Actuel / Contrôler la presse pour mieux contrôler la société
De nombreux journalistes se sont rassemblés dans l'ashram de Gandhi et autour de sa statue, à Ahmedabad, le 2 octobre, jour de son anniversaire, afin de protester contre le traitement dont ils sont l'objet.
Le mois de septembre 2017 a été marqué d’une pierre noire pour la presse en Inde, observe The Conversation.
Pascal Sieger, École des Hautes Études en sciences sociales (EHESS)
Le 5 septembre la journaliste Gauri Lankesh était abattue devant son domicile à Bangalore. Deux autres journalistes ont été assassinés le même mois. De nombreux autres membres des médias continuent de souffrir d’attaques et menaces, physiques mais aussi symboliques, notamment grâce à la propagation de trolls sur Internet qui les harcèlent. Reporters sans frontières a ainsi récemment alerté sur les atteintes graves à la liberté de la presse en Inde. Selon l’organisation la presse est ainsi sujette, en toute impunité, à la violence exacerbée de la part d’une frange de la droite nationaliste hindoue.
Les menaces proférées à l’encontre d’intellectuels, tels que Kancha Ilaiah Shepherd, un universitaire et militant – qui a récemment publié un ouvrage remettant en cause l’hégémonie des hautes castes dans le Telengana, au sud du pays – ont contribué à ce climat instable, soulignant non seulement l’incapacité du gouvernement à protéger ses citoyens, mais aussi pour ses détracteurs, sa part de responsabilité dans la prolifération de tels actes.
Mutation politique inédite
La société indienne vit une mutation politique inédite. Derrière un désordre et un chaos apparents, le pays est en voie de devenir une société de contrôle bien ordonnée où chaque citoyen deviendrait un élément de la nation hindoue, conforme au projet de l’Hindutva, ou hindouité, qui prône la suprématie hindoue sur le territoire.
Cette vision de l’Inde a nourri l’idéologie du Bharatiya Janata Party (BJP), actuellement au pouvoir ainsi que celle de Narendra Modi, élu premier ministre en 2014. Elle a été développée par le penseur et militant Vinayak Damodar Savarkar dans la première moitié du XXe siècle.
Qu’est-ce qu’une société de contrôle et comment l’Hindutva en tire-t-elle profit aujourd’hui?
Ce concept développé par le philosophe Gilles Deleuze permet d’appréhender ces transformations. Alors que les sociétés de discipline que nous avons connues au début du XXe siècle fondaient leur pouvoir sur l’organisation des lieux d’enfermement, la société de contrôle recadre constamment l’individu pour qu’il corresponde à ce que le pouvoir attend de lui.
Dans cette optique, la démonétisation que l’Inde a connue à la fin de l’année 2016 a été un coup de maître. Le gouvernement a en effet supprimé les plus grosses coupures de la circulation, contraignant les citoyens à limiter l’utilisation de liquidités. Avec plus de 20 millions de comptes ouverts dans les jours qui ont suivi sa mise en place, nécessitant de s'identifier à travers un nouveau processus, le gouvernement a désormais pu quantifier et avoir accès à tout un pan de la population qui lui échappait.
Ce type de stratégie a été accompagné d’une entreprise de contrôle de la presse commencée dès l’accession au pouvoir de Modi. Elle s’appuie sur des méthodes anciennes consistant à entretenir la peur afin d’empêcher toute critique publique des actions et de l’idéologie gouvernementales.
Ce contrôle de la presse qui met en danger la liberté de la presse s’articule autour de trois axes: les assassinats de journalistes ou les violences physiques à leur égard, l’intimidation de masse par les médias électroniques et le système légal.
Un métier fatal
Selon un rapport du CPJ (Committee to Protect Journalists), 41 journalistes ont été tués en Inde au cours des 25 dernières années et ce, en raison de leur activité. La moitié d’entre eux ont trouvé la mort en enquêtant sur des sujets qui touchaient à la politique ou à des personnages politiques ou simplement en exprimant des opinions. Depuis 1992, l’Inde a le triste privilège de figurer parmi les 10 pays les plus dangereux pour les journalistes. La quasi-totalité de ces crimes reste impunie.
Les assassinats de Gauri Lankesh, de Shantanu Bhomwick, tué au cours d’affrontements entre deux partis à Tripura (nord-est indien) pour une chaîne de télévision locale, et de K.J. Singh poignardé dans son appartement à Bombay ne sont malheureusement que l’expression la plus «spectaculaire» des violences l’égard de la presse de ces dernières semaines.
Il faudrait y ajouter les brutalités policières contre des journalistes au cours de manifestations à Bénarès, ou l’attaque d’une succursale de la chaîne Asianet au Kerala après la diffusion d’un reportage incriminant un ministre de cet État.
De plus, le gouvernement fait preuve d’une certaine réticence lorsqu’il s’agit de condamner publiquement l’assassinat de journalistes connus pour mettre en cause le pouvoir actuel, les organisations idéologiques qui lui sont affiliées ou encore ses soutiens financiers. En 2016, le politicien Amit Malviya, en charge de la communication et nouveaux médias pour le BJP, avait même pris parti et approuvé la procédure en diffamation existant contre Gauri Lankesh.
La carte de la diffamation est en effet devenue un outil clef, réapproprié par le BJP contre tous ceux qui dénoncent ses agissements. Le site The Wire, média republieur de The Conversation, a récemment révélé comment l’accession au pouvoir du BJP aurait profité directement à Jay Shah, homme d’affaires et fils du chef de ce parti. Shah a été soutenu à divers degrés dans sa plainte contre le journal par le parti au pouvoir.
Le battage public autour des meurtres, le doute qui plane quant à leurs motifs et leurs commanditaires enseigne ainsi qu’on ne s’attaque pas impunément au régime politique.
Une armée de trolls
Par ailleurs, les médias et intellectuels critiques du gouvernement doivent faire face à une armée de trolls, dont certains sont employés par le BJP, semant la terreur sur les réseaux sociaux.
Les menaces proférées font explicitement référence aux assassinats de journalistes ou d’intellectuels, avertissant ceux qui ont exprimé une opinion jugée dérangeante ou offensante qu’ils subiront le même sort que leurs confrères.
Fin septembre, le compte WhatsApp d’une journaliste du quotidien régional en ligne The Covoi Post a ainsi été saturé de messages très agressifs suite à la publication d’un article critiquant une cérémonie religieuse hindoue au cours de laquelle des jeunes filles prépubères défilent torses nus.
Cette méthode de harcèlement sur Internet se généralise et, s’il est difficile de retrouver les auteurs, il est impossible d’évaluer le risque de passage à l’acte. Gauri Lankesh avait, elle aussi, été menacée sur les réseaux sociaux.
Dans son ouvrage I Am a Troll, paru en 2015, la journaliste Swati Chaturvedi décrivait déjà la manière dont des campagnes de dénigrement et d’intimidation étaient organisées (notamment par le BJP) sur les médias électroniques.
On a d’ailleurs reproché à Narendra Modi, lui-même très actif sur Twitter, de suivre les comptes d'individus ayant exprimé leur satisfaction après l’assassinat de Gauri Lankesh. Même s’il n’est que virtuel, le lien ambigu entre le premier ministre et ces tweetos extrémistes contribue à propager la terreur et pourrait servir son projet de contrôle.
Journalistes «anti-nationaux»
Si, malgré les menaces, les journalistes persistent à signer des articles critiquant le régime politique, le pouvoir dispose également d’arguments légaux pour les en dissuader.
En effet, le gouvernement a remis au goût du jour en 2014 une loi antisédition datant de 1870 imaginée par le pouvoir colonial et qui punit toute activité jugée «anti-nationale». Cette réactualisation d’une loi oubliée a placé chaque journaliste sous une épée de Damoclès. Dans quelle mesure un discours est-il antinational? De nos jours, il semblerait que tout discours hostile à Modi et son entourage, peut être qualifié ainsi.
D’autre part, une loi criminalisant la diffamation votée en 2015 permet désormais à quiconque se considérant diffamé de poursuivre un journaliste en justice pénale.
En Inde, les politiciens usent et abusent de cette loi pour empêcher la publication d’articles qui ne leur seraient pas favorables. Durant mes enquêtes, j’ai ainsi appris que de nombreux rédacteurs en chef passent une à deux journées par semaine à défendre leurs employés poursuivis pour diffamation publique.
Par ailleurs, une bonne partie des grands groupes de presse appartient à des industriels proches du pouvoir ou financés par la publicité de ces mêmes industriels.
Les journaux et magazines subissent donc très régulièrement des pressions. Le vénérable Times of India a ainsi retiré précipitamment de son site au bout de quelques jours un article daté du 14 septembre qui faisait état des mauvais résultats de la politique agricole du gouvernement.
Ce régime de terreur pousse de plus en plus de journalistes et d’intellectuels à l’autocensure, étape ultime d’une société de contrôle où les citoyens se recadrent eux-mêmes car ils ont intériorisé les risques de toute transgression.
En 2015, pendant des manifestations condamnant le meurtre de l'universitaire M.M Kalburgi, Mahesh Sharma, le ministre de la Culture, commentait déjà, et sans crainte de rappel à l’ordre du gouvernement, que si les intellectuels «avaient du mal à écrire dans un pays aussi intolérant, et dangereux pour la liberté d’expression, [ils] n’avaient qu’à cesser d’écrire».
A la lumière des derniers évènements, ce «conseil» prend une dimension effrayante. Il révèle comment la plus grande démocratie du monde est en train d’orchestrer un contrôle sans précédent sur sa population.
Pascal Sieger, doctorant en anthropologie, École des Hautes Études en sciences sociales (EHESS)
Lire l'article original sur The Conversation.
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Deux autres journalistes <a href="https://scroll.in/article/849691/whoever-killed-gauri-lankesh-it-is-clear-that-india-continues-to-be-deadly-for-journalists">ont été assassinés le même mois</a>. De nombreux autres membres des médias continuent de souffrir d’attaques et menaces, physiques mais aussi symboliques, notamment grâce à la propagation de trolls sur Internet qui les harcèlent. Reporters sans frontières a ainsi récemment alerté sur les atteintes graves à la liberté de la presse en Inde. <a href="https://rsf.org/en/india">Selon l’organisation</a> la presse est ainsi sujette, en toute impunité, à la violence exacerbée de la part d’une frange de la droite nationaliste hindoue. </p><p>Les menaces proférées à l’encontre d’intellectuels, tels que <a href="https://thewire.in/176331/kancha-ilaiah-shepherd-police-complaint-threat-calls/">Kancha Ilaiah Shepherd</a>, un universitaire et militant – qui a récemment publié un ouvrage remettant en cause l’hégémonie des hautes castes dans le Telengana, au sud du pays – ont contribué à ce climat instable, soulignant non seulement l’incapacité du gouvernement à protéger ses citoyens, mais aussi pour ses détracteurs, sa part de responsabilité dans la prolifération de tels actes.</p> <h3>Mutation politique inédite</h3> <p>La société indienne vit une mutation politique inédite. Derrière un désordre et un chaos apparents, le pays est en voie de devenir une société de contrôle bien ordonnée où chaque citoyen deviendrait un élément de la nation hindoue, conforme au <a href="https://press.princeton.edu/titles/8560.html">projet de l’Hindutva</a>, ou hindouité, qui prône la suprématie hindoue sur le territoire.</p> <p>Cette vision de l’Inde a nourri l’idéologie du Bharatiya Janata Party (BJP), actuellement au pouvoir ainsi que celle de Narendra Modi, élu premier ministre en 2014. Elle a été développée par le penseur et militant <a href="https://www.economist.com/news/christmas-specials/21636599-controversial-mentor-hindu-right-man-who-thought-gandhi-sissy">Vinayak Damodar Savarkar</a> dans la première moitié du XX<sup>e</sup> siècle.</p> <p>Qu’est-ce qu’une société de contrôle et comment l’Hindutva en tire-t-elle profit aujourd’hui?</p> <p><a href="http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-Pourparlers_(1972_1990)%C2%A0-2023-1-1-0-1.html">Ce concept développé par le philosophe Gilles Deleuze</a> permet d’appréhender ces transformations. Alors que les sociétés de discipline que nous avons connues au début du XX<sup>e</sup> siècle fondaient leur pouvoir sur l’organisation <a href="https://methodos.revues.org/2941">des lieux d’enfermement</a>, la société de contrôle recadre constamment l’individu pour qu’il corresponde à ce que le pouvoir attend de lui.</p> <p>Dans cette optique, la démonétisation que l’Inde a connue <a href="http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2016/11/12/en-inde-la-demonetisation-des-billets-provoque-d-immenses-files-d-attente-dans-les-banques_5030084_3216.html">à la fin de l’année 2016</a> a été un coup de maître. Le gouvernement a en effet supprimé les plus grosses coupures de la circulation, contraignant les citoyens à limiter l’utilisation de liquidités. Avec plus de 20 millions de comptes ouverts dans les jours qui ont suivi sa mise en place, nécessitant de s'identifier <a href="https://www.humanite.fr/inde-la-population-de-plus-en-plus-fichee-636179">à travers un nouveau processus</a>, le gouvernement a désormais pu quantifier et avoir accès à tout un pan de la population <a href="http://www.hindustantimes.com/india-news/over-2-crore-jan-dhan-accounts-opened-since-nov-8-demonetisation-move/story-4Xv6cqkSSzHs57W0jG0jSK.html">qui lui échappait</a>.</p> <p>Ce type de stratégie a été accompagné d’une entreprise de contrôle de la presse commencée dès l’accession au pouvoir de Modi. Elle s’appuie sur des méthodes anciennes consistant à entretenir la peur afin d’empêcher toute critique publique des actions et de l’idéologie gouvernementales.</p> <p>Ce contrôle de la presse qui met en danger la liberté de la presse s’articule autour de trois axes: les assassinats de journalistes ou les violences physiques à leur égard, l’intimidation de masse par les médias électroniques et le système légal.</p> <h3>Un métier fatal</h3> <p>Selon un rapport du CPJ (Committee to Protect Journalists), 41 journalistes ont été tués en Inde <a href="https://cpj.org/asia/india">au cours des 25 dernières années</a> et ce, en raison de leur activité. La moitié d’entre eux ont trouvé la mort en enquêtant sur des sujets qui touchaient à la politique ou à des personnages politiques ou simplement en exprimant des opinions. Depuis 1992, l’Inde a le triste privilège de figurer parmi les 10 pays les plus dangereux pour les journalistes. La quasi-totalité de ces crimes reste impunie.</p> <p>Les assassinats de <a href="http://www.thehindu.com/opinion/editorial/death-of-an-activist/article19631653.ece">Gauri Lankesh</a>, de <a href="https://www.theguardian.com/world/2017/sep/21/shantanu-bhowmick-reporter-beaten-to-death-india-agartala">Shantanu Bhomwick</a>, tué au cours d’affrontements entre deux partis à Tripura (nord-est indien) pour une chaîne de télévision locale, et de K.J. Singh poignardé <a href="http://www.hindustantimes.com/punjab/mohali-double-murder-journalist-kj-singh-knew-killers-was-stabbed-15-times-says-police/story-AG5hbRyfnTkJoJQwC4kHkL.html">dans son appartement à Bombay</a> ne sont malheureusement que l’expression la plus «spectaculaire» des violences l’égard de la presse de ces dernières semaines.</p> <p>Il faudrait y ajouter les brutalités policières contre des journalistes au cours de <a href="http://indiatoday.intoday.in/story/students-journalists-injured-in-violence-in-bhu-campus/1/1055176.html">manifestations à Bénarès</a>, ou l’attaque d’une succursale de la chaîne Asianet au Kerala après la diffusion <a href="http://www.firstpost.com/india/kerala-asianet-tv-office-attacked-following-reports-alleging-land-encroachment-by-transport-minister-thomas-chandy-4065379.html*">d’un reportage incriminant</a> un ministre de cet État.</p> <p>De plus, le gouvernement fait preuve d’une certaine réticence lorsqu’il s’agit de condamner publiquement l’assassinat de journalistes connus pour mettre en cause le pouvoir actuel, les organisations idéologiques qui lui sont affiliées ou encore ses soutiens financiers. En 2016, le politicien Amit Malviya, en charge de la communication et nouveaux médias pour le BJP, avait même pris parti et approuvé la procédure en diffamation existant contre Gauri Lankesh.<img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w505/1509362117_capturedecran20171030a12.10.17.png"></p><p> La carte de la diffamation est en effet devenue un outil clef, réapproprié par le BJP contre tous ceux qui dénoncent ses agissements. Le site <em>The Wir</em>e, média republieur de <em>The Conversation</em>, a récemment révélé comment l’accession au pouvoir du BJP aurait profité directement à Jay Shah, homme d’affaires et fils du chef de ce parti. <a href="https://thewire.in/186469/bjp-lost-moral-high-ground-reacting-way-wire-story-jay-amit-shah-says-yashwant/">Shah a été soutenu à divers degrés</a> dans sa plainte contre le journal par le parti au pouvoir. </p><p>Le battage public autour des meurtres, le doute qui plane <a href="http://www.thehoot.org/free-speech/media-freedom/india-2016-17-the-silencing-of-journalists-10070">quant à leurs motifs et leurs commanditaires</a> enseigne ainsi qu’on ne s’attaque pas impunément au régime politique.</p> <h3>Une armée de trolls</h3> <p>Par ailleurs, les médias et intellectuels critiques du gouvernement doivent faire face à une armée de trolls, dont certains sont employés <a href="https://www.theguardian.com/world/2016/dec/27/india-bjp-party-ordering-online-abuse-opponents-actors-modi-claims-book">par le BJP</a>, semant la terreur sur les réseaux sociaux.</p> <p>Les <a href="http://www.firstpost.com/india/bjps-affair-with-Twitter-trolls-narendra-modi-may-call-for-restraint-but-party-can-never-distance-itself-from-online-bullies-4018791.html">menaces proférées</a> font explicitement référence aux assassinats de journalistes ou d’intellectuels, avertissant ceux qui ont exprimé une opinion jugée dérangeante ou offensante qu’ils subiront le même sort que leurs confrères.</p> <p>Fin septembre, le compte WhatsApp d’une journaliste du quotidien régional en ligne <a href="http://www.covaipost.com/coimbatore/girls-in-puberty-stage-paraded-half-naked-offered-to-deity-for-a-fortnight"><em>The Covoi Post</em></a> a ainsi été saturé de messages très agressifs suite à la publication d’un article critiquant une cérémonie religieuse hindoue au cours de laquelle des jeunes filles prépubères défilent torses nus.</p> <p>Cette méthode de harcèlement sur Internet se généralise et, s’il est difficile de retrouver les auteurs, il est impossible d’évaluer le risque de passage à l’acte. Gauri Lankesh avait, elle aussi, <a href="https://m.dailyhunt.in/news/india/english/asianet+newsable-epaper-asnewsab/gauri+lankesh+murder+we+will+kill+you+journalist+had+received+death+threat+a+month+ago-newsid-72829302">été menacée</a> sur les réseaux sociaux.</p> <p>Dans son ouvrage <a href="https://www.ft.com/content/6dd90462-e3bd-11e6-8405-9e5580d6e5fb"><em>I Am a Troll</em></a>, paru en 2015, la journaliste Swati Chaturvedi décrivait déjà la manière dont des campagnes de dénigrement et d’intimidation étaient organisées (notamment par le BJP) sur les médias électroniques.</p> <p><a href="http://www.bbc.com/news/world-asia-india-41549756">On a d’ailleurs reproché </a> à Narendra Modi, lui-même très actif sur Twitter, de suivre les comptes d'individus ayant exprimé leur satisfaction après l’assassinat de Gauri Lankesh. Même s’il n’est que virtuel, le lien ambigu entre le premier ministre et ces tweetos extrémistes contribue à propager la terreur et pourrait servir son projet de contrôle.</p> <h3>Journalistes «anti-nationaux»</h3> <p>Si, malgré les menaces, les journalistes persistent à signer des articles critiquant le régime politique, le pouvoir dispose également d’arguments légaux pour les en dissuader.</p> <p>En effet, le gouvernement a remis au goût du jour en 2014 une loi antisédition datant de 1870 imaginée par le pouvoir colonial et qui punit toute activité jugée <a href="http://indiatoday.intoday.in/education/story/indian-sedition-law/1/597316.html">«anti-nationale»</a>. Cette réactualisation d’une loi oubliée a placé chaque journaliste sous une épée de Damoclès. Dans quelle mesure un discours est-il antinational? De nos jours, il semblerait que tout discours hostile à Modi et son entourage, peut être <a href="https://thediplomat.com/2016/02/modis-new-mantra-if-youre-not-with-me-youre-anti-national">qualifié ainsi</a>.</p> <p>D’autre part, une loi criminalisant la <a href="http://www.livemint.com/Politics/cFDpysfoouEMLlJbmm9BeJ/SC-to-rule-on-criminal-defamation-cases-today-politicians.html">diffamation votée en 2015</a> permet désormais à quiconque se considérant diffamé de poursuivre un journaliste en justice pénale.</p> <p>En Inde, les politiciens usent et abusent de cette loi pour empêcher la publication d’articles qui ne leur seraient pas favorables. Durant <a href="http://www.implications-philosophiques.org/actualite/une/mafia-de-lintolerance-versus-pollution-culturelle-les-artistes-indiens-et-le-gouvernement-nationaliste-hindou">mes enquêtes</a>, j’ai ainsi appris que de nombreux rédacteurs en chef passent une à deux journées par semaine à défendre leurs employés poursuivis pour diffamation publique.</p> <p>Par ailleurs, une bonne partie des grands groupes de presse <a href="http://www.cjfe.org/indias_free_press_problem">appartient à des industriels proches</a> du pouvoir ou financés par la publicité de ces mêmes industriels.</p> <p>Les journaux et magazines subissent donc très régulièrement des pressions. Le vénérable <em>Times of India</em> a ainsi <a href="https://thewire.in/181157/times-of-india-vasundhara-raje-bjp-narendra-modi-press-censorship">retiré précipitamment de son site</a> au bout de quelques jours un article daté du 14 septembre qui faisait état des mauvais résultats de la politique agricole du gouvernement.</p> <p>Ce régime de terreur pousse de plus en plus de journalistes et d’intellectuels à l’autocensure, étape ultime d’une société de contrôle où les citoyens se recadrent eux-mêmes car ils ont intériorisé les risques de toute transgression.</p> <p>En 2015, pendant des manifestations condamnant <a href="http://www.bbc.com/news/world-asia-india-34105187">le meurtre de l'universitaire M.M</a> Kalburgi, Mahesh Sharma, le ministre de la Culture, <a href="http://www.bbc.com/news/world-asia-india-34105187">commentait déjà, et sans crainte de rappel à l’ordre du gouvernement,</a> que si les intellectuels «avaient du mal à écrire dans un pays aussi intolérant, et dangereux pour la liberté d’expression, [ils] n’avaient qu’à cesser d’écrire».</p> <p>A la lumière des derniers évènements, ce «conseil» prend une dimension effrayante. 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Deux autres journalistes <a href="https://scroll.in/article/849691/whoever-killed-gauri-lankesh-it-is-clear-that-india-continues-to-be-deadly-for-journalists">ont été assassinés le même mois</a>. De nombreux autres membres des médias continuent de souffrir d’attaques et menaces, physiques mais aussi symboliques, notamment grâce à la propagation de trolls sur Internet qui les harcèlent. Reporters sans frontières a ainsi récemment alerté sur les atteintes graves à la liberté de la presse en Inde. <a href="https://rsf.org/en/india">Selon l’organisation</a> la presse est ainsi sujette, en toute impunité, à la violence exacerbée de la part d’une frange de la droite nationaliste hindoue. </p><p>Les menaces proférées à l’encontre d’intellectuels, tels que <a href="https://thewire.in/176331/kancha-ilaiah-shepherd-police-complaint-threat-calls/">Kancha Ilaiah Shepherd</a>, un universitaire et militant – qui a récemment publié un ouvrage remettant en cause l’hégémonie des hautes castes dans le Telengana, au sud du pays – ont contribué à ce climat instable, soulignant non seulement l’incapacité du gouvernement à protéger ses citoyens, mais aussi pour ses détracteurs, sa part de responsabilité dans la prolifération de tels actes.</p> <h3>Mutation politique inédite</h3> <p>La société indienne vit une mutation politique inédite. 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Elle a été développée par le penseur et militant <a href="https://www.economist.com/news/christmas-specials/21636599-controversial-mentor-hindu-right-man-who-thought-gandhi-sissy">Vinayak Damodar Savarkar</a> dans la première moitié du XX<sup>e</sup> siècle.</p> <p>Qu’est-ce qu’une société de contrôle et comment l’Hindutva en tire-t-elle profit aujourd’hui?</p> <p><a href="http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-Pourparlers_(1972_1990)%C2%A0-2023-1-1-0-1.html">Ce concept développé par le philosophe Gilles Deleuze</a> permet d’appréhender ces transformations. 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Avec plus de 20 millions de comptes ouverts dans les jours qui ont suivi sa mise en place, nécessitant de s'identifier <a href="https://www.humanite.fr/inde-la-population-de-plus-en-plus-fichee-636179">à travers un nouveau processus</a>, le gouvernement a désormais pu quantifier et avoir accès à tout un pan de la population <a href="http://www.hindustantimes.com/india-news/over-2-crore-jan-dhan-accounts-opened-since-nov-8-demonetisation-move/story-4Xv6cqkSSzHs57W0jG0jSK.html">qui lui échappait</a>.</p> <p>Ce type de stratégie a été accompagné d’une entreprise de contrôle de la presse commencée dès l’accession au pouvoir de Modi. Elle s’appuie sur des méthodes anciennes consistant à entretenir la peur afin d’empêcher toute critique publique des actions et de l’idéologie gouvernementales.</p> <p>Ce contrôle de la presse qui met en danger la liberté de la presse s’articule autour de trois axes: les assassinats de journalistes ou les violences physiques à leur égard, l’intimidation de masse par les médias électroniques et le système légal.</p> <h3>Un métier fatal</h3> <p>Selon un rapport du CPJ (Committee to Protect Journalists), 41 journalistes ont été tués en Inde <a href="https://cpj.org/asia/india">au cours des 25 dernières années</a> et ce, en raison de leur activité. La moitié d’entre eux ont trouvé la mort en enquêtant sur des sujets qui touchaient à la politique ou à des personnages politiques ou simplement en exprimant des opinions. Depuis 1992, l’Inde a le triste privilège de figurer parmi les 10 pays les plus dangereux pour les journalistes. La quasi-totalité de ces crimes reste impunie.</p> <p>Les assassinats de <a href="http://www.thehindu.com/opinion/editorial/death-of-an-activist/article19631653.ece">Gauri Lankesh</a>, de <a href="https://www.theguardian.com/world/2017/sep/21/shantanu-bhowmick-reporter-beaten-to-death-india-agartala">Shantanu Bhomwick</a>, tué au cours d’affrontements entre deux partis à Tripura (nord-est indien) pour une chaîne de télévision locale, et de K.J. Singh poignardé <a href="http://www.hindustantimes.com/punjab/mohali-double-murder-journalist-kj-singh-knew-killers-was-stabbed-15-times-says-police/story-AG5hbRyfnTkJoJQwC4kHkL.html">dans son appartement à Bombay</a> ne sont malheureusement que l’expression la plus «spectaculaire» des violences l’égard de la presse de ces dernières semaines.</p> <p>Il faudrait y ajouter les brutalités policières contre des journalistes au cours de <a href="http://indiatoday.intoday.in/story/students-journalists-injured-in-violence-in-bhu-campus/1/1055176.html">manifestations à Bénarès</a>, ou l’attaque d’une succursale de la chaîne Asianet au Kerala après la diffusion <a href="http://www.firstpost.com/india/kerala-asianet-tv-office-attacked-following-reports-alleging-land-encroachment-by-transport-minister-thomas-chandy-4065379.html*">d’un reportage incriminant</a> un ministre de cet État.</p> <p>De plus, le gouvernement fait preuve d’une certaine réticence lorsqu’il s’agit de condamner publiquement l’assassinat de journalistes connus pour mettre en cause le pouvoir actuel, les organisations idéologiques qui lui sont affiliées ou encore ses soutiens financiers. En 2016, le politicien Amit Malviya, en charge de la communication et nouveaux médias pour le BJP, avait même pris parti et approuvé la procédure en diffamation existant contre Gauri Lankesh.<img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w505/1509362117_capturedecran20171030a12.10.17.png"></p><p> La carte de la diffamation est en effet devenue un outil clef, réapproprié par le BJP contre tous ceux qui dénoncent ses agissements. Le site <em>The Wir</em>e, média republieur de <em>The Conversation</em>, a récemment révélé comment l’accession au pouvoir du BJP aurait profité directement à Jay Shah, homme d’affaires et fils du chef de ce parti. <a href="https://thewire.in/186469/bjp-lost-moral-high-ground-reacting-way-wire-story-jay-amit-shah-says-yashwant/">Shah a été soutenu à divers degrés</a> dans sa plainte contre le journal par le parti au pouvoir. </p><p>Le battage public autour des meurtres, le doute qui plane <a href="http://www.thehoot.org/free-speech/media-freedom/india-2016-17-the-silencing-of-journalists-10070">quant à leurs motifs et leurs commanditaires</a> enseigne ainsi qu’on ne s’attaque pas impunément au régime politique.</p> <h3>Une armée de trolls</h3> <p>Par ailleurs, les médias et intellectuels critiques du gouvernement doivent faire face à une armée de trolls, dont certains sont employés <a href="https://www.theguardian.com/world/2016/dec/27/india-bjp-party-ordering-online-abuse-opponents-actors-modi-claims-book">par le BJP</a>, semant la terreur sur les réseaux sociaux.</p> <p>Les <a href="http://www.firstpost.com/india/bjps-affair-with-Twitter-trolls-narendra-modi-may-call-for-restraint-but-party-can-never-distance-itself-from-online-bullies-4018791.html">menaces proférées</a> font explicitement référence aux assassinats de journalistes ou d’intellectuels, avertissant ceux qui ont exprimé une opinion jugée dérangeante ou offensante qu’ils subiront le même sort que leurs confrères.</p> <p>Fin septembre, le compte WhatsApp d’une journaliste du quotidien régional en ligne <a href="http://www.covaipost.com/coimbatore/girls-in-puberty-stage-paraded-half-naked-offered-to-deity-for-a-fortnight"><em>The Covoi Post</em></a> a ainsi été saturé de messages très agressifs suite à la publication d’un article critiquant une cérémonie religieuse hindoue au cours de laquelle des jeunes filles prépubères défilent torses nus.</p> <p>Cette méthode de harcèlement sur Internet se généralise et, s’il est difficile de retrouver les auteurs, il est impossible d’évaluer le risque de passage à l’acte. Gauri Lankesh avait, elle aussi, <a href="https://m.dailyhunt.in/news/india/english/asianet+newsable-epaper-asnewsab/gauri+lankesh+murder+we+will+kill+you+journalist+had+received+death+threat+a+month+ago-newsid-72829302">été menacée</a> sur les réseaux sociaux.</p> <p>Dans son ouvrage <a href="https://www.ft.com/content/6dd90462-e3bd-11e6-8405-9e5580d6e5fb"><em>I Am a Troll</em></a>, paru en 2015, la journaliste Swati Chaturvedi décrivait déjà la manière dont des campagnes de dénigrement et d’intimidation étaient organisées (notamment par le BJP) sur les médias électroniques.</p> <p><a href="http://www.bbc.com/news/world-asia-india-41549756">On a d’ailleurs reproché </a> à Narendra Modi, lui-même très actif sur Twitter, de suivre les comptes d'individus ayant exprimé leur satisfaction après l’assassinat de Gauri Lankesh. Même s’il n’est que virtuel, le lien ambigu entre le premier ministre et ces tweetos extrémistes contribue à propager la terreur et pourrait servir son projet de contrôle.</p> <h3>Journalistes «anti-nationaux»</h3> <p>Si, malgré les menaces, les journalistes persistent à signer des articles critiquant le régime politique, le pouvoir dispose également d’arguments légaux pour les en dissuader.</p> <p>En effet, le gouvernement a remis au goût du jour en 2014 une loi antisédition datant de 1870 imaginée par le pouvoir colonial et qui punit toute activité jugée <a href="http://indiatoday.intoday.in/education/story/indian-sedition-law/1/597316.html">«anti-nationale»</a>. Cette réactualisation d’une loi oubliée a placé chaque journaliste sous une épée de Damoclès. Dans quelle mesure un discours est-il antinational? 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Il révèle comment la plus grande démocratie du monde est en train d’orchestrer un contrôle sans précédent sur sa population.</p><br> <p><span><a href="https://theconversation.com/profiles/pascal-sieger-414647">Pascal Sieger</a>, doctorant en anthropologie, <em><a href="http://theconversation.com/institutions/ecole-des-hautes-etudes-en-sciences-sociales-ehess-2190">École des Hautes Études en sciences sociales (EHESS)</a></em></span></p> <p></p><hr><p></p><h4>Lire l'<a href="https://theconversation.com/en-inde-controler-la-presse-pour-mieux-controler-la-societe-85146?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2018%20octobre%202017%20-%2085917126&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2018%20octobre%202017%20-%2085917126+CID_87663ecdd0b8500a67a84297ecbe914f&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=En%20Inde%20contrler%20la%20presse%20pour%20mieux%20contrler%20la%20socit">article original</a> sur <a href="http://theconversation.com"><em>The Conversation</em>.<br></a></h4> ', 'content_edition' => null, 'slug' => 'en-inde-controler-la-presse-pour-mieux-controler-la-societe-1', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 779, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 540, 'homepage_order' => (int) 540, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4861, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La démocratie, oui… si elle convient', 'subtitle' => 'Le site Infosperber a publié une provocante réflexion de Walter Langenegger, ex-chef de la rubrique suisse au « St.Galler Tagblatt » et chef de la communication de la ville de Berne. 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La loi est issue d'une initiative populaire approuvée en 2012 et combattue par les bourgeois.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Enfin, lors de la dernière session, le Conseil des États a transmis une motion visant à contraindre toutes les communes à maintenir la vitesse maximale à 50 km/h dans les localités. Ce faisant, il a fait fi de deux piliers fondamentaux de notre système politique : l'autonomie communale et le fédéralisme.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En somme, cela montre clairement ce qui se passe dans le camp bourgeois : une profonde réticence à accepter les défaites et à mettre en œuvre les décisions populaires de manière constructive avec l'adversaire politique, conformément à notre démocratie de concordance. Au lieu de cela, il place de plus en plus souvent ses propres objectifs et intérêts au-dessus des principes démocratiques et adapte les règles du jeu dans le processus de décision parlementaire à ce qui sert ses propres intérêts, grâce à de larges majorités.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Un opportunisme dangereux</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>L'attitude de plus en plus opportuniste de la majorité bourgeoise vis-à-vis des principes de la politique étatique est dangereuse. Elle conduit à des décisions à la légitimité douteuse, déforme la législation, dévalorise nos fondements constitutionnels et endommage la confiance de la population dans le processus politique et dans le fonctionnement des institutions démocratiques.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Cette situation est d'autant plus grave que la Suisse ne connaît pas de juridiction constitutionnelle. Le Tribunal fédéral n'est pas habilité à contrôler les lois fédérales. Le gardien suprême de la Constitution est le Parlement lui-même. Il est à la fois législateur et juge et peut, de fait, édicter des lois fédérales non conformes à la Constitution sans avoir à craindre de sanctions. Les membres du Conseil des États et du Conseil national portent donc une grande responsabilité et devraient d'autant plus être un exemple en matière de respect de la Constitution et d'esprit démocratique. Mais beaucoup ne le sont pas !</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que de nombreux représentants bourgeois du peuple se soient détournés de cette attitude fondamentale est probablement dû surtout à l'évolution politique des dernières décennies. Celle-ci est marquée par deux courants profonds : premièrement, une politique économique, fiscale, financière et sociale néolibérale prononcée et, deuxièmement, une radicalisation dans l'éventail des partis de droite avec un effet d'aspiration sur les partis bourgeois. Ces deux phénomènes ont affaibli la conscience de la nécessité du respect de la Constitution et de l'esprit démocratique.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Néolibéraux et droits de l'Homme</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Tout d'abord, le néolibéralisme : il a conduit à un déchaînement du pouvoir économique, avec pour conséquence que l'État démocratique est devenu le serviteur de groupes et de branches et que le lobbying s'est propagé jusque dans les ramifications les plus fines de la politique et de l'administration. Il s'agit de moins en moins de concevoir la démocratie comme un moyen d'établir le bien commun et la justice, mais plutôt de la contourner et de la déformer pour mieux faire valoir des intérêts économiques particuliers.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Ensuite, concernant la radicalisation dans l'éventail politique de droite : elle a rendu les gens vulnérables à une mentalité autoritaire de "maître chez soi". L'importance de valeurs telles que les droits de l'homme et le principe d'égalité ainsi que le respect des principes de la politique d'État s'estompe. Dans ces milieux, la démocratie et la constitution ne sont invoquées que lorsqu'elles servent leur propre idéologie et peuvent être utilisées comme moyen pour atteindre une fin. Car ici aussi, seul compte le fait de s'imposer - avec ou contre la démocratie et la constitution.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie au cas par cas, en fonction de l'idéologie, des intérêts particuliers et des calculs de pouvoir ? Et ce à une époque où il serait plus que jamais nécessaire de défendre les valeurs et les principes démocratiques ? Sombres perspectives.</span><o:p></o:p></p> <hr /> <p style="text-align: justify;"><a href="https://www.infosperber.ch/politik/demokratie-ja-aber-nur-wenns-passt/" target="_blank" rel="noopener">L'article original publié sur Infosperber</a></p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-democratie-oui-si-elle-convient', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 38, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4856, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'L'OTAN a 75 ans et des défis devant elle', 'subtitle' => 'Le 4 avril 1949 naissait à Washington l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, alors composée de 12 membres. 20 autres pays sont venus l’élargir depuis. 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Si l’Allemagne et les autres membres de l’alliance nouent bien des partenariats avec des Etats du Pacifique, et conduisent des exercices militaires dans la zone, ce n’est pas à la hauteur de la «menace chinoise».</p> <p>La nature de cette menace? Elle n’est pas directement militaire mais plutôt économique. «Si Pékin était en mesure de bloquer les voies commerciales dans la mer de Chine méridionale, la circulation des marchandises en Europe serait en péril».</p> <p>Autre question qui n’était pas d’actualité il y a 75 ans: la contribution des Etats-Unis. Le <a href="https://www.telegraph.co.uk/opinion/2024/04/03/europe-must-step-up-to-keep-the-us-in-nato/" target="_blank" rel="noopener"><em>Daily Telegraph</em></a> regrette que l’Europe ne fasse aucun effort pour s’assurer que le plus grand contributeur de l’OTAN ne s’en détache pas. L’heure est grave, puisqu’on parle de «passer à la caisse». La menace qui plane sur l’avenir de l’organisation n’est pas seulement la perspective d’une réélection de Donald Trump et de la ligne isolationniste, c’est celle du mécontentement général des Etats-Unis qui «contribuent bien plus à la défense de l’Europe que le continent ne le fait lui-même... On aurait tort de penser que l’aide américaine coule de source.»</p> <p>Les dissensions internes sont toujours un péril sous-estimé, comme le confirme <a href="https://iq.lt/komentarai/issukiai-lietuvos-ateiciai-nato-ir-es/325771" target="_blank" rel="noopener">le mensuel lituanien </a><em><a href="https://iq.lt/komentarai/issukiai-lietuvos-ateiciai-nato-ir-es/325771" target="_blank" rel="noopener">IQ</a>. </em>Au cœur de la discorde, le droit de veto. Ce dernier a rendu «complètement inefficace» l’ONU, constate <em>IQ</em>, car le risque est constant de s’en servir pour exercer pressions ou intrigues diplomatiques. «Démocratie, droit international et Etat de droit forment le socle de l'alliance la plus puissante au monde. Mais un certain nombre d'Etats oublieux de ces valeurs tentent depuis longtemps de placer leur intérêts mercantilistes au-dessus des décisions cruciales de l’OTAN.»</p> <p>Cela revient à poser une question essentielle, dans toute organisation: qu’est-ce qui lie entre eux les Etats membres? Au-delà de la coopération militaire, ce sont des «valeurs», celles mêmes que les pays occidentaux s’emploient à défendre en ce moment en Ukraine. La députée Renaissance Anne Genetet plaide même pour la création d’un centre de l’OTAN chargé de défendre de concert les valeurs occidentales et la «résilience démocratique». 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Le conflit d’intérêts et le manque de transparence autour de ces contrats ont été dénoncés par un groupe d’eurodéputés, malheureusement sans succès à ce jour. Si le parquet européen avait annoncé l’ouverture d’une enquête en octobre dernier, la Commission garde le silence concernant ces échanges par SMS. Cela a alimenté une certaine méfiance des Européens, selon la médiatrice européenne, Emily O’Reilly. Selon <em>Politico</em>, le Parquet européen aurait repris l’enquête auprès des autorités belges, selon des rapports de suite à des allégations d’ingérence, de destruction de SMS, de corruption et de conflits d’intérêts.</span></p> <h3><span>Soupçons d’ingérence et de corruption</span></h3> <p><span>Auparavont, l’enquête concernant les échanges de SMS entre la présidente de la Commission européenne et le PDG de Pfizer était basée sur de simples plaintes administratives. 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Si le cadre institutionnel, les techniques de soin et les méthodes de recherche scientifique ont une longue (et passionnante) histoire, il n’en demeure pas moins que leur évolution est définie par des principes sociaux stables, qui trouvent leur première formulation à l’aube de notre civilisation.</p> <p>De même que <a href="https://theconversation.com/aux-origines-de-lirresponsabilite-penale-des-fous-160654">l’irresponsabilité pénale</a> des individus dont le jugement est aboli est une règle de droit observée dès le sortir de la Préhistoire, de même, il existe bien une psychiatrie antique, pensée et nommée comme telle. Les auteurs de langue latine la désignent comme « soin des aliénés » (<em>curatio furiosi</em>). Elle est le reflet, dans la sphère médicale, du traitement civique des malades désigné par les auteurs juridiques comme « protection des déments » (<em>cura furiosi</em>).</p> <h3>Naissance de la psychiatrie</h3> <p>Les modalités du traitement médical des personnes atteintes de trouble mental sévère (les <em>furiosi</em>) sont élaborées par des auteurs de langue et souvent d’origine grecque, puisque la médecine est une discipline enracinée dans la culture de la civilisation grecque. Mais cette invention a lieu dans un contexte romain, c’est-à-dire à l’époque romaine et dans la ville de Rome, dans le milieu sénatorial et bourgeois de la fin de la République (du temps de César et Cicéron, ou peu avant).</p> <p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p> <p>La naissance de cette psychiatrie est inséparable du nom d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ascl%C3%A9piade_de_Bithynie">Asclépiade de Bithynie</a> (dans l’actuelle Turquie), un personnage singulier, orateur peut-être dans les premières années de sa vie professionnelle, venu ensuite exercer la médecine dans la Ville éternelle où il évolue dans l’entourage de Crassus le Riche. Mais dans l’ombre d’Asclépiade, les soins médicamenteux, incluant notamment le recours aux psychotropes et aux sédatifs, s’étaient sans doute déjà diffusés, dans une mesure qu’il est impossible d’évaluer.</p> <p>Par la suite, la méthode du soin psychiatrique se développe et se consolide dans le contexte impérial, notamment à l’apogée de l’Empire incarné par la dynastie antonine (Trajan, Hadrien, Marc Aurèle…). Dans ce sens, la psychiatrie antique est moins une invention romaine qu’une invention du philhellénisme romain : une invention proprement « impériale », dans le sens où elle naît de la rencontre entre l’art d’une civilisation conquise (l’art médical grec, mais aussi sa culture gymnique ou son art oratoire) et les usages d’une société conquérante, dont les élites acquièrent des niveaux de fortune inédits, au point de pouvoir financer pour leurs malades des soins quotidiens sur la longue durée. La naissance de la psychiatrie bénéficie aussi de la première « mondialisation » d’époque hellénistique et romaine, qui donne accès à de nouvelles épices et à de nouveaux médicaments.</p> <p>Dans ses modalités, la psychiatrie ancienne est avant tout un art de la discipline. En plus des purges au cœur de tout traitement médical, le soin des déments articule discipline alimentaire, discipline comportementale et exercices physiques, sensoriels et intellectuels. La parole y tient une part non négligeable et l’état émotionnel du patient est l’objet d’une attention permanente. Si les médecins restent pudiques à leur sujet, les médicaments, spécialité d’une profession pharmacienne concurrente, semblent aussi, bien souvent, tenir un rôle central.</p> <h3>Corps et esprit, raison et sentiments</h3> <p>Comme son nom l’indique, la psychiatrie romaine (ou <em>curatio furiosi</em>) s’adresse en premier lieu aux « déments », aux « aliénés » (<em>furiosi</em>) : une catégorie médicale tardive et peu définie, dont le nom latin comme son équivalent grec (<em>mainomenos</em>) sont empruntés aux catégories de la vie sociale et juridique.</p> <p>Comme le dit encore le droit français du XX<sup>e</sup> siècle, le « dément », c’est d’abord l’individu dont la volonté est troublée au point de justifier un statut juridique spécial, combinant incapacité au civil et irresponsabilité au pénal. La situation exceptionnelle de ces personnes était déjà prise en considération par le <a href="https://theconversation.com/aux-origines-de-lirresponsabilite-penale-des-fous-160654">droit pré-historique</a> : ce n’est donc que dans un second temps que les médecins de l’Antiquité développent une prise en charge thérapeutique pour les individus en état de « démence », dont la maladie correspond dans ses grandes largeurs à la notion de psychose en médecine moderne.</p> <p>Mais la méthode de soins que les médecins gréco-romains mettent en place pour les guérir, ou pour les soulager, s’applique aussi, sous certains aspects, à des états voisins, désignés comme « phrénite » et comme « mélancolie ». La première, la « phrénite », est une catégorie médicale très ancienne qui désigne une affection fulgurante, et souvent mortelle, associée à des symptômes de confusion mentale sévère. Des auteurs modernes ont pensé y reconnaître l’encéphalite, la méningite, la malaria ou le syndrome délirant organique.</p> <p>Au contraire, la « mélancolie » est une catégorie d’invention tardive et incertaine, dont le sens varie considérablement d’un auteur à l’autre. Chez les auteurs d’époque romaine, elle entretient le plus souvent un lien étroit avec la « démence », avec laquelle elle a en commun d’être un trouble psychique grave et de longue durée. Mais par différence avec la « démence », elle en vient à désigner les désordres d’ordre affectif (phobiques, paranoïaques, dépressifs…) plutôt que d’ordre cognitif ou intellectuel (délire, illusions, déraison…).</p> <p>Les soins prodigués par la psychiatrie varient d’une maladie à l’autre, et en un sens, c’est la méthode de soin qui définit les maladies. Mais le corps malade est toujours le premier objet de l’action thérapeutique des médecins. Par exemple contre la phrénite, qui est nettement une affection du corps, la psychiatrie antique mobilise d’abord les remèdes ordinaires de la médecine ancienne, tels que la saignée ou les purges. 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Pour autant, les soins psychiques appliqués aux « déments » sont aussi (et davantage encore) prodigués aux mélancoliques, pour la même raison que nos services psychiatriques prennent en charge la dépression : c’est-à-dire en raison de la gravité de leur mal-être et de la menace qu’il fait peser sur la vie de ceux qui en souffrent.</p> <p>Pour les « déments » à proprement parler, l’aliénisme antique qui se structure à Rome associe donc un <a href="https://journals.openedition.org/crdf/1910">régime de protection juridique</a> (<em>cura furiosi</em>) à un régime médical (<em>curatio furiosi</em>), selon une distinction qui tient compte du double aspect individuel et civique de la psychose, et qui en confie la charge à des professions différentes. Constater l’origine antique, voire préhistorique, de ce double rapport à la maladie mentale, c’est y reconnaître un principe fondamental de notre vie sociale.</p> <hr /> <h4>Cet article puise en bonne partie dans les sources rassemblées dans l’ouvrage <a href="https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251455419/la-psychiatrie-a-rome"><em>La psychiatrie à Rome, Comprendre et soigner la folie d’après Celse et Caelius Aurelianus</em></a>.<img src="https://counter.theconversation.com/content/224658/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></h4> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/pierre-henri-ortiz-1228625">Pierre-Henri Ortiz</a>, Maître de conférences en histoire romaine, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-dangers-2619">Université d'Angers</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. 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