Volodymyr Zelensky, Angela Merkel, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine à l'occasion du sommet de Paris "en format Normandie", en décembre 2019. © Officiel/Kremlin.ru
Les optimistes dont nous étions ont cru que la diplomatie désamorcerait finalement la crise. Nous nous sommes trompés. Ceux qui avaient prévu ce qui est arrivé ne sont néanmoins pas plus avancés que les premiers vers une solution. Quand une guerre éclate, s’abandonner au déferlement des émotions, des regrets et des colères, est de peu d’utilité. Il s’agit plutôt de mieux comprendre comment on en est arrivé là. Pour entrevoir de lointaines issues après le désastre.
Depuis de nombreuses années, la Russie s’inquiète de voir l’OTAN à sa frontière. Elle est restée attachée par toutes sortes de liens historiques et personnels à l’Ukraine. Deux siècles de ménage commun. Même Soljenitsyne prônait son union avec la mère patrie! Poutine a demandé plusieurs fois que soit négocié un accord de sécurité tenant compte de ce nœud intime du passé. On peut juger ces sensibilités et ces craintes dépassées, injustifiées, mais c’est le ressenti qui détermine les comportements. L’Occident n’est donc pas entré en matière. Dix-sept pays européens sont devenus membres de l’OTAN depuis la chute de l’URSS. L’Ukraine était promise, tôt ou tard, à suivre le même chemin. La montée des tensions devint inexorable. Sans cesse attisées de surcroît par la sécession des «républiques» séparatistes, par un conflit larvé et meurtrier des deux côtés. Et aussi par le malaise d’une partie de la population russophone à qui le gouvernement de Kiev tentait d’imposer l’usage de l’ukrainien dans les écoles.
Ces dernières semaines, on a peut-être cru sincèrement au Kremlin que la pression exercée par les manœuvres militaires à la frontière allait amener des concessions par la voie diplomatique, les innombrables entretiens. Mais ni les Européens ni les Américains n’ont voulu exclure une éventuelle, même lointaine adhésion de l’Ukraine à l’organisation atlantique. On peut gloser sur le bien-fondé ou les risques de cette politique mais le fait est que Poutine mis ainsi par sa faute dans l’impasse a dès lors misé sur la guerre, comme il y avait sans doute songé quelques fois auparavant.
Quelle guerre? Il est trop tôt pour le dire. L’expert en stratégie Alexandre Vautravers, rédacteur en chef de la «Revue militaire suisse» estime que l’invasion ne déboucherait pas sur une occupation classique, rue par rue, mais viserait plutôt à casser les infrastructures militaires et administratives du gouvernement. C’est bien avancé: tous les aéroports militaires sont détruits. Le but, écraser l’armée ukrainienne, dans l’espoir, bien aléatoire, d’un changement de pouvoir. Une perspective chaotique et tragique. D’abord pour la population déjà accablée par les soucis économiques au quotidien, par l’accaparement des richesses entre les mains des oligarques, et maintenant sous les bombes. Et quelle frustration pour la majorité. Selon le sondage cité par des journalistes loyaux à Kiev, l’opinion est acquise à 60%, à un destin au sein de l’UE et de l’OTAN. Les 40% restants se disent indéterminés ou pro-russes. Il ne sera pas facile à Poutine de remplacer le jeune et valeureux président Zelenskiy par un homme de paille. Les propos absurdes sur le «génocide» des russophones et la «dénazification» du régime hérissent au plus haut point les Ukrainiens jusqu’aux moins nationalistes. Après les performances militaires, Poutine risque de voir les tracas de l’enlisement
L’Amérique de Biden a aussi quelque souci à se faire. Elle n’a pas peu contribué à exacerber la crise ces dernières semaines. Et depuis des années fixée sur son obsession anti-russe, alors qu’elle désigne pourtant la Chine comme son principal rival. Est-elle prête à tout? A une nouvelle guerre mondiale? Les Américains savent la faire à distance sans exposer leurs hommes. Mais il n’est pas sûr que la perspective d’une telle aventure renforce leur vieux président en difficulté chez lui. Une part des Républicains l’accuse déjà d’avoir aggravé la situation. Par ailleurs, le Pentagone sait fort bien que le danger, dans un tel cataclysme, serait réel pour les Etats-Unis. La Russie dispose depuis 2019 des missiles (Avantgard) intercontinentaux les plus rapides du monde: 20-30’000 km/h. Le système le plus performant selon les experts.
Avec l’éclatement de la guerre, les Européens qui ont cru jusqu’au bout à une issue diplomatique se trouvent bafoués. Renvoyés à leur impuissance. Prenant soudain la mesure de l’écart d’échelle entre les périls rabâchés ici, écolo-sanitaires, et celui d’un conflit armé. Mais ils se retrouvent, il faut le dire, plus unis que jamais. Cette offensive injustifiable de la Russie, mais pas insensée à son aune, aura des effets sur eux. L’afflux – il a déjà commencé – de réfugiés ukrainiens en Pologne où l’on compte déjà près de deux millions de ressortissants de ce pays, en est un. L’Allemagne promet son aide. Et la Suisse?
Et puis bien sûr, les répercussions économiques, avant tout au plan énergétique. Le litre d’essence va encore augmenter. Mais pour comprendre ce qui nous arrive, il s’agit de voir un peu plus loin que le bout de la pompe. Relire l’histoire, d’avant-hier à aujourd’hui. Analyser le comportement, les forces et les faiblesses de toutes les parties. Evaluer l’effet des sanctions sur les uns et les autres. Prendre en compte les dégâts directs ou non provoqués dans toute l’Europe, Russie comprise. Observer de près ce que fera la Chine de cet événement: un axe resserré entre ces deux géants?
Enfin viendra le moment de proposer des pistes pour l’avenir. Hurler son indignation, c’est un peu court.
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Parce que cette coopération militaire nous rassure dans des temps incertains? Parce que nous serions protégés au cas où les Russes se pointeraient à Romanshorn? Pour l’heure, leur «victoire» en Ukraine se borne à conquérir quelques villages à proximité de la malheureuse Kharkiv accablée de bombes. A quelques dizaines de kilomètres de la frontière avec la Russie et de Belgorod, ville russe maintes fois atteinte par les drones et missiles ukrainiens que la défense antiaérienne ne parvient pas tous à intercepter. Mais voilà… tant de voix s’élèvent en Europe pour prédire que l’armada de Poutine va nous envahir! Alors que le Kremlin compte aussi ses morts, n’arrive plus à cacher ses difficultés à renouveler les effectifs, contraints d’aller chercher drones et munitions en Iran ou en Corée du Nord…</span></p> <p><span>Le constat politique, lui, n’est pas hypothétique mais bien réel. 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Syndicats et autorités politiques ont pourtant tout fait pour sauver l’entreprise historique, aux mains d’une multinationale qui compare avantages et inconvénients de chaque lieu de production. Ici, hauts salaires, franc fort et dans ce cas, retard technologique. Donc, départ. Chapeau aux travailleurs qui cherchaient des solutions, des innovations. Les voilà licenciés. Les messages de solidarité font du bien mais n’assurent pas leur avenir. Qu’ils puissent être aidés à rebondir.</span></p> <p><span>Est-ce à dire que notre pays est menacé de désindustrialisation comme il en est beaucoup question chez nos voisins? Gare aux réponses trop simples. Les faits. Face au secteur des services comptant les banques et les assurances, le tourisme, le commerce de gros et de détail, l'administration publique et les assurances sociales, qui pèse pour 75% du PIB, l’industrie résiste, avec environ 24% (contre moins de 14% en France!). L’agriculture pour 1 %. </span></p> <p><span>La grosse tranche du gâteau industriel, c’est évidemment les médicaments et les montres. Mais on aurait tort d’ignorer tout un tissu de plus petites entreprises qui fabriquent toutes sortes de produits technologiques performants. En dépit de tous les handicaps de la place. Sait-on par exemple que du Valais partent des pièces destinées à Mercedes, Jaguar, ou Ferrari? Se doute-t-on qu’une lame de scie sauteuse sur deux dans le monde est fabriquée à Sankt Niklaus (Saint-Nicolas), quelques kilomètres en aval de Zermatt. Ou qu’Airbus et Dassault se fournissent en tôles aéronautiques d’aluminium dans la région de Sierre?</span></p> <p><span>Ce canton est en pointe. En 2023, il était en tête des investissements industriels. <em>L’Agefi</em> fournit une explication: «C’est dans le Haut Valais que le boom économique est le plus visible. Le groupe pharmaceutique Lonza, dont le siège est à Bâle mais le site de production à Viège, y a investi plus d’un milliard de francs. Un nouveau complexe de production high-tech fournit des solutions adaptées pour le développement et la fabrication de nouveaux médicaments. Ce site et ses possibilités inédites dans la pharma ancrent Viège et le Valais au cœur des chaînes mondiales de création de valeur. Les investissements dans la recherche et la formation ont joué un rôle majeur pour le développement économique du canton. A la génération précédente, c’est la HES, la Haute école spécialisée, qui a formé des ingénieurs précieux pour alimenter une industrie en plein essor. Petit à petit tout un écosystème propice à l’émergence d’idées innovantes s’est installé en Valais. La Fondation The Ark favorise l’établissement et l’éclosion de start-ups dans les domaines de l’informatique, de l’énergie, des sciences de la vie et de l’environnement. 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Son industrie – étroitement liée à celle de la Suisse –, souffre du coût exorbitant de l’énergie depuis la rupture avec la Russie, de l’attraction des Etats-Unis où émigrent tant de ses entreprises, de la concurrence chinoise qui, avec ses voitures électriques, met à rude épreuve le secteur de l’automobile. La France s’embourbe dans les déficits et les tensions sociales. L’Italie et l’Espagne gardent le moral mais sont aussi surchargées de dettes publiques. Les pays dits de l’Est vont mieux et même bien, leurs économies sont devenues très performantes, dopées depuis leur entrée dans l’Union, très généreuse à leur égard, mais l’élan donne des signes de tassement. Enfin tous sont mis au défit technologique des Etats-Unis et de la Chine. </span></p> <p><span>Question: les Etats réunis à Bruxelles, dans la configuration qui sortira des urnes début juin, donneront-ils la priorité aux savoirs, au soutien des entreprises privées et parallèlement aux améliorations sociales? Ou leur politique dite verte conduira-t-elle à la décroissance? La concentration des efforts sur la course aux armements et l’aide à l’Ukraine, telle qu’elle est brandie aujourd’hui, peut aider certains secteurs industriels mais coûtera extrêmement cher. On articule à Bruxelles le chiffre de 100 milliards à cette fin d’ici 2029. Ce sera forcément au détriment d’autres attentes, dans les infrastructures, l’éducation, la recherche, la cohésion sociale. Sans compter que la transition écologique, nous assure-t-on, nécessitera en plus une pluie de milliards. Quelles priorités fixera le nouveau Parlement? Selon les choix, les retombées sur l’économie suisse seront différentes. Le surarmement de l’Europe ne nous rapporte quasiment rien, sa santé économique et sociale nous est bien plus bien profitable.</span></p> <p><span>Deuxième point. Le fonctionnement même de l’Union. Deux tendances s’affrontent. Les convaincus du projet savent qu’ils ne peuvent pas en faire un Etat fédéral, mais ils souhaitent renforcer les compétences du Conseil européen (réunion des chefs d’Etat), notamment en supprimant le droit de veto des nations, de la Commission, avec des tâches nouvelles, et celles, souhaitables, du Parlement. Ce surcroît d’autorité se justifierait à bien des égards pour unir les forces, renforcer l’élan collectif. Mais bien peu de dirigeants nationaux le préconisent. Parce qu’il va à l’encontre d’une tendance lourde, le regain du nationalisme. Plus de pouvoirs aux Etats, limiter ceux de l’Union. En finir avec les figures mégalomanes du style Van der Leyen à la tête. En réalité, déglinguer la machine de l’intérieur. On entend ces accents sur un large spectre. A droite, à droite de la droite et à gauche aussi, qui rêve de l’Europe sociale, parfois même de la fin du capitalisme. 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En décembre dernier, le Conseil européen et la Commission affichaient leur volonté d’aller vers l’admission à terme, sous conditions, de plusieurs pays ayant déjà le statut de candidats. Cinq dans les Balkans, trois à l’est du continent. Plus la Turquie en attente, plus ou moins convaincue, depuis vingt ans. Bel élan idéaliste ou délire géopolitique? Un bateau à 36 membres? Rien ne serait plus comme aujourd’hui. Bonne chance pour convaincre les citoyens et contribuables! Quant aux Suisses, liés par tant d’accords, notamment sur la liberté de circulation des personnes, si le projet aboutit, ils en auront des sueurs froides. Et pas un mot à dire puisque nous l’avons voulu ainsi.</span></p> <p><span>Profusion d’obstacles sur la route cependant. Le processus devrait commencer par l’est, avec l’Ukraine et la Moldavie. Bien que leurs frontières soient pour le moins mal définies et leurs sociétés pourries par la corruption, très loin encore des exigences posées. 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Et certains osent le dire. Vous le constatez en lisant le "Lu ailleurs" de cette édition. Des journalistes prennent le risque d'exprimer leurs critiques sur des sites qui restent accessibles. Avec leur nom et leur photo. Quel courage ! Une manifestation anti-guerre a eu lieu le soir même de l'attaque à Moscou. Elle a été réprimée, mille arrestations. Mais à St.-Petersbourg, elle était si massive que la police n'est pas intervenue. Le conflit déclenché par Poutine risque d'avoir des effets très dérangeants pour lui. L'issue de cette tragédie ne sera pas déterminée par les clameurs occidentales, ni par les sanctions, aussi nécessaires soient-elles. 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A quelle période de l'histoire faut-il se référer? Et ce point de référence n'est-il pas toujours lié à une idéologie? Dans le cas présent je pense qu'il est temps de prendre en compte notre ignorance avant de juger les uns et les autres. Je rappelle qu'un projet européen avait été caressé par le Général de Gaulle en 1950 déjà, mais que selon les historiens de l'époque, de Gaulle espérait simplement que Moscou épouse les valeurs occidentales. On peut faire l'hypothèse que les dirigeant de l'URSS espéraient que l'Occident se rallie au stalinisme, donc blocage et incompréhension. Pour se rapprocher de notre époque, je voudrais rappeler les témoignages de Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature, sur la fin de l'union soviétique et ses conséquences en Biélorussie: l'enfer du non droit, l'émergence du capitalisme le plus sauvage sous la forme de mafias. Ainsi pas de quoi faire rêver ni de l'occident ni de Moscou! 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En l'occurrence, à penser que même s'ils ne sont pas les agresseurs aujourd'hui, l'OTAN, les Etats-Unis et l'Occident en général ont leur part de responsabilité dans ce qui arrive. La Russie d'après l'URSS aurait mérité qu'on la respecte un peu plus. ', 'post_id' => (int) 3446, 'user_id' => (int) 2329, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 13 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 4850, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Je ne pense pas qu’appliquer des termes empruntés à la morale individuelle à des Etats soit pertinent. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
14 Commentaires
@stefans 25.02.2022 | 00h38
«Il est heureux que cette guerre vous fasse au moins admettre votre erreur. Mais malgré un réel effort de compréhension, vous ne pouvez pas résister à la tentation, encore et toujours, d'accuser l'occident, pourtant vaille que vaille démocratique, d'erreurs fatales, tout en faisant montre de compréhension pour l'ours blessé et son fantasme impérial. C'est insupportable. Poutine n'a besoin de personne pour se comporter en autocrate violent et cleptomane. La preuve, encore une fois, de la pire des façons depuis son accession au pouvoir. Et si l'Occident ne refuse pas sur le papier, un jour, une éventuelle adhésion à l'OTAN (c'est certainement pour laisser cette demande dans les limbes comme l'UE laisse l'adhésion de la Turquie sans réponse), c'est simplement parce qu'elle ne peut pas refuser à un Etat indépendant de se déterminer, ce serait un déni de démocratie, pour le seul souhait maladif d'un nostalgique de l'URSS. Ce n'est pas faire preuve d'incompréhension historique (parlons-en, la Rous existait déjà au 9ème siècle, quand la Russie n'était rien), c'est faire preuve de respect pour l'autodétermination des peuples et des nations. Dont ceux qui ont rejoint, heureusement, l'OTAN après la chute du mur, et qui ont subi le grand-frère ad nauseam. Cette façon de ramener en sous-main et constamment tout une série de supposées erreurs occidentales alors que la Russie est aux mains d'un gang mafieux qui a verrouillé son pouvoir et détruit toute opposition (Memorial fermée, pour ne citer qu'elle) est insupportable. Pendant que vous louvoyez, la guerre est en cours. C'est sinistre.»
@Boas Erez 25.02.2022 | 09h01
«Il est rare d'avoir des informations sur la Russie, qui ne soient pas présentées dans un contexte de justification des agissements des pouvoirs occidentaux. Pour cette raison, des articles comme ceux de Jacques Pilet et Guy Mettan dans BPLT me sont très utiles.»
@Maze 25.02.2022 | 09h55
«Je remercie les journalistes qui essayent d'analyser ce genre de problématique dans leur complexité. De donner plusieurs clés de lecture et mettre en lumière différentes perceptions de la réalité. Et monsieur Pilet en fait partie. Je suis las de ces personnes qui perçoivent tout sous l'angle du bien contre le mal ou des gentils contre les méchants. Des gentils et des méchants il y en a partout, autant chez les occidentaux que chez les russes. »
@Francois 25.02.2022 | 11h56
«La tragédie ukrainienne: les Etats-Unis ont excité l'Ukraine pendant plus de vingt ans contre la Russie (Clinton déjà), en lui faisant miroiter une inclusion dans l'OTAN, et lorsque les Russes l'agressent, tout ce que les Occidentaux trouvent à faire ce sont des sanctions économiques. En effet, que peuvent-ils faire d'autre? Prochaine étape: Taiwan. Que feront les Américains? Des sanctions économiques contre la Chine? »
@vladm 25.02.2022 | 12h05
«Putler, comme l'appellent de nombreux ukrainiens, a savamment maintenu le doute et fait mine de discuter avec les différents interlocuteurs Macron en tête, pour mieux les tromper ensuite.
L'invasion de l'Ukraine ressemble à s'y méprendre à celle de la Pologne en 1939, où l'information ne précédait que de quelques heures les mouvements de troupe. Evidemment que les moyens de communication modernes ont permis aux politiques et aux troupes de l'apprendre un peu avant de voir des déluges de feu et des troupes leur tomber dessus.
La Russie dictatoriale et son président mégalomane (même si officiellement librement élu) cherchent à retrouver la grandeur d'une Russie qui a commencé il y a plus de 10 siècles dans cette région et pour ce faire utilise tous les moyens à sa disposition, une armée très puissante, les armes non conventionnelles du hacking informatique, de la désinformation et le lavage de cerveau de ses concitoyens pour assoir son autorité et conserver les avantages à la clique de milliardaires avec lui (il disposerait de 40 milliards de fortune personnelle).
De toute façon, malgré le peu de cas que fait M. Pilet des problèmes "écolo", nous sommes bel et bien pieds et poings liés à notre totale dépendance à l'énergie provenant de Russie. En réduisant la disponibilité mondiale de gaz et pétrole, nos pays courent à une récession terrible. La limitation de l'offre et les augmentations de prix provoqueraient des mouvements de protestation des populations qui ne pourront plus obtenir ou payer leur chauffage ou le plein de leur bagnole...
Sans parler du blé, dont l'Ukraine en particulier est un fournisseur clé, ni des autres minerais dont le sous-sol de la grande Sibérie regorge et si nécessaire pour que nous puissions consommer toujours plus.
La diplomatie a tenté de faire entendre raison et maintenant que reste-t-il ?»
@jacques 25.02.2022 | 17h06
«Permettez-moi de préciser un point évoqué dans ces commentaires. A propos du "lavage de cerveau" en Russie. Il a bel et bien lieu. La propagande de l'Etat est partout, massive dans les médias publics. Et depuis si longtemps... Mais nombre de Russes sont révulsés par cette guerre odieuse. Et certains osent le dire. Vous le constatez en lisant le "Lu ailleurs" de cette édition. Des journalistes prennent le risque d'exprimer leurs critiques sur des sites qui restent accessibles. Avec leur nom et leur photo. Quel courage ! Une manifestation anti-guerre a eu lieu le soir même de l'attaque à Moscou. Elle a été réprimée, mille arrestations. Mais à St.-Petersbourg, elle était si massive que la police n'est pas intervenue. Le conflit déclenché par Poutine risque d'avoir des effets très dérangeants pour lui. L'issue de cette tragédie ne sera pas déterminée par les clameurs occidentales, ni par les sanctions, aussi nécessaires soient-elles. Mais, souhaitons-le, par les peuples ukrainien et russe.»
@hermes 25.02.2022 | 18h37
«Personne ne sait ce que Poutine pense. Ni vous ni moi. Et ce d'autant qu'il est un menteur né. Affirmer qu'il est entré en Ukraine parce qu'il a peur que ce pays devienne membre de l'OTAN me semble un peu court. Je suis plutôt d'avis que ce qui dérange Poutine c'est d'avoir une Ukraine prenant le virage de la démocratie, ce qui pourrait, vu les contacts étroits entre ukrainiens et russes, donner des "mauvaises" idées au peuple russe. Car un potentat comme Poutine , avide de pouvoir et d'argent, a horreur de la démocratie, ce système affreux qui oblige les dirigeants à rendre des comptes à leur peuple et qui fait tomber des têtes. Poutine gagnera certainement la phase militaire mais il a d'ores et déjà perdu les batailles suivantes qui accéléreront le déclin de son pays.»
@GFTH68 25.02.2022 | 20h27
«Sans être spécialiste de la question, après avoir vu les actualités du jour, il me semble que le gouvernement ukrainien devrait capituler. Afin d'éviter les morts de civils. Les problèmes politiques pourront être réglés plus tard. Mais militairement, il faut que la situation se calme et cela au plus vite. Quant aux sanctions, à mon avis, elles ne servent à rien. Au contraire, elles font croire à la supériorité des européens de l'Ouest qui se permettent des jugements moraux.»
@Michel Rossinelli 26.02.2022 | 22h45
«Je partage pleinement l'opinion de "stefans" La compréhension manifestée ici à l'égard d'un dictateur sans scrupule est odieuse. Comme si l'histoire ne nous avait pas appris, après les compromis indignes de Chamberlain et Daladier avec Hitler - celui-ci qui proclamait que tous les peuples parlant allemand devait appartenir au Reich ! qu'un régime autoritaire, ne comprend qu'un seul langage : celui de la force.»
@stef 27.02.2022 | 17h52
«@stefans: cela vous est insupportable de lire que vous avez tort ?
Car, en effet, il faut aller chercher d'abord dans le passé récent, lorsque l'URSS d'alors s'est disloquée, et où l'OTAN s'est permise de s'implanter dans les pays de la Russie. Car oui, la Russie était toujours debout, au grand dam des USA.
L'immense erreur commise à ce moment-là a été de ne pas démanteler immédiatement l'OTAN puisque son rival de toujours - le Pacte de Varsovie - n'existait plus !
Cela aurait permis à l'UE de se rapprocher de la Russie, avec par exemple, un traité de libre-échange ou un traité économique quelconque.
Bien sûr, les USA n'auraient pas été d'accord, mais l'UE est souveraine de ses décisions, non ? (quoique, j'ai un doute sur le fait quelle soit la carpette des USA).
Bref, nous n'en serions pas là si les USA, et la clique des occidentaux qui les suivent, se seraient fait un ami de la Russie plutôt qu'un ennemi !»
@Eggi 28.02.2022 | 10h55
«Tout un article pour arriver à la conclusion qu'il faut analyser, évaluer, observer...
L'intérêt se trouve donc dans les commentaires, où l'on distingue ici et là la thèse de Védrine et de Luc Ferry, notamment, selon laquelle c'est l'attitude historique des "occidentaux" qui a poussé Poutine dans les bras de la Chine. Indépendamment de l'analyse des faits -que j'ai tenté de faire, mais il y faudra une thèse- comment peut-on imaginer une coopération, ne serait-ce qu'économique, entre une dictature et des Etats démocratiques? Une des motivations guerrières de Poutine n'est-elle pas la présence insupportable d'une démocratie, même avec ses imperfections, aux portes de l'empire des tsars?»
@Latombe 28.02.2022 | 12h40
«D'un point de vue individuel il est tentant d'être horrifié par la guerre quelles qu'en soient les origines, mais d'un point de vue politique il est toujours dangereux d'invoquer l'histoire pour justifier son point de vue. A quelle période de l'histoire faut-il se référer? Et ce point de référence n'est-il pas toujours lié à une idéologie?
Dans le cas présent je pense qu'il est temps de prendre en compte notre ignorance avant de juger les uns et les autres.
Je rappelle qu'un projet européen avait été caressé par le Général de Gaulle en 1950 déjà, mais que selon les historiens de l'époque, de Gaulle espérait simplement que Moscou épouse les valeurs occidentales. On peut faire l'hypothèse que les dirigeant de l'URSS espéraient que l'Occident se rallie au stalinisme, donc blocage et incompréhension. Pour se rapprocher de notre époque, je voudrais rappeler les témoignages de Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature, sur la fin de l'union soviétique et ses conséquences en Biélorussie: l'enfer du non droit, l'émergence du capitalisme le plus sauvage sous la forme de mafias.
Ainsi pas de quoi faire rêver ni de l'occident ni de Moscou!
Au fond on en est là, tant qu'on n'a pas trouvé de quoi dépasser le capitalisme qu'il soit de marché ou d'Etat, ce pourrait être un idéal européen, on va rester enferré dans un monde polarisé et dominé par les tendances impérialistes des Etats-Unis, de la Chine et de la Russie, en attendant l'Inde selon Modri...
S'accuser mutuellement en cherchant des erreurs ne va rien résoudre long terme, essayons de dialoguer en cherchant des solutions, merci.
»
@Elizabeth 28.02.2022 | 13h43
«Merci, Monsieur Pilet, pour cet article et pour votre art toujours consommé de la nuance. Je n'excuse pas une seule seconde la sidérante et meurtrière folie de Vladimir Poutine, mais j'espère que cela ne m'empêchera jamais de continuer à voir le monde autrement qu'en noir et blanc. En l'occurrence, à penser que même s'ils ne sont pas les agresseurs aujourd'hui, l'OTAN, les Etats-Unis et l'Occident en général ont leur part de responsabilité dans ce qui arrive. La Russie d'après l'URSS aurait mérité qu'on la respecte un peu plus. »
@Latombe 28.02.2022 | 18h00
«Je ne pense pas qu’appliquer des termes empruntés à la morale individuelle à des Etats soit pertinent.
Ainsi dire que la Russie méritait mieux c’est appliquer un concept qui s’applique à une personne, un élève qui réussit bien à l’école, ou à une équipe, l’équipe nationale de football a été méritante en battant l’équipe de France, mais pas à un Etat tout entier.Quel mérite attribuer à la Russie et sur quelle base se fonder ?
On peut par contre attribuer des mérites à un dirigeant : ainsi Monsieur Poutine a obtenu des grades en judo, est devenu chef d’Etat grâce à ses mérites d’agent du contre-espionnage et a même obtenu une distinction du CIO…
Que pouvait donc bien mériter par contre la Russie ? Un label de qualité pour la pureté de son gaz ou de son pétrole?, de son engagement en faveur des droits de l’Homme ?, de sa politique d’idéal démocratique en Tchétchénie ? de son soutien à des dictateurs comme Bachar El-Assad ou au général Al Sissi ? de son intérêt à construire la paix en Europe ?, que sais-je encore ?
Pour parler de rapport entre Etats, il faut passer par un débat d’idées politiques, car c’est bien de cela qu’il s’agit : quels choix un Etat fait-il entre ses intérêts économiques nationaux et le bien des autres peuples et maintenant en plus de la résilience de la planète ?
Où placer le curseur entre démocratie et autoritarisme ? Quels rapports établir avec les autres Etats ? Rapport de force, ou repli sur soi et isolement ou interdépendance volontaire dans un horizon de justice
Dans cette optique le gouvernement russe n’a montré aucun intérêt à des rapports internationaux apaisés ni à construire des lois qui tendent à plus de justice sociale.
C’est pourquoi ne vois pas en quoi il pourrait se justifier de ne pas le faire en invoquant la gouvernance des pays tiers.»