Actuel / Huitante ans après: les plaies ouvertes de la guerre d'Espagne
Le drapeau de la République espagnole pour commémorer la Desbandá. © Yves Magat
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Photos prises par le médecin canadien Norman Bethune. © DR</h4> <h3>La commémoration de la Desbandá </h3><p>Ici en Andalousie, on a aussi commémoré ces derniers jours la «Desbandá», une marche éperdue de 300'000 civils fuyant la prise de Málaga par les franquistes en direction d'Almería en février 1937. Il s'agissait surtout de femmes, de vieillards et d'enfants car les hommes étaient sur le front. Ces réfugiés étaient bombardés en permanence par l'aviation allemande et italienne ainsi que les cuirassés de la marine de guerre espagnole aux mains de Franco. «Nous exigeons un véritable recensement du nombre de victimes», réclame Rafael Morales, initiateur de la commémoration qui depuis trois ans rassemble des marcheurs pendant dix jours de Málaga à Almería sur les traces de ce massacre. 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Je m’inclus modestement parmi ces derniers pour avoir couvert pour la RTS plusieurs événements antérieurs à cette crise. </p> <p>Flashback et premier acte: j’étais en Ossétie du Sud en 2008 lorsque le président géorgien Saakachvili a voulu récupérer militairement ce territoire. Ses habitants avaient été instrumentalisés, en même temps que ceux d’Abkhazie, par une indépendance orchestrée de Moscou à la chute de l’URSS. Le président géorgien espérait naïvement un soutien militaire occidental. Et comme les Ossètes détestent les Géorgiens pour des raisons que l’histoire et les grandes puissances leur ont imposées, ils ont cru brièvement à leur salut par la Russie. Tous les habitants de ce territoire que j’ai rencontrés se réjouissaient alors de leur nouveau passeport russe distribué largement. Pour eux, l’agresseur qui les bombardait était l’armée géorgienne. J’ai pu voir les tanks russes arriver à leur rescousse par le tunnel de Roki depuis l’Ossétie du Nord qui fait partie de la Fédération de Russie. On a donc tous fermé les yeux. Après tout, si les Ossètes du Sud veulent se réunifier avec les Ossètes du Nord au sein de la Russie…</p> <h3>Les «petits hommes verts» en Crimée</h3> <p>Deuxième acte: j’étais en Crimée en 2014 le jour de l’invasion par les «petits hommes verts». On appelait ainsi les soldats sans identification envoyés par Moscou. Mais les bidasses russes n’ont plus la discipline d’antan. Certains soldats avaient oublié de dévisser les plaques russes de leur véhicule… Il faut reconnaître que Sébastopol est une ville fondamentalement russe par son histoire et sa culture. Elle forme une division administrative à part. Quant à la majorité russe du reste de la Crimée, elle a accueilli avec satisfaction la réincorporation de la péninsule dans la Russie dont elle faisait partie jusqu’à son transfert en 1954 par Nikita Krouchtchev dans la république socialiste soviétique d’Ukraine.</p> <p>A l’époque, ce changement, commémorant un anniversaire historique, était sans importance puisque tout se passait au sein de l’URSS. Et les Russes de Crimée n’étaient pas mécontents de se débarrasser des vexations administratives que leur infligeait le gouvernement de Kiev. Quant aux Ukrainiens de Crimée, ils étaient eux-mêmes essentiellement russophones et n’ont guère réagi. Seuls les Tatars ont exprimé leurs craintes. Du coup leurs chaînes de télévision et radio de Bakhtchissaraï ont été aussitôt fermées par le nouveau pouvoir russe. A priori je continue de penser que la Crimée n’est pas plus ukrainienne que russe ou tatar. Néanmoins ce n’est pas aux chars de Poutine, ni à la parodie de référendum organisé en deux semaines, de décider de l’avenir de cette péninsule qui a vu le passage de plus de vingt-cinq peuples dans son histoire. Finalement l’Occident a condamné mollement.</p> <p>Troisième acte: le Donbass. Les difficultés économiques provoquées par le déclin des mines de charbon et l’indifférence du pouvoir central de Kiev ont pu être instrumentalisées facilement par Moscou. Même si le gouvernement ukrainien a commis de graves bévues, notamment en déclassant le statut de la langue russe, le problème n’est pas ethnique ou linguistique. Ici comme dans le reste du pays, un nombre infini de familles ont une double origine, russe et ukrainienne. Les affrontements sanglants qui s’y déroulent depuis 2014 ne sont qu’un moyen de plus du système Poutine pour faire pression sur un pays soupçonné de vouloir quitter la sphère d’influence russe. Les heurts violents avec l’armée ukrainienne ont pu donner l’impression qu’il y avait des torts des deux côtés. Et le gouvernement de Kiev a trainé les pieds pour accorder plus d’autonomie à cette région, comme le stipulaient les accords de Minsk de 2014 et 2015 que personne n’a respectés. Malaise et donc absence de réaction de l’Occident.</p> <p>On peut ajouter à tout cela la situation de la Transnistrie, cette bande de territoire, également autoproclamé indépendant au sein de la Moldavie, le long de la frontière ukrainienne (ce n’est pas un hasard). On y trouve évidemment des bases militaires russes. L’Occident s’en est désintéressé totalement, regardant cette affaire avec commisération, comme s’il s’agissait de la Syldavie de Tintin. La boucle est bouclée. L’Ukraine pouvait être attaquée, avec l’aide du vassal biélorusse dont le territoire complète une bonne partie du verrou.</p> <h3>Rêve de puissance eurasiatique</h3> <p>Les hommes vieux et paranoïaques qui encadrent Poutine croient maintenant rejouer une version de la «Grande guerre patriotique». Ces purs produits des services de sécurité soviétiques peuvent au passage museler enfin la Russie. Peu importe que leur pays soit devenu un «Etat-paria». Poutine a coupé définitivement les ponts avec l’Occident en prenant ses rêves de grande puissance eurasiatique pour la réalité. Il menace le monde d’une guerre atomique, ce que même les dirigeants soviétiques n’ont jamais osé faire en quarante-cinq ans de guerre froide. 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Ici chacun est dûment identifié par son origine prolétarienne: mécanicien, ouvrier automobile, etc. Et bien sûr l’effort ne doit pas être gratuit: on en profite pour amener au sommet une station météo, des appareils de transmissions radio et… un buste de Joseph Staline. L’équipe est encadrée toutefois par un jeune homme au regard franc et à la profession moins prolétaire, le peintre-sculpteur sibérien Evgueni Abalakov, un homme qui deviendra avec son frère Vitali l’un des plus grands alpinistes soviétiques au travers de la <em>Société du tourisme prolétarien</em>.</p> <h3><strong>L’alpinisme: une mission d’Etat</strong></h3> <p>Evgueni est une force de la nature. Alors que ses compagnons sont épuisés par le froid (- 45° C) et l’altitude (plus de 7000 m.), il fait des allers et retours pour poser des cordes ou croquer sur un cahier des vues des sommets: le pic Guépéou (ancêtre du KGB…) ou le <em>Mur de l’Armée rouge des paysans et des ouvriers</em>. Chacune des expéditions de cette époque est une victoire humaine et politique dont on cache soigneusement les tragédies: engelures, avalanches, crevasses et infections ont leur compte de victimes mortelles. Le matériel est sommaire, même pour les standards de l’époque, mais les alpinistes font la une des journaux soviétiques. Leurs photos apparaissent en première page avec des visages blancs de crème lanoline, corde de chanvre à l’épaule, lunettes noires et lèvres gercées. Ils accomplissent un devoir, une mission d’Etat: «L’enjeu de l’ascension du pic Staline, c’était de remplacer Dieu par le marxisme, sur l’autel de la Terre»<em>,</em> écrit Cédric Gras. C’est ainsi que les sommets se succèdent: pic Staline, pic Lénine, pic du Communisme, pic Karl Marx…</p> <h3><strong>Un Suisse au pays des Soviets</strong></h3> <p>L’auteur a épluché les archives soviétiques et exploré sur place les terrains de conquête des alpinistes soviétiques de l’époque. Ces sommets étaient négligés par leurs confrères occidentaux, intéressés surtout par les Alpes et l’Himalaya. Avec de rares exceptions toutefois, celles de quelques Suisses. L’écrivaine Ella Maillart aurait aimé participer à l’une de ces ascensions, comme elle le mentionne dans <em>Des monts célestes aux sables rouges,</em> que cite Cédric Gras. Sans succès toutefois. Sa lucidité face au stalinisme la rendait probablement suspecte. Par contre le militant communiste soleurois Lorenz Saladin parvient à s’infiltrer dans le cercle très fermé des alpinistes soviétiques. Il devient un ami inséparable des deux frères Abalakov et de leurs compagnons de cordée. A ses talents de montagnard expérimenté, le Suisse en ajoute un autre précieux, il est un photographe hors-pair. Ses expéditions au pays des Soviets se succèdent: Caucase, Pamir, Altaï, Tien-Shan. Ses clichés, disparus pendant de nombreuses années, sont époustouflants et ne se limitent pas aux montagnes. Ils documentent abondamment les populations de ces régions asiatiques et sont visibles au <em>Musée alpin suisse</em> de Berne. Pour raconter au passage les aventures de l’alpiniste suisse, Cédric Gras s’inspire du livre de l’émouvante Annemarie Schwarzenbach : <em>Lorenz Saladin, ein Leben für die Berge</em>. Cette autre grande écrivaine voyageuse suisse avait été impressionnée par le Soleurois et avait cherché, autant que possible à son époque, à en retrouver le parcours, en se rendant même jusqu’à Moscou pour cela.</p> <p>Lorenz Saladin finit pourtant tragiquement. En 1936, il participe à une expédition délicate dans le Tien-Shan. C’est un massif très septentrional et en raison des difficultés administratives d’obtention de son visa, le départ de la colonne est retardé jusqu’à fin août. Trop tard car les conditions météorologiques sont alors cauchemardesques. Les accidents se succèdent lors de la descente du sommet du Khan Tengri. Vitali Abalakov et d’autres compagnons de cordée perdent plusieurs doigts des mains et des pieds. Il faut encore zigzaguer vingt kilomètres entre les crevasses et les moraines du glacier Inyltchek. Lorenz Saladin, malgré son équipement de qualité «suisse», subit lui aussi de graves engelures. Ses doigts sont noirs et puent la charogne. Vitali tente de le soigner en ouvrant au couteau les chairs mortes qu’il désinfecte avec le pétrole des lampes. Le 17 septembre 1936, l’alpiniste communiste suisse meurt dans d’atroces souffrances, probablement de septicémie.</p> <h3><strong>Victimes de la Grande Terreur</strong></h3> <p>Une année plus tard, inévitablement, le couperet de la <em>Grande Terreur</em> finit par tomber aussi sur les alpinistes soviétiques comme sur le reste de la société. Une purge du NKVD vise la prétendue <em>Organisation contre-révolutionnaire facho-terroriste des alpinistes et randonneurs</em>… Le 4 février 1938, Vitali Abalakov est arrêté chez lui à Moscou. Il est torturé puis accusé d’avoir participé à une tentative d’assassinat du camarade Staline lors du défilé du Premier Mai. Comme tout le monde il avoue n’importe quoi et dénonce n’importe qui. Le défunt Lorenz Saladin devient un espion suisse pour lequel il aurait travaillé. On ne saura jamais pourquoi l’autre frère Abalakov, Evgueni, n’a jamais été inquiété, ni pourquoi Vitali est finalement libéré deux ans plus tard.</p> <p>Puis la <em>Grande guerre patriotique</em> utilise les compétences des rares alpinistes ayant échappé au goulag, comme Evgueni Abalakov. Grâce à eux, en 1943, les troupes allemandes sont chassées du Mont Elbrouz, le sommet de l’Europe. Mais ce prodigieux alpiniste, qui rêvait d’être le premier à escalader un jour l’Everest, meurt piteusement en 1948 dans sa salle de bain, intoxiqué par le chauffe-eau à gaz, une version que sa veuve et son fils réfuteront toute leur vie, sans preuve.</p> <p>Pendant ce temps, Vitali, partiellement handicapé, développe du matériel d’escalade. Mais malgré ses amputations, il cède à nouveau au virus de la montagne. Avec une force de volonté hors du commun, il reprend du service en serrant les dents lorsque ses moignons sont trop douloureux. Il est nommé à la tête de la section d’alpinisme du club sportif <em>Spartak</em> et mène avec une discipline de fer une succession d’expéditions. Son dernier sommet, le 30 août 1956, est le pic de la Victoire, le seul 7000 d’URSS encore vierge. La montagne est face au Khan Tengri qui lui a couté ses doigts et la moitié d’un pied trente ans plus tôt. 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C’est la journée de nettoyage des bisses, ces canaux d’irrigation centenaires qu’on appelle ici des Suonen. Il faut les dégager des branches et des pierres qui s’y sont accumulées pendant l’hiver. Le système de gestion des bisses au travers de «consortages» est le thème de la nouvelle exposition du <a href="https://www.musee-des-bisses.ch/" target="_blank" rel="noopener">Musée valaisan des Bisses</a>, dès le 24 avril à Ayent.</p> <p>Ici à Ausserberg, c’est maintenant la pause de midi. Chacun s’assied sur la pente face au soleil. Les installations industrielles de Lonza, loin en contrebas, sont bien visibles et permettent d’imaginer la production frénétique des vaccins contre le covid-19. 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Le troisième collier définit précisément la quantité d’eau à laquelle chaque membre du consortage a droit en fonction de ses prairies. Depuis les premiers documents du XVè siècle qui prouvent l’existence des bisses en Valais, le système a quand même passablement évolué, même s’il garde sa philosophie communautaire originelle. Aujourd’hui, l’intervention financière ou logistique des communes, voire du canton, est fréquente. Et le branchement des bisses sur des systèmes modernes d’arrosage est maintenant courant.</p> <p>A Ausserberg, il n’y a plus que vingt-cinq agriculteurs à temps partiel et une agricultrice à plein temps. Mais dans ce village, comme ailleurs dans le canton, tout le monde est attaché à ses bisses. On en dénombre actuellement 188 en Valais, totalisant 742 km. Tous ne sont toutefois pas fonctionnels pour l’agriculture. De nombreux bisses ont acquis une vocation touristique et sont longés par des sentiers de randonnée très fréquentés en été. 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Le nouveau maire de la ville française, dans le département des Hautes-Alpes, veut fermer cette structure d'accueil au 28 octobre. Notre reportage.', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p><strong>Briançon, France.</strong> En début de nuit, une équipe de maraudeurs solidaires de Briançon découvre trois jeunes adolescents errant dans la montagne entre l’Italie et la France. Ils cherchent leur chemin au-dessus de ce qui sera bientôt, comme chaque année, le domaine skiable franco-italien du Montgenèvre. C’est la plus ancienne station de ski française et le col routier qui la traverse passe à 1850 mètres. Ici il fait toujours beaucoup plus froid qu’à une altitude équivalente dans le reste des Alpes. Les jours de cette mi-octobre sont ensoleillés mais pendant la nuit on est déjà proche de zéro degré.</p> <p>Un peu plus tard, les trois adolescents sont rassurés et réchauffés au Refuge solidaire de Briançon, une structure que le nouveau maire de la ville veut fermer au 28 octobre. Les jeunes rescapés racontent leur histoire avec l’aide d’un interprète bénévole. Comme tant d’autres en ce moment, ils ont fui l’Afghanistan, où la guerre est sans fin entre l’armée gouvernementale, les islamistes talibans et de nombreuses factions rivales politico-maffieuses. Malheureusement, dans la violence de la traversée d’une autre frontière, entre la Bosnie-Herzégovine et la Croatie, ils ont perdu de vue leurs parents et ont décidé de continuer sans eux. Parmi les migrants qui arrivent ces derniers mois ici à Briançon, les nombreuses histoires de violences perpétrées par les gardes-frontières croates font froid dans le dos.</p> <p>Le réseau solidaire organise rapidement une prise en charge des trois adolescents afin de les amener à Paris où des amis de leur famille devraient les recevoir. Tout le monde espère que leurs parents les y retrouveront dans un bref délai mais pour l’instant les enfants n’ont pu reprendre aucun contact téléphonique avec eux.</p> <h3><strong>Afghans et Iraniens</strong></h3> <p>Depuis son ouverture il y a trois ans, le Refuge solidaire de Briançon a déjà vu passer plus de dix mille personnes pour des séjours en général très courts, rarement plus de trois à quatre jours. Il n’y a maintenant plus beaucoup d’Africains de l’ouest, comme c’était le cas jusqu’à l’an dernier. Actuellement ce sont surtout des familles afghanes (souvent de la minorité hazara) et kurdes iraniennes qui ont parfois derrière elles plusieurs années de voyage hasardeux et des séjours horribles dans les camps des îles grecques. Et même ici, rien n’est joué. La gendarmerie effectue régulièrement des rafles dans la gare de Briançon, comme celle à laquelle j’ai pu assister. Les migrants qui s’apprêtaient à prendre le train sont reconduits à la frontière. Parfois on leur permet alors de remplir une demande d’asile en bonne et due forme pour les ramener ensuite à Briançon. Mais le plus souvent ils sont expulsés vers l’Italie. Ils tentent en général de passer à nouveau la nuit suivante.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1602935675_brianconpolice.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " /></p> <h4>Arrestation de migrants par la gendarmerie devant la gare de Briançon. © Yves Magat</h4> <p>A l’extérieur du Refuge solidaire, une famille iranienne profite du soleil pour se prendre en photo avant de monter dans le bus pour Grenoble puis le train de Paris. Dans ce cas, ce ne sont pas des Kurdes: «Nous sommes des Chrétiens», me dit la maman dans un anglais sommaire en me montrant un petit pendentif doré en forme de croix.</p> <p>Son mari la regarde tendrement et leur fillette d’une dizaine d’années, plaisante avec ses parents. La maman m’explique qu’ils sont de religion protestante. «L’Iran est un pays musulman, on nous considère comme des apostats. C’était de plus en plus difficile pour nous.»</p> <p>La famille décide alors il y a quatre ans de quitter Téhéran avec une des grand-mères et de s’installer en Turquie. Mais elle ne s’y sent guère mieux dans un environnement musulman exacerbé par la politique de renouveau religieux du président Erdoğan. Ces protestants iraniens reprennent alors la route et arrivent dans les Balkans. «En Serbie, nous n’avions pas de problème car c’est un pays chrétien, m’explique tant bien que mal la maman. Mais les conditions de vie étaient très difficiles. J’ai fait une fausse couche et ma mère qui nous accompagnait est décédée.»</p> <p>Les parents et leur fille se décident alors pour un nouveau départ. Cette fois, leur objectif est la France où ils n’ont toutefois pas de point de chute. L’errance est sans fin mais ils semblent garder confiance.</p> <h3><strong>Décision contestée</strong></h3> <p>Le Refuge solidaire de Briançon voit depuis le début de l’été un nombre croissant d’arrivées en provenance d’Italie: 150 en juin, 250 en juillet, 350 en août, 450 en septembre….</p> <p>«Nous atteignons des chiffres semblables à ceux d’il y a trois ans, lorsque nous avons ouvert le refuge», m’explique Philippe Wyon.</p> <p>Ce Briançonnais d’adoption est un ancien accompagnateur en montagne et un des fondateurs du Refuge solidaire. Depuis la menace de fermeture annoncée de façon inattendue le mois dernier par Arnaud Murgia, le nouveau maire de Briançon, Philippe Wyon est une des personnes qui se mobilisent sans compter pour renverser cette décision.</p> <p>«Le maire a mal apprécié la situation. Il croyait avoir affaire à un petit groupe de gauchistes mais il s’aperçoit que ce n’est pas si simple. Quand on ne veut pas accueillir les gens, ça se passe mal, continue Philippe Wyon de son habituel ton posé, plus proche du guide montagnard que du militant. Mais ici à Briançon, il n’y a jamais eu de problème. Ce n’est pas Calais, on est sur du flux, les exilés n’ont aucun désir de rester, alors que Calais, c’est une impasse.»</p> <p>Le maire de Briançon est aussi président de la Communauté de communes et donc doté d’un pouvoir important. Membre du parti Les Républicains, il a battu au second tour des élections législatives en juin dernier son prédécesseur à la suite d’une division des listes de gauche. Elles ont refusé de fusionner et n’ont pas fait le poids face à la liste unique de droite.</p> <h3><strong>Image touristique menacée</strong></h3> <p>L’attitude du maire est incompréhensible pour beaucoup de monde et on se demande si ce n’est pas juste un coup d’esbroufe pour rallier les sympathies d’extrême-droite et propulser sa carrière. La fermeture du refuge ne faisait même pas partie de son programme électoral. La ville de Briançon est reliée par télécabine à Serre Chevalier. C’est une station de ski en hiver et une base de randonnée en été. Une bonne partie de son électorat travaille dans le commerce et le tourisme, des Briançonnais qui n’ont pas du tout envie de voir ternir l’image de leur ville par des familles de migrants dormant dans la rue ou la gare de départ de la télécabine.</p> <p>La menace du maire a déclenché de vives réactions à travers toute la France, emmenées par les plus importantes associations humanitaires du pays: Abbé Pierre, Emmaüs, Médecins du Monde. Une pétition de protestation a recueilli en quelques semaines plus de 37 000 signatures à la tête desquelles se trouvent celles de Mgr Xavier Malle, évêque de Gap, ainsi que du sociologue Edgar Morin.</p> <p>La trêve hivernale qui commence le 1<sup>er</sup> novembre devrait, selon la règle, empêcher de mettre à la rue les personnes hébergées, mais ce n’est qu’un répit. Les membres du collectif qui gère le refuge espèrent en profiter pour faire passer à la mairie une proposition de commission qui étudierait des solutions pour remplacer l’actuel bâtiment vétuste car c’est une ancienne caserne des CRS totalement inappropriée à ses fonctions actuelles. En attendant il reste à savoir qui va payer la facture du fuel pour le chauffage qui était jusqu’à présent prise en charge par la mairie. Une préoccupation très matérielle mais fondamentale pour passer l’hiver briançonnais.</p> <p> </p> <hr /> <h2><strong>Films et livres présentés à Briançon</strong></h2> <p>Le premier <a href="http://festival-exils.org/" target="_blank" rel="noopener">Festival Exils</a> s’est tenu à Briançon du 7 au 11 octobre dernier. Malgré les restrictions sanitaires, il a vu arriver un large public pour assister à la projection de quatorze documentaires, dont le film <em>Vol spécial</em> de Fernand Melgar. Des tables rondes ont été organisées sur la thématique des migrations et une librairie temporaire proposait des dizaines de livres récents traitant de ces questions. Parmi ceux-ci, <em>La route à bout de bras</em> (<a href="http://www.migrilude.com" target="_blank" rel="noopener">Editions Migrilude</a>) a été lancé en présence de son auteur, Mamadou Sow, jeune migrant guinéen handicapé, qui a lui-même transité par le refuge de Briançon il y a deux ans. Ce récit de vie, sous forme d’abécédaire à la première personne, raconte les discriminations dont sont victimes les handicapés en Afrique. 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Almería, Andalousie, Espagne
L'Espagne semble ne jamais se libérer de ses vieux démons. Et en ce moment les calendriers entrent en collision. Le récent succès du parti ouvertement franquiste Vox aux élections régionales andalouses du 2 décembre dernier pourrait être un banc d'essai avant les élections générales anticipées du 28 avril. Le pays va se retrouver en pleine campagne électorale exacerbée par une extrême-droite qui relève la tête juste au moment où on commémorera le 1er avril les 80 ans de la chute de la République et l’avènement au pouvoir du dictateur Franco en 1939. Chacun se remémorera selon ses convictions les 988 jours de guerre d'Espagne qui ont abouti à 400'000 morts dont une moitié de civils.
Réfugiés de la Desbandá. Photos prises par le médecin canadien Norman Bethune. © DR
La commémoration de la Desbandá
Ici en Andalousie, on a aussi commémoré ces derniers jours la «Desbandá», une marche éperdue de 300'000 civils fuyant la prise de Málaga par les franquistes en direction d'Almería en février 1937. Il s'agissait surtout de femmes, de vieillards et d'enfants car les hommes étaient sur le front. Ces réfugiés étaient bombardés en permanence par l'aviation allemande et italienne ainsi que les cuirassés de la marine de guerre espagnole aux mains de Franco. «Nous exigeons un véritable recensement du nombre de victimes», réclame Rafael Morales, initiateur de la commémoration qui depuis trois ans rassemble des marcheurs pendant dix jours de Málaga à Almería sur les traces de ce massacre. On estime le nombre de morts entre 5000 et 15'000, deux mois avant Guernica. «Nous exigeons aussi la création d'une commission de la vérité ainsi que la reconnaissance de ces événements par les gouvernements espagnol, allemand et italien», ajoute Rafael Morales.
Marcheurs commémorant le massacre de la Desbandá en Andalousie. © Yves Magat
Au cours de leur fuite, de nombreux Andalous se sont noyés en traversant l'estuaire du Guadalfeo gonflé par les pluies. D'innombrables personnes sont mortes sous les chutes de rochers provoquées par les obus ou sous les balles des avions qui volaient en rase-mottes. Avec des actes héroïques, comme celui du gardien du phare de Torre del Mar, Anselmo Antonio Vilar. Le 6 février 1937 il éteint sa lumière pendant deux jours pour que les milliers de réfugiés qui campent sur la plage ne puissent pas être repérés. Il le paie cher: dès la prise de la ville par les franquistes deux jours plus tard, il est fusillé.
Chape de plomb
De la Desbandá andalouse à la Retirada finale de 1939, on ne compte pas les tragédies ensevelies ensuite sous une chape de plomb pendant le franquisme. Et aujourd'hui encore, la révélation de ces événements représente un enjeu politique. «Nous avons eu 40 ans de démocratie qui était une sorte d'amnésie», m'explique l'eurodéputé de Podemos Miguel Urbán. «Nous ne voulons pas rouvrir les blessures mais au contraire les cicatriser une bonne fois pour toutes», ajoute-t-il.
En habits d'époque pour commémorer la Desbandá. © DR
Car ces blessures sont nombreuses: les massacres perpétrés par les troupes franquistes, les crimes de la dictature, les exécutions sommaires par les milices des différents partis de gauche ou les combats acharnés entre communistes et anarchistes sous les yeux amusés des forces franquistes qui attendaient leur heure.
Vox: L'extrême-droite désinhibée
Aujourd'hui l'extrême-droite ne se gêne plus d'exprimer ses convictions rétrogrades, à l'égard des femmes notamment. Et elle rejette tout «devoir de mémoire» lié au franquisme. Quant à la gauche espagnole, elle est plus divisée que jamais dans un jeu d'alliances fragiles entre les socialistes, Izquierda Unida et Podemos. Avec comme conséquence pour le récent scrutin andalou un taux d'abstention inhabituel de 43%. Beaucoup de monde en Espagne a le sentiment d'un «déjà vu» il y a 80 ans, même si heureusement maintenant on se bat dans l'isoloir et non plus dans les rues.
Juan Romero, survivant de la Desbandá: «Moi, je n'oublierai pas!» © Yves Magat
Lorsque Juan Romero, 89 ans a appris que les marcheurs de la Desbandá passaient près de chez lui, il est venu à leur rencontre au volant de sa vieille voiture. Il avait 7 ans quand il a fui sur cette même route avec ses parents. Les larmes aux yeux il nous dit: «Je me souviens de l'Histoire car je l'ai vécue. Même si certains veulent l'oublier, moi je ne l'oublierai pas!»
Les Suisses et la guerre d'Espagne
Le drame de la guerre d'Espagne déclenche un immense élan de solidarité à gauche dans le monde entier. 40'000 brigadistes de 50 pays partent combattre aux côtés de la république. Selon les historiens Nic Ulmi et Peter Huber, environ 800 Suisses y prendront part. Un quart périra dans les combats et les autres seront souvent à leur retour en Suisse condamnés à des peines de prison pour avoir endossé l'uniforme d'une armée étrangère.
Parmi ces brigadistes suisses on peut citer le cas peu connu de Raymond Kamerzin. Originaire d'Icogne en Valais, il était un militant communiste formé à l'école Lénine de Moscou. Avant de partir en Espagne il aurait été chargé d'infiltrer des milieux fascistes suisses. Finalement après avoir combattu aux côtés des brigadistes, il disparaît mystérieusement. La thèse la plus probable est qu'il ait été victime comme de nombreux brigadistes de la la paranoïa stalinienne et qu'il ait été exécuté par des agents de Moscou.
La maternité suisse
Une autre personnalité suisse peu connue ayant pris part aux événements d'Espagne est Elisabeth Eidenbenz.
Elisabeth Eidenbenz, une Suissesse en aide aux enfants de la guerre d'Espagne. © DR
Vers la fin de la guerre, cette institutrice zurichoise et de nombreux Suisses s’engagent dans l’Aide suisse aux enfants d’Espagne. Ils sont proches des églises et des mouvements pacifistes. Les camions à la croix blanche sillonnent la Catalogne avec des vivres et des médicaments.
Puis en 1939, un demi million de civils espagnols fuient vers la France et sont parqués dans des camps sur les plages. Les adultes et surtout les bébés y meurent comme des mouches.
Elisabeth Eidenbenz obtient alors l’autorisation de transformer une demeure abandonnée en maternité dans le village français d'Elne près de Perpignan. Six cents bébés espagnols puis quelques Juifs y naissent et échappent à une mort certaine.
Camion de l'Aide suisse aux enfants d'Espagne. © DR
Chronologie
1936
- 17 juillet: le général Franco prend le contrôle des troupes du Maroc espagnol qui se soulèvent contre la République
- 19 juillet: le président Azaña fait armer les milices des syndicats et des partis de gauche
- 26 juillet: l'Allemagne et l'Italie envoient des avions de guerre aux rebelles
- 8 août: au nom du Comité de non-intervention, embargo de la France sur les armes à destination de la République
- 29 septembre: Franco nommé chef de l'état et généralissime des armées rebelles
- 7 octobre: l'URSS commence à livrer des armes à la République
- 6 novembre: le gouvernement quitte Madrid et s'installe à Valence
- 8 novembre: début de la bataille de Madrid
1937
- 8 février: prise de Málaga par les franquistes avec l'aide des troupes allemandes et italiennes. 300'000 civils fuient sous les bombes en direction d'Almería, c'est la Desbandá
- 26 avril: bombardement de Guernica par les avions allemands et italiens
- 3 mai: anarchistes, communistes et gardes d'assaut républicains s'affrontent pour le contrôle du bâtiment de la Telefónica à Barcelone, plus de 200 morts
- 19 juin: prise de Bilbao par les franquistes et fuite de milliers de civils
- 18 septembre: le chef du gouvernement républicain Juan Negrín devant la Société des Nations à Genève pour réclamer, sans succès, la fin de l'embargo sur les armes et l'interdiction des interventions étrangères
- 28 octobre: gouvernement républicain transféré à Barcelone
1938
- 8 mai: le Vatican reconnaît le gouvernement de Franco
- 25 juillet: début de la bataille de l'Ebre, la plus acharnée de toute la guerre
- 16 septembre: bombardement aérien de Barcelone
- 23 décembre: début de l'offensive contre la Catalogne
1939
- 26 janvier: prise de Barcelone par les troupes marocaines du général Yagüe
- 27 février: la France et le Royaume Uni reconnaissent le gouvernement de Franco installé à Burgos. Démission du président Azaña exilé à Paris
- 28 mars: les troupes franquistes entrent à Madrid
- 1er avril: Franco signe la fin de la guerre après la reddition sans conditions des dernières troupes républicaines
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Le récent succès du parti ouvertement franquiste Vox aux élections régionales andalouses du 2 décembre dernier pourrait être un banc d'essai avant les élections générales anticipées du 28 avril. Le pays va se retrouver en pleine campagne électorale exacerbée par une extrême-droite qui relève la tête juste au moment où on commémorera le 1er avril les 80 ans de la chute de la République et l’avènement au pouvoir du dictateur Franco en 1939. Chacun se remémorera selon ses convictions les 988 jours de guerre d'Espagne qui ont abouti à 400'000 morts dont une moitié de civils. <br><br><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w800/1550755643_refugies.jpg"></p><h4 style="text-align: center;">Réfugiés de la Desbandá. 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On estime le nombre de morts entre 5000 et 15'000, deux mois avant Guernica. «Nous exigeons aussi la création d'une commission de la vérité ainsi que la reconnaissance de ces événements par les gouvernements espagnol, allemand et italien», ajoute Rafael Morales. <br><br><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1550751772_espagne1.jpg"><span style="font-size: 1.6rem; font-family: Roboto, "Helvetica Neue", Arial, sans-serif;"></span></p><h4 style="text-align: center;">Marcheurs commémorant le massacre de la Desbandá en Andalousie. © Yves Magat</h4><p>Au cours de leur fuite, de nombreux Andalous se sont noyés en traversant l'estuaire du Guadalfeo gonflé par les pluies. D'innombrables personnes sont mortes sous les chutes de rochers provoquées par les obus ou sous les balles des avions qui volaient en rase-mottes. Avec des actes héroïques, comme celui du gardien du phare de Torre del Mar, Anselmo Antonio Vilar. 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Finalement après avoir combattu aux côtés des brigadistes, il disparaît mystérieusement. La thèse la plus probable est qu'il ait été victime comme de nombreux brigadistes de la la paranoïa stalinienne et qu'il ait été exécuté par des agents de Moscou. </p><h3>La maternité suisse </h3><p>Une autre personnalité suisse peu connue ayant pris part aux événements d'Espagne est Elisabeth Eidenbenz. <br><br><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w400/1550755459_espagne5.jpg"></p><h4 style="text-align: center;">Elisabeth Eidenbenz, une Suissesse en aide aux enfants de la guerre d'Espagne. © DR</h4><p>Vers la fin de la guerre, cette institutrice zurichoise et de nombreux Suisses s’engagent dans l’Aide suisse aux enfants d’Espagne. Ils sont proches des églises et des mouvements pacifistes. 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Six cents bébés espagnols puis quelques Juifs y naissent et échappent à une mort certaine. <br><br><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w800/1550755498_espagne8.jpg"></p><h4 style="text-align: center;">Camion de l'Aide suisse aux enfants d'Espagne. © DR</h4><p></p><hr><p></p><h2>Chronologie</h2><p><strong>1936 </strong></p><ul><li>17 juillet: le général Franco prend le contrôle des troupes du Maroc espagnol qui se soulèvent contre la République </li><li>19 juillet: le président Azaña fait armer les milices des syndicats et des partis de gauche </li><li>26 juillet: l'Allemagne et l'Italie envoient des avions de guerre aux rebelles </li><li>8 août: au nom du Comité de non-intervention, embargo de la France sur les armes à destination de la République </li><li>29 septembre: Franco nommé chef de l'état et généralissime des armées rebelles </li><li>7 octobre: l'URSS commence à livrer des armes à la République </li><li>6 novembre: le gouvernement quitte Madrid et s'installe à Valence </li><li>8 novembre: début de la bataille de Madrid </li></ul><p><strong>1937 </strong></p><ul><li>8 février: prise de Málaga par les franquistes avec l'aide des troupes allemandes et italiennes. 300'000 civils fuient sous les bombes en direction d'Almería, c'est la Desbandá </li><li>26 avril: bombardement de Guernica par les avions allemands et italiens </li><li>3 mai: anarchistes, communistes et gardes d'assaut républicains s'affrontent pour le contrôle du bâtiment de la Telefónica à Barcelone, plus de 200 morts </li><li>19 juin: prise de Bilbao par les franquistes et fuite de milliers de civils </li><li>18 septembre: le chef du gouvernement républicain Juan Negrín devant la Société des Nations à Genève pour réclamer, sans succès, la fin de l'embargo sur les armes et l'interdiction des interventions étrangères </li><li>28 octobre: gouvernement républicain transféré à Barcelone </li></ul><p><strong>1938 </strong></p><ul><li>8 mai: le Vatican reconnaît le gouvernement de Franco </li><li>25 juillet: début de la bataille de l'Ebre, la plus acharnée de toute la guerre </li><li>16 septembre: bombardement aérien de Barcelone </li><li>23 décembre: début de l'offensive contre la Catalogne </li></ul><p><strong>1939 </strong></p><ul><li>26 janvier: prise de Barcelone par les troupes marocaines du général Yagüe </li><li>27 février: la France et le Royaume Uni reconnaissent le gouvernement de Franco installé à Burgos. 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Je m’inclus modestement parmi ces derniers pour avoir couvert pour la RTS plusieurs événements antérieurs à cette crise. </p> <p>Flashback et premier acte: j’étais en Ossétie du Sud en 2008 lorsque le président géorgien Saakachvili a voulu récupérer militairement ce territoire. Ses habitants avaient été instrumentalisés, en même temps que ceux d’Abkhazie, par une indépendance orchestrée de Moscou à la chute de l’URSS. Le président géorgien espérait naïvement un soutien militaire occidental. Et comme les Ossètes détestent les Géorgiens pour des raisons que l’histoire et les grandes puissances leur ont imposées, ils ont cru brièvement à leur salut par la Russie. Tous les habitants de ce territoire que j’ai rencontrés se réjouissaient alors de leur nouveau passeport russe distribué largement. Pour eux, l’agresseur qui les bombardait était l’armée géorgienne. J’ai pu voir les tanks russes arriver à leur rescousse par le tunnel de Roki depuis l’Ossétie du Nord qui fait partie de la Fédération de Russie. On a donc tous fermé les yeux. Après tout, si les Ossètes du Sud veulent se réunifier avec les Ossètes du Nord au sein de la Russie…</p> <h3>Les «petits hommes verts» en Crimée</h3> <p>Deuxième acte: j’étais en Crimée en 2014 le jour de l’invasion par les «petits hommes verts». On appelait ainsi les soldats sans identification envoyés par Moscou. Mais les bidasses russes n’ont plus la discipline d’antan. Certains soldats avaient oublié de dévisser les plaques russes de leur véhicule… Il faut reconnaître que Sébastopol est une ville fondamentalement russe par son histoire et sa culture. Elle forme une division administrative à part. Quant à la majorité russe du reste de la Crimée, elle a accueilli avec satisfaction la réincorporation de la péninsule dans la Russie dont elle faisait partie jusqu’à son transfert en 1954 par Nikita Krouchtchev dans la république socialiste soviétique d’Ukraine.</p> <p>A l’époque, ce changement, commémorant un anniversaire historique, était sans importance puisque tout se passait au sein de l’URSS. Et les Russes de Crimée n’étaient pas mécontents de se débarrasser des vexations administratives que leur infligeait le gouvernement de Kiev. Quant aux Ukrainiens de Crimée, ils étaient eux-mêmes essentiellement russophones et n’ont guère réagi. Seuls les Tatars ont exprimé leurs craintes. Du coup leurs chaînes de télévision et radio de Bakhtchissaraï ont été aussitôt fermées par le nouveau pouvoir russe. A priori je continue de penser que la Crimée n’est pas plus ukrainienne que russe ou tatar. Néanmoins ce n’est pas aux chars de Poutine, ni à la parodie de référendum organisé en deux semaines, de décider de l’avenir de cette péninsule qui a vu le passage de plus de vingt-cinq peuples dans son histoire. Finalement l’Occident a condamné mollement.</p> <p>Troisième acte: le Donbass. Les difficultés économiques provoquées par le déclin des mines de charbon et l’indifférence du pouvoir central de Kiev ont pu être instrumentalisées facilement par Moscou. Même si le gouvernement ukrainien a commis de graves bévues, notamment en déclassant le statut de la langue russe, le problème n’est pas ethnique ou linguistique. Ici comme dans le reste du pays, un nombre infini de familles ont une double origine, russe et ukrainienne. Les affrontements sanglants qui s’y déroulent depuis 2014 ne sont qu’un moyen de plus du système Poutine pour faire pression sur un pays soupçonné de vouloir quitter la sphère d’influence russe. 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La famine et la mort règnent dans de nombreuses régions mais les alpinistes soviétiques qui traversent en train l’URSS d’Ouest en Est avec leur matériel et une bonne dose d’endoctrinement n’en ont cure. </p> <p>Dans son passionnant ouvrage, <em>Alpinistes de Staline</em>, Cédric Gras se fait à la fois historien et romancier. L’exercice est parfois périlleux mais cet auteur français, russophile et alpiniste, s’en sort admirablement. Il commence par décrire l’<em>Unité 29</em>, chargée de conquérir ce qui a été identifié alors comme le plus haut sommet du pays, à plus de 7600 mètres d’altitude. Une poignée de jeunes alpinistes se rend donc dans le massif du Pamir, sur les marches de l’empire, au Tadjikistan, près des frontières de l’Afghanistan, de la Chine et du Tibet encore indépendant. Mais attention: pas de déviationnisme bourgeois dans le style des flegmatiques <em>sportsmen</em> anglais. Ici chacun est dûment identifié par son origine prolétarienne: mécanicien, ouvrier automobile, etc. Et bien sûr l’effort ne doit pas être gratuit: on en profite pour amener au sommet une station météo, des appareils de transmissions radio et… un buste de Joseph Staline. L’équipe est encadrée toutefois par un jeune homme au regard franc et à la profession moins prolétaire, le peintre-sculpteur sibérien Evgueni Abalakov, un homme qui deviendra avec son frère Vitali l’un des plus grands alpinistes soviétiques au travers de la <em>Société du tourisme prolétarien</em>.</p> <h3><strong>L’alpinisme: une mission d’Etat</strong></h3> <p>Evgueni est une force de la nature. Alors que ses compagnons sont épuisés par le froid (- 45° C) et l’altitude (plus de 7000 m.), il fait des allers et retours pour poser des cordes ou croquer sur un cahier des vues des sommets: le pic Guépéou (ancêtre du KGB…) ou le <em>Mur de l’Armée rouge des paysans et des ouvriers</em>. Chacune des expéditions de cette époque est une victoire humaine et politique dont on cache soigneusement les tragédies: engelures, avalanches, crevasses et infections ont leur compte de victimes mortelles. Le matériel est sommaire, même pour les standards de l’époque, mais les alpinistes font la une des journaux soviétiques. Leurs photos apparaissent en première page avec des visages blancs de crème lanoline, corde de chanvre à l’épaule, lunettes noires et lèvres gercées. Ils accomplissent un devoir, une mission d’Etat: «L’enjeu de l’ascension du pic Staline, c’était de remplacer Dieu par le marxisme, sur l’autel de la Terre»<em>,</em> écrit Cédric Gras. C’est ainsi que les sommets se succèdent: pic Staline, pic Lénine, pic du Communisme, pic Karl Marx…</p> <h3><strong>Un Suisse au pays des Soviets</strong></h3> <p>L’auteur a épluché les archives soviétiques et exploré sur place les terrains de conquête des alpinistes soviétiques de l’époque. Ces sommets étaient négligés par leurs confrères occidentaux, intéressés surtout par les Alpes et l’Himalaya. Avec de rares exceptions toutefois, celles de quelques Suisses. L’écrivaine Ella Maillart aurait aimé participer à l’une de ces ascensions, comme elle le mentionne dans <em>Des monts célestes aux sables rouges,</em> que cite Cédric Gras. Sans succès toutefois. Sa lucidité face au stalinisme la rendait probablement suspecte. Par contre le militant communiste soleurois Lorenz Saladin parvient à s’infiltrer dans le cercle très fermé des alpinistes soviétiques. Il devient un ami inséparable des deux frères Abalakov et de leurs compagnons de cordée. A ses talents de montagnard expérimenté, le Suisse en ajoute un autre précieux, il est un photographe hors-pair. Ses expéditions au pays des Soviets se succèdent: Caucase, Pamir, Altaï, Tien-Shan. Ses clichés, disparus pendant de nombreuses années, sont époustouflants et ne se limitent pas aux montagnes. Ils documentent abondamment les populations de ces régions asiatiques et sont visibles au <em>Musée alpin suisse</em> de Berne. Pour raconter au passage les aventures de l’alpiniste suisse, Cédric Gras s’inspire du livre de l’émouvante Annemarie Schwarzenbach : <em>Lorenz Saladin, ein Leben für die Berge</em>. Cette autre grande écrivaine voyageuse suisse avait été impressionnée par le Soleurois et avait cherché, autant que possible à son époque, à en retrouver le parcours, en se rendant même jusqu’à Moscou pour cela.</p> <p>Lorenz Saladin finit pourtant tragiquement. En 1936, il participe à une expédition délicate dans le Tien-Shan. C’est un massif très septentrional et en raison des difficultés administratives d’obtention de son visa, le départ de la colonne est retardé jusqu’à fin août. Trop tard car les conditions météorologiques sont alors cauchemardesques. Les accidents se succèdent lors de la descente du sommet du Khan Tengri. Vitali Abalakov et d’autres compagnons de cordée perdent plusieurs doigts des mains et des pieds. Il faut encore zigzaguer vingt kilomètres entre les crevasses et les moraines du glacier Inyltchek. Lorenz Saladin, malgré son équipement de qualité «suisse», subit lui aussi de graves engelures. Ses doigts sont noirs et puent la charogne. Vitali tente de le soigner en ouvrant au couteau les chairs mortes qu’il désinfecte avec le pétrole des lampes. Le 17 septembre 1936, l’alpiniste communiste suisse meurt dans d’atroces souffrances, probablement de septicémie.</p> <h3><strong>Victimes de la Grande Terreur</strong></h3> <p>Une année plus tard, inévitablement, le couperet de la <em>Grande Terreur</em> finit par tomber aussi sur les alpinistes soviétiques comme sur le reste de la société. Une purge du NKVD vise la prétendue <em>Organisation contre-révolutionnaire facho-terroriste des alpinistes et randonneurs</em>… Le 4 février 1938, Vitali Abalakov est arrêté chez lui à Moscou. Il est torturé puis accusé d’avoir participé à une tentative d’assassinat du camarade Staline lors du défilé du Premier Mai. Comme tout le monde il avoue n’importe quoi et dénonce n’importe qui. Le défunt Lorenz Saladin devient un espion suisse pour lequel il aurait travaillé. On ne saura jamais pourquoi l’autre frère Abalakov, Evgueni, n’a jamais été inquiété, ni pourquoi Vitali est finalement libéré deux ans plus tard.</p> <p>Puis la <em>Grande guerre patriotique</em> utilise les compétences des rares alpinistes ayant échappé au goulag, comme Evgueni Abalakov. Grâce à eux, en 1943, les troupes allemandes sont chassées du Mont Elbrouz, le sommet de l’Europe. Mais ce prodigieux alpiniste, qui rêvait d’être le premier à escalader un jour l’Everest, meurt piteusement en 1948 dans sa salle de bain, intoxiqué par le chauffe-eau à gaz, une version que sa veuve et son fils réfuteront toute leur vie, sans preuve.</p> <p>Pendant ce temps, Vitali, partiellement handicapé, développe du matériel d’escalade. Mais malgré ses amputations, il cède à nouveau au virus de la montagne. Avec une force de volonté hors du commun, il reprend du service en serrant les dents lorsque ses moignons sont trop douloureux. Il est nommé à la tête de la section d’alpinisme du club sportif <em>Spartak</em> et mène avec une discipline de fer une succession d’expéditions. Son dernier sommet, le 30 août 1956, est le pic de la Victoire, le seul 7000 d’URSS encore vierge. La montagne est face au Khan Tengri qui lui a couté ses doigts et la moitié d’un pied trente ans plus tôt. 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C’est la journée de nettoyage des bisses, ces canaux d’irrigation centenaires qu’on appelle ici des Suonen. Il faut les dégager des branches et des pierres qui s’y sont accumulées pendant l’hiver. Le système de gestion des bisses au travers de «consortages» est le thème de la nouvelle exposition du <a href="https://www.musee-des-bisses.ch/" target="_blank" rel="noopener">Musée valaisan des Bisses</a>, dès le 24 avril à Ayent.</p> <p>Ici à Ausserberg, c’est maintenant la pause de midi. Chacun s’assied sur la pente face au soleil. Les installations industrielles de Lonza, loin en contrebas, sont bien visibles et permettent d’imaginer la production frénétique des vaccins contre le covid-19. Mais en altitude, on vit à un rythme hors du temps.</p> <p>«S’il n’y avait pas de bisses, Ausserberg n’existerait pas», me dit un des membres du groupe, en me tendant une tranche de viande séchée.</p> <h3><strong>On va «chercher l’eau»</strong></h3> <p>Les hommes sortent leur pain et un morceau de lard. On boit du thé chaud: ce n’est pas le Bas-Valais! Vient ensuite le moment symbolique. On dit alors qu’on va «chercher l’eau». En fait, deux hommes longent d’abord le canal en tunnel creusé en 1970 pour éviter un des passages très aériens du vieux bisse Niwärch. Ils atteignent en amont la prise d’eau encore enneigée puis ouvrent les vannes. En aval du tunnel, un autre groupe s’affaire de même sur un deuxième système de vannes. Ce n’est pas simple car les volants de manœuvre sont grippés par l’hiver. Un des préposés compte attentivement sur le pas de vis le nombre de filets à ne pas dépasser lorsque la vanne remonte et ouvre le passage de l’eau. 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Le troisième collier définit précisément la quantité d’eau à laquelle chaque membre du consortage a droit en fonction de ses prairies. Depuis les premiers documents du XVè siècle qui prouvent l’existence des bisses en Valais, le système a quand même passablement évolué, même s’il garde sa philosophie communautaire originelle. Aujourd’hui, l’intervention financière ou logistique des communes, voire du canton, est fréquente. Et le branchement des bisses sur des systèmes modernes d’arrosage est maintenant courant.</p> <p>A Ausserberg, il n’y a plus que vingt-cinq agriculteurs à temps partiel et une agricultrice à plein temps. Mais dans ce village, comme ailleurs dans le canton, tout le monde est attaché à ses bisses. On en dénombre actuellement 188 en Valais, totalisant 742 km. Tous ne sont toutefois pas fonctionnels pour l’agriculture. De nombreux bisses ont acquis une vocation touristique et sont longés par des sentiers de randonnée très fréquentés en été. 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Mais quand on est ensemble sur un même territoire, on est obligé de respecter son voisin car il y a une pression sociale.»</p> <p>Il affirme que le risque de dissension interne au sein d’un consortage est bien moindre que celui de conflits externes sur l’usage de l’eau avec d’autres agents économiques, comme le tourisme par exemple.</p> <p>Dans les sous-sols blindés des archives du Valais à Sion, l’archiviste cantonal Alain Dubois a une vision similaire. Il connaît bien les consortages des bisses dont il étudie depuis longtemps les «ratements», ces anciens contrats de gestion communautaires. «Le modèle d’affaires du consortage est un modèle d’avenir à travers les circuits courts qui se mettent en place. On l’a vu ces derniers mois avec la création d’épiceries au niveau local et d’associations qui gèrent des jardins communautaires. 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Ils libèrent ensuite de l’eau de fonte pendant l’été, justement lorsque les coteaux ont besoin d’être irrigués en raison de leur sécheresse extrême. «A l’avenir, explique Gaëtan Morard, il y aura toujours autant d’eau mais sous une autre forme. On aura en hiver plus de pluie et moins de neige. La répartition saisonnière de l’eau va se modifier, avec des sécheresses plus intenses en été et des événements extrêmes plus fréquents.»</p> <p>Si le système des bisses parvient à s’adapter aux changements, comme il l’a fait jusqu’à présent, il représenterait alors non seulement un modèle intéressant d’organisation économique communautaire locale mais aussi un moyen de limiter les dégâts climatiques en régions de montagne. 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Les jeunes rescapés racontent leur histoire avec l’aide d’un interprète bénévole. Comme tant d’autres en ce moment, ils ont fui l’Afghanistan, où la guerre est sans fin entre l’armée gouvernementale, les islamistes talibans et de nombreuses factions rivales politico-maffieuses. Malheureusement, dans la violence de la traversée d’une autre frontière, entre la Bosnie-Herzégovine et la Croatie, ils ont perdu de vue leurs parents et ont décidé de continuer sans eux. Parmi les migrants qui arrivent ces derniers mois ici à Briançon, les nombreuses histoires de violences perpétrées par les gardes-frontières croates font froid dans le dos.</p> <p>Le réseau solidaire organise rapidement une prise en charge des trois adolescents afin de les amener à Paris où des amis de leur famille devraient les recevoir. Tout le monde espère que leurs parents les y retrouveront dans un bref délai mais pour l’instant les enfants n’ont pu reprendre aucun contact téléphonique avec eux.</p> <h3><strong>Afghans et Iraniens</strong></h3> <p>Depuis son ouverture il y a trois ans, le Refuge solidaire de Briançon a déjà vu passer plus de dix mille personnes pour des séjours en général très courts, rarement plus de trois à quatre jours. Il n’y a maintenant plus beaucoup d’Africains de l’ouest, comme c’était le cas jusqu’à l’an dernier. Actuellement ce sont surtout des familles afghanes (souvent de la minorité hazara) et kurdes iraniennes qui ont parfois derrière elles plusieurs années de voyage hasardeux et des séjours horribles dans les camps des îles grecques. Et même ici, rien n’est joué. La gendarmerie effectue régulièrement des rafles dans la gare de Briançon, comme celle à laquelle j’ai pu assister. Les migrants qui s’apprêtaient à prendre le train sont reconduits à la frontière. 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Quand on ne veut pas accueillir les gens, ça se passe mal, continue Philippe Wyon de son habituel ton posé, plus proche du guide montagnard que du militant. Mais ici à Briançon, il n’y a jamais eu de problème. Ce n’est pas Calais, on est sur du flux, les exilés n’ont aucun désir de rester, alors que Calais, c’est une impasse.»</p> <p>Le maire de Briançon est aussi président de la Communauté de communes et donc doté d’un pouvoir important. Membre du parti Les Républicains, il a battu au second tour des élections législatives en juin dernier son prédécesseur à la suite d’une division des listes de gauche. Elles ont refusé de fusionner et n’ont pas fait le poids face à la liste unique de droite.</p> <h3><strong>Image touristique menacée</strong></h3> <p>L’attitude du maire est incompréhensible pour beaucoup de monde et on se demande si ce n’est pas juste un coup d’esbroufe pour rallier les sympathies d’extrême-droite et propulser sa carrière. La fermeture du refuge ne faisait même pas partie de son programme électoral. La ville de Briançon est reliée par télécabine à Serre Chevalier. C’est une station de ski en hiver et une base de randonnée en été. Une bonne partie de son électorat travaille dans le commerce et le tourisme, des Briançonnais qui n’ont pas du tout envie de voir ternir l’image de leur ville par des familles de migrants dormant dans la rue ou la gare de départ de la télécabine.</p> <p>La menace du maire a déclenché de vives réactions à travers toute la France, emmenées par les plus importantes associations humanitaires du pays: Abbé Pierre, Emmaüs, Médecins du Monde. Une pétition de protestation a recueilli en quelques semaines plus de 37 000 signatures à la tête desquelles se trouvent celles de Mgr Xavier Malle, évêque de Gap, ainsi que du sociologue Edgar Morin.</p> <p>La trêve hivernale qui commence le 1<sup>er</sup> novembre devrait, selon la règle, empêcher de mettre à la rue les personnes hébergées, mais ce n’est qu’un répit. Les membres du collectif qui gère le refuge espèrent en profiter pour faire passer à la mairie une proposition de commission qui étudierait des solutions pour remplacer l’actuel bâtiment vétuste car c’est une ancienne caserne des CRS totalement inappropriée à ses fonctions actuelles. En attendant il reste à savoir qui va payer la facture du fuel pour le chauffage qui était jusqu’à présent prise en charge par la mairie. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@Dom 25.02.2019 | 22h16
«"Le monde est mûr pour toute forme de cruauté, comme pour toute forme de fanatisme ou de superstition", écrit Bernanos en 1938 lors de la guerre civile espagnole. N'est-ce pas encore plus d'actualité aujourd'hui? "Les grands cimetières sous la lune" de Bernanos reste un témoignage terrifiant de ces massacres.
D. Roussi»