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Actuel / Ayman Odeh: «C'est nous, l'alternative à la droite. C’est le combat de l’opposition»


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Interview de Ayman Odeh, leader de la Joint List, la Liste arabe unifiée d’Israël, à la suite des élections législatives.




Cet article de Umberto De Giovannangeli a été publié sur le site d'information italien, Globalist, le 3 mars 2020. Traduit par Marta Czarska.


Les élections législatives israéliennes ont eu lieu de manière anticipée le 2 mars 2020. Aucun des deux principaux partis - le Likoud, coalition de droite-extrême droite, de Benyamin Netanyahu et le parti Bleu et blanc, centriste, de Benny Gantz - n'est parvenu à décrocher la majorité absolue. Le gouvernement n'est toujours pas en place, et les négociations continuent.

La gauche, elle, confie son avenir incertain à un Arabe israélien: Ayman Odeh, leader de la Joint List, la Liste arabe unifiée. Une union qui a payé, vu qu’après dépouillement de plus de 90% des bulletins de vote, la Joint List conquiert 15 sièges à la Knesset, le parlement israélien, deux de plus que lors des élections de septembre. Un résultat historique. 

Umberto De Giovannangeli: La Joint List consolide sa position de troisième force du nouveau parlement.

Ayman Odeh: C’est le meilleur résultat parlementaire depuis la première Knesset en 1949. Un résultat d’autant plus significatif que nous sommes le seul parti d’opposition à croître par rapport aux élections de septembre.

A quoi doit-on ce résultat?

A la cohérence de nos positions. A une opposition nette aux partis de droite et pas seulement à Netanyahu. L’ambiguïté ne paie pas et Benny Gantz (le leader du parti centriste Kahol Lavan, ndlr) a payé cher ses hésitations. Il a déclaré être l’homme qui aurait unifié Israël, mais il a mené une campagne électorale qui a divisé le front des anti-droite.

Vous faites référence à l'affirmation de Gantz que si c'est lui qui gagnait, il n’aurait pas intégré la Joint List dans son gouvernement?

Oui, à ça, mais pas seulement. Dans les faits, Gantz n’a pas su, ou peut-être pas voulu, se présenter comme le leader d’un vrai changement, porteur d’une vision radicalement opposée à celle des partis de droite. Il a poursuivi Netanyahu en cherchant à se présenter comme un modéré aux mains propres, mais sur les grands sujets sociaux et politiques, il a fait prévaloir la ligne de la continuité sur celle de la rupture. Un choix qui n’a pas payé. Tout comme de s’être mis d’accord avec Netanyahu sur l’acceptation du soi-disant «plan du siècle» de Trump. Ce plan a été fait à des fins électorales pour Netanyahu, dont le président américain est non seulement un partisan convaincu, mais aussi un ami personnel. Jouer sur la défensive est une erreur qui peut coûter cher en politique. Si Netanyahu peut se réjouir aujourd’hui, ce n’est certainement pas grâce au soutien des arabes israéliens, mais grâce aux résultats négatifs obtenus par Kahol Lavon et la gauche sioniste.

La Joint List est aujourd’hui le parti d’opposition le plus fort du camp progressiste. Comment va-t-elle utiliser le consensus obtenu?

Nous devons devenir l’alternative principale à la carte politique israélienne. C'est le début de la montée d'une vraie gauche. Une gauche qui dépasse les vieilles barrières identitaires, qui unifie par la vision et les batailles qu’elle mène au-delà de l’appartenance communautaire. La Joint List est née dans la communauté arabe israélienne (plus de 20% de la population d’Israël, ndlr), mais nous devons le résultat extraordinaire obtenu lors de ces élections au fait que nous avons aussi réussi à parler aux citoyens juifs progressistes, opposés à la dérive ethnocratique de la droite et qui ne supportent pas la subordination culturelle, plus encore que politique, démontrée par la gauche traditionnelle. Notre devoir désormais est de travailler dès à présent à la construction des relations avec toutes les communautés israéliennes confrontées à l’injustice.

Le vote récompense Netanyahu. Selon vous, à quoi doit-il ce succès?

Les composantes de ce résultat sont variées: il y a le caractère combatif de Netanyahu, le fait qu’il ait mené une campagne électorale agressive, contrairement à son principal opposant. Mais derrière ce résultat, il y a aussi un fait qui doit faire réfléchir et nous inquiéter: une partie d’Israël a donné sa confiance à un leader qui pourrait bien être condamné dans quelques semaines pour de graves délits de corruption. Ce vote indique que nombre d’israéliens ont préféré choisir l’homme fort et non pas la légalité.

Le front des partis de droite frôle la majorité des 61 sièges (59), mais ne l'atteint pas. Est-ce que le parti de la droite nationaliste d’Avigdor Lieberman, Yisrael Beiteinu, redevient décisif?

Se cramponner à Lieberman serait un suicide politique pour les forces progressistes israéliennes Lieberman n’a pas amélioré son consensus et, face au succès de Netanyahu, son pouvoir s'est nettement affaibli. Si la gauche ne veut pas disparaitre définitivement, elle doit s’armer pour une bataille d’opposition. Il n’y a pas d'autre solution.


 

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Lagom 10.04.2020 | 10h31

«Pour contourner l'islamisme en Irak et en Syrie, les chrétiens ont œuvré à fonder des partis laïcs, comme le Baath (Renaissance) et d'autres, que les USA avaient mis en morceaux. En Israël, les arabes semblent utiliser cette même technique en voulant s'inventer comme progressistes. C'est tout simplement de la politique. Dans le berceau des monothéistes l’appartenance à une religion est identitaire. Les régimes démocratiques dans cette région sont des défauts génétiques provisoires. La démocratie n'est qu'une parenthèse limitée dans le temps, qui se referme très vite dès que l'occasion se présente, comme en Turquie, en Iran, en Syrie, etc. »


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