettes portables, un accès à l'eau pour les réfugiés qui dorment sous tente hors du camp et une douche pour 100 personnes (contre une pour 500 auparavant). Ce n'est certes pas le paradis, mais c'est au moins un enfer nettement moins infernal.</p> <h3>Le Club Me(r)d(e)</h3> <p>N'empêche, la première chose qui frappe en arrivant près de la «jungle», c'est l'odeur. Pour parler clair, une odeur de merde et de putréfaction. Si cette partie sauvage du camp, en dehors des barrières et barbelés qui entourent le camp «officiel» n'abrite plus que quelque 1500 personnes (il y en a environ 800 dans le camp officiel) les conditions de (sur)vie restent plus que pénibles.</p> <p>Je n'ai croisé ici ni Bernard Henri Levy ni Jean Ziegler, mais des Syriens, Afghans, Pakistanais, Congolais, Somaliens, l'air épuisé et les yeux hagards. Difficile de dormir avant 1-2 heures du matin à cause de la chaleur et il faut se lever tôt pour aller chercher les bouteilles d’eau potable – 1,5 litres par personne et par jour.</p> <p>Les rats sont rois, les serpents et les scorpions princes de la jungle. Si la situation est dramatique pour les hommes et les enfants, elle est encore pire pour les femmes. Tout comme à Moriah, le camp dit d’accueil de l’île de Lesbos (ils sont environ 12 000 dans leur «jungle»), elles n'osent plus sortir de leur tentes une fois la nuit tombée – ne serait-ce que pour aller aux toilettes – de crainte d'être agressées.</p> <p>Quant aux douches, notre général a beau en faire réparer régulièrement les portes, il y a toujours des petits malins pour les casser, rendant dangereux l’accès pour les femmes. C’est qu’ici la misère est tout aussi physique que mentale. Privés de toute activité, les jeunes gens qui croupissent 2-3 ans dans ce camp, sans travail, école, ou formation, finissent presque tous par avoir des problèmes d’ordre psychologique et en ce qui concerne le sexe, important à tout âge, c’est libidodo…</p> <h3>Revenons à nos moutons…</h3> <p>… ou plutôt à notre général. «Faire partir des milliers de personnes pour le continent (entendez Athènes) n'est pas la solution. 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Or, si le gouvernement construit un nouveau camp loin de tout, c'est pour que le tourisme puisse reprendre, pas pour que l'on doive naviguer entre les hordes de rats.»</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1624283488_painbnipourlesrats.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="805" height="781" /><br />Les déchet, du pain bénit pour les rats.</h4> <p>Le gouvernement est donc en train de construire de nouveaux camps, bien isolés, mais d’une capacité limitée. Celui de Samos, situé à Zervos, ne pourra accueillir que 1500 personnes et il faut donc réduire rapidement le nombre de réfugiés sur place, quitte à les envoyer au casse-pipes à Athènes.</p> <p>Si le nouveau camp de Lesbos (5000 places) reste pour le moment une utopie (le ministre grec de l’immigration, Panagiótis Mitarákis, dit attendre encore des soumissions, les licences nécessaires et une participation aux frais de l’Union européenne), celui de Samos est quasiment terminé.</p> <h3>Le Stalag de Zervos</h3> <p>Zervos se trouve à une dizaine de kilomètres de la ville de Samos. C’est là, au milieu de rien du tout, sans végétation, sans ombre et sans âme que se dresse le futur camp d’accueil et d’identification de l’île.</p> <p>On dit souvent qu’une image vaut mille mots. Regardez donc les photos, elles se passent de légendes... Certes, les conteneurs disposeront de toilettes et de l’électricité. 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Et ils sont nombreux à penser de même, sachant pertinemment que s'ils quittent l’île sans avoir les papiers nécessaires leur donnant accès à une aide humanitaire, ils seront livrés à eux-mêmes et sans ressources dans la capitale grecque.</p> <p>Sachant tout cela, pourquoi les réfugiés continuent-ils à vouloir venir en Grèce au risque de se noyer, d'être refoulés sur la Turquie ou parqués dans des camps?</p> <p>Bruno, un Bernois qui vit à Samos depuis 25 ans, explique: «Tu penses bien que ceux qui sont ici ne vont jamais avouer à leurs familles qu’ils sont dans la m… et qu’il faut dire aux autres de ne surtout pas venir. Ils vont donc en ville, prennent des seflies devant des belles voitures en disant que ce sont les leurs. J’en connais même un qui a fait un montage de lui avec une belle blonde, qu’il affirmait être sa femme, devant une Rolls Royce à Londres…»</p> <h3>Changement de paradigme pour les volontaires</h3> <p>Manoli vient de Perpignan. 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Manoli me confirme que depuis l'arrivée du nouveau directeur du camp, les choses se sont quelque peu améliorées, notre général à la retraite étant bien plus à l'écoute des organisations de volontaires que Maria-Dimitra Nioutsikou qu’il a remplacé (<em><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/assassins-silencieux" target="_blank" rel="noopener">Lire le précédent reportage à Samos de Michael Wyler</a></em>).</p> <p>Mais le problème reste entier. Comment poursuivre leurs activités si le nouveau camp se trouve isolé et à l'écart de tout? Samos Volunteers a donc loué un terrain à côté du nouveau camp et y installera des tentes pour pourvoir poursuivre les cours. Reste à régler les problèmes d’eau et d’électricité. Avec ses collègues d’autres organisations de volontaires, elle étudie donc également la possibilité d’organiser des transports réguliers de Zervos au centre-ville de Samos.</p> <p>Même point d’interrogation pour Margherita, qui dirige le Projet Armonia à Samos. 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Cassis – qui considère Niue (voir sur la carte) comme un point stratégique du monde – a décidé que la Suisse serait le 23ème pays à «nouer des relations diplomatiques formelles» avec Niue et de ce fait comblera «une lacune dans le réseau diplomatique de la Suisse» aux dires du DFAE. </p> <p>Sachant que la tournée Asie-Pacifique de notre intrépide ministre a débuté quelques jours après que le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken et le président français Emmanuel Macron eurent achevé la leur dans la même zone, on voit bien que la Suisse n’a pas tardé à placer ses billes dans la cour des grands.</p> <p>Car effectivement, le Pacifique est une zone convoitée. Par la Chine qui veut isoler Taïwan et pouvoir profiter des zones de pêche étendues; par les Etats-Unis qui ne veulent pas laisser la Chine occuper le terrain et par la France, dernière puissance coloniale et nostalgique de son importance perdue. Mais par la Suisse?</p> <p>Dalton Tagelagi («<em>call me Dalton!</em>»), Premier ministre de Niue, trouve cela plutôt drôle. «Etre courtisé par la Chine, les Etats-Unis et la Suisse? Quel honneur!» me dit-il, affichant un sourire quelque peu ironique.</p> <p>C’est que Niue est une île plus petite que le canton de Genève et, avec ses 1'260 habitants, moins peuplée que Vers-chez-les-Blanc! En plein milieu du Pacifique, à 2'400 km au nord-est de la Nouvelle-Zélande et à 2'000 km à l’ouest de Tahiti, c’est un Etat autonome, au bénéfice d’un accord de libre association avec la Nouvelle-Zélande, dont il utilise la monnaie et qui, tout comme M. Cassis, mène sa propre politique étrangère.</p> <p>Nombre des 5'000 habitants qui y vivaient naguère se sont installés en Nouvelle-Zélande ou en Australie suite au cyclone Heta qui, en 2004 a dévasté Niue. 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Tagelagi.</p> <p>Son Excellence, 56 ans et 25 ans de politique dans les gencives est un vieux briscard à qui on ne la fait pas. Il aime voyager et puisque la Terre entière semble s’intéresser à son pays, il en profite et est souvent en déplacement, notamment pour suivre, un peu partout dans le monde, les conférences et congrès consacrés au climat. Même si Niue est une île surélevée et donc pas à la merci d’une montée des eaux de quelques centimètres.</p> <p>En ce moment, c’est la Chine qui lui fait les yeux doux: Beijing a envoyé une douzaine d’ouvriers chinois et deux trax à Niue pour asphalter quelques kilomètres de route. Mais Dalton n’est pas dupe et veille au grain: «le fait que nous soyons petits ne veut pas dire que nous sommes idiots. Nous saurons garder nos distances et n’emprunterons pas un dollar à la Chine».</p> <p>Membre de l’unique club de boulingrin de l’île (le jeu de boules anglais), il a été sélectionné pour les Jeux du Commonwealth en 2014, 2018 et 2022; et même s’il perd quasiment tous ses matchs, en individuel et en équipe, il est, me dit-il «accueilli à (s)on retour à Niue par une foule super!» (en clair: une cinquantaine d’amis et membres de sa famille).</p> <p>Son programme politique? Passer de 15 à 80% d’indépendance énergétique grâce au développement de l’énergie solaire et du tourisme, mais avec une limite de 15'000 touristes maximum par an: «sinon, il y aurait trop de déchets que nous ne serions pas en mesure de gérer», ajoutant, mais à voix basse et en s’esclaffant: «il y a aussi des déchets parmi les touristes et nous aimerions attirer plus de visiteurs haut de gamme…»</p> <p>Le nom de Ignazio Cassis lui dit-il quelque chose? Silence…</p> <p>Qu’il n’y ait ni radio locale, ni accès aux programmes de télévision, pas de <em>roaming</em> international et une connexion internet quelque peu capricieuse, ne semble déranger personne. Les Nuéens et Nuéennes sont-ils heureux de vivre dans ce petit paradis polynésien? 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Dieu que la guerre sera jolie!</p> <p>L’Université de Stanford, une des plus réputées des Etats-Unis, vient de publier une longue liste de termes qu’il convient de ne plus utiliser. Elle est divisée en sections: âgisme, colonialisme, appropriation culturelle, sexospécifisme, langage vague, racisme, violence, etc. Un nouveau dictionnaire «woke». Exemples: fini les «boîtes noires» qui, selon Stanford donnent une connotation négative à la couleur noire. On parle dorénavant d’«enregistreur de vol». Quant aux «Latinos», un terme pouvant être ressenti comme blessant, ils deviennent des «Latinx».</p> <p>Grâce au CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France), l’auteur réel et souvent anonyme d’un texte signé d’une autre personne, bien souvent célèbre n’est plus un «nègre», mais un «prête-plume».</p> <p>La Suisse n’est évidemment pas épargnée par ce phénomène. Ainsi, il y a quelques mois, un groupe de reggae donnait un concert dans un lieu alternatif à Berne. Le groupe y jouait de la musique jamaïcaine, chantait en dialecte alémanique et portait des vêtements africains et des dreadlocks. Plusieurs personnes ayant ressenti un malaise face à cette «appropriation culturelle» (sic), le concert a été interrompu et la direction de la salle s’est excusée auprès des personnes chez qui ce concert a provoqué des sentiments négatifs.</p> <h3>Couvrez cette pénis que je ne saurais voir</h3> <p>Comme l’explique Elsa Magueritat, évoquant le livre de Jean-François Braunstein <em>La religion woke</em>: «par paresse intellectuelle, les universitaires adoptent aveuglément des concepts façonnés pour ne pas "offenser" les victimes de toutes les discriminations qu'ils étudient. Ainsi, les hommes peuvent être enceints et les femmes dotées de pénis, puisqu'il convient de ne surtout pas froisser les personnes transgenres». </p> <p>Dans cet ouvrage, M. 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Quelques tests amusants pour le savoir:</h4> <h4><a href="https://www.philomag.com/articles/test-etes-vous-woke-sans-le-savoir">https://www.philomag.com/articles/test-etes-vous-woke-sans-le-savoir</a></h4> <h4><a href="https://www.nouvelobs.com/opinions/20220722.OBS61218/test-quel-le-woke-etes-vous.html%23modal-msg">https://www.nouvelobs.com/opinions/20220722.OBS61218/test-quel-le-woke-etes-vous.html#modal-msg</a></h4> <h4><a href="https://www.magtoo.fr/etes-vous-woke/">https://www.magtoo.fr/etes-vous-woke/</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'dieu-n-est-pas-mort-il-est-juste-tres-occupe', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 384, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 14, 'person_id' => (int) 82, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 3647, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Des chiffres et des lettres après 113 jours de guerre en Ukraine', 'subtitle' => 'Les dindons de la farce: l’expression date du XVIIIème siècle. 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Cela n’implique d’aucune façon un soutien à la politique suivie par son gouvernement dans d’autres domaines.</p> <h3><strong>Les solutions</strong></h3> <p>«Lors du premier choc pétrolier de 1974, je me suis demandé si le fait que nous étions parmi les rares pays de la région à ne pas avoir un sous-sol gorgé de pétrole était une malédiction divine», raconte Ofir, directeur technique d’une usine israélienne de dessalement de l’eau de mer. «Mais, en réalité, c’est une bénédiction. Cela nous a forcés à être créatifs et grâce à cela notre pays est devenu expert en matière d’eau et une pépinière constante d’innovation dans le domaine du stress hydrique.»</p> <p>Les solutions? 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Quant aux besoins de l’agriculture, ils sont en quasi totalité couverts par le recyclage des eaux usées.</p> <h3><strong>Le recyclage des eaux usées</strong></h3> <p>Dans les pays dits développés, l’eau qui sert à se laver, à faire marcher les machines à laver ou à vider les toilettes transite par des stations d’épuration et finit en majeure partie dans les cours d’eau ou la mer. Dans les pays peu développés, elle s’écoule directement dans les cours d’eau ou la mer, sans passer par la case «épuration» et contamine ainsi l’eau potable ou de mer. Un énorme gâchis!</p> <p>Avec comme credo «chaque goutte compte», l’Etat d’Israël a systématisé le recyclage des eaux usées dans les années 1990.</p> <p>Une usine comme celle de Shafdan collecte quotidiennement 370 000 m3 d’eaux usées, auprès de 2,5 millions d’habitants, et grâce à des technologies de pointe, l’eau qui en ressort a quasiment les mêmes caractéristiques que l’eau potable, même si elle sert exclusivement à l’agriculture et à l’industrie.</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1630997333_eau3.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="644" height="331" /><br />Vue aérienne des installations de Shafdan. © Techtime news</h4> <p>En 2021, Israël recycle et réutilise 91% des eaux usées, soit 520 millions de m3 par an, trois fois plus que dans n’importe quel autre pays, et les technologies qui y ont été développées sont exportées dans une trentaine de pays.</p> <p>Paradoxe: alors que ces technologies pourraient être exploitées dans un bien plus grand nombre de pays, les habitants de nombre d’entre eux – dont la France – sont encore très réticents à consommer des fruits et légumes poussant sous eaux recyclées. 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Conséquence: la part de l’eau consommée dans l’agriculture par rapport au total de la consommation est bien moindre qu’ailleurs..</p> <p>Netafim, la société fondée par Simcha Blass en 1965 est toujours leader mondial en matière de micro irrigation. Présente dans une centaine de pays, elle occupe quelque 4500 salariés et détient un part de 34% du marché mondial.</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1630997453_eau4.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="683" height="385" /><br />Nouvelles cultures de jojoba dans le Néguev, un désert qui recouvre 60% de la surface d’Israël.</h4> <p>Un de ses produits phares, NetBeat, permet de surveiller, d’analyser et d’automatiser l’irrigation sans besoin de présence physique de l’agriculteur (<em>lien vers Netafim en français en bas de page</em>).</p> <h3><strong>Consommation responsable</strong></h3> <p>Ce sera la partie la plus courte des solutions car elle dépend du simple bon sens. C’est dire que c’est compliqué pour bien des gens…</p> <p>Première exigence: ne pas croire qu’un petit effort individuel ne vaut pas la peine sous prétexte que ce n’est qu’une goutte d’eau (économisée) dans un océan (de consommation).</p> <p>Ensuite, quelques exemples: remplissez et fermez deux bouteilles d’eau et mettez-les dans la chasse d’eau: une économie de 3 litres à chaque fois! Evitez les lessives et vaisselles lorsque les machines ne sont pas pleines; laissez pousser l’herbe plutôt que de tondre chaque semaine, ce qui réduira les besoins d’arrosage. Vous adorez votre voiture que vous bichonnez avec amour? Seau et éponge demandent une quinzaine de litres contre 200-250 dans une station de lavage, etc.</p> <h3><strong>Watergen: une révolution?</strong></h3> <p>Fondée en 2009 par un ancien colonel, Arye Kohavi, et quelques amis ingénieurs, Watergen avait à l’origine pour but de fournir de l’eau aux hôpitaux de campagne et aux soldats, où qu’ils se trouvent. Rachetée en 2016, la société s’est réorientée et a développé des technologies pour palier au manque d’eau potable suite à des catastrophes naturelles ou dans des lieux où le manque d’eau potable est flagrant.</p> <p>Comment? Elémentaire, mon cher Watson! Tout simplement en générant de l’eau potable à partie de… l’air!</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1630997598_eau5.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="674" height="477" /><br />© Centre d’information sur l’eau</h4> <p>Rappel: notre planète contient un volume d’eau total qui est demeuré quasiment la même depuis l’apparition de l’eau sur Terre. Salée à 97% et douce à 3%, ces eaux forment l’hydrosphère, c’est-à-dire l’ensemble des réserves d’eau de la Terre.</p> <p>Selon la revue <em>Planetoscope</em>, 15 943 683 409 de litres d’eau (donc, en gros 16 milliards de litres, on ne va pas chipoter pour si peu) s'évaporent chaque seconde des océans sous l’effet du soleil. Cette vapeur d'eau océanique va engendrer des nuages dont les gouttes d’eau douce se déverseront sur notre planète sous différentes formes (pluie, neige, grêle, rosée).</p> <p>Bien qu’on ne puisse pas la mesurer directement, on estime qu’à tout moment l’atmosphère terrestre contient plus d’un milliard de tonnes d’eau douce. Le génie d’Arye Kohavi a été de développer une technologie et des machines qui captent et filtrent cette vapeur d’eau pour produire de l’eau, potable selon les normes de l’OMS, même dans des zones urbaines et polluées, grâce à de puissants filtres.</p> <p>La plus grande des machines actuelles de Watergen produit 6000 litres d’eau par jour et nombre d’entre elles sont déjà utilisées en Inde, au Vietnam, au Brésil, au Mexique, aux Etats-Unis ainsi que dans des villages ruraux tests d’Afrique centrale.</p> <p>Watergen a offert trois de ces machines – qui coûtent 55 000 francs chacune – aux autorités de Gaza. Comme l’expliquait récemment à l'Agence France Pesse Fathi Sheikh Khalil, ingénieur électrique et cadre de l'ONG palestinienne Damour qui gère ces appareils, «celui qui est installé à la mairie de Khan Younès produit 5000 litres d'eau potable lorsque le taux d'humidité dans l'air est supérieur à 65% et 6000 litres si le taux dépasse 90%».</p> <p>Dire que les les autorités de Gaza sont plus intelligentes que leurs homologues français semble évident si l’on en croit <em>Nice-Matin,</em> qui raconte que l’année dernière, le prince Albert de Monaco souhaitait offrir une de ces machines à la France car suite à d’importantes intempéries, plusieurs communes des Alpes-Maritimes manquaient d’eau. Or l’offre a été déclinée, la machine n’étant pas homologuée…</p> <p>Parmi les «pays» dans lesquels Watergen exporte ses machines: la Nation Navajo, victime de grosses sécheresse cette année.</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1630997697_eau6.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="647" height="485" /><br />Raina Dre, une Navajo de Hard Rock, Arizona, porte un bidon qu’elle a rempli d’eau recueillie dans l’air par Watergen, le 6 juillet 2021, Cet appareil peut produire 200 litres d’eau par jour. © Navajo Times</h4> <p>Autres avantages des appareils Watergen: efficaces entre 15 et 40 degrés centigrades et sous humidité relative de 25 % et plus, ils permettent d’éliminer les chaînes d’approvisionnement à forte émissions de carbone et les déchets plastiques. De plus, la production d’un litre d’eau potable ne consomme que 0,3 kwh d’électricité (donc environ 6 centimes au tarif de l’électricité en Suisse).</p> <p>Le plus récent des appareils actuellement commercialisés est le Watergen Mobile Box. Il pèse 15 kg, se transporte facilement, fonctionne sur 12 et 220 volts et produit jusqu’à 20 litres d’eau potable par jour.</p> <h3><strong>Paramètres dont il faut cependant tenir compte</strong></h3> <p>Ils concernent essentiellement le dessalement de l’eau de mer: des carences en minéraux ont été observées, le système de dessalement, basé sur l’osmose inverse, enlevant la quasi-totalité des minéraux présents dans l’eau de mer. En Israël, on ajoute donc du calcium et parfois du magnésium à l’eau dessalée.</p> <p>Le dessalement est relativement friand en énergie (essentiellement fossile pour le moment). Mais les besoins énergétiques ont été réduits de 2/3 au cours des années écoulées et la méthode d’osmose inverse n’a besoin que du quart des besoins énergétiques d’autres techniques de dessalement.</p> <p>Dessaler l’eau de mer = rejeter du sel dans la mer. Dans le monde, on produit chaque jour 95 millions de mètres cubes d’eau douce, rejetant plus de 100 millions de m3 d’eau plus fortement salée dont l'impact sur les zones de rejet inquiète les experts scientifiques.</p> <p>Très dépendants de ce mode d’approvisionnement, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït et le Qatar dessalent essentiellement par la méthode du chauffage, procédé qui produit quatre fois plus de saumure que les technologies plus avancées, comme la filtration par membrane, utilisée notamment en Israël.</p> <p>En tout état de cause, la salinisation accrue des eaux – souvent proches du littoral – est un problème qu’il convient de ne pas minimiser.</p> <h3><strong>Conclusion</strong></h3> <p>Il existe donc des solutions et il ne fait aucun doute que l’évolution technologique va en trouver de nouvelles et rendre les existantes plus efficaces et moins coûteuses en énergie au cours des années à venir.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1630997778_eau7.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="576" height="331" /></p> <p>Reste un grand mystère: comment se fait-il que tant d’Etats, conscients du problème du stress hydrique et dont les habitants, les agriculteurs et les industries souffrent régulièrement du manque d’eau, soient pareillement passifs?</p> <p>J’ai un petit avis là-dessus: on dit que la différence entre un politicien et un homme d’Etat (femmes incluses…) est que le premier pense à sa réélection alors que le second pense aux générations à venir.</p> <p>Et, comme le disait Coluche: «la moitié des hommes politiques sont des bons à rien et l’autre moitié est prête à tout».</p> <h4>Pour en savoir plus</h4> <p><a href="https://www.lenntech.fr/bibliotheque/osmose-inverse/osmose-inverse-definition.htm">https://www.lenntech.fr/bibliotheque/osmose-inverse/osmose-inverse-definition.htm</a></p> <p><a href="https://documents1.worldbank.org/curated/en/657531504204943236/pdf/Water-management-in-Israel-key-innovations-and-lessons-learned-for-water-scarce-countries.pdf">https://documents1.worldbank.org/curated/en/657531504204943236/pdf/Water-management-in-Israel-key-innovations-and-lessons-learned-for-water-scarce-countries.pdf</a></p> <p><a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2015/07/29/en-israel-70-de-l-eau-consommee-vient-de-la-mer_4702964_3244.html">https://www.lemonde.fr/planete/article/2015/07/29/en-israel-70-de-l-eau-consommee-vient-de-la-mer_4702964_3244.html</a></p> <p><a href="https://www.fluencecorp.com/israel-leads-world-in-water-recycling/">https://www.fluencecorp.com/israel-leads-world-in-water-recycling/</a></p> <p><a href="https://wold.mekorot.co.il/Heb/newsite/InformationCenter/Documents/Wastewater%20Treatment%20and%20Effluent%20Reuse%20-french.compressed.pdf">https://wold.mekorot.co.il/Heb/newsite/InformationCenter/Documents/Wastewater%20Treatment%20and%20Effluent%20Reuse%20-french.compressed.pdf</a></p> <p><a href="https://www.epa.gov/watersense/statistics-and-facts">https://www.epa.gov/watersense/statistics-and-facts</a></p> <p><a href="https://www.watergen.com/home-office/">https://www.watergen.com/home-office/</a></p> <p><a href="https://navajotimes.com/reznews/ntua-asks-water-customers-to-conserve-water/">https://navajotimes.com/reznews/ntua-asks-water-customers-to-conserve-water/</a></p> <p><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Water_supply_and_sanitation_in_Israel">https://en.wikipedia.org/wiki/Water_supply_and_sanitation_in_Israel</a></p> <p><a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/dessalement-de-l-eau-l-onu-s-inquiete-des-risques-pour-l-environnement-803570.html">https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/dessalement-de-l-eau-l-onu-s-inquiete-des-risques-pour-l-environnement-803570.html</a></p> <p><a href="https://www.israelagri.com/">https://www.israelagri.com/</a></p> <p><a href="https://www.israel21c.org/8-israeli-inventions-for-greener-farming/">https://www.israel21c.org/8-israeli-inventions-for-greener-farming/</a></p> <p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=taMWUjda3fA">https://www.youtube.com/watch?v=taMWUjda3fA</a></p> <p><a href="https://www.mekorot-int.com/about-us/">https://www.mekorot-int.com/about-us/</a></p> <p><a href="https://www.netafim.fr/">https://www.netafim.fr/</a></p> <p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=tYD7Ubwv0Ck">https://www.youtube.com/watch?v=tYD7Ubwv0Ck</a></p>', 'content_edition' => 'Depuis bien des années le monde scientifique tire la sonnette d’alarme face à la pénurie d’eau annoncée. 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Cela nous a forcés à être créatifs et grâce à cela notre pays est devenu expert en matière d’eau et une pépinière constante d’innovation dans le domaine du stress hydrique.» Les solutions? Il y en a cinq principales: le dessalement de l’eau de mer, le recyclage des eaux usées, les techniques d’irrigation minimisant les besoins en eau, amener la population à une consommation «responsable» de l’eau et Watergen. Mon propos n’étant pas de vous noyer (ha!) dans les détails techniques quant aux méthodes utilisées, je me contenterai d’évoquer ce qu’elles sont et les résultats qu’elles entraînent. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
3 Commentaires
@Mboldrums 25.06.2021 | 15h32
«Merci de nous informer de ce qu’il se passe là-bas»
@mirafavre 01.07.2021 | 15h06
«Constater, décider, agir ..
Mais que faire ?
C'est une situation terrifiante.
Merci en tout cas de nous ouvrir les yeux.»
@stef 19.07.2021 | 19h24
«Merci pour le suivi de ce qui se passe là-bas !»