Actuel / Le caporal Varidel raconte sa guerre du Sonderbund
Combat de Lunnern dans le canton d’Argovie, près du pont d’Ottenbach sur la Reuss, combat relaté par la presse et repris par François Varidel dans son carnet. Lithographie.
© Wikimedia Commons
Dans son récit des combats entre catholiques conservateurs et protestants progressistes, le militaire de Prahins mêle son expérience à des nouvelles glanées dans les journaux.
Classe 11 VP 1 / Ollon
Le Sonderbund
L’alliance séparée, en allemand Sonderbund, a réuni dès le 11 décembre 1845 sept cantons catholiques conservateurs: Uri, Schwyz, Unterwald, Lucerne, Zoug, Fribourg et le Valais. Cette alliance visait à défendre la souveraineté cantonale et la confession catholique contre la politique interventionniste des libéraux. En 1847, la nouvelle majorité libérale de la Diète ordonna l’expulsion des jésuites et la dissolution du Sonderbund. Les cantons du Sonderbund mobilisèrent leurs troupes. Les cantons progressistes firent de même et, le 21 octobre, nommèrent général le Genevois Guillaume-Henri Dufour. Ce dernier opta pour une guerre la plus rapide et la moins cruelle possible. Elle dura 25 jours et fit 60 morts dans les troupes fédérales et 33 dans le camp du Sonderbund. Fribourg, attaqué en premier, capitula le 11 novembre 1847, Lucerne, le 24 novembre et le Valais, le 29 novembre. La défaite des conservateurs fut ainsi complète.
Une peinture naïve opposant l'armée fédérale aux troupes fribourgeoises en 1847.
Cette œuvre sur bois est conservée au Musée gruérien à Bulle.
Du troisième octobre 1847, plusieurs bataillons sont appelés à Yverdon pour prêter serment à la Confédération. Vingt-deux jours après, il me faut partir. Je m’étais retiré de la compagnie d’élite pour entrer dans la réserve. Je suis encore appelé le premier. Il semblait qu’on en voulait à ma vie. Cette fois, c’est pour se battre: on entend gronder le canon à Fribourg. Voilà mon épouse dans la crainte de ne plus me revoir.
***
Départ du 25 octobre pour Moudon, le 26 pour Curtilles: station en attendant les ordres supérieurs.
***
Du 8 novembre, départ pour prendre les villages de Praratoud, Surpierre, Cheiry et Nuvilly où nous sommes arrivés à 6 heures du soir et nous avons laissé deux compagnies: une de voltigeurs et mousquetaires, n°3. De là, nous avons rejoint notre corps de garde à Surpierre à 11 heures de la nuit sans savoir où aller déjeuner. Nous avons fait notre potage au milieu d’une prairie.
***
Du 11e courant, nous avons marché sur Romont pour désarmer plusieurs villages, tels que Villaraboud, Mézieres, Villariaz, Chatonnaye, Villaz-Saint-Pierre, Ursy, pour prendre les armes de la Landsturm, telles que faux, piques de fer, tridents, vieilles lances emmanchées à des perches de sapin de 7 à 10 pieds de long. Des nouvelles arrivées ce matin du théâtre des hostilités annoncent que la ville de Bulle a été prise sans résistance, le 11 au soir, par la première brigade Charles Veillon. De là, nous avons continué notre route près du village de Belfaux à une lieue de Fribourg. Cette brigade avait occupé Belfaux entre midi et une heure après avoir détruit les ouvrages qui avaient été élevés depuis Grolley.
***
Du 12, la Division Rillet est également parvenue jusqu’à Matran, village situé à une forte lieue de Fribourg, entre les routes de Payerne et Romont. C’est là où se trouvait hier au soir le quartier général de la division. La division Burckhardt et une brigade de la division Frei ont également fait leur jonction avec les brigades vaudoises à 6 heures du soir. La brigade Kurz partie de Morat s’était avancée jusqu’au delà de Courtepin, à une demie heure de Fribourg, et la brigade de réserve Ochsenbein, dont le quartier général était à Laupen, n’a pu pénétrer que ce matin dans les districts allemands où se trouvent les populations les plus fanatisées. Le quartier général en chef se trouvait au soir à Avenches. Comme on le voit, la défense du territoire fribourgeois a été jusqu’à présent à peu près nulle, jusqu’aux points occupés hier par les diverses colonnes de l’armée fédérale. Toutes les populations en état de porter les armes ont en effet continué de se concentrer sur Fribourg dont l’attaque doit avoir lieu aujourd’hui. Le bruit s’était accrédité hier au soir que le Grand Conseil fribourgeois avait dû être réuni dans la journée de hier sur la demande d’un grand nombre de ses membres et qu’il devait y être question de capitulation.
***
Matran 13 novembre à 6 heures du soir. De ce moment où j’écris, l’action vient de commencer devant Fribourg ensuite d’un coup de canon parti près de cette ville. La batterie Haubenrisier a répondu par un feu très vif. Les deux bataillons stationnés ici viennent de partir. Du 14 novembre, toute la journée s’est passée dans une pénible attente du théâtre des hostilités et l’on était étonné de n’entendre aucune canonnade quand on apprit dans la soirée que le général en chef Dufour avait sommé le 12 à midi le gouvernement fribourgeois de se rendre dans 24 heures. Ce délai expirait dont hier à midi, mais un parlementaire se présenta dans la matinée de hier au quartier général, apportant une lettre du gouvernement fribourgeois qui demandait un délai jusqu’à ce matin à 7 heures, délai qui fut accordé au grand mécontentement des différentes colonnes de l’armée fédérale qui avait occupé hier une partie des sommités qui dominent Fribourg.
***
Du 11 au soir, la division Ochsenbein qui avait fait son entrée du côté de Laupen était également parvenue à ¾ de lieue de cette capitale du côté de Düdingen. Toutes les nouvelles confirment que la résistance a été très faible sur tous les points. On ne doutait pas que Fribourg capitulât ce matin. Le délai qu’il a demandé était probablement combiné pour pouvoir être informé à temps des nouvelles de l’armée de (la) ligue dans le Freiamt, attaque qui a complètement échoué.
Voici à cet égard ce qu’on nous rapporte: une colonne de troupes du Sonderbund, composée de quatre bataillons d’infanterie, deux batteries d’artillerie et deux compagnies de carabiniers s’empara à la faveur du brouillard du village de Dietwyl et se dirigea de là vers le pont de bateaux d’Ottenbach. Avertie de l’arrivée de la force ennemie, la garde du pont s’empressa de se retirer vers le bord opposé. Bientôt la colonne ennemie (parvint) sur la rive gauche de la Reuss et ouvrit le feu. Les troupes fédérales quoique en nombre beaucoup moins considérable ripostèrent vigoureusement à cette attaque dans laquelle se signalèrent au dessus de toute éloge la compagnie d’artillerie Scheller et la compagnie de carabiniers Huber qui furent plus tard efficacement secondées par la compagnie Zeller. Presque tous les coups de ces batteries de l’armée fédérale ont porté tandis que l’artillerie ennemie, qui était de même force, n’a fait aucun mal. Nos ennemis ont perdu dans cette affaire plus de 50 hommes. Quant à l’armée fédérale, on a déploré la perte de dix hommes.
Papier découpé de Hans Jakob Hauswirth (1809-1871) représentant très probablement les combats du Sonderbund. © Musée du Pays-d’Enhaut à Château-d’Œx.
***
Des nouvelles postérieures annoncent que dans une affaire générale qui a eu lieu hier près de Muri, dans laquelle l’armée fédérale a fait des prodiges de valeur, l’armée de (la) ligue a dû se replier sur le canton de Lucerne après avoir laissé sur le champ de bataille plus de 200 hommes.
***
Du 14 novembre à 8 heures du soir, Fribourg a capitulé et s’est rendu aujourd’hui à l’armée fédérale (qui) a fait son entrée à 10 heures du matin. Il y a eu un engagement sérieux dans le lequel les troupes vaudoises se sont distinguées.
Il n’y a eu qu’un petit nombre de morts et de blessés. L’état-major du général Dufour s’est transporté d’Avenches à Morat où il est arrivé une masse de troupes d’infanterie et d’artillerie. Le bataillon Grandjean a occupé Belfaux. Un avant poste de voltigeurs, qui s’était avancé à dix minutes pour faire une reconnaissance, a reçu plusieurs décharges d’artillerie sans être atteint. Romont: toute la journée s’est passée calme et tranquille, le préfet était à Fribourg, son lieutenant avait abandonné le pouvoir, l’autorité communale qui se trouvait privée de toutes communications avec le gouvernement prit les affaires en main. Cette autorité très aimée et respectée, apprenant que les troupes fédérales allaient franchir la frontière, fit réunir les citoyens de la ville en assemblée générale.
L’autorité exposa à la population la situation grave où l’on se trouvait et il fut décidé à l’unanimité qu’on renoncerait au Sonderbund et que l’on respecterait les arrêtés de la Diète. Après cette décision grave et solennelle, un cri universel s’échappa de tous les cœurs. A l’instant même l’étendard fédéral fut arboré. On vit le drapeau rouge et blanc et le brassard à chaque bras de la population entière de Romont. Les autorités ont abandonné le gouvernement actuel, l’un d’eux portait un drapeau fédéral, la plupart des citoyens avaient le brassard rouge et blanc. Le porteur de la bannière fédérale a adressé une allocution au commandant de la division qui y a répondu avec chaleur.
***
Des individus soupçonnés d’espionnage ont été mis en arrestation. Quelques uns ont été relâchés immédiatement. Deux ou trois ont été retenus parce que leurs réponses n’ont été satisfaisantes sous aucun rapport. Il y a maintenant sept bataillons d’infanterie cantonnés de Montreux à Lavey, trois batteries d’artillerie et quatre compagnies de carabiniers en bonnes dispositions.
***
Quatre bataillons du Sonderbund avec deux batteries d’artillerie des carabiniers se sont, à la faveur du brouillard, portés dans les environs de la Reuss, aux environs de Muri, en vue de s’emparer du pont de cette rivière et de passer sur la gauche. Les troupes fédérales s’étaient retirées de cet endroit, un peu auparavant, ne présumant pas l’attaque mais heureusement, une vingtaine de paysans du Freiamt sont allés les avertir. L’artillerie zurichoise est arrivée à propos et a répondu avec courage et persévérance à celle du Sonderbund ainsi que les carabiniers fédéraux mais comme il n’y avait que trois compagnies d’infanterie fédérale, elle a dû se replier devant des forces supérieures. Cependant, le pont sur la Reuss a été enfoncé de telle sorte que le but de l’expédition a été manqué. L’attaque sur le pont de la Reuss près de Lucerne a été précédé d’une fausse attaque du Sonderbund contre Kappel fausse attaque poussée un peu avant. L’hôtel des Bains d’Yverdon est préparé pour recevoir cinquante lits aux blessés et malades de l’armée fédérale.
Écrit le 18 novembre 1847 par Pierre François Varidel de Prahins,
caporal de grenadiers pour le Sonderbund.
*****
Texte retranscrit par la Classe 11 VP1 d’Ollon:
Nicolas Durussel, maître de classe; Marion Abbet, Margaux Amateis, Valentine Baumann, Fanny Bühlmann, Lionel Buttet, Julie Chesaux, Victoria de Azevedo, Auriane Défago,
Fiona Despont, Jessica Germann, Emilie Heiniger, Gaël Jaggi, Nicolas Morattel, Fiona Müller, Tim Pachoud, Iliana Signer.
Cet article est issu du dossier sur la guerre du Sonderbund, paru dans le numéro d'avril 2018 de Passé simple,
mensuel romand d’histoire et d’archéologie, www.passesimple.ch
Caporal de grenadiers
François Varidel participe à la guerre du Sonderbund en tant que caporal dans la réserve de l’armée fédérale. Il fait partie du bataillon Déglon. A partir du 8 novembre, ce bataillon désarme plusieurs villages fribourgeois proches de la frontière vaudoise. François Varidel sera libéré vers le 20 novembre. Le 23 novembre, le Nouvelliste Vaudois annonce le licenciement des six bataillons de la réserve, dont le bataillon Déglon. Beaucoup d’informations figurant dans le carnet de François Varidel sont reprises de la presse de l’époque. Ce dernier rend ainsi compte d’événements auxquels il n’a pas participé, comme, par exemple, les combats sur la Reuss. En revanche, il devait probablement se trouver non loin de Fribourg lorsque cette ville a capitulé. Si François Varidel emprunte beaucoup d’informations aux journaux, il les reformule parfois à sa manière. Ainsi, le 12 novembre, à Bex, des individus sont soupçonnés d’espionnage. François Varidel tient cette nouvelle du journal, mais omet de préciser le lieu de leur arrestation.
Effectif d'un poste de garde
Dans son carnet, François Varidel détaille la composition d’un poste de garde. Il est à relever la présence d’un tambour pour donner l’alarme:
«Poste de Surpierre. Troupes confédérées, première division, seconde brigade.
Rapport de la garde montante à la maison de Ville.
Le mot de ralliement est Rotterdam. Le cri de guerre est Rhum. La garde forte de factionnaires.
N°1 un officier
N°2 un sergent
N°3 deux caporaux
N°4 un tambour
N°5 15 soldats
Total 20 hommes».
Pour en savoir davantage: La Guerre du Sonderbund. La Suisse de 1847, Pierre du Bois. Paris, 2002.
Précédemment dans Bon pour la tête
Un quidam nommé François Varidel, par la classe 11 VP 1 / Ollon: Nicolas Durussel, maître de classe; Marion Abbet, Margaux Amateis, Valentine Baumann, Fanny Bühlmann, Lionel Buttet, Julie Chesaux, Victoria de Azevedo, Auriane Défago, Fiona Despont, Jessica Germann, Emilie Heiniger, Gaël Jaggi, Nicolas Morattel, Fiona Müller, Tim Pachoud, Iliana Signer.
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Cette alliance visait à défendre la souveraineté cantonale et la confession catholique contre la politique interventionniste des libéraux. En 1847, la nouvelle majorité libérale de la Diète ordonna l’expulsion des jésuites et la dissolution du Sonderbund. Les cantons du Sonderbund mobilisèrent leurs troupes. Les cantons progressistes firent de même et, le 21 octobre, nommèrent général le Genevois Guillaume-Henri Dufour. Ce dernier opta pour une guerre la plus rapide et la moins cruelle possible. Elle dura 25 jours et fit 60 morts dans les troupes fédérales et 33 dans le camp du Sonderbund. Fribourg, attaqué en premier, capitula le 11 novembre 1847, Lucerne, le 24 novembre et le Valais, le 29 novembre. La défaite des conservateurs fut ainsi complète.</strong></p><h4 style="text-align: center;"><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1523716558_sonderbund.jpg"></strong>Une peinture naïve opposant l'armée fédérale aux troupes fribourgeoises en 1847. <br>Cette œuvre sur bois est conservée au Musée gruérien à Bulle.</h4><p></p><hr><p></p><p><strong>Du troisième octobre 1847</strong>, plusieurs bataillons sont appelés à Yverdon pour prêter serment à la Confédération. Vingt-deux jours après, il me faut partir. Je m’étais retiré de la compagnie d’élite pour entrer dans la réserve. Je suis encore appelé le premier. Il semblait qu’on en voulait à ma vie. Cette fois, c’est pour se battre: on entend gronder le canon à Fribourg. Voilà mon épouse dans la crainte de ne plus me revoir. </p><h3 style="text-align: center; ">***</h3><p><strong>Départ du 25 octobre pour Moudon</strong>, le 26 pour Curtilles: station en attendant les ordres supérieurs. </p><h3 style="text-align: center; ">***</h3><p><strong>Du 8 novembre</strong>, départ pour prendre les villages de Praratoud, Surpierre, Cheiry et Nuvilly où nous sommes arrivés à 6 heures du soir et nous avons laissé deux compagnies: une de voltigeurs et mousquetaires, n°3. De là, nous avons rejoint notre corps de garde à Surpierre à 11 heures de la nuit sans savoir où aller déjeuner. Nous avons fait notre potage au milieu d’une prairie. </p><h3 style="text-align: center; ">***</h3><p><strong>Du 11<sup>e</sup> courant</strong>, nous avons marché sur Romont pour désarmer plusieurs villages, tels que Villaraboud, Mézieres, Villariaz, Chatonnaye, Villaz-Saint-Pierre, Ursy, pour prendre les armes de la Landsturm, telles que faux, piques de fer, tridents, vieilles lances emmanchées à des perches de sapin de 7 à 10 pieds de long. Des nouvelles arrivées ce matin du théâtre des hostilités annoncent que la ville de Bulle a été prise sans résistance, le 11 au soir, par la première brigade Charles Veillon. De là, nous avons continué notre route près du village de Belfaux à une lieue de Fribourg. Cette brigade avait occupé Belfaux entre midi et une heure après avoir détruit les ouvrages qui avaient été élevés depuis Grolley. </p><h3 style="text-align: center; ">***</h3><p><strong>Du 12</strong>, la Division Rillet est également parvenue jusqu’à Matran, village situé à une forte lieue de Fribourg, entre les routes de Payerne et Romont. C’est là où se trouvait hier au soir le quartier général de la division. La division Burckhardt et une brigade de la division Frei ont également fait leur jonction avec les brigades vaudoises à 6 heures du soir. La brigade Kurz partie de Morat s’était avancée jusqu’au delà de Courtepin, à une demie heure de Fribourg, et la brigade de réserve Ochsenbein, dont le quartier général était à Laupen, n’a pu pénétrer que ce matin dans les districts allemands où se trouvent les populations les plus fanatisées. Le quartier général en chef se trouvait au soir à Avenches. Comme on le voit, la défense du territoire fribourgeois a été jusqu’à présent à peu près nulle, jusqu’aux points occupés hier par les diverses colonnes de l’armée fédérale. Toutes les populations en état de porter les armes ont en effet continué de se concentrer sur Fribourg dont l’attaque doit avoir lieu aujourd’hui. Le bruit s’était accrédité hier au soir que le Grand Conseil fribourgeois avait dû être réuni dans la journée de hier sur la demande d’un grand nombre de ses membres et qu’il devait y être question de capitulation. </p><h3 style="text-align: center; ">***</h3><p> <strong>Matran 13 novembre à 6 heures du soir. </strong>De ce moment où j’écris, l’action vient de commencer devant Fribourg ensuite d’un coup de canon parti près de cette ville. La batterie Haubenrisier a répondu par un feu très vif. Les deux bataillons stationnés ici viennent de partir. Du 14 novembre, toute la journée s’est passée dans une pénible attente du théâtre des hostilités et l’on était étonné de n’entendre aucune canonnade quand on apprit dans la soirée que le général en chef Dufour avait sommé le 12 à midi le gouvernement fribourgeois de se rendre dans 24 heures. Ce délai expirait dont hier à midi, mais un parlementaire se présenta dans la matinée de hier au quartier général, apportant une lettre du gouvernement fribourgeois qui demandait un délai jusqu’à ce matin à 7 heures, délai qui fut accordé au grand mécontentement des différentes colonnes de l’armée fédérale qui avait occupé hier une partie des sommités qui dominent Fribourg. </p><h3 style="text-align: center; ">***</h3><p style="text-align: left;"><strong>Du 11 au soir</strong>, la division Ochsenbein qui avait fait son entrée du côté de Laupen était également parvenue à ¾ de lieue de cette capitale du côté de Düdingen. Toutes les nouvelles confirment que la résistance a été très faible sur tous les points. On ne doutait pas que Fribourg capitulât ce matin. Le délai qu’il a demandé était probablement combiné pour pouvoir être informé à temps des nouvelles de l’armée de (la) ligue dans le Freiamt, attaque qui a complètement échoué. </p><p style="text-align: left;">Voici à cet égard ce qu’on nous rapporte: une colonne de troupes du Sonderbund, composée de quatre bataillons d’infanterie, deux batteries d’artillerie et deux compagnies de carabiniers s’empara à la faveur du brouillard du village de Dietwyl et se dirigea de là vers le pont de bateaux d’Ottenbach. Avertie de l’arrivée de la force ennemie, la garde du pont s’empressa de se retirer vers le bord opposé. Bientôt la colonne ennemie (parvint) sur la rive gauche de la Reuss et ouvrit le feu. Les troupes fédérales quoique en nombre beaucoup moins considérable ripostèrent vigoureusement à cette attaque dans laquelle se signalèrent au dessus de toute éloge la compagnie d’artillerie Scheller et la compagnie de carabiniers Huber qui furent plus tard efficacement secondées par la compagnie Zeller. Presque tous les coups de ces batteries de l’armée fédérale ont porté tandis que l’artillerie ennemie, qui était de même force, n’a fait aucun mal. Nos ennemis ont perdu dans cette affaire plus de 50 hommes. Quant à l’armée fédérale, on a déploré la perte de dix hommes. </p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1523526140_chateaudoex.png" style="text-align: center;">Papier découpé de Hans Jakob Hauswirth (1809-1871) représentant très probablement les combats du Sonderbund. © Musée du Pays-d’Enhaut à Château-d’Œx.</h4><h3 style="text-align: center;">***</h3><p style="text-align: left;"><strong>Des nouvelles postérieures</strong> annoncent que dans une affaire générale qui a eu lieu hier près de Muri, dans laquelle l’armée fédérale a fait des prodiges de valeur, l’armée de (la) ligue a dû se replier sur le canton de Lucerne après avoir laissé sur le champ de bataille plus de 200 hommes. </p><h3 style="text-align: center; ">***</h3><p><strong>Du 14 novembre à 8 heures du soir</strong>, Fribourg a capitulé et s’est rendu aujourd’hui à l’armée fédérale (qui) a fait son entrée à 10 heures du matin. Il y a eu un engagement sérieux dans le lequel les troupes vaudoises se sont distinguées. </p><p>Il n’y a eu qu’un petit nombre de morts et de blessés. L’état-major du général Dufour s’est transporté d’Avenches à Morat où il est arrivé une masse de troupes d’infanterie et d’artillerie. Le bataillon Grandjean a occupé Belfaux. Un avant poste de voltigeurs, qui s’était avancé à dix minutes pour faire une reconnaissance, a reçu plusieurs décharges d’artillerie sans être atteint. Romont: toute la journée s’est passée calme et tranquille, le préfet était à Fribourg, son lieutenant avait abandonné le pouvoir, l’autorité communale qui se trouvait privée de toutes communications avec le gouvernement prit les affaires en main. Cette autorité très aimée et respectée, apprenant que les troupes fédérales allaient franchir la frontière, fit réunir les citoyens de la ville en assemblée générale. </p><p>L’autorité exposa à la population la situation grave où l’on se trouvait et il fut décidé à l’unanimité qu’on renoncerait au Sonderbund et que l’on respecterait les arrêtés de la Diète. Après cette décision grave et solennelle, un cri universel s’échappa de tous les cœurs. A l’instant même l’étendard fédéral fut arboré. On vit le drapeau rouge et blanc et le brassard à chaque bras de la population entière de Romont. Les autorités ont abandonné le gouvernement actuel, l’un d’eux portait un drapeau fédéral, la plupart des citoyens avaient le brassard rouge et blanc. Le porteur de la bannière fédérale a adressé une allocution au commandant de la division qui y a répondu avec chaleur. </p><h3 style="text-align: center; ">***</h3><p><strong>Des individus soupçonnés d’espionnage</strong> ont été mis en arrestation. Quelques uns ont été relâchés immédiatement. Deux ou trois ont été retenus parce que leurs réponses n’ont été satisfaisantes sous aucun rapport. Il y a maintenant sept bataillons d’infanterie cantonnés de Montreux à Lavey, trois batteries d’artillerie et quatre compagnies de carabiniers en bonnes dispositions. <br></p><h3 style="text-align: center;">***<br></h3><p><strong>Quatre bataillons du Sonderbund</strong> avec deux batteries d’artillerie des carabiniers se sont, à la faveur du brouillard, portés dans les environs de la Reuss, aux environs de Muri, en vue de s’emparer du pont de cette rivière et de passer sur la gauche. Les troupes fédérales s’étaient retirées de cet endroit, un peu auparavant, ne présumant pas l’attaque mais heureusement, une vingtaine de paysans du Freiamt sont allés les avertir. L’artillerie zurichoise est arrivée à propos et a répondu avec courage et persévérance à celle du Sonderbund ainsi que les carabiniers fédéraux mais comme il n’y avait que trois compagnies d’infanterie fédérale, elle a dû se replier devant des forces supérieures. Cependant, le pont sur la Reuss a été enfoncé de telle sorte que le but de l’expédition a été manqué. L’attaque sur le pont de la Reuss près de Lucerne a été précédé d’une fausse attaque du Sonderbund contre Kappel fausse attaque poussée un peu avant. L’hôtel des Bains d’Yverdon est préparé pour recevoir cinquante lits aux blessés et malades de l’armée fédérale.</p><br><p style="text-align: center;"><em><strong>Écrit le 18 novembre 1847 par Pierre François Varidel de Prahins,<br>caporal de grenadiers pour le Sonderbund.</strong></em><br></p><h3 style="text-align: center; ">*****</h3><p style="text-align: center;"><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.6rem; text-align: right;">Texte retranscrit par la Classe 11 VP1 d’Ollon:</span></p><p style="text-align: center;"><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.6rem; text-align: right;">Nicolas Durussel, maître de classe; Marion Abbet, Margaux Amateis, Valentine Baumann, Fanny Bühlmann, Lionel Buttet, Julie Chesaux, Victoria de Azevedo, Auriane Défago, <br>Fiona Despont, Jessica Germann, Emilie Heiniger, Gaël Jaggi, Nicolas Morattel, Fiona Müller, Tim Pachoud, Iliana Signer.</span><br></p><p></p><hr><p></p><h4 style="text-align: center;">Cet article est issu du dossier sur la guerre du Sonderbund, paru dans le numéro d'avril 2018 de <em>Passé simple</em>, <br>mensuel romand d’histoire et d’archéologie, <a href="www.passesimple.ch">www.passesimple.ch</a></h4><h2><hr></h2><h2 style="text-align: center;">Caporal de grenadiers<br></h2><p>François Varidel participe à la guerre du Sonderbund en tant que caporal dans la réserve de l’armée fédérale. Il fait partie du bataillon Déglon. A partir du 8 novembre, ce bataillon désarme plusieurs villages fribourgeois proches de la frontière vaudoise. François Varidel sera libéré vers le 20 novembre. Le 23 novembre, le <em>Nouvelliste Vaudois </em>annonce le licenciement des six bataillons de la réserve, dont le bataillon Déglon. Beaucoup d’informations figurant dans le carnet de François Varidel sont reprises de la presse de l’époque. Ce dernier rend ainsi compte d’événements auxquels il n’a pas participé, comme, par exemple, les combats sur la Reuss. En revanche, il devait probablement se trouver non loin de Fribourg lorsque cette ville a capitulé. Si François Varidel emprunte beaucoup d’informations aux journaux, il les reformule parfois à sa manière. Ainsi, le 12 novembre, à Bex, des individus sont soupçonnés d’espionnage. François Varidel tient cette nouvelle du journal, mais omet de préciser le lieu de leur arrestation.</p><br><p></p><hr style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><p></p><h2 style="text-align: center;">Effectif d'un poste de garde</h2><p>Dans son carnet, François Varidel détaille la composition d’un poste de garde. Il est à relever la présence d’un tambour pour donner l’alarme: <br></p><p><em>«Poste de Surpierre. Troupes confédérées, première division, seconde brigade. <br>Rapport de la garde montante à la maison de Ville. <br>Le mot de ralliement est Rotterdam. Le cri de guerre est Rhum. La garde forte de factionnaires. <br>N°1 un officier <br>N°2 un sergent <br>N°3 deux caporaux <br>N°4 un tambour <br>N°5 15 soldats <br>Total 20 hommes». </em></p><p></p><hr><p></p><h4>Pour en savoir davantage: <em>La Guerre du Sonderbund. La Suisse de 1847</em>, Pierre du Bois. Paris, 2002.</h4><p></p><hr><p></p><h2>Précédemment dans Bon pour la tête</h2><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/un-quidam-nomme-francois-varidel">Un quidam nommé François Varidel</a>, par la classe 11 VP 1 / Ollon: Nicolas Durussel, maître de classe; Marion Abbet, Margaux Amateis, Valentine Baumann, Fanny Bühlmann, Lionel Buttet, Julie Chesaux, Victoria de Azevedo, Auriane Défago, Fiona Despont, Jessica Germann, Emilie Heiniger, Gaël Jaggi, Nicolas Morattel, Fiona Müller, Tim Pachoud, Iliana Signer.</p><p><a href="www.passesimple.ch">www.passesimple.ch</a><br></p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'le-caporal-varidel-raconte-sa-guerre-du-sonderbund', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 737, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 964, 'homepage_order' => (int) 1142, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'Dans son récit des combats entre catholiques conservateurs et protestants progressistes, le militaire de Prahins mêle son expérience à des nouvelles glanées dans les journaux.', 'title' => 'Le caporal Varidel raconte sa guerre du Sonderbund', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = '/' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 948, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Une vie à l'époque du Sonderbund (2)', 'title' => 'Le caporal Varidel raconte sa guerre du Sonderbund', 'subtitle' => 'Dans son récit des combats entre catholiques conservateurs et protestants progressistes, le militaire de Prahins mêle son expérience à des nouvelles glanées dans les journaux.', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p><strong></strong></p><p></p><hr><p></p><h3 style="text-align: center;"><span style="font-size: 19.5px;">Classe 11 VP 1 / Ollon</span></h3><p></p><hr><p></p><h3 style="text-align: center;"><strong>Le Sonderbund</strong></h3><p style="text-align: left;"><strong>L’alliance séparée, en allemand Sonderbund, a réuni dès le 11 décembre 1845 sept cantons catholiques conservateurs: Uri, Schwyz, Unterwald, Lucerne, Zoug, Fribourg et le Valais. Cette alliance visait à défendre la souveraineté cantonale et la confession catholique contre la politique interventionniste des libéraux. En 1847, la nouvelle majorité libérale de la Diète ordonna l’expulsion des jésuites et la dissolution du Sonderbund. Les cantons du Sonderbund mobilisèrent leurs troupes. Les cantons progressistes firent de même et, le 21 octobre, nommèrent général le Genevois Guillaume-Henri Dufour. Ce dernier opta pour une guerre la plus rapide et la moins cruelle possible. Elle dura 25 jours et fit 60 morts dans les troupes fédérales et 33 dans le camp du Sonderbund. Fribourg, attaqué en premier, capitula le 11 novembre 1847, Lucerne, le 24 novembre et le Valais, le 29 novembre. 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Comme on le voit, la défense du territoire fribourgeois a été jusqu’à présent à peu près nulle, jusqu’aux points occupés hier par les diverses colonnes de l’armée fédérale. Toutes les populations en état de porter les armes ont en effet continué de se concentrer sur Fribourg dont l’attaque doit avoir lieu aujourd’hui. Le bruit s’était accrédité hier au soir que le Grand Conseil fribourgeois avait dû être réuni dans la journée de hier sur la demande d’un grand nombre de ses membres et qu’il devait y être question de capitulation. </p><h3 style="text-align: center; ">***</h3><p> <strong>Matran 13 novembre à 6 heures du soir. </strong>De ce moment où j’écris, l’action vient de commencer devant Fribourg ensuite d’un coup de canon parti près de cette ville. La batterie Haubenrisier a répondu par un feu très vif. Les deux bataillons stationnés ici viennent de partir. Du 14 novembre, toute la journée s’est passée dans une pénible attente du théâtre des hostilités et l’on était étonné de n’entendre aucune canonnade quand on apprit dans la soirée que le général en chef Dufour avait sommé le 12 à midi le gouvernement fribourgeois de se rendre dans 24 heures. Ce délai expirait dont hier à midi, mais un parlementaire se présenta dans la matinée de hier au quartier général, apportant une lettre du gouvernement fribourgeois qui demandait un délai jusqu’à ce matin à 7 heures, délai qui fut accordé au grand mécontentement des différentes colonnes de l’armée fédérale qui avait occupé hier une partie des sommités qui dominent Fribourg. </p><h3 style="text-align: center; ">***</h3><p style="text-align: left;"><strong>Du 11 au soir</strong>, la division Ochsenbein qui avait fait son entrée du côté de Laupen était également parvenue à ¾ de lieue de cette capitale du côté de Düdingen. Toutes les nouvelles confirment que la résistance a été très faible sur tous les points. On ne doutait pas que Fribourg capitulât ce matin. Le délai qu’il a demandé était probablement combiné pour pouvoir être informé à temps des nouvelles de l’armée de (la) ligue dans le Freiamt, attaque qui a complètement échoué. </p><p style="text-align: left;">Voici à cet égard ce qu’on nous rapporte: une colonne de troupes du Sonderbund, composée de quatre bataillons d’infanterie, deux batteries d’artillerie et deux compagnies de carabiniers s’empara à la faveur du brouillard du village de Dietwyl et se dirigea de là vers le pont de bateaux d’Ottenbach. Avertie de l’arrivée de la force ennemie, la garde du pont s’empressa de se retirer vers le bord opposé. Bientôt la colonne ennemie (parvint) sur la rive gauche de la Reuss et ouvrit le feu. Les troupes fédérales quoique en nombre beaucoup moins considérable ripostèrent vigoureusement à cette attaque dans laquelle se signalèrent au dessus de toute éloge la compagnie d’artillerie Scheller et la compagnie de carabiniers Huber qui furent plus tard efficacement secondées par la compagnie Zeller. Presque tous les coups de ces batteries de l’armée fédérale ont porté tandis que l’artillerie ennemie, qui était de même force, n’a fait aucun mal. Nos ennemis ont perdu dans cette affaire plus de 50 hommes. 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Cette autorité très aimée et respectée, apprenant que les troupes fédérales allaient franchir la frontière, fit réunir les citoyens de la ville en assemblée générale. </p><p>L’autorité exposa à la population la situation grave où l’on se trouvait et il fut décidé à l’unanimité qu’on renoncerait au Sonderbund et que l’on respecterait les arrêtés de la Diète. Après cette décision grave et solennelle, un cri universel s’échappa de tous les cœurs. A l’instant même l’étendard fédéral fut arboré. On vit le drapeau rouge et blanc et le brassard à chaque bras de la population entière de Romont. Les autorités ont abandonné le gouvernement actuel, l’un d’eux portait un drapeau fédéral, la plupart des citoyens avaient le brassard rouge et blanc. Le porteur de la bannière fédérale a adressé une allocution au commandant de la division qui y a répondu avec chaleur. </p><h3 style="text-align: center; ">***</h3><p><strong>Des individus soupçonnés d’espionnage</strong> ont été mis en arrestation. 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L’artillerie zurichoise est arrivée à propos et a répondu avec courage et persévérance à celle du Sonderbund ainsi que les carabiniers fédéraux mais comme il n’y avait que trois compagnies d’infanterie fédérale, elle a dû se replier devant des forces supérieures. Cependant, le pont sur la Reuss a été enfoncé de telle sorte que le but de l’expédition a été manqué. L’attaque sur le pont de la Reuss près de Lucerne a été précédé d’une fausse attaque du Sonderbund contre Kappel fausse attaque poussée un peu avant. 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Et qui dit entreprise familiale dit pas d'obligation de transparence pour les données les plus sensibles et les chiffres. Pas d'actionnaires étrangers non plus. Tout se passe et se décide en famille.</p> <p>Avec de grandes ambitions. Et, ces dernières années, d’ambitieuses diversifications: participation financière au réseau ferroviaire italien Italo, au port de Hambourg, un service de transport aérien (MSC Cargo). Sur le continent africain aussi, avec le rachat des opérations de l'entreprise Bolloré. 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Elle a été adoptée au Japon au cours du VIII<sup>e</sup> siècle.</p> <p>On trouve des exemples poétiques de pruniers en fleurs, ou <em>ume</em> en japonais, dans le <a href="https://www.kokugakuin.ac.jp/assets/uploads/2021/03/KJS2-2Oishi.pdf">« Man’yōshū »</a>, ou « recueil de dix mille feuilles », le plus ancien recueil de poésie japonaise, qui date du VIII<sup>e</sup> siècle.</p> <p>Wiebke Denecke, <a href="https://lit.mit.edu/denecke/">spécialiste des littératures d’Asie orientale</a>, explique que les poètes japonais classiques <a href="https://www.jstor.org/stable/25066837">écrivaient des poèmes sur les fleurs de prunier lorsqu’elles étaient en saison</a>. Leurs compositions ont façonné la poésie de cour japonaise, ou <em>waka</em>, qui est enracinée dans la nature et son cycle saisonnier constant.</p> <p>Cependant, c’est le <em>sakura</em>, et non le prunier, qui occupe une place particulière dans la culture japonaise. Les anthologies impériales de <em>waka</em> compilées au Japon entre 905 et 1439 de l’ère chrétienne contiennent généralement plus de poèmes printaniers composés sur les cerisiers en fleurs que sur les pruniers en fleurs.</p> <h3>Au cœur de la composition des <em>waka</em></h3> <p><a href="https://www.penguinrandomhouse.com/books/558474/the-sakura-obsession-by-naoko-abe/">La première exposition de cerisiers en fleurs</a> a été organisée par l’empereur Saga en 812 de l’ère chrétienne et est rapidement devenue un événement régulier à la cour impériale, souvent accompagné de musique, de nourriture et d’écriture de poèmes.</p> <p>Les cerisiers en fleurs sont devenus l’un des sujets habituels de composition des <em>waka</em>. En fait, j’ai commencé à étudier la poésie japonaise grâce à un poème sur le thème du <em>sakura</em> écrit par une poétesse classique, Izumi Shikibu, dont on pense qu’elle a activement composé des <em>waka</em> vers l’an 1000 de notre ère. Le poème est préfacé par la <a href="http://www.misawa-ac.jp/drama/daihon/genji/bunken/zoku.html">mémoire de son auteur</a>. Ce poème parle de son ancien amant qui souhaite revoir les cerisiers en fleurs avant qu’ils ne tombent.</p> <blockquote> <p>tō o koyo<br />saku to miru ma ni<br />chirinu beshi<br />tsuyu to hana to no<br />naka zo yo no naka</p> <p>Viens vite !<br />À peine commencent-elles à s’ouvrir<br />qu’elles doivent tomber.<br />Notre monde réside<br />dans la rosée au sommet des fleurs de cerisier.</p> </blockquote> <p>Ce poème n’est pas l’exemple le plus célèbre de <em>waka</em> sur les cerisiers en fleurs dans la poésie japonaise prémoderne, mais il contient des couches d’imagerie traditionnelle symbolisant l’impermanence. Il souligne qu’une fois écloses, les fleurs de cerisier sont destinées à tomber. Assister à leur chute est l’objectif même du <em>hanami</em>.</p> <p>La rosée est généralement interprétée comme un <a href="https://www.jstor.org/stable/2385169">symbole de larmes</a> dans le waka, mais elle peut également être lue de manière plus érotique comme une référence à d’autres <a href="https://uhpress.hawaii.edu/title/mapping-courtship-and-kinship-in-classical-japan-the-tale-of-genji-and-its-predecessors/">fluides corporels</a>. Une telle interprétation révèle que le poème est une allusion à une relation amoureuse, qui est aussi fragile que la rosée qui s’évapore sur les fleurs de cerisier qui tombent bientôt ; elle ne dure pas longtemps, il faut donc l’apprécier tant qu’elle existe.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/579998/original/file-20240305-18-vujctw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="Un arbre japonais en fleurs chargé de grappes de fleurs roses dans un jardin" /><em><span>Au Japon, les cerisiers en fleurs symbolisent l’impermanence ». zoomable=</span> <span><a href="https://www.flickr.com/photos/25228175@N08/4549363374">Elvin/Flickr</a>, <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></em></h4> <p>Le poème peut également être interprété de manière plus générale : La rosée est un symbole de la vie humaine, et la chute des cerisiers en fleurs une métaphore de la mort.</p> <h3>Militarisé par l’Empire du Japon</h3> <p>La notion de chute des fleurs de cerisier a été utilisée par <a href="https://www.bloomsbury.com/us/imperial-japan-and-defeat-in-the-second-world-war-9781350246799/">l’Empire du Japon</a>, un État historique qui a existé de la restauration meiji en 1868 jusqu’à la promulgation de la Constitution du Japon en 1947. L’empire est connu pour la <a href="https://www.bloomsbury.com/uk/japanese-taiwan-9781472576743/">colonisation de Taïwan</a> et l’<a href="https://www.peterlang.com/document/1049131">annexion de la Corée</a> afin d’étendre ses territoires.</p> <p><a href="https://kokubunken.repo.nii.ac.jp/records/4747">Sasaki Nobutsuna</a>, un érudit des classiques japonais ayant des liens étroits avec la cour impériale, était un partisan de l’idéologie nationaliste de l’empire. En 1894, il a composé un long poème, <a href="https://dl.ndl.go.jp/pid/873478/1/10">« Shina seibatsu no uta »</a>, ou « Le chant de la conquête des Chinois », pour coïncider avec la première guerre sino-japonaise, qui a duré de 1894 à 1895. Le poème compare la chute des fleurs de cerisier au sacrifice des soldats japonais qui <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/K/bo3656741.html">tombent au combat pour leur pays et leur empereur</a>.</p> <h3>La marchandisation de la saison</h3> <p>Dans le Japon contemporain, les cerisiers en fleurs sont célébrés par de nombreux membres de la société, et pas seulement par la cour impériale. Fleurissant autour du <a href="https://www.nbcbayarea.com/news/national-international/lunar-new-year-2024-how-to-celebrated/3447961/">Nouvel An lunaire</a> célébré dans le Japon prémoderne depuis des siècles, elles symbolisent les nouveaux départs dans tous les domaines de la vie.</p> <p>À l’époque contemporaine, les vendeurs ont transformé les cerisiers en fleurs en vendant du <a href="https://stories.starbucks.com/asia/stories/2024/sakura-season-starts-at-starbucks-japan-on-thursday-february-15/">thé, café</a>, de la <a href="https://japantoday.com/category/features/food/haagen-dazs-releases-two-new-seasonal-flavors">crème glacée</a>, des <a href="https://www.oenon.jp/news/2020/0205-1.html">boissons</a> ou des <a href="https://www.fujingaho.jp/gourmet/sweets/g43015580/fujingahonootoriyose-sakura-sweets20240215/">biscuits</a> aromatisés au <em>sakura</em>, transformant ainsi l’image de l’arbre en fleurs en une marque saisonnière. Les <a href="https://sakura.weathermap.jp/en.php">prévisions météorologiques</a> suivent la floraison des cerisiers pour s’assurer que tout le monde a une chance de participer à l’ancien rituel de l’observation.</p> <p>L’obsession des cerisiers en fleurs peut sembler triviale, mais le <em>hanami</em> rassemble les gens à une époque où la plupart des communications se font virtuellement et à distance, réunissant des membres de la famille, des amis, des collègues de travail et parfois même des étrangers, comme cela m’est arrivé lorsque je vivais au Japon.</p> <p>L’observation des <em>sakura</em> témoigne également de la relation unique que le Japon moderne entretient avec sa propre histoire. 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Mais puisque la RTS estime nécessaire d’exprimer des «regrets» pour les «propos outranciers» tenus par Slobodan Despot, quelques questions s’imposent:</p> <p><strong>1.</strong> Pourquoi, si les propos n’y sont pas si libres que ça, l'émission «Les Beaux Parleurs» est-elle toujours présentée comme un «talk show» sur le site de la RTS?</p> <p><strong>2.</strong> Si la RTS juge bon d’exprimer ses «regrets» pour des «propos outranciers», il est à supposer que sa charte a été enfreinte par Slobodan Despot. Dans ce cas, il serait bon de spécifier aux <a href="https://www.24heures.ch/la-rts-regrette-les-propos-outranciers-de-slobodan-despot-739244121528" target="_blank" rel="noopener">lecteurs de <em>24 Heures</em></a> quels passages plus précisément. La charte de la RTS dit notamment ceci: «une responsabilité particulière dans la recherche de la vérité, l’impartialité, la pluralité et le respect de la personne.» En décrivant des éléments factuels, Slobodan Depot a fait preuve de recherche de la vérité. Il représente l’un des éléments nécessaires à la pluralité d’opinion censément chère à la RTS et n’a manqué de respect envers personne au travers de ses propos. Où est donc le problème? 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@Aliki 19.04.2018 | 22h00
«Belfaux! Grolley!! Je ne traverserai plus jamais ces villages sans penser au Sonderbund. Encore merci pour cette excellente initiative.
Pour la petite histoire personnelle: Ma première maîtresse d’école primaire (il y a plus de 40 ans) s’appelait Madame Durussel, aussi une excellente institutrice »
@marmendel 19.04.2018 | 22h22
«À chaque ère ses fanatiques, ici ce sont les catholiques fribourgeois qui sont ainsi désignés. Bravo pour cette retranscription très instructive pour exercer le relativisme.»