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La loi que vient d’adopter le Parlement polonais, aussitôt signée et mise en œuvre par le président Duda, est originale. Elle constitue une «commission» chargée de chercher et réprimer les éventuel porteurs d’une «influence russe» de 2017 à 2022. Une chasse rétrospective donc. Même Erdogan n’a jamais songé à poursuivre d’éventuels opposants avec un tel recul historique!



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L’évènement, c’en est un, a fait peu de bruit à l’ouest de l’Europe. Par souci sans doute de ne pas trop critiquer un allié si actif dans la croisade occidentale face à l’agression de la Russie en Ukraine. Il a été surtout mentionné que la manœuvre visait à éliminer de la course électorale de cet automne l’une des principales figures de l’opposition, Donald Tusk, l’ex-Premier ministre (de 2007 à 2014), ex-président du Conseil européen (de 2014 à 2019). Ce dernier est sans cesse attaqué par le parti au pouvoir (PiS) qui l’accuse notamment d’avoir négocié des accords de livraisons pétrolières jugées trop favorables à Moscou.

Reproche piquant si l’on songe que le gouvernement actuel a fait de même toutes ces dernières années… et jusqu’à aujourd’hui divers produits pétroliers russes parviennent à la Pologne via l’Ukraine. L’offensive politicienne est évidente et le parti de la droite européenne, le PPE, dont Tusk faisait partie s’en est bruyamment ému à Bruxelles. Mais la loi «rétrospective» va bien au-delà. Elle permet à la «commission» d’examiner non seulement les actes mais tous les propos tenus depuis quinze ans par les personnalités publiques, les enseignants et les journalistes. Toute personne qui a eu un discours public favorable ou simplement conciliant ou compréhensif à l’égard de la Russie peut être convoquée et sommée de s’expliquer. Ne pas s’y rendre est puni d’une amende d’environ 5'000 euros, renouvelable.

Si la «faute» est établie, le gouvernement peut décréter une période de non-éligibilité, de privation de poste, pour une durée pouvant aller jusqu’à dix ans. Particularité: aucune voie de recours n’est prévue. Le texte doit encore être examiné par le Tribunal constitutionnel, mais son verdict ne fait aucun doute: il est totalement sous la coupe du pouvoir. Cet organe imaginatif et pseudo-judiciare sera composé d’une quinzaine de parlementaires. L’opposition, révulsée par cet outil anti-démocratique, refuse d’y siéger. Le parti dominant agira donc à sa guise. Plaçant celui-ci ou celui-là dans le viseur selon les circonstances et ses intérêts.

Les formations rivales de PiS se déchaînent. Au centre-droit (PO), Marcin Kierwinski qualifie la loi de «stalinienne», le leader du parti paysan PSL de «tribunal fantoche». «La place de cette loi bolchévique, contraire à la Constitution, à la loi internationale et à la raison pure est à la poubelle», a déclaré Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, leader des centristes.

Cette disposition pseudo-judiciaire fait tousser jusqu’à Washington où le Département d’Etat se dit «préoccupé par l'adoption d'une nouvelle loi qui pourrait être utilisée de manière abusive pour entraver des élections libres et équitables en Pologne». Le moins que l’on puisse dire. A Bruxelles, le ton est à la stupeur et à la colère. Le commissaire européen à la Justice va jusqu’à parler d’éventuelles sanctions. L’épisode survient alors que les différends s’accumulent déjà entre la Pologne et l’UE. Au quotidien tout est sujet à chamailleries, ce que les sanctions anti-russes permettent ou pas d’importer, sur le transit des céréales ukrainiennes, sur l’aide à l’Afrique (accord de Cotonou)… L’Union bloque depuis des mois le versement dû pour le plan de relance (35 milliards d’euros) en raison de «l’érosion juridique». Mais cela ne fait ni chaud ni frais aux dirigeants de Varsovie. Les centaines de milliards versés ces deux dernières décennies au titre des fonds structurels, l’argent donc des contribuables de l’ouest européen, ont déjà permis une modernisation spectaculaire des infrastructures et de l’agriculture. Le gros est fait. Le parti au pouvoir peut narguer ses partenaires. Et dépenser par ailleurs des sommes faramineuses pour augmenter les allocations familiales dans le double espoir de relancer la natalité – ce qui ne se produit pas – et surtout de consolider son électorat. Comment est-ce possible? Par la dette tout simplement. Celle-ci augmente ces dernières années mais reste très inférieure à la moyenne européenne: 651 euros par tête en 2022, pour 1'191 euros, taux moyen chez les 27. Ce pays de 38 millions d’habitants connaît par ailleurs une croissance solide (4,9% en 2022). Souci cependant: une forte inflation (officiellement 14,4%, bien plus dans l’alimentaire) et une balance commerciale très déficitaire.

Ce rapide survol juridique, politique et économique pose une question jusqu’ici refoulée. Si le parti PiS reste au pouvoir cet automne, où conduira-t-il la Pologne? Et l’Europe? Les relations avec l’UE sont mauvaises, l’humeur face à l’Allemagne désagréable, critique aussi face à la France, les fâcheries se multiplient avec la Hongrie et la Slovaquie. Pour ne rien dire du voisinage belliqueux avec la Biélorussie et la Russie, dont l’enclave Kaliningrad est rebaptisée, non en Königsberg, mais en Krolewiec, son nom du passé polonais. Certes l’idylle officielle avec l’Ukraine est portée haut – non sans petits accrocs –, certes l’alliance avec les Etats-Unis est un dogme solide, mais l’égocentrisme nationaliste peut, à la longue, faire tanguer le bateau. Larguera-t-il un jour les amarres de l’UE? Bien qu’une grande partie des Polonais soient profondément attachée aux acquis et aux principes de l’Union, les fissures s’accumulent au point de menacer l’édifice. Que ce soit par la provocation ou le divorce.

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

4 Commentaires

@Marta Z. 02.06.2023 | 15h04

«Cher Jacques,
Le PiS détruit très scrupuleusement tout ce qui a pu être fait de bien depuis la fin du communisme et la majorité du peuple, très peu éduquée en civisme, économie et politique, se laisse naïvement acheter en pensant qu'enfin le gouvernement "donne". La plupart ignore que ce sont les impôts qui financent les allocations. Tant que les bénéficiaires ne seront pas éduqués, le PiS fera ce qu'il veut... Et comme l'opposition n'arrive pas à se regrouper, on n'est pas sorti de l'auberge! »


@Spark 02.06.2023 | 15h54

«Du moment où des Etats comme les USA et plusieurs pays européens examinent la possibilité de confisquer des avoirs de personnes physiques et morales, parce que l'on PENSE qu'ils sont proches du président Poutine, et de les donner à l'Ukraine sans aucune forme de procès, l'état de droit disparaît et tout devient possible. L'Etat de droit est un dispositif intégral, infractionnel et cohérent il ne pas peut être respecté partiellement et piétiné de temps en temps. Aucun peuple des pays européens n'a pu s'exprimer dans les urnes pour savoir s'il serait d'accord que son pays s'expose à la guerre avec la Russie. Les USA et la Russie nous imposent une guerre sur le continent et les 500 millions d'européens n'avaient aucun mot à dire. Pire, ils ont choisi de soutenir le totalitarisme masqué des USA contre le totalitarisme franc de la Russie, comme si une 3ème attitude ne pouvait pas exister. Emmanuel Todd a raison; la 3ème guerre mondiale a commencé.»


@Susi 03.06.2023 | 01h05

«La démocratie est morte, et l'Etat de droit également..... et ce genre de pays ose donner des leçons ! »


@simone 03.06.2023 | 16h19

«Heureusement qu'il y a BPLT pour nous informer! Merci!
Suzette Sandoz
»