Actuel / L’UBS reste une bombe enfouie
Le siège de l'UBS, Paradeplatz 6 à Zürich. © Ank Kumar - CC BY-SA 4.0
Tout est réglé. Passez votre chemin. L’UBS a avalé le Crédit suisse, où est le problème? Cela n’a pas coûté grand chose aux contribuables et ils peuvent dormir tranquilles. Plus besoin des garanties de l’Etat. Tel est le discours. La réalité est autrement plus préoccupante.
La valse des milliards promis en cas de problèmes lors du fameux dimanche de mars a inquiété et irrité. D’autant plus qu’une seule solution au casse-tête du Crédit Suisse n’a été prise en compte: la reprise au rabais par l’UBS qui le convoitait depuis longtemps. La Conseillère fédérale Karin Keller-Sutter qui menait le bal a été critiquée. Pas bon pour le PLR avant les élections. Alors tombe la décision miraculeuse: le géant assure ne plus avoir besoin du filet de protection étatique. Il fait même un petit cadeau de 200 millions à la Confédération… pour le soutien sonnant et trébuchant apporté au gros de la crise! La brillante ministre explique au micro de la radio romande que l’on a passé au bord d’une épouvantable catastrophe, pour la Suisse, pour le monde entier, pour chaque citoyen et citoyenne. Mais grâce à sa sagesse, celle de la BNS et de la FINMA, on est sauvé. On n’a même plus à imaginer ce qu’eût donné une autre solution. Comme la nationalisation en attendant la revente. Comme la division du malade obèse en plusieurs entités.
Le mastodonte issu finalement de la fusion est certes bien parti. Ce fut une bonne affaire. Acheter pour trois millards un autre colosse – 45 milliards de fonds propres à la fin décembre –, même en crise, mais avec encore des pans sains et juteux, cela permet de voir l’avenir en rose. Pour les dirigeants, pour les actionnaires. Mais en noir pour les quelque 35’000 employés menacés de licenciement en Suisse et dans le monde. En rouge pour les détenteurs d’obligations (AT1) qui ont vu leurs avoirs effacés au nom du «droit de nécessité».
Des voix s’élèvent pourtant qui font grincer la chorale euphorique. La NZZ, peu suspecte de gauchisme, affirme que ni la ministre des Finances ni la BNS n’ont «de raisons de se taper sur les épaules». Car le problème et le risque restent entiers. Une telle crise peut se reproduire à tout moment. Avec une méga-banque «too big to fail» qui pourrait devenir «too big to rescue». Trop grande pour être sauvée. La somme du bilan de la nouvelle UBS représente environ 210% du produit intérieur brut (PIB) de la Suisse. Toutes sortes de garde-fous sont imaginables pour prévenir de nouveaux dérapages, un éventuel troisième appel au secours de l’UBS (déjà sauvée en 2008). Le président du Centre, Gerhard Pfister demande à ce que les fonds propres des banques soient d’au moins 20% du bilan. Ceux de l’UBS aujourd’hui: 4,4%! Et tout le processus de surveillance doit être revu. La FINMA a montré ses défaillances et les limites de ses compétences. Qui fera le ménage? Et quand? «On y réfléchit…» répond la Conseillère fédérale en charge de ces dossiers. Pas pressée du tout. Comme l’UBS qui se réjouit de cet attentisme. «Il n’y a rien en vue», remarque la NZZ. Certains suggèrent que la commission d’enquête parlementaire est un bon prétexte pour retarder le passage à l’action. Il lui faudra un, deux, trois ans pour livrer ses conclusions. Attendons-les avant de faire quoi que ce soit!
La NZZ, encore elle, non contente d’égratigner l’UBS et l’autorité fédérale, prolonge la réflexion en démontrant que les banques cantonales aussi présentent un «risque systémique». Elles se portent fort bien aujourd’hui mais en cas de malheur, au vu des sommes énormes qu’elles brassent, l’une ou l’autre pourrait aussi appeler au secours. La loi prévoit que les cantons doivent leur garantir une «assurance tout risque», les repêcher quoi qu’il en coûte. Trois louables exceptions: Berne, Genève et Vaud ont biffé cette obligation. Il reste 21 banques cantonales bénéficiant de la protection étatique. Or plusieurs d’entre elles ont des bilans qui excèdent largement le PIB de leur canton. Le groupe de réflexion libéral Avenir Suisse a mis en relation les bilans des banques cantonales non seulement avec le PIB cantonal, mais aussi avec les dépenses cantonales annuelles. Il en ressort que si, par exemple, la banque cantonale d'Appenzell Rhodes-Intérieures subissait une perte de 20% de ses actifs à la suite d'une crise, le canton devrait théoriquement renoncer à toutes ses dépenses pendant près de cinq ans afin d'honorer son obligation de responsabilité.
Le journal zurichois rappelle pertinemment que dans l’histoire, même récente, plusieurs de ces rassurantes enseignes de proximité ont connu de sérieux déboires. Certaines ont disparu, à Soleure, en Appenzell Rhodes-Extérieures. D’autres ont dû être sauvées à grands coups de milliards publics, notamment lors de la crise immobilière des années 1990. A Berne, à Genève, dans le canton de Vaud aussi, avant que cette obligation d’assurance étatique ne soit biffée.
Mais à part ça, tout va bien, Madame la Marquise helvétique.
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Il va jusqu’à promettre une ambassade à Jérusalem… où l’on n’est guère convaincu par ce nouvel allié proclamé. Ses seuls ennemis, dit-il, ce sont l’Iran et le Hezbollah. Et n’a pas un mot quant aux bombes israéliennes qui pleuvent sur son territoire ni sur la présence de Tsahal aux portes de Damas. Silence aussi devant les exactions et les assassinats commis par ses partisans, rapportés sur le net, image à l’appui. En outre, il est prévu de mijoter une nouvelle constitution. La «République arabe syrienne» devrait s’appeler «Etat islamique de Syrie».</p> <p>On peut comprendre la satisfaction des Américains et des Européens voyant que la Russie et l’Iran sont bannis des lieux. Mais comment peuvent-ils peindre ainsi en rose la nouvelle situation? Sans penser aux désastreux précédents de l’Irak, de la Libye?</p> <p>En fait, ce n’est pas totalement surprenant. Lorsque la guerre civile fut déclenchée en 2011, ce sont les mêmes forces islamistes qui prirent très tôt le relais des manifestants qui réclamaient la démocratie, brutalisés par la police d’Assad. Elles furent soutenues aveuglément, des années durant, par plusieurs pays arabes et européens. Ce fut atroce. Un demi-million de morts, dit-on. Sous le double feu du dictateur criminel, certes, et celui des insurgés barbus. Des dizaines de millions d’exilés fuyant la fureur des uns et des autres.</p> <p>N’entrons pas ici dans les spéculations sur l’avenir, sur les desseins des puissances qui, de fait, s’emparent du pays, qui s’agitent au fil de leurs ambitions géopolitiques et économiques. Sans parler du pétrole, exploité par les Américains sur la partie kurde… Qu’il nous soit permis d’évoquer plutôt un souvenir. Cinq ans avant la guerre, un voyage inoubliable en Syrie. Un prêtre nous faisait visiter Alep, tous les quartiers, animés et relativement prospères. Nous parlions avec tous. Conscients d’être dans une dictature, nous constations que chacun exprimait sans peur sa foi, son appartenance. Nous avions visité l’admirable mosquée des Omeyyades à Damas. Nous nous sommes étonnés auprès de deux jeunes filles de voir tant de monde, des familles en sortie, un dimanche et non un vendredi. Elles éclatèrent de rire: «Mais c’est le jour de Pâques!». Comme Noël, les jours de fêtes chrétiennes sont officiellement fériés en Syrie. Jusqu’à quand?</p> <p>Le prêtre d’Alep, devenu un ami, qui vit aujourd’hui en France, n’a pas le cœur à applaudir le tournant actuel. Il s’est exilé avec les siens après que sa fille de dix-huit ans ait été débarquée d’un bus, violée et assassinée parce qu’elle portait une croix autour du cou. Par des «rebelles modérés» comme on disait à l’époque. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
6 Commentaires
@Pr.Silvestre 18.08.2023 | 00h30
«1. Pourquoi les dirigeants de ces structures ne sont-ils jamais inquiétés pour leur gestion calamiteuse ?
2. Que se passera t’il si Karin Suter devient membre du conseil d’administration d’UBS, après ses mandats politiques ? Y aura t’il une enquête sur les décisions qu’elle a prise en tant que c.f, ?»
@markefrem 18.08.2023 | 09h21
«Le risque zéro n'existe pas ! On pourrait le diminuer en interdisant les bonus. Les aventuriers de la gestion redescendaient sur terre !»
@Apitoyou 18.08.2023 | 09h38
«La NZZ, peu suspecte de gauchisme….quelle expression mon dieu? La NZZ ne s’intéresse qu’à l’économie et au fric.»
@willoft 18.08.2023 | 14h08
«On en reste toujours au fameux...
"nationaliser les pertes et privatiser les bénéfices"
P.S. à lire aussi sur Blick.ch l'excellente et courageuse Myret Zaki, à ce sujet too big»
@Eggi 19.08.2023 | 00h48
«Conclusion: il faut supprimer les banques comme "financeuses" de l'économie et les remplacer par ... l'Etat?»
@Spark 24.08.2023 | 08h29
«@Pr. Silvestre: Les schémas de corruption à un tel niveau sont très subtil. La banque prendra quelqu'un qui a rendu par exemple service à une pharmaceutique et cette dernière engagerait la personne qui a bazardé le CS. Une banque qui vaut 45 milliards puisqu'elle était allégée de 9 milliards de dette, vendue à 3!»