Actuel / L’admirable et tragique révolte du peuple libanais
Toutes confessions confondues, les manifestants libanais ont formé une chaîne humaine de 150 kilomètres. Capture d'écran © France 24
Effarés par ce qui se passe dans plusieurs capitales d’Amérique latine, en Catalogne, à Hong Kong, par les derniers rebondissements en Syrie, les Européens feraient bien néanmoins de porter leur regard vers le Liban. Si proche. Depuis le 15 octobre, la foule manifeste sa colère. Pacifiquement. Toutes religions confondues. Jeunes et moins jeunes. Ce pays que l’on croyait paralysé par les divisions intérieures trouve soudain, dans la volonté de les dépasser, une dignité admirable. Parce que les gens n’en peuvent plus de la corruption, d’une politique intérieure désastreuse, de la chute du pouvoir d’achat, des infrastructures à l’abandon.
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Le groupe pharmaceutique Lonza, dont le siège est à Bâle mais le site de production à Viège, y a investi plus d’un milliard de francs. Un nouveau complexe de production high-tech fournit des solutions adaptées pour le développement et la fabrication de nouveaux médicaments. Ce site et ses possibilités inédites dans la pharma ancrent Viège et le Valais au cœur des chaînes mondiales de création de valeur. Les investissements dans la recherche et la formation ont joué un rôle majeur pour le développement économique du canton. A la génération précédente, c’est la HES, la Haute école spécialisée, qui a formé des ingénieurs précieux pour alimenter une industrie en plein essor. Petit à petit tout un écosystème propice à l’émergence d’idées innovantes s’est installé en Valais. La Fondation The Ark favorise l’établissement et l’éclosion de start-ups dans les domaines de l’informatique, de l’énergie, des sciences de la vie et de l’environnement. 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Le Liban est en faillite. Une dette de 150% du PIB, dont les intérêts absorbent la moitié des revenus de l’Etat. Sa banque centrale, aux mains des politiciens, est opaque, on ne sait même pas où se trouvent ses réserves en or. Elle a sans doute procédé à des manoeuvres financières plus que douteuses. Résultat: des coupes massives dans le budget, des hausses de taxes (dont celle, folle, sur WhatsApp). Les écoles sont débordées. Des dizaines de milliers de familles, incapables de payer les enseignements privés, privilégiés ces dernières années, ne peuvent plus assurer l’éducation de leurs enfants. Les pompiers, faute d’équipements, ne peuvent pas lutter efficacement contre les feux de forêts. Les routes sont dans un état lamentable. L’agriculture qui emploie de nombreux réfugiés syriens est concurrencée par les importations en contrebande de Syrie.
Le potentiel du Liban est pourtant considérable. Il y a du pétrole à ses rives. La main d’oeuvre est d’un bon niveau culturel. Ses hautes écoles renommées. Ses informaticiens à la pointe. Mais les investissements n’arrivent pas, faute de sécurité juridique car les tribunaux sont à la botte des politiciens. Ce que même l’Egypte réussit dans son développement, le Liban, avec tant d’atouts, n’y parvient pas. Par la faute de sa classe politique, tous partis confondus, totalement discréditée.
Il est bouleversant de voir l’unité des manifestants. Ils ont constitué une chaîne humaine, main dans la main, sur 150 kilomètres le long de la mer. La mobilisation s’est étendue à tout le territoire, pourtant si divers. Même sur les terres contrôlées par le Hezbollah, la colère s’est exprimée. Mais le leader de la puissante organisation chiite, Hassan Nasrallah, a défendu le gouvernement et le président chrétien Michel Aoun. Toutes les parties au pouvoir se soutiennent mutuellement. Dans ce contexte, les thèses complotistes se multiplient. Certains voient dans le soulèvement une manoeuvre souterraine des Etats-Unis et d’Israël, déchaînés contre le Hezbollah soutenu par l’Iran. Reste que la question se pose: qui sont les organisateurs sans visage qui ont si bien mobilisé les foules, qui ont même veillé à ce que boissons et sandwiches surgissent à temps? On le saura un jour.
Mais les révoltés refusent d’évoquer les tireurs de ficelles géostratégiques, ils veulent parler du pain quotidien. Y compris au sens propre. «Il y a quelque temps, pour mille livres, on avait un kilo de pain, maintenant 200 grammes!»
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Que peut-il se passer? Une intervention de l’armée. Pour l’heure, elle ne réagit pas. Elle est même bien vue par la foule. Il faut dire qu’elle a aussi des raisons de mécontentement. Son budget a été coupé et même les rations alimentaires ont été réduites dans les casernes. Certaines voix s’élèvent pour demander un gouvernement provisoire composé de militaires et d’experts civils pour tenter de mettre un peu d’ordre dans la gabegie étatique. Mais c’est tout le cadre de la pseudo-démocratie actuelle qui est remise en question. «Bien plus qu’une crise économique et financière, le Liban traverse donc une profonde crise de régime, une crise institutionnelle, une crise spirituelle et morale sans précédent depuis la fin de la guerre», écrit Karim Bitar, directeur des Sciences politiques à l’université Saint-Joseph de Beyrouth.
L’euphorie du mouvement va de pair avec la peur. Aucune figure n’émerge du mouvement, les propositions concrètes manquent. Le risque est grand de l’enlisement et de la réaffirmation des pouvoirs actuels. Rode aussi celui aussi de la division, du pourrissement, des provocations. Autre crainte, soulevée par l’intervention télévisée (90 minutes!) du leader du Hezbollah. Hassan Nasrallah évoque, à mots plus ou moins couverts, si l’impasse perdure, l'idée de prendre tout le contrôle du pays.
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La corruption est le mal numéro un.</p> <p>Le Liban est en faillite. Une dette de 150% du PIB, dont les intérêts absorbent la moitié des revenus de l’Etat. Sa banque centrale, aux mains des politiciens, est opaque, on ne sait même pas où se trouvent ses réserves en or. Elle a sans doute procédé à des manoeuvres financières plus que douteuses. Résultat: des coupes massives dans le budget, des hausses de taxes (dont celle, folle, sur <em>WhatsApp</em>). Les écoles sont débordées. Des dizaines de milliers de familles, incapables de payer les enseignements privés, privilégiés ces dernières années, ne peuvent plus assurer l’éducation de leurs enfants. Les pompiers, faute d’équipements, ne peuvent pas lutter efficacement contre les feux de forêts. Les routes sont dans un état lamentable. L’agriculture qui emploie de nombreux réfugiés syriens est concurrencée par les importations en contrebande de Syrie.</p> <p>Le potentiel du Liban est pourtant considérable. Il y a du pétrole à ses rives. La main d’oeuvre est d’un bon niveau culturel. Ses hautes écoles renommées. Ses informaticiens à la pointe. Mais les investissements n’arrivent pas, faute de sécurité juridique car les tribunaux sont à la botte des politiciens. Ce que même l’Egypte réussit dans son développement, le Liban, avec tant d’atouts, n’y parvient pas. Par la faute de sa classe politique, tous partis confondus, totalement discréditée.</p> <p>Il est bouleversant de voir l’unité des manifestants. Ils ont constitué une chaîne humaine, main dans la main, sur 150 kilomètres le long de la mer. La mobilisation s’est étendue à tout le territoire, pourtant si divers. Même sur les terres contrôlées par le Hezbollah, la colère s’est exprimée. Mais le leader de la puissante organisation chiite, Hassan Nasrallah, a défendu le gouvernement et le président chrétien Michel Aoun. Toutes les parties au pouvoir se soutiennent mutuellement. Dans ce contexte, les thèses complotistes se multiplient. 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Elle est même bien vue par la foule. Il faut dire qu’elle a aussi des raisons de mécontentement. Son budget a été coupé et même les rations alimentaires ont été réduites dans les casernes. Certaines voix s’élèvent pour demander un gouvernement provisoire composé de militaires et d’experts civils pour tenter de mettre un peu d’ordre dans la gabegie étatique. Mais c’est tout le cadre de la pseudo-démocratie actuelle qui est remise en question. «<em>Bien plus qu’une crise économique et financière, le Liban traverse donc une profonde crise de régime, une crise institutionnelle, une crise spirituelle et morale sans précédent depuis la fin de la guerre</em>», écrit Karim Bitar, directeur des Sciences politiques à l’université Saint-Joseph de Beyrouth.</p> <p>L’euphorie du mouvement va de pair avec la peur. Aucune figure n’émerge du mouvement, les propositions concrètes manquent. Le risque est grand de l’enlisement et de la réaffirmation des pouvoirs actuels. 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Informer les enfants sur la sexualité, d’accord, mais pourquoi pas aussi sur nos comportements individuels et collectifs entre tensions et rapprochements? Autrement dit, apprendre à se parler pour de bon. Se dire, pour citer le chef soufi, que «la paix, c’est plus que l’absence de guerre» ou «passer du je au nous». Mais évidemment il y a plusieurs façons d’interpréter le mot. Comme le faisait remarquer la vice-maire de Genève, Christina Kitsos: «Quand on prétend chercher la paix en prolongeant la guerre, c’est paradoxal!»</span></p> <p><span>Au Palais des Nations le débat volait haut. Mené par le cinéaste romand Philippe Nicolet, avec des intervenants et intervenantes d’horizons très divers. Entre autres Jakob Kellenberger, ex-diplomate et ex-président du CICR, fort de son expérience de négociateur («une négociation n’a de chance que si elle a le droit d’échouer»), penché sur la façon de «déradicaliser» un conflit, insistant sur la crédibilité des efforts dans la durée. 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Syndicats et autorités politiques ont pourtant tout fait pour sauver l’entreprise historique, aux mains d’une multinationale qui compare avantages et inconvénients de chaque lieu de production. Ici, hauts salaires, franc fort et dans ce cas, retard technologique. Donc, départ. Chapeau aux travailleurs qui cherchaient des solutions, des innovations. Les voilà licenciés. Les messages de solidarité font du bien mais n’assurent pas leur avenir. Qu’ils puissent être aidés à rebondir.</span></p> <p><span>Est-ce à dire que notre pays est menacé de désindustrialisation comme il en est beaucoup question chez nos voisins? Gare aux réponses trop simples. Les faits. Face au secteur des services comptant les banques et les assurances, le tourisme, le commerce de gros et de détail, l'administration publique et les assurances sociales, qui pèse pour 75% du PIB, l’industrie résiste, avec environ 24% (contre moins de 14% en France!). 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Le groupe pharmaceutique Lonza, dont le siège est à Bâle mais le site de production à Viège, y a investi plus d’un milliard de francs. Un nouveau complexe de production high-tech fournit des solutions adaptées pour le développement et la fabrication de nouveaux médicaments. Ce site et ses possibilités inédites dans la pharma ancrent Viège et le Valais au cœur des chaînes mondiales de création de valeur. Les investissements dans la recherche et la formation ont joué un rôle majeur pour le développement économique du canton. A la génération précédente, c’est la HES, la Haute école spécialisée, qui a formé des ingénieurs précieux pour alimenter une industrie en plein essor. Petit à petit tout un écosystème propice à l’émergence d’idées innovantes s’est installé en Valais. La Fondation The Ark favorise l’établissement et l’éclosion de start-ups dans les domaines de l’informatique, de l’énergie, des sciences de la vie et de l’environnement. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@Seb 31.10.2019 | 11h03
«Etats d'Amérique latine, Hong-Kong, Catalogne, Liban, sans oublier l'Algérie et la France des Gilets Jaunes: je serais curieux de lire une enquête à l'occasion sur le rôle que jouent les médias sociaux dans la multiplication de ces manifestations. De toute évidence, quelque chose a changé dans la facilité qu'il y a à mobiliser les foules protestataires. Un vrai bouleversement, même, au niveau planétaire.»
@Lagom 02.11.2019 | 09h45
«Vous écrivez: "les Européens feraient bien néanmoins de porter leur regard vers le Liban", oui et c'est simple à faire; qu'ils demandent à Israël de se retirer du dernier km carrée agricole qu'elle occupe, l'équivalent d'un vignoble, pour faire disparaître la légitimité du Hezbollah de détenir des armes. Un retrait assortie d'une déclaration de paix.
Plus loin vous écrivez: "Toutes les parties au pouvoir se soutiennent mutuellement", oui et vous pouvez aussi rajouter; que toutes les minorités du Moyen-Orient se soutiennent mutuellement, Israël a besoin de Hezbollah comme excuse pour continuer à ramasser de l'argent de son diaspora, et pour se protéger des sunnites djihadiste, et le Hezbollah a besoin d'Israël pour exister, même l'ONU a besoin de maintenir ce conflit et les 11'000.- casques blues au Liban sud qui coûtent des milliards, car les intérêts économiques de certains Etats et des fournisseurs de tout genre sont énormes.
Le peuple libanais est le dindon de la farce et l'UE s'en foute totalement. Excellent article qui décrit une photo réaliste de la situation du Liban.»