Actuel / Le service citoyen, une impasse politique?
Pour l'heure, seuls les jeunes PBD, les jeunes évangéliques et les jeunes vert'libéraux soutiennent officiellement la démarche de Servicecitoyen.ch. © DR
Le 1er août dernier, l’association ServiceCitoyen.ch publiait sur son site internet le texte de base de son initiative à venir. L’objectif? Ouvrir le service obligatoire aux femmes et élargir les domaines de compétences au sein de celui-ci. A l’origine de cette idée, des jeunes engagés, plutôt du côté du centre-droit. Tour d’horizon.
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En contraste avec cette suissitude, une approche moderne et un brin moralisante: <em>«Nous – l’association ServiceCitoyen.ch </em><em>– </em><em>proposons de réinventer l’obligation de servir sous la forme d’un service citoyen replaçant l’humain et la nature au centre»</em>.</p> <p>La proposition est claire: il s’agit d’ouvrir l’engagement pour la collectivité à tous les citoyens suisses, hommes ou femmes, et de maintenir dans le panel de services possibles l’armée, la protection civile et le service civil tout en élargissant la gamme d’options en y incluant d’autres formes d’engagements jugés d’intérêt public. Sont concernés les pompiers volontaires, voire des activités associatives ou des mandats politiques communaux. Une conception très large de l’esprit de milice, qu’il s’agit pour les initiants de restaurer, de renforcer et de moderniser, puisque la milice est un pilier fondamentale de la Suisse qui permet de résister aux pressions de la <em>«concurrence culturelle mondiale»</em> et ranimer le feu de l’entraide et de la cohésion.</p> <h3><strong>Un soutien du centre</strong></h3> <p>L’idée, née en 2011 et ayant débouché après huit ans sur un texte minimaliste <a href="https://servicecitoyen.ch/fr/initiative/">que l’on trouve sur le site</a> et qui s’ouvre à la collaboration citoyenne, a tout du groupe de réflexion. D’ailleurs, le <em>think tank</em> «Avenir Suisse» présent dans le profil des co-présidents du comité d’initiative a publié en 2018 une <a href="https://www.avenir-suisse.ch/fr/series/vers-un-service-citoyen/">série de dix articles</a> ayant pour but de réfléchir à l’instauration d’un service citoyen. 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Aujourd’hui, comment expliquer que cette jeunesse de parti ne les soutienne pas (encore) officiellement? <em>«</em>Une frange plus libertarienne semble prendre de l’importance au niveau national<em>»</em>, estime Noémie Roten. <em>«</em>Ses partisans assimilent toute obligation de servir à de l’esclavage, ce qui peut expliquer que certains JLR de cette sensibilité n’appuient pas la démarche<em>»</em>. Le comité d’initiative compte cependant déjà des représentants de tous les partis, dont des jeunes PLR à l’instar du neuchâtelois Michele Barone et de la fribourgeoise Johanna Gapany.</p> <p>L’absence de soutien officiel du côté des socialistes a quant à elle des causes évidentes: une vieille rhétorique antimilitariste, d’une part, et d’autre part l’idée qu’on ne peut pas imposer un nouveau devoir aux femmes s’il n’y a pas d’abord une égalité réelle entre les deux sexes, notamment sur le plan des salaires. Noémie Roten, elle, refuse cette façon d’envisager les choses: <em>«</em>On ne compense pas une inégalité par une autre. Un service citoyen valoriserait l’engagement au bénéfice de la collectivité que fournissent déjà nombre de femmes. En reconnaissant les femmes comme citoyennes à part entière − en droits et devoirs − il fait avancer la cause de l'égalité dans les faits.<em>»</em></p> <p>Ce type d’argumentations aura-t-elle des chances de séduire à gauche du centre-gauche? Rien n’est moins sûr. Et il va sans dire que l’idée d’un service universel, déjà rejetée dans le monde politique aussi bien au niveau national que dans les cantons, se heurte à toute une droite qui ne veut pas entendre parler d’un autre modèle que celui de l’armée. Quand bien même une clause du texte précise que les effectifs de l’armée doivent être garantis et que ce sera au parlement de définir les modalités en cas de oui à l’initiative. Au final, cette proposition comptant sur un appui politique seulement du côté du centre<sup>2</sup>, qu’en sera-t-il de l’opinion du peuple? Le pari est lancé. L’occasion sera donnée de voir si les Suisses sont encore attachés à l’esprit de milice.</p> <hr /> <h4><sup><a href="#_ftnref1">1</a></sup><a href="https://www.24heures.ch/lematindimanche/accueil/service-citoyen-tient-chance-historique-s-imposer/story/20886286">https://www.24heures.ch/lematindimanche/accueil/service-citoyen-tient-chance-historique-s-imposer/story/20886286</a></h4> <h4><sup><a href="#_ftnref2">2</a> </sup>A noter que les jeunes PDC décideront s’ils soutiennent ou non cette initiative le 14 septembre prochain. 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Nous parlons de la censure d’opinions et de crachats au visage d’intellectuels français venus simplement présenter leur livre à un petit public curieux de se confronter à un avis nuancé sur les débats qui secouent actuellement la notion de genre. Les psychanalystes Céline Masson et Caroline Elliachef étaient venues le 29 avril parler de leurs critiques à l’égard de la médicalisation précoce des enfants qui désirent changer de sexe; le philosophe Eric Marty était quant à lui venu le 17 mai parler de la différence entre l’approche anglo-saxonne et l’approche européenne du genre dans l’histoire des idées. 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Qui sont ces groupes désormais puissants dans les rapports de force idéologiques qui parcourent l’université et la société de manière générale (pour vous en convaincre, songez au fait qu’à Neuchâtel, les représentants des étudiants avaient réussi à ne faire comptabiliser que les réussites d’examens, et pas les échecs, en période de Covid)? 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Par comparaison, «l’Association Générale des Etudiant·e·s de l’Université de Fribourg» (AGEF) vit grâce à une cotisation obligatoire de 20 CHF pour tout étudiant, dont une bonne partie repart dans les sections de la faîtière (une section par département ou faculté). C’est à peu près la même chose à Neuchâtel, où tous les étudiants sont <em>de facto</em> membres de la «Fédération des étudiant·e·s neuchâtelois·e·s» (FEN) et paient ainsi une cotisation de 15 CHF, comprise dans la taxe d’étude. Si quelqu’un ne souhaite pas la payer, il doit démissionner par écrit de la faîtière.</p> <p>On part alors du principe que les faîtières en question doivent se sentir responsables de leur caractère représentatif vis-à-vis des étudiants qu’elles fédèrent. Mais pas besoin de trop gratter pour se rendre compte qu’il ne s’agit pas vraiment du genre de la maison. La CUAE se définit sur son site comme «association faîtière et syndicat des étudiant.e.x.s de l’Université de Genève, et leur porte-parole auprès des autorités universitaires et politiques». Déjà, même s’il s’agit d’une volonté des individus qui composent la CUAE, son statut de syndicat pose question, dans la mesure où il reflète une certaine culture politique: n’y a-t-il pas incompatibilité entre cette nature de syndicat (unique en Suisse parmi les universités) et le fait de devoir représenter les étudiants dans leur diversité (y compris politique, diversité qu’on oublie souvent)?</p> <h3>Revendications politiques «si ça concerne les étudiants»</h3> <p>En partant de cette interrogation, on peut tirer un fil logique pour questionner les types de revendications portées par la CUAE et par leurs émules romandes. Si les représentants de toutes les autres faîtières estudiantines nous ont déclaré qu’ils condamnaient les moyens violents utilisés par les manifestants genevois pour faire entendre leur cause, ils sont également unanimes sur la limite que leurs associations se fixent concernant leurs revendications politiques. En effet, toutes les faîtières se donnent la compétence de prendre publiquement position «quand le sujet concerne les étudiants». Voici comment par exemple Guillaume Haas détaille le cas de l’AGEF, qu’il co-préside:</p> <p>«Notre grande différence avec la CUAE (Genève) est que l’AGEF (Fribourg) est représentée à tous les niveaux de l’université de Fribourg. Et quand je dis à tous les niveaux, c’est à tous les niveaux: au Sénat, qui est l’organe suprême de l’université, mais aussi dans la moindre des petites commissions. L’UniFR est l’une des universités les plus démocratiques d’Europe. C’est ce qui explique que l’AGEF ait peu de coups d’éclat, contrairement à nos camarades de la CUAE. Je ne leur en fait pas le reproche: c’est leur seul moyen de se faire entendre. Sur le plan des idées politiques, j’observe qu’il y a des personnes de tous bords à l’AGEF. Il y a des sensibilités différentes qui s’expriment lors de discussions sur les budgets et l’allocation des fonds, par exemple. Mais l’AGEF est apolitique: nous ne fonctionnons pas avec un système de représentants par partis. On ne parle que de politique quand le sujet concerne les étudiants.»</p> <p>Or, cela devient plus difficile à appliquer dans des exemples concrets. C’est que cette ligne de conduite a priori juste et inoffensive est on ne peut plus floue. A partir de combien d’étudiants concernés une affaire est censée «concerner les étudiants»? Outre l’intégration des étudiants transgenres dans la forme des statuts de l’Union des étudiant-e-s de Suisse (UNES), les délégués de cette «faîtière des faîtières» ont par exemple traité d’une initiative populaire en assemblées des délégués, parce que la votation faisait courir un risque au programme ERASMUS, même si les étudiants n’étaient pas cités dans le texte. Rebelote avec la question de l’accord-cadre et HORIZON2020. Un ancien responsable de la FEN, la faîtière neuchâteloise, confie:</p> <p>«Peu de personnes s’engagent dans ces structures. Il y a eu des assemblées générales de la FEN où nous étions dix. Le fait que trop peu de gens s’y engagent ouvre la porte au fait que des activistes de groupes très virulents, qui ont l’habitude de participer et de mobiliser leurs "troupes" pour une cause, ramènent tous leurs amis.»</p> <p>Notre source explique avoir été prise de cours avec le reste du comité il y a quelques années: certains cercles militants qui connaissaient bien le système de la fédération ont requis une AG extraordinaire et ont pu avancer leurs pions en quasi-unanimité. A Genève, la CUAE indique elle-même sur son site que «l’association adopte la ligne et l’opinion de la majorité des gens qui s’y engagent». Les absents ont donc toujours tort, comme en démocratie. D’un certain point de vue, cela coule de source. Et il est vrai que si des étudiants ne se sentent pas représentés, ils ont intérêt à s’y engager.</p> <h3>Effet d'entre-soi</h3> <p>Mais d’un autre point de vue, comment en vouloir à des étudiants, qui n’adhèrent pas à la tendance «woke» ou «intersectionnelle» souvent représentée par ces associations qui raffolent d’écriture inclusive, de ne pas venir s’y impliquer? Un fait psychologique simple: quand la Fédération des Associations d’Etudiant-e-s-x (Lausanne) convoque une assemblée «ouverte à tou-x-te-s», un étudiant qui trouve cette graphie laide, contestable sur le fond, ridicule ou les trois à la fois se dira peut-être que le comité n’est sans doute pas si ouvert que cela à tout le monde, du moins pas aux idées qu’il défendrait s’il venait y parler en toute honnêteté.</p> <p>C’est un fait et non un commentaire, ni même une analyse: une idéologie radicale de gauche identitaire suinte du vocabulaire, du propos et des actions de la CUAE, comme de bien d’autres associations, y compris, mais dans une moindre mesure, les faîtières d’étudiants des autres universités. 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Mais il est parfois utile de jeter un coup d’œil plus affuté sur les représentants que nous avons encore actuellement à Berne. Car la composition d’un législatif dit quelque chose de la sociologie politique d’un pays. Deux prismes sont choisis ici: la diversité d’idées parmi les élus de chaque parti ainsi que leur profil socio-professionnel. Deux entrées a priori indépendantes mais qui touchent néanmoins à un thème commun: le pluralisme, garant, selon beaucoup de théories, d’une certaine représentativité de la société dans sa diversité.</p> <h3>Le pluralisme des idées, un gros mot à gauche?</h3> <p>On parle toujours de «l’avis des partis» sur tel ou tel sujet. Certes, les diverses formations politiques, par les votes de leurs délégués lors des assemblées, adoptent des résolutions, des prises de position, etc. Mais on oublie souvent que les partis sont composés de personnes, dont les plus importantes politiquement, dans une démocratie représentative, sont les élus. 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Un soutien du centre
L’idée, née en 2011 et ayant débouché après huit ans sur un texte minimaliste que l’on trouve sur le site et qui s’ouvre à la collaboration citoyenne, a tout du groupe de réflexion. D’ailleurs, le think tank «Avenir Suisse» présent dans le profil des co-présidents du comité d’initiative a publié en 2018 une série de dix articles ayant pour but de réfléchir à l’instauration d’un service citoyen. Si, selon le quotidien 24 heures, la proposition «séduit des élus de tous les partis»1, cela ne veut pas dire pour autant qu’elle séduit tous les partis, à savoir leur base. Ne parlons même pas de leur direction. Pour l’heure, seuls les jeunes PBD, les jeunes évangéliques et les jeunes vert’libéraux soutiennent officiellement la démarche de ServiceCitoyen.ch.
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L’absence de soutien officiel du côté des socialistes a quant à elle des causes évidentes: une vieille rhétorique antimilitariste, d’une part, et d’autre part l’idée qu’on ne peut pas imposer un nouveau devoir aux femmes s’il n’y a pas d’abord une égalité réelle entre les deux sexes, notamment sur le plan des salaires. Noémie Roten, elle, refuse cette façon d’envisager les choses: «On ne compense pas une inégalité par une autre. Un service citoyen valoriserait l’engagement au bénéfice de la collectivité que fournissent déjà nombre de femmes. En reconnaissant les femmes comme citoyennes à part entière − en droits et devoirs − il fait avancer la cause de l'égalité dans les faits.»
Ce type d’argumentations aura-t-elle des chances de séduire à gauche du centre-gauche? Rien n’est moins sûr. Et il va sans dire que l’idée d’un service universel, déjà rejetée dans le monde politique aussi bien au niveau national que dans les cantons, se heurte à toute une droite qui ne veut pas entendre parler d’un autre modèle que celui de l’armée. Quand bien même une clause du texte précise que les effectifs de l’armée doivent être garantis et que ce sera au parlement de définir les modalités en cas de oui à l’initiative. Au final, cette proposition comptant sur un appui politique seulement du côté du centre2, qu’en sera-t-il de l’opinion du peuple? Le pari est lancé. L’occasion sera donnée de voir si les Suisses sont encore attachés à l’esprit de milice.
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2 A noter que les jeunes PDC décideront s’ils soutiennent ou non cette initiative le 14 septembre prochain. La conseillère fédérale Viola Amherd, comme nous l’apprend le 24 heures, s’est dite en faveur d’une telle idée.
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En contraste avec cette suissitude, une approche moderne et un brin moralisante: <em>«Nous – l’association ServiceCitoyen.ch </em><em>– </em><em>proposons de réinventer l’obligation de servir sous la forme d’un service citoyen replaçant l’humain et la nature au centre»</em>.</p> <p>La proposition est claire: il s’agit d’ouvrir l’engagement pour la collectivité à tous les citoyens suisses, hommes ou femmes, et de maintenir dans le panel de services possibles l’armée, la protection civile et le service civil tout en élargissant la gamme d’options en y incluant d’autres formes d’engagements jugés d’intérêt public. Sont concernés les pompiers volontaires, voire des activités associatives ou des mandats politiques communaux. 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En contraste avec cette suissitude, une approche moderne et un brin moralisante: <em>«Nous – l’association ServiceCitoyen.ch </em><em>– </em><em>proposons de réinventer l’obligation de servir sous la forme d’un service citoyen replaçant l’humain et la nature au centre»</em>.</p> <p>La proposition est claire: il s’agit d’ouvrir l’engagement pour la collectivité à tous les citoyens suisses, hommes ou femmes, et de maintenir dans le panel de services possibles l’armée, la protection civile et le service civil tout en élargissant la gamme d’options en y incluant d’autres formes d’engagements jugés d’intérêt public. Sont concernés les pompiers volontaires, voire des activités associatives ou des mandats politiques communaux. 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Si, selon le quotidien <em>24 heures</em>, la proposition «séduit des élus de tous les partis»<sup>1</sup>, cela ne veut pas dire pour autant qu’elle séduit tous les partis, à savoir leur base. Ne parlons même pas de leur direction. Pour l’heure, seuls les jeunes PBD, les jeunes évangéliques et les jeunes vert’libéraux soutiennent officiellement la démarche de ServiceCitoyen.ch.</p> <p>Pourtant, comme nous l’a confirmé au téléphone la co-présidente de l’association Noémie Roten, la semence originelle de ServiceCitoyen.ch était composée de membres ou de sympathisants des jeunes libéraux-radicaux. 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Noémie Roten, elle, refuse cette façon d’envisager les choses: <em>«</em>On ne compense pas une inégalité par une autre. Un service citoyen valoriserait l’engagement au bénéfice de la collectivité que fournissent déjà nombre de femmes. En reconnaissant les femmes comme citoyennes à part entière − en droits et devoirs − il fait avancer la cause de l'égalité dans les faits.<em>»</em></p> <p>Ce type d’argumentations aura-t-elle des chances de séduire à gauche du centre-gauche? Rien n’est moins sûr. Et il va sans dire que l’idée d’un service universel, déjà rejetée dans le monde politique aussi bien au niveau national que dans les cantons, se heurte à toute une droite qui ne veut pas entendre parler d’un autre modèle que celui de l’armée. Quand bien même une clause du texte précise que les effectifs de l’armée doivent être garantis et que ce sera au parlement de définir les modalités en cas de oui à l’initiative. 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Le rectorat a négocié avec la faîtière d’étudiants un accord commun – incluant tous les étudiants et collaborateurs de l’université – portant sur la défense de valeurs fondamentales telles que la liberté académique, la liberté d’expression, le refus de la violence, etc. Mais le <a href="https://www.unige.ch/communication/communiques/2022/luniversite-et-ses-etudiant-es-reaffirment-les-valeurs-de-linstitution">communiqué de l’université</a> souffre d’une certaine ambiguïté:</p> <p>«Par cette déclaration commune, le rectorat et les étudiant-es replacent (…) le débat dans son contexte académique et souhaitent rappeler des principes essentiels: le respect dû aux personnes passant par la lutte contre toute forme de discrimination, notamment de genre, d’origine ou de classe; le refus de la violence sous toutes ses formes; le respect de la liberté académique dans la recherche et l’enseignement, <em>encadrée par les valeurs précitées</em><sup><strong>1</strong></sup>. 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Qui sont ces groupes désormais puissants dans les rapports de force idéologiques qui parcourent l’université et la société de manière générale (pour vous en convaincre, songez au fait qu’à Neuchâtel, les représentants des étudiants avaient réussi à ne faire comptabiliser que les réussites d’examens, et pas les échecs, en période de Covid)? 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Par comparaison, «l’Association Générale des Etudiant·e·s de l’Université de Fribourg» (AGEF) vit grâce à une cotisation obligatoire de 20 CHF pour tout étudiant, dont une bonne partie repart dans les sections de la faîtière (une section par département ou faculté). C’est à peu près la même chose à Neuchâtel, où tous les étudiants sont <em>de facto</em> membres de la «Fédération des étudiant·e·s neuchâtelois·e·s» (FEN) et paient ainsi une cotisation de 15 CHF, comprise dans la taxe d’étude. Si quelqu’un ne souhaite pas la payer, il doit démissionner par écrit de la faîtière.</p> <p>On part alors du principe que les faîtières en question doivent se sentir responsables de leur caractère représentatif vis-à-vis des étudiants qu’elles fédèrent. Mais pas besoin de trop gratter pour se rendre compte qu’il ne s’agit pas vraiment du genre de la maison. La CUAE se définit sur son site comme «association faîtière et syndicat des étudiant.e.x.s de l’Université de Genève, et leur porte-parole auprès des autorités universitaires et politiques». Déjà, même s’il s’agit d’une volonté des individus qui composent la CUAE, son statut de syndicat pose question, dans la mesure où il reflète une certaine culture politique: n’y a-t-il pas incompatibilité entre cette nature de syndicat (unique en Suisse parmi les universités) et le fait de devoir représenter les étudiants dans leur diversité (y compris politique, diversité qu’on oublie souvent)?</p> <h3>Revendications politiques «si ça concerne les étudiants»</h3> <p>En partant de cette interrogation, on peut tirer un fil logique pour questionner les types de revendications portées par la CUAE et par leurs émules romandes. Si les représentants de toutes les autres faîtières estudiantines nous ont déclaré qu’ils condamnaient les moyens violents utilisés par les manifestants genevois pour faire entendre leur cause, ils sont également unanimes sur la limite que leurs associations se fixent concernant leurs revendications politiques. En effet, toutes les faîtières se donnent la compétence de prendre publiquement position «quand le sujet concerne les étudiants». Voici comment par exemple Guillaume Haas détaille le cas de l’AGEF, qu’il co-préside:</p> <p>«Notre grande différence avec la CUAE (Genève) est que l’AGEF (Fribourg) est représentée à tous les niveaux de l’université de Fribourg. Et quand je dis à tous les niveaux, c’est à tous les niveaux: au Sénat, qui est l’organe suprême de l’université, mais aussi dans la moindre des petites commissions. L’UniFR est l’une des universités les plus démocratiques d’Europe. 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Outre l’intégration des étudiants transgenres dans la forme des statuts de l’Union des étudiant-e-s de Suisse (UNES), les délégués de cette «faîtière des faîtières» ont par exemple traité d’une initiative populaire en assemblées des délégués, parce que la votation faisait courir un risque au programme ERASMUS, même si les étudiants n’étaient pas cités dans le texte. Rebelote avec la question de l’accord-cadre et HORIZON2020. Un ancien responsable de la FEN, la faîtière neuchâteloise, confie:</p> <p>«Peu de personnes s’engagent dans ces structures. Il y a eu des assemblées générales de la FEN où nous étions dix. 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Un fait psychologique simple: quand la Fédération des Associations d’Etudiant-e-s-x (Lausanne) convoque une assemblée «ouverte à tou-x-te-s», un étudiant qui trouve cette graphie laide, contestable sur le fond, ridicule ou les trois à la fois se dira peut-être que le comité n’est sans doute pas si ouvert que cela à tout le monde, du moins pas aux idées qu’il défendrait s’il venait y parler en toute honnêteté.</p> <p>C’est un fait et non un commentaire, ni même une analyse: une idéologie radicale de gauche identitaire suinte du vocabulaire, du propos et des actions de la CUAE, comme de bien d’autres associations, y compris, mais dans une moindre mesure, les faîtières d’étudiants des autres universités. Et quand on se réunit autour de croyances sur les ressorts cachés du «système» et de la «société», par exemple leurs soi-disants ressorts «racistes» ou «transphobes», tout en excluant ou en méprisant – ne serait-ce que par un regard – toute autre approche, cela ressemble plus à une secte qu’à une association d’étudiants.</p> <p>Nous nous permettrons alors cette remarque personnelle: face à ce constat, au lieu de traquer les manifestations d’idéologie là où elles apparaîtront forcément à un moment donné, l’être humain étant ce qu’il est, ne vaudrait-il par mieux porter haut la valeur du pluralisme? Et se donner les moyens – pourquoi pas inventifs – de garantir cette diversité d’idées? Fait amusant, dans la Berne fédérale, l’association des étudiants s’organise autour… de représentants de partis. Cette solution a le mérite d’assumer la dimension politique de la démarche, tout en lui garantissant un certain équilibre. 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Oui. Parce qu'elle le vaut bien. «Rends l'amour», de Benjamin Biolay, est le premier single de son nouvel album «Saint-Clair», dont la sortie est prévue pour septembre. Un single déjà promis à devenir un tube de l'été. Bien qu'il s'en défende, Biolay mijote avec brio les ingrédients d'un titre qui cartonne: la boîte à rythme du refrain, la simplicité de la mélodie du même refrain, les descentes typiques de la chanson française dans la même mélodie... Dans la droite ligne du précédent opus «Grand Prix» (2020). Ajoutez à cela le dernier son de synthé, une basse d'enfer et ce qu'il faut de mystère dans les paroles, et c'est un événement: «S'il te plaît, rends l'amour / Et je me jette de la falaise / Et je m'en vais te cueillir des fraises / Si tu veux, même, j'te baise». Le clip du single est lui-même un chef-d'œuvre de conciliation entre l'efficacité et l'hermétisme, l'évidence et le symbole. 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Mais il est parfois utile de jeter un coup d’œil plus affuté sur les représentants que nous avons encore actuellement à Berne. Car la composition d’un législatif dit quelque chose de la sociologie politique d’un pays. Deux prismes sont choisis ici: la diversité d’idées parmi les élus de chaque parti ainsi que leur profil socio-professionnel. Deux entrées a priori indépendantes mais qui touchent néanmoins à un thème commun: le pluralisme, garant, selon beaucoup de théories, d’une certaine représentativité de la société dans sa diversité.</p> <h3>Le pluralisme des idées, un gros mot à gauche?</h3> <p>On parle toujours de «l’avis des partis» sur tel ou tel sujet. Certes, les diverses formations politiques, par les votes de leurs délégués lors des assemblées, adoptent des résolutions, des prises de position, etc. Mais on oublie souvent que les partis sont composés de personnes, dont les plus importantes politiquement, dans une démocratie représentative, sont les élus. 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Ce qui signifie bien qu’il y a plus de différences entre les ailes gauche et droite d’un parti de droite (ou du centre) qu’entre les ailes gauche et droite d’un parti de gauche. Fait éclairant, le constat peut être vérifié avec d’autres élections sur le site de Smartvote, par exemple l’actuel scrutin vaudois.</p> <p>Interrogé sur ces données, l’historien et juriste Olivier Meuwly, membre du PLR, prêche d’abord pour sa paroisse: «Le pluralisme des idées est une vertu sur le plan intellectuel». Mais il nuance aussitôt: «Cela peut être aussi un facteur de confusion ou de division sur le plan électoral.» Historiquement, les libéraux-radicaux ont toujours eu cette caractéristique, explique le spécialiste. Une caractéristique qu’il juge donc neutre: les partis de droite n’en ressortent pas plus légitimes. Il constate en revanche un écart entre le discours de gauche et la réalité de son corps d’élus: «La pluralité et la tolérance, brandies si souvent par le PS et les Verts, sont bien plus présentes chez leurs adversaires dans les faits. On le constate aussi dans des débats de société actuels, avec par exemple le courant woke de la gauche qui souhaite restreindre la liberté d’expression, censurer des œuvres, interdire certaines discussions, etc.»</p> <h3>La diversité des profils socio-professionnels, un atout? </h3> <p>La discussion devient encore plus intéressante quand on se penche sur un autre schéma: celui de l’observatoire des élites suisses (OBELIS), de l’Université de Lausanne, représentant le profil socio-professionnel des politiciens actuellement sous la Coupole. Ceux-ci sont répertoriés selon la distinction «ayant suivi des hautes études - n’ayant pas suivi de hautes études». 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Mais il faut noter toutes les fois où la gauche, dans notre pays, place au premier plan de ses revendications l’égalité des chances, la dignité de chaque individu, le fait que chacun puisse et doive s’engager en politique ou dans un conseil d’administration, etc. Il y a donc un paradoxe évident entre la forte présence de ces thèmes au niveau de la posture de la gauche et la réalité des origines socio-professionnelles au niveau de ses représentants.</p> <p>Encore une fois, il n’a pas été question ici d’évaluer positivement ou négativement une homogénéité d’opinions ou de parcours. Mais de pointer des faits et de les mettre en perspective avec le langage de la gauche. Cette famille de pensée, incontournable dans la vie politique suisse, devrait davantage se pencher sur ses paradoxes. «C’est une des conditions pour que la social-démocratie, prise dans ses contradictions internes, ne subisse pas une dégringolade à la française – moins violente, mais quand même. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@arizan 20.08.2019 | 19h44
«A quand une initiative pour embrigader les plus riches pour se mettre à disposition des nécessiteux ?»