Actuel / Les clés de la popularité de Matteo Salvini
En apparence spontanée et souvent même grossière, la communication de Matteo Salvini est soigneusement pensée. © DR
Michele Di Donato, Marie Skłodowska-Curie Fellow, Centre d’Histoire de Sciences Po, Sciences Po – USPC
«Là il y a l’Autel de la Patrie – est-ce que je peux le montrer sans qu’on m’accuse de nostalgies mussoliniennes?»
Nous sommes en octobre 2018 et Matteo Salvini, le leader du parti d’extrême droite de la Ligue, vice-président du Conseil et ministre de l’Intérieur de l’Italie au sein d’un gouvernement de coalition avec les populistes du Mouvement 5 étoiles, s’exprime en direct sur Facebook depuis le toit du bâtiment qui abrite son bureau. Le ministre est au premier plan, la caméra le suit lorsque, du haut de la colline du Viminal, il montre du doigt les monuments de Rome.
«Et là encore il y a l’EUR. Pas loin de Rome, il y a aussi Latina… Il y a la bonification de terres qui étaient jadis des marais et maintenant ce sont des villes. Mais je ne sais pas si j’ai le droit de le dire, car c’est Mussolini qui les a créées, donc je dois nier ou faire semblant que cela n’existe pas.»
Ces passages sont extraits d’une vidéo où Salvini présente un bilan des activités de son ministère, tout en déployant beaucoup des tropismes de sa communication. Sa première cible sont les migrants, qu’il évoque à plusieurs reprises, annonçant une coupe du budget consacré à l’assistance aux réfugiés ainsi que de nombreuses mesures spécifiques. Des décrets, explique-t-il, imposeront la fermeture anticipée à 21 heures de ce qu’il appelle les «petites boutiques ethniques» – les épiceries souvent gérées par des citoyens étrangers.
Puis il enchaîne:
«Le soir, celles-ci deviennent un rendez-vous pour des ivrognes et des dealers… qui boivent des bières jusqu’à trois heures du matin, qui pissent sur la rue, qui chient…»
Avec le même langage cru, il annonce que des patrouilles de police seront déployées sur les trains pour «botter le cul» à ceux qui n’ont pas de billet et voyagent «avec des machettes, pour dealer ou pour faire du bordel.»
Aux critiques des oppositions, le ministre ne répond qu’avec de l’ironie, en les représentant comme irrémédiablement déconnectées de la réalité. Et, enfin, on arrive au clin d’œil au fascisme, qui fait scandale mais qui garantit aussi que c’est de lui qu’on parlera dans les journaux, à la télé et sur les réseaux sociaux.
Le caractère déconcertant de certains de ses propos est en quelque sorte assoupli par le débit de Salvini qui, souriant, la chemise ouverte jusqu’au troisième bouton, s’efforce d’apparaître comme un homme ordinaire, préoccupé par la sécurité publique «en tant que ministre ainsi qu’en tant que père de deux enfants», capable aussi de s’émerveiller face à la beauté de la Ville éternelle.
Commune est aussi l’erreur qu’il commet en attribuant au régime de Mussolini la construction de l’«Autel de la Patrie» – en fait un monument dédié au roi Vittorio Emanuele II qui fut inauguré en 1911, soit en plein âge libéral, onze ans avant que les fascistes accomplissent leur «Marche sur Rome».
Une communication de «Bête»
En apparence spontanée et souvent même grossière, la communication de Matteo Salvini est coordonnée soigneusement par une équipe dirigée par l’expert en informatique et spin doctor Luca Morisi. Cette équipe est à l’origine de nombreuses initiatives qui ont accompagné la montée en puissance au niveau national de l’ancienne Ligue du Nord et l’impressionnante hausse de popularité de la nouvelle Ligue «nationale» et souverainiste. Celle-ci est passée de 4,1% des voix aux élections parlementaires de 2013 à 17,4% lors de celles de 2018, jusqu’aux 30-33% que tous les sondages lui attribuent aujourd’hui.
Les techniques et les instruments de cette communication en ligne ont capté l’attention des experts, qui se sont concentrés surtout sur le logiciel que la Ligue utilise pour analyser le flot des données sur les réseaux sociaux. Surnommé «La Bête» pour sa capacité à maîtriser d’énormes quantités d’informations, le logiciel permet au parti d’adapter sa communication en ligne aux réactions du public, en individuant les questions du moment, les positionnements politiques les plus avantageux, ainsi que les sujets qui engagent le plus les internautes et garantissent la circulation des messages.
Véritable usine à like, la Bête a contribué à l’extraordinaire popularité de Matteo Salvini sur les réseaux sociaux: ses 3,4 millions de followers en font aujourd’hui l’homme politique européen le plus suivi sur Facebook.
Trump et Savini, même combat: l’immigration
Il faut toutefois se garder de la tentation d’attribuer seulement à ces techniques la réussite de la communication de la Ligue. Le succès de son discours politique apparaît en effet un peu moins étonnant si on examine le cas italien dans son contexte, en perspective comparative ou en tant que composant d’une mouvance transnationale. Depuis la crise de 2008, les partis qui proposent une distinction entre un «peuple» homogène et des «élites» corrompues, qui invoquent la priorité donnée à la nation et s’en prennent aux instances supranationales, mais aussi aux migrants, ont le vent en poupe un peu partout en Europe – sans parler des États-Unis ou de l’Amérique latine.
«Décret immigration et sécurité» est le nom que Salvini a choisi pour les mesures approuvées par le Parlement à la fin du mois novembre visant à durcir la législation italienne sur l’immigration. Ces mesures sont actuellement au centre d’un conflit entre le ministre et nombre de maires de centre-gauche, dont ceux de Palerme, Naples et Milan, et font l’objet d’un recours à la Cour Constitutionnelle annoncé par certaines administrations régionales.
Cette dynamique suggère des parallèles avec la situation des États-Unis – avec le shutdown forcé par le projet de Donald Trump de bâtir un mur à la frontière avec le Mexique – en ce qui concerne tant l’insistance obsédante des deux hommes politiques sur le lien entre immigration et sécurité, que le conflit institutionnel engendré par leurs plans anti-immigration draconiens.
Un tiers de jeunes au chômage
Si la recherche de protection et de réponses immédiates face à la perception d’une insécurité à multiples facettes est un trait assez commun de la politique contemporaine, la situation italienne se distingue du fait de l’entrelacement de trois facteurs.
Tout d’abord, une reprise particulièrement faible a suivi une crise économique particulièrement grave, surtout en ce qui concerne la dynamique du PIB par personne et les taux d’emploi: au moment du dernier relevé, le taux de chômage s’élevait à 10,6% et atteignait 32,5% parmi les jeunes). Les mesures d’austérité ont été sévères, notamment durant le gouvernement «de techniciens» de Mario Monti (novembre 2011-avril 2013).
Le rôle des institutions européennes dans leur mise en œuvre a été prééminent, ce qui a contribué à nourrir le sentiment anti-européen au sein de l’opinion publique, ainsi qu’à réveiller le sentiment d’insécurité d’un pays de taille moyenne qui craint toujours le déclassement par rapport à ses voisins du Nord (les propos antiallemands et antifrançais abondent depuis plusieurs années parmi les deux partis du gouvernement).
La crise profonde des partis traditionnels
Deuxièmement, toutes les forces politiques italiennes traditionnelles ou liées à une idée de consensus constitutionnel et pro-européen traversent une crise profonde.
À droite, la Ligue semble être en train de phagocyter ce qui reste de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi. Après le fracas des dernières élections parlementaires, où il n’a obtenu que 14% des voix, Forza Italia a essayé de se donner une nouvelle image comme parti responsable du centre-droite libéral. Mais cette stratégie, faute de crédibilité, ne semble pas en mesure d’arrêter le déclin d’une force politique dont la raison d’être coïncidait avec les fortunes de son patron, désormais vieillissant et affaibli par ses innombrables scandales.
Au centre-gauche, le Parti Démocrate a connu une trajectoire de rise and fall assez spectaculaire, liée à l’épuisement soudain de la popularité de l’ancien premier ministre Matteo Renzi. Le dessein de modernisation qu’il avait annoncé n’ayant pas obtenu les résultats promis, le parti est passé de 40,8% aux élections européennes de 2014 (les premières sous le leadership de Renzi) au 18,7% de 2018.
La rhétorique de rupture avec le passé qui avait amené Renzi à la tête du parti et au gouvernement semble aujourd’hui se retourner contre son camp politique. Le groupe dirigeant des Démocrates apparaît très affaibli, et toute initiative politique reste gelée en attendant que le parti choisisse un nouveau leader lors des élections primaires prévues pour le mois de mars.
Les ambiguïtés du Mouvement 5 étoiles
Plus en profondeur, c’est le système politique italien tout entier, ainsi que les institutions républicaines, qui ont été l’objet d’une longue campagne de délégitimation dont le Mouvement 5 étoiles a été le fer de lance. L’idée que les racines des problèmes du pays résident entièrement dans une politique inefficace et corrompue, ainsi que dans les «contraintes» et les «diktats» de Bruxelles, est répandue parmi l’électorat, alors que la critique des élites économiques du pays reste plutôt dans le flou dans le débat public.
Il est intéressant de noter, en comparant la situation italienne à celle des autres pays européens frappés par la crise économique, qu’en devenant le premier bénéficiaire électoral de la radicalisation politique de l’après-2008, le Mouvement 5 étoiles a investi avec ses positions «ni de droite ni de gauche» le terrain politique occupé dans d’autres pays par de nouveaux mouvements de gauche issus de la crise.
Les effets de cette tournure politiquement équivoque de la radicalisation de certaines couches d’opinion publique ont été éminemment ambigus. Si certains des nouveaux mouvements de gauche en Europe ont prouvé leur capacité à participer pleinement au jeu démocratique (en Grèce, au Portugal et en Espagne), le Mouvement 5 étoiles tient au contraire un discours beaucoup plus ambivalent envers la démocratie libérale. Il lui oppose une rhétorique favorable à la démocratie directe ainsi que des pratiques internes très hiérarchiques, et refuse toute légitimité aux représentants de la «vieille politique».
Dans une intervention récente, Luigi Di Maio, leader des 5 étoiles et vice-premier ministre, a suggéré un parallèle entre son mouvement et celui des gilets jaunes, en soulignant leur accord fondamental sur la question de la «démocratie directe»: «Une nouvelle Europe est en train de naître. Celle des “gilets jaunes”, celle des mouvements, celle de la démocratie directe», a-t-il affirmé, tout en incitant les gilets jaunes à «tenir bon».
De son côté, le fondateur du mouvement, le comédien Beppe Grillo, a affirmé à plusieurs reprises que seul un succès des 5 étoiles aurait permis d’endiguer la dérive droitière du pays: c’était «soit le Mouvement 5 étoiles» soit une «Aube dorée à l’italienne», disait-il en faisant référence au parti grec d’extrême droite. Le moins qu’on puisse dire est que cette idée apparaît de moins en moins convaincante depuis la formation du gouvernement de coalition avec la Ligue.
Des marges de manœuvre limitées
Le cas de Matteo Renzi souligne que les temps de la politique italienne ont changé: à un succès extraordinaire peut désormais succéder une chute aussi rapide. Or, l’affaire récente de la renégociation du budget de 2019 montre que les marges de manœuvre restent limitées pour les gouvernements italiens: après un bras de fer de deux mois avec la Commission européenne, Rome a finalement dû céder, en acceptant de réduire la portée du déficit ainsi que de réviser à la baisse les prévisions de dépenses pour les deux mesures phares du gouvernement, le «revenu de citoyenneté» et la réforme du système des retraites.
L’impact que ce revirement partiel aura sur la confiance dans le gouvernement reste encore difficile à mesurer. Mais on peut émettre l’hypothèse que le parti de Salvini en souffrira moins par rapport à ses alliés: les promesses en termes de sécurité publique coûtent d’ailleurs beaucoup moins cher que les plans d’assistance économique promus par le Mouvement 5 étoiles.
Mais les incertitudes de la situation actuelle de l’Italie vont au-delà des problèmes économiques, et impliquent des questions profondes d’ordre politique et culturel. Si leur solution apparaît de plus en plus lointaine, il n’en reste pas moins vrai que la faiblesse des oppositions a été la meilleure assurance-vie pour le gouvernement jusqu’à aujourd’hui.
Un article original de The Conversation.
Notice (8): Trying to access array offset on value of type null [APP/Template/Posts/view.ctp, line 147]Code Context<div class="col-lg-12 order-lg-4 order-md-4">
<? if(!$connected['active']): ?>
<div class="utils__spacer--default"></div>
$viewFile = '/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/src/Template/Posts/view.ctp' $dataForView = [ 'referer' => '/', 'OneSignal' => '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093', '_serialize' => [ (int) 0 => 'post' ], 'post' => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1477, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Italie', 'title' => 'Les clés de la popularité de Matteo Salvini', 'subtitle' => '', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<span></span><p></p><hr><p></p><span><a href="https://theconversation.com/profiles/michele-di-donato-661888"></a></span><p style="text-align: center;"><a href="https://theconversation.com/profiles/michele-di-donato-661888">Michele Di Donato</a>, Marie Skłodowska-Curie Fellow, Centre d’Histoire de Sciences Po, Sciences Po – USPC</p><p></p><hr><p></p><blockquote><p><em><strong>«Là il y a l’Autel de la Patrie – est-ce que je peux le montrer sans qu’on m’accuse de nostalgies mussoliniennes?»</strong></em></p> </blockquote> <p>Nous sommes en octobre 2018 et Matteo Salvini, le leader du parti d’extrême droite de la Ligue, vice-président du Conseil et ministre de l’Intérieur de l’Italie au sein d’un gouvernement de coalition avec les populistes du Mouvement 5 étoiles, <a href="https://it-it.facebook.com/salviniofficial/videos/311876909611156/">s’exprime en direct sur Facebook</a> depuis le toit du bâtiment qui abrite son bureau. Le ministre est au premier plan, la caméra le suit lorsque, du haut de la colline du Viminal, il montre du doigt les monuments de Rome.</p> <blockquote> <p><em><strong>«Et là encore il y a l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Esposizione_Universale_di_Roma">EUR</a>. Pas loin de Rome, il y a aussi Latina… Il y a la bonification de terres qui étaient jadis des marais et maintenant ce sont des villes. Mais je ne sais pas si j’ai le droit de le dire, car c’est Mussolini qui les a créées, donc je dois nier ou faire semblant que cela n’existe pas.»</strong></em></p> </blockquote> <p>Ces passages sont extraits d’une vidéo où Salvini présente un bilan des activités de son ministère, tout en déployant beaucoup des tropismes de sa communication. Sa première cible sont les migrants, qu’il évoque à plusieurs reprises, annonçant une coupe du budget consacré à l’assistance aux réfugiés ainsi que de nombreuses mesures spécifiques. Des décrets, explique-t-il, imposeront la fermeture anticipée à 21 heures de ce qu’il appelle les «petites boutiques ethniques» – les épiceries souvent gérées par des citoyens étrangers.</p> <p>Puis il enchaîne:</p> <blockquote> <p><em><strong>«Le soir, celles-ci deviennent un rendez-vous pour des ivrognes et des dealers… qui boivent des bières jusqu’à trois heures du matin, qui pissent sur la rue, qui chient…»</strong></em></p> </blockquote> <p>Avec le même langage cru, il annonce que des patrouilles de police seront déployées sur les trains pour «botter le cul» à ceux qui n’ont pas de billet et voyagent «avec des machettes, pour dealer ou pour faire du bordel.»</p> <p>Aux critiques des oppositions, le ministre ne répond qu’avec de l’ironie, en les représentant comme irrémédiablement déconnectées de la réalité. Et, enfin, on arrive au clin d’œil au fascisme, qui fait scandale mais qui garantit aussi que c’est de lui qu’on parlera dans les journaux, à la télé et sur les réseaux sociaux.</p> <p>Le caractère déconcertant de certains de ses propos est en quelque sorte assoupli par le débit de Salvini qui, souriant, la chemise ouverte jusqu’au troisième bouton, s’efforce d’apparaître comme un homme ordinaire, préoccupé par la sécurité publique «en tant que ministre ainsi qu’en tant que père de deux enfants», capable aussi de s’émerveiller face à la beauté de la Ville éternelle.</p> <p>Commune est aussi l’erreur qu’il commet en attribuant au régime de Mussolini la construction de l’«Autel de la Patrie» – en fait un monument dédié au roi Vittorio Emanuele II qui fut inauguré en 1911, soit en plein âge libéral, onze ans avant que les fascistes accomplissent leur «Marche sur Rome».</p> <h2>Une communication de «Bête»</h2> <p>En apparence spontanée et souvent même grossière, la communication de Matteo Salvini est coordonnée soigneusement par une équipe dirigée par l’<a href="https://www.youtrend.it/2018/10/17/in-conversation-with-the-spin-doctor-luca-morisi-interview/">expert en informatique et <em>spin doctor</em> Luca Morisi</a>. Cette équipe est à l’origine de nombreuses initiatives qui ont accompagné la montée en puissance au niveau national de l’ancienne Ligue du Nord et l’impressionnante hausse de popularité de la nouvelle Ligue «nationale» et souverainiste. Celle-ci est passée de 4,1% des voix aux élections parlementaires de 2013 à 17,4% lors de celles de 2018, jusqu’aux 30-33% que <a href="https://www.termometropolitico.it/">tous les sondages</a> lui attribuent aujourd’hui.</p> <p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></div><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p> <p>Les techniques et les instruments de cette communication en ligne ont capté l’attention des experts, qui se sont concentrés surtout sur le logiciel que la Ligue utilise pour analyser le flot des données sur les réseaux sociaux. Surnommé «La Bête» pour sa capacité à maîtriser d’énormes quantités d’informations, le logiciel permet au parti d’adapter sa communication en ligne aux réactions du public, en individuant les questions du moment, les positionnements politiques les plus avantageux, ainsi que les sujets qui engagent le plus les internautes et garantissent la circulation des messages.</p> <p>Véritable usine à <em>like</em>, la Bête a contribué à l’extraordinaire popularité de Matteo Salvini sur les réseaux sociaux: <a href="https://www.theguardian.com/world/2018/dec/17/revealed-how-italy-populists-used-facebook-win-election-matteo-salvini-luigi-di-maio">ses 3,4 millions de <em>followers</em> en font aujourd’hui l’homme politique européen le plus suivi sur Facebook</a>.</p> <h2>Trump et Savini, même combat: l’immigration</h2> <p>Il faut toutefois se garder de la tentation d’attribuer seulement à ces techniques la réussite de la communication de la Ligue. Le succès de son discours politique apparaît en effet un peu moins étonnant si on examine le cas italien dans son contexte, en perspective comparative ou en tant que composant d’une mouvance transnationale. Depuis la crise de 2008, les partis qui <a href="https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/nov/22/populism-concept-defines-our-age">proposent une distinction entre un «peuple» homogène et des «élites» corrompues</a>, qui invoquent la priorité donnée à la nation et s’en prennent aux instances supranationales, mais aussi aux migrants, ont le vent en poupe un peu partout en Europe – sans parler des États-Unis ou de l’<a href="https://theconversation.com/bresil-apocalypse-now-105552">Amérique latine</a>.</p> <p>«Décret immigration et sécurité» est le nom que Salvini a choisi pour les <a href="http://www.rfi.fr/europe/20181129-italie-decret-loi-immigration-securite-salvini-ligue">mesures approuvées par le Parlement à la fin du mois novembre</a> visant à durcir la législation italienne sur l’immigration. Ces mesures sont actuellement au centre d’un <a href="https://www.liberation.fr/depeches/2019/01/03/palerme-naples-florence-des-villes-italiennes-se-liguent-contre-salvini_1700954">conflit entre le ministre et nombre de maires de centre-gauche</a>, dont ceux de Palerme, Naples et Milan, et font l’objet d’un recours à la Cour Constitutionnelle <a href="https://www.repubblica.it/politica/2019/01/07/news/dl_sicurezza_consulta_corte_costituzionale_regioni-216023189/?ref=RHPPLF-BH-I0-C8-P2-S1.8-T1">annoncé par certaines administrations régionales</a>.</p> <p>Cette dynamique suggère des parallèles avec la situation des États-Unis – avec le shutdown forcé par le projet de Donald Trump de bâtir un mur à la frontière avec le Mexique – en ce qui concerne tant l’insistance obsédante des deux hommes politiques sur le lien entre immigration et sécurité, que le conflit institutionnel engendré par leurs plans anti-immigration draconiens.</p> <h2>Un tiers de jeunes au chômage</h2> <p>Si la recherche de protection et de réponses immédiates face à la perception d’une insécurité à multiples facettes est un trait assez commun de la politique contemporaine, la situation italienne se distingue du fait de l’entrelacement de trois facteurs.</p> <p>Tout d’abord, une reprise particulièrement faible a suivi une crise économique particulièrement grave, surtout en ce qui concerne la dynamique du PIB par personne et les taux d’emploi: au moment du dernier relevé, le <a href="https://www.ilsole24ore.com/art/notizie/2018-11-30/istat-ottobre-tasso-disoccupazione-sale-106percento-100405.shtml?uuid=AEBvN9pG">taux de chômage s’élevait à 10,6% et atteignait 32,5% parmi les jeunes</a>). Les mesures d’austérité ont été sévères, notamment durant le gouvernement «de techniciens» de Mario Monti (novembre 2011-avril 2013).</p> <p>Le rôle des institutions européennes dans leur mise en œuvre a été prééminent, ce qui a contribué à nourrir le sentiment anti-européen au sein de l’opinion publique, ainsi qu’à réveiller le sentiment d’insécurité d’un pays de taille moyenne qui craint toujours le déclassement par rapport à ses voisins du Nord (les propos antiallemands et antifrançais abondent depuis plusieurs années parmi les deux partis du gouvernement).</p> <h2>La crise profonde des partis traditionnels</h2> <p>Deuxièmement, toutes les forces politiques italiennes traditionnelles ou liées à une idée de consensus constitutionnel et pro-européen traversent une crise profonde.</p> <p>À droite, la Ligue semble être en train de phagocyter <a href="https://theconversation.com/litalie-nouveau-laboratoire-de-l-orbanisation-de-leurope-96566">ce qui reste de <em>Forza Italia</em></a>, le parti de Silvio Berlusconi. Après le fracas des dernières élections parlementaires, où il n’a obtenu que 14% des voix, <em>Forza Italia</em> a essayé de se donner une nouvelle image comme parti responsable du centre-droite libéral. Mais cette stratégie, faute de crédibilité, ne semble pas en mesure d’arrêter le déclin d’une force politique dont la raison d’être coïncidait avec les fortunes de son patron, désormais vieillissant et affaibli par ses innombrables scandales.</p> <p>Au centre-gauche, le Parti Démocrate a connu une trajectoire de <em>rise and fall</em> assez spectaculaire, liée à l’<a href="https://theconversation.com/referendum-en-italie-le-quitte-ou-double-de-matteo-renzi-69649">épuisement soudain de la popularité de l’ancien premier ministre Matteo Renzi</a>. Le dessein de modernisation qu’il avait annoncé n’ayant pas obtenu les résultats promis, le parti est passé de 40,8% aux élections européennes de 2014 (les premières sous le leadership de Renzi) au 18,7% de 2018.</p> <p>La rhétorique de rupture avec le passé qui avait amené Renzi à la tête du parti et au gouvernement semble aujourd’hui se retourner contre son camp politique. Le groupe dirigeant des Démocrates apparaît très affaibli, et toute initiative politique reste gelée en attendant que le parti choisisse un nouveau leader lors des élections primaires prévues pour le mois de mars.</p> <h2>Les ambiguïtés du Mouvement 5 étoiles</h2> <p>Plus en profondeur, c’est le système politique italien tout entier, ainsi que les institutions républicaines, qui ont été l’objet d’une longue campagne de délégitimation dont le Mouvement 5 étoiles a été le fer de lance. L’idée que les racines des problèmes du pays résident entièrement dans une politique inefficace et corrompue, ainsi que dans les «contraintes» et les «diktats» de Bruxelles, est répandue parmi l’électorat, alors que la critique des élites économiques du pays reste plutôt dans le flou dans le débat public.</p> <p>Il est intéressant de noter, en comparant la situation italienne à celle des autres pays européens frappés par la crise économique, qu’en devenant le premier bénéficiaire électoral de la radicalisation politique de l’après-2008, le Mouvement 5 étoiles a investi avec ses positions «ni de droite ni de gauche» le <a href="https://www.wumingfoundation.com/giap/2013/03/intervista-a-wu-ming-grillo-cresce-sulle-macerie-dei-movimenti/">terrain politique occupé dans d’autres pays par de nouveaux mouvements de gauche issus de la crise</a>.</p> <figure class="align-right "> <h4><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/252691/original/file-20190107-32136-9rllgp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/252691/original/file-20190107-32136-9rllgp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/252691/original/file-20190107-32136-9rllgp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/252691/original/file-20190107-32136-9rllgp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/252691/original/file-20190107-32136-9rllgp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/252691/original/file-20190107-32136-9rllgp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/252691/original/file-20190107-32136-9rllgp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"> <figcaption> <span class="caption">Beppe Grillo, le leader du Mouvement 5 étoiles (ici en 2015).</span> © <span class="attribution"><a class="source" href="https://twitter.com/lumorisi/status/1081289751477608450">Revol Web/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></h4><p></p><figcaption><span class="attribution"></span></figcaption><p></p><figcaption><span class="attribution"><br></span> </figcaption> </figure> <p>Les effets de cette tournure politiquement équivoque de la radicalisation de certaines couches d’opinion publique ont été éminemment ambigus. Si certains des nouveaux mouvements de gauche en Europe ont prouvé leur capacité à participer pleinement au jeu démocratique (en Grèce, au Portugal et en Espagne), le Mouvement 5 étoiles tient au contraire un discours beaucoup plus ambivalent envers la démocratie libérale. Il lui oppose une rhétorique favorable à la démocratie directe ainsi que des pratiques internes très hiérarchiques, et refuse toute légitimité aux représentants de la «vieille politique».</p> <p>Dans une intervention récente, Luigi Di Maio, leader des 5 étoiles et vice-premier ministre, a suggéré un <a href="https://www.europe1.fr/societe/gilets-jaunes-le-gouvernement-populiste-italien-affirme-son-soutien-au-mouvement-3834083">parallèle entre son mouvement et celui des gilets jaunes</a>, en soulignant leur accord fondamental sur la question de la «démocratie directe»: «Une nouvelle Europe est en train de naître. Celle des “gilets jaunes”, celle des mouvements, celle de la démocratie directe», a-t-il affirmé, tout en <a href="https://www.ilblogdellestelle.it/2019/01/gilet-gialli-non-mollate.html">incitant les gilets jaunes à «tenir bon»</a>.</p> <p>De son côté, le fondateur du mouvement, le comédien Beppe Grillo, a affirmé à plusieurs reprises que seul un succès des 5 étoiles aurait permis d’endiguer la dérive droitière du pays: c’était «soit le Mouvement 5 étoiles» soit une <a href="http://www.beppegrillo.it/discorso-di-fine-anno-di-beppe-grillo/">«Aube dorée à l’italienne»</a>, disait-il en faisant référence au parti grec d’extrême droite. Le moins qu’on puisse dire est que cette idée apparaît de moins en moins convaincante depuis la formation du gouvernement de coalition avec la Ligue.</p> <h2>Des marges de manœuvre limitées</h2> <p>Le cas de Matteo Renzi souligne que les temps de la politique italienne ont changé: à un succès extraordinaire peut désormais succéder une chute aussi rapide. Or, l’<a href="http://www.rfi.fr/europe/20181219-ue-rome-bruxelles-conclu-accord-budget-italie-2019-m5s-ligue">affaire récente de la renégociation du budget de 2019</a> montre que les marges de manœuvre restent limitées pour les gouvernements italiens: après un bras de fer de deux mois avec la Commission européenne, Rome a finalement dû céder, en acceptant de réduire la portée du déficit ainsi que de <a href="https://www.theguardian.com/world/2018/dec/19/italy-avoids-eu-sanctions-after-reaching-2019-budget-agreement">réviser à la baisse les prévisions de dépenses pour les deux mesures phares du gouvernement, le «revenu de citoyenneté» et la réforme du système des retraites</a>.</p> <p>L’impact que ce revirement partiel aura sur la confiance dans le gouvernement reste encore difficile à mesurer. Mais on peut émettre l’hypothèse que le parti de Salvini en souffrira moins par rapport à ses alliés: les promesses en termes de sécurité publique coûtent d’ailleurs beaucoup moins cher que les plans d’assistance économique promus par le Mouvement 5 étoiles.</p> <p>Mais les incertitudes de la situation actuelle de l’Italie vont au-delà des problèmes économiques, et impliquent des questions profondes d’ordre politique et culturel. Si leur solution apparaît de plus en plus lointaine, il n’en reste pas moins vrai que la faiblesse des oppositions a été la meilleure assurance-vie pour le gouvernement jusqu’à aujourd’hui.<!-- Below is The Conversation's page counter tag. Please DO NOT REMOVE. --><img src="https://counter.theconversation.com/content/109354/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" style="border: none !important; box-shadow: none !important; margin: 0 !important; max-height: 1px !important; max-width: 1px !important; min-height: 1px !important; min-width: 1px !important; opacity: 0 !important; outline: none !important; padding: 0 !important; text-shadow: none !important" width="1" height="1"><!-- End of code. If you don't see any code above, please get new code from the Advanced tab after you click the republish button. The page counter does not collect any personal data. More info: http://theconversation.com/republishing-guidelines --></p> <p></p><hr><p></p> <h4>Un <a href="https://theconversation.com/italie-les-cles-de-la-popularite-de-matteo-salvini-109354">article original</a> de<em> <a href="http://theconversation.com">The Conversation</a></em>.<br></h4> ', 'content_edition' => null, 'slug' => 'les-cles-de-la-popularite-de-matteo-salvini', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 639, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1494, 'homepage_order' => (int) 1761, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'Michele Di Donato, Marie Skłodowska-Curie Fellow, Centre d’Histoire de Sciences Po, Sciences Po – USPC«Là il y a l’Autel de la Patrie – est-ce que...', 'title' => 'Les clés de la popularité de Matteo Salvini', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = '/' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1477, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Italie', 'title' => 'Les clés de la popularité de Matteo Salvini', 'subtitle' => '', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<span></span><p></p><hr><p></p><span><a href="https://theconversation.com/profiles/michele-di-donato-661888"></a></span><p style="text-align: center;"><a href="https://theconversation.com/profiles/michele-di-donato-661888">Michele Di Donato</a>, Marie Skłodowska-Curie Fellow, Centre d’Histoire de Sciences Po, Sciences Po – USPC</p><p></p><hr><p></p><blockquote><p><em><strong>«Là il y a l’Autel de la Patrie – est-ce que je peux le montrer sans qu’on m’accuse de nostalgies mussoliniennes?»</strong></em></p> </blockquote> <p>Nous sommes en octobre 2018 et Matteo Salvini, le leader du parti d’extrême droite de la Ligue, vice-président du Conseil et ministre de l’Intérieur de l’Italie au sein d’un gouvernement de coalition avec les populistes du Mouvement 5 étoiles, <a href="https://it-it.facebook.com/salviniofficial/videos/311876909611156/">s’exprime en direct sur Facebook</a> depuis le toit du bâtiment qui abrite son bureau. Le ministre est au premier plan, la caméra le suit lorsque, du haut de la colline du Viminal, il montre du doigt les monuments de Rome.</p> <blockquote> <p><em><strong>«Et là encore il y a l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Esposizione_Universale_di_Roma">EUR</a>. Pas loin de Rome, il y a aussi Latina… Il y a la bonification de terres qui étaient jadis des marais et maintenant ce sont des villes. Mais je ne sais pas si j’ai le droit de le dire, car c’est Mussolini qui les a créées, donc je dois nier ou faire semblant que cela n’existe pas.»</strong></em></p> </blockquote> <p>Ces passages sont extraits d’une vidéo où Salvini présente un bilan des activités de son ministère, tout en déployant beaucoup des tropismes de sa communication. Sa première cible sont les migrants, qu’il évoque à plusieurs reprises, annonçant une coupe du budget consacré à l’assistance aux réfugiés ainsi que de nombreuses mesures spécifiques. Des décrets, explique-t-il, imposeront la fermeture anticipée à 21 heures de ce qu’il appelle les «petites boutiques ethniques» – les épiceries souvent gérées par des citoyens étrangers.</p> <p>Puis il enchaîne:</p> <blockquote> <p><em><strong>«Le soir, celles-ci deviennent un rendez-vous pour des ivrognes et des dealers… qui boivent des bières jusqu’à trois heures du matin, qui pissent sur la rue, qui chient…»</strong></em></p> </blockquote> <p>Avec le même langage cru, il annonce que des patrouilles de police seront déployées sur les trains pour «botter le cul» à ceux qui n’ont pas de billet et voyagent «avec des machettes, pour dealer ou pour faire du bordel.»</p> <p>Aux critiques des oppositions, le ministre ne répond qu’avec de l’ironie, en les représentant comme irrémédiablement déconnectées de la réalité. Et, enfin, on arrive au clin d’œil au fascisme, qui fait scandale mais qui garantit aussi que c’est de lui qu’on parlera dans les journaux, à la télé et sur les réseaux sociaux.</p> <p>Le caractère déconcertant de certains de ses propos est en quelque sorte assoupli par le débit de Salvini qui, souriant, la chemise ouverte jusqu’au troisième bouton, s’efforce d’apparaître comme un homme ordinaire, préoccupé par la sécurité publique «en tant que ministre ainsi qu’en tant que père de deux enfants», capable aussi de s’émerveiller face à la beauté de la Ville éternelle.</p> <p>Commune est aussi l’erreur qu’il commet en attribuant au régime de Mussolini la construction de l’«Autel de la Patrie» – en fait un monument dédié au roi Vittorio Emanuele II qui fut inauguré en 1911, soit en plein âge libéral, onze ans avant que les fascistes accomplissent leur «Marche sur Rome».</p> <h2>Une communication de «Bête»</h2> <p>En apparence spontanée et souvent même grossière, la communication de Matteo Salvini est coordonnée soigneusement par une équipe dirigée par l’<a href="https://www.youtrend.it/2018/10/17/in-conversation-with-the-spin-doctor-luca-morisi-interview/">expert en informatique et <em>spin doctor</em> Luca Morisi</a>. Cette équipe est à l’origine de nombreuses initiatives qui ont accompagné la montée en puissance au niveau national de l’ancienne Ligue du Nord et l’impressionnante hausse de popularité de la nouvelle Ligue «nationale» et souverainiste. Celle-ci est passée de 4,1% des voix aux élections parlementaires de 2013 à 17,4% lors de celles de 2018, jusqu’aux 30-33% que <a href="https://www.termometropolitico.it/">tous les sondages</a> lui attribuent aujourd’hui.</p> <p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><p data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1081289751477608450"}"></div><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p> <p>Les techniques et les instruments de cette communication en ligne ont capté l’attention des experts, qui se sont concentrés surtout sur le logiciel que la Ligue utilise pour analyser le flot des données sur les réseaux sociaux. Surnommé «La Bête» pour sa capacité à maîtriser d’énormes quantités d’informations, le logiciel permet au parti d’adapter sa communication en ligne aux réactions du public, en individuant les questions du moment, les positionnements politiques les plus avantageux, ainsi que les sujets qui engagent le plus les internautes et garantissent la circulation des messages.</p> <p>Véritable usine à <em>like</em>, la Bête a contribué à l’extraordinaire popularité de Matteo Salvini sur les réseaux sociaux: <a href="https://www.theguardian.com/world/2018/dec/17/revealed-how-italy-populists-used-facebook-win-election-matteo-salvini-luigi-di-maio">ses 3,4 millions de <em>followers</em> en font aujourd’hui l’homme politique européen le plus suivi sur Facebook</a>.</p> <h2>Trump et Savini, même combat: l’immigration</h2> <p>Il faut toutefois se garder de la tentation d’attribuer seulement à ces techniques la réussite de la communication de la Ligue. Le succès de son discours politique apparaît en effet un peu moins étonnant si on examine le cas italien dans son contexte, en perspective comparative ou en tant que composant d’une mouvance transnationale. Depuis la crise de 2008, les partis qui <a href="https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/nov/22/populism-concept-defines-our-age">proposent une distinction entre un «peuple» homogène et des «élites» corrompues</a>, qui invoquent la priorité donnée à la nation et s’en prennent aux instances supranationales, mais aussi aux migrants, ont le vent en poupe un peu partout en Europe – sans parler des États-Unis ou de l’<a href="https://theconversation.com/bresil-apocalypse-now-105552">Amérique latine</a>.</p> <p>«Décret immigration et sécurité» est le nom que Salvini a choisi pour les <a href="http://www.rfi.fr/europe/20181129-italie-decret-loi-immigration-securite-salvini-ligue">mesures approuvées par le Parlement à la fin du mois novembre</a> visant à durcir la législation italienne sur l’immigration. Ces mesures sont actuellement au centre d’un <a href="https://www.liberation.fr/depeches/2019/01/03/palerme-naples-florence-des-villes-italiennes-se-liguent-contre-salvini_1700954">conflit entre le ministre et nombre de maires de centre-gauche</a>, dont ceux de Palerme, Naples et Milan, et font l’objet d’un recours à la Cour Constitutionnelle <a href="https://www.repubblica.it/politica/2019/01/07/news/dl_sicurezza_consulta_corte_costituzionale_regioni-216023189/?ref=RHPPLF-BH-I0-C8-P2-S1.8-T1">annoncé par certaines administrations régionales</a>.</p> <p>Cette dynamique suggère des parallèles avec la situation des États-Unis – avec le shutdown forcé par le projet de Donald Trump de bâtir un mur à la frontière avec le Mexique – en ce qui concerne tant l’insistance obsédante des deux hommes politiques sur le lien entre immigration et sécurité, que le conflit institutionnel engendré par leurs plans anti-immigration draconiens.</p> <h2>Un tiers de jeunes au chômage</h2> <p>Si la recherche de protection et de réponses immédiates face à la perception d’une insécurité à multiples facettes est un trait assez commun de la politique contemporaine, la situation italienne se distingue du fait de l’entrelacement de trois facteurs.</p> <p>Tout d’abord, une reprise particulièrement faible a suivi une crise économique particulièrement grave, surtout en ce qui concerne la dynamique du PIB par personne et les taux d’emploi: au moment du dernier relevé, le <a href="https://www.ilsole24ore.com/art/notizie/2018-11-30/istat-ottobre-tasso-disoccupazione-sale-106percento-100405.shtml?uuid=AEBvN9pG">taux de chômage s’élevait à 10,6% et atteignait 32,5% parmi les jeunes</a>). Les mesures d’austérité ont été sévères, notamment durant le gouvernement «de techniciens» de Mario Monti (novembre 2011-avril 2013).</p> <p>Le rôle des institutions européennes dans leur mise en œuvre a été prééminent, ce qui a contribué à nourrir le sentiment anti-européen au sein de l’opinion publique, ainsi qu’à réveiller le sentiment d’insécurité d’un pays de taille moyenne qui craint toujours le déclassement par rapport à ses voisins du Nord (les propos antiallemands et antifrançais abondent depuis plusieurs années parmi les deux partis du gouvernement).</p> <h2>La crise profonde des partis traditionnels</h2> <p>Deuxièmement, toutes les forces politiques italiennes traditionnelles ou liées à une idée de consensus constitutionnel et pro-européen traversent une crise profonde.</p> <p>À droite, la Ligue semble être en train de phagocyter <a href="https://theconversation.com/litalie-nouveau-laboratoire-de-l-orbanisation-de-leurope-96566">ce qui reste de <em>Forza Italia</em></a>, le parti de Silvio Berlusconi. Après le fracas des dernières élections parlementaires, où il n’a obtenu que 14% des voix, <em>Forza Italia</em> a essayé de se donner une nouvelle image comme parti responsable du centre-droite libéral. Mais cette stratégie, faute de crédibilité, ne semble pas en mesure d’arrêter le déclin d’une force politique dont la raison d’être coïncidait avec les fortunes de son patron, désormais vieillissant et affaibli par ses innombrables scandales.</p> <p>Au centre-gauche, le Parti Démocrate a connu une trajectoire de <em>rise and fall</em> assez spectaculaire, liée à l’<a href="https://theconversation.com/referendum-en-italie-le-quitte-ou-double-de-matteo-renzi-69649">épuisement soudain de la popularité de l’ancien premier ministre Matteo Renzi</a>. Le dessein de modernisation qu’il avait annoncé n’ayant pas obtenu les résultats promis, le parti est passé de 40,8% aux élections européennes de 2014 (les premières sous le leadership de Renzi) au 18,7% de 2018.</p> <p>La rhétorique de rupture avec le passé qui avait amené Renzi à la tête du parti et au gouvernement semble aujourd’hui se retourner contre son camp politique. Le groupe dirigeant des Démocrates apparaît très affaibli, et toute initiative politique reste gelée en attendant que le parti choisisse un nouveau leader lors des élections primaires prévues pour le mois de mars.</p> <h2>Les ambiguïtés du Mouvement 5 étoiles</h2> <p>Plus en profondeur, c’est le système politique italien tout entier, ainsi que les institutions républicaines, qui ont été l’objet d’une longue campagne de délégitimation dont le Mouvement 5 étoiles a été le fer de lance. L’idée que les racines des problèmes du pays résident entièrement dans une politique inefficace et corrompue, ainsi que dans les «contraintes» et les «diktats» de Bruxelles, est répandue parmi l’électorat, alors que la critique des élites économiques du pays reste plutôt dans le flou dans le débat public.</p> <p>Il est intéressant de noter, en comparant la situation italienne à celle des autres pays européens frappés par la crise économique, qu’en devenant le premier bénéficiaire électoral de la radicalisation politique de l’après-2008, le Mouvement 5 étoiles a investi avec ses positions «ni de droite ni de gauche» le <a href="https://www.wumingfoundation.com/giap/2013/03/intervista-a-wu-ming-grillo-cresce-sulle-macerie-dei-movimenti/">terrain politique occupé dans d’autres pays par de nouveaux mouvements de gauche issus de la crise</a>.</p> <figure class="align-right "> <h4><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/252691/original/file-20190107-32136-9rllgp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/252691/original/file-20190107-32136-9rllgp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/252691/original/file-20190107-32136-9rllgp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/252691/original/file-20190107-32136-9rllgp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/252691/original/file-20190107-32136-9rllgp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/252691/original/file-20190107-32136-9rllgp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/252691/original/file-20190107-32136-9rllgp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"> <figcaption> <span class="caption">Beppe Grillo, le leader du Mouvement 5 étoiles (ici en 2015).</span> © <span class="attribution"><a class="source" href="https://twitter.com/lumorisi/status/1081289751477608450">Revol Web/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></h4><p></p><figcaption><span class="attribution"></span></figcaption><p></p><figcaption><span class="attribution"><br></span> </figcaption> </figure> <p>Les effets de cette tournure politiquement équivoque de la radicalisation de certaines couches d’opinion publique ont été éminemment ambigus. Si certains des nouveaux mouvements de gauche en Europe ont prouvé leur capacité à participer pleinement au jeu démocratique (en Grèce, au Portugal et en Espagne), le Mouvement 5 étoiles tient au contraire un discours beaucoup plus ambivalent envers la démocratie libérale. Il lui oppose une rhétorique favorable à la démocratie directe ainsi que des pratiques internes très hiérarchiques, et refuse toute légitimité aux représentants de la «vieille politique».</p> <p>Dans une intervention récente, Luigi Di Maio, leader des 5 étoiles et vice-premier ministre, a suggéré un <a href="https://www.europe1.fr/societe/gilets-jaunes-le-gouvernement-populiste-italien-affirme-son-soutien-au-mouvement-3834083">parallèle entre son mouvement et celui des gilets jaunes</a>, en soulignant leur accord fondamental sur la question de la «démocratie directe»: «Une nouvelle Europe est en train de naître. Celle des “gilets jaunes”, celle des mouvements, celle de la démocratie directe», a-t-il affirmé, tout en <a href="https://www.ilblogdellestelle.it/2019/01/gilet-gialli-non-mollate.html">incitant les gilets jaunes à «tenir bon»</a>.</p> <p>De son côté, le fondateur du mouvement, le comédien Beppe Grillo, a affirmé à plusieurs reprises que seul un succès des 5 étoiles aurait permis d’endiguer la dérive droitière du pays: c’était «soit le Mouvement 5 étoiles» soit une <a href="http://www.beppegrillo.it/discorso-di-fine-anno-di-beppe-grillo/">«Aube dorée à l’italienne»</a>, disait-il en faisant référence au parti grec d’extrême droite. Le moins qu’on puisse dire est que cette idée apparaît de moins en moins convaincante depuis la formation du gouvernement de coalition avec la Ligue.</p> <h2>Des marges de manœuvre limitées</h2> <p>Le cas de Matteo Renzi souligne que les temps de la politique italienne ont changé: à un succès extraordinaire peut désormais succéder une chute aussi rapide. Or, l’<a href="http://www.rfi.fr/europe/20181219-ue-rome-bruxelles-conclu-accord-budget-italie-2019-m5s-ligue">affaire récente de la renégociation du budget de 2019</a> montre que les marges de manœuvre restent limitées pour les gouvernements italiens: après un bras de fer de deux mois avec la Commission européenne, Rome a finalement dû céder, en acceptant de réduire la portée du déficit ainsi que de <a href="https://www.theguardian.com/world/2018/dec/19/italy-avoids-eu-sanctions-after-reaching-2019-budget-agreement">réviser à la baisse les prévisions de dépenses pour les deux mesures phares du gouvernement, le «revenu de citoyenneté» et la réforme du système des retraites</a>.</p> <p>L’impact que ce revirement partiel aura sur la confiance dans le gouvernement reste encore difficile à mesurer. Mais on peut émettre l’hypothèse que le parti de Salvini en souffrira moins par rapport à ses alliés: les promesses en termes de sécurité publique coûtent d’ailleurs beaucoup moins cher que les plans d’assistance économique promus par le Mouvement 5 étoiles.</p> <p>Mais les incertitudes de la situation actuelle de l’Italie vont au-delà des problèmes économiques, et impliquent des questions profondes d’ordre politique et culturel. Si leur solution apparaît de plus en plus lointaine, il n’en reste pas moins vrai que la faiblesse des oppositions a été la meilleure assurance-vie pour le gouvernement jusqu’à aujourd’hui.<!-- Below is The Conversation's page counter tag. Please DO NOT REMOVE. --><img src="https://counter.theconversation.com/content/109354/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" style="border: none !important; box-shadow: none !important; margin: 0 !important; max-height: 1px !important; max-width: 1px !important; min-height: 1px !important; min-width: 1px !important; opacity: 0 !important; outline: none !important; padding: 0 !important; text-shadow: none !important" width="1" height="1"><!-- End of code. If you don't see any code above, please get new code from the Advanced tab after you click the republish button. The page counter does not collect any personal data. More info: http://theconversation.com/republishing-guidelines --></p> <p></p><hr><p></p> <h4>Un <a href="https://theconversation.com/italie-les-cles-de-la-popularite-de-matteo-salvini-109354">article original</a> de<em> <a href="http://theconversation.com">The Conversation</a></em>.<br></h4> ', 'content_edition' => null, 'slug' => 'les-cles-de-la-popularite-de-matteo-salvini', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 639, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1494, 'homepage_order' => (int) 1761, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5302, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (2)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. Tout allait bien entre eux jusqu’au jour où Catherine a soupçonné une transformation inquiétante chez son mari. Ce récit de l’auteur lausannois Pierre Ronpipal est publié en trois épisodes, les 13, 20 et 27 décembre.', 'subtitle_edition' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. Tout allait bien entre eux jusqu’au jour où Catherine a soupçonné une transformation inquiétante chez son mari. Ce récit de l’auteur lausannois Pierre Ronpipal est publié en trois épisodes, les 13, 20 et 27 décembre.', 'content' => '<h4>Un récit de Pierre Ronpipal</h4> <hr /> <p style="text-align: right;"><a href="https://bonpourlatete.com/culture/un-bien-cruel-conte-de-noel-1" target="_blank" rel="noopener"><em>Le premier épisode</em></a></p> <p>- Allo, Mireille? Tu m’entends?</p> <p>- Oui, je suis en train de faire du Pilates mais je t’écoute…</p> <p>- C’est horrible!</p> <p>- Quoi? Que je fasse du Pilates?</p> <p>- Non… Serge et toi avez raison…</p> <p>- A propos de quoi ma chérie?</p> <p>- Mais à propos de Pierre! Il est en train de se transformer en woke! Je ne sais pas quoi faire, je t’en supplie, aide-moi!</p> <p>Lorsque Mireille est arrivée à la maison, j’étais en larmes et elle en sueur. Elle m’a prise dans ses bras, c’est gentil mais elle sentait fort la transpiration. Lorsque je lui ai expliqué ce que j’avais trouvé dans l’ordinateur de Pierre, elle a secoué la tête et a voulu à nouveau me prendre dans ses bras mais j’ai esquivé ce rapprochement.</p> <p>- Pierre fait partie d’un groupe d’homme «en phase de déconstruction».</p> <p>- Ma pauvre chérie, c’est vraiment horrible. Je ne pensais pas que ça arriverait à l’une d’entre nous.</p> <p>Pourtant, cela ne faisait aucun doute. Depuis plusieurs semaines, Pierre correspondait avec une dizaine de personnes et toutes leurs conversations avaient pour sujet la critique du virilisme, la chasse au masculinisme, la volonté d’abattre le patriarcat «d’abord en nous». Rien que d’y penser, ça me donne envie de vomir. Je sais bien qu’une épidémie wokiste s’est abattue sur l’Occident mais je me pensais à l’abri. Eh bien, non! Cette épidémie a envahi mon salon, elle couche même dans mon lit! J’ai également découvert que Pierre me mentait. Alors qu’il prétendait aller jouer au badminton avec des copains, il participait à des <em>workshops</em> de déconstruction de virilité. «Je ne suis plus sûr de rien, écrivait-il sur le forum To-be-is-not-to-be-a-man. Suis-je un homme, une femme, un être mixte, double? Suis-je? Je ne me sens plus capable de vivre dans un monde dualiste, je veux rejoindre une autre dimension, me sentir dans les autres, sentir les autres en moi…»</p> <p>- En fait, il est peut-être gay… Cela fait combien de temps qu’il ne t’a plus fait l’amour?</p> <p>Mireille a raison. Pierre ne m’a plus touchée depuis au moins trois mois. Mais je crois que c’est encore plus grave que ça…</p> <p>- Si tu veux en avoir le cœur net, appelle Emmanuel de ma part. C’est un spécialiste.</p> <p>Emmanuel est le fils d’un ancien amant de Mireille qui était acteur de théâtre. Le fils, lui, a fait des études d’économie avant de se spécialiser dans la traque aux déviations woke et LGBT. Il est renommé dans toute la région. Très propre sur lui, on le sollicite beaucoup. Après des décennies de doxa social-démocrate, les médias découvrent comme un agréable vent nouveau que de jeunes réactionnaires remettent en question sans aucune gêne le bla-bla post-soixante-huitard. Je l’ai tout de suite trouvé à mon goût mais je n’étais pas là pour ça. Nous nous étions donnés rendez-vous dans un tea-room du centre-ville, j’avais pris avec moi l’ordinateur portable de Pierre. Pierre qui prétendait être parti en séminaire professionnel à Zurich mais, je l’avais découvert sans peine, se trouvait en fait à Tolochenaz où avait lieu une rencontre avec un guru de la déconstruction masculine: «De viril à viriel».</p> <p>- Vous avez donc des doutes concernant votre mari? Expliquez-moi ce qui vous inquiète...</p> <p>Ce vouvoiement a sonné très agréablement à mes oreilles. Avec son col roulé, son blaser et sa coupe de cheveux tout à la fois stricte et décontractée, Emmanuel me fit me rendre compte qu’autour de moi, les hommes avaient depuis longtemps renoncé à leur élégance, privilégiant des tenues décontractées ne mettant plus du tout leurs atouts masculins en valeur.</p> <p>Oui, je dois l’avouer, à moi aussi les jeunes réactionnaires faisaient de l’effet. Lorsque je songeais aux gauchistes à l’hygiène douteuse auxquels j’avais offert mon jeune corps dans les années 1980, des sanglots de regret me serraient la gorge. Sans compter tous ces festivals où nous fumions du cannabis, filles et garçons portant les mêmes vêtements et arborant les mêmes coupes des cheveux… </p> <p>- Vous voyez, Catherine, le wokisme se répand depuis fort longtemps dans la société occidentale. Personne n’a voulu le voir et c’est pourquoi aujourd’hui ses effets sont si pervers. Votre génération l’a laissé s’installer comme une plante invasive et il a pratiquement détruit tous les fondements de notre civilisation. C’est le dernier moment pour agir, ce sursaut est indispensable. C’est pourquoi je salue votre démarche. Vous êtes très courageuse, Catherine, je vais vous aider à libérer votre mari de cette infection, s’il en est encore temps, bien sûr…</p> <p>- Vous pensez qu’il pourrait être trop tard ?</p> <p>- Tout ce que vous me dites m’inquiète beaucoup. Pierre est déjà très perverti. Vous l’avez remarqué, dans ses messages il emploie l’écriture inclusive avec aisance. C’est la preuve que le mal a déjà atteint des couches profondes de sa conscience. De plus, il remet systématiquement en question les bienfaits de la civilisation occidentale dans le monde. Il milite pour la restitution des antiquités découvertes chez les peuples non-civilisés, il a participé au souillage de la statue de David de Pury à Neuchâtel, sous prétexte que celui-ci a participé à la traite d’esclaves…</p> <p>- Oui, je sais, c’est horrible. Tout ça alors que je le croyais occupé avec des clients. Les comptes de notre agence de communication sont dans le rouge. Cela fait des mois que Pierre ne prospecte plus de nouveaux clients et qu'il refuse les commandes au prétexte que la publicité est une aliénation capitalisto-patriarcale.</p> <p>- Et ça, Catherine, c’est très grave! S’attaquer à l’économie, c’est s’attaquer à nos valeurs premières. </p> <p>- Que faire? Mon Dieu, que faire?</p> <p>-Noël arrive, et je vois là une bonne occasion pour tenter quelque chose qui pourrait faire revenir votre mari à la raison. Il s’agit d’une thérapie de choc que je n’ai encore jamais utilisée mais que des camarades anti-wokes ont mise au point. Me faites-vous confiance, Catherine?</p> <p>Oui, bien sûr que je lui fais confiance à ce preux chevalier, à ce Lancelot des temps modernes, à ce nouveau croisé de la civilisation chrétienne. Même si, je le sais, ce qui va se passer à Noël chez nous va être excessivement éprouvant, et pas seulement pour Pierre…</p> <p style="text-align: right;"><em>Suite la semaine prochaine</em></p> <hr /> <h4>Pierre Ronpipal est l’auteur de<br /><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002707_damned01.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="133" height="184" /><br />«A moi de choisir ceux qui vont mourir»<br /> et de <br /><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002742_cover20242.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="130" height="175" /><br />«Le vert était rouge à l’intérieur»<br />aux <a href="https://nouvelleseditionshumus.ch/" target="_blank" rel="noopener">Nouvelles Editions Humus</a> </h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'un-bien-cruel-conte-de-noel-2', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 26, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5295, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (1)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. Tout allait bien entre eux jusqu’au jour où Catherine a soupçonné une transformation inquiétante chez son mari. Ce récit de l’auteur lausannois Pierre Ronpipal est publié en trois épisodes, les 13, 20 et 27 décembre.', 'subtitle_edition' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. Tout allait bien entre eux jusqu’au jour où Catherine a soupçonné une transformation inquiétante chez son mari. Ce récit de l’auteur lausannois Pierre Ronpipal est publié en trois épisodes, les 13, 20 et 27 décembre.', 'content' => '<h4>Un récit de Pierre Ronpipal</h4> <hr /> <p>Dans dix jours c’est Noël mais ce qui tous les ans est une réjouissance pour moi pourrait bien cette année devenir un cauchemar. A cause de mon mari.</p> <p>Pierre m’est fidèle, j’en suis certaine, même s’il a eu, comme moi, quelques aventures extraconjugales. Il n’y a pas de quoi en faire tout un plat. La fidélité absolue est un concept éculé et hypocrite qui a pour but principal que les hommes soient certains que les enfants qui sortent des ventres de leur épouse soient bien le produit de leurs spermatozoïdes à eux. Transmettre ses gènes est un réflexe très animal, si Sapiens est vraiment un être supérieur, il devrait se détendre sur cette question. En plus, Pierre et moi n’avons pas fait d’enfants, trop concentrés sur nous-mêmes et nos vies à réussir. Marie, ma sœur, prétend que pour les femmes, l’importance de la fidélité n’a pas pour but la perpétuation de l’espèce mais plutôt la conservation à leur côté du mâle qui assure leur protection. Elle se trompe. Si Pierre et moi sommes toujours ensemble après trente-cinq ans de mariage, c’est justement parce que nous nous laissons la liberté d’aller de temps en temps voir ailleurs. Marie, elle, ne souhaitait plus de rapports sexuels tout en menaçant son mari de le quitter s’il la trompait. C’est lui qui est parti avec la première maîtresse qu’il s’est autorisée.</p> <p>Mais Pierre a changé.</p> <p>Nous nous sommes connus dans une manifestation contre le racisme alors que nous avions vingt-sept ans. Il était graphiste tandis que moi j’enseignais le français à des réfugiés dans un centre géré par l’Eglise protestante. Je l’avais déjà remarqué à d’autres occasions au fil des ans – Lausanne est une petite ville – notamment lors d’une soirée chez Jean-Luc, lequel a été mon amant lorsque j’avais vingt ans et que j’hésitais entre le trotskisme et l’écologie politique. Lorsque Jean-Luc, figure de proue des trotskistes locaux, m’avait quittée pour une camarade d’origine kurde plus valorisante pour lui, j’avais renoncé aux principes de la Quatrième Internationale et milité pour la sauvegarde de la planète, jusqu’à ma rencontre avec un zapatiste belge avec qui je suis partie au Mexique où j’ai attrapé une infection sexuellement transmissible. De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. Deux semaines plus tard nous emménagions ensemble; nous ne nous sommes plus quittés.</p> <p>L’autre soir, alors que nous avions des invités à la maison, il m’a semblé reconnaître chez Pierre les signes d’une tension extrême. Depuis le temps, je le connais bien. Serge et Mireille, nos invités, l’ont eux aussi sentie, cette tension. Ce sont tout à la fois des amis et des clients. Des amis parce que comme nous ils sont de centre gauche, des clients car ils font appel à notre agence de communication pour promouvoir leur commerce. Après avoir été de grands voyageurs, Serge et Mireille vendent aujourd’hui des produits venus d’Asie, principalement d’Inde mais aussi de Birmanie et du Cambodge. Ils sélectionnent avec soins les artisans, privilégiant les structures coopératives respectueuses de l’environnement et du bien-être des populations locales. Nous gérons leur site internet et leur publicité, et tournons même pour eux des clips promotionnels. Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. Pierre a rétorqué que pour rester vivantes les langues devaient changer, que les normes les étouffaient, que les règles orthographiques avaient été inventées pour empêcher les pauvres d’accéder aux études. «Etes-vous allés récemment au cinéma?» ai-je incidemment demandé à Mireille?</p> <p>Le lendemain, elle m’a appelée. «Avec Serge, on se demande si Pierre n’est pas en train devenir woke…» Mon sang s’est figé dans mes veines, une sourde angoisse est montée de mon estomac jusque dans ma gorge. «Non, non… Vous vous trompez… Vous avez bien vu, il continue de manger de la viande», ai-je rassuré Mireille. Mais le doute s’était instillé en moi, je me suis mise à mieux observer Pierre et, pour la première fois, j’ai fouillé dans ses poches et ses agendas, même dans son ordinateur. Ce que j’ai découvert est effrayant…</p> <p style="text-align: right;"><em>Suite la semaine prochaine</em></p> <hr /> <h4>Pierre Ronpipal est l’auteur de<br /><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002707_damned01.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="149" height="206" /><br />«A moi de choisir ceux qui vont mourir»<br /><span>et de<br /></span><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002742_cover20242.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="154" height="207" /><br />«Le vert était rouge à l’intérieur»<br />aux <a href="https://nouvelleseditionshumus.ch/" target="_blank" rel="noopener">Nouvelles Editions Humus</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'un-bien-cruel-conte-de-noel-1', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 42, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5284, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les ramasseurs de déchets, grands perdants du récit dominant sur la pollution plastique', 'subtitle' => 'A Busan, en Corée du Sud, les discussions sur le traité mondial sur la pollution plastique, qui se tenaient du 25 novembre au 1er décembre, se sont soldées par un échec. Pour être vraiment juste, le traité devrait s’attaquer aux inégalités au cœur des systèmes actuels de recyclage et de gestion des déchets. Des ramasseurs informels, souvent en situation de grande pauvreté et résident en Asie, Amérique du Sud ou en Afrique, sont en effet au cœur de l’économie des déchets, où ils jouent un rôle essentiel.', 'subtitle_edition' => 'A Busan, en Corée du Sud, les discussions sur le traité mondial sur la pollution plastique, qui se tenaient du 25 novembre au 1er décembre, se sont soldées par un échec. Pour être vraiment juste, le traité devrait s’attaquer aux inégalités au cœur des systèmes actuels de recyclage et de gestion des déchets. Des ramasseurs informels, souvent en situation de grande pauvreté et résident en Asie, Amérique du Sud ou en Afrique, sont en effet au cœur de l’économie des déchets, où ils jouent un rôle essentiel.', 'content' => '<h4 style="text-align: center;"><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <div><hr /> <p>A Busan, en Corée du Sud, les discussions sur le traité mondial sur la pollution plastique, qui se tenaient du 25 novembre au 1<sup>er</sup> décembre, se sont soldées par un <a href="https://www.rts.ch/info/sciences-tech/environnement/2024/article/echec-des-negociations-du-traite-sur-le-plastique-a-la-session-busan-28713049.html">échec</a>. Les négociations devraient reprendre à une date ultérieure.</p> <p>En réalité, les négociations sont surtout sont le théâtre de récits concurrents qui s’affrontent. En jeu, rien de moins que les causes de la crise de la pollution plastique et les solutions appropriées pour y remédier.</p> <ul> <li> <p>D’un côté, la <a href="https://hactoendplasticpollution.org/fr/">Coalition de haute ambition</a> (HAC), les activistes du «zéro déchet» et de <a href="https://theconversation.com/traite-mondial-contre-la-pollution-plastique-en-coulisses-le-regard-des-scientifiques-francais-presents-234046">nombreux scientifiques</a> insistent sur la nécessité d’une <a href="https://hactoendplasticpollution.org/hac-member-states-ministerial-joint-statement-for-inc-5/">approche globale portant sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques</a>, y compris leur production.</p> </li> <li> <p>De l’autre côté, une <a href="https://medium.com/points-of-order/spoiler-alert-f737a24292e6">petite minorité d’Etats</a> ainsi que l’industrie pétrochimique ont à de nombreuses reprises détourné l’attention de cette question de la production des plastiques. Au lieu de cela, ils accusent des <a href="https://psmag.com/environment/the-epa-blames-six-asian-nations-that-the-u-s-exports-plastic-waste-to-for-ocean-pollution/">systèmes de recyclage inadéquats et une mauvaise gestion des déchets</a>.</p> </li> </ul> <p>L’attention portée au recyclage des plastiques et à la gestion des déchets touche en réalité des millions de personnes en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique. Il s’agit des travailleurs qui récupèrent, réutilisent ou revendent les plastiques, les textiles, l’aluminium et d’autres matériaux précieux issus des déchets.</p> <p>Dans le cadre du traité sur les plastiques, pour que ces travailleurs informels soient reconnus, que leurs conditions de travail puissent être améliorées et qu’ils puissent bénéficient d’une transition écologique plus équitable, les solutions politiques doivent aller au-delà des mécanismes économiques basés sur le seul marché et des stratégies axées sur le profit.</p> <p>Si ce n’est pas le cas, les efforts en faveur d’un recyclage plus inclusif et du développement de l’économie circulaire risquent de renforcer les injustices mêmes qu’ils prétendent combattre.</p> <h3>Qui sont les ramasseurs informels de déchets?</h3> <p>Les collecteurs de déchets – et les autres personnes travaillant avec eux dans un cadre informel et coopératif – effectuent une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921344924001824#sec0021">grande partie du travail de recyclage à l’échelle mondiale</a>. Ils réduisent de manière significative la quantité de plastique qui se retrouve dans les océans.</p> <p>Malgré cela, et parce qu’ils font un travail salissant et vivent dans des endroits sales, ils sont souvent tenus pour responsables du problème de la pollution plastique. Dans les discours politiques des villes et des Etats, leur travail a longtemps été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247816657302">tourné en dérision, considéré comme non qualifié et inefficace</a>. <a href="https://www.undp.org/blog/unsung-heroes-four-things-policymakers-can-do-empower-informal-waste-workers">L’absence de reconnaissance officielle</a> de leur travail rend leurs revenus particulièrement instables et précaires. Les réglementations environnementales peuvent <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ac6b49">aggraver ces menaces</a> en accélérant la privatisation du traitement des déchets.</p> <p>Alors que les efforts de lutte contre la pollution plastique gagnent du terrain, les ramasseurs informels sont soumis à une double pression:</p> <ul> <li> <p>Ils doivent protéger leur accès aux déchets, car c’est l’un des rares moyens de subsistance dont ils disposent.</p> </li> <li> <p>En même temps, ils cherchent à améliorer leurs conditions de vie et de travail.</p> </li> </ul> <p>Un groupe de ramasseurs de déchets a donc profité de l’ouverture des négociations pour <a href="https://globalrec.org/document/just-transition-waste-pickers-un-plastics-treaty/">plaider en faveur de la reconnaissance de leur travail</a>. Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. Par exemple la <a href="https://www.businessforplasticstreaty.org/vision-statement#Key-elements">Business Coalition for a Plastics Treaty</a>, les <a href="https://news.un.org/en/story/2024/10/1156301">dirigeants des Nations unies</a> et même <a href="https://resolutions.unep.org/resolutions/uploads/american_chemistry_council.pdf">l’industrie pétrochimique</a>.</p> <p>Certaines de ces demandes ont été intégrées aux projets de traité sur les plastiques discutés au cours des négociations, ce qui représente une victoire majeure pour les travailleurs du secteur informel des déchets.</p> <p>Un consensus se dégage sur le fait qu’une économie circulaire inclusive peut être bénéfique à la fois pour l’environnement, l’économie et les travailleurs en améliorant la gestion de la pollution, les moyens de subsistance et les opportunités de croissance économique pour les entreprises.</p> <p>Ces promesses demandent toutefois à être vérifiées sur le terrain. Et c’est là que les choses se compliquent.</p> <h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3> <p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p> <figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span></figcaption> </figure> <p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p> <p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p> <p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p> <p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p> <p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p> <p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p> <p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. Ils restent toujours relégués aux mêmes tâches manuelles et difficiles, même si leurs conditions de travail en ressortent légèrement améliorées.</p> <h3>L’industrie du plastique maintient le <em>statu quo</em></h3> <p>Malgré les bonnes intentions de départ, des termes tels que «économie circulaire inclusive» sont donc trop souvent utilisés à des fins de <em>green washing</em> et même de <em>justice washing</em>, tandis que les travailleurs continuent à endurer des conditions difficiles. Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 48, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5283, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes', 'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. Gasche</strong>, article publié sur <a href="https://www.infosperber.ch/medien/medienkritik/die-usa-finanzieren-internationales-journalisten-kollektiv/" target="_blank" rel="noopener"><em>Infosperber</em></a> le 5 décembre 2024, traduit par <em>Bon Pour La Tête</em></p> <hr /> <p>Parmi de nombreux autres médias, la <em>NZZ</em> et le <em>Tages-Anzeiger</em> ont diffusé à plusieurs reprises des révélations du réseau international de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Ce faisant, ils n'ont pas rendu transparent le fait que les services gouvernementaux américains paient la moitié du budget de l'OCCRP. L'UE et les Etats membres de l'UE financent les 20 % restants.</p> <p>Avec un budget annuel de 20 millions d'euros et plus de 150 journalistes sur tous les continents, l'<a href="https://www.occrp.org/en">OCCRP</a> − en partie en collaboration avec le <a href="https://www.icij.org/">Réseau international des journalistes d'investigation</a> ICIJ − a lancé les plus grands projets internationaux de journalisme d'investigation de ces dernières années. Parmi eux, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Panama_Papers"><em>The Panama Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Pandora_Papers"><em>Pandora Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Suisse_Secrets"><em>Suisse Secrets</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/narcofiles-the-new-criminal-order"><em>Narco Files</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/the-pegasus-project/about-the-project"><em>Pegasus Project</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Cyprus_Confidential"><em>Cyprus Confidential </em></a>et la série <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Die_Geldw%C3%A4scherei"><em>Laundromat</em></a>, qui a révélé les systèmes de blanchiment d'argent des élites dirigeantes en Azerbaïdjan et en Russie.</p> <h3><strong>Non sans conditions</strong></h3> <p>Les agences gouvernementales américaines ne financent pas l'OCCRP sans contrepartie: l'<a href="https://www.usaid.gov/"> U.S. Agency for International Development</a> dispose d'un droit de veto sur la nomination des dirigeants de l'OCCRP. De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». C'est ce qu'a déclaré Leonard Novy, directeur de l'Institut allemand des médias et de la politique de communication, à la chaîne NDR. Cela laisse supposer que les journalistes peuvent être utilisés ou instrumentalisés à des fins politiques.</p> <p>Sullivan et l'OCCRP ont également laissé les médias partenaires et leurs lecteurs dans l'ignorance de leur proximité avec le gouvernement américain. Selon Leonard Novy, l'organisation a ainsi dépassé les limites.</p> <h3><strong>Sullivan n'a pas voulu parler clairement aujourd'hui encore</strong></h3> <p>Sullivan a d'abord affirmé à la chaîne NDR que l'OCCRP avait «un groupe de donateurs largement répandu», parmi lesquels «aucun donateur individuel ne domine». Il a ajouté que «le gouvernement américain [...] est l'un des plus grands donateurs, mais ce n'est pas un pourcentage énorme». Confronté aux dernières découvertes, il a finalement reconnu l'importance du financement de Washington: «C'est le plus grand bailleur de fonds de l'OCCRP, oui, et ce depuis presque le début de notre histoire. [...] Je suis très reconnaissant au gouvernement américain.»</p> <p>Par écrit, Sullivan a renchéri: «Nous avons dû décider si nous voulions accepter de l'argent du gouvernement ou ne pas exister.» Sur le site web de l'OCCRP, les montants des sponsors ne sont pas indiqués.</p> <h3><strong>Conditions posées</strong></h3> <p>Sullivan a confirmé à la NDR le pouvoir d'influence des autorités américaines: «Dans le cadre d'accords de coopération que nous n'aimons pas conclure, ils ont un droit de regard sur le choix des personnes [...] Ils peuvent mettre leur veto sur quelqu'un [...] Ils n'ont jamais mis leur veto sur quelqu'un.»</p> <p>L'OCCRP ne peut pas enquêter sur des affaires américaines avec l'argent fourni par Washington. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Sullivan à la NDR. «Je pense que le gouvernement américain ne le permet pas. Mais même dans d'autres pays où ces dispositions n'existent pas, nous ne le faisons pas parce que cela vous place dans une situation de conflit d'intérêts et que vous préférez rester à l'écart de telles situations.»</p> <p>Ainsi, le paradis fiscal américain du Delaware n'a jamais fait l'objet de toutes les recherches sur l'évasion fiscale et l'argent de la corruption.</p> <p>L'OCCRP a tout de même effectué des recherches isolées aux Etats-Unis: par exemple sur les <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/meet-the-florida-duo-helping-giuliani-investigate-for-trump-in-ukraine">hommes d'affaires</a> qui avaient soutenu l'avocat de Donald Trump pour nuire à Joe Biden, ou sur la manière dont le Pentagone a dépensé des sommes énormes pour <a href="https://www.occrp.org/en/project/making-a-killing/revealed-the-pentagon-is-spending-up-to-22-billion-on-soviet-style-arms-for-syrian-rebels">fournir des armes</a> à des groupes rebelles en Syrie, ou encore sur un <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/flight-of-the-monarch-us-govt-contracted-airline-once-owned-by-criminals-with-ties-to-russian-mob">contrat</a> entre le gouvernement américain et une compagnie aérienne dont les propriétaires sont liés au crime organisé en Russie.</p> <p>Ces recherches ont manifestement respecté une autre condition imposée par les autorités américaines à l'OCCRP: l'activité doit être «en accord avec la politique étrangère et les intérêts économiques des Etats-Unis et les promouvoir.» (<a href="https://www.govinfo.gov/content/pkg/COMPS-1071/pdf/COMPS-1071.pdf">US Foreign Assistance Act</a>).</p> <h3><strong>Voici comment la «NZZ» et Tamedia ont présenté la source OCCRP</strong></h3> <p><strong>«NZZ» du 19 juillet 2023</strong></p> <p>«L'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) est un réseau d'organisations journalistiques fondé en 2006, basé dans de nombreux pays différents et fonctionnant sous cette forme en tant que filiale du Journalism Development Network à but non lucratif, dont le siège est dans le Maryland.»</p> <p><strong>«Tages-Anzeiger» du 21 juin 2023</strong></p> <p>«Grâce à l'organisation OCCRP, des journalistes femmes de plusieurs pays ont pu étudier ces données, dont <em>Der Standard</em> en Autriche et <em>Der Spiegel</em> en Allemagne. Pour la Suisse, le bureau de recherche de Tamedia et Paper Trail Media était de la partie.»</p> <h3><strong>Informations complémentaires</strong></h3> <p><strong>22 décembre 2022</strong> <a href="https://www.infosperber.ch/politik/welt/twitter-diente-jahrelang-als-gehilfe-des-pentagons/">Twitter a servi pendant des années d'auxiliaire au Pentagone</a>. Elon Musk a partiellement révélé les outils internes de Twitter. Ils prouvent des services d'hommes de main pour la propagande de l'armée américaine à l'étranger.</p> <p><strong>12 février 2009</strong> <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/27-000-pr-berater-polieren-image-der-usa-631302390683">27 000 conseillers en relations publiques polissent l'image des Etats-Unis</a>. Des faits presque incroyables sur le travail de relations publiques du Pentagone.</p> <p><strong>20 avril 2008</strong> <a href="https://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/gekaufte-meinung-pentagon-beschaeftigt-pr-armee-fuer-us-tv-a-548519.html">Le Pentagone emploie une armée de RP pour la télévision américaine</a>. Avec une gigantesque troupe de RP, le gouvernement Bush a trompé l'opinion publique américaine pendant des années.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-etats-unis-financent-un-collectif-international-de-journalistes', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 41, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [[maximum depth reached]], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 5113, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'salvini-.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 53244, 'md5' => 'b9d3e2e4843e9d40e59e16e1f6ff97cc', 'width' => (int) 702, 'height' => (int) 459, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'En apparence spontanée et souvent même grossière, la communication de Matteo Salvini est soigneusement pensée.', 'author' => '', 'copyright' => '© DR', 'path' => '1547819613_salvini.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 1485, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Les immigrés clandestins sont les meilleurs alliés des régimes extrémistes de droite. Leurs croissances sont corrélés. Et qui est responsable des arrivées massives de ces immigrés? ce sont les pouvoirs des partis traditionnels (gauche et droite) qui se distinguent par l'hélistation, la faiblesse et le laxisme. ', 'post_id' => (int) 1477, 'user_id' => (int) 3722, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' } ] $author = 'Bon pour la tête' $description = 'Michele Di Donato, Marie Skłodowska-Curie Fellow, Centre d’Histoire de Sciences Po, Sciences Po – USPC«Là il y a l’Autel de la Patrie – est-ce que...' $title = 'Les clés de la popularité de Matteo Salvini' $crawler = true $connected = null $menu_blocks = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 56, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => '#Trends', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_tags', 'extern_url' => null, 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'posts' => [[maximum depth reached]], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 55, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => 'Les plus lus cette semaine', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_highlight', 'extern_url' => null, 'tags' => [[maximum depth reached]], 'posts' => [ [maximum depth reached] ], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' } ] $menu = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 2, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'A vif', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 4, 'description' => 'Lorsque nos auteurs ont envie de réagir sur le vif à un événement, des concerts aux disparitions célèbres, ils confient leurs écrits à la rubrique "A vif", afin que ceux-ci soient publiés dans l’instant.', 'slug' => 'a-vif', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 3, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Chronique', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => '<p>La réputation des chroniqueurs de Bon pour la tête n’est plus à faire: Tout va bien, Le billet du Vaurien, la chronique de JLK, ou encore Migraine et In#actuel, il y en a pour tous les goûts!</p>', 'slug' => 'chroniques', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 4, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Lu ailleurs', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => 'Pourquoi ne pas mettre en avant nos collègues lorsque l'on est sensibles à leur travail? Dans la rubrique « Lu ailleurs » vous trouverez des reprises choisies par la rédaction et remaniées façon BPLT.', 'slug' => 'ailleurs', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 5, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Actuel', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 1, 'description' => 'Bon pour la tête n’a pas vocation à être un site d’actualité à proprement parler, car son équipe prend le temps et le recul nécessaire pour réagir à l’information.', 'slug' => 'actuel', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 6, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Culture', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'culture', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 7, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Vos lettres', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 6, 'description' => 'Bon pour la tête donne la parole à ses lecteurs, qu’ils aient envie de partager leur avis, pousser un coup de gueule ou contribuer à la palette diversifiée d’articles publiés. A vous de jouer!', 'slug' => 'vos-lettres-a-bon-pour-la-tete', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Analyse', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'analyse', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 10, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Science', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'sciences', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 1, 'rght' => (int) 2, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 11, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Histoire', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'histoire', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 3, 'rght' => (int) 4, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 12, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Humour', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'humour', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 5, 'rght' => (int) 6, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 13, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Débat', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'debat', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 7, 'rght' => (int) 8, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 14, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Opinion', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'opinion', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 9, 'rght' => (int) 10, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 15, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Reportage', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'reportage', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 11, 'rght' => (int) 12, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' } ] $tag = object(App\Model\Entity\Tag) { 'id' => (int) 115, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'politique', 'slug' => 'politique', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Tags' }include - APP/Template/Posts/view.ctp, line 147 Cake\View\View::_evaluate() - CORE/src/View/View.php, line 1435 Cake\View\View::_render() - CORE/src/View/View.php, line 1393 Cake\View\View::render() - CORE/src/View/View.php, line 892 Cake\Controller\Controller::render() - CORE/src/Controller/Controller.php, line 791 Cake\Http\ActionDispatcher::_invoke() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 126 Cake\Http\ActionDispatcher::dispatch() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 94 Cake\Http\BaseApplication::__invoke() - CORE/src/Http/BaseApplication.php, line 256 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 App\Middleware\IpMatchMiddleware::__invoke() - APP/Middleware/IpMatchMiddleware.php, line 28 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\RoutingMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/RoutingMiddleware.php, line 164 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cors\Routing\Middleware\CorsMiddleware::__invoke() - ROOT/vendor/ozee31/cakephp-cors/src/Routing/Middleware/CorsMiddleware.php, line 32 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\AssetMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/AssetMiddleware.php, line 88 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Warning: file_put_contents(/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/logs/debug.log) [function.file-put-contents]: failed to open stream: Permission denied in /data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/vendor/cakephp/cakephp/src/Log/Engine/FileLog.php on line 133
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@Lagom 28.01.2019 | 18h15
«Les immigrés clandestins sont les meilleurs alliés des régimes extrémistes de droite. Leurs croissances sont corrélés. Et qui est responsable des arrivées massives de ces immigrés? ce sont les pouvoirs des partis traditionnels (gauche et droite) qui se distinguent par l'hélistation, la faiblesse et le laxisme. »