Actuel / En direct de Gaza, un journaliste palestinien nous parle
Des habitants de la bande de Gaza explorent les décombres de la mosquée al-Amin Muhammad à Khan Younis, le 8 octobre dernier. © Palestinian News & Information Agency (Wafa) - source officielle in contract with APAimages
La fièvre américaine, le désarroi français… encore des raisons de détourner le regard du Moyen-Orient. Or les bombes tuent tous les jours à Gaza, la colonisation de la Cisjordane avance à marche forcée. Les témoignages sur la tragédie humanitaire s’accumulent. Nous avons pu interroger sur d’autres aspects un journaliste de Gaza, Hilmi Moussa. Qui s’exprime librement et sans pathos. Quoi que l’on pense de cette guerre, son propos mérite d’entre entendu. Entretien signé Jacques Pilet et Malek El-Khoury.
J.P. & M.E.K.: Que reste-t-il de l'administration civile de Hamas à Gaza?
Hilmi Moussa: Il est difficile bien sûr d'estimer la situation de l'administration civile de Hamas vu la situation de guerre dans laquelle nous nous trouvons. Et surtout la destruction systématique, qui ne semble pas encore terminée, de la part de l'envahisseur de tous les instruments de l'administration. Elle a certainement affaibli les capacités de gestion de Hamas. L’occupation des zones frontières aux abords de Rafah a encore plus réduit la capacité économique de ce groupe à gérer Gaza. L'occupant a notamment détruit systématiquement les postes de police, particulièrement ceux qui abritaient les aides ou qui poursuivaient les délits et les crimes. Cela a beaucoup affecté la gestion économique et sécuritaire de la bande. Malgré tout cela la population, que ce soit la classe économique ou l'homme de la rue, respecte la présence de Hamas au moins pour sa poursuite de la résistance. Bref si l'on ne considère que sa gestion civile, je parle de l’économie, de l'enseignement, de la santé, de la sécurité, on peut certes affirmer que celle-ci est affaiblie sous la pression. Provisoirement. Celle-ci peut se remettre très rapidement dès que l'occasion se présentera.
Y a-t-il encore des écoles opérationnelles? Si oui, qui les gère? Qui sont les profs et y a-t-il encore des élèves?
Il est vrai que les bombardements israéliens ont particulièrement ciblé dès le début les écoles et les universités. Les décombres de ces bâtiments ont ensuite servi d'abri aux réfugiés qui s'y sont entassés tout en se déplaçant d'une zone à l'autre. Mais l'occupant a continué de cibler ces lieux de refuge de manière systématique. Il est donc difficile de dire qu'il existe actuellement un système d'enseignement. Malgré cela dans de nombreux camps, des efforts sont faits pour permettre aux enfants de rester en contact avec le cycle scolaire. Mais ces lieux sont aussi des cibles «privilégiées» des Israéliens qui ne perdent pas une occasion de les bombarder. Ces déplacements incessants de la population d'une région à une autre empêchent vraiment l'instauration d'un enseignement. Rendu de plus difficile voire presque impossible à distance en raison des coupures d'électricité et d'internet.
«Personne ne diverge sur le fait que notre peuple est obligé de payer un prix pour acquérir sa liberté.»
Et en ce qui concernes les hôpitaux?
Malgré les destructions systématiques des hôpitaux, ceux-ci essaient de rassembler le maximum de leurs moyens et capacités restantes pour continuer à opérer, comme cela se passe dans le Nord de Gaza. Comme l'hôpital du Retour (Al Aoudeh) ou l'hôpital indonésien, ou l'hôpital Ach-Chifa, ou celui de Jean-Le-Baptiste. Dès qu'un hôpital peut être utilisé un tant soit peu, il l'est. La même chose se passe au centre et au sud de la bande. Mais c'est une évidence que l'occupant cible exprès les hôpitaux comme récemment l'hôpital Nasser à Khan Younès, ou celui de Abou Youssef An-Najjar ou l'hôpital Koweitien à Rafah et tout récemment l'hôpital européen. Dès qu'une de ces institutions veut reprendre son souffle, elles sont à nouveau la cible des bombardements incessants. Par exemple ce n'est pas par hasard que le représentant du ministère du Travail, M. Ihab Al-Ghoussayn, ait été tué sciemment et d'autres innocents avec lui. Sans parler du fait qu'Israël considère l'UNRWA comme une organisation terroriste et détruit systématiquement tous ses centres, ses dépôts et tente de trouver une autre organisation qui la remplacerait. Alors que les deux tiers des habitants de Gaza dépendent du soutien de l’UNRWA, surtout alimentaire.
Comment réagit la société gazaouie quand on leur dit que la guerre risque de durer et même pour encore des années?
Le peuple palestinien, comme tous les autres peuples de la terre, a des points communs et de rencontres, des divergences et des contradictions sur certains points. Mais on peut dire que la majorité écrasante des Palestiniens de Gaza considèrent Israël comme un ennemi et l'on n'a pas besoin de les convaincre de cela. La plupart des habitants de Gaza sont des réfugiés dont les parents ont été chassés de leurs villes et de leurs villages en Palestine par Israël. Ils sont originaires de Haifa, Yaffa, Bina, Ashdod, Majdel, Lod, Ramleh et de centaines d'autres lieux et villages. Ceux-là pensent que la présence d'Israël est la cause de la Nakba.
Il est vrai cependant que les Palestiniens sont parfois divisés par rapport à la manière de récupérer leurs droits et aussi par rapport au prix à payer pour cela.
Ces divergences n'empêchent pas la rue de se mobiliser derrière le droit des groupes palestiniens de résister à l'agression. Certes il y a des personnes plus capables que d'autres de supporter les sacrifices. Mais personne ne diverge sur le fait que notre peuple est obligé de payer un prix pour acquérir sa liberté.
Bien qu’il y ait des limites à la capacité de supporter de tels sacrifices. Plus de 90% de la population gazaouie au moins a été obligée de se déplacer plusieurs fois au cours de ces dix derniers mois. La situation humanitaire, sociale, économique est très difficile et Gaza se trouve effectivement encerclée, c'est une des raisons qui fait que la longévité de la guerre est un cauchemar, surtout dans certaines parties de la bande qui se trouvent en état de famine. La prolongation des hostilités est un souci pour beaucoup, d’autant plus que c'est la première fois que l’on se trouve dans une situation aussi grave.
Les combattants ont-il les moyens dont ils ont besoin pour résister pendant une si longue période?
La Résistance «perce le roc» (traduction littérale, pour dire qu'elle fait tout ce qui lui est possible) pour résister et son soutien principal est le capital humain qui croit en son droit à la vie et à l'indépendance. En ce qui concerne les moyens réels, la Résistance utilise tous les moyens à disposition, particulièrement le recyclage des bombes israéliennes qui n'ont pas explosé ainsi que le matériel militaire pris à l'ennemi.
Y a-t-il une connexion militaire pour le renflouement de l'armement?
Il est difficile de répondre s'il existe un canal de réapprovisionnement à partir de l'extérieur de la bande. Déjà cela était difficile dans le passé, cela semble être encore plus difficile dans la situation actuelle, surtout avec l'occupation par Israël de Rafah et de la zone limitrophe avec l'Egypte, ainsi que le contrôle quasi complet de la côte et de toutes les frontières.
Est-ce que les habitants de Gaza savent ce qui se passe dans les territoires occupés de Cisjordanie (TO)?
Evidemment tout le monde est au courant de ce qui se passe dans les TO. Après tout nous sommes un seul et unique peuple. Il est vrai que les éléments de résistance à Gaza ne sont pas les mêmes que ceux des Territoires ou de Jérusalem. C'est une Vérité de La Palisse de dire que ce qui se passe dans les TO, ses villes et ses quartiers est une continuation de ce qui se passe à Gaza. Car Israël ne différencie pas entre un Palestinien et un autre. A Gaza on suit de très près ce qui se passe dans les TO de même que ce qui se passe à la frontière libanaise. Tout cela est un seul et unique combat, une seule et unique opération.
«Le Palestinien a un droit qu’il défend et attend du reste du monde qu’il l’aide à y accéder. Le Palestinien regrette qu’une bonne partie des Etats différencient entre droit et droit, entre sang et sang.»
Quels sont les mouvements les plus actifs en Cisjordanie?
Il n'y a pas grande différence entre les mouvements et les groupes opérant à Gaza ou dans les Territoires. C'est vrai que dans Gaza c'est le Hamas et le Jihad Islamique qui sont prédominants alors que dans les TO ce sont le Fatah, le FPLP et FDPLP, mais il s'agit simplement de dénominations diverses mais pas de différences dans la conduite de la Résistance.
A votre avis, pourquoi y a-t-il si peu d'informations qui circulent dans la presse internationale sur ce qui se passe dans les TO? Il y a comme une chape de silence sur ce qui s'y passe, pourquoi?
Ce n'est pas tout à fait vrai qu'il y a un silence sur ce qui se passe dans les TO dans la presse internationale. Mais la cruauté de ce qui se passe à Gaza l'emporte dans les nouvelles et relègue ce qui se passe dans ces territoires. Mais l'augmentation de la résistance comme à Jénine, le camp de Nour ech Chams à Toulkarem remet cette réalité à la surface. En général l'information internationale se dirige souvent vers les endroits les plus chauds et évite de parler des zones où il ne se passe apparemment pas grand-chose de nouveau.. Par exemple la guerre en Ukraine a souvent éclipsé celle de Gaza dans les nouvelles.
A votre avis, quels sont les évènements essentiels qui se passent et/ou se sont passés ces dernières semaines dans les TO auxquels nous avons trop peu porté d’attention?
Depuis que la droite a pris le pouvoir en Israël, son objectif principal fut de régler le conflit dans les TO par la colonisation intensive dans le maximum de régions et de repousser les Palestiniens dans des zones reculées, isolées. Cette droite pense qu’en occupant le plus de terres possible, si les Palestiniens vivent reclus, cela empêchera la création d’un Etat Palestinien. En outre les divisions inter-palestiniennes ont encore plus encouragé cette droite à croire en l’accomplissement de ce but. Il est évident que l’objectif principal est l’occupation de Jérusalem et de ses environs, puis de Hébron, puis de Naplouse pour des raisons idéologiques et d’occuper la Vallée du Jourdain pour des raisons à la fois économiques et sécuritaires. Dès le 7 octobre, le pouvoir israélien a eu en outre pour objectifs l’exil des Palestiniens de Gaza et la fin du conflit dans les TO en faisant de l’Autorité Palestinienne une marionnette, en la privant de toute autorité et de force. C’est pour cela qu’il tente depuis le début de séparer physiquement et de couper les communications entre les zones des TO et Jérusalem-Est. Et de diviser dans l’espace les Juifs et les musulmans comme c’est le cas avec le Tombeau des Patriarches à Hébron.
Il existe une sorte de «guerre» de la communication dans le monde en ce qui concerne la Palestine. Les Palestiniens sont-ils conscients de cette dimension du conflit?
Malgré toutes les restrictions que l’occupant a imposées aux Palestiniens pour empêcher le contact avec le reste du monde, les habitants de Gaza ont toujours trouvé les moyens de communiquer et de s’informer. Il est vrai que 90% de la population n’ont pas de panneaux solaires pour générer de l’électricité, mais ils réussissent toujours à charger leurs téléphones portables avec des petites batteries. Il est vrai que la grande majorité ne dispose pas d’électricité pour faire marcher leurs TV, mais les cafés-internet se sont multipliés et permettent de suivre les nouvelles internationales à travers la radio ou la télévision. Tout déplacé palestinien tient à suivre ce qui se passe chez lui et à le faire savoir au monde.
Quel est justement le principal message que vous souhaitez transmettre au monde?
Il n’y a d’autre message que celui-ci. Le Palestinien a un droit qu’il défend et attend du reste du monde qu’il l’aide à y accéder. Le Palestinien regrette qu’une bonne partie des Etats différencient entre droit et droit, entre sang et sang. Il attend que le monde applique le Droit International et la Justice Internationale pour arrêter cette agression, mettre fin à l’occupation et œuvrer à l’avènement de la Paix, précisément basée sur ces principes de justice et de droit.
Voyez-vous un inconvénient à ce que votre nom soit cité?
Je n’ai aucun inconvénient à ce que vous citiez mon nom: Hilmi MOUSSA, journaliste palestinien.
Le Parlement israélien a adopté dans la nuit de mercredi à jeudi une résolution s'opposant à «la création d'un Etat palestinien». Cette résolution symbolique, proposée par un député de droite de l'opposition, a recueilli le soutien de 68 élus de la coalition au pouvoir et de l'opposition. Neuf députés ont voté contre. Selon cette déclaration, «la Knesset s'oppose fermement à la création d'un Etat palestinien à l'ouest du Jourdain» c'est-à-dire en Cisjordanie (territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 en violation du droit international) ou dans la bande de Gaza, aujourd'hui dévastée par la guerre qu'y mène Israël en représailles à l'attaque du mouvement islamiste Hamas le 7 octobre. «La création d'un Etat palestinien au cœur de la terre d'Israël constituera un danger existentiel pour l'Etat d'Israël et ses citoyens, perpétuera le conflit israélo-palestinien et déstabilisera la région», ajoute le texte.
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La situation humanitaire, sociale, économique est très difficile et Gaza se trouve effectivement encerclée, c'est une des raisons qui fait que la longévité de la guerre est un cauchemar, surtout dans certaines parties de la bande qui se trouvent en état de famine. La prolongation des hostilités est un souci pour beaucoup, d’autant plus que c'est la première fois que l’on se trouve dans une situation aussi grave.</span></p> <p><strong><span>Les combattants ont-il les moyens dont ils ont besoin pour résister pendant une si longue période?</span></strong></p> <p><span>La Résistance «perce le roc» (traduction littérale, pour dire qu'elle fait tout ce qui lui est possible) pour résister et son soutien principal est le capital humain qui croit en son droit à la vie et à l'indépendance. En ce qui concerne les moyens réels, la Résistance utilise tous les moyens à disposition, particulièrement le recyclage des bombes israéliennes qui n'ont pas explosé ainsi que le matériel militaire pris à l'ennemi.</span></p> <p><strong><span>Y a-t-il une connexion militaire pour le renflouement de l'armement?</span></strong></p> <p><span> Il est difficile de répondre s'il existe un canal de réapprovisionnement à partir de l'extérieur de la bande. Déjà cela était difficile dans le passé, cela semble être encore plus difficile dans la situation actuelle, surtout avec l'occupation par Israël de Rafah et de la zone limitrophe avec l'Egypte, ainsi que le contrôle quasi complet de la côte et de toutes les frontières.</span></p> <p><span><strong>Est-ce que les habitants de Gaza savent ce qui se passe dans les territoires occupés de Cisjordanie (TO)?</strong></span></p> <p><span>Evidemment tout le monde est au courant de ce qui se passe dans les TO. Après tout nous sommes un seul et unique peuple. Il est vrai que les éléments de résistance à Gaza ne sont pas les mêmes que ceux des Territoires ou de Jérusalem. C'est une Vérité de La Palisse de dire que ce qui se passe dans les TO, ses villes et ses quartiers est une continuation de ce qui se passe à Gaza. Car Israël ne différencie pas entre un Palestinien et un autre. A Gaza on suit de très près ce qui se passe dans les TO de même que ce qui se passe à la frontière libanaise. Tout cela est un seul et unique combat, une seule et unique opération.</span></p> <hr /> <h3 style="text-align: center;"><em><span>«Le Palestinien a un droit qu’il défend et attend du reste du monde qu’il l’aide à y accéder. 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Or une grande partie du monde considère maintenant que nous avons choisi le camp atlantiste. Notamment depuis l’achat de l’avion américain F-35, depuis la conférence du Bürgenstock où la Russie n’était pas invitée et qui suivait l’agenda de l’Ukraine. Notre comportement diplomatique face à la guerre entre Israël et les Palestiniens renforce ce sentiment. Si l’on songe aux crédits coupés à l’UNRWA, au moment d’une indicible tragédie humaine… Nous tournons le dos à soixante ans de diplomatie. Nous perdons les gammes d’une politique internationale qui visait à établir des ponts entre les belligérants, à tenter des efforts de paix…» Cela étant dit, Fridez ne fait pas de la propagande pour l’initiative pour la neutralité de l’UDC. «Je suis pour le maintien de nos valeurs, pour l’écoute et l’ouverture au monde. Pas pour une neutralité de repli égoïste sur soi.»</span></p> <p><span>Mais alors pourquoi ne pas être resté dans la commission pour faire entendre cette voix? «A ses débuts, dans les années 90, avec l’effondrement de l’URSS, nous ne voyions plus bien l’utilité de l’armée qui a d’ailleurs été réduite. L’agression russe contre l’Ukraine a complètement changé la donne. Ce fut une aubaine pour les militaires. Ceux-ci ont dès lors fortement influencé la conseillère fédérale Amherd qui arrivait là sans connaître grand-chose à ces sujets. Elle succédait à un Guy Parmelin qui, en bon paysan, gardait à cet égard les pieds sur terre. Depuis lors c’est l’emballement. En juillet 2023, la composition de la commission spéciale était dominée par les militaires, les milieux économiques et les partis qui soutiennent par principe tout ce que dit l’armée. Nous avons eu peu de séances, neuf demi-journées l’an passé. Les experts choisis faisaient de longs exposés. Il n’y avait guère de place pour la discussion. Plusieurs membres ont exprimé leur mécontentement. Pour ma part je ne pouvais plus cautionner les conclusions de ce cercle.»</span></p> <p><span>Reste que l’irruption de la guerre en Europe a suscité une peur réelle dans les opinions publiques… «Des menaces, il y en a encore. Du côté de la cybersécurité, du terrorisme, des nouvelles armes. On a vu aussi, lors du conflit, que l’aviation et les blindés, facilement atteints, ne jouaient pas le premier rôle. Les drones et les missiles sont plus redoutables. Ils pourraient être utilisés par d’autres pays, d’autres groupes que la Russie. Or je note qu’en matière de défense sol-air, la Suisse est démunie. Les commandes exigent des années d’attente…»</span></p> <p><span>Des raisons donc d’avoir peur. «… Mais pas d’une invasion russe. Cette armée démontre aussi ses faiblesses. Les pays membres de l’OTAN représentent une force politique, économique et militaire qui fera réfléchir Vladimir Poutine à deux fois avant de l’affronter.» Et si Trump revient au pouvoir? «Pour plusieurs raisons "abandonner" les Européens à leur sort semble clairement impossible.» A lire dans le livre!</span></p> <p><span>Donc, comme dit le sous-titre, «la bataille du Rhin n’aura pas lieu»? Fridez a plusieurs arguments. La démographie, car la natalité en Russie a lourdement chuté. Et l’émigration des jeunes n’arrange rien. Les distances gigantesques: 2'000 kilomètres au moins pour arriver en Suisse. L’armée russe est affaiblie, après deux ans de guerre où elle a montré ses limites et surtout démontré qu’elle n’était pas invincible. L’opération ukrainienne, d’ailleurs sans queue ni tête, sur le sol russe du côté de Koursk, est parlante. Même si cela passe mal dans le Donbass pour l’aventurier Zelensky. La dissuasion nucléaire? En fait, elle n’empêche pas les Occidentaux d’armer l’Ukraine. Personne ne veut d’un suicide général.</span></p> <p><span>Pour en revenir à la peur. Est-elle instrumentalisée? «Par les militaires qui en veulent toujours plus, par les industriels de l’armement sans doute.» Là, il s’agirait de creuser, de réfléchir sur nos ressorts profonds. Les émotions exacerbées éclipsent l’approche rationnelle des faits. Comme toujours. Peut-on rappeler que le philosophe Thomas Hobbes (1588-1679) dissertait déjà sur l’usage de la peur par les détenteurs du pouvoir?</span></p> <p><span>En attendant il est réconfortant de se dire que Pierre-Alain Fridez est loin d’être seul à se poser ces questions. Bien qu’elles n’émergent guère au Parlement qui aborde ces sujets comme en catimini. </span><span>Toutes les voix doivent maintenant s’élever haut et fort.</span></p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1724940851_couvpourquoilescharsrussesnenvahirontpaslasuisse1re523x99999.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="320" /></p> <h4>«Pourquoi les chars russes n’envahiront pas la Suisse», Pierre-Alain Fridez, Editions Favre, 192 pages.</h4>', 'content_edition' => 'Une figure politique peu commune. Le député se plonge dans les questions géostratégiques depuis des années. Il a participé à de nombreuses missions à l’étranger, en Russie, en Ukraine, en Turquie notamment, pour le Conseil de l’Europe et d’autres instances internationales. En 2022 il a publié (ed.Favre) un ouvrage qui reste d’actualité: Le choix du F-35. Erreur grossière ou scandale d’Etat, avec une préface de Micheline Calmy-Rey. 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Cet éditeur commercialise les petites annonces dans une entité à part, fort rentable, il contribue à hauteur de 100 millions au résultat du groupe. Les titres de presse, eux, ont rapporté l’an passé, malgré leurs peines, 13,4 millions de bénéfices. Loin de suffire au PDG, Pietro Supino, obsédé par le souhait de servir des dividendes généreuses aux actionnaires. La perspective de la fermeture des imprimeries de Bussigny et Zurich doit le réjouir. La vente des sites immobiliers, dans des lieux très cotés, sera fort lucrative. En réalité, cet éditeur, comme d’autres, bien qu’ils tentent de rassurer en le niant, ne croient plus à l’avenir des journaux. Dans le moyen ou long terme. Comme les annonceurs, ils misent tout ou presque sur le net. </span></p> <p><span>Est-ce pour le cacher qu’aucun manager ne s’est déplacé à Lausanne pour communiquer les décisions qui affectent si largement la Suisse romande? Non, c’est simplement par mépris. Affiché sans complexe. Avec aussi une ignorance ahurissante. Un certain Simon Bärtschi propose à <em>24 Heures</em> d’«attaquer» tout le marché romand. Ce qui fut tenté autrefois, dans les belles années, et totalement raté. On comprend la fureur de Genève. La deuxième ville du pays ramenée à une province marginale! Ni la patronne, l’Allemande Jessica Peppel-Schulz, ni personne dans ce management ne capte le paysage, ne perçoit vraiment les attentes du lectorat, pas plus en Suisse alémanique qu’en Suisse romande. Pietro Supino connaît mieux la musique helvétique mais s’en moque, d’autant plus qu’il concentre une bonne part de son attention… sur ses affaires en Italie. Le baratin servi par ses sbires résulterait d’une stratégie réfléchie, alors qu’auparavant c’était, de leur propre aveu, du coup par coup. On s’esclaffe jusqu’à Zurich. Dans la <em>NZZ</em>, l’expert des médias Kurt W. Zimmermann, qui siégea jusqu’en 2022 au conseil d’administration de Tamedia, ne voit là que du «verbiage». Une absence d’idée camouflée sous la sempiternelle «transformation numérique». </span></p> <p><span>Pas étonnant que ces dirigeants acculturés n’aient rien fait ces dernières années pour muscler leurs titres. Au plan économique mais aussi journalistique. La profession menacée, déprimée, n’a pas revu ses méthodes, accrochée au travail de bureau. Plutôt le nez sur l’écran où défilent les dépêches que sur le terrain. Quant à l’information locale, elle s’est aussi ratatinée au fil des ans. D’où, quasiment partout, cette apparence d’uniformité de l’information qui lasse une part du public. Sans parler des jeunes générations qui n’approchent tout simplement pas les médias classiques. Voyez-vous souvent les moins de quarante ans feuilleter un canard dans le train? Nous pas. Parce qu’ils attendent le journal télévisé? Haha. Leur monde est celui des réseaux, des sites divers et variés, sérieux ou improbables. Ou préfèrent-ils ignorer les discours politiques, les polémiques et les fracas d’ici et d’ailleurs? Ce serait grave. Mais pas inéluctable. </span></p> <p><span>Le désert de l’information locale et régionale s’étend dans l’indifférence politique. Les réactions des gouvernements vaudois et genevois au brutal coup zurichois étaient affligeantes de mollesse. Ils n’ont même pas invité Pietro Supino à s’expliquer devant eux. Ils bougonnent un moment et passent l’éponge. Tous avachis face à la morgue provocante de ces barons alémaniques.</span></p> <p><span>Bilan et perspective? L’avenir est donc très noir pour les quotidiens sur papier. A de rares exceptions près. En revanche les périodiques, anciens et nouveaux, pas si mal portants, pourraient apporter de bonnes surprises. A condition qu’ils trouvent des tons nouveaux, des contenus moins aseptisés. Car le plaisir des textes et des images bien articulés, valorisés par le toucher des pages, n’a pas disparu. Pour beaucoup, le tout écran finit par lasser, éveille d’autres envies. A preuve, le livre résiste plutôt bien. Méfions-nous de la fatalité.</span></p> <p><span>Pari lancé. De nouveaux titres imprimés naîtront, dans des formats et des rythmes inattendus. Pour un tel sursaut, il en faudra, de l’énergie, de la créativité. De l’engagement aussi chez les investisseurs, à chercher ailleurs qu’à Zurich! De modestes expériences, ici et là, – comme le mensuel <em>Le Regard libre</em> – sont encourageantes. Mesdames et Messieurs de la richissime Fondation Aventinus, êtes-vous attentifs à ces bourgeons?</span></p> <p><span>En tout cas ce ne sont pas les imprimeries qui manquent… Celle, si proche, du groupe Hersant (ESH) à Monthey n’attend que ça. A propos, pourquoi <em>Le Temps</em> n’y serait-il pas imprimé plutôt qu’à Berne chez Tamedia, au milieu de tant d’autres titres, avec chaque soir des délais promis à s’allonger?</span></p> <p><span>Ce n’est pas ici, à <em>BPLT</em>, que nous allons dénigrer l’espace vibrionnant du net. Mais, question de civilisation, la bataille pour la survie et l’essor du papier imprimé vaut d’être menée. 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Même les plus convenables institutions s’y mettent. <a href="https://bonpourlatete.com/ailleurs/l-armee-des-communicants" target="_blank" rel="noopener">L’armée suisse</a>, par exemple, use et abuse des réseaux!</span></p> <p><span>Ignorer tout ce pan de la population qui a changé ses habitudes, c’est le mépriser, c’est s’aveugler, c’est s’enfermer dans le confort du «<em>mainstream</em>».</span></p> <p><span>Tu prétends, cher Alexis Favre, être trop âgé pour explorer Tiktok. Voyons! Toi, jeune homme si fringant! Il y faut certes l’esprit vif et des doigts agiles pour balayer à toute vitesse les jolies dames narcissiques et les blablas absurdes. Mais les algorithmes, une fois reconnus les sujets d’intérêt de chacun, permettent de s'y retrouver. Et là aussi il y a des perles. Mieux encore: des éclairages inédits sur la réalité du monde et la nôtre. Rappel: cette plateforme est fréquentée par 1,7 milliard de personnes. Il y en aurait un demi-million en Suisse. Pas tous des gamins. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
4 Commentaires
@Foenix 21.07.2024 | 18h48
«Votre article est intéressant car il met en lumière d'un côté les revendications du Hamas avec le soutien de la population, et de l'autre côté les objectifs d'Israël qui confirment chaque jour un peu plus un souhait d'annihilation de l'existence des palestiniens sur les territoires occupés depuis 1967. Des points de vue qui semblent irréconciliables. Et pourtant, plus que jamais, il me semble qu'une solution à deux états est possible. Je m'explique ...
Il est toujours plus clair que le gouvernement actuel en Israël cherche à éliminer les populations palestiniennes des territoires occupés, la dernière décision du parlement que vous mentionnez n'est qu'une pénultième étape dans ce sens. J'imagine que ces décisions, sous couvert de la peur de ses voisins, est exacerbée par le vivier de révolte et d'esprit de vengeance qui pourrait naturellement se développer au sein de la population martyr de la bande de Gaza.
Pourtant, il s'agit d'un peuple juif qui réclame d'avoir sa terre pour y trouver la paix. Comment ne pas accéder au souhait d'un autre peuple qui souhaite aussi pouvoir trouver une paix ?
Que dire des pays occidentaux qui n'ont pas reconnu de droit à un état au peuple palestinien. Est-ce la preuve de leur mauvaise conscience persistante et entretenue par rapport à la Shoah pour qu'ils en arrivent ainsi à fermer les yeux ? Comment avoir soutenu la création de l'état d'Israël et ne pas soutenir le peuple palestinien dans son souhait pour un état indépendant.
Oui, il est important que les juifs de tous les pays puissent se sentir en paix là où ils résident comme toute autre minorité pacifique. Je noterai cependant que, depuis, 1948, tous les juifs ont Israël comme sanctuaire pour se réfugier en cas de menace (Aliyah). Ce n'est pas le cas des palestiniens.
Or, ce droit devrait leur donner également le droit de s'exprimer sur ce qui est en train de se passer aux yeux de tous, comme le font un certain nombre d'israéliens en descendant dans la rue pour demander la destitution du gouvernement actuel et son esprit belliqueux sans limites. Qui ne dit mot consent ? Ne devraient-ils pas se sentir concernés par les potentielles répercussions sur leur propre sécurité face à ceux qui pourraient être amenés à réclamer vengeance ?
Si il devait y avoir une véritable pression internationale des états ou bien au travers des juifs du reste du monde, peut-être que de véritables discussions de paix pourraient être envisagées.
Or, j'entrevois une option dont je n'ai pas eu connaissance par ailleurs.
Constat:
- Il y a plus de 2 millions de gazaouites qui n'ont plus rien. Seraient-ils prêts à des compromis si on leur proposait une solution qui porte l'espoir d'un havre de paix ?
- Il y a plus de 700'000 colons au-delà de la ligne verte, ligne de démarcation de 1967. Peut-être pourraient-ils être motivés à s'installer sur une terre "vierge" (Gaza) avec des droits pour y rester légalement ?
- Que ce soit par la construction d'installations pour les colons ou pour la reconstruction après un cessez-le-feu sur la bande de Gaza, Israël va devoir financer avec l'aide continue des Etats-Unis. Alors autant financer une solution qui donne des perspectives de stabilité plus durable.
L'avantage inestimable d'un tel échange serait de fournir la possibilité de deux états indépendants sur un territoire continu. Peut-être n'y aura t-il jamais plus de moment aussi opportun pour mettre en oeuvre une solution à deux états.
Ces idées sont comme une bouteille à la mer de quelqu'un qui a connu de près la situation au moment des accords d'Oslo et qui espère encore en une perspective de paix.
»
@LEFV024 21.07.2024 | 21h00
«Bombarder des écoles et des hôpitaux, c'est inadmissible.»
@Christophe Mottiez 22.07.2024 | 11h47
«il n'y a pas de tragédie humanitaire dans la bande de gaza.
il y a un crime humanitaire organisé, sous couvert de guerre contre le hamas, par les judéofascistes sionistes au pouvoir en israël.
il y a en fait un crime contre l'humanité, car à la famine organisée par les judéofascistes sionistes s'ajoute la destruction systématique de toute la bande de gaza, dont le but véritable est de pousser tous les palestiniens hors de la bande de gaza (nettoyage ethnique).
la "terre d'israël" est un concept biblique.
la palestine contemporaine n'est pas la "terre d'israël".
les juifs et les chrétiens qui nient la réalité palestinienne sont des fascistes sionistes.
»
@stef 02.08.2024 | 18h19
«Tout à fait d'accord avec Christophe Mottiez »