Actuel / La Suisse déboussolée
Marek Studzinski via Unsplash
On ne va pas parler de salade russe, mais quel salmigondis! La politique étrangère de la Suisse flotte comme jamais. L’Union européenne? Panne grave. L’OTAN? Jusqu’où pousser le rapprochement? L’Ukraine? Jusqu’à quel point l’aider? Quel sens a encore le mot neutralité? Bien malin qui y voit clair. Tant de discours fumeux et si peu de vision.
Il y a tout juste un an, le Conseil fédéral bazardait l’accord-cadre à bout touchant avec l’UE négocié pendant des années. Cela en violant les règles démocratiques: cette décision de portée historique a été prise sans discussion au Parlement et sans vote populaire. La Suisse est le seul pays d’Europe occidentale qui n’a pas défini, d’une façon ou d’une autre, sa relation avec l’institution communautaire qui détermine tant de domaines pour tous les habitants du continent, membres ou pas. Plus les mois passent plus la relation se dégrade. Dernier signe en date: le vice-président de la Commission européenne en charge du dossier, Maros Sefcovic, voulait venir pour deux jours en Suisse à la mi-juin afin de mieux nous comprendre. Notre ministre, Ignazio Cassis a décliné. Faute de temps! Si les partis et la société civile ne sortent pas de leur torpeur, les choses iront de mal en pis. Au détriment de vastes secteurs de la recherche et de l’économie. Rien n’est pire dans une telle situation que le flou, la procrastination et l’ambiguïté.
L’Ukraine? La Suisse a eu raison de condamner sévèrement l’agression russe. Rien ne peut la justifier. Ni l’historique du conflit où les responsabilités étaient partagées. Ni les ombres du pouvoir de Kiev, où, derrière l’honorable façade, il est vrai, grenouillent des ultra-nationalistes puants et des oligarques manipulateurs. Le soutien s’impose à cette population martyrisée par de prétendus frères. L’idée d’une conférence en vue de la reconstruction est bienvenue. Il n’est jamais trop tôt pour préparer l’après-guerre, quel qu’il soit. Même si le directeur du World Economic Forum claironne qu’il est «trop tôt pour parler de paix». Même si le maire et boxeur de Kiev pense qu’il ne faudra songer au chantier qu’après la fin du combat. Envoyer des armes et des munitions? Céder aux injonctions américaines sur l’application des sanctions? Couper toute relation avec la Russie? Ce serait en finir avec ce qui reste d’une neutralité déjà bien rabougrie. Elle n’a pas perdu tout sens, elle peut encore servir.
Ne pleurnichons pas sur elle. Elle n’est pas, comme le disent certains, un héritage séculaire. Elle nous a été dictée en 1815. Encouragée en 1848 par les voisins… et la Grande-Bretagne. Egratignée au début de la Première guerre, puis a vite apaisé les tensions intérieures entre Romands et Alémaniques. Mise entre parenthèses pendant la Seconde guerre mondiale, et cela se comprend, pour éviter l’invasion allemande. Le rapport Bergier, sorti il y a vingt ans, explique sans conteste (dans ses onze volumes!) comment la Suisse était imbriquée économiquement avec le Reich. Ce qui a assuré notre approvisionnement… et fait la fortune de Dieter Bührle qui lui fournissait des profusions d’armes. Avec même l’aide d’un crédit du Conseil fédéral de 1,1 milliards pour ces achats allemands, comme le rappelle l’historien lausannois Hans-Ulrich Jost dans un récent article de la Sonntags Zeitung. Une coopération qui a duré jusqu’aux dernières livraisons d’or nazi en échange de francs indispensables parce que non boycottés dans le reste du monde. Cela jusqu’à la veille de la reddition de Berlin.
La neutralité n’est pas une fin en soi. Plutôt un mythe rabâché, cher aux isolationnistes. Une «fiction», a lâché un jour le conseiller fédéral Max Petitpierre. Une «schizophrénie» pour l’historien Jean Rudolf von Salis. Mais aussi un outil politique à géométrie variable qui peut être utile à certains égards. Mais de grâce, cessons les acrobaties rhétoriques. La distinction qui plaît tant aux juristes entre le droit et la politique de neutralité, personne n’y comprend rien, surtout à l’étranger. Et voilà que Ignazio Cassis nous sert une nouvelle formule: la «neutralité coopérative». Comme c’est joli. Et confortable: on va donc coopérer avec les uns et pas avec les autres. Vu de l’extérieur, à Washington comme à Moscou, on ne s’y trompe pas. Que nous l’affichions ou pas, nous sommes pleinement ancrés dans le camp occidental, punkt schluss. Lire le Financial Times: «Swiss break neutrality tradition». Ou écouter le sénateur américain Roger Wicker qui, à la commission d’Helsinki, avait couvert la Suisse de reproches quant à son application des sanctions, la qualifiant de «refuge pour criminels de guerre et kleptocrates». A Davos en revanche, il s’est félicité qu’elle ait «renoncé à sa position séculaire de neutralité». Ce qui est gênant à ce chapitre, c’est que nos dirigeants n’appellent pas un chat un chat. Car il en va des nations comme des individus, elles sont jugées sur leurs actes, pas sur leurs discours.
L’OTAN? Là aussi, quelle hypocrisie… La Suisse est déjà membre de son deuxième cercle, le «Partenariat pour la paix». Nos avions ont plusieurs fois participé à des manœuvres communes dans la Mer du Nord. Ceux-ci sont déjà connectés au système américain de surveillance électronique lors de leurs moindres sorties. Des agents US sont physiquement présents sur les principaux aéroports militaires. L’an passé, c’était une révélation de la presse alémanique. Aujourd’hui la Conseillère fédérale Viola Amherd le confirme publiquement. Pour ne pas parler de Crypto AG, dont les petits secrets étaient connus à Berne, qui prétendait protéger les communications de nombreux Etats et en fait refilait celles-ci aux Américains. Certes nous n’adhérons pas à cette alliance proclamée ces temps-ci comme la sublime gardienne de la démocratie, qui a pourtant attaqué avec le succès qu’on sait de nombreux Etats, souvent sans mandat onusien, causant des centaines de milliers de morts chez les civils. Seuls les atlantistes frénétiques et les paniqués sont titillés par l’envie d’un siège dans le club. La Suisse ne fera jamais ce pas. Elle préfère en être sans en être. Non pas «to be or not to be», comme disait Shakespeare, mais «to be and not to be», ça on connaît…
De fait, nous marchons la main dans la main avec l’OTAN. Pour notre bien? A voir! Neutralité mise à part, nous avons plutôt intérêt à garder la distance. Ne serait-ce que pour éviter l’emballement fabuleux des commandes d’armes qui font le bonheur du lobby militaire américain. Plus qu’effrayer une Russie bien moins puissante qu’on ne le croyait, ayant déjà toutes les peines à conquérir quelques petites localités à sa frontière. Plus qu’intimider la Chine qui a bien d’autres moyens, infiniment plus subtils, de mettre les pieds chez nous. Distance nécessaire aussi pour tenter de rester dans une louable tradition: les bons offices. Pas facile au vu de nos récents engagements. Même si le DFAE envisage de représenter les intérêts de l’Ukraine à Moscou. Mais essayons de tendre des fils, de faciliter des pourparlers là où, à travers le monde, des conflits s’enlisent. En dépit d’un chef à l’horizon mental confus, nos diplomates sont très forts dans de telles tâches.
Si la Suisse est déboussolée à tant d’égards – elle n’est pas la seule à se trouver secouée – c’est dû pour une part à la guerre en Europe. Mais pas seulement. Notre pays a un effort à faire, de lucidité, de réalisme, de courage, de franchise. A commencer par le chemin d’un accord solide avec nos voisins. L’urgence est là.
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Il n’est jamais trop tôt pour préparer l’après-guerre, quel qu’il soit. Même si le directeur du World Economic Forum claironne qu’il est «trop tôt pour parler de paix». Même si le maire et boxeur de Kiev pense qu’il ne faudra songer au chantier qu’après la fin du combat. Envoyer des armes et des munitions? Céder aux injonctions américaines sur l’application des sanctions? Couper toute relation avec la Russie? Ce serait en finir avec ce qui reste d’une neutralité déjà bien rabougrie. Elle n’a pas perdu tout sens, elle peut encore servir.</p> <p>Ne pleurnichons pas sur elle. Elle n’est pas, comme le disent certains, un héritage séculaire. Elle nous a été dictée en 1815. Encouragée en 1848 par les voisins… et la Grande-Bretagne. Egratignée au début de la Première guerre, puis a vite apaisé les tensions intérieures entre Romands et Alémaniques. Mise entre parenthèses pendant la Seconde guerre mondiale, et cela se comprend, pour éviter l’invasion allemande. Le rapport Bergier, sorti il y a vingt ans, explique sans conteste (dans ses onze volumes!) comment la Suisse était imbriquée économiquement avec le Reich. Ce qui a assuré notre approvisionnement… et fait la fortune de Dieter Bührle qui lui fournissait des profusions d’armes. Avec même l’aide d’un crédit du Conseil fédéral de 1,1 milliards pour ces achats allemands, comme le rappelle l’historien lausannois Hans-Ulrich Jost dans un récent article de la <em>Sonntags Zeitung</em>. Une coopération qui a duré jusqu’aux dernières livraisons d’or nazi en échange de francs indispensables parce que non boycottés dans le reste du monde. Cela jusqu’à la veille de la reddition de Berlin. </p> <p>La neutralité n’est pas une fin en soi. Plutôt un mythe rabâché, cher aux isolationnistes. Une «fiction», a lâché un jour le conseiller fédéral Max Petitpierre. Une «schizophrénie» pour l’historien Jean Rudolf von Salis. Mais aussi un outil politique à géométrie variable qui peut être utile à certains égards. Mais de grâce, cessons les acrobaties rhétoriques. La distinction qui plaît tant aux juristes entre le droit et la politique de neutralité, personne n’y comprend rien, surtout à l’étranger. Et voilà que Ignazio Cassis nous sert une nouvelle formule: la «neutralité coopérative». Comme c’est joli. Et confortable: on va donc coopérer avec les uns et pas avec les autres. Vu de l’extérieur, à Washington comme à Moscou, on ne s’y trompe pas. Que nous l’affichions ou pas, nous sommes pleinement ancrés dans le camp occidental, <em>punkt schluss</em>. Lire le <em>Financial Times</em>: «<a href="https://www.ft.com/content/80c268fa-61d4-42ac-a9f4-310f12678c43" target="_blank" rel="noopener">Swiss break neutrality tradition</a>». 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Aujourd’hui la Conseillère fédérale Viola Amherd le confirme publiquement. Pour ne pas parler de Crypto AG, dont les petits secrets étaient connus à Berne, qui prétendait protéger les communications de nombreux Etats et en fait refilait celles-ci aux Américains. Certes nous n’adhérons pas à cette alliance proclamée ces temps-ci comme la sublime gardienne de la démocratie, qui a pourtant attaqué avec le succès qu’on sait de nombreux Etats, souvent sans mandat onusien, causant des centaines de milliers de morts chez les civils. Seuls les atlantistes frénétiques et les paniqués sont titillés par l’envie d’un siège dans le club. La Suisse ne fera jamais ce pas. Elle préfère en être sans en être. Non pas «<em>to be or not to be</em>», comme disait Shakespeare, mais «<em>to be and not to be</em>», ça on connaît…</p> <p>De fait, nous marchons la main dans la main avec l’OTAN. Pour notre bien? A voir! Neutralité mise à part, nous avons plutôt intérêt à garder la distance. Ne serait-ce que pour éviter l’emballement fabuleux des commandes d’armes qui font le bonheur du lobby militaire américain. Plus qu’effrayer une Russie bien moins puissante qu’on ne le croyait, ayant déjà toutes les peines à conquérir quelques petites localités à sa frontière. Plus qu’intimider la Chine qui a bien d’autres moyens, infiniment plus subtils, de mettre les pieds chez nous. Distance nécessaire aussi pour tenter de rester dans une louable tradition: les bons offices. Pas facile au vu de nos récents engagements. Même si le DFAE envisage de représenter les intérêts de l’Ukraine à Moscou. Mais essayons de tendre des fils, de faciliter des pourparlers là où, à travers le monde, des conflits s’enlisent. En dépit d’un chef à l’horizon mental confus, nos diplomates sont très forts dans de telles tâches. </p> <p>Si la Suisse est déboussolée à tant d’égards – elle n’est pas la seule à se trouver secouée – c’est dû pour une part à la guerre en Europe. Mais pas seulement. 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Encouragée en 1848 par les voisins… et la Grande-Bretagne. Egratignée au début de la Première guerre, puis a vite apaisé les tensions intérieures entre Romands et Alémaniques. Mise entre parenthèses pendant la Seconde guerre mondiale, et cela se comprend, pour éviter l’invasion allemande. Le rapport Bergier, sorti il y a vingt ans, explique sans conteste (dans ses onze volumes!) comment la Suisse était imbriquée économiquement avec le Reich. Ce qui a assuré notre approvisionnement… et fait la fortune de Dieter Bührle qui lui fournissait des profusions d’armes. Avec même l’aide d’un crédit du Conseil fédéral de 1,1 milliards pour ces achats allemands, comme le rappelle l’historien lausannois Hans-Ulrich Jost dans un récent article de la <em>Sonntags Zeitung</em>. Une coopération qui a duré jusqu’aux dernières livraisons d’or nazi en échange de francs indispensables parce que non boycottés dans le reste du monde. Cela jusqu’à la veille de la reddition de Berlin. </p> <p>La neutralité n’est pas une fin en soi. Plutôt un mythe rabâché, cher aux isolationnistes. Une «fiction», a lâché un jour le conseiller fédéral Max Petitpierre. Une «schizophrénie» pour l’historien Jean Rudolf von Salis. Mais aussi un outil politique à géométrie variable qui peut être utile à certains égards. Mais de grâce, cessons les acrobaties rhétoriques. La distinction qui plaît tant aux juristes entre le droit et la politique de neutralité, personne n’y comprend rien, surtout à l’étranger. Et voilà que Ignazio Cassis nous sert une nouvelle formule: la «neutralité coopérative». Comme c’est joli. Et confortable: on va donc coopérer avec les uns et pas avec les autres. Vu de l’extérieur, à Washington comme à Moscou, on ne s’y trompe pas. Que nous l’affichions ou pas, nous sommes pleinement ancrés dans le camp occidental, <em>punkt schluss</em>. 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Syndicats et autorités politiques ont pourtant tout fait pour sauver l’entreprise historique, aux mains d’une multinationale qui compare avantages et inconvénients de chaque lieu de production. Ici, hauts salaires, franc fort et dans ce cas, retard technologique. Donc, départ. Chapeau aux travailleurs qui cherchaient des solutions, des innovations. Les voilà licenciés. Les messages de solidarité font du bien mais n’assurent pas leur avenir. Qu’ils puissent être aidés à rebondir.</span></p> <p><span>Est-ce à dire que notre pays est menacé de désindustrialisation comme il en est beaucoup question chez nos voisins? Gare aux réponses trop simples. Les faits. Face au secteur des services comptant les banques et les assurances, le tourisme, le commerce de gros et de détail, l'administration publique et les assurances sociales, qui pèse pour 75% du PIB, l’industrie résiste, avec environ 24% (contre moins de 14% en France!). L’agriculture pour 1 %. </span></p> <p><span>La grosse tranche du gâteau industriel, c’est évidemment les médicaments et les montres. Mais on aurait tort d’ignorer tout un tissu de plus petites entreprises qui fabriquent toutes sortes de produits technologiques performants. En dépit de tous les handicaps de la place. Sait-on par exemple que du Valais partent des pièces destinées à Mercedes, Jaguar, ou Ferrari? Se doute-t-on qu’une lame de scie sauteuse sur deux dans le monde est fabriquée à Sankt Niklaus (Saint-Nicolas), quelques kilomètres en aval de Zermatt. Ou qu’Airbus et Dassault se fournissent en tôles aéronautiques d’aluminium dans la région de Sierre?</span></p> <p><span>Ce canton est en pointe. En 2023, il était en tête des investissements industriels. <em>L’Agefi</em> fournit une explication: «C’est dans le Haut Valais que le boom économique est le plus visible. Le groupe pharmaceutique Lonza, dont le siège est à Bâle mais le site de production à Viège, y a investi plus d’un milliard de francs. Un nouveau complexe de production high-tech fournit des solutions adaptées pour le développement et la fabrication de nouveaux médicaments. Ce site et ses possibilités inédites dans la pharma ancrent Viège et le Valais au cœur des chaînes mondiales de création de valeur. Les investissements dans la recherche et la formation ont joué un rôle majeur pour le développement économique du canton. A la génération précédente, c’est la HES, la Haute école spécialisée, qui a formé des ingénieurs précieux pour alimenter une industrie en plein essor. Petit à petit tout un écosystème propice à l’émergence d’idées innovantes s’est installé en Valais. La Fondation The Ark favorise l’établissement et l’éclosion de start-ups dans les domaines de l’informatique, de l’énergie, des sciences de la vie et de l’environnement. 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Son industrie – étroitement liée à celle de la Suisse –, souffre du coût exorbitant de l’énergie depuis la rupture avec la Russie, de l’attraction des Etats-Unis où émigrent tant de ses entreprises, de la concurrence chinoise qui, avec ses voitures électriques, met à rude épreuve le secteur de l’automobile. La France s’embourbe dans les déficits et les tensions sociales. L’Italie et l’Espagne gardent le moral mais sont aussi surchargées de dettes publiques. Les pays dits de l’Est vont mieux et même bien, leurs économies sont devenues très performantes, dopées depuis leur entrée dans l’Union, très généreuse à leur égard, mais l’élan donne des signes de tassement. Enfin tous sont mis au défit technologique des Etats-Unis et de la Chine. </span></p> <p><span>Question: les Etats réunis à Bruxelles, dans la configuration qui sortira des urnes début juin, donneront-ils la priorité aux savoirs, au soutien des entreprises privées et parallèlement aux améliorations sociales? Ou leur politique dite verte conduira-t-elle à la décroissance? La concentration des efforts sur la course aux armements et l’aide à l’Ukraine, telle qu’elle est brandie aujourd’hui, peut aider certains secteurs industriels mais coûtera extrêmement cher. On articule à Bruxelles le chiffre de 100 milliards à cette fin d’ici 2029. Ce sera forcément au détriment d’autres attentes, dans les infrastructures, l’éducation, la recherche, la cohésion sociale. Sans compter que la transition écologique, nous assure-t-on, nécessitera en plus une pluie de milliards. Quelles priorités fixera le nouveau Parlement? Selon les choix, les retombées sur l’économie suisse seront différentes. Le surarmement de l’Europe ne nous rapporte quasiment rien, sa santé économique et sociale nous est bien plus bien profitable.</span></p> <p><span>Deuxième point. Le fonctionnement même de l’Union. Deux tendances s’affrontent. Les convaincus du projet savent qu’ils ne peuvent pas en faire un Etat fédéral, mais ils souhaitent renforcer les compétences du Conseil européen (réunion des chefs d’Etat), notamment en supprimant le droit de veto des nations, de la Commission, avec des tâches nouvelles, et celles, souhaitables, du Parlement. Ce surcroît d’autorité se justifierait à bien des égards pour unir les forces, renforcer l’élan collectif. Mais bien peu de dirigeants nationaux le préconisent. Parce qu’il va à l’encontre d’une tendance lourde, le regain du nationalisme. Plus de pouvoirs aux Etats, limiter ceux de l’Union. En finir avec les figures mégalomanes du style Van der Leyen à la tête. En réalité, déglinguer la machine de l’intérieur. On entend ces accents sur un large spectre. A droite, à droite de la droite et à gauche aussi, qui rêve de l’Europe sociale, parfois même de la fin du capitalisme. 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Notre gouvernance a été coulée dans le bronze une fois pour toute et on ne peut plus rien y changer...aux siècles des siècles, Amen. Comment peut on imaginer aujourd'hui que la formule magique a encore un avenir. Ce serait le cas, peut être, si nous étions sur une île au milieu du Pacifique et vivions en autarcie. Mais ça ne l'est pas. On attaque l'un ou l'autre de nos conseillers fédéraux, lui reprochant telle ou telle erreur, bourde ou faiblesse. Mais on ne pose pas la question de savoir s'il est efficace d'attribuer les départements en fonction de l'ancienneté des impétrants, de leur provenance cantonale et selon une clé qui ne reflète même plus la réalité de des rapports de force au niveau politique. C'est ainsi que des personnalités parfaitement respectables se retrouvent responsables de départements pour lesquels leur carrière, leurs études et leur personnalité ne les prédestinaient en aucune façon. 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Si l'on prend le temps d'étudier l'histoire de la seconde guerre mondiale, après l'ouverture des archives, on constate que nous vivons actuellement le même schéma qu'à l'époque où finalement on découvre que le financement a été fait par l'Angleterre et les USA avec le soutien de Franklin Roosevelt dont le seul but était de détruire l'URSS. Malheureusement la presse en général en mains de certains milieux se contente de dire ce qu'on lui dit de dire. Une des preuves de la servilité de la presse en général est le peu de soutien concernant Assange, qui pourtant à permis à nos dirigeants et élus de connaître l'espionnage par les USA de notre industrie et pays. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
5 Commentaires
@willoft 27.05.2022 | 04h37
«Ceci dit, il faut être dans les cercles élitaires pour pouvoir imaginer quelles pressions subit tout l'appareil démocratique suisse.
De l'Europe aux US en passant par la Chine, l'Inde et autres marchés.
Tu n'applique pas les sanctions ou un autre désidérata...boum sur UBS, CS, Novartis & Cie»
@willoft 27.05.2022 | 04h55
«P.S. (à vérifier si votre site n'aurait pas un bug avec envoi/quittance?)
Le F35 est sans doute une illustration de cette pression, on connait le... soit tu es avec moi, soit tu es contre moi et toutes les paraboles ami/ennemi.
Mais où je vous rejoints, il manque sans du courage à notre classe politique de milice lobbyiste pour dire:
Ecoute, Joe America, nous ne sommes pas contre toi, mais nous sommes au coeur de l'Europe, what else!»
@rogeroge 27.05.2022 | 08h03
«La neutralité suisse, certes souvent mise à mal, resterait - si on s'en occupait mieux - une carte mondiale à jouer en temps de guerre. C'est à Caux que se sont préparés les accord Japano-Etasunisiens ou Franco-allemands (entre Schumann et Adenauer), au Montreux-Palace qu'a eu lieu la conférence internationale de paix «Genève 2», dont l’objectif était de mettre un terme au conflit syrien. C'est la Convention de Montreux de 1936 qui force Ankara (deuxième puissance de l'OTAN) à limiter- avec discrétion - les bateaux de guerre en Mer du Nord (Même si ceux-ci se déguisent en navires marchands). C'est le sommet organisé du 7 au 9 septembre à Montreux sous l’égide de la mission onusienne en Libye (UNSMIL) qui a permis une reprise des discussions entre les camps ennemis de l’ouest et l’est libyen. Sans parler de tou se qui s'est négocié à Genève et bientôt au Tessin.
Suisse financière, opportuniste, oui. Mais jamais guerrière. Je suis certain que la neutralité ne devrait plus être bafouée. On peut toujours rêver...»
@Ancetre 27.05.2022 | 13h38
«J'ai lu avec attention votre article et on ne peut qu'être d'accord avec vous. Il rejoint l'opinion de beaucoup de personnes qui se sont exprimées dans divers media et démontre que notre système de milice n'est plus en phase avec le monde d'aujourd'hui. Mais là, bizarrement, plus personne ne s'exprime. Notre gouvernance a été coulée dans le bronze une fois pour toute et on ne peut plus rien y changer...aux siècles des siècles, Amen.
Comment peut on imaginer aujourd'hui que la formule magique a encore un avenir. Ce serait le cas, peut être, si nous étions sur une île au milieu du Pacifique et vivions en autarcie. Mais ça ne l'est pas. On attaque l'un ou l'autre de nos conseillers fédéraux, lui reprochant telle ou telle erreur, bourde ou faiblesse. Mais on ne pose pas la question de savoir s'il est efficace d'attribuer les départements en fonction de l'ancienneté des impétrants, de leur provenance cantonale et selon une clé qui ne reflète même plus la réalité de des rapports de force au niveau politique. C'est ainsi que des personnalités parfaitement respectables se retrouvent responsables de départements pour lesquels leur carrière, leurs études et leur personnalité ne les prédestinaient en aucune façon. Pensant représenter un pays important, ils se heurtent à des homologues qui les voient comme les gouvernants d'une région européenne d'une taille équivalente à celle de Rhône-Alpes. Ceux-ci sont des personnalités chevronnées, en train de réorganiser le monde, et peu intéressées à perdre du temps pour nous garantir notre aspiration à rester un Sonderfall, ce qu'ils appellent, eux, du cherry picking, ce qui est d'ailleurs probablement plus correct. Il est temps non pas de jeter le bébé avec l'eau du bain mais d'engager une réflexion sérieuse sur les améliorations à apporter à notre gouvernance, sinon nous allons finir comme une réserve d'Indiens. Si ce n'est pas déjà le cas !!»
@RAS 27.05.2022 | 16h16
«Merci pour votre article qui fait vraiment une analyse réelle de la situation. Malheureusement avec la lâcheté de la majorité des partis politique Suisse, en grande partie entretenus par les lobbys. Le Conseil fédéral devient par certains agissements le fossoyeur de notre démocratie et de notre neutralité. Si l'on prend le temps d'étudier l'histoire de la seconde guerre mondiale, après l'ouverture des archives, on constate que nous vivons actuellement le même schéma qu'à l'époque où finalement on découvre que le financement a été fait par l'Angleterre et les USA avec le soutien de Franklin Roosevelt dont le seul but était de détruire l'URSS. Malheureusement la presse en général en mains de certains milieux se contente de dire ce qu'on lui dit de dire. Une des preuves de la servilité de la presse en général est le peu de soutien concernant Assange, qui pourtant à permis à nos dirigeants et élus de connaître l'espionnage par les USA de notre industrie et pays. Merci à vous »