Actuel / Le suicide de l'Occident et la revanche du Sud-Orient (1/2)
Volodymyr Zelensky et Ursula von der Leyen au Forum économique de Davos, en janvier 2024. © Volodymyr Zelensky/Official/Telegram - source officielle
Bienvenue dans la réalité! Après une semaine de flonflons pendant laquelle le gratin de l'économie, de la politique et des médias suisses et internationaux s'est tapé sur le ventre en vantant ses mérites et ses succès dans «l'amélioration de l'état du monde», le forum de Davos a refermé ses portes. Le retour sur terre sera dur.
Début octobre dernier, j'avais essayé de montrer que l'Occident devrait non seulement encaisser l'échec de la contre-offensive ukrainienne mais aussi affronter la déroute morale à laquelle sa politique continue de double standard – faites ce que je dis mais pas ce que je fais – l'avait conduit.
Entretemps, les événements de Gaza ont transformé cette déroute morale en défaite stratégique.
Notre drame à nous autres Occidentaux – pour paraphraser Abraham Lincoln – est que nous pouvons nous mentir à nous-mêmes tout le temps et tromper le reste du monde une partie du temps, mais que nous ne pouvons plus tromper tout le monde tout le temps. Or le moment arrive où il va falloir payer la facture. C'est à ce constat sans appel que parvient, par un autre chemin, Emmanuel Todd dans son dernier livre (La défaite de l'Occident, Gallimard). Il s'appuie, avec son brio habituel, sur des données statistiques, des évolutions économiques et culturelles et une rigueur d'argumentation difficilement contestables. Nous y reviendrons.
Si le brouillard de la guerre, l'efficacité de la censure et l'intensité de la propagande ont pu donner le change en Ukraine et faire croire que l'entière responsabilité de ce conflit incombait à Poutine-le-Démoniaque, l'invasion de la bande de Gaza puis les crimes de guerre commis par l'armée israélienne auront permis, si besoin était, de dessiller les yeux des plus aveugles. La planète entière a été à bon droit choquée par les atrocités du Hamas le 7 octobre dernier, mais elle est aujourd'hui sidérée – Occident mis à part – par la rage et la méticulosité morbides dont témoignent les envahisseurs israéliens depuis trois mois. A la légitime indignation qui a suivi les crimes du Hamas succède désormais la non moins légitime indignation à l'égard des exactions commises par Tsahal à l'encontre des populations civiles palestiniennes.
Même la loi du talion, œil pour œil, dent pour dent, n'a pas été respectée par l'Etat juif, comme il s'appelle très officiellement lui-même, alors que le judaïsme s'en réclame pourtant: à vingt contre un (23'000 Palestiniens tués pour 1'100 victimes israéliennes), toutes les limites du code ont été franchies. A tel point que des milliers de Juifs, en Israël et ailleurs dans le monde, s'en alarment.
Désormais, l'Etat israélien apparait aux yeux de la majorité du monde pour ce qu'il est – un Etat oppresseur, annexionniste, néocolonial, qui pratique ouvertement l'apartheid et l'épuration ethnique ainsi que l'ont reconnu les défenseurs occidentaux des droits de l'Homme (Human Rights Watch, 2021) et la Cour de Justice internationale en 2004 déjà.
Pour les non-Occidentaux, Israël n'est pas cet ilot de démocratie isolé au milieu d'un océan de dictatures qu'on se plait à présenter. L'Afrique du Sud ne s'y est pas trompée, elle dont Nelson Mandela disait que le monde ne serait pas débarrassé de l'apartheid tant qu'il subsisterait en Palestine. Elle a porté plainte contre Israël pour tentative de génocide devant la CJI, un organe présidé par une Américaine, Joan Donaghue, mais réputé pour être plus impartial que la très politisée Cour pénale internationale, soumise à l'influence anglo-saxonne depuis sa création en 2002. On attend son verdict.
Quoiqu'il en soit, les dommages moraux et le dégât d'image ont atteint un point de non-retour. Les pays occidentaux sont pris la main dans le sac du deux poids deux mesures, eux qui sont partis en guerre par Ukraine interposée contre la Russie parce que celle-ci avait annexé et envahi des provinces de son voisin, mais qui acceptent sans broncher que leur protégé israélien fasse de même au Golan et en Cisjordanie depuis cinquante ans et en violant allègrement le droit international.
Quant à Israël et au monde juif, ils sont tous deux en train de perdre la légitimité et le respect que leur valaient la Shoah et des siècles de persécution en Europe. Comment un peuple qui a subi de telles épreuves peut-il adopter un comportement aussi inhumain vis-à-vis d'enfants et de civils innocents? Si la mémoire de la Shoah n'est plus le rappel désintéressé du Crime des crimes mais un instrument de propagande qui sert à justifier un sionisme éradicateur, si la lutte contre l'antisémitisme n'est plus le juste et nécessaire combat contre le racisme anti-juif mais un outil qui sert à légitimer un Etat prédateur dirigé par un leadership corrompu, il deviendra alors très difficile de soutenir ces causes.
C'est pourtant ce qui est en train de se passer.
Pour la première fois dans l'histoire, l'opinion publique mondiale peut assister en direct à deux guerres qui ont les mêmes causes – des préoccupations sécuritaires existentielles sur fond d'attaques mortelles, d'annexions et d'occupations opportunistes de territoires – et qui génèrent les mêmes comportements agressifs et mortifères, mais qui reçoivent, de la part de l'Occident et des cercles davosiens, un accueil radicalement différent. Dans un cas, on déploie le tapis rouge pour le chef de l'Etat coupable mais dans l'autre on le bannit et on l'inculpe pour crime de guerre.
Cette attitude duplice n'est plus tolérée hors des frontières occidentales. Comme le massacre de Katyn pour les Polonais, celui d'Oradour pour les Français ou la famine causée par Churchill au Bengale en 1943 pour les Indiens, les images de Gaza sous les bombes vont hanter le monde arabe pendant des décennies et affaiblir la lutte contre l'antisémitisme partout dans le monde, y compris chez nous.
Le prix à payer sera donc lourd tant pour Israël que pour l'Occident. Nous aurons gagné la bataille des tunnels mais perdu la guerre des cœurs et du droit. Aux yeux du reste du monde, nous aurons basculé du mauvais côté de l'Histoire. Le revirement de l'Inde est fascinant à cet égard. Au lendemain de l'attaque du 7 octobre, le pays avait pris fait et cause pour Israël, à la fois par anti-islamisme et par souci de préserver ses bonnes relations, toutes récentes, avec les Etats-Unis. Puis Delhi, à la faveur de la visite, passée inaperçue chez nous, du ministre des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar à Moscou fin décembre, a brusquement fait machine arrière et pris ses distances avec Tel-Aviv et Washington, confirmant son amitié stratégique avec la Russie et renouant avec sa posture non-alignée. En Afrique du Sud, c'est par centaines de milliers que les Sud-Africains sont descendus dans la rue, début janvier, pour protester contre le massacre des Palestiniens. Aux Etats-Unis, ce sont les jeunes qui dénoncent en masse Biden-le-Génocidaire.
Ces exemples montrent, une fois de plus, que les Européens et les Etats-Unis ne sont plus en mesure d'imposer leur narratif et que celui-ci est violemment contesté par les pays du Sud et d'Orient, qui jouissent désormais de leurs propres médias et d'une vision autonome de l'ordre mondial. Dans leur esprit, ces deux conflits, qui ont été alimentés pendant des décennies par un soutien inconditionnel à l'Ukraine et à Israël, sont perçus comme des moyens de retarder l'émergence d'un ordre mondial plus juste et plus équitable. C'est une nouveauté radicale.
Bien sûr, l'Occident n'a pas dit son dernier mot. Il pourrait d'ailleurs inverser le mouvement et rétablir son leadership en reconstruisant la paix. Il lui suffirait de miser sur la coopération plutôt que la confrontation, et sur la reconnaissance de l'Autre plutôt que sur son anéantissement. Rien n'empêche Israël de restituer le Golan à la Syrie, de vivre en paix avec le Liban, d'accepter l'existence d'un authentique Etat palestinien à ses côtés, ou de constituer un Etat fédéral binational comme de nombreux sionistes l'avaient envisagé avant 1948. Et rien n'empêche, s'il ne souhaite pas négocier avec le Hamas islamiste (qui n'est pourtant que le pendant musulman des extrémistes ultra-orthodoxes juifs qui peuplent le gouvernement israélien), de libérer le Nelson Mandela palestinien Marwan Barghouti pour le laisser prendre la tête d'une Autorité palestinienne renouvelée. Si l'Afrique du Sud a su le faire, pourquoi pas Israël ? C'est ce que suggère en tout cas l'ancien chef du Shin Bet Ami Ayalon dans le Guardian.
De même pour le conflit en Ukraine. Si l'Ukraine et l'OTAN avaient accepté d'entrer en matière sur le projet russe de sécurité européenne en décembre 2021, la guerre n'aurait jamais éclaté. Il n'est pas impossible d'y revenir, à condition de mettre toutes les parties autour de la table. Après tout, c'est ce que l'Ouest avait réussi à faire en 1973 en signant les accords d'Helsinki avec l'Union soviétique. Or on est loin du compte. Quand la Suisse se pose en promoteur d'un sommet pour la paix en Ukraine en boycottant la Russie, on mesure l'inanité du projet et l'immense chemin qui reste à parcourir pour restaurer le dialogue.
Les paramètres d'une paix durable sont connus. Mais chez nous, personne ne veut les considérer. On préfère diaboliser, déconsidérer l'adversaire, nier son humanité, et continuer à miser sur la guerre pour retarder au maximum le moment fatidique où nous devrons abandonner notre prétention à dominer les affaires mondiales et partager le pouvoir avec les autres puissances. Par un reste d'hybris sans doute mais surtout à cause d'un excès de faiblesse. Nous n'avons plus le courage ni les moyens d'oser la paix des braves. C'est cette impuissance tragique que la thèse d'Emmanuel Todd éclaire avec force: notre régression morale et notre incapacité à régler nos difficultés politiques autrement que par la violence, loin d'être des effets de circonstance, sont les fruits pourris d'un inexorable et incontrôlable affaissement économique, démographique et culturel. Ce sera le sujet de notre prochain article.
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Si la mémoire de la Shoah n'est plus le rappel désintéressé du Crime des crimes mais un instrument de propagande qui sert à justifier un sionisme éradicateur, si la lutte contre l'antisémitisme n'est plus le juste et nécessaire combat contre le racisme anti-juif mais un outil qui sert à légitimer un Etat prédateur dirigé par un leadership corrompu, il deviendra alors très difficile de soutenir ces causes.</p> <p>C'est pourtant ce qui est en train de se passer. </p> <p>Pour la première fois dans l'histoire, l'opinion publique mondiale peut assister en direct à deux guerres qui ont les mêmes causes – des préoccupations sécuritaires existentielles sur fond d'attaques mortelles, d'annexions et d'occupations opportunistes de territoires – et qui génèrent les mêmes comportements agressifs et mortifères, mais qui reçoivent, de la part de l'Occident et des cercles davosiens, un accueil radicalement différent. Dans un cas, on déploie le tapis rouge pour le chef de l'Etat coupable mais dans l'autre on le bannit et on l'inculpe pour crime de guerre.</p> <p>Cette attitude duplice n'est plus tolérée hors des frontières occidentales. Comme le massacre de Katyn pour les Polonais, celui d'Oradour pour les Français ou la famine causée par Churchill au Bengale en 1943 pour les Indiens, les images de Gaza sous les bombes vont hanter le monde arabe pendant des décennies et affaiblir la lutte contre l'antisémitisme partout dans le monde, y compris chez nous. </p> <p>Le prix à payer sera donc lourd tant pour Israël que pour l'Occident. Nous aurons gagné la bataille des tunnels mais perdu la guerre des cœurs et du droit. Aux yeux du reste du monde, nous aurons basculé du mauvais côté de l'Histoire. Le revirement de l'Inde est fascinant à cet égard. Au lendemain de l'attaque du 7 octobre, le pays avait pris fait et cause pour Israël, à la fois par anti-islamisme et par souci de préserver ses bonnes relations, toutes récentes, avec les Etats-Unis. Puis Delhi, à la faveur de la visite, passée inaperçue chez nous, du ministre des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar à Moscou fin décembre, a brusquement fait machine arrière et pris ses distances avec Tel-Aviv et Washington, confirmant son amitié stratégique avec la Russie et renouant avec sa posture non-alignée. En Afrique du Sud, c'est par centaines de milliers que les Sud-Africains sont descendus dans la rue, début janvier, pour protester contre le massacre des Palestiniens. Aux Etats-Unis, ce sont les jeunes qui dénoncent en masse Biden-le-Génocidaire.</p> <p>Ces exemples montrent, une fois de plus, que les Européens et les Etats-Unis ne sont plus en mesure d'imposer leur narratif et que celui-ci est violemment contesté par les pays du Sud et d'Orient, qui jouissent désormais de leurs propres médias et d'une vision autonome de l'ordre mondial. Dans leur esprit, ces deux conflits, qui ont été alimentés pendant des décennies par un soutien inconditionnel à l'Ukraine et à Israël, sont perçus comme des moyens de retarder l'émergence d'un ordre mondial plus juste et plus équitable. C'est une nouveauté radicale.</p> <p>Bien sûr, l'Occident n'a pas dit son dernier mot. Il pourrait d'ailleurs inverser le mouvement et rétablir son leadership en reconstruisant la paix. Il lui suffirait de miser sur la coopération plutôt que la confrontation, et sur la reconnaissance de l'Autre plutôt que sur son anéantissement. Rien n'empêche Israël de restituer le Golan à la Syrie, de vivre en paix avec le Liban, d'accepter l'existence d'un authentique Etat palestinien à ses côtés, ou de constituer un Etat fédéral binational comme de nombreux sionistes l'avaient envisagé avant 1948. Et rien n'empêche, s'il ne souhaite pas négocier avec le Hamas islamiste (qui n'est pourtant que le pendant musulman des extrémistes ultra-orthodoxes juifs qui peuplent le gouvernement israélien), de libérer le Nelson Mandela palestinien Marwan Barghouti pour le laisser prendre la tête d'une Autorité palestinienne renouvelée. Si l'Afrique du Sud a su le faire, pourquoi pas Israël ? C'est ce que suggère en tout cas l'ancien chef du Shin Bet Ami Ayalon dans le <i>Guardian</i>.</p> <p>De même pour le conflit en Ukraine. Si l'Ukraine et l'OTAN avaient accepté d'entrer en matière sur le projet russe de sécurité européenne en décembre 2021, la guerre n'aurait jamais éclaté. Il n'est pas impossible d'y revenir, à condition de mettre toutes les parties autour de la table. Après tout, c'est ce que l'Ouest avait réussi à faire en 1973 en signant les accords d'Helsinki avec l'Union soviétique. Or on est loin du compte. Quand la Suisse se pose en promoteur d'un sommet pour la paix en Ukraine en boycottant la Russie, on mesure l'inanité du projet et l'immense chemin qui reste à parcourir pour restaurer le dialogue.</p> <p>Les paramètres d'une paix durable sont connus. Mais chez nous, personne ne veut les considérer. On préfère diaboliser, déconsidérer l'adversaire, nier son humanité, et continuer à miser sur la guerre pour retarder au maximum le moment fatidique où nous devrons abandonner notre prétention à dominer les affaires mondiales et partager le pouvoir avec les autres puissances. Par un reste d'hybris sans doute mais surtout à cause d'un excès de faiblesse. Nous n'avons plus le courage ni les moyens d'oser la paix des braves. C'est cette impuissance tragique que la thèse d'Emmanuel Todd éclaire avec force: notre régression morale et notre incapacité à régler nos difficultés politiques autrement que par la violence, loin d'être des effets de circonstance, sont les fruits pourris d'un inexorable et incontrôlable affaissement économique, démographique et culturel. Ce sera le sujet de notre prochain article. </p>', 'content_edition' => 'Début octobre dernier, j'avais essayé de montrer que l'Occident devrait non seulement encaisser l'échec de la contre-offensive ukrainienne mais aussi affronter la déroute morale à laquelle sa politique continue de double standard – faites ce que je dis mais pas ce que je fais – l'avait conduit. Entretemps, les événements de Gaza ont transformé cette déroute morale en défaite stratégique. 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On fait semblant d'oublier que le camp de la mort de Treblinka était dirigé par une vingtaine de SS allemands et que l'extermination y était assurée par une centaine de gardiens ukrainiens et lituaniens.</p> <p>La célébration de l'Holodomor, du nom que les Ukrainiens donnent à la famine déclenchée par Staline contre la paysannerie en 1932, est un exemple typique de ces omissions volontaires. Elle attribue ce massacre par la disette aux seuls Russes et fait des Ukrainiens ses uniques victimes alors qu'il a aussi touché le sud de la Russie et le Kazakhstan et qu'il a été orchestré par un Géorgien, Staline, et exécuté par un Polonais, Kossior, qui dirigeait l'Ukraine à cette époque.</p> <p>Tous les jours des monuments sont abattus et d'autres édifiés à leur place, en catimini, dans le silence des médias occidentaux. Cette réécriture de l'histoire et cette guerre mémorielle n'ont pas échappé aux gens du Donbass, qui, fidèles à leur devise «Ne jamais oublier, ne jamais pardonner», réagissent en redoublant de foi commémorative et de monuments aux héros tombés sur le champ d'honneur.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950996_capturedcran2024042411.28.54.png" class="img-responsive img-fluid center " width="529" height="716" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>«Ne jamais oublier, ne jamais pardonner». Monument commémorant le massacre de la communauté juive de Lugansk. © G.M.</em></h4> <p>Le mémorial le plus troublant est sans doute celui du Puits de Mine 4/4 Bis à Donetsk. Je n'en avais jamais entendu parler et vous non plus je présume. Il ne figure dans aucun de nos livres d'histoire et il est introuvable sur Wikipedia. Or on estime que 75'000 à 102'000 personnes y ont été massacrées entre fin 1941 et 1943, soit deux fois à trois fois plus qu'à Babi Yar. L'ensemble de la communauté juive de la ville (appelée Stalino à l'époque) a été jetée dans cette fosse, ainsi que des dizaines de milliers de civils. Ce mémorial, ignoré par le gouvernement de Kiev après 1991 parce qu'il dérangeait le récit officiel et ne concernait que les russophones de l'est du pays, est en voie de réhabilitation depuis l'an dernier. 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Une allée d'escaliers avec une immense flèche y avait été édifiée en 1963. 70 ans plus tard, en août 2014, la colline a fait l'objet d'une âpre bataille de position entre séparatistes et soldats kiéviens, avant d'être définitivement reprise par les républicains de Donetsk emmenés par leur prestigieux chef Alexandre Zakhartchenko. Les combats l'avaient saccagée. Après 2022, Poutine l'a fait reconstruire pour commémorer les deux guerres, la Grande Guerre patriotique de 1941-1945 et celle de la libération du Donbass de 2014-2022. De chaque côté de l'allée, de grandes stèles sculptées célèbrent les héros morts pour la liberté du Donbass entre 1941 et 2022.</p> <p>Mais c'est sans doute à Lougansk que ce choc mémoriel est le plus intense. J'y suis accueilli par Anna Soroka, historienne et combattante dans les régiments de la République dès 2014. Le premier monument commémore les 67 enfants tués par les miliciens ukrainiens des bataillons néonazis Kraken et Aïdar qui ont tenté de prendre la ville en 2014 et l'ont bombardée jusqu'en 2022. Il a été construit au milieu d'un parc qui sert de jardin d'enfants. Plusieurs gosses y ont été tués par un bombardement ciblé des Ukrainiens, les bâtiments avoisinants n'ayant pas été touchés. </p> <p>Les enfants sont en effet l'objet d'une guerre de l'information sans merci dans les deux camps. Les Ukrainiens ont déposé plainte pour crime de guerre contre les Russes et la Cour pénale internationale a inculpé Vladimir Poutine et la responsable russe de l'enfance pour kidnapping d'enfants ukrainiens. La propagande occidentale reprend en boucle ces accusations, au cinéma – le documentaire <em>ad hoc</em> vient de recevoir un Oscar – et dans les médias. Lesquels oublient naturellement de répercuter le point de vue des habitants du Donbass, pour lesquels ce sont les Ukrainiens qui prennent les enfants en otage. Il existe en effet en Ukraine une organisation de volontaires, appelés les Anges Blancs, calquée sur le modèle des fameux Casques Blancs syriens qui, on s'en souvient, étaient loin d'être des secouristes neutres et agissaient en fait pour le compte des groupes djihadistes. </p> <p>Ces détachements d'Anges Blancs (White Angels) ont été formés dès février 2022 par un certain Rustam Lukomsky. La presse anglo-saxonne les a mentionnés à quelques reprises. Pour ceux du Donbass, leur but consiste à forcer les parents des zones du front à se séparer de leurs enfants sous prétexte de les protéger. Les enfants sont donc isolés de leurs parents et «mis en sécurité» à l'arrière, où ils sont dès lors utilisés comme moyens de chantage contre leurs familles. Celles-ci se trouvent déchirées entre deux choix aussi insupportables l'un que l'autre: soit elles abandonnent leurs foyers pour rejoindre leurs enfants, soit elles y restent en se voyant forcées de collaborer avec l'armée ukrainienne qui les invite à dénoncer ou à saboter les mouvements de l'armée russe. On imagine la détresse des parents confrontés à un tel chantage. Des témoignages, comme ceux d'Olga V. Zubtsova de Bakhmut et d'Igor Litvinov d'Avdievka, confirment cette version des choses. Enfin, d'innombrables rumeurs circulent sur les réseaux sociaux, qui accusent ces prétendus Anges Blancs d'alimenter les réseaux de pédo-criminalité et le trafic d'enfants. Mais cela reste à prouver.</p> <p>Le deuxième monument se trouve dans un bois à la sortie de Lugansk. Comme le Puits de mine No 4 de Donetsk, il commémore le lieu du massacre de la communauté juive de Lugansk (environ 3'000 femmes et enfants essentiellement juifs) et de 8'000 adultes de diverses confessions pendant l'occupation nazie. «On ne peut pas comprendre pourquoi, aujourd'hui, Kiev honore les descendants de ceux qui ont tué tant des nôtres pendant la Deuxième Guerre mondiale», dit Anna Soroka. Abandonné aux ronces depuis 1991, le site a fait l'objet d'une restauration récente. 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Le 5 mai 2014, Ivan a été sorti de sa maison et exécuté pour l'exemple d'une balle dans la tête par les milices, parce que son fils s'était engagé auprès des républicains. Ses voisins avaient d'abord dû l'inhumer dans son jardin. Le site se trouve sur les lieux mêmes de la bataille et rend hommage aux 397 «victimes de l'agression ukrainienne» de cet été-là, ouvriers, creuseurs de tranchées, instituteurs, écoliers, médecins, infirmières, patients frappés par le bombardement de leur école et de leur hôpital (169 morts).</p> <p>En revenant en ville, nous passons devant le grand monument aux soldats soviétiques qui ont libéré la ville en 1943 et devant un char ukrainien décoré de fleurs posé sur un socle de béton en bordure de l'autoroute: les habitants du quartier l'ont posé là pour rappeler que ce char avait bombardé leurs maisons il y a dix ans. 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Il ne parlait pas un mot d'anglais et, sans faire de cas de mon russe misérable, il avait invité toute notre délégation à la noce. J'avais fait un petit discours de circonstance en l'honneur de la mariée et de ses parents. Depuis lors, Umar Ikromovitch est devenu un ami pour la vie, que ni la distance ni la fracture linguistique ne sauraient séparer. Une ou deux fois par an, aux fêtes importantes, il m'envoie des messages Telegram. En février, surprise, il me propose de me joindre à lui pour visiter ses réalisations dans le Donbass, dans lequel il n'était encore jamais allé. Umar emploie en effet quelques centaines d'ouvriers dans la région de Moscou et quelques dizaines dans la reconstruction du Donbass.</p> <p>Le 3 avril à trois heures du matin, il m'attendait donc avec Nikita, un de ses amis du ministère de la Défense, à la sortie de l'aéroport de Vnukovo, à Moscou, pour m'embarquer dans le Donbass. Nikita avait préparé le programme et fourni les autorisations nécessaires ainsi qu'un chauffeur aguerri, Volodia. Pendant dix heures d'affilée, avec une courte pause-café dans une station-service qui venait d'ouvrir, nous avons descendu à tombeau ouvert les 1'060 kilomètres de l'autoroute Prigogine qui relie Moscou à Rostov-sur-le-Don, celle-là même que le chef défunt de Wagner avait voulu remonter avec ses chars en juillet dernier.</p> <p>Rien n'est plus simple qu'une autoroute russe. C'est toujours tout droit, il n'y a pas un virage jusqu'à Rostov. Et comme celle-ci est impeccable, à part cinquante kilomètres de travaux peu avant Rostov, le trajet fut rapide et indolore, nous permettant de passer en quelques heures des dernières neiges moscovites aux douceurs du printemps de la mer d'Azov. 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Après Taganrog, la route longe la mer d'Azov et est encombrée par les convois de camions qui vont et viennent du Donbass. Elle est en plein travaux d'élargissement. Les véhicules militaires arborent un V ou un Z bien visibles. Checkpoints et contrôles divers se succèdent avant et après la frontière de la République de Donetsk. Sur les bas-côtés, de longues colonnes attendent la fouille. Grâce à nos laissez-passer, nous voici bientôt en territoire ex-ukrainien. Evgueni, un Russe de Vladivostok engagé volontaire auprès de la République de Donetsk, prend le relais. Il nous servira de guide et d'interprète tout au long de notre séjour. </p> <p>Peu avant midi, nous atteignons les faubourgs de Marioupol et entrons sur le territoire d'Azovstal, totalement dévasté. L'usine n'est plus que cheminées rouillées, entrelacs de tuyaux éventrés et de ferrailles tordues. Une vision d'apocalypse qui évoque immédiatement Stalingrad, l'usine de tracteurs, Vassili Grossmann et le <em>Voyage en Russie</em> de Steinbeck et Capa. Aucune des maisons et des immeubles d'habitation alentour n'a survécu. </p> <p>Le centre-ville a en revanche beaucoup mieux résisté, avec un taux de destruction qu'on peut estimer à cinquante pourcents à première vue. Il est en pleine rénovation. Sur la place centrale, la reconstruction du fameux théâtre – bombardé ou dynamité on ne sait trop – doit être achevée à la fin de l'année. Umar est content: les enfants et les jeunes mères se sont déjà emparés du parc et du terrain de jeux que son entreprise vient d'achever. Les lignes de bus, offerts par la ville de Saint-Pétersbourg, ont été rétablies. Les terrasses de café ont rouvert.</p> <p>Puis nous repartons pour l'ouest de la ville, qui offre un paysage très différent. Tout y est neuf. Les quartiers anciens ont déjà été rénovés et de nouveaux quartiers, des bouquets d'immeubles, une école, une crèche, un hôpital, y ont jailli de terre en moins d'une année. Une dame qui promène son chien nous explique qu'elle vient d'emménager dans son appartement tout neuf il y a quinze jours, après avoir vécu pendant des mois dans un taudis sans eau courante. </p> <p>Supervisés par une société publique du ministère de la Défense avec l'aide des villes et des provinces russes, les chantiers s'activent jour et nuit. Dix mille habitants ont déjà été relogés et la ville a retrouvé les deux tiers de sa population d'avant-guerre, soit 300'000 habitants. Durant l'après-midi, nous visiterons un second hôpital de 60 lits, entièrement neuf et démontable, très bien équipé et dirigé par des médecins volontaires provenant des différentes régions de Russie.</p> <p>Les constructions les plus spectaculaires concernent toutefois les écoles. En bordure de mer, une nouvelle académie de la marine accueillera sa première volée de cadets à la rentrée de septembre. Salles de cours, internat, salles de sports, salles d'entrainement, quatre immeubles de verre et d'acier rutilants sont sortis de terre en dix mois. Prévus pour 560 élèves en uniforme de 11 à 17 ans, ils accueilleront principalement des orphelins des deux guerres du Donbass, celle de 2014-2022 et celle de 2022-2024, me dit-on. Six jours d'enseignement par semaine à raison de huit à dix heures par jour, on n'aura guère le temps de s'y ennuyer. A la fin du cursus, les élèves pourront soit parfaire leur formation dans la marine soit entrer dans une université civile.</p> <p>La seconde école est plus classique mais encore plus spectaculaire. C'est un collège expérimental comme on n'en encore jamais vu en Russie (ni en Suisse à ma connaissance). Le design, remarquable, est très étudié. Les salles de classe sont équipées avec les dernières technologies, ordinateurs, robots, cyber et nanotechnologies, intelligence artificielle. Plus classiques, les salles de dessins, de couture, de cuisine, de peinture, de langues, de ballet, de théâtre, de chimie, physique, de biologie, d'anatomie et mathématiques. Il existe même une salle équipée de cabines pour apprendre à conduire et à piloter.</p> <p>Commencée fin 2022, terminée en septembre 2023, elle a accueilli sa première volée de 500 élèves l'an dernier et en attend 500 de plus à la rentrée de septembre. La pédagogie est à l'avenant, sans minauderies pédagogistes: les cours durent douze heures par jour. Ils commencent à 8h et se terminent à 20h à raison de six heures de matières «dures» le matin, et de six heures de matières plus récréatives ou complémentaires l'après-midi. La cantine assure trois repas par jour. Seule difficulté, assure la directrice, celle de trouver des enseignants qui veuillent bien accepter de s'installer à Marioupol. Mais elle n'a pas l'air d'être du genre à s'effrayer devant la tâche.</p> <p>En fin d'après-midi, nous nous engageons sur l'autoroute toute neuve qui relie Marioupol à Donetsk, à 120 kilomètres, en faisant un petit arrêt dans la petite ville de Volnovakha, dont le palais de la culture a subi une frappe de HIMARS en novembre dernier. Le toit s'est écroulé et des échafaudages encombrent ce qui reste de la scène et de la salle. Par chance, la salve n'a fait ni mort ni blessé, le spectacle programmé ce jour-là ayant été déplacé à la dernière minute. Pour les habitants, pas de doute, les Ukrainiens cherchaient à tuer le plus de civils possibles. Mon guide m'explique qu'ils tirent toujours les HIMARS par groupe de trois: une première roquette pour percer le toit et les structures, une deuxième pour liquider les occupants et, vingt à vingt-cinq minutes plus tard, une troisième frappe pour tuer le maximum de pompiers, secouristes, parents, policiers, amis, voisins venus secourir les victimes. Ce récit me sera répété plusieurs fois.</p> <p>Donetsk est une grande ville d'un million d'habitants, très étendue, très animée, avec une circulation dense. On n'y voit que peu d'immeubles ou de façades détruites. En revanche, la ville vit au son du canon. Je n'y avais pas prêté attention à mon arrivée, à cause de la fatigue et des émotions de la journée. Mais en me réveillant à trois heures du matin, j'ai soudain été frappé par le son du canon. Toutes les deux à trois minutes, un coup part, faisant trembler les vitres et illuminant le ciel d'une lueur orangée: ce sont les artilleurs russes qui tirent sur les positions ukrainiennes, à quelques de kilomètres du centre-ville. Les Ukrainiens ripostent avec des missiles, des drones ou des roquettes HIMARS, ce qui enclenche les tirs de contre-batterie russes, à raison d'un ou deux par heure me semble-t-il.</p> <p>Le lendemain matin, on m'apprendra à distinguer les uns des autres. Les HIMARS sont silencieux jusqu'à l'explosion finale, les missiles SCALP français et Storm Shadow britanniques font un bourdonnement d'avion, de même que les missiles anti-missiles russes, tandis que les obus ordinaires tombent en sifflant. De toute façon, je n'ai aucun souci à me faire, m'assurent mes nouveaux amis. Ils m'ont logé dans le seul hôtel de la ville encore en mains américaines et jamais les Ukrainiens n'oseraient tirer sur une cible américaine. Il n'en reste pas moins que les tirs ukrainiens continuent à faire des blessés et un mort par semaine en moyenne. Tous des civils, car il n'y a absolument aucun soldat, véhicule ou installation militaire en ville. En quatre jours, je n'y ai pas croisé un seul uniforme.</p> <p>Nous commençons la journée par une visite à l'Allée des Anges, qui se trouve au milieu d'un beau parc urbain. C'est le nom qu'on a donné au monument funéraire érigé en mémoire des enfants tués par les bombardements ukrainiens depuis 2014. 160 noms ont déjà été inscrits sur le marbre. Mais la liste en comprend plus de 200 à ce jour. Des dizaines de bouquets de fleurs, de jouets, de photos d'enfants s'amoncellent sous l'arche de fer forgé. C'est bouleversant.</p> <p>Au retour, nous rendons visite aux confrères de la télévision et de la radio OPLOT, en bordure de la place centrale. Leur immeuble est régulièrement visé par des HIMARS. On n'a pas encore pu réparer les derniers studios frappés mais on les retape à la fortune du pot et les cinq chaines TV et radio diffusent leurs programmes sans interruption. La direction et l'équipe sont à 90% féminines, les quelques hommes étant chargés de la couverture du front, à dix kilomètres de là. Un petit jardin d'enfant - une grande crèche attirerait l'attention des HIMARS ukrainiens - accueille les enfants des employés. Il en va ainsi dans toute la ville, les crèches publiques ayant dû fermer pour éviter les frappes. Au début, en 2014, il avait été difficile de recruter des journalistes à cause des risques d'attentat mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, assure la rédactrice en chef Nina Anatoleva. L'intervention russe de 2022 a beaucoup renforcé la sécurité. Mais ils ont perdu en audience. Leurs chaines, qui diffusaient largement dans la partie russophone de l'Ukraine, ont été coupées et ne sont plus visibles que sur internet ou sur le réseau local.</p> <p>L'après-midi, nous nous rendons dans le village de Yassinouvata, proche d'Avdeevka, et donc tout près du front. Le village, très exposé aux tirs d'obus ukrainiens, abrite une école transformée en centre d'accueil pour les réfugiés des villages récemment libérés. Aussitôt sortis de Donetsk, la proximité du front se fait sentir. La route est défoncée par les tirs d'obus et jonchée de débris de ponts écroulés. Sur notre gauche deux hélicoptères Ka-50 Alligators et un MI-8 reviennent du front en rase-mottes. A notre droite des tranchées et trois rangées de dents de dragons, équivalents de nos Toblerone suisses, forment une des lignes de la défense russe. Des engins militaires la longent régulièrement. </p> <p>Notre véhicule est parfaitement anonyme. Pas de convoi, d'insignes de presse, de gilets pare-balles ou de casques qui pourraient attirer l'attention des drones de surveillance ukrainiens. Les GPS de nos portables sont désactivés depuis longtemps. Il s'agit d’être le plus banal possible. La route est de plus en plus défoncée et la circulation quasi inexistante. Le chauffeur, le guide et Umar sont parfaitement impavides.</p> <p>La directrice de l'école, ex-professeure de mathématiques devenue directrice du centre d'accueil, nous accueille. La libération d'Avdeevka et des villages voisins fin février a fait sortir les habitants survivants des caves. Ils sont logés ici, dans les salles de classe, en attendant de retrouver leur logement ou d'en trouver un nouveau. Sur les 160 personnes hébergées, certaines ont déjà pu regagner Avdeevka. Aujourd'hui, c'est au tour de Nina Timofeevna, 85 ans et toute sa verve, de regagner son logis. Elle a vécu dans sa cave pendant deux ans en faisant du feu à même la rue. «Les soldats ukrainiens ne nous ont pas aidés du tout», assure-t-elle, tandis que l'armée russe a réparé son toit et les vitres de sa maison, si bien qu'elle peut y retourner, encadrée par deux soldats de la police militaire qui lui portent son barda. «Ce n'est pas une guerre, mais un massacre de civils. Ils veulent nous détruire.»</p> <p>Dans les couloirs, des bénévoles de l'Eglise orthodoxe déballent des cartons de vêtements, des bouteilles d'eau et de la nourriture. Dans les autres salles, des couples avec un beau chat aux yeux bleus, des vieillards. Une famille avec un jeune garçon de quatre ans. Elle s'est fait souffler son appartement par une roquette alors qu'elle essayait de trouver de la nourriture à l'extérieur. Le père était ouvrier et la mère comptable à la cokerie d'Avdeevka. Ils ont échappé à la mort par miracle et n'en reviennent pas encore d'avoir survécu... </p> <p>Sur le chemin du retour à Donetsk, la discussion porte sur la vie pendant la guerre et Evgueni m'apprend qu'à Marioupol le bataillon néonazi Azov avait ouvert dès 2014 une prison secrète dans un bâtiment de l'aéroport, appelée la «Bibliotheka», la Bibliothèque, parce que les victimes y étaient désignées comme des «livres», à l'image des nazis qui appelaient leurs victimes des «Stück». Selon les témoignages, des dizaines de personnes y ont été torturées et tuées pendant les huit années durant lesquelles les nationalistes tatoués de symboles nazis du bataillon ont fait la loi à Marioupol tandis que la police locale regardait ailleurs. Des investigations sont en cours pour identifier les victimes et la visite des locaux est suspendue. 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De là une assez bonne route mène en cinq heures à Karakol, petite bourgade située à l'extrême est du pays, près de la frontière du Sinkiang chinois. Nous sommes toujours sur la branche nord des Monts célestes, qui forment un fer à cheval autour du lac salé d'Issyk-Koul, le plus vaste et le plus haut du monde (1600 mètres d'altitude) après le Titicaca. Ses eaux sont froides mais on peut s'y baigner à toutes saisons, ou presque. </p> <p>Karakol est l'une des vingt-trois stations de ski kirghizes. Située à 1'760 mètres d'altitude, elle est peuplée de quelque 70'000 habitants et d'autant de chevaux. </p> <p>Les Kirghizes sont les rois du cheval, à qui ils peuvent faire faire à peu près n'importe quoi. Un ancien Président kirghize a en effet fondé les Jeux Mondiaux Nomades, qui rassemblent tous les deux ans les peuples de la steppe autour des sports équestres, du tir à l'arc et de diverses joutes qui rappellent nos très suisses luttes à la culotte. 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Il peut s'agir de règlements de comptes internes, Kiev cherchant à discréditer des adversaires politiques (par exemple le clan du général limogé Zaloujny), soit d'une tentative pour faire monter la pression contre leurs alliés pour arracher davantage de soutien, soit de contre-feux destinés à désamorcer de futures révélations très embarrassantes pour la campagne électorale de Joe Biden. L'article du <em>Temps</em> de mercredi 28 février, qui relance la thèse d'une ingérence de la Russie dans la campagne présidentielle, malgré le flop du Russiagate en 2017-2019, en s'appuyant sur les «révélations» d'un mystérieux groupe de hackers, conforte cette thèse. Il s'agit de blinder, par un tir préventif, la campagne des démocrates.</p> <p>Les trois thèses ne s'excluent d'ailleurs pas. 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Mais si pour vous envahir trois fois le Liban voisin et indépendant (en laissant s’y dérouler des massacres comme ceux de Sabra et Chatila), envahir la Syrie, la bombarder sans répit tout en annexant le plateau du Golan, envahir la Jordanie et annexer la Cisjordanie, puis entreprendre la destruction de Gaza (territoire voisin et censé être plus ou moins indépendant aussi) sont des actes qui relèvent du sophisme quand on compare ces actions à celles de la Russie dans le Donbass et en Crimée, effectivement nous ne serons jamais d’accord. De même, affirmer que la puissante Russie se battrait contre la minuscule Ukraine n’est exact que si l’on considère ce conflit d’un œil européen. Pour les Russes, les Américains et le reste du monde, il s’agit d’un conflit global opposant l’OTAN et l’Occident élargi, soit une cinquantaine de pays, à la Russie, l’Ukraine ayant été de facto intégrée à l’OTAN depuis 2014. 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Il conviendrait pour être plus précis à ce sujet de relire « L’Art d’avoir toujours raison" de Schopenhauer. Et vous en donnez une nouvelle illustration dans votre réponse. Condamner la campagne militaire criminelle que Netanyahou mène à Gaza depuis le 7 octobre, s’élever contre la manière dont Israël bafoue depuis des dizaines d’années les lois internationales et les condamnations de l’ONU, et plus largement les droits des palestiniens, ne donne pas quitus à Poutine quant à la guerre qu’il mène en Ukraine. On peut condamner la politique d’Israël, condamner l’hégémonisme criminel américain, regretter la faiblesse et le suivisme de l’Europe et la disparition de la morale du champ de la géo-politique internationale - encore un mirage: elle n’y a jamais eu droit de citer- sans retourner tout cela comme un gant, systématiquement, pour valider les menées de Poutine. 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L’occupation soviétique a été une tragédie pour ces pays ( voir l’opération osen ) Comment ne pas comprendre que lorsque les russes ont quittés la Lituanie, l’Estonie, la Lettonie ces pays pour leurs sécurité ont décidés de frapper à la porte de l’OTAN . Le fait de ne pas faire confiance à Moscou est compréhensible. Les revendications de Poutine en décembre étaient irréaliste . De la part de Poutine c’était volontaire , connaissant à l’avance le refus de l’Europe et l’OTAN. C’est l’avantage pour lui d’affirmer que lui voulait la paix , pas l’OTAN , pas l’Europe. Comme pour la négociation de paix en mars et avril 2022 quand le 29 mars les ukrainiens présente leurs revendications à la délégation russe avec pour réponse le 7 avril par Lavrov qui dit que les revendications ukrainiennes sont inacceptable . Le 11 avril les ukrainiens répondent qu’il n’y aura aucun changement dans les revendications du 29 mars. Le résultat, les négociations sont stoppées . 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
12 Commentaires
@MARTIN 19.01.2024 | 03h35
«D'accord avec un certain nombre de points de votre article, cher Guy Mettan, notamment sur la condamnation absolue de la guerre israélienne à Gaza. Pas avec cette contre-vérité qui va bien dans le sens habituel de vos positions et de votre propension à défendre coûte que coûte la politique de Poutine et à fermer les yeux sur ses agissements à l'intérieur comme à l'extérieur de la Russie. "L'opinion publique mondiale peut assister en direct à deux guerres qui ont les mêmes causes – des préoccupations sécuritaires existentielles sur fond d'attaques mortelles, d'annexions et d'occupations opportunistes de territoires – et qui génèrent les mêmes comportements agressifs et mortifères", dites-vous: c'est faire de la Russie de Poutine qui a bien envahi l'Ukraine -un pays indépendant- et qui tente de l'écraser de toute sa puissance et de l'annexer en grande partie un Gaza dévastée par Israël! Un pur sophisme à la Mettan, qui détruit en se déployant tous les autres points d'une argumentation qu'on pourrait par ailleurs entendre. Et c'est bien là le drame de vos postures habituelles, cher ami! André Martin»
@Roger R. 19.01.2024 | 07h15
«Merci pour cette analyse éclairée. Nous pouvons nous demander si nos édiles, la tête dans le sable, ne vont pas lancer l’Europe dans une troisième guerre mondiale
contre la Russie, histoire d’éviter à devoir reconnaître les changements dans la gouvernance du monde qui effectivement vont se faire au détriment du grand « occident ». A la population de réagir. Le champ de bataille ne se trouvera pas cette fois à 2500 km mais se déroulera bien sous nos yeux. L’Ukraine, avec plus de 200’000 soldats morts, paie déjà un lourd tribu à l’entêtement des Etats-Unis de vouloir déstabiliser la Russie, cet immense territoire qui pourrait détenir bien des matières premières jugées indispensables dans un futur proche. Alliée de la seconde guerre mondiale avec une contribution de plus de 11 milions de soldats morts au combat (22 milions avec les civils) la Russie est aujourd’hui présentée comme ennemi principal dans la doxa des gouvernements occidentaux qui se servent des médias pour propager leurs idées jusqu’à en exclure le débat et bientôt les opposants, quid du forum de Davos. De quoi s’inquiéter très sérieusement. »
@stefans 19.01.2024 | 10h08
«Le commentaire d'André Martin est d'une parfaite justesse.»
@Latombe 19.01.2024 | 10h28
«En première lecture on peut être séduit, voire convaincu par les arguments de M. Mettan. Mais dès qu’on approfondit un peu on remarque la propension de l’auteur à mettre dans le même sac deux choses très, très différentes et c’est comme d’habitude dans ce qui ne saute pas aux yeux que se cache le diable…
Ainsi mettre sur le même pied la sécurité d’Israel (en gros 10 millions d’habitants et un territoire grand comme la Suisse) et celle de la Russie (140 millions d’habitants et un territoire absolument gigantesque…) est insoutenable. La survie du premier est en jeu à court terme, pas celle du second.
Ensuite, avancer des arguments symétriques pour plaindre les Palestiniens en même temps que les Russes (et pas du tout les Ukrainiens) c’est faire preuve d’une incroyable contorsion logique.
Non, M. Mettan, je ne tomberai pas dans votre piège et je continuerai à soutenir la cause à la fois d’un peuple palestinien et d’un peuple ukrainien, libres de choisir leur destin dans un seul Etat (?) sur la terre de Palestine pour l’un et dans un Etat ukrainien pour l’autre, tous deux laïcs, pluriethniques, libres et démocratiques.
»
@Chuck50 19.01.2024 | 11h04
«Petite précision : l’immigration des juifs européens a commencé avant la première guerre mondiale. En 1930, ils étaient 320'000 immigrés. En 1948, sur 900'000 Palestiniens, 750'000 était expulsé de 500 villages.»
@Eggi 19.01.2024 | 23h49
«Partageant les critiques de la plupart des commentaires des lecteurs à l'endroit de Guy Mettan, j'ajoute que, contrairement à l'affirmation péremptoire de ce journaliste qui se croit orienteur en étant désorienté, les thèses développées dans le livre d'Emmanuel Todd ne sont pas "difficilement contestables", notamment dans un article du Monde des Livres de ce 19 janvier qui se termine ainsi: "... Il (l'auteur) aurait quelque chose de touchant dans son incompréhension panique, s'il ne s'agissait, en appelant pour finir à la défaire de l'Ukraine, de faire allégeance à la barbarie d'une guerre impériale, aux bombardements de civils, aux tortures, aux viols, aux déportations d'enfants. En l'espèce, c'est glaçant." Le point de vue de Monsieur Mettan l'est aussi...»
@portulan 20.01.2024 | 12h10
«On peut bien entendu faire des critiques à M. Mettan, mais encore faut-il s’assurer de ne pas baser celles-ci sur des faits erronés ou tronqués. L’opération spéciale déclenché par la Russie n’est en fin de compte que la poursuite prévisible du coup d’état du Maidan ( car comment, en démocratie, qualifier le renversement d’un gouvernement légitimement élu) et de la résistance armée contre le nouveau gouvernement. Guerre civile il y a eu et féroce avec des victimes civiles. Les pays occidentaux considéré cette dangereuse affaire avec une désinvolture et une mauvaise foi incompréhensible. Le peuple ukrainien a vu son espoir d'un état plurilingue et culturellement diversifié s’effondrer sous les coups d’un nationalisme de mauvais aloi. Nous avons donc le choix, pour former notre opinion, entre:
1. Une guerre civile soutenue par une intervention étrangère considérée comme une agression au vu du droit international.
2. Un épisode du conflit jamais résolu entre les USA et la Russie avec le peuple Ukrainien comme chair à canon, le comble du cynisme.
»
@mariec 21.01.2024 | 14h42
«Réponse de la part de Guy Mettan aux commentaires des lecteurs:
Chers André Martin et amis critiques, merci d’avoir pris la peine de commenter mon papier. Je comprends parfaitement qu’on puisse ne pas partager mon point de vue et mes arguments. Je m’attendais d’ailleurs à recevoir une volée de bois vert en réaction à cet article.
Mais si pour vous envahir trois fois le Liban voisin et indépendant (en laissant s’y dérouler des massacres comme ceux de Sabra et Chatila), envahir la Syrie, la bombarder sans répit tout en annexant le plateau du Golan, envahir la Jordanie et annexer la Cisjordanie, puis entreprendre la destruction de Gaza (territoire voisin et censé être plus ou moins indépendant aussi) sont des actes qui relèvent du sophisme quand on compare ces actions à celles de la Russie dans le Donbass et en Crimée, effectivement nous ne serons jamais d’accord.
De même, affirmer que la puissante Russie se battrait contre la minuscule Ukraine n’est exact que si l’on considère ce conflit d’un œil européen. Pour les Russes, les Américains et le reste du monde, il s’agit d’un conflit global opposant l’OTAN et l’Occident élargi, soit une cinquantaine de pays, à la Russie, l’Ukraine ayant été de facto intégrée à l’OTAN depuis 2014.
D’ailleurs, je ne fais qu’exposer la manière dont ces deux conflits sont perçus hors d’Occident si nous prenons la peine de considérer les réactions dans les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud, qui, eux, mettent ces comportements sur un même plan et n’apprécient pas que les pays occidentaux ne les jugent pas semblablement.
Inutile de préciser que ce ces comportements de la part de ces deux pays qui me sont proches me navre profondément.
Enfin pour ceux que ce débat intéresse, je recommande la lecture de cette contribution d’un professeur de Columbia sur la banqueroute morale de la philosophie européenne.
Thanks to Gaza, European philosophy has been exposed as ethically bankrupt
https://www.middleeasteye.net/opinion/war-gaza-european-philosophy-ethically-bankrupt-exposed»
@MARTIN 22.01.2024 | 07h02
«Oui, cher Guy Mettan, la manière de votre raisonnement s’apparente bien à un sophisme, ou à ce qu’on pourrait appeler plus précisément une fausse analogie, ou une comparaison trompeuse. Il conviendrait pour être plus précis à ce sujet de relire « L’Art d’avoir toujours raison" de Schopenhauer. Et vous en donnez une nouvelle illustration dans votre réponse. Condamner la campagne militaire criminelle que Netanyahou mène à Gaza depuis le 7 octobre, s’élever contre la manière dont Israël bafoue depuis des dizaines d’années les lois internationales et les condamnations de l’ONU, et plus largement les droits des palestiniens, ne donne pas quitus à Poutine quant à la guerre qu’il mène en Ukraine. On peut condamner la politique d’Israël, condamner l’hégémonisme criminel américain, regretter la faiblesse et le suivisme de l’Europe et la disparition de la morale du champ de la géo-politique internationale - encore un mirage: elle n’y a jamais eu droit de citer- sans retourner tout cela comme un gant, systématiquement, pour valider les menées de Poutine. Et je parle bien de Poutine ici et non de la Russie, car Poutine n’est pas la Russie, et s'il a mis sa main criminelle sur son pays, gageons que cela cessera un jour. On aurait aimé vous entendre dénoncer la mise en coupe réglée de son pays à son avantage, l’étouffement des libertés démocratiques en Russie, l’assassinat systématique de ses opposants, ses aventures militaires, avec la même virulence que vous déployez pour dénoncer la politique américaine et celle Israël. Mais vous ne l’avez pas fait, vous ne le faites pas, et c’est bien cela, malheureusement, qui affaiblit votre propos, et vous classe, on peut le regretter car votre talent et votre culture sont indéniables, dans les thuriféraires d’un régime dont on ne peut pas prendre la défense, fût-ce en appelant à l’aide les principes sacro-saints (!) de la géopolitique internationale.
Et quant au « Suicide de l’occident » qui paraphrase en le dramatisant, si c’était encore possible, le titre de Todd, « La Défaite de l’Occident », disons que cela va dans le même sens que votre discours global - on ne change pas de logiciel si facilement n’est-ce pas ? - le défaitisme, la critique négative et acrimonieuse.
Vous quittiez la presse: elle ne vaut plus rien, vous descendiez la vallée du Rhône à gauche, vous la remontez à l’extrême droite…
On vous préférait en directeur du Club de la Presse: quand vous donniez la parole à toutes les opinions.
Mais soyons positifs: il n’est jamais trop tard!»
@Vladimir le grand 22.01.2024 | 19h33
«Bonjour Monsieur Mettan,
Concernant votre remarque sur la demande de négociation de Poutine en décembre 2021.
Comment demander le retour de l’OTAN avant 1997 , comment demander au pays baltes de sortir de l’OTAN pour apaiser la Russie .
L’occupation soviétique a été une tragédie pour ces pays ( voir l’opération osen )
Comment ne pas comprendre que lorsque les russes ont quittés la Lituanie, l’Estonie, la Lettonie ces pays pour leurs sécurité ont décidés de frapper à la porte de l’OTAN . Le fait de ne pas faire confiance à Moscou est compréhensible.
Les revendications de Poutine en décembre étaient irréaliste .
De la part de Poutine c’était volontaire , connaissant à l’avance le refus de l’Europe et l’OTAN.
C’est l’avantage pour lui d’affirmer que lui voulait la paix , pas l’OTAN , pas l’Europe.
Comme pour la négociation de paix en mars et avril 2022 quand le 29 mars les ukrainiens présente leurs revendications à la délégation russe avec pour réponse le 7 avril par Lavrov qui dit que les revendications ukrainiennes sont inacceptable .
Le 11 avril les ukrainiens répondent qu’il n’y aura aucun changement dans les revendications du 29 mars.
Le résultat, les négociations sont stoppées .
Pourtant malgré le refus des russes , Poutine accusera les européens et les américains d’être les seuls responsables de cet échec.
Comme il est étrange en 2014 de parler de coup d’état à Kiev , alors que si l’on suis les événements dans la chronologie après que la police berkut de ianoukovicht a donné l’assaut contre les manifestant provocant plus de 60 morts , le président à fuit en Russie avec des membres de la police berkut , ces mêmes policier qui ont reçus plus tard la nationalité russe.
Après la fuite du président le parlement ukrainien à la majorité des députés ont voté la destitution du président.
Bizarre de parler d’un coup d’état , quand ce sont les membres du parlement qui votent. Illégal ou légal comme procédure ?
En comparaison avec avril 2014 quand igor girkin avec des membres du fsb , du gru, et quelques centaines d’indépendantiste ont pris les administrations ukrainienne du Donbass par la violence, les images en témoigne , dans ce cas là il s’agit vraiment d’un coup d’état ou putsch militaire .
Si vous me lisez je vous remercie d’avance.»
@markefrem 23.01.2024 | 07h30
«Quoi qu’en pense M. Mettan, l’Occident n’a hélas pas le monopole du double langage, de l’hypocrisie, du mensonge et de la mauvaise foi. Ce cher M. Poutine et ses alliés en sont très certainement des champions hors catégorie. Les preuves exemplaires abondent, sans avoir à chercher bien loin. Dès lors prédire la victoire d’un des camps sur l’autre procède de la gageure la plus hasardeuse ou alors de la prise de ses désirs pour des réalités. Je trouve les relations de voyage de M. Guy infiniment plus intéressantes que ses analyses géostratégiques ! Nous vivons une époque formidable, disait il y a bien longtemps un chroniqueur matinal célèbre de France Inter ! Chacun choisira son champion selon son cœur et que le plus fourbe gagne !»
@stef 11.02.2024 | 17h30
«A écouter l'interview de Poutine réalisé par Tucker Carlson (en cherchant sur Youtube les termes Poutine et Tucker), on se rend surtout compte que l'Occident "discute" avec la Russie d'une façon complètement biaisée.
On ne peut pas prétendre comprendre son interlocuteur en lui parlant de pommes alors qu'il comprend poires.
Ce n'est pas une question de traduction, mais de culture.
En Occident, l'honneur et la poignée de main, ainsi que les promesses n'ont plus court (malheureusement), alors qu'en Russie ou ailleurs, cela à encore une immense signification !
Si Poutine s'est senti agressé et humilié par les événements entre la Russie, l'UE et les USA depuis 1991, alors il faut en tenir compte dans les discussions, sinon toutes négociations sont vaines !
Plutôt que de suicide, je parlerai de déchéance morale de l'Occident, qui cherche à compenser cette perte en gonflant les muscles, mais cela ne fonctionne plus.
Pour terminer, personne n'est dupe quant aux manœuvres réalisées en Ukraine (et ailleurs dans les pays de l'Est) pour déstabiliser Moscou. Normal donc que Moscou réagisse. La provocation peut fonctionner un moment, mais il y a un temps où cela ne fonctionne plus et alors le provoqué est exacerbé au point qu'il craque.»