Actuel / Freddy Buache et les leçons qu’il lègue
Freddy Buache est mort le 28 mai 2019 à l’âge de 94 ans. © Facebook/Cinémathèque suisse
Immense tristesse de ses amis, de tous les cinéphiles à l’annonce de la mort de Freddy Buache, le fondateur, l’âme de la Cinémathèque suisse à Lausanne. On retrouve ses interviews, son accent, sa flamme. Que faire avec cette émotion? Approfondir le souvenir d’une personnalité romande hors du commun et peut-être aussi s’interroger sur les ressorts de l’admiration qui lui est vouée et sur le succès de son parcours.
© Facebook/Cinémathèque suisse
D’abord, Buache, c’était un homme venu du peuple des humbles. Enfant de la campagne, parents bistrotiers chassés vers le prolétariat par la crise des années 30, il débarque chez les bourgeois au Collège scientifique de Lausanne, puis à l’Ecole de commerce où il rencontre un prof lui aussi hors du commun, René Berger. Il s’éveille au monde par les livres, par les arts et surtout par le cinéma. C’est ainsi qu’il s’arrache à la destinée habituelle de sa classe sociale. En découvrant aussi l’oeuvre de Sartre, grâce au grand philosophe André Gorz, immigré juif autrichien qui, à l’époque, remplit des cahiers dans une chambre sombre de la place du Tunnel. Il échappe au stalinisme mais se forge une conviction à la fois politique et culturelle, nourrie aussi du surréalisme. Vivre jusqu’au bout.
Il réussira plus tard un beau coup: obtenir de la Confédération – et du peuple suisse – le principe d’une aide au cinéma et à la conservation des films. Aide modeste au début. Les jeunes cinéphiles qui animaient des ciné-clubs dans les petites villes des alentours se souviennent de lui, dans le modeste local de la Cité, à côté de la Cathédrale. Buache les conseillait, leur refilait des bobines de films importés plus ou moins clandestinement de France. Il est troublant de penser à l’importance que prit la Cinémathèque avec si peu de moyens. Mais avec quel feu!
© Facebook/Cinémathèque suisse
Cela m’a frappé lors de ma dernière rencontre avec lui (94 ans), il y a quelques mois. Il s’emparait de chacun de ses interlocuteurs avec un rayonnement, une force de conviction rare. Son credo: faire du cinéma, ce n’est pas donner à voir des images pendant deux heures, c’est dire quelque chose! Du sens, encore du sens, et pas seulement du divertissement.
Pas étonnant qu’il se soit ainsi posé en repère complice et amical de plusieurs générations de cinéastes, suisses et français. Godard s’entendait bien avec lui. Il lui a dédicacé un film bref de commande sur la ville de Lausanne. Provocateur à souhait. Encore un coup de Freddy qui avait réussi à convaincre un Jean-Pascal Delamuraz, syndic, plutôt réticent.
Cet acharnement, cette passion active, dans un environnement pas toujours bienveillant, fait penser à une autre grande histoire lausannoise, celle du Musée de l’Elysée. Fondé en 1985 par un ami de Buache, Charles-Henri Favrod, le grand journaliste converti à la photographie. Lui aussi avait une force de conviction renversante, non seulement une connaissance approfondie de l’art, mais la capacité d’attirer les meilleurs. Des tronches, des pionniers.
Depuis lors, la culture s’est emballée. Des millions privés et publics ont plu de toutes parts. Ces deux institutions ont pris de l’ampleur. Elles se sont adaptées aux nécessités technologiques nouvelles, à l’intérêt grandissant du public. Qui ne s’en féliciterait pas? Mais à cette nouvelle échelle, les têtes de ces maisons se sont vues accablées de tâches administratives et politiques, en sus de la gestion d’équipes devenues nombreuses. Elles sont bien faites et compétentes mais leur rôle n’est plus celui des fondateurs, elles doivent d’abord faire tourner leurs grosses machines.
Le directeur de la Cinémathèque actuel doit se battre avec la Confédération pour sauver les gros budgets nécessaires notamment à la conservation de milliers de films. Le Musée de l’Elysée prépare son entrée dans le méga-musée de la gare, avec plus de surface, en sous-sol, que dans la belle maison actuelle. L’administration met son nez partout. Puisse ce temple de la photographie préserver son identité dans le grand chambardement.
La leçon de Buache, comme celle de Favrod? Donner plus d’argent à la culture, c’est fort bien. Mais au bout du compte, c’est le génie des meneurs et meneuses, quel que soit le domaine, qui donne du sens à ces efforts. Du sens, encore du sens… Merci Freddy! Et, au passage, à toi aussi Charles-Henri.
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Ce grand courant, prolongé plus tard par la «<em>Naturphilosophie</em>» allemande et surtout le géant Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832) auquel Martin Bernard consacre d’admirables pages. Allant au-delà des œuvres les plus connues, explorant sa philosophie, sa façon de «pénétrer au cœur des grandes énigmes de la vie et de l’univers».</span></p> <p><span>Tout cela est bien beau, direz-vous, mais aujourd’hui, comme 61% des personnes interrogées par l’Office of Science and Technology britannique, vous pensez peut-être que «la science est dirigée par le monde des affaires, au bout du compte, c’est une histoire d’argent». Là Martin Bernard va jusqu’à proposer que soient créés de nouveaux instituts de recherche, plus attentifs aux besoins et souhaits de la population… financés par une taxe sur les transactions financière spéculatives. </span></p> <p><span>Mais alors pourquoi diable en appeler à un renouveau? Pas besoin de faire un dessin. L’Europe est en déclin. Le best-seller de Emmanuel Todd (<em>La défaite de l’Occident</em>, éd. Gallimard) en fait brillamment le tour, y compris pour la Grande-Bretagne si chère à son cœur. Un peu simpliste parfois, lorsqu’il insiste lourdement sur l’abandon de la pratique religieuse, surtout celle des protestants qu’il a en si haute estime. Mais il a raison de parler de la montée du nihilisme. En Amérique étendu à l'Europe. Le consumérisme finit par consumer la petite flamme qui fait le propre de l’humanité. Selon le philosophe français Abdennour Bidar «l’humanisme est le fil directeur ou l’inspiration profonde de l’histoire culturelle de l’Occident». Mais où le renouer, ce fil? Par l’école, bien sûr, et pas celle des programmes mijotés de Microsoft, par la méditation, par un dialogue respectueux et curieux avec d’autres civilisations. Un petit tour en Asie, en Afrique, en Amérique latine, ça aide à comprendre le monde et à se connaître soi-même. Et surtout, c’est plus abordable, la lecture! 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Comme si la fin de l’escalade belliqueuse ne permettait pas d’espérer au contraire une amorce de détente et d’accord avec la Russie propice à toutes les parties.</span></p> <p><span>Voir émerger de très jeunes dirigeants est réjouissant à l’heure où tant de vieux, de très vieux Présidents s’accrochent sans fin au pouvoir. Quel plaisir ainsi d’entendre le jeune chef d’Etat du Chili, Gabriel Boric (38 ans), réinventer la gauche latino-américaine en la débarrassant de ses scories idéologiques. Mais il émerge aussi des freluquets. Sans expérience de vie, sans profondeur, sans réel parcours démocratique. Brûlant d’abord et avant tout d’ambition politicienne. </span><span>Dans la catégorie des poids légers français, il y en a un qui fait plutôt pitié. L’ex-conjoint de Gabriel Attal, Stéphane Séjourné (38 ans), promis au rang de ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. A l’oral le malheureux multiplie les fautes grossières de français. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@Pieroc 12.06.2019 | 10h13
«Très heureux de lire cet article retraçant ce que nous devons à Freddy Buache. Cela me rappelle le début des années soixante où, étudiant en lettres à l'Université de Lausanne, je participais avec quelques camarades au fonctionnement du Ciné-club universitaire, qui n'aurait jamais existé si nous n'avions pas pu compter sur l'aide d'un homme comme Freddy Buache. Faire comprendre que le cinéma est un art majeur de notre époque et pas seulement un divertissement. Un cinéaste dit toujours quelque chose, sur lui-même, sur ce qu'il voit, sur ce qu'il espère, sur ce qui le hante... Grâce à Freddy Buache, je me souviens, nous avions pu organiser une projection de film en présence de Michel Simon: quelle rencontre! Merci FreddyBuache.»