Actuel / Equateur: comment le «havre de paix» de l’Amérique du Sud est devenu l’un des pays les plus violents du monde
Des soldats patrouillent sur la colline de Las Cabras, l'une des zones les plus violentes de la ville équatorienne de Duran (sud-ouest), le 18 septembre 2023. Le port de Guayaquil et les villes voisines de Duran et Samborondon, sont des plaques tournantes de l’acheminement des stupéfiants vers l'Europe et les États-Unis. Gerardo Menoscal/AFP
Qui l’eût cru? La célèbre phrase prononcée en 1991 par le président équatorien de l’époque, Rodrigo Borja Cevallos (1988-1992), lors de la conférence «Paix pour le développement», et répétée dix ans plus tard par un autre président, Gustavo Noboa Bejarano (2000-2003), dans son rapport à la nation de 2002, selon laquelle l’Équateur serait un « havre de paix » dans le monde, a complètement perdu de son sens au début de la troisième décennie du XXIème siècle.
Maria Fernanda Noboa Gonzalez, Facultad Latinoamericana de Ciencias Sociales (FLACSO) - Ecuador
En effet, ces dernières années, l’Équateur est devenu l’un des pays les plus violents du monde. Selon une étude de la Global Initiative against Transnational Organized Crime, il se classe au onzième rang des pays les plus violents du monde, non loin de la Syrie, de l’Irak ou encore de l’Afghanistan.
L’Équateur occupe également la 96e place sur 146 pays (23e sur 32 au niveau régional) dans l’indice 2023 de l’État de droit établi par le World Justice Project, qui suit et évalue des indicateurs tels que les limites du pouvoir étatique, l’absence de corruption, l’ouverture politique, les droits fondamentaux, l’ordre et la sécurité, l’application des lois et le fonctionnement de la justice civile et pénale.
Il y a moins de cinq ans, en 2019, l’Équateur était encore considéré comme l’un des pays les plus sûrs d’Amérique latine, avec un taux de 6,7 morts violentes pour 100 000 habitants. Aujourd’hui, ce ratio est passé à 45 pour 100 000.
Début janvier, le président Daniel Noboa, dont le mandat a démarré en novembre 2023, a proclamé l’état d’urgence et annoncé la mise en place d’un couvre-feu dans l’ensemble du pays à la suite de l’évasion d’Adolfo Macias, alias Fito, chef du plus important groupe criminel d’Équateur, Los Choneros. Se sont ensuivis des affrontements extrêmement violents entre les forces de l’État et les organisations criminelles.
Ce fut une démonstration éclatante de la puissance de feu dont disposent les gangs. Il ne s’agit pas d’incidents isolés : ce à quoi on assiste ne peut être qualifié que de guerre entre les groupes criminels et l’État, avec pour enjeu le contrôle du territoire et des populations.
L’économie du trafic de drogue alimente la criminalité
Si les mafias se livrent aux activités criminelles les plus diverses, c’est le trafic de drogue qui se trouve à la racine du cycle de violence actuel. Il ne s’agit pas seulement de cocaïne, mais aussi d’héroïne et, plus récemment, de cette drogue synthétique destructrice qu’est le fentanyl.
La « narcotisation » de l’économie criminelle est due à plusieurs facteurs : la situation géographique du pays, puisque l’Équateur se trouve dans le voisinage des plus grands États producteurs de cocaïne au monde ; le fait que l’économie soit dollarisée, donc plus attrayante pour le blanchiment d’argent sale ; la capacité limitée de l’État à surveiller les différents itinéraires aériens, maritimes et terrestres d’acheminement de la drogue à destination et en provenance du pays ; les causes structurelles, telles que le chômage et les inégalités sociales ; et la forte influence des médias, en particulier des réseaux sociaux, sur une jeunesse de plus en plus séduite par la « culture du trafic de drogue » en tant que modèle de leadership, de pouvoir et d’argent facile.
Les barons de la drogue locaux ont également formé des alliances stratégiques avec les cartels transnationaux. Outre les avantages économiques qu’ils procurent, ces liens ont conduit à :
-
une professionnalisation de la gestion des marchés criminels en Équateur ;
-
une spécialisation accrue dans les tâches criminelles (extorsion, blanchiment d’argent, exploitation minière illégale, entre autres) ;
-
une meilleure formation des tueurs à gages, des experts en explosifs et des spécialistes du renseignement criminel ;
-
une communication plus efficace entre les guérilleros dans tout le pays, notamment par le biais des graffitis muraux.
Crise du système pénitentiaire
Parmi les nombreux facteurs qui ont déclenché la crise systémique actuelle de la sécurité, il y a la réduction, il y a plusieurs années, du budget consacré par le gouvernement central à la rénovation du système pénitentiaire du pays.
Les investissements ont chuté en 2014, provoquant une crise qui s’est accentuée en 2020 avec la pandémie. De nombreux fonctionnaires du système pénitentiaire ont été licenciés et des directions entières dans le secteur de la justice ont été supprimées. Sous l’ancien président Lenin Moreno, le ministère de la Justice, des droits de l’homme et des affaires religieuses a été supprimé et le secrétariat des droits de l’homme et le Service national de prise en charge globale des adultes privés de liberté, qui gère les prisons, ont été créés.
Tout cela a provoqué un manque de clarté dans la gestion des graves problèmes des prisons et une augmentation de la surpopulation dans les 34 centres de détention du pays. Les prisons sont devenues, au fil du temps, des arrière-gardes stratégiques pour les barons de la drogue, qui y font régner leur loi par la violence.
Les émeutes dans les prisons sont de plus en plus fréquentes depuis la pandémie de Covid-19 : au cours des trois dernières années, il y a eu 11 massacres dans les prisons, qui se sont soldés par 412 morts, dans six prisons de cinq villes du pays.
Cette violence déborde sur l’ensemble de la société. La diffusion sur Internet de diverses atrocités – démembrements, décapitations, pendaison de cadavres sur des ponts et dans des lieux publics – est devenue monnaie courante.
Les mafias locales s’inspirent en cela des cartels colombiens et mexicains. Les actions les plus spectaculaires sont le fait des groupes relevant du cartel Jalisco Nueva Generación, dont certains membres ont reçu une formation militaire – y compris parfois aux États-Unis – et dont les opérations répondent à des logiques culturelles religieuses, notamment le cannibalisme et le culte de la Sainte Mort, deux éléments qui se traduisent dans des pratiques de violence glaçante.
Écoles de tueurs à gages
Le 1er avril 2023, le président d’alors, Guillermo Lasso, a émis le décret exécutif 707 qui facilite le port et l’utilisation d’armes par les civils. Les groupes criminels ont alors encore intensifié leurs attaques, en particulier les assassinats de cibles spécifiques par des tueurs à gages.
Il est surprenant que l’existence de quatre écoles notoires de tueurs à gages, situées dans les villes de Durán, Manta, Lago Agrio et Esmeraldas, n’ait pas été formellement dénoncée à ce jour.
Selon des informations provenant de sources policières, ces écoles forment des assassins juniors, intermédiaires et seniors. Selon leur expérience, leur discipline et le niveau d’importance des cibles, leurs salaires varient entre 200 et 10 000 dollars américains par mois.
La formation de ces assassins ne se fait pas nécessairement en personne, mais, souvent, « en distanciel », par le biais de jeux vidéo destinés à faire perdre aux recrues leurs sentiments de peur et de remords. Il s’agit d’une préparation psychologique essentielle pour les jeunes qui, en raison de la pauvreté, du chômage et du manque d’opportunités d’études, sont facilement recrutés en tant qu’assassins pour les différents groupes mafieux.
Les gangs disposent de mécanismes de plus en plus puissants pour attirer les habitants des régions les plus défavorisées du pays, qui sont contraints (sous la menace ou par nécessité économique) de rejoindre le monde criminel.
Un narco-État en construction
De plus en plus, les groupes criminels se révèlent en mesure d’exercer une influence sur les autorités locales pour dissimuler leurs activités sous des formes pseudo-légales et faire avancer leurs objectifs stratégiques visant à transformer l’Équateur en un narco-État.
Ce sont avant tout les citoyens équatoriens qui en paient le prix. Les meurtres macabres, les enlèvements et autres actes de violence les obligent à changer leurs habitudes ou à opter pour une existence complètement isolée.
Un climat d’insécurité et de méfiance s’installe dans la société, exacerbé par les médias traditionnels et les réseaux sociaux, qui continuent d’opérer sans véritable engagement en matière d’éthique journalistique et de responsabilité sociale.
Maria Fernanda Noboa Gonzalez, Doutora em Estudos Internacionais, Facultad Latinoamericana de Ciencias Sociales (FLACSO) - Ecuador
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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Lire l’<a href="https://theconversation.com/equateur-comment-le-havre-de-paix-de-lamerique-du-sud-est-devenu-lun-des-pays-les-plus-violents-du-monde-221892">article original</a>.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'equateur-comment-le-havre-de-paix-de-l-amerique-du-sud-est-devenu-l-un-des-pays-les-plus-violents-du-monde', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 109, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://theconversation.com/equateur-comment-le-havre-de-paix-de-lamerique-du-sud-est-devenu-lun-des-pays-les-plus-violents-du-monde-221892', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'Qui l’eût cru? 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Se sont ensuivis des affrontements extrêmement violents entre les forces de l’État et les organisations criminelles.</p> <figure><iframe frameborder="0" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/_s8GSsZGnqs?wmode=transparent&start=0" width="440"></iframe></figure> <p>Ce fut une démonstration éclatante de la puissance de feu dont disposent les gangs. Il ne s’agit pas d’incidents isolés : ce à quoi on assiste ne peut être qualifié que de guerre entre les groupes criminels et l’État, avec pour enjeu le contrôle du territoire et des populations.</p> <h3>L’économie du trafic de drogue alimente la criminalité</h3> <p>Si les mafias se livrent aux activités criminelles les plus diverses, c’est le trafic de drogue qui se trouve à la racine du cycle de violence actuel. Il ne s’agit pas seulement de cocaïne, mais aussi d’héroïne et, plus récemment, de cette drogue synthétique destructrice qu’est le fentanyl.</p> <p>La « narcotisation » de l’économie criminelle est due à plusieurs facteurs : la situation géographique du pays, puisque l’Équateur se trouve dans le voisinage des plus grands États producteurs de cocaïne au monde ; le fait que l’économie soit <a href="https://books.openedition.org/pur/46393">dollarisée</a>, donc plus attrayante pour le blanchiment d’argent sale ; la capacité limitée de l’État à surveiller les différents itinéraires aériens, maritimes et terrestres d’acheminement de la drogue à destination et en provenance du pays ; les causes structurelles, telles que le chômage et les inégalités sociales ; et la forte influence des médias, en particulier des réseaux sociaux, sur une jeunesse de plus en plus séduite par la « culture du trafic de drogue » en tant que modèle de leadership, de pouvoir et d’argent facile.</p> <p>Les barons de la drogue locaux ont également formé des alliances stratégiques avec les cartels transnationaux. Outre les avantages économiques qu’ils procurent, ces liens ont conduit à :</p> <ul> <li> <p>une professionnalisation de la gestion des marchés criminels en Équateur ;</p> </li> <li> <p>une spécialisation accrue dans les tâches criminelles (extorsion, blanchiment d’argent, exploitation minière illégale, entre autres) ;</p> </li> <li> <p>une meilleure formation des tueurs à gages, des experts en explosifs et des spécialistes du renseignement criminel ;</p> </li> <li> <p>une communication plus efficace entre les guérilleros dans tout le pays, notamment par le biais des graffitis muraux.</p> </li> </ul> <h3>Crise du système pénitentiaire</h3> <p>Parmi les nombreux facteurs qui ont déclenché la crise systémique actuelle de la sécurité, il y a la réduction, il y a plusieurs années, du budget consacré par le gouvernement central à la rénovation du système pénitentiaire du pays.</p> <p>Les investissements ont chuté en 2014, provoquant une crise qui s’est accentuée en 2020 avec la pandémie. De nombreux fonctionnaires du système pénitentiaire ont été licenciés et des directions entières dans le secteur de la justice ont été supprimées. Sous l’ancien président <a href="https://theconversation.com/en-equateur-lavenir-incertain-du-president-lenin-moreno-125084">Lenin Moreno</a>, le ministère de la Justice, des droits de l’homme et des affaires religieuses a été supprimé et le secrétariat des droits de l’homme et le Service national de prise en charge globale des adultes privés de liberté, qui gère les prisons, ont été créés.</p> <p>Tout cela a provoqué un manque de clarté dans la gestion des graves problèmes des prisons et une augmentation de la surpopulation dans les 34 centres de détention du pays. Les prisons sont devenues, au fil du temps, des arrière-gardes stratégiques pour les barons de la drogue, qui y font régner leur loi par la violence.</p> <p>Les <a href="https://fr.euronews.com/2023/07/26/equateur-31-morts-apres-trois-jours-demeutes-dans-la-prison-del-litoral">émeutes dans les prisons</a> sont de plus en plus fréquentes depuis la pandémie de Covid-19 : au cours des trois dernières années, il y a eu 11 massacres dans les prisons, qui se sont soldés par 412 morts, dans six prisons de cinq villes du pays.</p> <p>Cette violence déborde sur l’ensemble de la société. La diffusion sur Internet de diverses atrocités – démembrements, décapitations, pendaison de cadavres sur des ponts et dans des lieux publics – est devenue monnaie courante.</p> <p>Les mafias locales s’inspirent en cela des cartels colombiens et mexicains. Les actions les plus spectaculaires sont le fait des groupes relevant du cartel <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Jalisco_New_Generation_Cartel">Jalisco Nueva Generación</a>, dont certains membres ont reçu une formation militaire – y compris parfois aux États-Unis – et dont les opérations répondent à des logiques culturelles religieuses, notamment le <a href="https://www.dailymail.co.uk/news/article-12885917/Inside-Ecuadors-brutal-gangs.html">cannibalisme</a> et le culte de la <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Santa_Muerte">Sainte Mort</a>, deux éléments qui se traduisent dans des pratiques de violence glaçante.</p> <h3>Écoles de tueurs à gages</h3> <p>Le 1<sup>er</sup> avril 2023, le président d’alors, Guillermo Lasso, a émis le <a href="https://www.reuters.com/world/americas/ecuadors-lasso-authorizes-civilian-use-guns-citing-insecurity-2023-04-02/">décret exécutif 707</a> qui facilite le port et l’utilisation d’armes par les civils. Les groupes criminels ont alors encore intensifié leurs attaques, en particulier les assassinats de cibles spécifiques par des tueurs à gages.</p> <p>Il est surprenant que l’existence de quatre écoles notoires de tueurs à gages, situées dans les villes de Durán, Manta, Lago Agrio et Esmeraldas, n’ait pas été formellement dénoncée à ce jour.</p> <p>Selon des informations provenant de sources policières, ces écoles forment des assassins juniors, intermédiaires et seniors. Selon leur expérience, leur discipline et le niveau d’importance des cibles, leurs salaires varient entre 200 et 10 000 dollars américains par mois.</p> <p>La formation de ces assassins ne se fait pas nécessairement en personne, mais, souvent, « en distanciel », par le biais de jeux vidéo destinés à faire perdre aux recrues leurs sentiments de peur et de remords. Il s’agit d’une préparation psychologique essentielle pour les jeunes qui, en raison de la pauvreté, du chômage et du manque d’opportunités d’études, sont facilement recrutés en tant qu’assassins pour les différents groupes mafieux.</p> <p>Les gangs disposent de mécanismes de plus en plus puissants pour attirer les habitants des régions les plus défavorisées du pays, qui sont contraints (sous la menace ou par nécessité économique) de rejoindre le monde criminel.</p> <h3>Un narco-État en construction</h3> <p>De plus en plus, les groupes criminels se révèlent en mesure d’exercer une influence sur les autorités locales pour dissimuler leurs activités sous des formes pseudo-légales et faire avancer leurs objectifs stratégiques visant à transformer l’Équateur en un narco-État.</p> <p>Ce sont avant tout les citoyens équatoriens qui en paient le prix. Les meurtres macabres, les enlèvements et autres actes de violence les obligent à changer leurs habitudes ou à opter pour une existence complètement isolée.</p> <p>Un climat d’insécurité et de méfiance s’installe dans la société, exacerbé par les médias traditionnels et les réseaux sociaux, qui continuent d’opérer sans véritable engagement en matière d’éthique journalistique et de responsabilité sociale.<img src="https://counter.theconversation.com/content/221892/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/maria-fernanda-noboa-gonzalez-1503228">Maria Fernanda Noboa Gonzalez</a>, Doutora em Estudos Internacionais, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/facultad-latinoamericana-de-ciencias-sociales-flacso-ecuador-2914">Facultad Latinoamericana de Ciencias Sociales (FLACSO) - Ecuador</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/equateur-comment-le-havre-de-paix-de-lamerique-du-sud-est-devenu-lun-des-pays-les-plus-violents-du-monde-221892">article original</a>.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'equateur-comment-le-havre-de-paix-de-l-amerique-du-sud-est-devenu-l-un-des-pays-les-plus-violents-du-monde', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 109, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://theconversation.com/equateur-comment-le-havre-de-paix-de-lamerique-du-sud-est-devenu-lun-des-pays-les-plus-violents-du-monde-221892', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4881, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) aurait-elle engagé une guerre contre le monde des réalités?', 'subtitle' => 'Avec le jugement favorable à la plainte de l’association KlimaSeniorinnen Schweiz, la CEDH ouvre la voie à la sanction des Etats en se fondant sur des arguments façonnés dans un monde imaginaire. 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Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p> <p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. Ce qui est visé, selon le jugement, serait l’incapacité de la Suisse à fournir une estimation des émissions de gaz à effet de serre futures afin de limiter «le réchauffement climatique» au fameux 1,5°C de l’Accord de Paris, valeur pourtant parfaitement arbitraire et dont les conséquences néfastes restent difficiles à identifier.</p> <p>Mais qu’en est-il vraiment? Que disent les données des études démographiques sur la «violation du droit à la vie» que ce soit sous les climats helvétiques ou mondiaux? Le «réchauffement climatique» met-il réellement en péril le «droit à la vie» des femmes âgées de Suisse?</p> <p>Premier constat, d’après les données de l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), l’espérance de vie à la naissance des femmes suisses est passée de 79,3 ans en 1982 à 85,4 ans en 2022, et ce malgré «l’urgence climatique», soit un gain de 56 jours par an depuis 1982. Sur la même période, l’espérance de vie à 65 ans, âge minimal de ces militantes, est passée de 18,4 à 22,5 années. Il ne semble pas que «le climat» ait eu des conséquences fâcheuses sur leur droit à la vie.</p> <p>En recoupant les données de l’OFS et de Météosuisse, on peut observer la nature cyclique du nombre de décès par semaine des personnes de plus de 65 ans en Suisse, de 2010 à 2024 (Figure).</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713434705_capturedcran2024041812.04.17.png" class="img-responsive img-fluid center " width="784" height="554" /></p> <p>La courbe noire pleine montre que les périodes hivernales restent les plus fatales, toutes causes confondues, pouvant parfois accroître la mortalité de 72% par rapport aux périodes estivales. Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p> <p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p> <p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. 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(2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-cedh-aurait-elle-engage-une-guerre-contre-le-monde-des-realites', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 44, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4878, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Cuba entre famine et abondance', 'subtitle' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. 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La loi est issue d'une initiative populaire approuvée en 2012 et combattue par les bourgeois.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Enfin, lors de la dernière session, le Conseil des États a transmis une motion visant à contraindre toutes les communes à maintenir la vitesse maximale à 50 km/h dans les localités. Ce faisant, il a fait fi de deux piliers fondamentaux de notre système politique : l'autonomie communale et le fédéralisme.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En somme, cela montre clairement ce qui se passe dans le camp bourgeois : une profonde réticence à accepter les défaites et à mettre en œuvre les décisions populaires de manière constructive avec l'adversaire politique, conformément à notre démocratie de concordance. Au lieu de cela, il place de plus en plus souvent ses propres objectifs et intérêts au-dessus des principes démocratiques et adapte les règles du jeu dans le processus de décision parlementaire à ce qui sert ses propres intérêts, grâce à de larges majorités.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Un opportunisme dangereux</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>L'attitude de plus en plus opportuniste de la majorité bourgeoise vis-à-vis des principes de la politique étatique est dangereuse. Elle conduit à des décisions à la légitimité douteuse, déforme la législation, dévalorise nos fondements constitutionnels et endommage la confiance de la population dans le processus politique et dans le fonctionnement des institutions démocratiques.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Cette situation est d'autant plus grave que la Suisse ne connaît pas de juridiction constitutionnelle. Le Tribunal fédéral n'est pas habilité à contrôler les lois fédérales. Le gardien suprême de la Constitution est le Parlement lui-même. Il est à la fois législateur et juge et peut, de fait, édicter des lois fédérales non conformes à la Constitution sans avoir à craindre de sanctions. Les membres du Conseil des États et du Conseil national portent donc une grande responsabilité et devraient d'autant plus être un exemple en matière de respect de la Constitution et d'esprit démocratique. Mais beaucoup ne le sont pas !</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que de nombreux représentants bourgeois du peuple se soient détournés de cette attitude fondamentale est probablement dû surtout à l'évolution politique des dernières décennies. Celle-ci est marquée par deux courants profonds : premièrement, une politique économique, fiscale, financière et sociale néolibérale prononcée et, deuxièmement, une radicalisation dans l'éventail des partis de droite avec un effet d'aspiration sur les partis bourgeois. Ces deux phénomènes ont affaibli la conscience de la nécessité du respect de la Constitution et de l'esprit démocratique.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Néolibéraux et droits de l'Homme</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Tout d'abord, le néolibéralisme : il a conduit à un déchaînement du pouvoir économique, avec pour conséquence que l'État démocratique est devenu le serviteur de groupes et de branches et que le lobbying s'est propagé jusque dans les ramifications les plus fines de la politique et de l'administration. Il s'agit de moins en moins de concevoir la démocratie comme un moyen d'établir le bien commun et la justice, mais plutôt de la contourner et de la déformer pour mieux faire valoir des intérêts économiques particuliers.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Ensuite, concernant la radicalisation dans l'éventail politique de droite : elle a rendu les gens vulnérables à une mentalité autoritaire de "maître chez soi". L'importance de valeurs telles que les droits de l'homme et le principe d'égalité ainsi que le respect des principes de la politique d'État s'estompe. Dans ces milieux, la démocratie et la constitution ne sont invoquées que lorsqu'elles servent leur propre idéologie et peuvent être utilisées comme moyen pour atteindre une fin. Car ici aussi, seul compte le fait de s'imposer - avec ou contre la démocratie et la constitution.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie au cas par cas, en fonction de l'idéologie, des intérêts particuliers et des calculs de pouvoir ? Et ce à une époque où il serait plus que jamais nécessaire de défendre les valeurs et les principes démocratiques ? Sombres perspectives.</span><o:p></o:p></p> <hr /> <p style="text-align: justify;"><a href="https://www.infosperber.ch/politik/demokratie-ja-aber-nur-wenns-passt/" target="_blank" rel="noopener">L'article original publié sur Infosperber</a></p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-democratie-oui-si-elle-convient', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 47, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4856, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'L'OTAN a 75 ans et des défis devant elle', 'subtitle' => 'Le 4 avril 1949 naissait à Washington l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, alors composée de 12 membres. 20 autres pays sont venus l’élargir depuis. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@marcello 26.01.2024 | 10h15
«La question est Pourquoi l'Equateur a sombré dès 2014 ? Quelles étaient les relations Equateur - Etats-Unis . qui se proclame le gendarme du monde?
Rappelez-vous: le 3 juillet 2013, l'avion présidentiel équatorien contraint d'atterrir à Vienne et la police a perquisitionné l'avion à la recherche de M Snowden.
Et que s'est -il passé ensuite en coulisse ?»
@stef 17.02.2024 | 20h11
«La patte de la CIA se trouve derrière ces événements ‼️»