Actuel / Les moulins à vent de Jair Bolsonaro
Jair Bolsonaro, un "messie" impuissant et imprudent face à la crise politique et sanitaire qui secoue le Brésil. Conférence de presse du 18 mars 2020. © Palácio do Planalto
Les petites phrases du chef de l’État brésilien qu’il faut retenir cette semaine : C’est moi qui commande! Hélas pour lui, il n’est pas obéi. Et: Je suis un messie [une allusion à son second prénom, Jair Messias Bolsonaro], mais je ne peux rien faire! Et bien, gouvernez président, lui répond un éditorialiste! Reprenons dans l’ordre.
Jean-Jacques Fontaine, journaliste, auteur du blog Vision Brésil
Acte un, vendredi 24 avril 2020. Jair Bolsonaro renvoie le directeur de la Police fédérale Mauricio Valeixo, officiellement «pour mettre à sa tête un homme qui puisse lui donner des informations sur les enquêtes en cours.» Réaction immédiate de Sergio Moro, le ministre de la Justice, autorité de tutelle de la Police fédérale, il annonce sa démission avec fracas le lendemain. C’est lui qui avait nommé Mauricio Valeixo à son poste, c’était l’un de ses proches collaborateurs lorsqu’il était juge à Curitiba, chargé des enquêtes sur l’affaire de corruption Lava Jato.
Un renvoi au parfum sulfureux
Sergio Moro convoque la presse pour expliquer les raisons de son départ. Jair Bolsonaro lui aurait confirmé que l’éviction de Mauricio Valeixo «était politique», il en détient la trace sur sa messagerie Whatshapp et se dit prêt à en apporter la preuve. Derrière ces raisons politiques, il y aurait des enquêtes, menées par la Police fédérale, qui visent deux des fils du président: Flavio, l’aîné, sénateur, soupçonné d’avoir octroyé des faveurs aux milices paramilitaires de Rio de Janeiro pour la construction et la revente d’immeubles édifiés illégalement, dont il aurait utilisé une partie des fonds pour financer sa campagne électorale de 2018.
Mais aussi Carlos, le second, député municipal de Rio de Janeiro, soupçonné d’être l’instigateur de ce qu’on appelle au Brésil la fabrique des fakenews, autrement dit, l’usine à tweets de Jair Bolsonaro. Le Tribunal suprême a décidé de se pencher sur les déclarations de l’ex-ministre, qu’il considère comme graves.
Lire aussi: Bolsonaro et les trois petits fistons
Valse-hésitation à la tête de la Police fédérale
Entre temps, Jair Bolsonaro désigne à la tête de la Police fédérale, en remplacement de Mauricio Valeixo, Alexandre Ramagem, jusqu’alors chef des services secrets. C’est un ami proche de la famille, plus précisément un intime de Carlos Bolsonaro. Alexandre de Morais, juge au Tribunal suprême, barre cette nomination pour raison majeure : risque de collusion entre les parties.
Fou de rage, le président accuse Alexandre de Morais de bafouer son autorité, c’est moi qui commande. Il est tout de même contraint de s’incliner devant les institutions. Il cherche désormais un remplaçant provisoire à Alexandre Ramagem, mais n’a pas renoncé à le confirmer ensuite à ce poste.
La confession de Sergio Moro
Acte deux, samedi 2 mai 2020. Sergio Moro est entendu, pendant près de 8 heures, par trois enquêteurs de la Police fédérale, à la demande du Tribunal suprême. Selon la revue Veja, il fournit toutes les preuves de ses déclarations en mettant à disposition des enquêteurs la totalité de la mémoire de son téléphone portable. La suite dépend maintenant de l’appréciation du juge du Tribunal fédéral chargé du dossier, José Celso de Mello Filho.
Sergio Moro pourrait être inculpé de diffamation si ses déclarations ne sont pas étayées par des faits, au contraire, l’enquête pourrait se poursuivre contre Jair Bolsonaro si le Tribunal suprême estime qu’il a outrepassé ses devoirs de fonction en démettant Mauricio Valeixo. Cela pourrait éventuellement conduire au lancement d’une procédure de destitution devant l’Assemblée fédérale.
Prémisse d'un impeachment?
C’est un cas de figure très peu probable. Il est en effet constitutionnellement de la compétence du chef de l’État de nommer les hauts fonctionnaires, dont celui qui dirige la Police fédérale. Il n’est pas non plus certain que sa volonté d’être informé des enquêtes en cours viole l’indépendance de cette institution et du pouvoir judiciaire.
S’il y a une qualité qu’on peut toutefois reconnaître à Jair Bolsonaro, c’est son instinct politique sans faille. Il multiplie les provocations, certes, à la manière de Donald Trump son mentor, mais, comme lui, il sait s’arrêter à temps. C’est pourquoi il a reculé — provisoirement — dans l’affaire de la nomination du chef de la Police fédérale1.
Covid-19: Bolsonaro, Messie impuissant
Acte trois, mardi 28 avril. La crise sanitaire explose au Brésil qui annonce 5 083 morts officiels du Covid-19, 1 000 de plus que la veille. Selon plusieurs spécialistes, le chiffre est largement sous-estimé. En cause, le fait que beaucoup de décès liés à des syndromes respiratoires ne sont pas attribués au coronavirus. On n’en est pas sûr, mais il pourrait y avoir plus de 10 000 morts et 1 million de personnes infectées au Brésil.
Interrogé par un journaliste sur cette explosion des décès, Jair Bolsonaro répond: «Et alors?» Il poursuit: «Je suis un messie, comme mon nom le précise, mais je ne peux pas faire des miracles». Réponse du tac au tac d’un éditorialiste: «Et bien gouvernez, Président!» Jair Bolsonaro apparaît de plus en plus dépassé par la pandémie. Il multiplie les faux pas, en prenant régulièrement des bains de foule, sans masque et sans distance sociale, estimant toujours que cette maladie n’est qu’une petite grippette et que le confinement va tuer plus de monde que la maladie.
Des bons mots à rebours du bon sens
Depuis l’apparition de la première victime de la maladie, il multiplie les bons mots, tous plus décalés les uns que les autres. Le 19 avril, Manaus (ville du nord-ouest du Brésil, ndlr) creuse frénétiquement des tombes communes pour enterrer ses morts, Jair Bolsonaro déclare: «Fossoyeur, ce n’est pas mon métier.» Le 24 mars, alors qu’on en est encore qu’au début de la pandémie: «J’ai plus de 60 ans, mais, vu ma constitution d’athlète il ne m’arrivera rien.»
Deux jours plus tard, le 26 mars, il y a 30 morts de plus que la veille. «Il faut étudier le Brésilien. Quand il plonge dans un égout, il nage et en ressort indemne. Je pense que beaucoup de gens ont déjà été infectés au Brésil, qu’ils ont des anticorps et que le virus ne va pas se propager.» Le 2 mai, on en est à 6 412 décès officiels et les chiffres ne cessent de grimper.
Un pandémonium de la guerre politique
«En seize mois de gouvernement, Bolsonaro est parvenu à faire de son cabinet un gigantesque pandémonium que la pandémie du coronavirus a transformé en théâtre d’une guerre ouverte», écrit Jean-Yves Carfantan sur son blog Istoé Brésil. Le chef de l’État «est aux soins politiques intensifs», poursuit Jean-Yves Carfantan, «il y aura probablement deux périodes dans la Présidence Bolsonaro. La première a commencé à l’investiture, en janvier 2019, la seconde démarre maintenant. Il n’est pas certain qu’elle soit aussi longue que la première.»
Acte quatre, dimanche 3 mai 2020. Conscient de l’isolement politique dans lequel il est en train de s’enfoncer, Jair Bolsonaro cherche une issue en direction du marais des partis du centre parlementaire pour se construire un semblant de majorité présidentielle. Ce faisant, il renoue avec les pratiques de la vieille politique qu’il avait tellement fustigée durant sa campagne électorale de 2018: des faveurs gouvernementales contre des appuis à l’assemblée. Pour y arriver, toujours la même méthode, il menace l’ensemble de ses ministres réticents à accorder de telles faveurs de les démissionner.
Le marais en ligne de mire
Ce Centrão, auquel le chef de l’État a appartenu durant ses 27 ans de vie parlementaire, regroupe 200 députés. S’il arrive à en faire le plein, Jair Bolsonaro bénéficierait d’une majorité confortable. 172 votes en effet sont nécessaires pour bloquer l’ouverture d’une procédure de destitution. Pas sûr que ça marche, ses supporters potentiels à l’Assemblée sont très divisés. Pas sûr non plus que cela échoue, l’opposition est aussi totalement éclatée…
Acte cinq, dimanche 3 mai 2020. Pour le 5ème dimanche de suite depuis le début de l’épidémie de coronavirus, Jair Bolsonaro prend un bain de foule dans les rues de Brasilia, sans masque et sans respecter les distances sociales. Il annonce à ses supporters qu’il cogite tout de même de nommer son poulain Alexandre Ramagem à la tête de la Police fédérale, malgré l’interdit prononcé par le juge Alexandre de Morais du tribunal suprême.
Mais finalement, il choisit une fois de plus de biaiser, il désigne Roberto de Souza, adjoint direct d’Alexandre Ramagem à l’ABIN, les services secrets brésiliens, en annonçant que cette fois, il n’admettrait plus «de nouvelles interférences dans son gouvernement». Fin provisoire du feuilleton…
Les tragédies classiques s’écrivaient en cinq actes, Jean-Yves Carfantan va nous en offrir un sixième. Il nous promet une suite sur son blog Istoé Brésil ; Bolsonaro (2), à suivre… jusqu’en 2022 ?
1 Pour mieux comprendre les rouages de la politique institutionnelle brésilienne, ce dossier (en espagnol) du site en ligne The Conversation.
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C’est pourquoi il a reculé — provisoirement — dans l’affaire de la nomination du chef de la Police fédérale<sup>1</sup>. </p> <h3>Covid-19: Bolsonaro, Messie impuissant</h3> <p><u>Acte trois, mardi 28 avril.</u> La crise sanitaire explose au Brésil qui annonce 5 083 morts officiels du Covid-19, 1 000 de plus que la veille. Selon plusieurs spécialistes, le chiffre est largement sous-estimé. En cause, le fait que beaucoup de décès liés à des syndromes respiratoires ne sont pas attribués au coronavirus. On n’en est pas sûr, mais il pourrait y avoir plus de 10 000 morts et 1 million de personnes infectées au Brésil. </p> <p>Interrogé par un journaliste sur cette explosion des décès, Jair Bolsonaro répond: «Et alors?» Il poursuit: «Je suis un messie, comme mon nom le précise, mais je ne peux pas faire des miracles». Réponse du tac au tac d’un éditorialiste: «Et bien gouvernez, Président!» Jair Bolsonaro apparaît de plus en plus dépassé par la pandémie. 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Je pense que beaucoup de gens ont déjà été infectés au Brésil, qu’ils ont des anticorps et que le virus ne va pas se propager.» </i>Le 2 mai, on en est à 6 412 décès officiels et les chiffres ne cessent de grimper. </p> <h3>Un <em>pandémonium</em> de la guerre politique</h3> <p>«En seize mois de gouvernement, Bolsonaro est parvenu à faire de son cabinet un gigantesque pandémonium que la pandémie du coronavirus a transformé en théâtre d’une guerre ouverte», écrit Jean-Yves Carfantan sur son blog <i><a href="https://www.istoebresil.org" target="_blank" rel="noopener">Istoé Brésil</a>.</i> Le chef de l’État «est aux soins politiques intensifs», poursuit Jean-Yves Carfantan, «il y aura probablement deux périodes dans la Présidence Bolsonaro. La première a commencé à l’investiture, en janvier 2019, la seconde démarre maintenant. Il n’est pas certain qu’elle soit aussi longue que la première.» </p> <p><u>Acte quatre, dimanche 3 mai 2020.</u> Conscient de l’isolement politique dans lequel il est en train de s’enfoncer, Jair Bolsonaro cherche une issue en direction du <em>marais</em> des partis du centre parlementaire pour se construire un semblant de majorité présidentielle. Ce faisant, il renoue avec les pratiques de la <i>vieille politique</i> qu’il avait tellement fustigée durant sa campagne électorale de 2018: des faveurs gouvernementales contre des appuis à l’assemblée. Pour y arriver, toujours la même méthode, il menace l’ensemble de ses ministres réticents à accorder de telles faveurs de les démissionner. </p> <h3>Le <em>marais</em> en ligne de mire</h3> <p>Ce <i>Centrão</i>, auquel le chef de l’État a appartenu durant ses 27 ans de vie parlementaire, regroupe 200 députés. S’il arrive à en faire le plein, Jair Bolsonaro bénéficierait d’une majorité confortable. 172 votes en effet sont nécessaires pour bloquer l’ouverture d’une procédure de destitution. Pas sûr que ça marche, ses supporters potentiels à l’Assemblée sont très divisés. Pas sûr non plus que cela échoue, l’opposition est aussi totalement éclatée… </p> <p><u>Acte cinq, dimanche 3 mai 2020.</u> Pour le 5<sup>ème</sup> dimanche de suite depuis le début de l’épidémie de coronavirus, Jair Bolsonaro prend un bain de foule dans les rues de Brasilia, sans masque et sans respecter les distances sociales. 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Il nous promet une suite sur son blog <i>Istoé Brésil</i> ;<i> Bolsonaro (2), à suivre… jusqu’en 2022 ?</i></p> <hr /> <h4><sup>1</sup> Pour mieux comprendre les rouages de la politique institutionnelle brésilienne, <a href="https://theconversation.com/coronavirus-la-singularidad-del-brasil-de-bolsonaro-137574" target="_blank" rel="noopener">ce dossier</a> (en espagnol) du site en ligne <i>The Conversation.</i></h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'les-moulins-a-vent-de-jair-bolsonaro', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 544, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2315, 'homepage_order' => (int) 2555, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5302, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (2)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. 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Depuis plusieurs semaines, Pierre correspondait avec une dizaine de personnes et toutes leurs conversations avaient pour sujet la critique du virilisme, la chasse au masculinisme, la volonté d’abattre le patriarcat «d’abord en nous». Rien que d’y penser, ça me donne envie de vomir. Je sais bien qu’une épidémie wokiste s’est abattue sur l’Occident mais je me pensais à l’abri. Eh bien, non! Cette épidémie a envahi mon salon, elle couche même dans mon lit! J’ai également découvert que Pierre me mentait. Alors qu’il prétendait aller jouer au badminton avec des copains, il participait à des <em>workshops</em> de déconstruction de virilité. «Je ne suis plus sûr de rien, écrivait-il sur le forum To-be-is-not-to-be-a-man. Suis-je un homme, une femme, un être mixte, double? Suis-je? 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Je l’ai tout de suite trouvé à mon goût mais je n’étais pas là pour ça. Nous nous étions donnés rendez-vous dans un tea-room du centre-ville, j’avais pris avec moi l’ordinateur portable de Pierre. Pierre qui prétendait être parti en séminaire professionnel à Zurich mais, je l’avais découvert sans peine, se trouvait en fait à Tolochenaz où avait lieu une rencontre avec un guru de la déconstruction masculine: «De viril à viriel».</p> <p>- Vous avez donc des doutes concernant votre mari? Expliquez-moi ce qui vous inquiète...</p> <p>Ce vouvoiement a sonné très agréablement à mes oreilles. Avec son col roulé, son blaser et sa coupe de cheveux tout à la fois stricte et décontractée, Emmanuel me fit me rendre compte qu’autour de moi, les hommes avaient depuis longtemps renoncé à leur élégance, privilégiant des tenues décontractées ne mettant plus du tout leurs atouts masculins en valeur.</p> <p>Oui, je dois l’avouer, à moi aussi les jeunes réactionnaires faisaient de l’effet. Lorsque je songeais aux gauchistes à l’hygiène douteuse auxquels j’avais offert mon jeune corps dans les années 1980, des sanglots de regret me serraient la gorge. Sans compter tous ces festivals où nous fumions du cannabis, filles et garçons portant les mêmes vêtements et arborant les mêmes coupes des cheveux… </p> <p>- Vous voyez, Catherine, le wokisme se répand depuis fort longtemps dans la société occidentale. Personne n’a voulu le voir et c’est pourquoi aujourd’hui ses effets sont si pervers. Votre génération l’a laissé s’installer comme une plante invasive et il a pratiquement détruit tous les fondements de notre civilisation. C’est le dernier moment pour agir, ce sursaut est indispensable. C’est pourquoi je salue votre démarche. Vous êtes très courageuse, Catherine, je vais vous aider à libérer votre mari de cette infection, s’il en est encore temps, bien sûr…</p> <p>- Vous pensez qu’il pourrait être trop tard ?</p> <p>- Tout ce que vous me dites m’inquiète beaucoup. 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La fidélité absolue est un concept éculé et hypocrite qui a pour but principal que les hommes soient certains que les enfants qui sortent des ventres de leur épouse soient bien le produit de leurs spermatozoïdes à eux. Transmettre ses gènes est un réflexe très animal, si Sapiens est vraiment un être supérieur, il devrait se détendre sur cette question. En plus, Pierre et moi n’avons pas fait d’enfants, trop concentrés sur nous-mêmes et nos vies à réussir. Marie, ma sœur, prétend que pour les femmes, l’importance de la fidélité n’a pas pour but la perpétuation de l’espèce mais plutôt la conservation à leur côté du mâle qui assure leur protection. Elle se trompe. Si Pierre et moi sommes toujours ensemble après trente-cinq ans de mariage, c’est justement parce que nous nous laissons la liberté d’aller de temps en temps voir ailleurs. Marie, elle, ne souhaitait plus de rapports sexuels tout en menaçant son mari de le quitter s’il la trompait. C’est lui qui est parti avec la première maîtresse qu’il s’est autorisée.</p> <p>Mais Pierre a changé.</p> <p>Nous nous sommes connus dans une manifestation contre le racisme alors que nous avions vingt-sept ans. Il était graphiste tandis que moi j’enseignais le français à des réfugiés dans un centre géré par l’Eglise protestante. Je l’avais déjà remarqué à d’autres occasions au fil des ans – Lausanne est une petite ville – notamment lors d’une soirée chez Jean-Luc, lequel a été mon amant lorsque j’avais vingt ans et que j’hésitais entre le trotskisme et l’écologie politique. Lorsque Jean-Luc, figure de proue des trotskistes locaux, m’avait quittée pour une camarade d’origine kurde plus valorisante pour lui, j’avais renoncé aux principes de la Quatrième Internationale et milité pour la sauvegarde de la planète, jusqu’à ma rencontre avec un zapatiste belge avec qui je suis partie au Mexique où j’ai attrapé une infection sexuellement transmissible. De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. 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Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. 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Ce que j’ai découvert est effrayant…</p> <p style="text-align: right;"><em>Suite la semaine prochaine</em></p> <hr /> <h4>Pierre Ronpipal est l’auteur de<br /><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002707_damned01.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="149" height="206" /><br />«A moi de choisir ceux qui vont mourir»<br /><span>et de<br /></span><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002742_cover20242.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="154" height="207" /><br />«Le vert était rouge à l’intérieur»<br />aux <a href="https://nouvelleseditionshumus.ch/" target="_blank" rel="noopener">Nouvelles Editions Humus</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'un-bien-cruel-conte-de-noel-1', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 40, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5284, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les ramasseurs de déchets, grands perdants du récit dominant sur la pollution plastique', 'subtitle' => 'A Busan, en Corée du Sud, les discussions sur le traité mondial sur la pollution plastique, qui se tenaient du 25 novembre au 1er décembre, se sont soldées par un échec. 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Il s’agit des travailleurs qui récupèrent, réutilisent ou revendent les plastiques, les textiles, l’aluminium et d’autres matériaux précieux issus des déchets.</p> <p>Dans le cadre du traité sur les plastiques, pour que ces travailleurs informels soient reconnus, que leurs conditions de travail puissent être améliorées et qu’ils puissent bénéficient d’une transition écologique plus équitable, les solutions politiques doivent aller au-delà des mécanismes économiques basés sur le seul marché et des stratégies axées sur le profit.</p> <p>Si ce n’est pas le cas, les efforts en faveur d’un recyclage plus inclusif et du développement de l’économie circulaire risquent de renforcer les injustices mêmes qu’ils prétendent combattre.</p> <h3>Qui sont les ramasseurs informels de déchets?</h3> <p>Les collecteurs de déchets – et les autres personnes travaillant avec eux dans un cadre informel et coopératif – effectuent une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921344924001824#sec0021">grande partie du travail de recyclage à l’échelle mondiale</a>. 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Les réglementations environnementales peuvent <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ac6b49">aggraver ces menaces</a> en accélérant la privatisation du traitement des déchets.</p> <p>Alors que les efforts de lutte contre la pollution plastique gagnent du terrain, les ramasseurs informels sont soumis à une double pression:</p> <ul> <li> <p>Ils doivent protéger leur accès aux déchets, car c’est l’un des rares moyens de subsistance dont ils disposent.</p> </li> <li> <p>En même temps, ils cherchent à améliorer leurs conditions de vie et de travail.</p> </li> </ul> <p>Un groupe de ramasseurs de déchets a donc profité de l’ouverture des négociations pour <a href="https://globalrec.org/document/just-transition-waste-pickers-un-plastics-treaty/">plaider en faveur de la reconnaissance de leur travail</a>. Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. Par exemple la <a href="https://www.businessforplasticstreaty.org/vision-statement#Key-elements">Business Coalition for a Plastics Treaty</a>, les <a href="https://news.un.org/en/story/2024/10/1156301">dirigeants des Nations unies</a> et même <a href="https://resolutions.unep.org/resolutions/uploads/american_chemistry_council.pdf">l’industrie pétrochimique</a>.</p> <p>Certaines de ces demandes ont été intégrées aux projets de traité sur les plastiques discutés au cours des négociations, ce qui représente une victoire majeure pour les travailleurs du secteur informel des déchets.</p> <p>Un consensus se dégage sur le fait qu’une économie circulaire inclusive peut être bénéfique à la fois pour l’environnement, l’économie et les travailleurs en améliorant la gestion de la pollution, les moyens de subsistance et les opportunités de croissance économique pour les entreprises.</p> <p>Ces promesses demandent toutefois à être vérifiées sur le terrain. Et c’est là que les choses se compliquent.</p> <h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3> <p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p> <figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span></figcaption> </figure> <p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p> <p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p> <p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p> <p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p> <p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. 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Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. 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Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. 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Gasche</strong>, article publié sur <a href="https://www.infosperber.ch/medien/medienkritik/die-usa-finanzieren-internationales-journalisten-kollektiv/" target="_blank" rel="noopener"><em>Infosperber</em></a> le 5 décembre 2024, traduit par <em>Bon Pour La Tête</em></p> <hr /> <p>Parmi de nombreux autres médias, la <em>NZZ</em> et le <em>Tages-Anzeiger</em> ont diffusé à plusieurs reprises des révélations du réseau international de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Ce faisant, ils n'ont pas rendu transparent le fait que les services gouvernementaux américains paient la moitié du budget de l'OCCRP. 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Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». C'est ce qu'a déclaré Leonard Novy, directeur de l'Institut allemand des médias et de la politique de communication, à la chaîne NDR. Cela laisse supposer que les journalistes peuvent être utilisés ou instrumentalisés à des fins politiques.</p> <p>Sullivan et l'OCCRP ont également laissé les médias partenaires et leurs lecteurs dans l'ignorance de leur proximité avec le gouvernement américain. Selon Leonard Novy, l'organisation a ainsi dépassé les limites.</p> <h3><strong>Sullivan n'a pas voulu parler clairement aujourd'hui encore</strong></h3> <p>Sullivan a d'abord affirmé à la chaîne NDR que l'OCCRP avait «un groupe de donateurs largement répandu», parmi lesquels «aucun donateur individuel ne domine». Il a ajouté que «le gouvernement américain [...] est l'un des plus grands donateurs, mais ce n'est pas un pourcentage énorme». 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[...] Je suis très reconnaissant au gouvernement américain.»</p> <p>Par écrit, Sullivan a renchéri: «Nous avons dû décider si nous voulions accepter de l'argent du gouvernement ou ne pas exister.» Sur le site web de l'OCCRP, les montants des sponsors ne sont pas indiqués.</p> <h3><strong>Conditions posées</strong></h3> <p>Sullivan a confirmé à la NDR le pouvoir d'influence des autorités américaines: «Dans le cadre d'accords de coopération que nous n'aimons pas conclure, ils ont un droit de regard sur le choix des personnes [...] Ils peuvent mettre leur veto sur quelqu'un [...] Ils n'ont jamais mis leur veto sur quelqu'un.»</p> <p>L'OCCRP ne peut pas enquêter sur des affaires américaines avec l'argent fourni par Washington. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Sullivan à la NDR. «Je pense que le gouvernement américain ne le permet pas. 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Des faits presque incroyables sur le travail de relations publiques du Pentagone.</p> <p><strong>20 avril 2008</strong> <a href="https://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/gekaufte-meinung-pentagon-beschaeftigt-pr-armee-fuer-us-tv-a-548519.html">Le Pentagone emploie une armée de RP pour la télévision américaine</a>. 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1 Commentaire
@stef 07.06.2020 | 08h45
«Très bon résumé de la situation, merci»