Actuel / Petit massacre sororiel: les lendemains qui chantent du nouveau féminisme
Sandrine Rousseau aux journées d'été du parti EELV, en 2021. © Greenbox
La femme est une et indivisible. Elle n’a pas d’autre dieu qu’elle-même. Elle tua son père avec beaucoup de dextérité, en l’épluchant comme une patate, à l’exemple de l’héroïne d’un polar commis par Sandrine Rousseau, sorcière en chef des boutefeus écolos français. Avec fureur et détermination, chaque femme digne de ce nom se voue désormais à traquer la fumée des barbecues virils et à buter jusqu’à dans les chiottes le reliquat du patriarcat blanc hétéronormé, responsable, comme tout enfant le sait, de la crise climatique, suivant l’érudite théorie de «l’androcène».
Mais pas que. La femme, la vraie, celle qui souffre de l’oppression masculine, se doit in fine de flinguer aussi sa mère. Et voici la grande réforme du catéchisme néo-féministe. D’une mère non-racisée, bourgeoise, et de surcroît favorable au maintien en vie des spécimens mâles de l’humanité, autrement dit d’une collabo, la jeune génération ne veut pas. Qu’on la lapide! A minima, qu’on la fasse taire! Aussi utile qu’elle soit à ses buts politico-partisans, la grande fiction de l’unanimité féminine a volé en éclats avec le tollé provoqué par les propos qu’Elisabeth Badinter a tenus sur l’antenne de France Inter.
Au nom de celleux qui souffrent, ferme-la!
Nul n’ignore que du féminisme, nous avons vu déferler des vagues, apparaître et disparaître des courants, monter des marées. Cantonnés plus ou moins dans les pages des revues militantes, les combats internes ne passionnaient que les initiées. Il aurait pourtant peut-être fallu y fourrer le nez pour mieux contrer la propagande néo-féministe actuelle qui s’ingénie à faire croire aux femmes des quatre coins du monde qu’elles pensent et veulent exactement la même chose, qu’importe leur éducation, leur statut économique ou histoire personnelle. Parti de la mutinerie d’une poignée de stars hollywoodiennes malmenées par ce vieux satyre de Harvey Weinstein, le mouvement #MeToo dont on fête le cinquième anniversaire, s’est en effet à ce point enivré de son fulgurant succès médiatique qu’il a d’emblée visé une sororité universelle. Il faut reconnaître que ses déclinaisons régionales avec, notamment, #BalanceTonPorc en France, ont créé l’illusion d’une expérience commune à toutes les femmes: harcèlement sexuel, viol, violence. Pis, il s’agirait de faits si répandus, banalisés, voire institutionnalisés, qu’il y a lieu de dénoncer la «culture du viol». Pas au Pakistan ou au fin fond du Continent noir, ah non! Plutôt rue du Faubourg Saint-Honoré ou dans le sud de Manhattan.
C’est dans ce contexte, que Le Monde a publié en 2018 la fameuse tribune défendant, tenez-vous bien, une «liberté d’importuner indispensable à la liberté sexuelle», cosignée, entre autres, par Catherine Deneuve, Catherine Millet et Catherine Robbe-Grillet. Un premier coup de pioche dans le mur de «nous toutes». Sans réussir à le faire ébranler, l’historienne Bibia Pavard, auteure du remarqué Ne nous libérez pas, on s’en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nous jours (La Découverte, 2020) a mis noir sur blanc une évidence habilement escamotée: «Il n’y a jamais eu dans l’histoire un féminisme unifié, mais des positionnements féministes antagonistes».
Petit à petit, les divergences des points de vue et des convictions profondes apparaissent au grand jour. Entre sœurs bienveillantes, on a quand même cloué au pilori J.K.Rowling, celle-là même qui a signé les aventures de Harry Potter, pour avoir affirmé publiquement qu’il existe une différence biologique des sexes. Si la synergie des combats féministes et LGBT n’a rien de nouveau, datant encore des années 70, à présent elle explose en plein vol sur les questions transgenre. Pour faire court, les expressions telles que «personne qui ont des règles» ou «personnes enceintes» font grimper au rideau, et à juste titre, les féministes boomer. Il en est ainsi car aussi hallucinantes qu’elles soient, les fantaisies trans posent des problèmes concrets: faut-il laisser entrer dans les vestiaires ou les prisons réservées aux femmes, les transgenres qui se sentent femmes mais gardent leurs organes génitaux de naissance? Bienvenue dans le meilleur des mondes! Ajoutez à ce stock de nitrate d’ammonium féministe la question du port du voile islamique et vous entendrez une assourdissante détonation. Tandis que les féministes universalistes condamnent le voile, symbole, selon elles, de l’oppression masculine et religieuse, les néo-féministes postcoloniales le chérissent au nom d’une liberté individuelle et d’une légitime émancipation de l’impérialisme blanc. Les Iraniennes qui, au risque de leur vie, brûlent leurs tchadors dans la rue, doivent sans doute apprécier.
Last but not least, le sexe autrefois appelé faible, se déchire sur les méthodes de lutte émancipatrice. Et c’est là que nous revenons aux propos d’Elisabeth Badinter. En somme, au micro de Léa Salamé, la philosophe, spécialiste du siècle des Lumières, s’est opposé vigoureusement à l’idée de modifier les délais de prescription pour les violences sexistes: «Si on en finissait avec la prescription, cela voudrait dire qu’on assimile les violences sexistes à des crimes contre l’humanité. Ce n’est pas possible. Il faut être un peu logique. Les violences faites aux femmes sont punies. Mais enfin, ce sont des crimes contre l’humanité? Il ne faut pas exagérer, c’est même indécent à mon avis…»
Rappelons qu’en 2017, la prescription est passée en France de dix à vingt ans. Pas assez, à en croire les victimes présumées de Patrick Poivre d’Arvor, directement concernées par le sujet et premières à jeter la pierre à Badinter qui se présente d’ailleurs comme «fille spirituelle de Simone de Beauvoir». Après avoir signé une tribune collective dans Le Monde, en juillet 2021, pour dénoncer la lenteur de la justice dans ce type d’affaires, cette fois-ci elles ont attaqué en ordre dispersé. Ainsi Cécile Delarue, une des accusatrices de PPDA, a envoyé sur le champ un bon scud: «Naufrage d’Elisabeth Badinter ce matin. Qualifier d’indécent le mouvement des femmes qui parlent aujourd’hui des viols qu’elles ont subis hors délai de prescription. INDECENT! Oser la comparaison avec les crimes contre l’humanité! C’est honteux. Et pour le coup, INDECENT!». De son côté, Jeanne Bazelaire, comédienne, a souhaité s’exprimer dans les pages de Libération au nom de «tous.tes celleux qui n’ont pas été entendu.e.s», ce qui hélas fait plutôt penser aux personnages de fiction de Philip K.Dick qu’aux victimes réelles de violences sexuelles, confrontées «au temps infernal et long de la justice, à l’inhumanité abjecte qui règne dans cette institution et ses bureaux.» Institution pourtant, rappelons-le, féminisée à quelque 65%... N’empêche, le ton est donné, le climat difficilement respirable. Face aux «celleux» méprisés par les tribunaux de la République, comment ne pas comprendre, et d’évidence excuser, le recours à la justice expéditive des réseaux sociaux? Au grand dam de l’utopie néo-féministe, Elisabeth Badinter a eu le courage rare de fustiger les dérives des justicières et des vengeresses des plus acharnées.
Je pleure donc je suis
Au moment du lancement de #BalanceTonPorc, son instigatrice, Sandra Muller, a imposé les nouvelles règles du jeu, en abolissant les précédentes, à commencer par le principe de la présomption d’innocence et le droit à un procès équitable, au fondement de toute société démocratique et civilisée: «Toi aussi raconte en donnant le nom et les détails d’un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends.»
Le temps est venu pour la peur de changer de camp, nous disent ces innocentes. Si la colère des milliers des femmes qui ont subi les agissements déplacés de leurs patrons ou collègues se défend de toute critique, la dénonciation publique, et jusqu’à preuve du contraire arbitraire, d’un supposé oppresseur, a de quoi effrayer. Pourquoi diable s’arrêter en si bon chemin, en se refusant de procéder à des castrations sommaires des désignés coupables? La ligne de démarcation entre le féminisme et le néo-féminisme se situe donc sur la crète de la radicalité. Et décidemment, la vertu de l’extrémisme féministe séduit jusqu’au sommet du pouvoir, compte tenu de la déclaration du Président Macron, le lendemain de la parution du livre de Camille Kouchner: «On est là. On vous écoute. On vous croit. Et vous ne serez plus jamais seules.» Reprenant mot pour mot le slogan des Colleuses néo-féministes, celui qui, par sa fonction, est le garant d’un Etat de droit, a choisi de se placer dans le sens du vent de l’Histoire. Certes, on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs.
Gare aux autres dépassés qui n’auraient pas encore saisi ce qui se trame. La Relève féministe est en marche, comme nous en avertit le collectif éponyme dans les colonnes de Libération: «Aux masculinistes et à leurs allié.e.s, aux complices de ceux qui se taisent, nous disons que l’heure de l’impunité et de la toute-puissance est révolue. Puisque vous êtes incapables de faire mieux, il est temps de passer la main. Alors, sur tous les fronts, la relève sera féministe!»
Il faut en déduire que Jean-Luc Mélenchon a d’ores et déjà préparé sa petite valise et un guide du Routard pour sa retraite anticipée de la vie politique: le soutien qu’il a porté à Adrien Quatennens ne lui sera pas pardonné. Inutile d’argumenter que si toutes les violences sont condamnables, elle ne se valent pas toutes, et qu’une gifle que le jeune député de la France Insoumise a reconnu avoir envoyée à sa femme n’a rien à voir avec une agression sexuelle et encore moins avec un viol. Selon les évangiles féministes il n’y a pas de fautes plus ou moins graves. Au contraire, il existe un continuum entre toutes les violences. C’est cet ultracisme ivre de ses propres promesses qu’Elisabeth Badinter a osé contester.
L’extrémisme post-MeToo porte en France le nom de Sandrine Rousseau, ancienne apparatchik d’EELV, devenue personnification ultramédiatisée de l’écoféminisme. Clivante jusque dans les rangs de son propre parti, elle ne risque pas de disparaître des radars, passée championne en communication de l’outrance et de la provocation. Elisabeth Badinter n’est certainement pas allée trop loin sur l’antenne de France Inter, imputant à la députée verte de vouloir «faire tout flamber»: «Où sommes-nous pour mépriser à ce point la justice? Madame Rousseau est dans la toute-puissance et se permet de contrer la justice.»
Le pire, c’est que Madame Rousseau n’y est pas seule. D’un côté épaulée par le génie lesbien d’Alice Coffin, de l’autre par une fanbase jeune et non négligeable en nombre, la députée de Paris semble prête à tout, y compris au prix de la dissolution de la Nupes. Quand elle n’a plus de cartouches à tirer, il lui reste toujours un réservoir de larmes à déverser en direct sur un plateau télé, ce qui dans son cas relève d’une véritable vision politique: «A trop retenir nos larmes, nos peurs et nos colères, nous nous empoisonnons.»
Nous voilà mis au parfum. Une fois la grande œuvre de la déconstruction des mâles achevée, Sandrine Rousseau noiera le reste des opposants, homme ou femme, dans ses propres larmes. Le totalitarisme néo-féministe n’est pas mou, il est dangereusement mouillé.
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Il aurait pourtant peut-être fallu y fourrer le nez pour mieux contrer la propagande néo-féministe actuelle qui s’ingénie à faire croire aux femmes des quatre coins du monde qu’elles pensent et veulent exactement la même chose, qu’importe leur éducation, leur statut économique ou histoire personnelle. Parti de la mutinerie d’une poignée de stars hollywoodiennes malmenées par ce vieux satyre de Harvey Weinstein, le mouvement #MeToo dont on fête le cinquième anniversaire, s’est en effet à ce point enivré de son fulgurant succès médiatique qu’il a d’emblée visé une sororité universelle. Il faut reconnaître que ses déclinaisons régionales avec, notamment, #BalanceTonPorc en France, ont créé l’illusion d’une expérience commune à toutes les femmes: harcèlement sexuel, viol, violence. Pis, il s’agirait de faits si répandus, banalisés, voire institutionnalisés, qu’il y a lieu de dénoncer la «culture du viol». Pas au Pakistan ou au fin fond du Continent noir, ah non! Plutôt rue du Faubourg Saint-Honoré ou dans le sud de Manhattan. </p> <p>C’est dans ce contexte, que <i>Le Monde</i> a publié en 2018 la fameuse tribune défendant, tenez-vous bien, une «<i>liberté d’importuner indispensable à la liberté sexuelle»,</i> cosignée, entre autres, par Catherine Deneuve, Catherine Millet et Catherine Robbe-Grillet. Un premier coup de pioche dans le mur de «nous toutes». Sans réussir à le faire ébranler, l’historienne Bibia Pavard, auteure du remarqué <i>Ne nous libérez pas, on s’en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nous jours </i>(La Découverte, 2020) a mis noir sur blanc une évidence habilement escamotée: «<i>Il n’y a jamais eu dans l’histoire un féminisme unifié, mais des positionnements féministes antagonistes». </i></p> <p>Petit à petit, les divergences des points de vue et des convictions profondes apparaissent au grand jour. Entre sœurs bienveillantes, on a quand même cloué au pilori J.K.Rowling, celle-là même qui a signé les aventures de Harry Potter, pour avoir affirmé publiquement qu’il existe une différence biologique des sexes. Si la synergie des combats féministes et LGBT n’a rien de nouveau, datant encore des années 70, à présent elle explose en plein vol sur les questions transgenre. Pour faire court, les expressions telles que «<i>personne qui ont des règles» </i>ou «<i>personnes enceintes</i>» font grimper au rideau, et à juste titre, les féministes <i>boomer. </i>Il en est ainsi car aussi hallucinantes qu’elles soient, les fantaisies trans posent des problèmes concrets: faut-il laisser entrer dans les vestiaires ou les prisons réservées aux femmes, les transgenres qui se sentent femmes mais gardent leurs organes génitaux de naissance? Bienvenue dans le meilleur des mondes! Ajoutez à ce stock de nitrate d’ammonium féministe la question du port du voile islamique et vous entendrez une assourdissante détonation. Tandis que les féministes universalistes condamnent le voile, symbole, selon elles, de l’oppression masculine et religieuse, les néo-féministes postcoloniales le chérissent au nom d’une liberté individuelle et d’une légitime émancipation de l’impérialisme blanc. Les Iraniennes qui, au risque de leur vie, brûlent leurs tchadors dans la rue, doivent sans doute apprécier.</p> <p><em>Last but not least</em>, le sexe autrefois appelé faible, se déchire sur les méthodes de lutte émancipatrice. Et c’est là que nous revenons aux propos d’Elisabeth Badinter. En somme, au micro de Léa Salamé, la philosophe, spécialiste du siècle des Lumières, s’est opposé vigoureusement à l’idée de modifier les délais de prescription pour les violences sexistes: «Si on en finissait avec la prescription, cela voudrait dire qu’on assimile les violences sexistes à des crimes contre l’humanité. Ce n’est pas possible. Il faut être un peu logique. Les violences faites aux femmes sont punies. Mais enfin, ce sont des crimes contre l’humanité? Il ne faut pas exagérer, c’est même indécent à mon avis…»</p> <p>Rappelons qu’en 2017, la prescription est passée en France de dix à vingt ans. Pas assez, à en croire les victimes présumées de Patrick Poivre d’Arvor, directement concernées par le sujet et premières à jeter la pierre à Badinter qui se présente d’ailleurs comme «fille spirituelle de Simone de Beauvoir». Après avoir signé une tribune collective dans <em>Le Monde</em>, en juillet 2021, pour dénoncer la lenteur de la justice dans ce type d’affaires, cette fois-ci elles ont attaqué en ordre dispersé. Ainsi Cécile Delarue, une des accusatrices de PPDA, a envoyé sur le champ un bon scud: «Naufrage d’Elisabeth Badinter ce matin. Qualifier d’indécent le mouvement des femmes qui parlent aujourd’hui des viols qu’elles ont subis hors délai de prescription. INDECENT! Oser la comparaison avec les crimes contre l’humanité! C’est honteux. Et pour le coup, INDECENT!». De son côté, Jeanne Bazelaire, comédienne, a souhaité s’exprimer dans les pages de Libération au nom de «tous.tes celleux qui n’ont pas été entendu.e.s», ce qui hélas fait plutôt penser aux personnages de fiction de Philip K.Dick qu’aux victimes réelles de violences sexuelles, confrontées «au temps infernal et long de la justice, à l’inhumanité abjecte qui règne dans cette institution et ses bureaux.» Institution pourtant, rappelons-le, féminisée à quelque 65%... N’empêche, le ton est donné, le climat difficilement respirable. Face aux «celleux» méprisés par les tribunaux de la République, comment ne pas comprendre, et d’évidence excuser, le recours à la justice expéditive des réseaux sociaux? Au grand dam de l’utopie néo-féministe, Elisabeth Badinter a eu le courage rare de fustiger les dérives des justicières et des vengeresses des plus acharnées. </p> <h3>Je pleure donc je suis</h3> <p>Au moment du lancement de #BalanceTonPorc, son instigatrice, Sandra Muller, a imposé les nouvelles règles du jeu, en abolissant les précédentes, à commencer par le principe de la présomption d’innocence et le droit à un procès équitable, au fondement de toute société démocratique et civilisée: «Toi aussi raconte en donnant le nom et les détails d’un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends.»</p> <p>Le temps est venu pour la peur de changer de camp, nous disent ces innocentes. Si la colère des milliers des femmes qui ont subi les agissements déplacés de leurs patrons ou collègues se défend de toute critique, la dénonciation publique, et jusqu’à preuve du contraire arbitraire, d’un supposé oppresseur, a de quoi effrayer. Pourquoi diable s’arrêter en si bon chemin, en se refusant de procéder à des castrations sommaires des désignés coupables? La ligne de démarcation entre le féminisme et le néo-féminisme se situe donc sur la crète de la radicalité. Et décidemment, la vertu de l’extrémisme féministe séduit jusqu’au sommet du pouvoir, compte tenu de la déclaration du Président Macron, le lendemain de la parution du livre de Camille Kouchner: «On est là. On vous écoute. On vous croit. Et vous ne serez plus jamais seules.» Reprenant mot pour mot le slogan des Colleuses néo-féministes, celui qui, par sa fonction, est le garant d’un Etat de droit, a choisi de se placer dans le sens du vent de l’Histoire. Certes, on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs.</p> <p>Gare aux autres dépassés qui n’auraient pas encore saisi ce qui se trame. La Relève féministe est en marche, comme nous en avertit le collectif éponyme dans les colonnes de <em>Libération</em>: «Aux masculinistes et à leurs allié.e.s, aux complices de ceux qui se taisent, nous disons que l’heure de l’impunité et de la toute-puissance est révolue. Puisque vous êtes incapables de faire mieux, il est temps de passer la main. Alors, sur tous les fronts, la relève sera féministe!»</p> <p>Il faut en déduire que Jean-Luc Mélenchon a d’ores et déjà préparé sa petite valise et un guide du Routard pour sa retraite anticipée de la vie politique: le soutien qu’il a porté à Adrien Quatennens ne lui sera pas pardonné. Inutile d’argumenter que si toutes les violences sont condamnables, elle ne se valent pas toutes, et qu’une gifle que le jeune député de la France Insoumise a reconnu avoir envoyée à sa femme n’a rien à voir avec une agression sexuelle et encore moins avec un viol. Selon les évangiles féministes il n’y a pas de fautes plus ou moins graves. Au contraire, il existe un continuum entre toutes les violences. C’est cet ultracisme ivre de ses propres promesses qu’Elisabeth Badinter a osé contester.</p> <p>L’extrémisme post-MeToo porte en France le nom de Sandrine Rousseau, ancienne apparatchik d’EELV, devenue personnification ultramédiatisée de l’écoféminisme. Clivante jusque dans les rangs de son propre parti, elle ne risque pas de disparaître des radars, passée championne en communication de l’outrance et de la provocation. Elisabeth Badinter n’est certainement pas allée trop loin sur l’antenne de France Inter, imputant à la députée verte de vouloir «faire tout flamber»: «Où sommes-nous pour mépriser à ce point la justice? Madame Rousseau est dans la toute-puissance et se permet de contrer la justice.»</p> <p>Le pire, c’est que Madame Rousseau n’y est pas seule. D’un côté épaulée par le génie lesbien d’Alice Coffin, de l’autre par une <em>fanbase</em> jeune et non négligeable en nombre, la députée de Paris semble prête à tout, y compris au prix de la dissolution de la Nupes. Quand elle n’a plus de cartouches à tirer, il lui reste toujours un réservoir de larmes à déverser en direct sur un plateau télé, ce qui dans son cas relève d’une véritable vision politique: «A trop retenir nos larmes, nos peurs et nos colères, nous nous empoisonnons.»</p> <p>Nous voilà mis au parfum. Une fois la grande œuvre de la déconstruction des mâles achevée, Sandrine Rousseau noiera le reste des opposants, homme ou femme, dans ses propres larmes. 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Que «le modèle belge», tant vanté par Emmanuel Macron en dépit de ce qu’il a qualifié de ses «dérives», à savoir la possibilité pour les mineurs et les personnes «qui n’ont plus de jugements» de recevoir une dose létale, n’est plus souhaitable chez nous, en France? Ou qu’il bigle vers la Suisse et son «suicide assisté»? A moins qu’il ne songe à la solution d’une <em>kill pill</em>, adoptée dans l’Etat de l’Oregon? Sinon et enfin, que la loi Leonetti-Clayes, actuellement en vigueur, ne changera pas? Du moins, pas du vivant de Line Renaud, 94 ans, grande passionaria de la «mort dans la dignité», à qui le Président Macron aurait pourtant fait très récemment une promesse sans équivoque, tout en lui remettant la Grand-croix de la Légion d’honneur. 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Que ceux qui sont atteints de la maladie de Charcot choisissent alors s’ils préfèrent se jeter sous une rame du métro ou plutôt de se supprimer à l’aide d’un fusil de chasse, si tant est qu’ils aient les capacités physiques de le faire.</p> <p>A l’autre bout de l’échiquier politique, Clémentine Autain estime audacieusement que «le temps est venu de mener le débat grand angle et de prendre de nouvelles décisions pour ouvrir cette possibilité de mourir dans la dignité de façon très encadrée.» On saisit. Après le mariage pour tous, la gauche ne se risquera pas à réclamer l’euthanasie pour tous.</p> <p>Au milieu, Les Républicains récitent le mantra sur le développement des soins palliatifs, comme si lesdits soins, par ailleurs en insuffisance chronique et patente depuis des années en France, réglaient la question de la fin de vie. Et Emmanuel Macron de souffler le couplet final dans le registre des plus belles balades de Céline Dion: «Je n’ai jamais parlé d’euthanasie. 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En France, le spectre revient à chaque changement sociétal important. Le PACS? Une rupture anthropologique! Le mariage homosexuel? Une rupture anthropologique! La PMA ouverte aux femmes célibataires? Une rupture anthropologique! On peut certes rester dubitatif et même très critique par rapport à ces réformes, mais soyons clairs, la société française n’a pas davantage péri de la légalisation sur l’avortement que de la déjudiciarisation du divorce. Mieux! Dans son ensemble, la civilisation occidentale a su se relever de vraies ruptures anthropologiques, qu’il s’agisse des fours crématoires à Auschwitz ou des goulags soviétiques, là où la vie humaine ne valait pas plus que celle d’un insecte nuisible. En quoi délivrer un malade incurable qui n’a pas la force physique ou morale nécessaire pour aller au bout de sa peine, serait-il assimilable à la négation de l’humanité?</p> <p>Craindre une rupture anthropologique entrainée par la virtualisation de nos relations interpersonnelles, fatalement accélérée pendant la pandémie, ou, pis encore, par la contestation des différences biologiques entre les femmes et les hommes, se justifierait pleinement. Comment ne pas s’en inquiéter? Pourtant, plus hystérique qu’une groupie sud-coréenne, Houellebecq persiste et signe une connerie prodigieuse: «Personne n’a envie de mourir. On préfère en général une vie amoindrie à pas de vie du tout; parce qu’il reste de petites joies.» Quel dommage que les plus de dix mille (sic!) personnes qui se suicident chaque année en France, la propulsant au podium des pays de l’UE où le taux de mortalité par suicide est le plus élevé, juste derrière les pays baltes et la Hongrie, ne puissent plus rien nous dire de leurs petites joies quotidiennes. Pas un mot! De même que les vieux oubliés dans leurs EPHAD, morts en masse pendant la canicule de 2003 ou maltraités à l'envi, n’ont pas la possibilité de donner leur avis sur la fraternité, la belle devise de la République, dont on ne manque pas une occasion de dévoyer le sens. Chantre du sordide, Houellebecq sait détourner son regard quand cela l’arrange. Et il n’est pas seul à le faire. </p> <p>A chaque fois lorsqu’on lance un débat sur l’aide active à mourir, s’ouvre en France un grand concours de beauté de faux-culs éhontés. Sur le podium de l’édition 2022 figure parmi d’autres Damien Le Guay, philosophe et conférencier, à qui <em>Le</em> <em>Figaro</em> a ouvert ses colonnes pour qu’il nous assène ses vérités, à commencer par un constat des plus curieux sur «la vraie incompatibilité entre l’euthanasie et les soins palliatifs». De quoi résulterait-elle? Comment justifier un tel constat? Pas d’explication. Il nous reste donc à croire Le Guay incapable d’imaginer que quelqu’un puisse choisir les soins palliatifs dans un premier temps et, finalement – usure, douleur ou peur aidant – décider d’y raccourcir son séjour en basculant vers le suicide assisté ou l’euthanasie. Mais le meilleur vient en conclusion de la longue tartine de notre philosophe-conférencier: «L’euthanasie est une idée séduisante aux effets calamiteux. Cette supposée "liberté", promue comme telle par les partisans de l’euthanasie, viendra affaiblir encore plus l’extrême faiblesse des personnes en fin de vie. 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Voilà ce qui explique le soutien massif à la légalisation de l’euthanasie en France, et qui ne faiblit pas au fil des années. </p> <h3>Couilles en or</h3> <p>Je n’aime pas la Suisse. Je ne voudrais pas y vivre et encore moins y mourir. A la slave que je suis, les Suisses donnent l’impression d’être perpétuellement sous une légère surdose de calmants, ce qui finit toujours par me déranger les nerfs. Mais la mollasserie apparente des Suisses dissimule leur grand pragmatisme et leur détermination plus grande encore dans chaque affaire qu’ils entreprennent. Généralement, ils se refusent aussi à tout fatalisme, ce qui mérite des applaudissements.</p> <p>De ce fait, je me suis passionnée pour l’histoire d’Alda Gross qui, à 82 ans, a saisi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), après avoir été déboutée par la justice suisse dans sa demande de recevoir un produit létal. Son parcours du combattant – c’est le cas de le dire – m’a été rapporté par le sulfureux président de Dignitas, Ludwig A. Minelli, en même temps qu’un mode d’emploi détaillé pour un suicide rapide. Je lui suis redevable à jamais. Nous nous sommes longuement entretenus dans les locaux de son association à Zurich, alors que je travaillais sur un livre-enquête consacré à la pratique de l’aide active à mourir en Europe. Successivement, madame Gross avait essayé d’obtenir un permis pour l’achat d’une arme à feu, ensuite d’un poison efficace, enfin d’une dose de pentobarbital de sodium – sans succès. Rien d’étonnant à cela, étant donné que la vieille dame ne souffrait d’aucune pathologie. Le ras-le-bol général de la vie, son seul argument, ne pouvait d’évidence satisfaire aucune autorité compétente. 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Deux siècles plus tard, nous sommes en Europe!» Voilà en grandes lignes le résumé de ma soirée du 1er mai 2004, date de l’entrée en vigueur du traité d’adhésion de dix pays de l’Europe centrale à l’Union européenne. On n’avait pas oublié ma Pologne natale dans le lot. J’allais enfin avoir le droit de faire la queue devant le panneau <i>EU CITIZENS ONLY </i>dans les aéroports. Ah, la fierté! Ce soir-là, mes amis français m’observaient avec indulgence, sinon avec condescendance. Souverainistes pour la plupart, ils avaient voté contre Maastricht et ne s’en cachaient pas. J’ai pris soin de leur épargner une dissertation savante sur le complexe concept d<i>’européanisation, </i>auquel j’ai consacré six années de ma vie et mille deux cents pages d’une thèse de doctorat, à présent ensevelie sous une épaisse couche de poussière au dixième sous-sol de Panthéon-Assas. En quittant l’anecdotique, j’ajoute que la foi européaniste m’habitait – enfin, l’ensemble de ma génération – depuis l’adolescence, comme la seule alternative envisageable et fiable, d’une part à la tentation xénophobe, et de l’autre à la loi du plus fort, lesquelles ravageaient de concert les débris de l’Empire soviétique. Certes, nous souhaitions connaître la prospérité, voyager et étudier où bon nous plairait, mais surtout, nous voulions les garanties d’un état de droit en Pologne. </p> <p>Curieusement, il nous a paru acceptable de payer un prix exorbitant en échange de ce privilège: celui d’une régression sociétale et d’une injustice criante à l’égard des femmes. Peu le savent, mais le «oui» écrasant (77,5%), qui l’a emporté lors du référendum d’adhésion à l’UE en Pologne, devait beaucoup à un accord contre-nature entre l’Eglise polonaise et la gauche, alors au pouvoir. Influente et incontournable, l’Eglise s’était engagée à prêcher la vertu du ralliement à l’UE, en contrepartie de quoi la gauche renonçait à tout bricolage autour de la loi interdisant l’avortement, autrement dit à sa libéralisation. Si la majorité des Polonais, moi y compris, avait oublié cette infâme affaire, tant les bénéfices de l’appartenance à l’UE sont nombreux, la dernière trahison de la gauche européenne, dégueulasse au-delà de l’entendement, me l’a bien rappelée. Depuis lors, je m’interroge: le jeu en valait-il vraiment la chandelle? Faut-il encore soutenir l’UE au vu de ses dérapages répétitifs concernant les valeurs fondamentales que cette institution prétend en même temps incarner et défendre? </p> <h3>Tu es belle, mon enfant, dans ton voile islamique</h3> <p>Il y a d’abord eu, à l’automne 2021, cette épatante campagne du Conseil de l’Europe, qui au prétexte de lutter contre le discours de haine antimusulman, vantait tout bonnement «la liberté dans le hijab» ou, en anglais dans le texte, «Joy in hijab». On s’étonne que le Conseil n’ait pas financé en prime des séjours en Afghanistan ou en Arabie saoudite à chaque Européenne qui souhaiterait s’éclater et profiter sans limites des loisirs et avantages réservés aux femmes dans les pays musulmans. Le fait que le Conseil de l’Europe soit une institution distincte de l’UE, contrairement au Conseil européen qui regroupe quant à lui les chefs d’Etat et de gouvernements des pays membres, ne constitue pas hélas une circonstance atténuante, étant donné que la Commission européenne a cofinancé la louable initiative via son programme «Droits, Egalité et Citoyenneté», doté de 439 millions d’euros pour la période 2014-2020.</p> <p>Personnellement, savoir cette somme plutôt allouée à la construction de la défense européenne me soulagerait grandement. Mais que valent les rêves d’une Européenne non-racisée, de surcroît originaire de l’Est, honteusement récalcitrant au progressisme en vogue? Certes, devant le tollé généralisé – au demeurant particulièrement vif en France, cramponnée à sa vision de la laïcité –, les images de femmes voilées tout sourire ont vite disparu. Pour autant l’attitude des institutions européennes, s’il n’y a pas lieu de parler d’une politique, n’a pas changé. Voilà qu’en septembre dernier, la Commission européenne a choisi d’illustrer son programme éducatif Erasmus avec une fillette voilée, à peine en âge d’aller au collège. C’est dire qu’Eric Zemmour a connu son orgasme de l’année! Oserait-on encore contredire Benjamin Sire, journaliste à l’hebdomadaire <em>Franc-Tireur</em>: «Un peu comme si l’Union européenne votait Reconquête…»? Et oui. Vous cherchez à expliquer l’ascension de Giorgia Meloni à Rome? Regardez donc ce qui se passe à Bruxelles. </p> <p>De surcroît, et c’est là où les choses se corsent, l’extrême droite europhobe s’érige au niveau européen en cette force politique qui tente de sauver notre maison commune de la noyade dans ses propres miasmes islamo-laxistes. Fou mais vrai. En France, on ne compte plus les ministres, femmes et hommes politiques, qui ont protesté avec fermeté contre les charmes du voile qu’agitait la Commission européenne. C’est tout à leur honneur. Reste que sur l’arène européenne, la France fait figure d’exception, comme l’a expliqué au <em>Figaro</em> Clément Beaune, l’ex-ministre délégué chargé de l’Europe: «La laïcité française est une vigie, qui nous permet d’être précurseurs: aujourd’hui peu de pays en Europe sont aussi vigilants que nous face à l’entrisme de l’islamisme radical dans nos sociétés.» Pis, de manière récurrente, la France se fait taxer d’islamophobie par la nébuleuse islamiste parée de ses plus beaux atours diversitaires. Comment en effet s’opposer au financement, avec l’argent des contribuables européens, d’une organisation telle que le FEMYSO, relais d’influence pour les Frères musulmans en Europe, ou de sa sœur l’EMU (European Muslim Union), dont l’effronté co-fondateur, l’avocat allemand Andreas Rieger, a regretté dans une vidéo enregistrée en 1993 que les nazis n’aient pas achevé l’extermination de tous les juifs? Si vous vous dites Européen, il vous faut accepter sans broncher que l’UE ait versé à l’EMU quelques 90'000 euros, rien qu’en 2019. Au premier signe de révolte, on vous imputera de nourrir la haine antimusulmane.</p> <p>Il y en a pourtant qui s’indignent, qui protestent, qui agissent, et qui n’ont rien à voir avec l’extrême droite. Normalien, agrégé de philosophie, autant dire un type qui sait tourner les verbes, François-Xavier Ballamy représente les Républicains au sein du groupe du Parti populaire européen (PPE) et ne semble pas prêt à se dégonfler face aux tentatives d’intimidation des bien-pensants. En 2021, Bellamy rapportait dans la presse française une scène qui nous ferait bien rire, si elle ne trahissait pas une fragilité extrême, peut-être même fatale, des institutions européennes: à l’occasion d’un événement réunissant des jeunes à Strasbourg, une fille voilée a pris la parole dans l’hémicycle du Parlement pour dénoncer…l’islamophobie structurelle dans l’UE, soutenue en cela, et applaudie, par de nombreux parlementaires de la gauche à LREM. On dirait que le passe-temps favori de certains députés européens consiste à scier la branche sur laquelle sont assis 446 millions d’habitants. Mais notre député n’a rien d’un suicidaire, au contraire. En dénonçant à juste titre le «déni de réalité» des institutions européennes, Bellamy a demandé le 6 octobre dernier qu’il soit voté un amendement pour empêcher de financer avec le budget européen la moindre campagne promotionnelle du voile islamique. Aurait-on pu choisir meilleur moment pour réclamer à ce qu’en Europe, au moins, cesse l’infâme invisibilisation des femmes, la détestation de leur corps, leur oppression au nom d’une religion? Sûrement pas. Au moment où des milliers d’Iraniennes héroïques brûlent leurs tchadors au risque de leur vie, l’Europe devrait réaffirmer à la fois ses valeurs et la cause des femmes. Sauf que l’Europe n’a rien fait. Enfin si: l’Europe a trahi ses principes par l’aveuglement idéologique des élus de la gauche, des Insoumis, des écolos, et même de quelques députés LREM, qui se sont levés pour que l’amendement soit rejeté. Et la politologue Djemila Benhabib, militante laïque condamnée à mort par le Front islamique du djihad armé de conclure: «Pour celles et ceux qui se sont entichés du voile pour le faire passer comme un accessoire, la liberté est dans le hijab. Ceux-là n’ont jamais risqué un cheveu de leur tête. Les Iraniennes, elles, affrontent la mort, la regardent en face, droit dans les yeux, sans jamais baisser la tête. Ces femmes sont libres, immensément, dans un pays où la mort rode à chaque coin de rue. En Europe, la liberté ne signifie plus rien.»</p> <h3>Ode européenne à l’hypocrisie</h3> <p>Aveugle sur l’entrisme islamiste au sein de ses propres institutions, l’UE par la voix de ses ministres a tout de même, bien après les Canadiens et les Américains, décidé d’adopter des sanctions contre la police des mœurs et onze dirigeants iraniens. La gloire! Habitués aux condamnations et restrictions occidentales depuis des décennies, les barbus de Téhéran doivent en trembler de peur. Tout comme frissonnent leurs homologues de l’Episcopat polonais, à qui la gauche avait accordé en son temps licence de toute-puissance sur la vie des Polonaises au prétexte de l’adhésion à l’UE. Quand pourra-t-on enfin dire «le roi est nu», sans passer dans la catégorie d’affreux réactionnaires et sécessionistes? En Pologne du moins, l’euroscepticisme relève toujours du blasphème. Et pour cause.</p> <p>Peu de routes ou d’écoles ont été construites en Pologne autrement qu’avec l’aide des fonds européens. Soutenir que la Pologne n’a pas profité de son appartenance à l’UE serait absurde. Quiconque a eu l’occasion d’y mettre les pieds dans les années 90 et aujourd’hui constate un bond civilisationnel qui tient du prodige. Mais serions-nous cependant devenus plus européens que nous ne l’étions en 1989? On en douterait, à regarder les vitrines de certains commerces ornées d’autocollants qui clament fièrement «LGBT Free Zone». Que faire, alors? Introduire les «<i>gender studies</i>» dans chaque université polonaise où, par ailleurs, les étudiantes de confession musulmane auraient le droit de se pavaner enfouies sous des burqas? En toute sincérité, je me félicite qu’on ignore (encore?) de telles avancées au bord de la Vistule. De même que je déplore la totale inefficacité de l’UE face aux outrances du gouvernement populiste de Kaczynski, qui n’a certainement pas servi son peuple en se subordonnant la justice ou en essayant de museler la presse.</p> <p>Et que penser du «noyau» européen, de ces anciens pays membres de l’UE tiraillés entre l’islamo-wokisme de l’extrême gauche et les obsessions «grand-remplacistes» de l’extrême droite? Les hurlements rageurs des minorités diverses et variées n’y laissent plus entendre la voix de la majorité. En outre, quand elle réussit à percer, elle aussi nous fige de stupeur. Tendez l’oreille. Ce petit refrain à la con qui agrémente le journal de 20 heures sur France 2, les élections nationales aussi bien que les sommets européens, à vous donner envie de foutre le camp sous les tropiques: «Tout va bien, tout va très bien madame la marquise…» Justement, plus rien ne va. Dotée de mécanismes qui préservent les préférences nationales en matière de mœurs, de culture et de valeurs – en Pologne, le respect des valeurs chrétiennes figure dans la Constitution – l’Union européenne peine à définir clairement l’européanité. Que veut dire «européen»? </p> <p>Le processus d’<i>européanisation,</i> qui m’a valu de passer beaucoup de nuits blanches devant l’ordinateur, désigne la construction, la diffusion et l’institutionnalisation de règles formelles et informelles, de procédures, de paradigmes politiques, mais aussi de styles, de «façon de faire», de croyances et de normes, d’abord formulés et consolidés au cours des politiques de l’Union européenne, et ensuite incorporés dans la logique des discours et structures politiques des pays-membres. C’est triste à mourir, compte tenu de la crispation de l’Union européenne à réaffirmer ce qui autrefois faisait la fierté de chaque Européen: l’héritage judéo-chrétien, celui de Rome et d’Athènes, des Lumières enfin, qui nous ont appris à chérir la liberté de conscience, plus large que n’est la liberté religieuse. S’il me fallait réécrire ma thèse aujourd’hui, j’y soutiendrais que l’européanisation renvoie à une lente désillusion, à la fatigue d’être soi, au désenchantement, voire à une forme de honte. 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S’il est difficile de dater avec précision le début de la Fridamania, à n’en pas douter son <em>biopic</em> made in Hollywood, avec la bombastique épouse de François-Henri Pinault dans le rôle principal, a grandement accéléré le mouvement. Depuis sa sortie en 2002, il est plus difficile d’échapper à Frida qu’à la pollution atmosphérique.</p> <p>Décédée en 1954, Frida n’a plus rien de nouveau à nous montrer de son art, qui a fait l’objet de moult expositions d’envergure, à commencer par sa rétrospective à la prestigieuse Modern Tate à Londres, en 2005. Mais décidemment, quand on n’en peut plus, on peut encore. Il suffit de se gratter un peu la cervelle et de trouver un bon angle d’attaque.</p> <p>A Paris, on sait faire. Le sublime Palais Galliera qui abrite le musée de la Mode, nous convie ainsi à découvrir Frida «Au-delà des apparences». En d’autres termes, on y scrute à la loupe, au sens propre comme au figuré, l’intimité de l’artiste sulfureuse: ses flacons de parfum et de potions médicinales, ses rouges à lèvres Revlon et ses parures en or, ses châles tissés à la main et ses chaussures orthopédiques faites sur mesure chez un bottier de la rue du faubourg Saint-Martin, enfin ses lettres et ses photos de famille. Frida la fashionista, pourquoi n’y a-t-on pas pensé plus tôt?</p> <p>En pionnière de la tendance <em>gender fluid</em>, elle nous jette des clins d’œil foudroyants de dessous ses sourcils à la Brejnev, hissée à une hauteur digne de notre époque. Faut-il vous décrire ses portraits en costume d’homme? Alors! L’heure du rattrapage vient de sonner. Ce qui est fantastique avec Frida, c’est que chaque femme, ou presque, risque de trouver en elle son reflet. Vous ne correspondez pas à un canon de beauté? Elle non plus. Seriez-vous moustachue, peut-être? Pas de raison d’en désespérer, la <em>it girl</em> mexicaine en a fait sa force, en revendiquant fièrement son androgynie: «Du sexe opposé, j’ai la moustache et le visage en général.» Que donc vous soyez handicapée, métisse, communiste ou bourgeoise, cocue ou libertine, émancipée ou épouse dévouée, forcément vous allez reconnaître une part de Frida en vous.</p> <p>Gare toutefois à celles qui s’apprêteraient à copier son look à l’identique. Frida a eu une opinion tranchée sur ce qu’on dénonce à présent sous l’appellation de «l’appropriation culturelle» et la langue bien pendue pour l’exprimer. Enveloppée dans un sari indien en guise de robe du soir, Peggy Guggenheim a payé les frais de la méchanceté tueuse de notre grande défenseuse de l’authenticité vestimentaire: «une Gringa juive, qui fait chier comme les autres, déguisée en Indienne de cirque, pleine aux as et de la merde dans la tête.» Vous êtes prévenues, mesdames. Par chance, nous ne saurons jamais ce que Frida aurait eu à dire à propos de cette Boche de Claudia Schiffer, affublée par Karl Lagerfeld d’une couronne de fleurs et d’un mono-sourcil comme tracé au charbon pour l’édition allemande de <em>Vogue</em>, en mars 2010. Pourtant, la mexicanité idolâtrée par Frida en tant qu’élément fondamental de son identité, a des origines lointaines: Wilhelm, son photographe de père, fut un émigré allemand arrivé au Mexique à dix-huit ans. Quant à Magdalena, sa mère, petite fille d’un général espagnol du côté de sa mère et d’un indigène purépecha du côté de son père, elle aurait pu, tout au plus, prétendre au statut de <em>mestiza</em>. On s’amuserait beaucoup en pariant si de nos jours, Frida elle-même réussirait à éviter un seau d’eau froide envoyé à la figure par les autochtones de Tehouantepec, où l’artiste n’a jamais mis les pieds, adoptant cependant avec une grande liberté les habits traditionnels des femmes de cette province reculée. Achevé en 1943, <em>Autoportrait en Tehuana</em> <em>(Diego dans mes pensées)</em>, son plus grand format, dégage un délicat parfum d’usurpation qu’on n’ose pas analyser de près sous peine de passer pour blasphémateur. </p> <p>Non que Frida manquait de qualités ou d’idées salvatrices. Le tragique accident de bus auquel elle a survécu dans sa prime jeunesse aurait eu de quoi abattre le mieux payé des gourous de la psychologie positive. Elle a souffert de nombreuses fractures de la colonne vertébrale, la clavicule, des côtes, de la hanche, la jambe droite, et pire encore, s’est faite littéralement empaler par une tige d’acier qui l’a transpercée en sortant par le vagin. Le commentaire admirable d’autodérision et d’ironie de la victime: «J’ai perdu ma virginité!» On ne sait d’où on tire une telle force de caractère. En revanche, on suppose sans risque de se tromper que Frida a dû inspirer, outre quelques couturiers-vedettes à qui on réserve une partie du parcours de l’exposition, nombre de handicapés, et notamment de femmes.</p> <p>Loin de se murer dans sa douleur, elle en a fait sa marque de fabrique, astucieusement cachée-affichée par les corsets qu’elle avait peints elle-même ou sous ses colorés <i>rebozos, </i>que lui enviaient les mondaines de New York et Paris. Tout au long de sa vie, elle a conservé un contrôle total de son image, qu’il s’agisse de ses autoportraits ou des photos d’elle par les photographes de renom pour ne citer que Toni Frissell ou Nickolas Murey. Consciente du pouvoir des vêtements et des accessoires, elle ne s’habillait pas mais s’exprimait à travers sa garde-robe, l’exact contraire de ce que nous donnent à voir les influenceuses les plus populaires. Même si, paradoxalement, c’est probablement Kim Kardashian qu’il faudrait désigner comme la plus fidèle disciple de Frida, celle qui a compris qu’il ne faut pas passer inaperçue dans la vie, sous quelque prétexte que ce soit. Que lorsque l’on n’a pas une once de talent dans aucun domaine hormis le marketing et des fesses d’un volume impossible à dissimuler, le mieux à faire est de les exhiber devant le monde entier. Autrement dit, transformer ses défauts en atouts. Pour cela: merci, Frida!</p> <hr /> <h4>Exposition «Frida Kahlo. Au-delà des apparences», jusqu’au 5 mars 2023. Paris, Palais Galliera, 10, av. 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Très peu pour eux, qui refusent de conjuguer l’âge avec le renoncement et emmerdent royalement les trouble-fêtes, fâcheusement hypnotisés par la beauté de la jeunesse.</p> <p>Si la révolte contre l’invisibilisation des personnes âgées qu’ils annoncent a de quoi réjouir, tant il est insupportable de voir une demoiselle de 30 ans faire la publicité d’une crème anti-rides, elle a aussi de quoi énerver. A l’image des néo-féministes soucieuses d’expliquer aux femmes pourquoi elles sont victimes du patriarcat et comment s’en émanciper, l’avant-garde des baby boomers entend inculquer aux jeunes de leur âge que la vieillesse rime avec la joie, si par hasard ils n’avaient pas eu l’occasion de s’en apercevoir par eux-mêmes.</p> <h3>Réjouis-toi dans ta vieillesse</h3> <p>La réécriture de l’Ecclésiaste est clairement en cours. A en croire les témoignages de seniors médiatisés, la vie nous offre le meilleur après la cinquantaine. Qu’il s’agisse d’ex vedettes du cinéma, d’anciennes top models, de sportifs médaillés à la retraite ou d’intellectuels dont la carrière a décollé avec le lancement d’<i>Apostrophes</i>, tous nous font part de cette excellente nouvelle. Ceci avec autant de conviction que les jeunes cadres dynamiques doivent frétiller d’impatience à la perspective de prendre de la patine. Pascal Bruckner, 74 ans, évoque ainsi poétiquement «un été indien de la vie», et divulgue de bon cœur la composition de son élixir de jouvence, à l’occasion de la parution de son dernier essai <i>Une brève éternité. Philosophie de la longévité </i>(Grasset, 2019): «(…) bien vieillir c’est d’abord renoncer au renoncement. C’est ne jamais se résigner à l’âge de ses artères.» De son côté, la journaliste Laure Adler, 73 ans, renchérit dans les pages de <em>Libération</em> qui vient de consacrer un dossier spécial au vieillissement: «Vieillir c’est être sauvage, en colère, passionné. Vieillir ce n’est pas devenir raisonnable.»</p> <p>En somme, vécue en mode ado, avec ce qu’il faut d’énergie et de ressources, la vieillesse sonne comme un épanouissement et une aventure. Gare aux septuagénaires qui oseraient se plaindre de la solitude, du manque de moyens, du sentiment de dépassement ou de fatigue. Vieillissez jeune, bordel, et vous verrez que c’est cool! Après une vie de dur labeur sur des chantiers ou dans une étable, chaussez vos Converse et allez battre le pavé de la capitale pour montrer aux jeunes actifs que vous existez. Rebelle un jour, rebelle toujours! On a beau moquer l’esprit 68, il revient sur le devant de la scène avec le même mépris du réel et la même arrogance qui furent sa marque de fabrique à l’origine.</p> <h3>Vieillesse de masse</h3> <p>Dans un demi-siècle la France comptera 200'000 centenaires. En 2035, autant dire demain, les plus de 60 ans constitueront plus de 30% de la population française selon l’Insee, dépassant en nombre les moins de 20 ans. Reste à déterminer à partir de quand devient-on vieux, ce qui ne paraît pas plus simple que d’établir quand devient-on adulte.</p> <p>Jamais, à s’en fier aux déclarations guerrières de Laure Adler, qui ne manque pas de noter que l’âge est aussi un sentiment, pour mieux conjurer les jeunes de ne pas confondre l’image que la société donne des personnes âgées avec «ce que nous sommes en notre for intérieur». Pourtant, il ne suffit pas de se sentir ballerine dans l’âme pour savoir bien danser. A force de distiller une curieuse propagande du jeunisme à travers un discours censé défendre les intérêts des vieux, on finit par se demander pourquoi on ne voit pas, dans un pays où manifester relève d’un sport national, des Français qui réclameraient de repousser le départ à la retraite à 70 ans? Manquerait-on de volontaires? Alors, s’il faut féliciter certains seniors de leur forme, il faut également rester lucide sur la diversité d’expériences de vie et de ressentis.</p> <p>Face à la vieillesse, nous ne sommes ni tous égaux ni tous équitablement entourés de proches et pourvus en services qui allégeraient ses désagréments. Certes, selon les statistiques, seulement une personne de plus de 85 ans sur cinq est dépendante. Qui oserait minimiser une avancée à ce point extraordinaire? Elle nous rassure, voire exalte, tout comme la certitude désormais scientifique que de la même manière que nous avons gagné une vingtaine d’années de vie depuis les années 50, nous en gagnerons encore, ce qui projette l’humanité devant le pronostic vertigineux de 150 ans d’espérance de vie. Reste que jusqu’à présent, le progrès de la médecine permet de prolonger davantage la vieillesse que la jeunesse. A l’instar de ce publicitaire à la retraite dans <i>Un homme </i>de Philip Roth, nous sommes efficacement réparés, organe après organe, sans espoir qu’un jour notre corps redevienne celui qui nous permettait d’enchaîner les nuits blanches et les heures sup’. Crier qu’on s’éclate autant à 70 ans qu’à 20 et qu’en conséquence on emmerde le reste du monde, revient à éclipser les questions éthiques, philosophiques et sociales, auxquelles le vieillissement de masse nous confronte.</p> <h3>La naissance de la vieillesse</h3> <p>Au moment des premiers congés payés dans les années 30, Paul Morand publie son <em>Eloge du repos</em>, comme pensé à l’adresse des classes laborieuses qui s’apprêtaient à gouter au luxe du désœuvrement, auparavant réservé aux seuls <em>happy few</em>: «L’oisiveté exige autant de vertus que le travail: il faut la culture de l’esprit, de l’âme et des yeux, le goût de la méditation et du rêve, la sérénité, toutes valeurs bien rares aujourd’hui.»</p> <p>Un siècle plus tard, il nous serait fort utile de disposer d’un pareil manuel pour mieux préparer et vivre la vieillesse, un phénomène nouveau dans l’histoire de notre espèce et inconnu chez les autres, hormis les animaux que nous avons réussi à domestiquer. Sans oublier que ce qu’il convient de qualifier de notre problème avec le fait de vieillir, ne concerne que les pays les plus riches. En Afrique on meurt toujours avant atteindre un demi-siècle.</p> <p>Vous l’aurez compris, ne vieillit, et <i>a fortiori </i>bien, que celui qui en a les moyens financiers, tout d’abord pour se nourrir convenablement et se soigner, mais aussi pour se garantir un accès à une vie sociale et culturelle. Comment payer ses compléments alimentaires non remboursés par la sécurité sociale, ses sorties au théâtre ou ses voyages, avec 1'500 euros brut par mois, le montant d’une retraite moyenne en France? Néanmoins, pour 72% des Français, le mot qui correspond le mieux quand ils pensent à la retraite est le mot «liberté» (sondage réalisé par le groupe Prévoir, mars 2011). Là encore, il y a de quoi se réjouir, surtout en ajoutant qu’à peine 6% des questionnés associent le départ à la retraite avec «isolement», et 5% avec «inutilité». La réalité est-elle à la hauteur de ces résultats?</p> <p>Difficile de le savoir avec exactitude, car la France est aussi est un pays où on souffre beaucoup de solitude: plus de neuf millions de Français vivent dans une solitude chronique, à s’en fier aux résultats du baromètre <i>Les Français et la solitude </i>de 2022. Or, vieillir bien suppose de vieillir entouré. Autant pour le moral que pour des raisons purement biologiques, étant donné que les stimuli de l’entourage ralentissent la dégénérescence neurologique, nous avons besoin de liens avec les autres. Aussi indispensable l’un comme l’autre, au capital tout court s’ajoute donc le capital affectif, contribuant à creuser la disparité entre les vieux.</p> <p>Les initiatives telles que le Conseil national autoproclamé de la vieillesse, notamment voué à la lutte contre «l’ephadisation» des personnes âgées, se multiplient ces trois dernières années, quand, au prétexte de mieux les protéger, les mesures anti-Covid ont purement et simplement coupé les résidents des EPHAD et des maisons médicalisées du monde extérieur. S’il y a lieu de les saluer dans leur combat contre l’infantilisation des vieux et la néfaste surprotection dont on essaie de les entourer à leur corps défendant, il serait trop naïf de croire qu’un seul «peuple des vieux» existe, comme le suggère, sinon usurpe, Laure Adler en lançant: «Nous, le peuple des vieux, nous commençons à résister!» Entre vieux et ceux qui vont le devenir disons-nous clairement que cette fausse unité sous le drapeau délavé de la vieillesse, qui suffirait alors à constituer un catégorie sociale homogène, non seulement ne convainc pas, mais fait tout bonnement rire. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
4 Commentaires
@Laurentvallotton 14.10.2022 | 09h25
«Magnifiquement dit!»
@camomille 14.10.2022 | 18h18
«Enfin quelqu'un qui ose taper sur les "me too" et autre éco-féministes!
Ces dernières m'emmerdent, elles ne sont pas drôles, manquent totalement d'auto-dérision ou rient de leurs propres plaisanteries, exagèrent, en rajoutent...Il n'y a rien de plus terrible qu'une femme revancharde...Bon, peut-être doivent-elles aller trop loin pour pouvoir retrouver une posture équilibrée...»
@simone 14.10.2022 | 22h14
«Merci, Madame, du fond du coeur.
Suzette Sandoz»
@Maryvon 17.10.2022 | 09h01
«Merci d'avoir rédigé cet excellent article. Ces mouvements néo-féministes se radicalisent de plus en plus et nous devons déplorer que la présomption d'innocence ne soit plus qu'un heureux souvenir. N'importe quelle femme peut briser la vie d'un homme, d'un collègue qui lui aurait fait une remarque sur la qualité de son travail puisqu'elle est certaine que personne ne doutera de sa parole. C'est effrayant. Cela s'apparente à du fascisme.»