Actuel / La guerre et le désarroi occidental
Manifestation pro-palestinienne à Beyrouth devant le bâtiment des Nations Unies. © DR
Nous sommes dans la tempête des émotions. L’horreur de l’attaque du Hamas. Les bombardements massifs et incessants sur une bande de terre minuscule, provoquant des milliers de morts dans une population quasiment privée de tout. Un défilé diplomatique qui ne laisse entrevoir aucun espoir de paix. Le risque, pour nous, ici, est de voir s’installer une routine de l’abomination, son acceptation. Comme cela se produit pour l’Ukraine. Il est aussi, dans le regard immédiat, de perdre de vue les changements géopolitiques que provoque cette tragédie. Car rien ne sera plus comme avant.
Les gouvernements européens et américains ont été surpris par le nombre et l’ampleur des manifestations dites pro-palestiniennes. Elles étaient portées par des sensibilités diverses, la plupart humanistes, pacifistes, certaines plus identitaires, plus haineuses. Le fait est qu’elles ne se référaient pas seulement à la guerre en cours. Soudain ressurgissait la question, longtemps oubliée, de la colonisation de la Palestine. Avec la création de l’Etat d’Israël en 1948, son élargissement en 1967 et depuis lors, jusqu’à aujourd’hui, le grignotage forcé de la Cisjordanie où la tension est aussi extrême. De nouvelles générations ignorantes de l’histoire découvrent ces réalités et crient d’autant plus fort dans les rues.
Dans les chancelleries il devient difficile d’échafauder des propositions ayant quelque chance d’être entendues et utiles à l’apaisement. Cela sur un fond d’influences internationales contradictoires. L’exemple du flop d’Emmanuel Macron est parlant. Son idée d’une coalition qui combattrait à la fois le Hamas et Daesh n’a convaincu personne. Parce que le premier est une force politique locale, identifiable, qui pratique le terrorisme en faisant la guerre mais ne l’exporte pas dans d’autres pays. Alors que le second est une pieuvre sans visage qui sévit à travers le monde à des fins strictement idéologiques et non nationales. Plus retentissant et plus révélateur encore: le voyage raté de Biden qui, après sa démonstration de solidarité indéfectible avec Israël, voulait rencontrer les chefs d’Etats arabes qu’il croyait ses alliés. Tous l’ont ostensiblement boudé et pris à partie. Cela jusqu’au chouchou des Américains dans la région, le roi de Jordanie.
Autre revers: le président américain insista fortement pour que l’aide humanitaire au territoire assiégé puisse largement arriver. Or plusieurs jours après, ce n’est toujours pas le cas. A ce sujet on peut dire que Netanyahou s’est moqué de Biden. Quelques camions ont pu passer, sans commune mesure avec les besoins que ne cessent de rappeler les dernières organisations restées dans cet enfer. Tel le CICR qui a facilité la libération de quatre otages à ce jour.
La mission américaine apporta aussi un sage message. Une mise en garde. En substance: si vous envahissez Gaza avec toutes vos forces, vos troupes perdront beaucoup d’hommes, la population civile souffrira plus encore et l’émoi mondial sera immense. Et ensuite que ferez-vous? Pensez-vous vraiment que vous aurez totalement éliminé le Hamas qui a ses têtes au Qatar, ou les mouvements de résistance qui pourraient lui succéder? Pensez à nos propres expériences malheureuses, en Irak par exemple…. Ce discours de raison, lui, sera-t-il entendu? C’est possible, d’autant plus que l’armée israélienne est divisée sur la suite à donner. Mais une nouvelle boucherie peut se produire, sur l’ordre d’un Netanyahou accablé de reproches chez lui qui peut espérer prolonger ainsi son pouvoir. Cri d’alarme d’un ami libanais: «Dieu sait ce qui arrivera si cela se passe. Le monde est-il à ce point fou pour faire exploser une région dont on ne peut nullement prévoir les conséquences, ni régionalement ni internationalement? Tout est possible dans ce monde dirigé par des malades mentaux.»
L’Union européenne? Pire encore. Un cafouillage lamentable. L’inévitable Ursula van der Leyen s’est précipitée à Jérusalem, sans mandat, sans réflexion avec les pays qu’elle représente. Avec un discours d’appui absolu au gouvernement Netanyahou, sans la moindre nuance, sans un signe d’empathie pour les morts civils de Gaza. Bien des Israéliens furent abasourdis d’un tel simplisme. Le Commissaire aux Affaires étrangères Josep Borell prit le contre-pied, attaqua la dame. Quant aux Etats membres, tous dirent leur solidarité avec Israël mais avec des nuances quant à la destruction de Gaza. Plusieurs Premiers ministres ont fait le voyage, tenu des discours attendus. Résultat zéro. Bref, plus personne n’écoute cette Union en l’occurrence irréfléchie et désunie.
Les Nations Unies? Elle sont plus que jamais hors jeu. Les dizaines de condamnations d’Israël à travers l’histoire, pour violation des frontières et des droits humains, n’ont jamais eu le moindre effet, jamais entrainé la moindre sanction. Et voilà que le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, essuie une pluie de critiques occidentales pour avoir déclaré que «l'attaque terroriste du Hamas ne venait pas de nulle part», mais «de 56 années de politique d'occupation». Israël réclame sa démission pour ce propos!
Dès lors les appels au cessez-le-feu, à l’aide massive aux malheureux Gazaouis, qui se font entendre, sur un ton calme, aussi bien en Russie qu’en Chine, paraissent raisonnables, plus audibles. Un revers pour ceux qui se disent les champions de la démocratie et de la paix. D’autant plus amer si l’on songe à leurs efforts de ces dernières années pour aider les pays arabes à se rapprocher d’Israël, pour créer ainsi une vaste zone pro-occidentale, cette entreprise commencée avec succès paraît compromise pour longtemps.
Les secousses de la géopolitique ont leur importance. Mais terminons plutôt cet article avec une information reçue ce jour. A Gaza les enfants sont invités à écrire leur nom sur leurs bras. En cas de blessures ou de mort, ils seront ainsi remis à leurs familles. Par solidarité, des milliers d’écoliers font de même dans diverses villes arabes. Selon le Middle East Eye britannique, ce 26 octobre, on arrive au chiffre de 8'000 victimes à Gaza. Dont un tiers d’enfants.
Les images de la tragédie inondent chaque jour les médias arabes. Elle se font plus rares dans nos parages. Gare au fossé des opinions. Il se rappelle déjà à nous à travers nos villes européennes si mélangées.
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Il va jusqu’à promettre une ambassade à Jérusalem… où l’on n’est guère convaincu par ce nouvel allié proclamé. Ses seuls ennemis, dit-il, ce sont l’Iran et le Hezbollah. Et n’a pas un mot quant aux bombes israéliennes qui pleuvent sur son territoire ni sur la présence de Tsahal aux portes de Damas. Silence aussi devant les exactions et les assassinats commis par ses partisans, rapportés sur le net, image à l’appui. En outre, il est prévu de mijoter une nouvelle constitution. La «République arabe syrienne» devrait s’appeler «Etat islamique de Syrie».</p> <p>On peut comprendre la satisfaction des Américains et des Européens voyant que la Russie et l’Iran sont bannis des lieux. Mais comment peuvent-ils peindre ainsi en rose la nouvelle situation? Sans penser aux désastreux précédents de l’Irak, de la Libye?</p> <p>En fait, ce n’est pas totalement surprenant. 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Et aussi des manies, il est vrai, une fixation sur l’affreux Davos, le redoutable Soros. Un penchant religieux aussi et même mystique. Grand défenseur de la famille traditionnelle, mais pas opposé à l’avortement et aux couples homosexuels. Attentif, et c’est rare, aux minorités, tels les Hongrois sur sol roumain ou les Roms. Ses refrains préférés tournent autour de la défense du peuple roumain, du rassemblement de tous, du redressement d’un pays resté pauvre malgré de réels progrès économiques aux bénéfices trop inégalement répartis. On apprécie ou pas le bonhomme, mais pas de quoi le maudire… ou l’enfermer, ou l’exiler comme en rêvent les plus exaltés de ses adversaires. Certains sont allés jusqu’à couper l’eau et l’électricité de son domicile. A quoi Georgescu réagit avec le sourire et rassure, il restera sur internet et le débat, le combat continueront. 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Si une telle décision est confirmée, on imagine la turbulence chez les sympathisant de Georgescu…</span></p> <p><span>Si au contraire celui-ci est élu, qu’arrivera-t-il? On peut le prédire en regardant ses vidéos (sous-titrées en français). Au sein de l’UE, il se joindra à Orbán (Hongrie) et Fico (Slovaquie) pour contrebalancer l’engagement de Mme von der Leyen et les autres pour l’appui à l’Ukraine. Versant OTAN, il donnera aussi de la voix. Car nombre de Roumains, même à l’opposé de ses opinions politiques, s’inquiètent de voir l’alliance atlantique renforcer sa base de Constanța, sur la mer Noire, plus grande encore que celle de Ramstein en Allemagne. Ils n’apprécient guère non plus la présence de 1'000 soldats français (il en est promis 5'000) sur leur territoire. Ces soutiens militaires sont vus davantage comme un danger qu’une garantie de tranquillité. </span></p> <p><span>Côté budget, ce serait le grand chambardement. Georgescu tempête contre les 6,5 milliards tout récemment votés pour l’achat de 35 avions F-35 alors que la part de l’éducation dans le budget (3,3%) est inférieure à la moyenne européenne et même à certains pays d’Afrique. Il promet de développer enfin la santé publique, très défaillante. Sans argent pour le privé, il est difficile de se soigner, les Roumains le savent trop bien. Il se tournera aussi, vu sa formation, vers la petite paysannerie qui souffre comme ailleurs. Plus que les grandes entreprises agricoles, largement aux mains de sociétés étrangères. </span></p> <p><span>Georgescu, qui a beaucoup fréquenté l’ONU et d’autres institutions internationales, qui connaît les rouages de son Etat, ne cassera pas la baraque. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
6 Commentaires
@willoft 27.10.2023 | 00h15
«On avait déjà vu le deux poids deux mesures avec Russie Ukraine
Le droit d'un Israël à se défendre est une farce qui martyrisé et colonisé les palestiniens depuis 1930
Voyez la litanie sur les médias internationaux »
@willoft 27.10.2023 | 22h21
«P.S. ils ont tellement manipulé l'opinion publique que l'Occident n'ose plus s'exprimer !
La preuve ici »
@Da_S 28.10.2023 | 13h14
«"...d’autant plus amer si l’on songe à leurs efforts de ces dernières années pour aider les pays arabes à se rapprocher d’Israël, pour créer ainsi une vaste zone pro-occidentale..."
Voilà ce qui dit tout: Les Palestiniens, on s'en fout épedument, le but est de maintenir la domination sur la région. Le tout emballé dans des belles paroles sur la démocratie et tutti quanti»
@simone 28.10.2023 | 16h08
«Quelle chance, cher Monsieur, que vous ayez l'autorité nécessaire pour pouvoir vous exprimer clairement et franchement sur ce sujet! »
@Elissa 29.10.2023 | 09h52
«La guerre est une tragédie pour tous les civils, cessez-le-feu immédiat!!!
Il faut lutter pour un seul état laïc, notre confédération suisse en est un exemple. Arrêtons de présenter ce conflit comme religieux et inextricable. Il y a des solutions, parlons-en, soupesons-les!!! La bande de Gaza est natamment riche en gaz de schiste, malheur à elle, c'est cet attrait qui explique probablement le soudain sursaut colonisateur israélien (disons l'accélération du processus colonisateur qui ne s'est pas interrompu) et non la nécessité de se défendre contre un Hamas qu'Israël a aidé à armer afin de se préparer des casus belli pour les années à venir...
J'aurais tant voulu lire cela dans toutes ces lignes trop sages et lisses, cela ou autre chose. Où est l'analyse du conflit? A qui profite cette guerre? Pourquoi est-il interdit d'être pacifiste sous peine d'être assimilé aux antisémites? Les civils israéliens sont à défendre au même titre que les civils palestiniens et tous n'ont qu'une urgence commune: le cessez-le-feu immédiat !»
@willoft 29.10.2023 | 19h53
«Bon, il est de bon ton de parler de droit international.
Mais qui va changer la la justice
Les 30 % d'avocats du parlement de suisse ?»