Actuel / Nous n’avons pas gagné, mais ils ont aussi perdu
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Dans ce texte écrit pour Bon pour la tête, Dick Marty analyse la campagne hors-norme qui a été menée par les opposants à l'initiative pour des multinationales responsables dont il a été un des fers de lance.
Par Dick Marty
Si le vote du 29 novembre a mis fin au tumulte de la campagne qui l’a précédé, il ne clôt certainement pas la question de la (non) responsabilité des sociétés multinationales agissant dans des pays aux institutions fragiles. La majorité du peuple a désavoué le Conseil fédéral et le Parlement et a ainsi estimé intolérable qu’une société dont le siège est en Suisse ne réponde pas devant la justice des dommages qu’elles ont causés par des violations des droits de l’Homme et des normes internationalement reconnues en matière d’environnement. L’initiative, on le sait, a échoué n’obtenant pas la majorité des cantons. On savait que cet obstacle serait très difficile, on connaissait les règles du jeu et il ne s’agit pas de les contester après coup. On est en droit, cependant, de s’interroger si cette double majorité est toujours justifiée. La question a déjà été soulevée dans le passé et pas par n’importe qui. Dans un ouvrage publié en 1983 et consacré aux institutions politiques de la Suisse, Jean-François Aubert, constitutionnaliste réputé (j’ai eu la chance de l’avoir comme professeur) et ancien Conseiller aux États remarquait que la double majorité se justifiait lorsque la norme proposée portait atteinte au pouvoir des cantons. Mais, ajoutait-il, «la situation serait gênante si les cantons empêchaient l’adoption d’une norme qui n’a rien à voir avec la structure fédérative du pays». Très gênant. En effet, l’initiative sur les multinationales n’aurait entraîné aucune conséquence pour les cantons. Comme il y a peu de chance de pouvoir modifier la constitution en ce sens, il faudrait peut-être songer à introduire un droit d’initiative législative ce que par ailleurs la grande majorité des cantons connaît déjà. Le débat sur le plan fédéral n’est pas nouveau et il mériterait d’être repris, ce qui ne pourrait que renforcer notre démocratie. Cette possibilité de lancer une initiative populaire non pas pour modifier ou compléter la constitution, mais pour proposer une loi déjà élaborée ou formulée en termes généraux n’aurait pas seulement l’avantage d’éviter le blocage de la part de minorités nullement concernées par les dispositions suggérées, mais surtout, elle permettrait d’éviter de charger inutilement la constitution avec des dispositions qui n’ont pas l’importance ni la dignité d’une charte fondamentale. Rappelons que lors de référendums, plusieurs lois fédérales ont été adoptées par le peuple, mais pas la majorité des cantons. Ce fut le cas, par exemple du Code pénal de 1937, un texte très contesté à l’époque.
L’énervement des opposants
Le succès populaire de l’initiative, annoncé par les sondages, a passablement énervé les opposants. J’ai eu la nette impression que l’originalité de la campagne, le savoir-faire et la capacité de mobilisation des initiativistes ont vite créé une certaine panique auprès des organisations qui affirment défendre les intérêts de l’économie. On a même eu l’impression qu’on avait de la peine à tolérer qu’une telle campagne puisse être conduite par des ONG avec le large soutien de citoyen-ne-s, sans la participation de partis politiques ni le soutien de grands sponsors (mais qu’est-ce qu’ils se permettent ces jeunes?). La machine de guerre des grandes agences de relations publiques s’est alors mise en mouvement. La ministre de la Justice aussi. Et là se pose une question: est-ce vraiment le rôle du Conseil fédéral de s’engager de cette façon contre une initiative populaire? Car c’est bien la façon qui interpelle. Une comparaison avec le style et l’attitude de la ministre de la Défense lors de la récente campagne sur les avions de combat (aussi très émotionnelle) est frappante. On me reproche (entre autres, un ancien Conseiller fédéral) d’avoir été excessivement dur avec la ministre de la Justice. J’assume. Le Conseil fédéral a parfaitement le droit de s’opposer à une initiative, mais il doit le faire avec objectivité et une certaine retenue. On parlait naguère des Sept Sages (les Landesväter), cela exprimait bien l’image du rôle qu’on se faisait du Conseil fédéral. Le monde change (pas toujours en mieux, d’ailleurs), mais j’ai de la peine à accepter – en fait, je ne peux pas le tolérer – qu’un membre du gouvernement, parlant au nom de ce dernier, puisse avec l’autorité que lui confère son statut de magistrat, faire des affirmations contraires à la vérité. Je trouve simplement indigne qu’on nous ait taxés de néocolonialistes. Si ce sont les opposants qui lancent de telles accusations, passe, mais je trouve franchement inconvenant que cela vienne d’un membre du Conseil fédéral. Dans le cas d’espèce c’est d’ailleurs grotesque: on proposait de conférer à des personnes, qui ne peuvent obtenir justice dans leur pays, de le faire auprès du tribunal civil du lieu où la société a son siège en Suisse. Qui est plus proche du colonialisme, celui qui veut conférer des droits à des laissés-pour-compte, ou ceux qui exploitent les richesses d’un pays sans que l’ensemble de la population en profite? Est-il admissible, pour ne faire qu’un exemple, qu’une ministre de la Justice ait continué à reprocher à l’initiative de bouleverser les principes élémentaires du droit en introduisant le renversement du fardeau de la preuve? Selon elle, en effet, le texte prévoyait qu’il incombait à l’entreprise de prouver qu’elle n’avait commis rien de répréhensible. Faux. Le renversement du fardeau de la preuve est en fait une notion relevant du droit pénal, pas du droit civil. On a ainsi sciemment créé une confusion entre cette notion pénale avec la clause libératoire prévue depuis des décennies à l’article 55 du Code des obligations au sujet de la responsabilité de l’employeur. Cette clause – en fait favorable à l’entreprise – a été reprise par l’initiative et il était absolument clair que le dommage subi devait être prouvé par le lésé. Des professeurs de différentes facultés de droit se sont déclarés (dans la NZZ !) irrités que la ministre de la Justice persiste avec de telles affirmations juridiquement fausses et contraires à la vérité.
Le ministre qui a chanté les louanges de Glencore
Deux autres observations concernant le Conseil fédéral. Est-il normal que le ministre des Affaires étrangères se rende, pendant que le parlement débat de l’initiative, expressément pour visiter une mine de Glencore en Zambie et chanter les louages de l’une des entreprises les plus controversées au monde? Cela est d’autant plus étrange, que notre pays n’a pas d’ambassade ni de bureau de l’aide au développement en Zambie. Le Conseiller fédéral n’a même pas jugé bon de rencontrer les associations de victimes qui luttent contre l’entreprise pour obtenir réparation des torts subis. Le chef des finances de son côté n’a pas hésité à faire campagne pour son compte contre l’initiative en saisissant toute occasion pour en dire tout le mal possible («les initiativistes me rendent malade»). Le Conseil fédéral envoie cependant le ministre de la Santé (qui est notoirement pour le OUI) parler à la radio et à la télévision pour illustrer la position négative du gouvernement. Collégialité? Non, bizarre.
Brabeck n’a-t-il pas compris le texte?
Invité vedette d’une émission TV en première soirée, le personnage jouit d’une grande renommée. Il parle de l’initiative et estime intolérable que l’on prévoie des mesures pénales. Pénales? Ou il n’a pas lu le texte ou s’il l’a lu il n’y a rien compris. Quoi qu’il en soit, inquiétant pour une personne qui a été à la tête d’une multinationale avec 25'000 employés et un chiffre d’affaires d’environ 90 milliards. Peter Brabeck, c’est de lui qu’il s’agit, a été le président du conseil d’administration de Nestlé. Pour ce seul job à temps partiel (il est membre de conseils d’autres importantes sociétés), il a perçu un cachet annuel de plus de 6 millions. Cela correspond à la masse salariale d’au moins 100 infirmières. Mais, si l’une d’entre elles devait commettre une telle faute d’une telle gravité, elle serait virée sur le champ et risquerait – elle oui – d’avoir affaire avec le juge pénal.
Affirmations non-vérifiées
Autre contrevérité manifeste: aucun pays au monde ne prévoyait une telle responsabilité. Faux. C’est assez surprenant de constater que les médias de référence ne se soient pas donné la peine de vérifier de telles affirmations. Un seul exemple. En 2015 déjà, un juge britannique a déclaré admissible une action civile contre la multinationale Vedanta accusée d’avoir empoisonné l’eau potable de villageois en Zambie. Après la juridiction d’appel aussi la Cour suprême a confirmé la décision, en arguant que, étant donné que les villageois zambiens n’ont pas un accès véritablement libre et objectif à la justice de leur pays, il est parfaitement justifié qu’ils puissent accéder au tribunal civil de Londres, siège de la société, pour exiger la réparation du dommage subi. Exactement ce que demandait l’initiative. Une procédure analogue est en cours au Canada pour des accusations d’esclavagisme en Érythrée, en France pour des faits qui auraient eu lieu en Ouganda. On n’aurait donc pas été les premiers. Et même si nous l’avions été, cela aurait été si grave? L’affirmation et la défense des droits de l’Homme ne sont-elles pas l’un des piliers de notre politique étrangère, comme on aime si bien le rappeler à chaque occasion?
L’engagement du Credit Suisse contre l’initiative
L’initiative a été lancée suite à de nombreux scandales provoqués par des multinationales suisses (en fait, de suisse elles n’ont souvent que le siège) dans des pays pauvres et fragiles où les victimes sont abandonnées à elles-mêmes ainsi qu’au refus de la politique de réagir. Le Credit Suisse est l’une des seules banques à s’être activement engagée contre l’initiative. Hasard, si elle est mêlée en un grand scandale financier au Mozambique? Hasard aussi que l’un de ses plus grands actionnaires soit le Qatar (qui a sauvé la banque en 2008), pays qui méprise notoirement la démocratie et l’État de droit et qui – autre hasard – est l’un des principaux actionnaires de Glencore? Même l’Union suisse des paysans s’est opposée à l’initiative, alors que les agriculteurs devraient bien savoir ce que cela signifie d’être le plus faible au sein de la société et se trouver le plus souvent à la merci de puissants groupes de distribution. Pourquoi investir tant d’énergie pour défendre quelques moutons noirs comme Glencore et Syngenta et prendre pour cela en otage les PME, alors que celles-ci (à l’exception de quelques cas particuliers) n’avaient absolument rien à craindre de l’initiative (et le premier à l’avoir affirmé n’est autre que le directeur de l’USAM)?
En fait, la classe politico-économique qui s’est engagé contre l’initiative est celle-là même qui a essayé de cacher le scandale des biens en déshérence (les fameux peanuts du CEO de la plus grande banque suisse), qui a refusé un débat ouvert et transparent sur le rapport de la Commission Bergier, qui s’est opposée pendant des années avec succès contre une législation sur le blanchiment d’argent, qui clamait qu’on ne saurait mettre en cause le secret bancaire, alors qu’elle ne se rendait même pas compte qu’il était en train de tomber en ruine depuis longtemps …
Les Eglises durement critiquées
La victoire des ONG devant le peuple a profondément irrité ces milieux et tout de suite après leur succès populaire des appels au boycott et à des mesures de rétorsion ne manquent pas. On propose ainsi d’abolir la défiscalisation des donations aux ONG. Même un ancien Conseiller fédéral – toujours lui – s’est prêté à ce navrant spectacle en invitant en fait à ne plus soutenir ces organisations qui se sont engagées en faveur de la campagne. Les Eglises aussi ont été durement critiquées et accusées de faire de la politique, comme si elles devaient se taire lorsque des sujets de nature sociétale et éthique sont en jeu. N’a-t-on jamais pris connaissance des encycliques du Pape? Le débat politique devrait être l’exclusivité d’une autoproclamée élite? Quant aux ONG il faut bien préciser une chose. Leur contribution n’a été qu’une fraction minime du budget de campagne. Celle-ci a été financée par des dizaines de milliers de citoyennes et citoyens selon leurs moyens (une moyenne de 75 francs par don environ) avec une ferveur incroyable, ce qui a permis de mener une campagne originale et intense. C’est tout simplement sensationnel et c’est bien ce qui agace ceux qui se considèrent les officiels de la politique. Quant aux principales ONG il faut ajouter que – contrairement aux partis politiques et à Economiesuisse – elles sont certifiées par un organisme extérieur (ZEWO) et que chaque franc reçu est traçable en toute transparence. Contrairement à ce que disent certains oracles sur les plateaux de télévision, les ONG ne bénéficient pas de subsides de l’État. Elles sont rétribuées pour des mandats qu’on leur confie ou pour des programmes qui sont reconnu d’intérêt général. Les moyens mis à disposition de la campagne n’ont strictement rien à voir avec ce genre de rétributions. Sur les coût de la campagne de chiffres fantaisistes ont été publiés. Les responsables de la campagne en faveur de l’initiative ont toujours dit qu’ils étaient prêts à publier les comptes, si l’autre camp en faisait de même. Ce qu’Economiesuisse a toujours refusé. Pour donner une idée des proportions, mentionnons simplement une recherche de l’Université de Berne qui a établi que le camp du NON à placé au moins deux fois plus d’insertions que les favorables à l’initiative.
De l’utilité des ONG
Les ONG contribuent à exprimer la sensibilité, les craintes et les attentes de nombreux citoyen-ne-s. C’est très souvent grâce à elles si des avancées sociales et éthiques ont été possibles que ce soit dans la protection des droits de l’Homme, de la lutte contre l’impunité, de la défense des minorités, de la sauvegarde de l’environnement. Alors que de nombreux médias renoncent de plus en plus à un journalisme d’investigation, c’est très souvent grâce au travail remarquable d’ONG que des scandales et des injustices sont publiquement révélés et dénoncés. Prenons acte avec effarement qu’on veut les faire taire ; c’est ce qui se passe dans les régimes autocratiques, de la Russie à la Chine, de la Turquie à la Hongrie et c’est ce que Trump a commencé à faire. Cela ne se passera pas sans une forte réaction de la société civile. Nous avons besoin plus que jamais de voix critiques. Surtout en cette période. La pandémie est en train de jeter dans la pauvreté extrême des dizaines de millions de personnes, alors que le petit groupe de milliardaires continue à accumuler argent et pouvoir. La véritable économie souffre et de nombreuses PME risquent de disparaître et les organisations qui prétendent les représenter auraient été bien inspirées de se soucier des vrais problèmes de la branche. Au même moment, la bourse et la finance flambent. Décidément, comme le disait Hamlet, il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark. Faire passer cela pour du libéralisme est une imposture.
Les intertitres sont de la rédaction
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La question a déjà été soulevée dans le passé et pas par n’importe qui. Dans un ouvrage publié en 1983 et consacré aux institutions politiques de la Suisse, Jean-François Aubert, constitutionnaliste réputé (j’ai eu la chance de l’avoir comme professeur) et ancien Conseiller aux États remarquait que la double majorité se justifiait lorsque la norme proposée portait atteinte au pouvoir des cantons. Mais, ajoutait-il, «la situation serait gênante si les cantons empêchaient l’adoption d’une norme qui n’a rien à voir avec la structure fédérative du pays». Très gênant. En effet, l’initiative sur les multinationales n’aurait entraîné aucune conséquence pour les cantons. Comme il y a peu de chance de pouvoir modifier la constitution en ce sens, il faudrait peut-être songer à introduire un droit d’initiative législative ce que par ailleurs la grande majorité des cantons connaît déjà. Le débat sur le plan fédéral n’est pas nouveau et il mériterait d’être repris, ce qui ne pourrait que renforcer notre démocratie. Cette possibilité de lancer une initiative populaire non pas pour modifier ou compléter la constitution, mais pour proposer une loi déjà élaborée ou formulée en termes généraux n’aurait pas seulement l’avantage d’éviter le blocage de la part de minorités nullement concernées par les dispositions suggérées, mais surtout, elle permettrait d’éviter de charger inutilement la constitution avec des dispositions qui n’ont pas l’importance ni la dignité d’une charte fondamentale. Rappelons que lors de référendums, plusieurs lois fédérales ont été adoptées par le peuple, mais pas la majorité des cantons. Ce fut le cas, par exemple du Code pénal de 1937, un texte très contesté à l’époque.</p> <h3><strong>L’énervement des opposants</strong></h3> <p>Le succès populaire de l’initiative, annoncé par les sondages, a passablement énervé les opposants. J’ai eu la nette impression que l’originalité de la campagne, le savoir-faire et la capacité de mobilisation des initiativistes ont vite créé une certaine panique auprès des organisations qui affirment défendre les intérêts de l’économie. On a même eu l’impression qu’on avait de la peine à tolérer qu’une telle campagne puisse être conduite par des ONG avec le large soutien de citoyen-ne-s, sans la participation de partis politiques ni le soutien de grands sponsors (<em>mais qu’est-ce qu’ils se permettent ces jeunes?</em>). La machine de guerre des grandes agences de relations publiques s’est alors mise en mouvement. La ministre de la Justice aussi. Et là se pose une question: est-ce vraiment le rôle du Conseil fédéral de s’engager de cette façon contre une initiative populaire? Car c’est bien la façon qui interpelle. Une comparaison avec le style et l’attitude de la ministre de la Défense lors de la récente campagne sur les avions de combat (aussi très émotionnelle) est frappante. On me reproche (entre autres, un ancien Conseiller fédéral) d’avoir été excessivement dur avec la ministre de la Justice. J’assume. Le Conseil fédéral a parfaitement le droit de s’opposer à une initiative, mais il doit le faire avec objectivité et une certaine retenue. On parlait naguère des Sept Sages (les Landesväter), cela exprimait bien l’image du rôle qu’on se faisait du Conseil fédéral. Le monde change (pas toujours en mieux, d’ailleurs), mais j’ai de la peine à accepter – en fait, je ne peux pas le tolérer – qu’un membre du gouvernement, parlant au nom de ce dernier, puisse avec l’autorité que lui confère son statut de magistrat, faire des affirmations contraires à la vérité. Je trouve simplement indigne qu’on nous ait taxés de néocolonialistes. Si ce sont les opposants qui lancent de telles accusations, passe, mais je trouve franchement inconvenant que cela vienne d’un membre du Conseil fédéral. Dans le cas d’espèce c’est d’ailleurs grotesque: on proposait de conférer à des personnes, qui ne peuvent obtenir justice dans leur pays, de le faire auprès du tribunal civil du lieu où la société a son siège en Suisse. Qui est plus proche du colonialisme, celui qui veut conférer des droits à des laissés-pour-compte, ou ceux qui exploitent les richesses d’un pays sans que l’ensemble de la population en profite? Est-il admissible, pour ne faire qu’un exemple, qu’une ministre de la Justice ait continué à reprocher à l’initiative de bouleverser les principes élémentaires du droit en introduisant le renversement du fardeau de la preuve? Selon elle, en effet, le texte prévoyait qu’il incombait à l’entreprise de prouver qu’elle n’avait commis rien de répréhensible. Faux. Le renversement du fardeau de la preuve est en fait une notion relevant du droit pénal, pas du droit civil. On a ainsi sciemment créé une confusion entre cette notion pénale avec la clause libératoire prévue depuis des décennies à l’article 55 du Code des obligations au sujet de la responsabilité de l’employeur. Cette clause – en fait favorable à l’entreprise – a été reprise par l’initiative et il était absolument clair que le dommage subi devait être prouvé par le lésé. Des professeurs de différentes facultés de droit se sont déclarés (dans la NZZ !) <em>irrités</em> que la ministre de la Justice persiste avec de telles affirmations juridiquement fausses et contraires à la vérité.</p> <h3><strong>Le ministre qui a chanté les louanges de Glencore</strong></h3> <p>Deux autres observations concernant le Conseil fédéral. Est-il normal que le ministre des Affaires étrangères se rende, pendant que le parlement débat de l’initiative, expressément pour visiter une mine de Glencore en Zambie et chanter les louages de l’une des entreprises les plus controversées au monde? Cela est d’autant plus étrange, que notre pays n’a pas d’ambassade ni de bureau de l’aide au développement en Zambie. Le Conseiller fédéral n’a même pas jugé bon de rencontrer les associations de victimes qui luttent contre l’entreprise pour obtenir réparation des torts subis. Le chef des finances de son côté n’a pas hésité à faire campagne pour son compte contre l’initiative en saisissant toute occasion pour en dire tout le mal possible («<em>les initiativistes me rendent malade</em>»). Le Conseil fédéral envoie cependant le ministre de la Santé (qui est notoirement pour le OUI) parler à la radio et à la télévision pour illustrer la position négative du gouvernement. Collégialité? Non, bizarre.</p> <h3><strong>Brabeck n’a-t-il pas compris le texte?</strong></h3> <p>Invité vedette d’une émission TV en première soirée, le personnage jouit d’une grande renommée. Il parle de l’initiative et estime intolérable que l’on prévoie des mesures pénales. Pénales? Ou il n’a pas lu le texte ou s’il l’a lu il n’y a rien compris. Quoi qu’il en soit, inquiétant pour une personne qui a été à la tête d’une multinationale avec 25'000 employés et un chiffre d’affaires d’environ 90 milliards. Peter Brabeck, c’est de lui qu’il s’agit, a été le président du conseil d’administration de Nestlé. Pour ce seul job à temps partiel (il est membre de conseils d’autres importantes sociétés), il a perçu un cachet annuel de plus de 6 millions. Cela correspond à la masse salariale d’au moins 100 infirmières. Mais, si l’une d’entre elles devait commettre une telle faute d’une telle gravité, elle serait virée sur le champ et risquerait – elle oui – d’avoir affaire avec le juge pénal.</p> <h3><strong>Affirmations non-vérifiées</strong></h3> <p>Autre contrevérité manifeste: aucun pays au monde ne prévoyait une telle responsabilité. Faux. C’est assez surprenant de constater que les médias <em>de référence</em> ne se soient pas donné la peine de vérifier de telles affirmations. Un seul exemple. En 2015 déjà, un juge britannique a déclaré admissible une action civile contre la multinationale Vedanta accusée d’avoir empoisonné l’eau potable de villageois en Zambie. Après la juridiction d’appel aussi la Cour suprême a confirmé la décision, en arguant que, étant donné que les villageois zambiens n’ont pas un accès véritablement libre et objectif à la justice de leur pays, il est parfaitement justifié qu’ils puissent accéder au tribunal civil de Londres, siège de la société, pour exiger la réparation du dommage subi. Exactement ce que demandait l’initiative. Une procédure analogue est en cours au Canada pour des accusations d’esclavagisme en Érythrée, en France pour des faits qui auraient eu lieu en Ouganda. On n’aurait donc pas été les premiers. Et même si nous l’avions été, cela aurait été si grave? L’affirmation et la défense des droits de l’Homme ne sont-elles pas l’un des piliers de notre politique étrangère, comme on aime si bien le rappeler à chaque occasion?</p> <h3><strong>L’engagement du Credit Suisse contre l’initiative </strong></h3> <p>L’initiative a été lancée suite à de nombreux scandales provoqués par des multinationales suisses (en fait, de suisse elles n’ont souvent que le siège) dans des pays pauvres et fragiles où les victimes sont abandonnées à elles-mêmes ainsi qu’au refus de la politique de réagir. Le Credit Suisse est l’une des seules banques à s’être activement engagée contre l’initiative. Hasard, si elle est mêlée en un grand scandale financier au Mozambique? Hasard aussi que l’un de ses plus grands actionnaires soit le Qatar (qui a sauvé la banque en 2008), pays qui méprise notoirement la démocratie et l’État de droit et qui – autre hasard – est l’un des principaux actionnaires de Glencore? Même l’Union suisse des paysans s’est opposée à l’initiative, alors que les agriculteurs devraient bien savoir ce que cela signifie d’être le plus faible au sein de la société et se trouver le plus souvent à la merci de puissants groupes de distribution. Pourquoi investir tant d’énergie pour défendre quelques moutons noirs comme Glencore et Syngenta et prendre pour cela en otage les PME, alors que celles-ci (à l’exception de quelques cas particuliers) n’avaient absolument rien à craindre de l’initiative (et le premier à l’avoir affirmé n’est autre que le directeur de l’USAM)?</p> <p>En fait, la classe politico-économique qui s’est engagé contre l’initiative est celle-là même qui a essayé de cacher le scandale des biens en déshérence (les fameux <em>peanuts</em> du CEO de la plus grande banque suisse), qui a refusé un débat ouvert et transparent sur le rapport de la Commission Bergier, qui s’est opposée pendant des années avec succès contre une législation sur le blanchiment d’argent, qui clamait qu’on ne saurait mettre en cause le secret bancaire, alors qu’elle ne se rendait même pas compte qu’il était en train de tomber en ruine depuis longtemps …</p> <h3><strong>Les Eglises durement critiquées</strong></h3> <p>La victoire des ONG devant le peuple a profondément irrité ces milieux et tout de suite après leur succès populaire des appels au boycott et à des mesures de rétorsion ne manquent pas. On propose ainsi d’abolir la défiscalisation des donations aux ONG. Même un ancien Conseiller fédéral – toujours lui – s’est prêté à ce navrant spectacle en invitant en fait à ne plus soutenir ces organisations qui se sont engagées en faveur de la campagne. Les Eglises aussi ont été durement critiquées et accusées de <em>faire de la politique</em>, comme si elles devaient se taire lorsque des sujets de nature sociétale et éthique sont en jeu. N’a-t-on jamais pris connaissance des encycliques du Pape? Le débat politique devrait être l’exclusivité d’une autoproclamée élite? Quant aux ONG il faut bien préciser une chose. Leur contribution n’a été qu’une fraction minime du budget de campagne. Celle-ci a été financée par des dizaines de milliers de citoyennes et citoyens selon leurs moyens (une moyenne de 75 francs par don environ) avec une ferveur incroyable, ce qui a permis de mener une campagne originale et intense. C’est tout simplement sensationnel et c’est bien ce qui agace ceux qui se considèrent les <em>officiels</em> de la politique. Quant aux principales ONG il faut ajouter que – contrairement aux partis politiques et à Economiesuisse – elles sont certifiées par un organisme extérieur (ZEWO) et que chaque franc reçu est traçable en toute transparence. Contrairement à ce que disent certains oracles sur les plateaux de télévision, les ONG ne bénéficient pas de subsides de l’État. Elles sont rétribuées pour des mandats qu’on leur confie ou pour des programmes qui sont reconnu d’intérêt général. Les moyens mis à disposition de la campagne n’ont strictement rien à voir avec ce genre de rétributions. Sur les coût de la campagne de chiffres fantaisistes ont été publiés. Les responsables de la campagne en faveur de l’initiative ont toujours dit qu’ils étaient prêts à publier les comptes, si l’autre camp en faisait de même. Ce qu’Economiesuisse a toujours refusé. Pour donner une idée des proportions, mentionnons simplement une recherche de l’Université de Berne qui a établi que le camp du NON à placé au moins deux fois plus d’insertions que les favorables à l’initiative.</p> <h3><strong>De l’utilité des ONG</strong></h3> <p>Les ONG contribuent à exprimer la sensibilité, les craintes et les attentes de nombreux citoyen-ne-s. C’est très souvent grâce à elles si des avancées sociales et éthiques ont été possibles que ce soit dans la protection des droits de l’Homme, de la lutte contre l’impunité, de la défense des minorités, de la sauvegarde de l’environnement. Alors que de nombreux médias renoncent de plus en plus à un journalisme d’investigation, c’est très souvent grâce au travail remarquable d’ONG que des scandales et des injustices sont publiquement révélés et dénoncés. Prenons acte avec effarement qu’on veut les faire taire ; c’est ce qui se passe dans les régimes autocratiques, de la Russie à la Chine, de la Turquie à la Hongrie et c’est ce que Trump a commencé à faire. Cela ne se passera pas sans une forte réaction de la société civile. Nous avons besoin plus que jamais de voix critiques. Surtout en cette période. La pandémie est en train de jeter dans la pauvreté extrême des dizaines de millions de personnes, alors que le petit groupe de milliardaires continue à accumuler argent et pouvoir. La véritable économie souffre et de nombreuses PME risquent de disparaître et les organisations qui prétendent les représenter auraient été bien inspirées de se soucier des vrais problèmes de la branche. Au même moment, la bourse et la finance flambent. 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La question a déjà été soulevée dans le passé et pas par n’importe qui. Dans un ouvrage publié en 1983 et consacré aux institutions politiques de la Suisse, Jean-François Aubert, constitutionnaliste réputé (j’ai eu la chance de l’avoir comme professeur) et ancien Conseiller aux États remarquait que la double majorité se justifiait lorsque la norme proposée portait atteinte au pouvoir des cantons. Mais, ajoutait-il, «la situation serait gênante si les cantons empêchaient l’adoption d’une norme qui n’a rien à voir avec la structure fédérative du pays». Très gênant. En effet, l’initiative sur les multinationales n’aurait entraîné aucune conséquence pour les cantons. Comme il y a peu de chance de pouvoir modifier la constitution en ce sens, il faudrait peut-être songer à introduire un droit d’initiative législative ce que par ailleurs la grande majorité des cantons connaît déjà. Le débat sur le plan fédéral n’est pas nouveau et il mériterait d’être repris, ce qui ne pourrait que renforcer notre démocratie. Cette possibilité de lancer une initiative populaire non pas pour modifier ou compléter la constitution, mais pour proposer une loi déjà élaborée ou formulée en termes généraux n’aurait pas seulement l’avantage d’éviter le blocage de la part de minorités nullement concernées par les dispositions suggérées, mais surtout, elle permettrait d’éviter de charger inutilement la constitution avec des dispositions qui n’ont pas l’importance ni la dignité d’une charte fondamentale. Rappelons que lors de référendums, plusieurs lois fédérales ont été adoptées par le peuple, mais pas la majorité des cantons. Ce fut le cas, par exemple du Code pénal de 1937, un texte très contesté à l’époque.</p> <h3><strong>L’énervement des opposants</strong></h3> <p>Le succès populaire de l’initiative, annoncé par les sondages, a passablement énervé les opposants. J’ai eu la nette impression que l’originalité de la campagne, le savoir-faire et la capacité de mobilisation des initiativistes ont vite créé une certaine panique auprès des organisations qui affirment défendre les intérêts de l’économie. On a même eu l’impression qu’on avait de la peine à tolérer qu’une telle campagne puisse être conduite par des ONG avec le large soutien de citoyen-ne-s, sans la participation de partis politiques ni le soutien de grands sponsors (<em>mais qu’est-ce qu’ils se permettent ces jeunes?</em>). La machine de guerre des grandes agences de relations publiques s’est alors mise en mouvement. La ministre de la Justice aussi. Et là se pose une question: est-ce vraiment le rôle du Conseil fédéral de s’engager de cette façon contre une initiative populaire? Car c’est bien la façon qui interpelle. Une comparaison avec le style et l’attitude de la ministre de la Défense lors de la récente campagne sur les avions de combat (aussi très émotionnelle) est frappante. On me reproche (entre autres, un ancien Conseiller fédéral) d’avoir été excessivement dur avec la ministre de la Justice. J’assume. Le Conseil fédéral a parfaitement le droit de s’opposer à une initiative, mais il doit le faire avec objectivité et une certaine retenue. On parlait naguère des Sept Sages (les Landesväter), cela exprimait bien l’image du rôle qu’on se faisait du Conseil fédéral. Le monde change (pas toujours en mieux, d’ailleurs), mais j’ai de la peine à accepter – en fait, je ne peux pas le tolérer – qu’un membre du gouvernement, parlant au nom de ce dernier, puisse avec l’autorité que lui confère son statut de magistrat, faire des affirmations contraires à la vérité. Je trouve simplement indigne qu’on nous ait taxés de néocolonialistes. Si ce sont les opposants qui lancent de telles accusations, passe, mais je trouve franchement inconvenant que cela vienne d’un membre du Conseil fédéral. Dans le cas d’espèce c’est d’ailleurs grotesque: on proposait de conférer à des personnes, qui ne peuvent obtenir justice dans leur pays, de le faire auprès du tribunal civil du lieu où la société a son siège en Suisse. Qui est plus proche du colonialisme, celui qui veut conférer des droits à des laissés-pour-compte, ou ceux qui exploitent les richesses d’un pays sans que l’ensemble de la population en profite? Est-il admissible, pour ne faire qu’un exemple, qu’une ministre de la Justice ait continué à reprocher à l’initiative de bouleverser les principes élémentaires du droit en introduisant le renversement du fardeau de la preuve? Selon elle, en effet, le texte prévoyait qu’il incombait à l’entreprise de prouver qu’elle n’avait commis rien de répréhensible. Faux. Le renversement du fardeau de la preuve est en fait une notion relevant du droit pénal, pas du droit civil. On a ainsi sciemment créé une confusion entre cette notion pénale avec la clause libératoire prévue depuis des décennies à l’article 55 du Code des obligations au sujet de la responsabilité de l’employeur. Cette clause – en fait favorable à l’entreprise – a été reprise par l’initiative et il était absolument clair que le dommage subi devait être prouvé par le lésé. Des professeurs de différentes facultés de droit se sont déclarés (dans la NZZ !) <em>irrités</em> que la ministre de la Justice persiste avec de telles affirmations juridiquement fausses et contraires à la vérité.</p> <h3><strong>Le ministre qui a chanté les louanges de Glencore</strong></h3> <p>Deux autres observations concernant le Conseil fédéral. Est-il normal que le ministre des Affaires étrangères se rende, pendant que le parlement débat de l’initiative, expressément pour visiter une mine de Glencore en Zambie et chanter les louages de l’une des entreprises les plus controversées au monde? Cela est d’autant plus étrange, que notre pays n’a pas d’ambassade ni de bureau de l’aide au développement en Zambie. Le Conseiller fédéral n’a même pas jugé bon de rencontrer les associations de victimes qui luttent contre l’entreprise pour obtenir réparation des torts subis. Le chef des finances de son côté n’a pas hésité à faire campagne pour son compte contre l’initiative en saisissant toute occasion pour en dire tout le mal possible («<em>les initiativistes me rendent malade</em>»). Le Conseil fédéral envoie cependant le ministre de la Santé (qui est notoirement pour le OUI) parler à la radio et à la télévision pour illustrer la position négative du gouvernement. Collégialité? Non, bizarre.</p> <h3><strong>Brabeck n’a-t-il pas compris le texte?</strong></h3> <p>Invité vedette d’une émission TV en première soirée, le personnage jouit d’une grande renommée. Il parle de l’initiative et estime intolérable que l’on prévoie des mesures pénales. Pénales? Ou il n’a pas lu le texte ou s’il l’a lu il n’y a rien compris. Quoi qu’il en soit, inquiétant pour une personne qui a été à la tête d’une multinationale avec 25'000 employés et un chiffre d’affaires d’environ 90 milliards. Peter Brabeck, c’est de lui qu’il s’agit, a été le président du conseil d’administration de Nestlé. Pour ce seul job à temps partiel (il est membre de conseils d’autres importantes sociétés), il a perçu un cachet annuel de plus de 6 millions. Cela correspond à la masse salariale d’au moins 100 infirmières. Mais, si l’une d’entre elles devait commettre une telle faute d’une telle gravité, elle serait virée sur le champ et risquerait – elle oui – d’avoir affaire avec le juge pénal.</p> <h3><strong>Affirmations non-vérifiées</strong></h3> <p>Autre contrevérité manifeste: aucun pays au monde ne prévoyait une telle responsabilité. Faux. C’est assez surprenant de constater que les médias <em>de référence</em> ne se soient pas donné la peine de vérifier de telles affirmations. Un seul exemple. En 2015 déjà, un juge britannique a déclaré admissible une action civile contre la multinationale Vedanta accusée d’avoir empoisonné l’eau potable de villageois en Zambie. Après la juridiction d’appel aussi la Cour suprême a confirmé la décision, en arguant que, étant donné que les villageois zambiens n’ont pas un accès véritablement libre et objectif à la justice de leur pays, il est parfaitement justifié qu’ils puissent accéder au tribunal civil de Londres, siège de la société, pour exiger la réparation du dommage subi. Exactement ce que demandait l’initiative. Une procédure analogue est en cours au Canada pour des accusations d’esclavagisme en Érythrée, en France pour des faits qui auraient eu lieu en Ouganda. On n’aurait donc pas été les premiers. Et même si nous l’avions été, cela aurait été si grave? L’affirmation et la défense des droits de l’Homme ne sont-elles pas l’un des piliers de notre politique étrangère, comme on aime si bien le rappeler à chaque occasion?</p> <h3><strong>L’engagement du Credit Suisse contre l’initiative </strong></h3> <p>L’initiative a été lancée suite à de nombreux scandales provoqués par des multinationales suisses (en fait, de suisse elles n’ont souvent que le siège) dans des pays pauvres et fragiles où les victimes sont abandonnées à elles-mêmes ainsi qu’au refus de la politique de réagir. Le Credit Suisse est l’une des seules banques à s’être activement engagée contre l’initiative. Hasard, si elle est mêlée en un grand scandale financier au Mozambique? Hasard aussi que l’un de ses plus grands actionnaires soit le Qatar (qui a sauvé la banque en 2008), pays qui méprise notoirement la démocratie et l’État de droit et qui – autre hasard – est l’un des principaux actionnaires de Glencore? 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Pourquoi investir tant d’énergie pour défendre quelques moutons noirs comme Glencore et Syngenta et prendre pour cela en otage les PME, alors que celles-ci (à l’exception de quelques cas particuliers) n’avaient absolument rien à craindre de l’initiative (et le premier à l’avoir affirmé n’est autre que le directeur de l’USAM)?</p> <p>En fait, la classe politico-économique qui s’est engagé contre l’initiative est celle-là même qui a essayé de cacher le scandale des biens en déshérence (les fameux <em>peanuts</em> du CEO de la plus grande banque suisse), qui a refusé un débat ouvert et transparent sur le rapport de la Commission Bergier, qui s’est opposée pendant des années avec succès contre une législation sur le blanchiment d’argent, qui clamait qu’on ne saurait mettre en cause le secret bancaire, alors qu’elle ne se rendait même pas compte qu’il était en train de tomber en ruine depuis longtemps …</p> <h3><strong>Les Eglises durement critiquées</strong></h3> <p>La victoire des ONG devant le peuple a profondément irrité ces milieux et tout de suite après leur succès populaire des appels au boycott et à des mesures de rétorsion ne manquent pas. On propose ainsi d’abolir la défiscalisation des donations aux ONG. Même un ancien Conseiller fédéral – toujours lui – s’est prêté à ce navrant spectacle en invitant en fait à ne plus soutenir ces organisations qui se sont engagées en faveur de la campagne. Les Eglises aussi ont été durement critiquées et accusées de <em>faire de la politique</em>, comme si elles devaient se taire lorsque des sujets de nature sociétale et éthique sont en jeu. N’a-t-on jamais pris connaissance des encycliques du Pape? Le débat politique devrait être l’exclusivité d’une autoproclamée élite? Quant aux ONG il faut bien préciser une chose. Leur contribution n’a été qu’une fraction minime du budget de campagne. Celle-ci a été financée par des dizaines de milliers de citoyennes et citoyens selon leurs moyens (une moyenne de 75 francs par don environ) avec une ferveur incroyable, ce qui a permis de mener une campagne originale et intense. C’est tout simplement sensationnel et c’est bien ce qui agace ceux qui se considèrent les <em>officiels</em> de la politique. Quant aux principales ONG il faut ajouter que – contrairement aux partis politiques et à Economiesuisse – elles sont certifiées par un organisme extérieur (ZEWO) et que chaque franc reçu est traçable en toute transparence. Contrairement à ce que disent certains oracles sur les plateaux de télévision, les ONG ne bénéficient pas de subsides de l’État. Elles sont rétribuées pour des mandats qu’on leur confie ou pour des programmes qui sont reconnu d’intérêt général. Les moyens mis à disposition de la campagne n’ont strictement rien à voir avec ce genre de rétributions. Sur les coût de la campagne de chiffres fantaisistes ont été publiés. Les responsables de la campagne en faveur de l’initiative ont toujours dit qu’ils étaient prêts à publier les comptes, si l’autre camp en faisait de même. Ce qu’Economiesuisse a toujours refusé. Pour donner une idée des proportions, mentionnons simplement une recherche de l’Université de Berne qui a établi que le camp du NON à placé au moins deux fois plus d’insertions que les favorables à l’initiative.</p> <h3><strong>De l’utilité des ONG</strong></h3> <p>Les ONG contribuent à exprimer la sensibilité, les craintes et les attentes de nombreux citoyen-ne-s. C’est très souvent grâce à elles si des avancées sociales et éthiques ont été possibles que ce soit dans la protection des droits de l’Homme, de la lutte contre l’impunité, de la défense des minorités, de la sauvegarde de l’environnement. Alors que de nombreux médias renoncent de plus en plus à un journalisme d’investigation, c’est très souvent grâce au travail remarquable d’ONG que des scandales et des injustices sont publiquement révélés et dénoncés. Prenons acte avec effarement qu’on veut les faire taire ; c’est ce qui se passe dans les régimes autocratiques, de la Russie à la Chine, de la Turquie à la Hongrie et c’est ce que Trump a commencé à faire. Cela ne se passera pas sans une forte réaction de la société civile. Nous avons besoin plus que jamais de voix critiques. Surtout en cette période. La pandémie est en train de jeter dans la pauvreté extrême des dizaines de millions de personnes, alors que le petit groupe de milliardaires continue à accumuler argent et pouvoir. La véritable économie souffre et de nombreuses PME risquent de disparaître et les organisations qui prétendent les représenter auraient été bien inspirées de se soucier des vrais problèmes de la branche. Au même moment, la bourse et la finance flambent. 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Pierre est déjà très perverti. Vous l’avez remarqué, dans ses messages il emploie l’écriture inclusive avec aisance. C’est la preuve que le mal a déjà atteint des couches profondes de sa conscience. De plus, il remet systématiquement en question les bienfaits de la civilisation occidentale dans le monde. Il milite pour la restitution des antiquités découvertes chez les peuples non-civilisés, il a participé au souillage de la statue de David de Pury à Neuchâtel, sous prétexte que celui-ci a participé à la traite d’esclaves…</p> <p>- Oui, je sais, c’est horrible. Tout ça alors que je le croyais occupé avec des clients. Les comptes de notre agence de communication sont dans le rouge. Cela fait des mois que Pierre ne prospecte plus de nouveaux clients et qu'il refuse les commandes au prétexte que la publicité est une aliénation capitalisto-patriarcale.</p> <p>- Et ça, Catherine, c’est très grave! S’attaquer à l’économie, c’est s’attaquer à nos valeurs premières. </p> <p>- Que faire? 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Même si, je le sais, ce qui va se passer à Noël chez nous va être excessivement éprouvant, et pas seulement pour Pierre…</p> <p style="text-align: right;"><em>Suite la semaine prochaine</em></p> <hr /> <h4>Pierre Ronpipal est l’auteur de<br /><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002707_damned01.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="133" height="184" /><br />«A moi de choisir ceux qui vont mourir»<br /> et de <br /><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002742_cover20242.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="130" height="175" /><br />«Le vert était rouge à l’intérieur»<br />aux <a href="https://nouvelleseditionshumus.ch/" target="_blank" rel="noopener">Nouvelles Editions Humus</a> </h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'un-bien-cruel-conte-de-noel-2', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 19, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5295, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (1)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. 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La fidélité absolue est un concept éculé et hypocrite qui a pour but principal que les hommes soient certains que les enfants qui sortent des ventres de leur épouse soient bien le produit de leurs spermatozoïdes à eux. Transmettre ses gènes est un réflexe très animal, si Sapiens est vraiment un être supérieur, il devrait se détendre sur cette question. En plus, Pierre et moi n’avons pas fait d’enfants, trop concentrés sur nous-mêmes et nos vies à réussir. Marie, ma sœur, prétend que pour les femmes, l’importance de la fidélité n’a pas pour but la perpétuation de l’espèce mais plutôt la conservation à leur côté du mâle qui assure leur protection. Elle se trompe. Si Pierre et moi sommes toujours ensemble après trente-cinq ans de mariage, c’est justement parce que nous nous laissons la liberté d’aller de temps en temps voir ailleurs. Marie, elle, ne souhaitait plus de rapports sexuels tout en menaçant son mari de le quitter s’il la trompait. C’est lui qui est parti avec la première maîtresse qu’il s’est autorisée.</p> <p>Mais Pierre a changé.</p> <p>Nous nous sommes connus dans une manifestation contre le racisme alors que nous avions vingt-sept ans. Il était graphiste tandis que moi j’enseignais le français à des réfugiés dans un centre géré par l’Eglise protestante. Je l’avais déjà remarqué à d’autres occasions au fil des ans – Lausanne est une petite ville – notamment lors d’une soirée chez Jean-Luc, lequel a été mon amant lorsque j’avais vingt ans et que j’hésitais entre le trotskisme et l’écologie politique. Lorsque Jean-Luc, figure de proue des trotskistes locaux, m’avait quittée pour une camarade d’origine kurde plus valorisante pour lui, j’avais renoncé aux principes de la Quatrième Internationale et milité pour la sauvegarde de la planète, jusqu’à ma rencontre avec un zapatiste belge avec qui je suis partie au Mexique où j’ai attrapé une infection sexuellement transmissible. De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. Deux semaines plus tard nous emménagions ensemble; nous ne nous sommes plus quittés.</p> <p>L’autre soir, alors que nous avions des invités à la maison, il m’a semblé reconnaître chez Pierre les signes d’une tension extrême. Depuis le temps, je le connais bien. Serge et Mireille, nos invités, l’ont eux aussi sentie, cette tension. Ce sont tout à la fois des amis et des clients. Des amis parce que comme nous ils sont de centre gauche, des clients car ils font appel à notre agence de communication pour promouvoir leur commerce. Après avoir été de grands voyageurs, Serge et Mireille vendent aujourd’hui des produits venus d’Asie, principalement d’Inde mais aussi de Birmanie et du Cambodge. Ils sélectionnent avec soins les artisans, privilégiant les structures coopératives respectueuses de l’environnement et du bien-être des populations locales. Nous gérons leur site internet et leur publicité, et tournons même pour eux des clips promotionnels. Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. 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Ils réduisent de manière significative la quantité de plastique qui se retrouve dans les océans.</p> <p>Malgré cela, et parce qu’ils font un travail salissant et vivent dans des endroits sales, ils sont souvent tenus pour responsables du problème de la pollution plastique. Dans les discours politiques des villes et des Etats, leur travail a longtemps été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247816657302">tourné en dérision, considéré comme non qualifié et inefficace</a>. <a href="https://www.undp.org/blog/unsung-heroes-four-things-policymakers-can-do-empower-informal-waste-workers">L’absence de reconnaissance officielle</a> de leur travail rend leurs revenus particulièrement instables et précaires. 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Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. 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Et c’est là que les choses se compliquent.</p> <h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3> <p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p> <figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span></figcaption> </figure> <p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p> <p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p> <p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p> <p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p> <p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p> <p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p> <p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. 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Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. 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De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». C'est ce qu'a déclaré Leonard Novy, directeur de l'Institut allemand des médias et de la politique de communication, à la chaîne NDR. Cela laisse supposer que les journalistes peuvent être utilisés ou instrumentalisés à des fins politiques.</p> <p>Sullivan et l'OCCRP ont également laissé les médias partenaires et leurs lecteurs dans l'ignorance de leur proximité avec le gouvernement américain. Selon Leonard Novy, l'organisation a ainsi dépassé les limites.</p> <h3><strong>Sullivan n'a pas voulu parler clairement aujourd'hui encore</strong></h3> <p>Sullivan a d'abord affirmé à la chaîne NDR que l'OCCRP avait «un groupe de donateurs largement répandu», parmi lesquels «aucun donateur individuel ne domine». Il a ajouté que «le gouvernement américain [...] est l'un des plus grands donateurs, mais ce n'est pas un pourcentage énorme». 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Mais même dans d'autres pays où ces dispositions n'existent pas, nous ne le faisons pas parce que cela vous place dans une situation de conflit d'intérêts et que vous préférez rester à l'écart de telles situations.»</p> <p>Ainsi, le paradis fiscal américain du Delaware n'a jamais fait l'objet de toutes les recherches sur l'évasion fiscale et l'argent de la corruption.</p> <p>L'OCCRP a tout de même effectué des recherches isolées aux Etats-Unis: par exemple sur les <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/meet-the-florida-duo-helping-giuliani-investigate-for-trump-in-ukraine">hommes d'affaires</a> qui avaient soutenu l'avocat de Donald Trump pour nuire à Joe Biden, ou sur la manière dont le Pentagone a dépensé des sommes énormes pour <a href="https://www.occrp.org/en/project/making-a-killing/revealed-the-pentagon-is-spending-up-to-22-billion-on-soviet-style-arms-for-syrian-rebels">fournir des armes</a> à des groupes rebelles en Syrie, ou encore sur un <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/flight-of-the-monarch-us-govt-contracted-airline-once-owned-by-criminals-with-ties-to-russian-mob">contrat</a> entre le gouvernement américain et une compagnie aérienne dont les propriétaires sont liés au crime organisé en Russie.</p> <p>Ces recherches ont manifestement respecté une autre condition imposée par les autorités américaines à l'OCCRP: l'activité doit être «en accord avec la politique étrangère et les intérêts économiques des Etats-Unis et les promouvoir.» (<a href="https://www.govinfo.gov/content/pkg/COMPS-1071/pdf/COMPS-1071.pdf">US Foreign Assistance Act</a>).</p> <h3><strong>Voici comment la «NZZ» et Tamedia ont présenté la source OCCRP</strong></h3> <p><strong>«NZZ» du 19 juillet 2023</strong></p> <p>«L'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) est un réseau d'organisations journalistiques fondé en 2006, basé dans de nombreux pays différents et fonctionnant sous cette forme en tant que filiale du Journalism Development Network à but non lucratif, dont le siège est dans le Maryland.»</p> <p><strong>«Tages-Anzeiger» du 21 juin 2023</strong></p> <p>«Grâce à l'organisation OCCRP, des journalistes femmes de plusieurs pays ont pu étudier ces données, dont <em>Der Standard</em> en Autriche et <em>Der Spiegel</em> en Allemagne. Pour la Suisse, le bureau de recherche de Tamedia et Paper Trail Media était de la partie.»</p> <h3><strong>Informations complémentaires</strong></h3> <p><strong>22 décembre 2022</strong> <a href="https://www.infosperber.ch/politik/welt/twitter-diente-jahrelang-als-gehilfe-des-pentagons/">Twitter a servi pendant des années d'auxiliaire au Pentagone</a>. Elon Musk a partiellement révélé les outils internes de Twitter. Ils prouvent des services d'hommes de main pour la propagande de l'armée américaine à l'étranger.</p> <p><strong>12 février 2009</strong> <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/27-000-pr-berater-polieren-image-der-usa-631302390683">27 000 conseillers en relations publiques polissent l'image des Etats-Unis</a>. Des faits presque incroyables sur le travail de relations publiques du Pentagone.</p> <p><strong>20 avril 2008</strong> <a href="https://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/gekaufte-meinung-pentagon-beschaeftigt-pr-armee-fuer-us-tv-a-548519.html">Le Pentagone emploie une armée de RP pour la télévision américaine</a>. 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Vous mettez dans la balance 37 triple nationaux en face du poids des cantons et vous voulez donner la légitimité seulement aux premiers. 37 mille voix de personnes probablement achetées par les finances des ONG dont, l'une du délinquant financier Soros, que l'auteur veut faire peser plus que les cantons. Au fait la majorité des cantons était la majorité de nos confédérés de chaque canton. Art. 1 de la Constitution: La Confédération suisse est formée du peuple et des cantons. C'est plutôt un filet de sécurité qui a été actionné pour contrebalancer la propagande et les millions. Si l'initiative voulait rendre justice à ceux qui n'ont pas accès à la justice dans leur pays, le résultat en OUI aurait était soviétique à 99% Je suis étonné que le CF a laissé des étrangers (ONG + Soros) faire campagne. Il semblerait le oui allait engendrer un procès fictif pour faire une démonstration de force. Vous savez que la bis repetita (la même affaire ne peut pas être instruite dans 2 pays différents) risquait des incidences diplomatiques puisque des gouvernements de pays souverains ne pourraient les fautifs sur leurs sols. Par ailleurs, vous avez dit aussi dans l'illustré que le juge suisse ne se déplace pas !!! d'où le fardeau qui incombe à l'accusé d'apporter les preuves !!! Faire avancer l'agenda des mondialistes est favorable dans les pays plutôt pauvres mais chez nous cela revient à nous faire vivre une crise économique destructrice dans laquelle nous risquerions de sombrer. Servir et disparaître selon la célèbre devise. Vous avez accompli la première tâche et le temps est venu peut-être pour l'autre partie. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
15 Commentaires
@erculpoiro 10.12.2020 | 08h56
«Merci Monsieur Marty.»
@Marcot 10.12.2020 | 10h47
«Merci Monsieur Dick Marty, cette mise au point m'a permis de reprendre courage face au résultat des votations.
Comme bon nombre de personnes impliquées dans cette initiative pour le OUI, sans rattachement à un parti politique, j'avais ressenti un profond sentiment d'injustice face à la désinformation; mais également à la manipulation grossière d'"économie suisse" jouant systématiquement sur la peur, la peur de perdre ses acquis, de perdre son pouvoir d'achat, de perdre ses privilèges... sachant que l'être humain est prêt à faire l'autruche et à sacrifier sa dignité pour gagner davantage où, à défaut, de ne rien risquer de perdre.
Marc»
@Rigou 10.12.2020 | 15h08
«Comme cela fait du bien de lire toutes ces vérités. Je souhaite citer un extrait d'une lettre que j'ai lu sur le site "Renaissance Catholique" écrite par Jean-Pierre Maugendre et adressée à Mgr Aupetit.
C’est cependant le pape Jean-Paul II qui semble avoir le mieux précisé dans l’encyclique Evangelium vitae (25 mars 1995) les difficultés que posaient à la conscience catholique un certain nombre de législations, opposées, à des degrés divers, à la loi de Dieu : « La démocratie ne peut être élevée au rang d’un mythe, au point de devenir un substitut de la moralité ou d’être la panacée de l’immoralité. Fondamentalement elle est un système et, comme tel, un instrument et non pas une fin » (§70), « En aucun domaine de la vie, la loi civile ne peut se substituer à la conscience, ni dicter des normes sur ce qui échappe à sa compétence » (§71) et enfin citant Jean XXIII dans Pacem in terris (11 avril 1963) : « Si donc il arrive aux dirigeants d’édicter des lois ou de prendre des mesures contraires à cet ordre moral et par conséquent à la volonté divine, ces dispositions ne peuvent obliger les consciences. (…) bien plus, en pareil cas l’autorité cesse d’être elle-même et dégénère en oppression » (§72) il n’y a plus alors qu’ « apparence de loi ». De son côté le pape François déclarait le 30 août 2013 : « Le pouvoir civil trouve sa limite face à la loi de Dieu ». Pour un chrétien l’obéissance à la loi civile, même régulièrement promulguée, n’est donc, jamais, un absolu. »
@Phil54 12.12.2020 | 17h49
«Bravo Monsieur Marty
"Alors que de nombreux médias renoncent de plus en plus à un journalisme d’investigation", je vous propose de faire publier par le comité d’initiative, cet excellant article dans un maximum de journaux "main stream."
»
@Chriscriss 13.12.2020 | 09h06
«Que de sagacité, de sagesse et de coeur dans cet article!
Grâce à des gens comme vous, je suis persuadée que l'éthique et le bon sens l'emporteront un jour,,.
Merci d'exister, Monsieur Marty
Christine Ley»
@Pap'Alain 13.12.2020 | 13h33
«Quel contraste avec l'article précédent ! La rigueur généreuse après l'orthodoxie ; où le poil à gratter se trouve-t-il donc ? Chez l'honnête homme en porte-à-faux avec les cadors de son parti ou chez celui qui défend le conformisme du passé ?
Merci +++ à vous, Monsieur Dick Marty de défendre avec dignité et fermeté des valeurs universelles de justice et d'équité, vilipendées parce que participant soit-disant de la bien-pensance et du politiquement correct.
Alain Frei»
@Lagom 13.12.2020 | 14h27
«37 mille voix ont fait penché la balance pour un oui du peuple. Vous mettez dans la balance 37 triple nationaux en face du poids des cantons et vous voulez donner la légitimité seulement aux premiers. 37 mille voix de personnes probablement achetées par les finances des ONG dont, l'une du délinquant financier Soros, que l'auteur veut faire peser plus que les cantons. Au fait la majorité des cantons était la majorité de nos confédérés de chaque canton. Art. 1 de la Constitution: La Confédération suisse est formée du peuple et des cantons. C'est plutôt un filet de sécurité qui a été actionné pour contrebalancer la propagande et les millions. Si l'initiative voulait rendre justice à ceux qui n'ont pas accès à la justice dans leur pays, le résultat en OUI aurait était soviétique à 99%
Je suis étonné que le CF a laissé des étrangers (ONG + Soros) faire campagne. Il semblerait le oui allait engendrer un procès fictif pour faire une démonstration de force. Vous savez que la bis repetita (la même affaire ne peut pas être instruite dans 2 pays différents) risquait des incidences diplomatiques puisque des gouvernements de pays souverains ne pourraient les fautifs sur leurs sols. Par ailleurs, vous avez dit aussi dans l'illustré que le juge suisse ne se déplace pas !!! d'où le fardeau qui incombe à l'accusé d'apporter les preuves !!! Faire avancer l'agenda des mondialistes est favorable dans les pays plutôt pauvres mais chez nous cela revient à nous faire vivre une crise économique destructrice dans laquelle nous risquerions de sombrer. Servir et disparaître selon la célèbre devise. Vous avez accompli la première tâche et le temps est venu peut-être pour l'autre partie. Avec ma respectueuse salutation.»
@evo 13.12.2020 | 15h51
«Bravo Cher Dick Marti pour cet excellent article qui précise bien ce qu'étaient les enjeux de cette initiative populaire "Pour des entreprises responsables". Cette initiative était indispensable car elle a démontré que les entreprises mondiales, donc étrangères pour la plupart avec sièges en Suisse, font d'énorme dégâts écologiques et environnementaux dans des pays pauvres aux dirigeants souvent corrompus. Ce débat était nécessaire pour ne pas dire indispensable. N'en déplaise à @Lagom dont ses propos frisent la xénophobie!»
@Karen 13.12.2020 | 17h55
«Dommage que tout cela ne sera pas vu par le grand public... J'espère que notre société saura rester vigilante face au attaques toujours plus discutables contre la vérité. Et merci pour cet article !
»
@Lagom 13.12.2020 | 18h03
«@ evo: Xénophobe = être hostile aux étrangers. La critique des interventions des étrangers dans notre démocratie n'est pas un acte de xénophobie, à ma meilleure connaissance, de plus, suis d'origine étrangère, double national ! En tout cas, m'attaquer seulement sous cet angle marque le triomphe de mon argumentaire ! Meilleures salutations,»
@Quicageon 13.12.2020 | 18h27
«Monsieur D. Marty est à mon sens une figure suisse qui nous donne espoir, dans un pays globalement dirigé par l'argent et l'égocentrisme. Une figure suisse dont nous pouvons être fier. Je suis reconnaissante qu'il existe et j'espère qu'il va nous éclairer encore longtemps !»
@CJS 14.12.2020 | 10h16
«Cher Monsieur Marty, un grand merci, vous lire me rassure quelque peu en cette période où délire et réalité tendent à fusionner allègrement. Une question toutefois. Je vous cite : "je ne peux pas le tolérer – qu’un membre du gouvernement, parlant au nom de ce dernier, puisse avec l’autorité que lui confère son statut de magistrat, faire des affirmations contraires à la vérité". Ou encore : "Des professeurs de différentes facultés de droit se sont déclarés (dans la NZZ !) irrités que la ministre de la Justice persiste avec de telles affirmations juridiquement fausses et contraires à la vérité."
"Affirmations fausses et contraires à la vérité" de la part d'une ministre en fonction rétribuée avec de l'argent public, que vous faut-il pour oser le mot "mensonges", clairement plus approprié à la circonstance ?
Il est vrai qu'en ce moment le mensonge d’État apparaît en voie de banalisation débridée !»
@Lagom 14.12.2020 | 14h50
«@CJS: S'il faut absolument mettre dans la balance tous les mensonges, les initiants ont menti beaucoup plus. Sur les affiches ..."Multinationales responsables" et sur le papier l'initiative s'appelait ...."Entreprises responsables" et les photos des sites abandonnés de Glencore, etc. La ministre n'a pas menti, au contraire, elle ne s'est pas appuyée sur les mensonges des autres pour les pulvériser, elle a pris de la hauteur avec détermination et un discours clair et net ! »
@stef 30.12.2020 | 20h38
«Un grand merci, M. Marty, pour cette nécessaire mise au point.»
@mapu 02.01.2021 | 19h06
«Merci, Monsieur Dick Marty, votre prise de position donne une voix aux "si nombreuses personnes", de toutes conditions, qui ont participé à cette campagne, en essayant de rappeler des notions de justice et d'éthique, particulièrement mises à mal lorsqu'il s'agit d'intérêts financiers.»