Actuel / Les cahoteux débuts de l’Inde vers l’agriculture bio
Le premier ministre indien Narenda Modi et le chef du gouvernement du Sikkim dans un marché au Sikkim. © CC
Daniela Gschweng / 6 Juin 2019 – Le petit État du Sikkim montre le bon exemple. Des États indiens plus grands veulent suivre.
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Mais la dictature écologique n’est pas telle que se la représentent les chroniqueurs.</p> <p>L’électricité provient de l’énergie hydraulique et solaire, les sachets en plastiques sont interdits, tout comme les engrais chimiques et les pesticides. L’État indien mise depuis 2015 sur une agriculture à 100 pour cent écologique et est ainsi l’unique État certifié bio au monde. Remarquable en Inde, qui se démarque surtout par ses fleuves pollués, les scandales industriels et les excès des pesticides. Le gouvernement de Gangtok a été à plusieurs reprises distingué par des prix de durabilité.</p> <h3><strong>«Bio» par décision du Parlement</strong></h3> <p>Cette transformation pour raison d’État fut tout sauf naïve et ne s’est pas non plus faite en un jour. Le Parlement décidait déjà en 2003, sur l’instigation du premier ministre Pawan Kumar Chamling, encore en poste à ce jour, d’introduire au Sikkim l’agriculture écologique. 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Depuis 2016, introduire ou utiliser des pesticides est puni par une amande relativement élevée et même par la prison.</p> <h3><strong>L’interdiction de produits conventionnels a été abandonnée</strong></h3> <p>Les céréales et légumes cultivés de façon conventionnelle peuvent encore être importés et vendus. À l’origine, le gouvernement voulait interdire l’import de ces produits dès avril 2018, mais a abandonné ce projet en janvier 2018 et plafonné les prix bien plus élevés des produits bio.</p> <p>D'autres conditions préalables étaient moins bonnes. Le Sikkim compte 650’000 habitants, auxquels s’ajoute presque un million de touristes. Mais la région montagneuse pose des limites à sa production. Seuls 11 à 15 pour cent du territoire du Sikkim est cultivable. L’État dépendait des produits alimentaires importés déjà avant la transformation. La terre ne peut pas produire en suffisance des produits comme les céréales, les pommes de terre et les oignons. Malgré tous ses efforts, le Sikkim n’atteindra jamais l’autarcie, dit <em>Laxuman Sharma</em>, expert en horticulture à l’Université du Sikkim à Gangtok, dans le magasine <em><a href="https://www.brandeins.de/magazine/brand-eins-wirtschaftsmagazin/2018/mobilitaet/sikkim-der-biostaat">Brand Eins</a></em>.</p> <p>S’y ajoute l’infrastructure rudimentaire. De nombreux champs sont isolés, les routes accidentées et parfois carrément impraticables. Les adjuvants pour plantes, les semences et le compost bio ne sont pas toujours disponibles en quantités suffisantes ou n’arrivent pas à temps, les paysans luttent avec les nuisibles. L’infrastructure est insuffisante dans beaucoup d’endroits pour la production et l’export de produits légèrement périssables.</p> <h3><strong>La certification bio, la plus grande des dépenses</strong></h3> <p>Et le Sikkim est pauvre. La plus grande part des moyens disponibles pour la transformation a été dépensée pour les certifications bio. 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Le Sikkim «propre» est une «Inde sans déchets», écrivent les blogueurs et les journalistes qui ont visité le pays. Récemment, <a href="https://www.telegraphindia.com/states/west-bengal/sikkim-pushes-for-export-of-organic-vegetables-and-medicinal-plants-says-japan-and-south-korea-interested/cid/1676109">le Japon et la Corée du Sud</a>, ainsi que l’Ukraine, s’intéressaient aux fruits et légumes du Sikkim, rapporte le <em>Telegraf of India</em>.<br /><br /></p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w400/1560679326_sikkim_in_india_claimed_and_disputed_hatched.svg.png" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4><em>Certains États indiens envisagent de suivre l’exemple du Sikkim. Le Karnataka, le Tamil Nadu, le Mizoram, le Himachal Pradesh, le Madhya Pradesh, le Gujarat et le Maharstra ont des lois bio-favorables. L’Andhra Pradesh veut renoncer aux pesticides d’ici à 2024. 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Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p> <p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. Ce qui est visé, selon le jugement, serait l’incapacité de la Suisse à fournir une estimation des émissions de gaz à effet de serre futures afin de limiter «le réchauffement climatique» au fameux 1,5°C de l’Accord de Paris, valeur pourtant parfaitement arbitraire et dont les conséquences néfastes restent difficiles à identifier.</p> <p>Mais qu’en est-il vraiment? Que disent les données des études démographiques sur la «violation du droit à la vie» que ce soit sous les climats helvétiques ou mondiaux? Le «réchauffement climatique» met-il réellement en péril le «droit à la vie» des femmes âgées de Suisse?</p> <p>Premier constat, d’après les données de l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), l’espérance de vie à la naissance des femmes suisses est passée de 79,3 ans en 1982 à 85,4 ans en 2022, et ce malgré «l’urgence climatique», soit un gain de 56 jours par an depuis 1982. Sur la même période, l’espérance de vie à 65 ans, âge minimal de ces militantes, est passée de 18,4 à 22,5 années. Il ne semble pas que «le climat» ait eu des conséquences fâcheuses sur leur droit à la vie.</p> <p>En recoupant les données de l’OFS et de Météosuisse, on peut observer la nature cyclique du nombre de décès par semaine des personnes de plus de 65 ans en Suisse, de 2010 à 2024 (Figure).</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713434705_capturedcran2024041812.04.17.png" class="img-responsive img-fluid center " width="784" height="554" /></p> <p>La courbe noire pleine montre que les périodes hivernales restent les plus fatales, toutes causes confondues, pouvant parfois accroître la mortalité de 72% par rapport aux périodes estivales. Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p> <p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p> <p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. 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Article publié sur Infosperber, traduit de l'allemand par Marta Czarska
L’État indien du Sikkim n’est pas vraiment un endroit qui laisserait supposer une révolution écologique. Le petit État montagneux du nord-est de l’Inde est bordé par le Népal, le Tibet, le Bhoutan et l'État indien du Bengale-Occidental. La capitale Gangtok, située à 1800 mètres d’altitude, est un point de départ populaire pour les treks dans l’Himalaya. Les photos des maisons colorées ornent les portails comme Pinterest et Instagram. Mais la dictature écologique n’est pas telle que se la représentent les chroniqueurs.
L’électricité provient de l’énergie hydraulique et solaire, les sachets en plastiques sont interdits, tout comme les engrais chimiques et les pesticides. L’État indien mise depuis 2015 sur une agriculture à 100 pour cent écologique et est ainsi l’unique État certifié bio au monde. Remarquable en Inde, qui se démarque surtout par ses fleuves pollués, les scandales industriels et les excès des pesticides. Le gouvernement de Gangtok a été à plusieurs reprises distingué par des prix de durabilité.
«Bio» par décision du Parlement
Cette transformation pour raison d’État fut tout sauf naïve et ne s’est pas non plus faite en un jour. Le Parlement décidait déjà en 2003, sur l’instigation du premier ministre Pawan Kumar Chamling, encore en poste à ce jour, d’introduire au Sikkim l’agriculture écologique. La mise en œuvre complète dura jusqu’à fin 2015.
Les conditions préalables pour ce faire étaient bonnes. L’agriculture du Sikkim est morcelée et produit avant tout pour ses propres besoins. On exporte surtout du thé et de la cardamome, dont le Sikkim est le premier producteur au niveau mondial. La plupart des habitants de l’État montagneux sont paysans et n’exploitent qu’un à deux hectares de terre, souvent en terrasses sur les pentes. C'est déjà une raison de l’absence d’une agriculture mécanisée. En comparaison avec la Chine, l’Allemagne ou les USA, l’usage d'engrais chimiques était déjà très limité en 2003.
Dès 2005, le Sikkim a renoncé aux engrais chimiques subventionnés par Dehli, a fait certifier bio les premiers 8000 hectares et a commencé à mettre en place des programmes de formation pour les fermiers bio. Depuis 2016, introduire ou utiliser des pesticides est puni par une amande relativement élevée et même par la prison.
L’interdiction de produits conventionnels a été abandonnée
Les céréales et légumes cultivés de façon conventionnelle peuvent encore être importés et vendus. À l’origine, le gouvernement voulait interdire l’import de ces produits dès avril 2018, mais a abandonné ce projet en janvier 2018 et plafonné les prix bien plus élevés des produits bio.
D'autres conditions préalables étaient moins bonnes. Le Sikkim compte 650’000 habitants, auxquels s’ajoute presque un million de touristes. Mais la région montagneuse pose des limites à sa production. Seuls 11 à 15 pour cent du territoire du Sikkim est cultivable. L’État dépendait des produits alimentaires importés déjà avant la transformation. La terre ne peut pas produire en suffisance des produits comme les céréales, les pommes de terre et les oignons. Malgré tous ses efforts, le Sikkim n’atteindra jamais l’autarcie, dit Laxuman Sharma, expert en horticulture à l’Université du Sikkim à Gangtok, dans le magasine Brand Eins.
S’y ajoute l’infrastructure rudimentaire. De nombreux champs sont isolés, les routes accidentées et parfois carrément impraticables. Les adjuvants pour plantes, les semences et le compost bio ne sont pas toujours disponibles en quantités suffisantes ou n’arrivent pas à temps, les paysans luttent avec les nuisibles. L’infrastructure est insuffisante dans beaucoup d’endroits pour la production et l’export de produits légèrement périssables.
La certification bio, la plus grande des dépenses
Et le Sikkim est pauvre. La plus grande part des moyens disponibles pour la transformation a été dépensée pour les certifications bio. Il n’existe pas de partenaires industriels comme lors de l’introduction de produits de l’industrie agroalimentaire. La mise en œuvre bio est cahoteuse. Les rendements ont chuté, ce à quoi les paysans s’attendaient. Selon les calculs du gouvernement, les revenus plus élevés des produits bio pourraient compenser cette baisse. Par ailleurs, les producteurs ne doivent plus assumer les coûts des engrais et des pesticides.
La plupart des experts sont confiants: les rendements augmenteront à long terme. Et il y a des perspectives réjouissantes. Grâce à l’introduction du compost, des cultures mixtes et à la rotation, la culture maraîchère s'est intensifiée. Le programme a permis d’arrêter au Sikkim le grand exode rural. L’agriculture biologique demande plus de main d’œuvre que celle conventionnelle, ce qui est un avantage dans une région à fort taux de chômage. L’expérience attire en outre plus de touristes. Le Sikkim «propre» est une «Inde sans déchets», écrivent les blogueurs et les journalistes qui ont visité le pays. Récemment, le Japon et la Corée du Sud, ainsi que l’Ukraine, s’intéressaient aux fruits et légumes du Sikkim, rapporte le Telegraf of India.
Certains États indiens envisagent de suivre l’exemple du Sikkim. Le Karnataka, le Tamil Nadu, le Mizoram, le Himachal Pradesh, le Madhya Pradesh, le Gujarat et le Maharstra ont des lois bio-favorables. L’Andhra Pradesh veut renoncer aux pesticides d’ici à 2024. Le Kerala et l’Uttarakhand ont annoncé vouloir passer intégralement à la culture écologique. (Wikimedia/Daniela Gschweng)
Cependant, les légumes importés coûtent encore moins sur les marchés de Gangtok que les légumes indigènes. Et les acheteurs choisissent en fin de compte avec le porte-monnaie. Le paysan Amrit Pradhan exprime au Guardianson espoir de voir le gouvernement investir plus dans l’éducation des consommateurs. Un argument qui semble familier. Mais peut-être est-ce bientôt la fin des produits bon marché importés. Le Royaume du Bhoutan voisin a annoncé vouloir également passer à une agriculture à 100 pour cent bio. Même dans l’État indien voisin du Bengale, la part du bio est de 30 pour cent, rapportait il y a un an l’Umweltinstitut München e.V.
Le Sikkim sert d’exemple aux États indiens plus grands
Plusieurs autres États indiens veulent suivre l'exemple du Sikkim, certains ont déjà des lois et des procédures bio-favorables. Il y a un an, le ministre en chef de l’Andhra Pradesh annonçait vouloir renoncer aux pesticides d’ici à 2024. Le Kerala, qui a déjà interdit l’usage du glyphosate en février, a annoncé vouloir passer à une agriculture intégralement écologique. Ce qui se passe dans un État-nain comme le Sikkim prendra ainsi une toute autre dimension. Tant l’Andhra Pradesh que le Kerala sont des États de plaine avec une agriculture importante qui nourrit des millions de personnes.
Pour des États indiens, l’entreprise est risquée, mais c’est aussi un grand bond en avant. L’agriculture indienne est en crise depuis des années. Pendant que les prix sur le marché mondial s’effondrent, les moyens de production renchérissent. Les grands titres qui parlent de la vague de suicides, des milliers de paysans n’étant plus en mesure d’honorer leurs dettes, montrent bien qu’en Inde, l’agriculture intensive conventionnelle ne fonctionne plus depuis longtemps.
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Le Sikkim «propre» est une «Inde sans déchets», écrivent les blogueurs et les journalistes qui ont visité le pays. Récemment, <a href="https://www.telegraphindia.com/states/west-bengal/sikkim-pushes-for-export-of-organic-vegetables-and-medicinal-plants-says-japan-and-south-korea-interested/cid/1676109">le Japon et la Corée du Sud</a>, ainsi que l’Ukraine, s’intéressaient aux fruits et légumes du Sikkim, rapporte le <em>Telegraf of India</em>.<br /><br /></p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w400/1560679326_sikkim_in_india_claimed_and_disputed_hatched.svg.png" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4><em>Certains États indiens envisagent de suivre l’exemple du Sikkim. Le Karnataka, le Tamil Nadu, le Mizoram, le Himachal Pradesh, le Madhya Pradesh, le Gujarat et le Maharstra ont des lois bio-favorables. L’Andhra Pradesh veut renoncer aux pesticides d’ici à 2024. 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Mais la dictature écologique n’est pas telle que se la représentent les chroniqueurs.</p> <p>L’électricité provient de l’énergie hydraulique et solaire, les sachets en plastiques sont interdits, tout comme les engrais chimiques et les pesticides. L’État indien mise depuis 2015 sur une agriculture à 100 pour cent écologique et est ainsi l’unique État certifié bio au monde. Remarquable en Inde, qui se démarque surtout par ses fleuves pollués, les scandales industriels et les excès des pesticides. Le gouvernement de Gangtok a été à plusieurs reprises distingué par des prix de durabilité.</p> <h3><strong>«Bio» par décision du Parlement</strong></h3> <p>Cette transformation pour raison d’État fut tout sauf naïve et ne s’est pas non plus faite en un jour. Le Parlement décidait déjà en 2003, sur l’instigation du premier ministre Pawan Kumar Chamling, encore en poste à ce jour, d’introduire au Sikkim l’agriculture écologique. La mise en œuvre complète dura jusqu’à fin 2015.</p> <p>Les conditions préalables pour ce faire étaient bonnes. L’agriculture du Sikkim est morcelée et produit avant tout pour ses propres besoins. On exporte surtout du thé et de la cardamome, dont le Sikkim est le premier producteur au niveau mondial. La plupart des habitants de l’État montagneux sont paysans et n’exploitent qu’un à deux hectares de terre, souvent en terrasses sur les pentes. C'est déjà une raison de l’absence d’une agriculture mécanisée. En comparaison avec la Chine, l’Allemagne ou les USA, l’usage d'engrais chimiques était déjà très limité en 2003.</p> <p>Dès 2005, le Sikkim a renoncé aux engrais chimiques subventionnés par Dehli, a fait certifier bio les premiers 8000 hectares et a commencé à mettre en place des programmes de formation pour les fermiers bio. Depuis 2016, introduire ou utiliser des pesticides est puni par une amande relativement élevée et même par la prison.</p> <h3><strong>L’interdiction de produits conventionnels a été abandonnée</strong></h3> <p>Les céréales et légumes cultivés de façon conventionnelle peuvent encore être importés et vendus. À l’origine, le gouvernement voulait interdire l’import de ces produits dès avril 2018, mais a abandonné ce projet en janvier 2018 et plafonné les prix bien plus élevés des produits bio.</p> <p>D'autres conditions préalables étaient moins bonnes. Le Sikkim compte 650’000 habitants, auxquels s’ajoute presque un million de touristes. Mais la région montagneuse pose des limites à sa production. Seuls 11 à 15 pour cent du territoire du Sikkim est cultivable. L’État dépendait des produits alimentaires importés déjà avant la transformation. La terre ne peut pas produire en suffisance des produits comme les céréales, les pommes de terre et les oignons. 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Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p> <p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. Ce qui est visé, selon le jugement, serait l’incapacité de la Suisse à fournir une estimation des émissions de gaz à effet de serre futures afin de limiter «le réchauffement climatique» au fameux 1,5°C de l’Accord de Paris, valeur pourtant parfaitement arbitraire et dont les conséquences néfastes restent difficiles à identifier.</p> <p>Mais qu’en est-il vraiment? Que disent les données des études démographiques sur la «violation du droit à la vie» que ce soit sous les climats helvétiques ou mondiaux? Le «réchauffement climatique» met-il réellement en péril le «droit à la vie» des femmes âgées de Suisse?</p> <p>Premier constat, d’après les données de l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), l’espérance de vie à la naissance des femmes suisses est passée de 79,3 ans en 1982 à 85,4 ans en 2022, et ce malgré «l’urgence climatique», soit un gain de 56 jours par an depuis 1982. 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Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. 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A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. D’après la Banque Mondiale, les émissions de CO<sub>2</sub> par dollar de parité de pouvoir d’achat de PIB (ce qui ramène tous les pays du monde à une échelle comparable) placent la Suisse au 4ème<sup>.</sup>rang sur 181 pays, démontrant son efficience énergétique tout en maintenant des conditions de vie exceptionnelles, devant la Suède 6ème, la France 28ème, l’Allemagne 74ème (illustrant l’échec de l’<i>Energiewende</i>), les USA 126ème et la Chine 170ème.</p> <p>Dans le monde réel, si la Suisse devait poursuivre ses émissions de CO<sub>2</sub> au niveau de 2019, elle ne contribuerait en 2100 qu’à une élévation de la température mondiale de quelques millièmes de degrés Celsius suivant les formules fournies par le GIEC. Ces valeurs restent non-mesurables et insignifiantes.</p> <p>Mais les militantes du climat ne vivent pas dans le monde réel. 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