Actuel / Israël face à une défaite possible
De gauche à droite: un soldat en arme et son fils au Mur des Lamentations; un graffiti anti-Netanyahou: «dehors»; un vieux bédouin devant le mausolée de Moïse en Cisjordanie. © D.L.
Depuis trois mois, Israël a déversé sur Gaza plus de bombes et fait plus de victimes civiles que la Russie en Ukraine en deux ans. En dépit de cela, et probablement aussi à cause de cela, la perspective d'une défaite devient chaque jour plus probable.
David Ben Gourion, fondateur de l'Etat d'Israël, avait énoncé cette doctrine: Israël ne peut pas se permettre une défaite militaire. Il suffirait par conséquent d'une seule défaite pour qu'Israël disparaisse.
Or nous y voilà. Israël pourrait bien être en train de perdre une guerre, celle qu'il mène contre le Hamas depuis l'assaut du 7 octobre. Ce serait une défaite à tous points de vue, que le Hamas a orchestrée en trois temps: le politique, le militaire, et le médiatique.
Le premier temps, celui du politique, est le dernier à s'être manifesté. Il a fallu quelques semaines en effet avant que les médias révèlent à quel point, contrairement aux affirmations du gouvernement israélien, l'attaque du Hamas était prévue. Depuis des mois, les renseignements militaires israéliens récoltaient des informations détaillées sur les mouvements du Hamas. L'unité d'élite de l'armée chargée de récolter ces renseignements, et qui s'est fait presque entièrement décimer le 7 octobre, savait presque tout: le nombre d'hommes, les entraînements de planeurs à moteur, les répliques exactes des kibboutz frontaliers de Gaza pour y répéter l'attaque, et même la date de l'assaut. Le Hamas faisait en plus tout son possible pour diffuser les détails de ses préparatifs dans les médias sociaux. Le but était de donner l'impression qu'il ne s'agissait que d'un gros coup de bluff. Dûment informé, le gouvernement de Netanyahou a pourtant décidé de ne pas agir. Le 6 octobre au soir, un conseil spécial de sécurité a même renoncé à rappeler les réservistes. On fêtait le Kippour et shabbat venait de commencer. Le gouvernement s'est donc résolu à ne rien faire et à laisser les frontières dégarnies en dépit des preuves de l'attaque imminente. Cette impréparation reposait elle-même sur un aveuglement collectif de supériorité israélienne, et d'innocuité des Palestiniens.
Le second temps est militaire. Plus de 1'100 civils israéliens ont été massacrés dans des circonstances qui disqualifient à jamais leurs auteurs. Un nombre significatif de ces victimes ont été tuées par l'armée israélienne elle-même dans un chaos qui reste à éclaircir. De cette défaite militaire, les Israéliens ne se remettront probablement pas. Celle-ci constitue pour eux la matérialisation de leurs pires cauchemars, l'impossible rupture du principe énoncé par Ben Gourion. Le 7 octobre leur a imposé la preuve que leur armée ne sert presque à rien. Que leurs deux cent ogives nucléaires sont inutiles. Cela, plusieurs Israéliens s'en sont lamentés devant moi – certains pour regretter que ces ogives ne soient pas utilisées.
Dans sa riposte contre le Hamas, Israël n'a aucune stratégie et aucune tactique. Ziad Abu Zayyed, ancien ministre d'Arafat, s'en étonnait devant moi, lui qui s'est habitué à une attitude bien plus systématique d'Israël. Tout se passe en réalité comme si Israël n'avait aucun projet, aucun plan et aucune idée de ce qui se passera une fois les canons silencieux. Ainsi durant le seul mois d'octobre, l'armée israélienne a tué 10'000 civils à Gaza, autant que l'armée russe en Ukraine en un an et demi. Deux fois plus de bombes et de missiles ont été largués sur Gaza que sur l'Ukraine depuis février 2022. La moitié de ces 30'000 bombes sont dites «idiotes», c'est-à-dire imprécises, et n'ont donc d'autre but que de causer des dégâts humains et matériels maximum. Or les Israéliens avec lesquels j'ai pu échanger à ce sujet fin novembre m'ont tous, sans exception, opposé un seul argument: ces ravages sont regrettables mais indispensables, le Hamas doit être détruit. Pour beaucoup, jusque dans les rangs du gouvernement, Gaza doit même être vidée de ses occupants et repeuplé par des Juifs.
Ces buts de guerre, conformes aux visées messianiques de la droite religieuse, sont en outre pratiquement impossibles. Le Hamas ne peut être détruit par des bombes, bien au contraire. En Cisjordanie l'organisation sunnite est passée de 12% d'intention de vote en septembre à 44% en décembre. Et les ravages provoqués par Israël n'ont entamé ni ses ressources matérielles, ni ses réserves humaines. Ainsi le Hamas continue de lancer des attaques depuis Gaza. Les pertes de l'armée israélienne approchent les 500 tués, un nombre record, parmi lesquels beaucoup d'officiers supérieurs. Enfin l'économie israélienne est durement touchée, avec une perte de croissance qui pourrait chuter de 3% à 1%, et des dépenses militaires estimées entre 100 et 200 millions de dollars par jour. L'attaque du Hamas fonctionne donc comme un collet à belettes: plus la bête tente de s'en dégager, plus l'étreinte du collet se resserre et l'étrangle.
Cela nous conduit au troisième temps, le temps médiatique, qui constituait, très probablement, le véritable but de guerre du Hamas. Depuis sa fondation, l'Etat juif doit manier une double image avec délicatesse, celle d'un pays militairement fort, et celle d'un pays vulnérable. Fort, pour maintenir ses voisins en respect, et vulnérable pour s'attirer la sympathie des Occidentaux. La guerre en cours offre au Hamas l'occasion d'anéantir cette image. Les combats tendraient à démontrer qu'Israël n'est ni fort, puisqu'il peut être surpris et blessé, ni vulnérable, puisqu'il peut massacrer sans ciller des dizaines de milliers de civils. La brutalité de Tsahal a renversé le «narratif» médiatique, encore horrifié par les attaques du Hamas, contre Israël. Derrière ces manœuvres, le but stratégique consiste pour le Hamas, et pour son sponsor iranien, à remettre en question le lien le soutien inconditionnel des Etats-Unis pour Israël.
En partie en tous les cas, ce but est déjà atteint car le soutien bipartisan pour Israël est désormais sujet à débat, ce qui n'a jamais été vraiment le cas depuis 1948. Privée des obus, des porte-avions, des chasseurs et des dollars américains, la puissance de Tsahal serait une coquille vide. Si l'Amérique hésite, le soutien des pétromonarchies arabes, qui détestent tout autant le Hamas, viendrait lui aussi à flancher si elles ne veulent pas se mettre leurs propres populations à dos. A mesure que passent les semaines, les médias sociaux fabriquent du contenu partagé par des dizaines de millions de personnes, surtout parmi les jeunes, pour lesquels Israël devient synonyme de répression, de néocolonialisme et d'apartheid du XXIème siècle. Une fois ces mécanismes enclenchés, le Hamas n'a pas tant à se battre qu'à résister et à attendre que son ennemi perde, petit à petit, ses soutiens vitaux.
Devant Nahum Goldman, fondateur du Congrès juif mondial, Ben Gourion posait les termes de l'existence d'Israël et de sa cohabitation avec ses voisins, en témoignant une absence complète d'illusions: «Si j’étais, moi, un leader arabe, jamais je ne signerais avec Israël. C’est normal: nous avons pris leur pays. Certes, Dieu nous l’a promis, mais en quoi cela peut-il les intéresser? Notre Dieu n’est pas le leur. Nous sommes originaires d’Israël, c’est vrai, mais il y a de cela deux mille ans: en quoi cela les concerne-t-il? Il y a eu l’antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute? Ils ne voient qu’une chose: nous sommes venus et nous avons volé leur pays. Pourquoi l’accepteraient-ils? Ils oublieront peut-être dans une ou deux générations, mais, pour l’instant, il n’y a aucune chance. Alors, c’est simple: nous devons rester forts, avoir une armée puissante. Toute la politique est là. Autrement, les Arabes nous détruiront.»
Il semble désormais possible que ce jour soit venu, cette issue que Ben Gourion semblait lui-même avoir prévue avec une bonne dose de ce pessimisme actif cher à Camus. La première victime de la guerre en cours est l'espoir de tout compromis, que l'on maintenait sous respirateur artificiel depuis quelques années déjà. Pour tous ceux qui rêveraient encore de la fameuse «solution des deux Etats», il faut souligner à quel point les belligérants, depuis le 7 octobre, sont désormais résolus à une guerre longue. Même Yossi Beilin, architecte des Accords d'Oslo et «père» de cette solution, reconnaît aujourd'hui que celle-ci est devenue impossible. L'attaque du Hamas a mis en branle un processus de conflits dont l'issue ne peut être qu'une victoire complète d'un des deux belligérants, même si celle-ci semble encore lointaine.
D'autre part les inconnues restent très nombreuses: le soutien effectif de Washington; la réaction des Etats du Golfe; la capacité ou non pour Israël de provoquer une guerre avec le Hezbollah et avec l'Iran; la capacité du camp laïc à reprendre la main sur les extrémistes religieux; chacun de ces facteurs pourrait changer, même temporairement, le cours d'une histoire qui semble, peut-être à tort, déjà écrite.
Les tragédies semblent faire partie de l'histoire juive en s'y invitant avec une lugubre régularité. En créant un pays au milieu d'une population violemment hostile et en l'assujettissant, en asseyant leur Etat sur des conceptions juridiques floues et sujettes à interprétations, c'est presque comme si les Juifs, mus par une atavique nécessité, avaient ensemencé le destin des graines de leur future catastrophe.
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A mesure que passent les semaines, les médias sociaux fabriquent du contenu partagé par des dizaines de millions de personnes, surtout parmi les jeunes, pour lesquels Israël devient synonyme de répression, de néocolonialisme et d'apartheid du XXIème siècle. Une fois ces mécanismes enclenchés, le Hamas n'a pas tant à se battre qu'à résister et à attendre que son ennemi perde, petit à petit, ses soutiens vitaux.</p> <p>Devant Nahum Goldman, fondateur du Congrès juif mondial, Ben Gourion posait les termes de l'existence d'Israël et de sa cohabitation avec ses voisins, en témoignant une absence complète d'illusions: «Si j’étais, moi, un leader arabe, jamais je ne signerais avec Israël. C’est normal: nous avons pris leur pays. Certes, Dieu nous l’a promis, mais en quoi cela peut-il les intéresser? Notre Dieu n’est pas le leur. Nous sommes originaires d’Israël, c’est vrai, mais il y a de cela deux mille ans: en quoi cela les concerne-t-il? 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Même Yossi Beilin, architecte des Accords d'Oslo et «père» de cette solution, reconnaît aujourd'hui que celle-ci est devenue impossible. L'attaque du Hamas a mis en branle un processus de conflits dont l'issue ne peut être qu'une victoire complète d'un des deux belligérants, même si celle-ci semble encore lointaine.</p> <p>D'autre part les inconnues restent très nombreuses: le soutien effectif de Washington; la réaction des Etats du Golfe; la capacité ou non pour Israël de provoquer une guerre avec le Hezbollah et avec l'Iran; la capacité du camp laïc à reprendre la main sur les extrémistes religieux; chacun de ces facteurs pourrait changer, même temporairement, le cours d'une histoire qui semble, peut-être à tort, déjà écrite.</p> <p>Les tragédies semblent faire partie de l'histoire juive en s'y invitant avec une lugubre régularité. En créant un pays au milieu d'une population violemment hostile et en l'assujettissant, en asseyant leur Etat sur des conceptions juridiques floues et sujettes à interprétations, c'est presque comme si les Juifs, mus par une atavique nécessité, avaient ensemencé le destin des graines de leur future catastrophe.<i> </i></p>', 'content_edition' => 'David Ben Gourion, fondateur de l'Etat d'Israël, avait énoncé cette doctrine: Israël ne peut pas se permettre une défaite militaire. Il suffirait par conséquent d'une seule défaite pour qu'Israël disparaisse. Or nous y voilà. Israël pourrait bien être en train de perdre une guerre, celle qu'il mène contre le Hamas depuis l'assaut du 7 octobre. Ce serait une défaite à tous points de vue, que le Hamas a orchestrée en trois temps: le politique, le militaire, et le médiatique. Le premier temps, celui du politique, est le dernier à s'être manifesté. 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En 2009, lors d'une dictée imposée à 1'348 enfants français de seconde, deux tiers d'entre eux ont obtenu un zéro. 14% seulement ont eu la moyenne. Dit autrement, les francophones dans leur majorité ne maîtrisent pas leur langue à l'écrit. Pourtant la dictée est un véritable sport national: on en a organisé une en 2018 au stade de France.</p> <p>Les enfants de 2024 savent parfaitement parler mais font, en moyenne, deux fois plus de fautes que ceux de 1985. On se demande toujours comment améliorer la situation, trop rarement comment on est arrivé à ce lamentable état des choses. Pourtant un constat avait été fait en 1783 déjà, sous la plume de Rivarol dans son <em>Discours sur l'universalité de la langue française</em>: «On se fit une langue écrite et une langue parlée, et ce divorce de l'orthographe et de la prononciation dure encore». Il existe donc un divorce au cœur même de notre langue. On en apprend deux: une langue parlée et une langue une écrite, tout à fait distinctes l'une de l'autre. Ce qui explique <em>pourquoi </em>la dictée est un enfer, mais pas <em>comment</em> elle l'est devenue.</p> <p>Comment est-il possible que nous soyons incapables de maîtriser notre propre langue à l'écrit? Pour commencer, il faut remonter un peu le cours du temps. Langue latine, le français a évolué du bas-latin et s'est ensuite mâtiné de langues germaniques pour parvenir à ce langage qu'on parlait dans le bassin parisien à la fin du Moyen-Age. On le parlait, on ne l'écrivait presque pas. Pour l'écriture on se servait d'un latin bâtardisé et déjà criblé de mots français. Le français n'était rien d'autre que le patois parisien, c'était par conséquent la langue du roi. On l'écrivait phonétiquement, presque sans règle. Dans la chanson de Roland, écrite il y a mille ans, on écrit <em>fer</em> ou <em>fere</em> pour faire, <em>ki</em> pour qui, <em>e</em> pour et, <em>hom</em> pour hommes. Sous François Ier, premier roi de la Renaissance, on compte que moins de 10% de la population parle le français, et qu'une poignée d'entre eux seulement savent l'écrire. L'immense diversité des langues fait que le pouvoir du roi est mal compris et peu, ou mal, appliqué. D'où ce premier acte fondateur: l'ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539, qui décrète que le français seul sera la langue de l'administration et de la justice. Cette ordonnance crée le premier rapprochement entre langue et pouvoir. Preuve de son importance capitale, l'ordonnance de Villers-Cotterêts est la plus ancienne loi citée encore de nos jours dans les tribunaux français.</p> <p>Cette loi crée toutefois autant de problèmes qu'elle en résout. Car s'il est décidé que le français seul exprimera la volonté royale, on ne sait pas de quel français il s'agit. C'est ainsi que va naître une querelle acharnée, qui dure encore de nos jours, sur la forme que doit adopter notre langue. Dès le XVIème siècle, les savants se divisent en deux camps opposés: les phonétistes, et les étymologistes. Pour les premiers, il faut continuer comme on l'a fait jusqu’alors et écrire comme on parle. C'est la pratique dominante, autrefois comme aujourd'hui, et notamment la pratique des latins et des grecs. Mais les étymologistes adoptent un point de vue très différent et, disons-le, bizarre.</p> <p>Ce sont les poètes tels que du Bellay et sa <em>Défense et illustration de la langue française</em> qui vont former notre orthographe. A cette époque, la France redécouvre son passé gréco-romain, une appellation fautive mais qui s'est imposée. A bien des aspects, la Renaissance est un retour à un passé fantasmé. Délaissant le style gothique, on met soudain des colonnes doriques et des statues du panthéon partout. De leur côté les intellectuels soumettent la langue au même exercice. Ils vont appeler leur invention «orthographe ancienne», comme si celle-ci était fidèle à l'orthographe romaine quand bien même elle est imaginée de toutes pièces. Le k est remplacé par qu pour tous les mots supposés venir du latin – <em>Kan</em> devient quand, <em>kel</em> devient quel, etc; on transforme les f en ph et les t en th lorsque le mot est supposé venir du grec, jusque dans nénuphar qui pourtant nous vient du persan; on écrit <em>ils faisaient</em>, car il vient de <em>fecerunt</em>, un mot qui désormais compte neuf lettres pour quatre sons, et deux fois le doublon <em>ai</em> – car il se fonde sur verbe <em>facere</em> – se trouve prononcé différemment.</p> <p>L'une des clés de cette orthographe consistant à imaginer une continuité entre le français et le latin, la décision a été prise de ne rajouter aucune lettre. Pourtant les sons avaient beaucoup évolué depuis l'empire romain. Les apports germaniques nous ont par exemple donné les <em>on</em>, <em>an</em>, <em>un</em>, <em>oin</em>, etc. Tous ces sons auraient pu être transcrits par une seule lettre. 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La difficulté de l'orthographe française ne relève pas du hasard. Elle révèle des phénomènes beaucoup plus profonds.</p> <p>L'orthographe étymologique a donc fini par s'imposer contre le français phonétique de la «pauvre orthographe», comme le raillait du Bellay. Encore faut-il s'assurer de l'uniformité de la langue à travers le royaume. L'initiative est prise par le cardinal de Richelieu en 1635, avec la création de l'Académie française. Etonnante institution linguistique qui, depuis bientôt quatre siècles, ne compte pas un seul linguiste dans ses rangs. Car la volonté de Richelieu n'est pas linguistique, mais politique. Il s'agit de s'assurer que la langue du roi soit respectée autant que ses lois, et que les intellectuels du royaume soient les obligés du monarque. Dès le début, l'Académie remplace son absence de but précis par du prestige. Sans aucun pouvoir réel, elle n'en a pas moins une grande puissance. On raille volontiers les Immortels, leurs privilèges ou leur âge. Pourtant, de la même manière que l'ordonnance de Villers-Cotterêts est la plus ancienne loi encore citée en France aujourd'hui, l'Académie est la plus ancienne institution à avoir survécu – intacte! – à la Révolution. Son rôle n'a jamais été prévu pour être cette supposée police de la langue qu'on a souvent moquée. Elle a été placée sous la protection du roi, des empereurs et désormais des présidents. Comme un Vatican ou une antique dynastie monarchique, l'Académie est pleine de vieilles traditions obscures, de costumes étranges, de mystères et de pompe. Dans la France du XXIème siècle, elle est la dernière expression physique d'une forme de continuité entre la France de l'Ancien régime et la République. C'est précisément son inutilité pratique qui lui confère sa dignité. En tant que temple de la langue, l'Académie est la gardienne de l'unité française.</p> <p>Lentement mais sûrement, la langue devient ainsi un des dénominateurs de la nation et l'un des piliers de l'absolutisme. Le roi en personne se manifeste à travers sa politique linguistique que couronne l'Académie, revêtue de sa toute-puissance pour unifier l'usage de la langue, de <em>sa </em>langue. A l'unification <em>par</em> la langue, décidée à Villers-Cotterêts, succède l'unification <em>de</em> la langue, décidée par l'établissement de l'Académie. Ces unifications successives permettent plus qu'elles ne reflètent l'unification de la nation même.</p> <p>A la cour de Versailles, les poètes et les dramaturges, souvent académiciens eux-mêmes, donc obligés du roi, vont se charger de donner à la langue tout son prestige. C'est de cette époque que date la transformation définitive du vieux français en notre français actuel, notamment depuis la publication du dictionnaire de 1740. Cette époque aura donc fixé les canons de l'architecture, des arts et de la langue. 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Et comme il n'existe plus ni roi, ni dieu pour se faire respecter, les législateurs vont considérablement accentuer la notion de la langue en tant qu'expression du pouvoir, jusqu'à en faire un pouvoir en tant que tel.</p> <p>Cette nouvelle politique est résumée dans le <em>Rapport et projet de décret sur l'organisation des écoles primaires </em>de 1791 qui stipule «que la langue française devienne en peu de temps la langue familière de toutes les parties de la République». A une époque où seuls 15 ou 20% de la population parle cette langue, il faut imaginer la violence de cette ambition. Talleyrand, dans son <em>Rapport sur l'instruction publique</em>, propose de «chasser cette foule de dialectes corrompus, derniers vestiges de la féodalité». En 1794, Barère de Vieuzac rédige un <em>Rapport du Comité de salut public sur les idiomes</em>: «L'idiome appelé bas-breton, l'idiome basque, les langues allemande et italienne ont perpétué le règne du fanatisme et de la superstition, assuré la domination des prêtres, des nobles et des praticiens, empêché la révolution de pénétrer dans neuf départements importants, et peuvent favoriser les ennemis de la France». Et de conclure: «Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton; l'émigration et la haine de la République parlent allemand; la contre-révolution parle l'italien, et le fanatisme parle le basque. Cassons ces instruments de dommage et d'erreur». 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Pour bien marquer son intention, il avait également souhaité que la mise en terre soit faite avant le culte, et non après. Le résultat fut tout à fait original. Plus de deux cent personnes avaient fait le voyage, certains des coins les plus reculés du continent, pour assister à l'enterrement d'un homme dont ils ne verraient pas le cercueil, et pour lequel aucune évocation ne serait servie par l'officiant. Cette vaste assistance, que l'amour pour mon père et sa famille avaient déplacée jusque dans cette église, n'a eu droit au final qu'à un culte ordinaire. Un culte excellent, grâce à un pasteur inspiré et une organiste hors pair. Mais un culte ordinaire.</p> <p>Lorsque j'ai pris connaissance des exigences de mon père, j'ai été moins surpris qu'inquiet. Face à une cérémonie si radicalement sobre, certains risqueraient de rester sur leur faim. Au bout de l'expérience, je me suis demandé si mon père n'avait pas eu là une intuition aussi dissidente que salvatrice. Car nos enterrements, libérés des obligations rituelles, semblent s'être quelque peu dispersés en une infinité de variations, aussi stressantes pour les proches que confondantes pour l'assistance. Comme pour les mariages, la disparition de la transcendance ritualisée a pour effet immédiat de reporter toute la cérémonie sur les individus qui se prêtent à l'exercice, jeunes mariés ou défunts. On assiste donc à une surenchère d'arrangements floraux, de chansons, de portraits, de discours et de performances dont le but est de souligner l'individualité humaine et non plus le divin. J'ai par exemple assisté à des funérailles où toute parole avait été bannie au profit d'une suite de chansons choisies par celui qui, dans son cercueil, n'en profiterait même pas. Comme personne ne parlait et que rien d'autre ne nous unissait que d'être assis à écouter des chansons en regardant un cercueil, la chose ressemblait plus à un salle d'attente d'aéroport qu'aux derniers adieux à un être cher. 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Dans un pays où l'Eglise orthodoxe a encore un pouvoir non négligeable et où identité nationale et religion ne font qu'un, les sacrements sont d'une surprenante uniformité. Lors de mon mariage, le pope ne nous avait posé qu'une seule question: voulez-vous la liturgie longue ou courte. Le reste allait de soi et ne nécessitait aucune instruction ou même d'opinion de notre part. Les enterrements sont à la même enseigne. Pour un occidental, la chose peut sembler brutale. Ainsi dans la plupart des cas, on enterre les morts le lendemain du décès. Et comme les gens sont généralement pris de court, on ne s'étend pas trop. En moins de trente minutes, le mort est sous terre ou consumé par le four crématoire. Le pope récite sa liturgie devant la tombe, tandis que des ouvriers en bleu de travail attendent, pelle en main, de la refermer. On ne passe pas une heure sur un banc d'église à essuyer ses larmes, à conforter ses voisins et à écouter les éloges de celui-ci ou de celle-là. Riche ou pauvre, on se retrouve dans une chapelle, on pleure un bon coup, on enterre vite le mort et on sort dans le désordre pour aller boire une bière et manger du porc grillé.</p> <p>En Suisse et en Occident d'une manière générale, la mort est devenue insupportable, alors on l'escamote. En Serbie comme dans beaucoup des pays anciennement communistes, la mort est encore présente dans le quotidien des gens. On imprime des petites annonces bordées de noir que l'on colle sur les portes des immeubles où vivait la personne décédée. C'est ainsi que j'ai appris qu'une de mes voisines avait atteint l'âge de 109 ans. Les personnes épinglent souvent un badge rectangulaire noir sur leur chemise pour indiquer qu'elles portent le deuil d'un être cher. Quarante jours après le décès, on se retrouve à nouveau pour une célébration et une collation animée. Et les collations qui suivent un enterrement ne se réduisent pas à quelques cacahuètes et un verre de vin, ce sont de véritables festins où l'on se lâche tout à fait. Ici la mort et l'amour sont encore tout à fait ritualisés. Cette apparente banalité et cette uniformité permettent aux proches de se libérer d'une quantité de questions impossibles et de décisions complexes. Que survienne un décès et tout le monde passe en pilote automatique et peut ainsi se concentrer sur l'essentiel et non sur les détails.</p> <p>Mon père aurait probablement apprécié ces manières simples et répétitives. N'étant pas du tout d'un naturel timide, son choix d'une ritualisation stricte aurait pu surprendre. On aurait pu attendre de lui qu'il fasse éclater l'ouverture de Tannhäuser ou qu'il ait convié un orchestre philharmonique pour nous offrir l'Adagietto de Mahler sur l'esplanade. Mais en sortant de la cérémonie il m'est apparu que, peut-être, il visait bien plus haut que quelques flatteries post-mortem. 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Les derniers fêtards de Halloween, hagards et le maquillage défait, déambulaient sans but dans les couloirs. J'attendais le premier train en direction de l'aéroport de Genève. Une jeune femme s'est approchée de moi et m'a demandé dans un anglais hésitant si c'était le bon train. Dans la trentaine, elle avait une longue chevelure blond platine, un maquillage impeccable, une bouche refaite, des bottines à talons, une robe en laine moulante, un chapeau de cow-boy et de longs ongles peints. Cette apparence détonnait avec la fillette de cinq ans qui l'accompagnait, et avec son ventre rebondi de femme enceinte de plusieurs mois. J'en ai rapidement déduit qu'elle se rendait, comme moi, à Belgrade.</p> <p>Durant le trajet qui nous menait à Cointrin, comme le train était vide, nous avons fait connaissance. Cette jeune mère vit dans une grande ville au sud de Belgrade et vient de rendre visite à sa mère qui vit depuis plusieurs années près de Lausanne. Elle a longtemps pensé émigrer en Suisse mais depuis qu'elle est mère, son avis a changé. Elle ne veut pas que ses enfants aient les cheveux bleus et des piercings et des problèmes d'identité sexuelle. De plus, et je lui donne raison, la Serbie est particulièrement sûre, on y vit très bien, et même si le coût de la vie a considérablement augmenté, on est encore très, très loin des prix suisses. Et puis elle ne se fait aucun souci. Les offres de travail bien payé, elle en a autant qu'elle en veut. Car elle est officier supérieur d'infanterie dans l'armée serbe. Et le monde est plein de femmes très riches qui paient très chers les services d'un garde du corps féminin et surentraîné, sans compter qu'elle est également ceinture noire de karaté.</p> <p>Ma vie en Serbie est pleine de rencontres de ce type. C'est-à-dire de gens qui ne vivent pas encore dans la matrice idéologique et médiatique tellement contrainte du monde occidental. Je dis pas encore, mais peut-être devrait-on dire déjà plus, l'avenir nous le dira. Quoiqu'il en soit, ces mondes sont géographiquement proches, mais distants de plusieurs galaxies pour ce qui concerne la manière de penser.</p> <p>Pour ce qui concerne l'élection américaine, mes amis belgradois indiquent par leurs choix une indépendance d'esprit vivifiante. A Belgrade, on peut parler de cette élection librement. En Europe occidentale, dire qu'on est trumpiste est suicidaire d'une part, et prévisible d'autre part. Cela signifie que l'on est soit vieux, soit chrétien, soit conservateur, soit tous les trois. A Belgrade, un nombre considérable de mes amis, et surtout de mes amies, professent plus d'attachement pour Trump que pour Harris. Des jeunes femmes urbaines, sexuellement libérées, éduquées supérieures et athées qui non seulement pensent, mais disent que Trump serait leur choix si elles pouvaient voter. 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On ne peut pas sous-estimer l'impact de ce souvenir sur une population. D'une année à l'autre, tout l'univers dans lequel ils avaient été éduqués et formés s'était volatilisé dans le sang et dans les larmes. Sans rentrer ici dans les questions de responsabilité, ces bouleversements ont modifié et formé la manière de penser des générations successives. Une idéologie, renforcée par des décennies d'endoctrinement, un univers de 22 millions d'habitants à la fois très réel et imaginaire, tout cela a été détruit et discrédité en quelques mois seulement. Des millions de gens se retrouvaient soudain exilés dans leur propre pays, entourés de frontières incertaines et de compatriotes désormais étrangers et ennemis. Pis, ils étaient instantanément interdits à la fois de souvenir et d'avenir, le premier étant honteux, le second trop indéfini pour être rêvé. Ceux-là même qui les avaient dirigés depuis des années leur déclaraient maintenant que rien ne pouvait plus être fait pour eux. 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Comme si je rendais un chauffeur de taxi coupable de ne pas être Ayrton Senna, ou la bistrotière du coin de la rue de ne pas être Alain Ducasse.</p> <p>Le temps moyen de visite du Louvre est d'environ une heure, snack et achats à la boutique compris. Ce qui signifie que l'écrasante majorité des visiteurs fonce tout droit vers la Joconde, bifurque pour faire coucou à la Vénus de Milo, puis fait une photo, de loin, de la Victoire de Samothrace avant de terminer au magasin de souvenirs pour y acheter des reproductions des bijoux portés par le modèle d'un portrait que l'on n'a pas eu le temps d'admirer. Spotify, l'application de streaming musical suédoise, propose une sélection à la fois gigantesque et minuscule à ses abonnés, dont je suis. Car comme le Louvre, Spotify aspire à l'universel et propose absolument tous les catalogues, de Palestrina au plus jeune rappeur de la côte est. Et comme le Louvre, Spotify ne vend effectivement qu'une partie infinitésimale de son catalogue. 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Caillebotte n'aurait jamais atteint ces hauteurs sans les milliers de peintres impressionnistes qui coexistaient à Montmartre à la fin du XIXème siècle. Personne ne devient un ou une grande artiste dans une solitude complète. Tous les grands noms de l'art sont entourés de myriades d'inconnus qui ont directement contribué à fertiliser ces quelques individus. Et tous les artistes qui ont acquis une renommée universelle font partie de vastes mouvements ou d'écoles qui ont été nourris par des milliers d'artistes anonymes, le plus souvent oubliés – et néanmoins absolument nécessaires.</p> <p>Comme nous ne valorisons plus que les artistes qui sont valorisés par le marché, les autres disparaissent avant même d'avoir livré bataille. Aujourd'hui, aucun peintre ne peut vivre de son art s'il n'est pas entouré par une galerie importante et par des institutions qui justifient des commandes et des subventions conséquentes. Aucun musicien ne peut vivre de son art sans un label puissant qui lui assure des tournées internationales. Aucun écrivain ne peut vivre de son art sans le soutien d'un éditeur réputé qui lui assure des campagnes de promotion dignes de celles que l'on réserve à des marques de vêtements. Les autres, les millions d'autres, sont très vite contraints à l'abandon en rase campagne, avant même d'avoir atteint leurs trente ans. Les conditions économiques de la production artistique sont devenues tellement exigeantes que même le rêve poussiéreux de l'artiste bohème est désormais inaccessible. On voudrait bien crever la faim dans un studio mal chauffé, mais même cela, on ne le peut plus. Alors on devient prof, ou publiciste, ou n'importe quoi pourvu qu'on puisse en vivre.</p> <p>Alors, bien sûr, le talent est une condition nécessaire et les collègues moins talentueux que Paul McCartney ont été oubliés. Mais Matisse, au début de sa carrière, était un mauvais peintre, un artiste sans talent. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
6 Commentaires
@pozzy 12.01.2024 | 09h52
«Magnifique série d'articles ! Merci. Juste une petite question à propos de la légende en tête: le mausolée de Moïse ne se trouve-t-il pas au Mont Nebo, en Jordanie, au-dessus de la mer Morte ?»
@XG 12.01.2024 | 11h38
«Merci pour cet article qui fait froid dans le dos. Une petite précision: Yom Kippour était le 24/25 septembre en 2023, c'était donc avant le 7 octobre, qui était effectivement jour de Shabbat. L'incurie de Bibi et de ses acolytes religieux ont plongé le pays dans une tourmente dont l'issue est incertaine. Lui-même a tout intérêt à ce que cette guerre se prolonge le plus longtemps possible pour rester au pouvoir et ainsi échapper à la prison. Ce n'est pas de bon augure pour Israël. L'Occident perd en Ukraine, perd au Moyen-Orient, il ne manque plus qu'un troisième front s'ouvre en Asie, et nous pourrons sonner l'hallali. Quand on élit des clowns, rien d'étonnant à ce que cela soit le cirque.»
@Alain Schaeffer 14.01.2024 | 20h49
«Quelques remarques à propos de la citation de D. Ben Gourion.
A la reconstitution de leur État, les Juifs avaient passé plusieurs siècles dispersés victimes régulièrement de persécutions comme les pogroms. Ce qui rend compréhensible leur retour dans leur région d'origine.
L’Etat d’Israël possède un territoire 2x plus petit que la Suisse. En comparaison du monde arabe qui s’étend du Maroc à l’Irak et de la Syrie au Yemen.
Sur ce dernier point, il est à considérer l’identité palestinienne comme nation. Les Palestiniens sont-ils plutôt arabes que palestiniens et à quel degré ? Wikipédia affirme que leur identité palestinienne s’est affirmée en particulier depuis la création de l’Etat d’Israël (article ‘’Palestiniens’’ en français). Les frontières et les entités de la Palestine, de la Jordanie, de l’Irak proviennent du colonialisme européen (à l’inverse de l’identité égyptienne ou syrienne plus évidentes au regard de l’histoire).
Malgré cela Israël a accepté le partage de la Palestine en 2 proposé par l’ONU en 1947, ce que les Palestiniens et les pays arabes ont refusé.
Attention encore au parti pris. Je prendrais volontiers la défense des Palestiniens par rapport à une autre article.
»
@simone 16.01.2024 | 08h55
«Merci de toutes ces tristes précisions! Je vous souhaite de tout coeur d'échapper à la vindicte de ceux qui ne tolèrent pas que l'on connaisse la vérité afin de trouver d'éventuelles solutions.»
@Alain Schaeffer 07.06.2024 | 12h30
«En complément du commentaire ci-dessus, on a entendu quelques années déjà après les accords d'Oslo entre Israël et l'OLP de 1993, ceux-ci aboutissant à la création de l'autorité palestinienne sur Gaza et une partie de la Cisjordanie, que Y.Arafat et l'OLP tenait un double discours un devant l'occident, un autre devant un public hostile à Israël, affirmations maintenant confirmée par Wikipedia. Plutôt que la paix et la réconciliation, c'était un accord tactique selon le principe du saucissonnage. Voici un extrait d'un de ces discours et le lien Wikipedia.
''12 jours avant la signature des accords d'Oslo, le 13 septembre 1993, Yasser Arafat a prononcé un discours préenregistré diffusé à la télévision jordanienne. Dans ce discours, il a fait savoir au peuple palestinien que la "Déclaration de principes", qui est devenue plus tard les Accords d'Oslo, ne constituait qu'un élément de la mise en œuvre de la "Stratégie des étapes" de l'OLP. Ce plan stratégique réaffirmait l'engagement de l'OLP à conserver tout le territoire de la "Palestine" et affirmait sa volonté d'employer tous les moyens disponibles, la lutte armée étant d'une importance primordiale, pour atteindre cet objectif.'' (trad. de l'anglais Deepl).
Lien https://en.wikipedia.org/wiki/Arafat%27s_Johannesburg_Address.
Gaza objet premier de cet accord voit le Hamas prendre le pouvoir à la suite d'élections en 2006.»
@Alain Schaeffer 07.06.2024 | 12h41
«Est-ce possible de publier après validation ce même commentaire rectifié dans la forme, merci sinon vous pouvez laisser le premier ?
En complément du commentaire ci-dessus, on a entendu quelques années déjà après les accords d'Oslo conclus entre Israël et l'OLP de 1993, ceux-ci aboutissant à la création de l'autorité palestinienne sur Gaza et une partie de la Cisjordanie, que Y.Arafat et l'OLP tenaient un double discours un devant l'occident, un autre devant un public hostile à Israël, affirmations maintenant confirmées par Wikipedia. Plutôt que la paix et la réconciliation, c'était un accord tactique selon le principe du saucissonnage. Voici des éléments d'un de ces discours et le lien Wikipedia.
''12 jours avant la signature des accords d'Oslo, le 13 septembre 1993, Yasser Arafat a prononcé un discours préenregistré diffusé à la télévision jordanienne. Dans ce discours, il a fait savoir au peuple palestinien que la "Déclaration de principes", qui est devenue plus tard les Accords d'Oslo, ne constituait qu'un élément de la mise en œuvre de la "Stratégie des étapes" de l'OLP. Ce plan stratégique réaffirmait l'engagement de l'OLP à conserver tout le territoire de la "Palestine" et affirmait sa volonté d'employer tous les moyens disponibles, la lutte armée étant d'une importance primordiale, pour atteindre cet objectif.'' (trad. de l'anglais Deepl).
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Gaza objet premier de cet accord voit le Hamas prendre le pouvoir à la suite d'élections en 2006.»