Code Context <div class="col-lg-12 order-lg-4 order-md-4">
<? if(!$connected['active']): ?>
<div class="utils__spacer--default"></div>
$viewFile = '/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/src/Template/Posts/view.ctp'
$dataForView = [
'referer' => '/',
'OneSignal' => '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093',
'_serialize' => [
(int) 0 => 'post'
],
'post' => object(App\Model\Entity\Post) {
'id' => (int) 3648,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'notified' => null,
'free' => true,
'status' => 'PUBLISHED',
'priority' => null,
'readed' => null,
'subhead' => null,
'title' => 'De quoi Zelensky est-il le nom? Entretien avec Régis Genté et Stéphane Siohan',
'subtitle' => 'Acteur et producteur à succès propulsé dans la vie politique par une série télévisée, Volodymyr Zelensky est depuis le 24 février le chef de guerre d’une nation qui résiste à une invasion russe. Entretien avec Régis Genté et Stéphane Siohan, auteurs d’une biographie du président ukrainien.',
'subtitle_edition' => 'Acteur et producteur à succès propulsé dans la vie politique par une série télévisée, Volodymyr Zelensky est depuis le 24 février le chef de guerre d’une nation qui résiste à une invasion russe. Entretien avec Régis Genté et Stéphane Siohan, auteurs d’une biographie du président ukrainien.',
'content' => '<p style="text-align: center;">Par <strong>Gwendal Piégais</strong>, publié le 11 juin 2022 dans le <a href="https://courrierdeuropecentrale.fr/de-quoi-zelensky-est-il-le-nom-entretien-avec-regis-gente-et-stephane-siohan/" target="_blank" rel="noopener"><em>Courrier d'Europe centrale</em></a></p>
<hr />
<p>Acteur principal de la série <i>Serviteur du peuple</i> (Slouha Narodou), une série télévisée humoristique dans laquelle il incarne un professeur de lycée accédant à la présidence de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky avait fait de ce script une réalité en devenant lui-même Président de la république d’Ukraine en 2019. Mais depuis le 24 février 2022, Zelensky endosse un rôle qu’il n’avait jamais joué ni répété, celui de chef de guerre d’une nation envahie par l’armée russe. Régis Genté et Stéphane Siohan, deux journalistes français à la connaissance fine de l’Ukraine et de l’espace post-soviétique, publient une biographie du président ukrainien au travers de laquelle ils racontent le combat des Ukrainiens pour leur liberté. Un entretien réalisé par Gwendal Piégais, avec Régis Genté et Stéphane Siohan, auteurs de <i>Volodymyr Zelensky. Dans la tête d’un héros</i>, paru aux éditions Robert Laffont.</p>
<p><strong>Le <em>Courrier d’Europe centrale</em></strong>: <strong>Votre livre accorde une grande place au parcours personnel et professionnel de Zelensky que vous présentez comme une personne en tension entre son héritage d’homme de l’Est de l’Ukraine et la modernité de ses méthodes de communicant. C’est cette dualité qui semble contribuer à son premier succès électoral…</strong></p>
<p><strong>Stéphane Siohan</strong>: La force de Zelensky c’est qu’il est à la fois totalement archaïque au niveau de la politique ukrainienne et de son pedigree social, et en même temps complètement post-moderne. Il est archaïque dans le sens où il ne connaît absolument rien en politique mais a un fonctionnement clanique en ne se reposant que sur des gens qu’il connaît au niveau personnel ou familial. Tout son entourage est composé de gens originaires comme lui de Kryvyï Rih, une des plus grandes villes industrielles d’Ukraine. Elle compte plusieurs centaines de milliers d’habitants et est également une des plus grandes villes sidérurgiques au monde. Et tout son clan a un fonctionnement qui est très provincial. Ils ne font pas partie de l’intelligentsia de Kiev, ils sont arrivés sur le tard, et ont très peu de connexions avec le milieu de l’art du cinéma.</p>
<p>Zelensky, comme une bonne partie de ses proches, a des codes culturels et sociaux qui ne sont absolument pas ceux de la capitale, donc il est en décalage complet avec l’élite politique et culturelle du pays. Il a un mode de fonctionnement hérité des années 90 et 2000 à un point tel que lorsqu’il émerge sur la scène politique, l’intelligentsia à Kiev – qui lui voue une haine féroce – le traite de <i>sovok</i>, terme désignant une personne qui a un état d’esprit soviétique ou post-soviétique. Sa façon de parler, son humour, ses positions sur les questions sociales, la manière dont il parle des femmes, tout cela est très imprégné de codes humoristiques en langue russe qui datent des années 90-2000 et qui, dans l’Ukraine post-Maïdan, sont fortement décriés et ne passent plus dans une partie de de la société. En revanche il a réussi à créer une façon de faire de la politique basée sur le rien, le vide, dans une démarche qui est totalement post-moderne parce qu’elle est basée sur la communication et sur l’idée que le contenant est plus important que le message.</p>
<p><strong>Régis Genté</strong>: Zelensky est aussi issu d’un entre-deux géographique, d’une région au cœur des Terres de sang, comme les nomme Timothy Snyder, mais aussi d’une terre de mémoire cosaque qui joue un rôle dans l’espèce de flexibilité qu’il a à passer d’un monde à l’autre. Mais ce que je voudrais souligner, et qui renvoie à l’ensemble de la région post-soviétique, c’est l’enjeu générationnel. Il a 13 ans en 1991 donc il n’a pas été complètement façonné par le monde soviétique. Les mouvements sociaux que je couvre depuis 20 ans, que ce soient les manifestations en 2015 en Arménie contre les prix de l’électricité, celles au Kazakhstan en 2011 sur les salaires, ou les révolutions colorées en Géorgie, ou les mobilisations en Moldavie et au Bélarus, sont toutes liées à un changement de génération. Ces sociétés qui sont plus jeunes ont plus naturellement accès à l’information dans le reste du monde (via internet ou les smartphones) et de moins en moins connectées avec la Russie. Elles font face à des élites qui elles restent très dépendantes de la Russie, notamment parce qu’elles y sont liées financièrement, mais aussi parce qu’elles y ont parfois des origines. Cette vieille génération est très souvent soutenue par Moscou lors des différentes crises: Ianoukovitch en Ukraine, Kocharian en Arménie, Nazarbaïev et Loukachenko, etc. En Arménie par exemple on a un leader qui n’est plus dans le moule des anciennes classes politiques et qui a des relations difficiles avec la Russie et justement pour des raisons générationnelles: même s’il ne peut pas se permettre de rompre avec Moscou, on sent que le temps a passé, et que le personnel politique de cette génération, en Ukraine comme en Arménie, a d’autres codes, d’autres référents, d’autres expériences.</p>
<p><strong>Dans votre présentation du contexte dans lequel évolue et perce Zelensky, vous mettez notamment en avant la trajectoire économique et politique singulière de l’Ukraine, et la persévérance d’une structure oligarchique fort différente de ce qu’on peut encore rencontrer dans le monde post-soviétique.</strong></p>
<p><strong>Régis</strong>: La seule vraie oligarchie de toute la région c’est justement l’Ukraine. En Géorgie il y a un oligarque, mais c’est parce qu’il fait partie du monde oligarchique russe, et donc c’est un acteur géopolitique régional. Khodorkovsky, qui s’y connaît en la matière, disait début avril à CNN qu’il n’y a pas d’oligarchie en Russie, puisqu’il y a maintenant une dictature. C’est vraiment l’Ukraine qui reste structurée par ce schéma. Et même si Zelensky semble commencer à poser la question de la place de ces acteurs dans le jeu politique ukrainien, on sait combien il reste prisonnier de leur influence et qu’il est très difficile de s’en extirper.</p>
<p><strong>Stéphane</strong>: Pour remettre en perspective, les premières 15 années d’indépendance ukrainienne combinent trois héritages historiques: l’héritage soviétique, le capitalisme post-soviétique, mais également une culture de pouvoir démocratique propre à l’Ukraine qu’on ne retrouve pas dans les autres pays de la région. Ce qui se développe dans les années 1990 et 2000 en Ukraine c’est d’abord une accaparation de l’Etat par ce qu’on a appelé les «managers rouges». Les premiers présidents de l’Ukraine indépendante, Kravtchouk, Koutchma ce sont typiquement des apparatchiks du Parti communiste qui se sont ralliés à l’idée d’une Ukraine indépendante, mais qui pratiquent une mise sous coupe réglée des ressources d’Etat, notamment industrielles. Et ces managers rouges ont facilité un accès aux ressources de l’Etat à un groupe de jeunes hommes d’affaires qui se sont taillé des croupières dans les ressources nationales. Et c’est là qu’a germé cette génération d’oligarques, qu’on connaît toujours aujourd’hui, que sont Akhmetov, Firtash, Kolomoïsky, etc. et qui se sont servis sur la bête dans les 15 premières années. Mais la grande différence entre l’Ukraine et la Russie à ce moment-là c’est que l’Ukraine a accepté le principe de démocratie et notamment le principe de l’alternance du pouvoir. Et le moment où ce principe est gravé dans le marbre c’est pendant la Révolution orange, dont le véritable sens politique est le refus de l’accaparation du pouvoir par un clan ou par un homme.</p>
<hr />
<h3 style="text-align: center;"><em>«La grande particularité de l’Ukraine par rapport aux autres républiques post-soviétiques c’est d’être une oligarchie compétitive avec une certaine forme de liberté.»</em></h3>
<hr />
<p>A ce moment-là l’Ukraine devient véritablement une démocratie, mais une démocratie dans un contexte oligarchique. Sa grande particularité par rapport aux autres républiques post-soviétiques c’est que c’est une oligarchie compétitive avec une certaine forme de liberté, un pluralisme, une possibilité d’accéder au pouvoir pour différents acteurs, une compétition, une liberté des médias, mais tout ça dans le jeu oligarchique. Et dans cette arène, 3 ou 4 personnages vont tirer leurs marrons du feu et ce sont principalement certains oligarques. Dans cette compétition, ces hommes ont besoin d’un accès aux médias et notamment aux télévisions. Et je crois que c’est dans ce contexte-là qu’il faut voir l’émergence dans le paysage du personnage de Zelensky. Il a la trentaine, est un très bon humoriste qui débarque à Kiev après avoir fait ses armes à Moscou, et il propose ses services aux meilleures chaînes de télévision privée et ces chaînes de télévision sont toutes détenues par les oligarques. La première chaîne de télévision pour laquelle il va travailler est un canal considéré comme pro-russe et qui est contrôlé par Firtash, un oligarque proche de Moscou. Et une dizaine d’années plus tard, il va passer dans une autre chaîne, donc chez un autre oligarque. Vu de France, tout cela est perçu de manière assez exotique et un peu sauvage, mais ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est qu’on est en fait dans un phénomène pas si différent de la relation entre nos animateurs télé/producteurs au sein des grands groupes.</p>
<p><strong>Ne pourrait-on pas justement résumer tout le parcours médiatique et politique de Zelensky avant la guerre à un jeu avec puis contre les oligarques? Il semble d’ailleurs n’avoir jamais réussi à se défaire d’eux.</strong></p>
<p><strong>Régis</strong>: En fait la grande difficulté avec les oligarchies c’est justement de s’en défaire. Ces acteurs politiques ont une telle maîtrise de secteurs entiers, emploient tellement de personnel et disposent de tant d’outils: médias, leviers dans les partis politiques, dans l’expertise avec parfois des think-tanks financés par des oligarques. C’est extrêmement difficile d’en sortir. De la part de Zelensky c’était même un peu naïf et c’était sans doute assez populiste de dire qu’il allait sortir de ce système. La seule vraie rupture, si on se garde des spéculations, c’est la guerre. Et il est très frappant de voir que les oligarques sont très peu présents depuis le début de l’invasion, de manière assez surprenante, car on aurait pu penser qu’ils s’investiraient dans l’aide humanitaire, ou dans le financement de bataillons, comme ce fut le cas en 2014.</p>
<p><strong>Stéphane</strong>: La grande question sur l’épopée Zelensky c’est de savoir qui a voulu qu’il soit président le premier: est-ce lui qui a voulu devenir président? Ou est-ce Kolomoïsky qui a voulu le mettre dans les pattes de Porochenko? Plus le temps passe et plus j’ai l’impression qu’au fond de lui Zelensky avait une certaine forme de conscience de son destin. Il a un ego qui est assez fort et dans les entretiens qu’il a donnés il répétait systématiquement son envie de laisser une trace dans l’histoire: il a envie que dans 30 ans ses enfants soient fiers de lui et de ce qu’il aura fait, et il a envie de marquer la société ukrainienne.</p>
<p>Mon intuition est donc que Zelensky est un phénomène télévisé et politique qui a été créé par Igor Kolomoïsky, qui voulait se venger de Petro Porochenko. En effet, après la révolution de Maïdan, il y a eu une alliance tacite entre Porochenko et Kolomoïsky pour garder le contrôle des villes de l’est ukrainien, notamment à Dnipro. Cette alliance de circonstance n’a duré qu’un an, jusqu’au jour où il y a eu des excès, et des accusations de féodalisme. On a commencé à se demander si Kiev avait encore le pouvoir sur ces régions. Ce phénomène d’oligarques grands féodaux était également présent à Kharkiv et Odessa, et la communauté internationale et le FMI se sont inquiétés de l’influence de Kolomoïsky, notamment avec l’affaire de la banque Privat, la plus grande banque du pays. On sait qu’il a détourné, avec ses associés, l’équivalent de 5 milliards de dollars à Privat où 40% des Ukrainiens ont un compte. Il y avait un véritable risque systémique sur l’économie. Porochenko a dû intervenir et a coupé les ailes de Kolomoïsky en lui retirant ses postes dans des conseils d’administration d’entreprises parapubliques qu’il contrôlait et également en lançant les procédures de nationalisation de Privatbank.</p>
<p>On est en 2015 et Kolomoïsky voue une haine absolument royale à Porochenko. Ce qu’on constate c’est que le premier épisode de la série de Zelensky, <i>Serviteur du peuple</i>, est diffusé à l’automne 2015, et que cela intervient à peu près 6 mois après la confrontation entre l’oligarque et le président ukrainien, un combat qui a presque tourné à l’affrontement par hommes de main interposés. 6 mois c’est largement le temps de la mise en production d’une série. Mon idée c’est qu’il y a des esprits malins dans la galaxie 1+1 et Kvartal 95 (la chaîne et la société de production de Zelensky) qui ont rencontré la volonté politique de Kolomoïsky de mettre des bâtons dans les roues de Porochenko. Ils créent donc une série télévisée moquant abondamment le président, et qui mettait sur orbite un nouveau personnage. Mais je pense que le projet initial a totalement échappé au contrôle de ses créateurs.</p>
<p><strong>Viennent alors l’élection et la victoire électorale. Comment va se passer l’apprentissage de la politique pour Zelensky?</strong></p>
<p><strong>Stéphane</strong>: La campagne a été une stratégie d’évitement du réel, d’évitement des journalistes, des responsables politiques et aussi de l’électorat. Zelensky n’a pas fait un seul rassemblement électoral durant sa campagne, si ce n’est un débat dans le stade de Kiev avec Porochenko. Pendant à peu près trois mois de campagne il ne s’est pas confronté au réel et a brassé du vent avec quatre ou cinq slogans qui ne veulent pas dire grand chose, et il a en fait projeté un hologramme du président de la série télévisée. Il a utilisé une sorte de président idéal d’une Ukraine de Cocagne et il a donné cela en pâture aux Ukrainiens qui ont tellement envie d’autres choses, de passer à un nouveau visage, à quelque chose qui rafraîchit un petit peu.</p>
<hr />
<h3 style="text-align: center;"><em>«La campagne présidentielle de Zelensky a été une stratégie d’évitement du réel, d’évitement des journalistes, des responsables politiques et aussi de l’électorat.»</em></h3>
<hr />
<p>Mais dès le moment où il est président, il se prend le réel en pleine face, et ce réel c’est que l’Ukraine est un des pays les plus pauvres d’Europe, le seul pays en guerre sur le continent. Le réel, ce sont les émissaires de Donald Trump qui sont en train d’essayer de rentrer dans son bureau dès les premières heures de sa présidence. Et l’apprentissage va être extrêmement rude.</p>
<p><strong>Régis</strong>: C’est l’histoire d’une confrontation au principe de réalité. A l’intérieur du pays il y a un énorme problème de corruption, il s’aperçoit que c’est difficile de réformer le pays, de faire un budget, etc. Au niveau international, Trump, Poutine, les Français et les Allemands le poussent à signer les accords de Minsk. Arrivé au pouvoir sur une vague assez populiste, il peine à s’adapter à la situation, lui qui a souvent pour seule boussole l’opinion ukrainienne. Comme ce n’est pas du tout un idéologue, il est souvent en attente de la réponse de l’opinion. Mais il est en permanence pris en tenaille par des agendas qui n’ont rien à voir avec les attentes populaires, entre ce que veulent les oligarques ou ce que veut le FMI par exemple. Malgré tout il reste dans ce populisme de l’attente, du «je vais suivre ce que veut le pays». Mais comme le pays est pluriel, plongé dans la guerre, il va vouloir se mettre au service de cette unification.</p>
<p>Et à ce titre, on le découvre véritablement le 24 février lorsqu’il répond présent, qu’il se révèle courageux et qu’il incarne en quelque sorte la volonté ukrainienne de se battre, de résister, et de ne rien céder. Mais c’est quelque chose que l’on pouvait deviner dès décembre 2019, dans cette réunion à Paris au format Normandie, où c’est la première fois qu’il est confronté à Poutine en face à face. A ce moment, Merkel et Macron voudraient bien lui faire mettre en œuvre les accords de Minsk, qui reviennent ni plus ni moins à terme à renoncer à sa souveraineté. Et en fait, dès ce jour-là, il répond présent, il ne cède rien et c’est un moment de vérité. Ça montre que son épopée est l’histoire d’une confrontation au réel, en partant d’une grande naïveté, d’une grande incompétence, mais en même temps avec une vraie légitimité de par son élection à 73%.</p>
<p><strong>Stéphane</strong>: Même si c’est un populiste, et qu’on ne connaissait pas ses idées au départ, c’est un libéral, un homme d’affaires de son époque, un quadragénaire qui a monté un petit business pour en faire un gros business. Sa société est la plus grosse entreprise de production de contenus audiovisuels dans espace post-soviétique – hors Russie – et en ce sens il est bien dans son époque et a tout du jeune cadre qui bosse avec des trentenaires qui font des produits pour la télévision, qui se veulent cool et évoluent dans le milieu de l’humour. Et aussi bien en termes politiques qu’en termes économiques c’est un libéral. D’ailleurs la première tentative de définition de son idéologie, du «zelenskisme», elle est le fait de son conseiller, Rouslan Stefanchouk, le président du Parlement, et qui dit que c’est un libertarianisme.</p>
<p>Mais le libéralisme de Zelensky va se retrouver face à un choix: doit-il être un libéral au service de la libéralisation et de la modernisation de son pays? Ou doit-il être un libéral dans le cadre du capitalisme oligarchique? Et en fait durant la première année de de son mandat il va faire relativement illusion, s’entourer d’un grand nombre de personnalités réformatrices. Et notamment, il va attirer à lui beaucoup de gens de la génération post-Maïdan, des gens qui n’ont pas forcément voté pour lui ou qui ont travaillé pour Porochenko, même des anciens ministres, mais qui se sont rendus compte au cours du mandat de Porochenko que ce dernier n’était pas à même de détruire le système oligarchique et le système de corruption. On avait donc des personnalités réformatrices comme Serhiy Leshchenko et Svitlana Zalishchuk, qui étaient de la jeune génération de Maïdan et qui ont rejoint Zelensky. On peut aussi citer l’ancien ministre des Finances Oleksandr Danylyuk, qui était l’homme du FMI à Kiev. Lors de notre premier échange il me dit «je le rejoins parce qu’au moins avec lui on va pouvoir faire quelque chose. On ne sait pas à quoi il pense, on ne sait pas quelles sont ses idées, c’est une page blanche donc on va l’aider à remplir la page blanche». Et durant la première année on est dans ce qu’on a appelé le turbo-régime ou le turbo-gouvernement: le Parlement ukrainien passe plusieurs lois tous les jours, dans un réformisme un peu chaotique qui partait dans tous les sens sans qu’on puisse déterminer une direction. </p>
<p>Mais à un moment donné, vers janvier-février 2020, on assiste à une récupération du Parlement par les forces oligarchiques, avec la nomination comme chef de l’administration présidentielle d’Andriy Yermak et avec le limogeage d’Oleksiy Hontcharouk, Premier ministre réformiste, remplacé par Chmyhal, toujours en poste et qui a été directeur d’une usine de l’oligarque Akhmetov. On a donc, un an après l’élection présidentielle, de grandes manœuvres dans le domaine de l’énergie, et les oligarques sont en train de revenir au premier plan: Kolomoïsky essaye de récupérer ses biens, Akhmetov tente de mettre la main sur certains ministères essentiels, des personnalités qui sont des visiteurs du soir tournent autour de Zelensky. En l’espace de quelques semaines, toutes les personnalités réformatrices quittent le gouvernement et l’entourage présidentiel. Et il y a une vraie césure à ce moment-là et le président devient beaucoup plus populiste mais également très conservateur dans sa façon de faire de la politique, à tel point qu’on va dire de lui qu’il est un nouveau Kravtchouk et que Zelensky est une sorte de faux moderne qui, avec un visage de renouveau, est là pour maintenir le système tel qu’il a toujours été.</p>
<p><strong>Malgré tout, Zelensky semble s’être résolu à affronter les oligarques via cette loi qui a vocation à restreindre leur pouvoir et leur influence.</strong></p>
<p><strong>Stéphane</strong>: La guerre n’a pas permis de véritable mise en place de la loi anti-oligarque, une loi qui a été passée avec le couteau des Américains sous la gorge, qui demandaient très clairement à Zelensky de se débarrasser de certaines personnalités toxiques, parmi elles Medvedchuk et Kolomoïsky. Le dilemme de Zelensky c’est qu’il est soupçonné d’être une marionnette des oligarques, et les partenaires internationaux, le FMI en tête, demandent à la marionnette de prendre les ciseaux et de couper les fils au-dessus de sa tête Et en fait Zelensky tremble pendant deux ans. Il n’est pas capable de le faire ou il fait semblant de le faire.</p>
<p><strong>Régis</strong>: Il faut aussi signaler qu’une des erreurs de Zelensky c’est de ne s’en être pris qu’à quelques cibles privilégiées, dont un oligarque qui est son grand compétiteur politique, Petro Porochenko. Quand vous lisez la loi de près, vous avez clairement l’impression que la loi est taillée pour faire de la justice sélective.</p>
<p><strong>Les pages que vous consacrez à l’invasion russe et à la métamorphose déconcertante de Zelensky en chef de guerre semblent pénétrées par un questionnement sur les ressorts de l’héroïsme du président, mais que vous ne dissociez jamais de l’héroïsme des Ukrainiens. Pouvez-vous revenir sur cette dialectique?</strong></p>
<p><strong>Régis</strong>: On a essayé d’inscrire Zelensky d’abord dans l’histoire et la société ukrainienne, en ayant ce souci presque moral de ne pas faire de Zelensky un héros au dépend du peuple ukrainien et des centaines de morts qu’il peut y avoir chaque jour. On cite nous-mêmes quelques-uns de ces héros. Et il est d’ailleurs intéressant de remarquer que Zelensky lui-même, dans ses petites vidéos du soir où il rend compte de la journée, lorsqu’il annonce les gens à qui il a octroyé le titre de héros de l’Ukraine, on voit bien dans le ton qu’il emploie qu’il le fait de manière très sèche et respectueuse. On sent qu’il n’est pas en train d’accaparer leurs titres. On a donc, nous aussi, eu le souci de replacer cet héroïsme dans le cadre d’une société qui est toute entière confrontée à la guerre. Car c’est cette société qui est le personnage principal et cela depuis 2014, qui est un moment central car c’est dans cette guerre que se constitue cette unité. Et c’est cette société qui s’était manifestée sur la place Maïdan lorsqu’elle se mobilise pour défendre un accord d’association avec l’Union européenne. La société ukrainienne n’y a pas forcément défendu de grandes idées et de grandes idéologies soutenues par des think-tanks ou des gouvernements, c’était un combat pratique et concret. Qu’est-ce que cela signifiait pour les Ukrainiens, un accord d’association avec l’Europe? Tout simplement l’Etat de droit, ou même la simple possibilité de se défendre équitablement devant un tribunal sans avoir à être plus riche que mon adversaire du jour.</p>
<p>Cette mobilisation, même si elle est fragmentaire aux premiers jours de Maïdan, va se consolider, et s’unifier par-delà ces clivages linguistiques et ethniques auxquels on essaye d’assigner les Ukrainiens. Et c’est dans ce contexte qu’il faut replacer cette métamorphose de Zelensky et du peuple ukrainien: elle vient suivre un mouvement de société profond.</p>
<p><strong>Stéphane</strong>: L’Ukraine depuis 2014 c’est le seul pays en Europe où on a une population qui fait le sacrifice de ce qu’elle a de plus cher pour une idée, que cette idée soit la défense de la patrie, l’Europe, la justice, l’Etat de droit, l’avenir de nos enfants, il y a des milliers d’ukrainiens qui sont prêts à sortir de leur zone de confort, à se mettre en danger, à risquer leur vie pour une idée. C’est quelque chose qui est absolument touchant, bouleversant, et qu’on a déjà vu pendant la révolution de Maïdan, pendant la guerre, et on le voit encore aujourd’hui. Et c’est un phénomène unique en Europe. Il y a cette culture civique et politique de la mise en danger de soi et donc d’une certaine forme de sacrifice et d’héroïsme tel que nous, en Europe, on a pu le connaître dans le passé.</p>
<p>Et je crois que Zelensky en est parfaitement conscient, même si c’est quelqu’un qui n’a pas la culture de Maïdan dans le sang. Il était même en décalage complet avec ce qui s’est passé en 2013 et 2014, car il a très peur de la violence. C’est quelqu’un qui n’aime pas la bagarre, les manifestations, il n’aime pas quand ça dérape dans la rue. Mais je crois que comme tout bon humoriste c’est un excellent observateur de sa société et qu’il a de très bons capteurs. Et il comprend fort bien les différentes couches de culture à l’intérieur de sa population. Et je pense que Zelensky a compris qu’il devait se mettre à l’unisson de cette population.</p>
<hr />
<h3 style="text-align: center;"><em>«A un moment donné il n’a pas eu le choix, et les Ukrainiens ne lui ont pas laissé le choix, parce ces femmes et ces hommes se battent et que cela lui a imposé de se montrer à leur hauteur.»</em></h3>
<hr />
<p>De leur côté, les Ukrainiens se souviennent très bien qu’en 2014, pendant la bataille d’Illovaisk dans le Donbass, qui a vu plusieurs centaines de soldats ukrainiens mourir, Petro Porochenko était en train de signer les papiers pour l’ouverture de son compte <i>offshore</i>, comme on l’a découvert quelques temps plus tard dans les <i>Panamas Papers</i>. Ces révélations avaient montré aux Ukrainiens que lorsqu’ils étaient en train de subir leur pire défaite militaire, avec le sacrifice de leur armée, le président était occupé à faire de l’évasion fiscale. Et c’est ce qui fait qu’aux yeux des Ukrainiens, cet homme ne pourrait jamais revenir au pouvoir: quand on fait de l’évasion fiscale on fait de l’évasion tout court. Zelensky fait aussi de l’évasion fiscale, il faut le rappeler, mais à un moment donné, alors que quelques jours plus tôt il ne croyait pas à l’invasion ni à la guerre, il s’est retrouvé face à ce que j’appelle un pari pascalien. Il a compris de manière intuitive qu’il n’avait pas le choix, et que la fuite ou l’exfiltration par les Français ou les Américains aurait signifié la fin de toute sa vie en Ukraine. Il aurait rejoint sa villa en Italie, où il est par ailleurs voisin d’Abramovitch et de la fille de Boris Eltsine. Il aurait pu très bien vivre mais il n’aurait jamais pu revenir. Cela aurait signifié renoncer à tout ce qu’il a construit durant 20 ans en Ukraine, car c’est un constructeur, un homme d’affaires, un capitaine d’industrie. A un moment donné il n’a pas eu le choix, et les Ukrainiens ne lui ont pas laissé le choix, parce ces femmes et ces hommes se battent et que cela lui a imposé de se montrer à leur hauteur.</p>
<p><strong>Régis</strong>: Et il faut rappeler qu’il prend cette décision de rester à Kiev au moment où sa vie est le plus en péril. Cette fameuse vidéo où il dit «je suis là, le Premier ministre est là…» est enregistrée à l’extérieur de Bankova, à une heure très grave car on sait maintenant qu’il y a des commandos russes qui n’étaient pas très loin, dans le centre de Kiev, certainement pour l’enlever et peut-être pour le tuer. Au même moment, il y avait une vingtaine d’avions Iliouchine 76 attendant de se poser sur l’aéroport de Hostomel qui fait l’objet d’une attaque de l’élite de l’armée russe, la 76ème division aéroportée de Pskov, attaque qui va échouer.</p>
<p><strong>A travers votre livre, plus que Zelensky, c’est toute l’Ukraine qui est à l’honneur. Zelensky n’était-il pas finalement un prétexte pour parler des Ukrainiennes et des Ukrainiens?</strong></p>
<p><strong>Stéphane</strong>: Ce qui me tenait à cœur avec ce livre c’était de rendre de la subjectivité, de l’agentivité à l’Ukraine. Je suis toujours totalement frappé de voir à quel point on vole aux Ukrainiens leur subjectivité et leur droit de parler. Il suffit de songer aux déclarations de Mélenchon disant que les Ukrainiens n’ont pas à nous parler comme ça. De manière générale dans le commentaire d’experts ou de journalistes sur cette guerre on parle beaucoup à la place des Ukrainiens. On dit beaucoup comment ils devraient penser, comment ils devraient se positionner par rapport à la Russie. Mais est-ce que c’est à nous de dire aux Ukrainiens comment ils doivent se positionner par rapport à la Russie? Non c’est à eux de décider eux-mêmes.</p>
<hr />
<h3 style="text-align: center;"><em>«Les diplomates ukrainiens ou géorgiens négocient avec la fine fleur de la diplomatie américaine, russe, turque, otanienne. Des personnes qui ont une telle expérience n’ont rien à apprendre des Français ou des Allemands.»</em></h3>
<hr />
<p>On a souvent analysé ce qui est en train de se passer au travers de jeux géopolitiques globaux entre la Russie et les Etats-Unis et l’OTAN. Or on manque la parole ukrainienne, parce qu’on ne connaît pas bien ce pays, parce qu'on ne connaît pas bien ses acteurs, son histoire. On ne comprend pas que ce pays a des ressorts politiques propres qui expliquent ce qui est en train de se passer actuellement et cette résistance incroyable. Ce livre est aussi une façon de redonner la parole aux Ukrainiens, de leur redonner une autonomie à l’heure où on a l’impression que le monde entier est en train de penser à la place des Ukrainiens.</p>
<p><strong>Régis</strong>: On n’écoute pas ces gens parce qu’effectivement on les méprise, et c’est valable également pour notre rapport à des pays de tout l’espace post-soviétique. En Géorgie, par exemple, j’ai rencontré des diplomates qui ont eu à négocier le retrait des Russes d’une base du sud de la Géorgie. Ces diplomates vont négocier pendant 6 à 7 ans avec la fine fleur de la diplomatie américaine, russe, turque, otanienne pour faire sortir les Russes de cette base. Des personnes qui ont une telle expérience n’ont rien à apprendre des Français ou des Allemands. Prenez quelqu’un comme Saakachvili, si souvent critiqué: en 2009 au sortir de la guerre il dit, dans ses télégrammes diplomatiques avec les Américains, «la prochaine victime c’est la Crimée.» On aurait tout intérêt à écouter ces gens – pas forcément à les croire, mais les écouter.</p>
<p><strong>Stéphane</strong>: Ces voix ukrainiennes, géorgiennes, issues du monde post-soviétique sont d’autant plus nécessaires pour notre compréhension du conflit car on ne nous propose, dans le champ médiatique, que deux grilles de lecture – pour schématiser – l’une atlantiste contre l’autre russo-centrée. Cette opposition ne marche absolument pas. L’Ukraine que je connais au quotidien depuis 8 ans en tant qu’observateur sur le terrain et comme habitant de Kiev ne rentre pas dans cette grille de lecture parce qu’il y a des clés de compréhension que personne n’utilise: la voix des Ukrainiens et la réalité sur place. Et je crois que c’est cela que nous essayons de faire en tant que journalistes: donner à entendre cette voix et faire de la place au principe de de réalité, au terrain. Car à Kiev les choses sont un peu plus complexes que depuis un think-tank à Washington, Moscou ou Paris.</p>
<hr />
<h4>Article publié avec le soutien de Heinrich Böll Stiftung | Bureau Paris.</h4>
<h4><strong>Gwendal Piégais est docteur en Histoire (Université de Bretagne occidentale), spécialisé en histoire militaire, Première Guerre mondiale, Europe Centrale, Russie impériale et soviétique.</strong></h4>
<hr />
<h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1655372457_41jlvh45gkl._sx312_bo1204203200_.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="230" height="365" /></h4>
<h4>«Volodymyr Zelensky. Dans la tête d'un héros», Régis Genté et Stéphane Siohan, Editions Robert Laffont, 198 pages.</h4>',
'content_edition' => '',
'slug' => 'de-quoi-zelensky-est-il-le-nom-entretien-avec-regis-gente-et-stephane-siohan',
'headline' => null,
'homepage' => null,
'like' => (int) 639,
'editor' => null,
'index_order' => (int) 1,
'homepage_order' => (int) 1,
'original_url' => 'https://courrierdeuropecentrale.fr/de-quoi-zelensky-est-il-le-nom-entretien-avec-regis-gente-et-stephane-siohan/',
'podcast' => false,
'tagline' => null,
'poster' => null,
'category_id' => (int) 5,
'person_id' => (int) 85,
'post_type_id' => (int) 1,
'poster_attachment' => null,
'editions' => [
[maximum depth reached]
],
'tags' => [
[maximum depth reached]
],
'locations' => [[maximum depth reached]],
'attachment_images' => [
[maximum depth reached]
],
'attachments' => [
[maximum depth reached]
],
'person' => object(App\Model\Entity\Person) {},
'comments' => [
[maximum depth reached]
],
'category' => object(App\Model\Entity\Category) {},
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Posts'
},
'relatives' => [
(int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {},
(int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {},
(int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {},
(int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {}
],
'embeds' => [],
'images' => [
(int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}
],
'audios' => [],
'comments' => [
(int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {},
(int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}
],
'author' => 'Bon pour la tête',
'description' => 'Acteur et producteur à succès propulsé dans la vie politique par une série télévisée, Volodymyr Zelensky est depuis le 24 février le chef de guerre d’une nation qui résiste à une invasion russe. Entretien avec Régis Genté et Stéphane Siohan, auteurs d’une biographie du président ukrainien.',
'title' => 'De quoi Zelensky est-il le nom? Entretien avec Régis Genté et Stéphane Siohan',
'crawler' => true,
'connected' => null,
'menu_blocks' => [
(int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {},
(int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {}
],
'menu' => [
(int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {},
(int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {},
(int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {},
(int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {},
(int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {},
(int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {},
(int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {},
(int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {},
(int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {},
(int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {},
(int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {},
(int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {},
(int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {}
]
]
$bufferLevel = (int) 1
$referer = '/'
$OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093'
$_serialize = [
(int) 0 => 'post'
]
$post = object(App\Model\Entity\Post) {
'id' => (int) 3648,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'notified' => null,
'free' => true,
'status' => 'PUBLISHED',
'priority' => null,
'readed' => null,
'subhead' => null,
'title' => 'De quoi Zelensky est-il le nom? Entretien avec Régis Genté et Stéphane Siohan',
'subtitle' => 'Acteur et producteur à succès propulsé dans la vie politique par une série télévisée, Volodymyr Zelensky est depuis le 24 février le chef de guerre d’une nation qui résiste à une invasion russe. Entretien avec Régis Genté et Stéphane Siohan, auteurs d’une biographie du président ukrainien.',
'subtitle_edition' => 'Acteur et producteur à succès propulsé dans la vie politique par une série télévisée, Volodymyr Zelensky est depuis le 24 février le chef de guerre d’une nation qui résiste à une invasion russe. Entretien avec Régis Genté et Stéphane Siohan, auteurs d’une biographie du président ukrainien.',
'content' => '<p style="text-align: center;">Par <strong>Gwendal Piégais</strong>, publié le 11 juin 2022 dans le <a href="https://courrierdeuropecentrale.fr/de-quoi-zelensky-est-il-le-nom-entretien-avec-regis-gente-et-stephane-siohan/" target="_blank" rel="noopener"><em>Courrier d'Europe centrale</em></a></p>
<hr />
<p>Acteur principal de la série <i>Serviteur du peuple</i> (Slouha Narodou), une série télévisée humoristique dans laquelle il incarne un professeur de lycée accédant à la présidence de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky avait fait de ce script une réalité en devenant lui-même Président de la république d’Ukraine en 2019. Mais depuis le 24 février 2022, Zelensky endosse un rôle qu’il n’avait jamais joué ni répété, celui de chef de guerre d’une nation envahie par l’armée russe. Régis Genté et Stéphane Siohan, deux journalistes français à la connaissance fine de l’Ukraine et de l’espace post-soviétique, publient une biographie du président ukrainien au travers de laquelle ils racontent le combat des Ukrainiens pour leur liberté. Un entretien réalisé par Gwendal Piégais, avec Régis Genté et Stéphane Siohan, auteurs de <i>Volodymyr Zelensky. Dans la tête d’un héros</i>, paru aux éditions Robert Laffont.</p>
<p><strong>Le <em>Courrier d’Europe centrale</em></strong>: <strong>Votre livre accorde une grande place au parcours personnel et professionnel de Zelensky que vous présentez comme une personne en tension entre son héritage d’homme de l’Est de l’Ukraine et la modernité de ses méthodes de communicant. C’est cette dualité qui semble contribuer à son premier succès électoral…</strong></p>
<p><strong>Stéphane Siohan</strong>: La force de Zelensky c’est qu’il est à la fois totalement archaïque au niveau de la politique ukrainienne et de son pedigree social, et en même temps complètement post-moderne. Il est archaïque dans le sens où il ne connaît absolument rien en politique mais a un fonctionnement clanique en ne se reposant que sur des gens qu’il connaît au niveau personnel ou familial. Tout son entourage est composé de gens originaires comme lui de Kryvyï Rih, une des plus grandes villes industrielles d’Ukraine. Elle compte plusieurs centaines de milliers d’habitants et est également une des plus grandes villes sidérurgiques au monde. Et tout son clan a un fonctionnement qui est très provincial. Ils ne font pas partie de l’intelligentsia de Kiev, ils sont arrivés sur le tard, et ont très peu de connexions avec le milieu de l’art du cinéma.</p>
<p>Zelensky, comme une bonne partie de ses proches, a des codes culturels et sociaux qui ne sont absolument pas ceux de la capitale, donc il est en décalage complet avec l’élite politique et culturelle du pays. Il a un mode de fonctionnement hérité des années 90 et 2000 à un point tel que lorsqu’il émerge sur la scène politique, l’intelligentsia à Kiev – qui lui voue une haine féroce – le traite de <i>sovok</i>, terme désignant une personne qui a un état d’esprit soviétique ou post-soviétique. Sa façon de parler, son humour, ses positions sur les questions sociales, la manière dont il parle des femmes, tout cela est très imprégné de codes humoristiques en langue russe qui datent des années 90-2000 et qui, dans l’Ukraine post-Maïdan, sont fortement décriés et ne passent plus dans une partie de de la société. En revanche il a réussi à créer une façon de faire de la politique basée sur le rien, le vide, dans une démarche qui est totalement post-moderne parce qu’elle est basée sur la communication et sur l’idée que le contenant est plus important que le message.</p>
<p><strong>Régis Genté</strong>: Zelensky est aussi issu d’un entre-deux géographique, d’une région au cœur des Terres de sang, comme les nomme Timothy Snyder, mais aussi d’une terre de mémoire cosaque qui joue un rôle dans l’espèce de flexibilité qu’il a à passer d’un monde à l’autre. Mais ce que je voudrais souligner, et qui renvoie à l’ensemble de la région post-soviétique, c’est l’enjeu générationnel. Il a 13 ans en 1991 donc il n’a pas été complètement façonné par le monde soviétique. Les mouvements sociaux que je couvre depuis 20 ans, que ce soient les manifestations en 2015 en Arménie contre les prix de l’électricité, celles au Kazakhstan en 2011 sur les salaires, ou les révolutions colorées en Géorgie, ou les mobilisations en Moldavie et au Bélarus, sont toutes liées à un changement de génération. Ces sociétés qui sont plus jeunes ont plus naturellement accès à l’information dans le reste du monde (via internet ou les smartphones) et de moins en moins connectées avec la Russie. Elles font face à des élites qui elles restent très dépendantes de la Russie, notamment parce qu’elles y sont liées financièrement, mais aussi parce qu’elles y ont parfois des origines. Cette vieille génération est très souvent soutenue par Moscou lors des différentes crises: Ianoukovitch en Ukraine, Kocharian en Arménie, Nazarbaïev et Loukachenko, etc. En Arménie par exemple on a un leader qui n’est plus dans le moule des anciennes classes politiques et qui a des relations difficiles avec la Russie et justement pour des raisons générationnelles: même s’il ne peut pas se permettre de rompre avec Moscou, on sent que le temps a passé, et que le personnel politique de cette génération, en Ukraine comme en Arménie, a d’autres codes, d’autres référents, d’autres expériences.</p>
<p><strong>Dans votre présentation du contexte dans lequel évolue et perce Zelensky, vous mettez notamment en avant la trajectoire économique et politique singulière de l’Ukraine, et la persévérance d’une structure oligarchique fort différente de ce qu’on peut encore rencontrer dans le monde post-soviétique.</strong></p>
<p><strong>Régis</strong>: La seule vraie oligarchie de toute la région c’est justement l’Ukraine. En Géorgie il y a un oligarque, mais c’est parce qu’il fait partie du monde oligarchique russe, et donc c’est un acteur géopolitique régional. Khodorkovsky, qui s’y connaît en la matière, disait début avril à CNN qu’il n’y a pas d’oligarchie en Russie, puisqu’il y a maintenant une dictature. C’est vraiment l’Ukraine qui reste structurée par ce schéma. Et même si Zelensky semble commencer à poser la question de la place de ces acteurs dans le jeu politique ukrainien, on sait combien il reste prisonnier de leur influence et qu’il est très difficile de s’en extirper.</p>
<p><strong>Stéphane</strong>: Pour remettre en perspective, les premières 15 années d’indépendance ukrainienne combinent trois héritages historiques: l’héritage soviétique, le capitalisme post-soviétique, mais également une culture de pouvoir démocratique propre à l’Ukraine qu’on ne retrouve pas dans les autres pays de la région. Ce qui se développe dans les années 1990 et 2000 en Ukraine c’est d’abord une accaparation de l’Etat par ce qu’on a appelé les «managers rouges». Les premiers présidents de l’Ukraine indépendante, Kravtchouk, Koutchma ce sont typiquement des apparatchiks du Parti communiste qui se sont ralliés à l’idée d’une Ukraine indépendante, mais qui pratiquent une mise sous coupe réglée des ressources d’Etat, notamment industrielles. Et ces managers rouges ont facilité un accès aux ressources de l’Etat à un groupe de jeunes hommes d’affaires qui se sont taillé des croupières dans les ressources nationales. Et c’est là qu’a germé cette génération d’oligarques, qu’on connaît toujours aujourd’hui, que sont Akhmetov, Firtash, Kolomoïsky, etc. et qui se sont servis sur la bête dans les 15 premières années. Mais la grande différence entre l’Ukraine et la Russie à ce moment-là c’est que l’Ukraine a accepté le principe de démocratie et notamment le principe de l’alternance du pouvoir. Et le moment où ce principe est gravé dans le marbre c’est pendant la Révolution orange, dont le véritable sens politique est le refus de l’accaparation du pouvoir par un clan ou par un homme.</p>
<hr />
<h3 style="text-align: center;"><em>«La grande particularité de l’Ukraine par rapport aux autres républiques post-soviétiques c’est d’être une oligarchie compétitive avec une certaine forme de liberté.»</em></h3>
<hr />
<p>A ce moment-là l’Ukraine devient véritablement une démocratie, mais une démocratie dans un contexte oligarchique. Sa grande particularité par rapport aux autres républiques post-soviétiques c’est que c’est une oligarchie compétitive avec une certaine forme de liberté, un pluralisme, une possibilité d’accéder au pouvoir pour différents acteurs, une compétition, une liberté des médias, mais tout ça dans le jeu oligarchique. Et dans cette arène, 3 ou 4 personnages vont tirer leurs marrons du feu et ce sont principalement certains oligarques. Dans cette compétition, ces hommes ont besoin d’un accès aux médias et notamment aux télévisions. Et je crois que c’est dans ce contexte-là qu’il faut voir l’émergence dans le paysage du personnage de Zelensky. Il a la trentaine, est un très bon humoriste qui débarque à Kiev après avoir fait ses armes à Moscou, et il propose ses services aux meilleures chaînes de télévision privée et ces chaînes de télévision sont toutes détenues par les oligarques. La première chaîne de télévision pour laquelle il va travailler est un canal considéré comme pro-russe et qui est contrôlé par Firtash, un oligarque proche de Moscou. Et une dizaine d’années plus tard, il va passer dans une autre chaîne, donc chez un autre oligarque. Vu de France, tout cela est perçu de manière assez exotique et un peu sauvage, mais ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est qu’on est en fait dans un phénomène pas si différent de la relation entre nos animateurs télé/producteurs au sein des grands groupes.</p>
<p><strong>Ne pourrait-on pas justement résumer tout le parcours médiatique et politique de Zelensky avant la guerre à un jeu avec puis contre les oligarques? Il semble d’ailleurs n’avoir jamais réussi à se défaire d’eux.</strong></p>
<p><strong>Régis</strong>: En fait la grande difficulté avec les oligarchies c’est justement de s’en défaire. Ces acteurs politiques ont une telle maîtrise de secteurs entiers, emploient tellement de personnel et disposent de tant d’outils: médias, leviers dans les partis politiques, dans l’expertise avec parfois des think-tanks financés par des oligarques. C’est extrêmement difficile d’en sortir. De la part de Zelensky c’était même un peu naïf et c’était sans doute assez populiste de dire qu’il allait sortir de ce système. La seule vraie rupture, si on se garde des spéculations, c’est la guerre. Et il est très frappant de voir que les oligarques sont très peu présents depuis le début de l’invasion, de manière assez surprenante, car on aurait pu penser qu’ils s’investiraient dans l’aide humanitaire, ou dans le financement de bataillons, comme ce fut le cas en 2014.</p>
<p><strong>Stéphane</strong>: La grande question sur l’épopée Zelensky c’est de savoir qui a voulu qu’il soit président le premier: est-ce lui qui a voulu devenir président? Ou est-ce Kolomoïsky qui a voulu le mettre dans les pattes de Porochenko? Plus le temps passe et plus j’ai l’impression qu’au fond de lui Zelensky avait une certaine forme de conscience de son destin. Il a un ego qui est assez fort et dans les entretiens qu’il a donnés il répétait systématiquement son envie de laisser une trace dans l’histoire: il a envie que dans 30 ans ses enfants soient fiers de lui et de ce qu’il aura fait, et il a envie de marquer la société ukrainienne.</p>
<p>Mon intuition est donc que Zelensky est un phénomène télévisé et politique qui a été créé par Igor Kolomoïsky, qui voulait se venger de Petro Porochenko. En effet, après la révolution de Maïdan, il y a eu une alliance tacite entre Porochenko et Kolomoïsky pour garder le contrôle des villes de l’est ukrainien, notamment à Dnipro. Cette alliance de circonstance n’a duré qu’un an, jusqu’au jour où il y a eu des excès, et des accusations de féodalisme. On a commencé à se demander si Kiev avait encore le pouvoir sur ces régions. Ce phénomène d’oligarques grands féodaux était également présent à Kharkiv et Odessa, et la communauté internationale et le FMI se sont inquiétés de l’influence de Kolomoïsky, notamment avec l’affaire de la banque Privat, la plus grande banque du pays. On sait qu’il a détourné, avec ses associés, l’équivalent de 5 milliards de dollars à Privat où 40% des Ukrainiens ont un compte. Il y avait un véritable risque systémique sur l’économie. Porochenko a dû intervenir et a coupé les ailes de Kolomoïsky en lui retirant ses postes dans des conseils d’administration d’entreprises parapubliques qu’il contrôlait et également en lançant les procédures de nationalisation de Privatbank.</p>
<p>On est en 2015 et Kolomoïsky voue une haine absolument royale à Porochenko. Ce qu’on constate c’est que le premier épisode de la série de Zelensky, <i>Serviteur du peuple</i>, est diffusé à l’automne 2015, et que cela intervient à peu près 6 mois après la confrontation entre l’oligarque et le président ukrainien, un combat qui a presque tourné à l’affrontement par hommes de main interposés. 6 mois c’est largement le temps de la mise en production d’une série. Mon idée c’est qu’il y a des esprits malins dans la galaxie 1+1 et Kvartal 95 (la chaîne et la société de production de Zelensky) qui ont rencontré la volonté politique de Kolomoïsky de mettre des bâtons dans les roues de Porochenko. Ils créent donc une série télévisée moquant abondamment le président, et qui mettait sur orbite un nouveau personnage. Mais je pense que le projet initial a totalement échappé au contrôle de ses créateurs.</p>
<p><strong>Viennent alors l’élection et la victoire électorale. Comment va se passer l’apprentissage de la politique pour Zelensky?</strong></p>
<p><strong>Stéphane</strong>: La campagne a été une stratégie d’évitement du réel, d’évitement des journalistes, des responsables politiques et aussi de l’électorat. Zelensky n’a pas fait un seul rassemblement électoral durant sa campagne, si ce n’est un débat dans le stade de Kiev avec Porochenko. Pendant à peu près trois mois de campagne il ne s’est pas confronté au réel et a brassé du vent avec quatre ou cinq slogans qui ne veulent pas dire grand chose, et il a en fait projeté un hologramme du président de la série télévisée. Il a utilisé une sorte de président idéal d’une Ukraine de Cocagne et il a donné cela en pâture aux Ukrainiens qui ont tellement envie d’autres choses, de passer à un nouveau visage, à quelque chose qui rafraîchit un petit peu.</p>
<hr />
<h3 style="text-align: center;"><em>«La campagne présidentielle de Zelensky a été une stratégie d’évitement du réel, d’évitement des journalistes, des responsables politiques et aussi de l’électorat.»</em></h3>
<hr />
<p>Mais dès le moment où il est président, il se prend le réel en pleine face, et ce réel c’est que l’Ukraine est un des pays les plus pauvres d’Europe, le seul pays en guerre sur le continent. Le réel, ce sont les émissaires de Donald Trump qui sont en train d’essayer de rentrer dans son bureau dès les premières heures de sa présidence. Et l’apprentissage va être extrêmement rude.</p>
<p><strong>Régis</strong>: C’est l’histoire d’une confrontation au principe de réalité. A l’intérieur du pays il y a un énorme problème de corruption, il s’aperçoit que c’est difficile de réformer le pays, de faire un budget, etc. Au niveau international, Trump, Poutine, les Français et les Allemands le poussent à signer les accords de Minsk. Arrivé au pouvoir sur une vague assez populiste, il peine à s’adapter à la situation, lui qui a souvent pour seule boussole l’opinion ukrainienne. Comme ce n’est pas du tout un idéologue, il est souvent en attente de la réponse de l’opinion. Mais il est en permanence pris en tenaille par des agendas qui n’ont rien à voir avec les attentes populaires, entre ce que veulent les oligarques ou ce que veut le FMI par exemple. Malgré tout il reste dans ce populisme de l’attente, du «je vais suivre ce que veut le pays». Mais comme le pays est pluriel, plongé dans la guerre, il va vouloir se mettre au service de cette unification.</p>
<p>Et à ce titre, on le découvre véritablement le 24 février lorsqu’il répond présent, qu’il se révèle courageux et qu’il incarne en quelque sorte la volonté ukrainienne de se battre, de résister, et de ne rien céder. Mais c’est quelque chose que l’on pouvait deviner dès décembre 2019, dans cette réunion à Paris au format Normandie, où c’est la première fois qu’il est confronté à Poutine en face à face. A ce moment, Merkel et Macron voudraient bien lui faire mettre en œuvre les accords de Minsk, qui reviennent ni plus ni moins à terme à renoncer à sa souveraineté. Et en fait, dès ce jour-là, il répond présent, il ne cède rien et c’est un moment de vérité. Ça montre que son épopée est l’histoire d’une confrontation au réel, en partant d’une grande naïveté, d’une grande incompétence, mais en même temps avec une vraie légitimité de par son élection à 73%.</p>
<p><strong>Stéphane</strong>: Même si c’est un populiste, et qu’on ne connaissait pas ses idées au départ, c’est un libéral, un homme d’affaires de son époque, un quadragénaire qui a monté un petit business pour en faire un gros business. Sa société est la plus grosse entreprise de production de contenus audiovisuels dans espace post-soviétique – hors Russie – et en ce sens il est bien dans son époque et a tout du jeune cadre qui bosse avec des trentenaires qui font des produits pour la télévision, qui se veulent cool et évoluent dans le milieu de l’humour. Et aussi bien en termes politiques qu’en termes économiques c’est un libéral. D’ailleurs la première tentative de définition de son idéologie, du «zelenskisme», elle est le fait de son conseiller, Rouslan Stefanchouk, le président du Parlement, et qui dit que c’est un libertarianisme.</p>
<p>Mais le libéralisme de Zelensky va se retrouver face à un choix: doit-il être un libéral au service de la libéralisation et de la modernisation de son pays? Ou doit-il être un libéral dans le cadre du capitalisme oligarchique? Et en fait durant la première année de de son mandat il va faire relativement illusion, s’entourer d’un grand nombre de personnalités réformatrices. Et notamment, il va attirer à lui beaucoup de gens de la génération post-Maïdan, des gens qui n’ont pas forcément voté pour lui ou qui ont travaillé pour Porochenko, même des anciens ministres, mais qui se sont rendus compte au cours du mandat de Porochenko que ce dernier n’était pas à même de détruire le système oligarchique et le système de corruption. On avait donc des personnalités réformatrices comme Serhiy Leshchenko et Svitlana Zalishchuk, qui étaient de la jeune génération de Maïdan et qui ont rejoint Zelensky. On peut aussi citer l’ancien ministre des Finances Oleksandr Danylyuk, qui était l’homme du FMI à Kiev. Lors de notre premier échange il me dit «je le rejoins parce qu’au moins avec lui on va pouvoir faire quelque chose. On ne sait pas à quoi il pense, on ne sait pas quelles sont ses idées, c’est une page blanche donc on va l’aider à remplir la page blanche». Et durant la première année on est dans ce qu’on a appelé le turbo-régime ou le turbo-gouvernement: le Parlement ukrainien passe plusieurs lois tous les jours, dans un réformisme un peu chaotique qui partait dans tous les sens sans qu’on puisse déterminer une direction. </p>
<p>Mais à un moment donné, vers janvier-février 2020, on assiste à une récupération du Parlement par les forces oligarchiques, avec la nomination comme chef de l’administration présidentielle d’Andriy Yermak et avec le limogeage d’Oleksiy Hontcharouk, Premier ministre réformiste, remplacé par Chmyhal, toujours en poste et qui a été directeur d’une usine de l’oligarque Akhmetov. On a donc, un an après l’élection présidentielle, de grandes manœuvres dans le domaine de l’énergie, et les oligarques sont en train de revenir au premier plan: Kolomoïsky essaye de récupérer ses biens, Akhmetov tente de mettre la main sur certains ministères essentiels, des personnalités qui sont des visiteurs du soir tournent autour de Zelensky. En l’espace de quelques semaines, toutes les personnalités réformatrices quittent le gouvernement et l’entourage présidentiel. Et il y a une vraie césure à ce moment-là et le président devient beaucoup plus populiste mais également très conservateur dans sa façon de faire de la politique, à tel point qu’on va dire de lui qu’il est un nouveau Kravtchouk et que Zelensky est une sorte de faux moderne qui, avec un visage de renouveau, est là pour maintenir le système tel qu’il a toujours été.</p>
<p><strong>Malgré tout, Zelensky semble s’être résolu à affronter les oligarques via cette loi qui a vocation à restreindre leur pouvoir et leur influence.</strong></p>
<p><strong>Stéphane</strong>: La guerre n’a pas permis de véritable mise en place de la loi anti-oligarque, une loi qui a été passée avec le couteau des Américains sous la gorge, qui demandaient très clairement à Zelensky de se débarrasser de certaines personnalités toxiques, parmi elles Medvedchuk et Kolomoïsky. Le dilemme de Zelensky c’est qu’il est soupçonné d’être une marionnette des oligarques, et les partenaires internationaux, le FMI en tête, demandent à la marionnette de prendre les ciseaux et de couper les fils au-dessus de sa tête Et en fait Zelensky tremble pendant deux ans. Il n’est pas capable de le faire ou il fait semblant de le faire.</p>
<p><strong>Régis</strong>: Il faut aussi signaler qu’une des erreurs de Zelensky c’est de ne s’en être pris qu’à quelques cibles privilégiées, dont un oligarque qui est son grand compétiteur politique, Petro Porochenko. Quand vous lisez la loi de près, vous avez clairement l’impression que la loi est taillée pour faire de la justice sélective.</p>
<p><strong>Les pages que vous consacrez à l’invasion russe et à la métamorphose déconcertante de Zelensky en chef de guerre semblent pénétrées par un questionnement sur les ressorts de l’héroïsme du président, mais que vous ne dissociez jamais de l’héroïsme des Ukrainiens. Pouvez-vous revenir sur cette dialectique?</strong></p>
<p><strong>Régis</strong>: On a essayé d’inscrire Zelensky d’abord dans l’histoire et la société ukrainienne, en ayant ce souci presque moral de ne pas faire de Zelensky un héros au dépend du peuple ukrainien et des centaines de morts qu’il peut y avoir chaque jour. On cite nous-mêmes quelques-uns de ces héros. Et il est d’ailleurs intéressant de remarquer que Zelensky lui-même, dans ses petites vidéos du soir où il rend compte de la journée, lorsqu’il annonce les gens à qui il a octroyé le titre de héros de l’Ukraine, on voit bien dans le ton qu’il emploie qu’il le fait de manière très sèche et respectueuse. On sent qu’il n’est pas en train d’accaparer leurs titres. On a donc, nous aussi, eu le souci de replacer cet héroïsme dans le cadre d’une société qui est toute entière confrontée à la guerre. Car c’est cette société qui est le personnage principal et cela depuis 2014, qui est un moment central car c’est dans cette guerre que se constitue cette unité. Et c’est cette société qui s’était manifestée sur la place Maïdan lorsqu’elle se mobilise pour défendre un accord d’association avec l’Union européenne. La société ukrainienne n’y a pas forcément défendu de grandes idées et de grandes idéologies soutenues par des think-tanks ou des gouvernements, c’était un combat pratique et concret. Qu’est-ce que cela signifiait pour les Ukrainiens, un accord d’association avec l’Europe? Tout simplement l’Etat de droit, ou même la simple possibilité de se défendre équitablement devant un tribunal sans avoir à être plus riche que mon adversaire du jour.</p>
<p>Cette mobilisation, même si elle est fragmentaire aux premiers jours de Maïdan, va se consolider, et s’unifier par-delà ces clivages linguistiques et ethniques auxquels on essaye d’assigner les Ukrainiens. Et c’est dans ce contexte qu’il faut replacer cette métamorphose de Zelensky et du peuple ukrainien: elle vient suivre un mouvement de société profond.</p>
<p><strong>Stéphane</strong>: L’Ukraine depuis 2014 c’est le seul pays en Europe où on a une population qui fait le sacrifice de ce qu’elle a de plus cher pour une idée, que cette idée soit la défense de la patrie, l’Europe, la justice, l’Etat de droit, l’avenir de nos enfants, il y a des milliers d’ukrainiens qui sont prêts à sortir de leur zone de confort, à se mettre en danger, à risquer leur vie pour une idée. C’est quelque chose qui est absolument touchant, bouleversant, et qu’on a déjà vu pendant la révolution de Maïdan, pendant la guerre, et on le voit encore aujourd’hui. Et c’est un phénomène unique en Europe. Il y a cette culture civique et politique de la mise en danger de soi et donc d’une certaine forme de sacrifice et d’héroïsme tel que nous, en Europe, on a pu le connaître dans le passé.</p>
<p>Et je crois que Zelensky en est parfaitement conscient, même si c’est quelqu’un qui n’a pas la culture de Maïdan dans le sang. Il était même en décalage complet avec ce qui s’est passé en 2013 et 2014, car il a très peur de la violence. C’est quelqu’un qui n’aime pas la bagarre, les manifestations, il n’aime pas quand ça dérape dans la rue. Mais je crois que comme tout bon humoriste c’est un excellent observateur de sa société et qu’il a de très bons capteurs. Et il comprend fort bien les différentes couches de culture à l’intérieur de sa population. Et je pense que Zelensky a compris qu’il devait se mettre à l’unisson de cette population.</p>
<hr />
<h3 style="text-align: center;"><em>«A un moment donné il n’a pas eu le choix, et les Ukrainiens ne lui ont pas laissé le choix, parce ces femmes et ces hommes se battent et que cela lui a imposé de se montrer à leur hauteur.»</em></h3>
<hr />
<p>De leur côté, les Ukrainiens se souviennent très bien qu’en 2014, pendant la bataille d’Illovaisk dans le Donbass, qui a vu plusieurs centaines de soldats ukrainiens mourir, Petro Porochenko était en train de signer les papiers pour l’ouverture de son compte <i>offshore</i>, comme on l’a découvert quelques temps plus tard dans les <i>Panamas Papers</i>. Ces révélations avaient montré aux Ukrainiens que lorsqu’ils étaient en train de subir leur pire défaite militaire, avec le sacrifice de leur armée, le président était occupé à faire de l’évasion fiscale. Et c’est ce qui fait qu’aux yeux des Ukrainiens, cet homme ne pourrait jamais revenir au pouvoir: quand on fait de l’évasion fiscale on fait de l’évasion tout court. Zelensky fait aussi de l’évasion fiscale, il faut le rappeler, mais à un moment donné, alors que quelques jours plus tôt il ne croyait pas à l’invasion ni à la guerre, il s’est retrouvé face à ce que j’appelle un pari pascalien. Il a compris de manière intuitive qu’il n’avait pas le choix, et que la fuite ou l’exfiltration par les Français ou les Américains aurait signifié la fin de toute sa vie en Ukraine. Il aurait rejoint sa villa en Italie, où il est par ailleurs voisin d’Abramovitch et de la fille de Boris Eltsine. Il aurait pu très bien vivre mais il n’aurait jamais pu revenir. Cela aurait signifié renoncer à tout ce qu’il a construit durant 20 ans en Ukraine, car c’est un constructeur, un homme d’affaires, un capitaine d’industrie. A un moment donné il n’a pas eu le choix, et les Ukrainiens ne lui ont pas laissé le choix, parce ces femmes et ces hommes se battent et que cela lui a imposé de se montrer à leur hauteur.</p>
<p><strong>Régis</strong>: Et il faut rappeler qu’il prend cette décision de rester à Kiev au moment où sa vie est le plus en péril. Cette fameuse vidéo où il dit «je suis là, le Premier ministre est là…» est enregistrée à l’extérieur de Bankova, à une heure très grave car on sait maintenant qu’il y a des commandos russes qui n’étaient pas très loin, dans le centre de Kiev, certainement pour l’enlever et peut-être pour le tuer. Au même moment, il y avait une vingtaine d’avions Iliouchine 76 attendant de se poser sur l’aéroport de Hostomel qui fait l’objet d’une attaque de l’élite de l’armée russe, la 76ème division aéroportée de Pskov, attaque qui va échouer.</p>
<p><strong>A travers votre livre, plus que Zelensky, c’est toute l’Ukraine qui est à l’honneur. Zelensky n’était-il pas finalement un prétexte pour parler des Ukrainiennes et des Ukrainiens?</strong></p>
<p><strong>Stéphane</strong>: Ce qui me tenait à cœur avec ce livre c’était de rendre de la subjectivité, de l’agentivité à l’Ukraine. Je suis toujours totalement frappé de voir à quel point on vole aux Ukrainiens leur subjectivité et leur droit de parler. Il suffit de songer aux déclarations de Mélenchon disant que les Ukrainiens n’ont pas à nous parler comme ça. De manière générale dans le commentaire d’experts ou de journalistes sur cette guerre on parle beaucoup à la place des Ukrainiens. On dit beaucoup comment ils devraient penser, comment ils devraient se positionner par rapport à la Russie. Mais est-ce que c’est à nous de dire aux Ukrainiens comment ils doivent se positionner par rapport à la Russie? Non c’est à eux de décider eux-mêmes.</p>
<hr />
<h3 style="text-align: center;"><em>«Les diplomates ukrainiens ou géorgiens négocient avec la fine fleur de la diplomatie américaine, russe, turque, otanienne. Des personnes qui ont une telle expérience n’ont rien à apprendre des Français ou des Allemands.»</em></h3>
<hr />
<p>On a souvent analysé ce qui est en train de se passer au travers de jeux géopolitiques globaux entre la Russie et les Etats-Unis et l’OTAN. Or on manque la parole ukrainienne, parce qu’on ne connaît pas bien ce pays, parce qu'on ne connaît pas bien ses acteurs, son histoire. On ne comprend pas que ce pays a des ressorts politiques propres qui expliquent ce qui est en train de se passer actuellement et cette résistance incroyable. Ce livre est aussi une façon de redonner la parole aux Ukrainiens, de leur redonner une autonomie à l’heure où on a l’impression que le monde entier est en train de penser à la place des Ukrainiens.</p>
<p><strong>Régis</strong>: On n’écoute pas ces gens parce qu’effectivement on les méprise, et c’est valable également pour notre rapport à des pays de tout l’espace post-soviétique. En Géorgie, par exemple, j’ai rencontré des diplomates qui ont eu à négocier le retrait des Russes d’une base du sud de la Géorgie. Ces diplomates vont négocier pendant 6 à 7 ans avec la fine fleur de la diplomatie américaine, russe, turque, otanienne pour faire sortir les Russes de cette base. Des personnes qui ont une telle expérience n’ont rien à apprendre des Français ou des Allemands. Prenez quelqu’un comme Saakachvili, si souvent critiqué: en 2009 au sortir de la guerre il dit, dans ses télégrammes diplomatiques avec les Américains, «la prochaine victime c’est la Crimée.» On aurait tout intérêt à écouter ces gens – pas forcément à les croire, mais les écouter.</p>
<p><strong>Stéphane</strong>: Ces voix ukrainiennes, géorgiennes, issues du monde post-soviétique sont d’autant plus nécessaires pour notre compréhension du conflit car on ne nous propose, dans le champ médiatique, que deux grilles de lecture – pour schématiser – l’une atlantiste contre l’autre russo-centrée. Cette opposition ne marche absolument pas. L’Ukraine que je connais au quotidien depuis 8 ans en tant qu’observateur sur le terrain et comme habitant de Kiev ne rentre pas dans cette grille de lecture parce qu’il y a des clés de compréhension que personne n’utilise: la voix des Ukrainiens et la réalité sur place. Et je crois que c’est cela que nous essayons de faire en tant que journalistes: donner à entendre cette voix et faire de la place au principe de de réalité, au terrain. Car à Kiev les choses sont un peu plus complexes que depuis un think-tank à Washington, Moscou ou Paris.</p>
<hr />
<h4>Article publié avec le soutien de Heinrich Böll Stiftung | Bureau Paris.</h4>
<h4><strong>Gwendal Piégais est docteur en Histoire (Université de Bretagne occidentale), spécialisé en histoire militaire, Première Guerre mondiale, Europe Centrale, Russie impériale et soviétique.</strong></h4>
<hr />
<h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1655372457_41jlvh45gkl._sx312_bo1204203200_.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="230" height="365" /></h4>
<h4>«Volodymyr Zelensky. Dans la tête d'un héros», Régis Genté et Stéphane Siohan, Editions Robert Laffont, 198 pages.</h4>',
'content_edition' => '',
'slug' => 'de-quoi-zelensky-est-il-le-nom-entretien-avec-regis-gente-et-stephane-siohan',
'headline' => null,
'homepage' => null,
'like' => (int) 639,
'editor' => null,
'index_order' => (int) 1,
'homepage_order' => (int) 1,
'original_url' => 'https://courrierdeuropecentrale.fr/de-quoi-zelensky-est-il-le-nom-entretien-avec-regis-gente-et-stephane-siohan/',
'podcast' => false,
'tagline' => null,
'poster' => null,
'category_id' => (int) 5,
'person_id' => (int) 85,
'post_type_id' => (int) 1,
'poster_attachment' => null,
'editions' => [
(int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {}
],
'tags' => [
(int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {},
(int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {},
(int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {},
(int) 3 => object(App\Model\Entity\Tag) {}
],
'locations' => [],
'attachment_images' => [
(int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}
],
'attachments' => [
(int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}
],
'person' => object(App\Model\Entity\Person) {},
'comments' => [
(int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {},
(int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}
],
'category' => object(App\Model\Entity\Category) {},
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
'*' => true,
'id' => false
],
'[dirty]' => [],
'[original]' => [],
'[virtual]' => [],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [],
'[invalid]' => [],
'[repository]' => 'Posts'
}
$relatives = [
(int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {
'id' => (int) 5295,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'notified' => null,
'free' => false,
'status' => 'PUBLISHED',
'priority' => null,
'readed' => null,
'subhead' => null,
'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (1)',
'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. Tout allait bien entre eux jusqu’au jour où Catherine a soupçonné une transformation inquiétante chez son mari. Ce récit de l’auteur lausannois Pierre Ronpipal est publié en trois épisodes, les 13, 20 et 27 décembre.',
'subtitle_edition' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. Tout allait bien entre eux jusqu’au jour où Catherine a soupçonné une transformation inquiétante chez son mari. Ce récit de l’auteur lausannois Pierre Ronpipal est publié en trois épisodes, les 13, 20 et 27 décembre.',
'content' => '<h4>Un récit de Pierre Ronpipal</h4>
<hr />
<p>Dans dix jours c’est Noël mais ce qui tous les ans est une réjouissance pour moi pourrait bien cette année devenir un cauchemar. A cause de mon mari.</p>
<p>Pierre m’est fidèle, j’en suis certaine, même s’il a eu, comme moi, quelques aventures extraconjugales. Il n’y a pas de quoi en faire tout un plat. La fidélité absolue est un concept éculé et hypocrite qui a pour but principal que les hommes soient certains que les enfants qui sortent des ventres de leur épouse soient bien le produit de leurs spermatozoïdes à eux. Transmettre ses gènes est un réflexe très animal, si Sapiens est vraiment un être supérieur, il devrait se détendre sur cette question. En plus, Pierre et moi n’avons pas fait d’enfants, trop concentrés sur nous-mêmes et nos vies à réussir. Marie, ma sœur, prétend que pour les femmes, l’importance de la fidélité n’a pas pour but la perpétuation de l’espèce mais plutôt la conservation à leur côté du mâle qui assure leur protection. Elle se trompe. Si Pierre et moi sommes toujours ensemble après trente-cinq ans de mariage, c’est justement parce que nous nous laissons la liberté d’aller de temps en temps voir ailleurs. Marie, elle, ne souhaitait plus de rapports sexuels tout en menaçant son mari de le quitter s’il la trompait. C’est lui qui est parti avec la première maîtresse qu’il s’est autorisée.</p>
<p>Mais Pierre a changé.</p>
<p>Nous nous sommes connus dans une manifestation contre le racisme alors que nous avions vingt-sept ans. Il était graphiste tandis que moi j’enseignais le français à des réfugiés dans un centre géré par l’Eglise protestante. Je l’avais déjà remarqué à d’autres occasions au fil des ans – Lausanne est une petite ville – notamment lors d’une soirée chez Jean-Luc, lequel a été mon amant lorsque j’avais vingt ans et que j’hésitais entre le trotskisme et l’écologie politique. Lorsque Jean-Luc, figure de proue des trotskistes locaux, m’avait quittée pour une camarade d’origine kurde plus valorisante pour lui, j’avais renoncé aux principes de la Quatrième Internationale et milité pour la sauvegarde de la planète, jusqu’à ma rencontre avec un zapatiste belge avec qui je suis partie au Mexique où j’ai attrapé une infection sexuellement transmissible. De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. Deux semaines plus tard nous emménagions ensemble; nous ne nous sommes plus quittés.</p>
<p>L’autre soir, alors que nous avions des invités à la maison, il m’a semblé reconnaître chez Pierre les signes d’une tension extrême. Depuis le temps, je le connais bien. Serge et Mireille, nos invités, l’ont eux aussi sentie, cette tension. Ce sont tout à la fois des amis et des clients. Des amis parce que comme nous ils sont de centre gauche, des clients car ils font appel à notre agence de communication pour promouvoir leur commerce. Après avoir été de grands voyageurs, Serge et Mireille vendent aujourd’hui des produits venus d’Asie, principalement d’Inde mais aussi de Birmanie et du Cambodge. Ils sélectionnent avec soins les artisans, privilégiant les structures coopératives respectueuses de l’environnement et du bien-être des populations locales. Nous gérons leur site internet et leur publicité, et tournons même pour eux des clips promotionnels. Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. Pierre a rétorqué que pour rester vivantes les langues devaient changer, que les normes les étouffaient, que les règles orthographiques avaient été inventées pour empêcher les pauvres d’accéder aux études. «Etes-vous allés récemment au cinéma?» ai-je incidemment demandé à Mireille?</p>
<p>Le lendemain, elle m’a appelée. «Avec Serge, on se demande si Pierre n’est pas en train devenir woke…» Mon sang s’est figé dans mes veines, une sourde angoisse est montée de mon estomac jusque dans ma gorge. «Non, non… Vous vous trompez… Vous avez bien vu, il continue de manger de la viande», ai-je rassuré Mireille. Mais le doute s’était instillé en moi, je me suis mise à mieux observer Pierre et, pour la première fois, j’ai fouillé dans ses poches et ses agendas, même dans son ordinateur. Ce que j’ai découvert est effrayant…</p>
<p style="text-align: right;"><em>Suite la semaine prochaine</em></p>
<hr />
<h4>Pierre Ronpipal est l’auteur de<br /><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002707_damned01.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="149" height="206" /><br />«A moi de choisir ceux qui vont mourir»<br /><span>et de<br /></span><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002742_cover20242.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="154" height="207" /><br />«Le vert était rouge à l’intérieur»<br />aux <a href="https://nouvelleseditionshumus.ch/" target="_blank" rel="noopener">Nouvelles Editions Humus</a></h4>',
'content_edition' => '',
'slug' => 'un-bien-cruel-conte-de-noel-1',
'headline' => null,
'homepage' => null,
'like' => (int) 39,
'editor' => null,
'index_order' => (int) 1,
'homepage_order' => (int) 1,
'original_url' => '',
'podcast' => false,
'tagline' => null,
'poster' => null,
'category_id' => (int) 6,
'person_id' => (int) 85,
'post_type_id' => (int) 1,
'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {},
'comments' => [
[maximum depth reached]
],
'tags' => [
[maximum depth reached]
],
'locations' => [[maximum depth reached]],
'attachment_images' => [
[maximum depth reached]
],
'person' => object(App\Model\Entity\Person) {},
'category' => object(App\Model\Entity\Category) {},
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Posts'
},
(int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {
'id' => (int) 5284,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'notified' => null,
'free' => true,
'status' => 'PUBLISHED',
'priority' => null,
'readed' => null,
'subhead' => null,
'title' => 'Les ramasseurs de déchets, grands perdants du récit dominant sur la pollution plastique',
'subtitle' => 'A Busan, en Corée du Sud, les discussions sur le traité mondial sur la pollution plastique, qui se tenaient du 25 novembre au 1er décembre, se sont soldées par un échec. Pour être vraiment juste, le traité devrait s’attaquer aux inégalités au cœur des systèmes actuels de recyclage et de gestion des déchets. Des ramasseurs informels, souvent en situation de grande pauvreté et résident en Asie, Amérique du Sud ou en Afrique, sont en effet au cœur de l’économie des déchets, où ils jouent un rôle essentiel.',
'subtitle_edition' => 'A Busan, en Corée du Sud, les discussions sur le traité mondial sur la pollution plastique, qui se tenaient du 25 novembre au 1er décembre, se sont soldées par un échec. Pour être vraiment juste, le traité devrait s’attaquer aux inégalités au cœur des systèmes actuels de recyclage et de gestion des déchets. Des ramasseurs informels, souvent en situation de grande pauvreté et résident en Asie, Amérique du Sud ou en Afrique, sont en effet au cœur de l’économie des déchets, où ils jouent un rôle essentiel.',
'content' => '<h4 style="text-align: center;"><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4>
<div><hr />
<p>A Busan, en Corée du Sud, les discussions sur le traité mondial sur la pollution plastique, qui se tenaient du 25 novembre au 1<sup>er</sup> décembre, se sont soldées par un <a href="https://www.rts.ch/info/sciences-tech/environnement/2024/article/echec-des-negociations-du-traite-sur-le-plastique-a-la-session-busan-28713049.html">échec</a>. Les négociations devraient reprendre à une date ultérieure.</p>
<p>En réalité, les négociations sont surtout sont le théâtre de récits concurrents qui s’affrontent. En jeu, rien de moins que les causes de la crise de la pollution plastique et les solutions appropriées pour y remédier.</p>
<ul>
<li>
<p>D’un côté, la <a href="https://hactoendplasticpollution.org/fr/">Coalition de haute ambition</a> (HAC), les activistes du «zéro déchet» et de <a href="https://theconversation.com/traite-mondial-contre-la-pollution-plastique-en-coulisses-le-regard-des-scientifiques-francais-presents-234046">nombreux scientifiques</a> insistent sur la nécessité d’une <a href="https://hactoendplasticpollution.org/hac-member-states-ministerial-joint-statement-for-inc-5/">approche globale portant sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques</a>, y compris leur production.</p>
</li>
<li>
<p>De l’autre côté, une <a href="https://medium.com/points-of-order/spoiler-alert-f737a24292e6">petite minorité d’Etats</a> ainsi que l’industrie pétrochimique ont à de nombreuses reprises détourné l’attention de cette question de la production des plastiques. Au lieu de cela, ils accusent des <a href="https://psmag.com/environment/the-epa-blames-six-asian-nations-that-the-u-s-exports-plastic-waste-to-for-ocean-pollution/">systèmes de recyclage inadéquats et une mauvaise gestion des déchets</a>.</p>
</li>
</ul>
<p>L’attention portée au recyclage des plastiques et à la gestion des déchets touche en réalité des millions de personnes en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique. Il s’agit des travailleurs qui récupèrent, réutilisent ou revendent les plastiques, les textiles, l’aluminium et d’autres matériaux précieux issus des déchets.</p>
<p>Dans le cadre du traité sur les plastiques, pour que ces travailleurs informels soient reconnus, que leurs conditions de travail puissent être améliorées et qu’ils puissent bénéficient d’une transition écologique plus équitable, les solutions politiques doivent aller au-delà des mécanismes économiques basés sur le seul marché et des stratégies axées sur le profit.</p>
<p>Si ce n’est pas le cas, les efforts en faveur d’un recyclage plus inclusif et du développement de l’économie circulaire risquent de renforcer les injustices mêmes qu’ils prétendent combattre.</p>
<h3>Qui sont les ramasseurs informels de déchets?</h3>
<p>Les collecteurs de déchets – et les autres personnes travaillant avec eux dans un cadre informel et coopératif – effectuent une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921344924001824#sec0021">grande partie du travail de recyclage à l’échelle mondiale</a>. Ils réduisent de manière significative la quantité de plastique qui se retrouve dans les océans.</p>
<p>Malgré cela, et parce qu’ils font un travail salissant et vivent dans des endroits sales, ils sont souvent tenus pour responsables du problème de la pollution plastique. Dans les discours politiques des villes et des Etats, leur travail a longtemps été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247816657302">tourné en dérision, considéré comme non qualifié et inefficace</a>. <a href="https://www.undp.org/blog/unsung-heroes-four-things-policymakers-can-do-empower-informal-waste-workers">L’absence de reconnaissance officielle</a> de leur travail rend leurs revenus particulièrement instables et précaires. Les réglementations environnementales peuvent <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ac6b49">aggraver ces menaces</a> en accélérant la privatisation du traitement des déchets.</p>
<p>Alors que les efforts de lutte contre la pollution plastique gagnent du terrain, les ramasseurs informels sont soumis à une double pression:</p>
<ul>
<li>
<p>Ils doivent protéger leur accès aux déchets, car c’est l’un des rares moyens de subsistance dont ils disposent.</p>
</li>
<li>
<p>En même temps, ils cherchent à améliorer leurs conditions de vie et de travail.</p>
</li>
</ul>
<p>Un groupe de ramasseurs de déchets a donc profité de l’ouverture des négociations pour <a href="https://globalrec.org/document/just-transition-waste-pickers-un-plastics-treaty/">plaider en faveur de la reconnaissance de leur travail</a>. Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p>
<h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3>
<p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p>
<p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p>
<p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. Par exemple la <a href="https://www.businessforplasticstreaty.org/vision-statement#Key-elements">Business Coalition for a Plastics Treaty</a>, les <a href="https://news.un.org/en/story/2024/10/1156301">dirigeants des Nations unies</a> et même <a href="https://resolutions.unep.org/resolutions/uploads/american_chemistry_council.pdf">l’industrie pétrochimique</a>.</p>
<p>Certaines de ces demandes ont été intégrées aux projets de traité sur les plastiques discutés au cours des négociations, ce qui représente une victoire majeure pour les travailleurs du secteur informel des déchets.</p>
<p>Un consensus se dégage sur le fait qu’une économie circulaire inclusive peut être bénéfique à la fois pour l’environnement, l’économie et les travailleurs en améliorant la gestion de la pollution, les moyens de subsistance et les opportunités de croissance économique pour les entreprises.</p>
<p>Ces promesses demandent toutefois à être vérifiées sur le terrain. Et c’est là que les choses se compliquent.</p>
<h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3>
<p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p>
<figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a>
<figcaption><span></span></figcaption>
</figure>
<p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p>
<p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p>
<p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p>
<p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p>
<p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p>
<p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p>
<p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p>
<p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. Ils restent toujours relégués aux mêmes tâches manuelles et difficiles, même si leurs conditions de travail en ressortent légèrement améliorées.</p>
<h3>L’industrie du plastique maintient le <em>statu quo</em></h3>
<p>Malgré les bonnes intentions de départ, des termes tels que «économie circulaire inclusive» sont donc trop souvent utilisés à des fins de <em>green washing</em> et même de <em>justice washing</em>, tandis que les travailleurs continuent à endurer des conditions difficiles. Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p>
<p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p>
<p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p>
<p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p>
<p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p>
<h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3>
<p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p>
<p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p>
<p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p>
<p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p>
<p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p>
<hr />
<h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4>
<h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4>
</div>',
'content_edition' => '',
'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique',
'headline' => null,
'homepage' => null,
'like' => (int) 42,
'editor' => null,
'index_order' => (int) 1,
'homepage_order' => (int) 1,
'original_url' => '',
'podcast' => false,
'tagline' => null,
'poster' => null,
'category_id' => (int) 5,
'person_id' => (int) 85,
'post_type_id' => (int) 1,
'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {},
'comments' => [[maximum depth reached]],
'tags' => [
[maximum depth reached]
],
'locations' => [[maximum depth reached]],
'attachment_images' => [
[maximum depth reached]
],
'person' => object(App\Model\Entity\Person) {},
'category' => object(App\Model\Entity\Category) {},
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Posts'
},
(int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {
'id' => (int) 5283,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'notified' => null,
'free' => true,
'status' => 'PUBLISHED',
'priority' => null,
'readed' => null,
'subhead' => null,
'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes',
'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.',
'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.',
'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. Gasche</strong>, article publié sur <a href="https://www.infosperber.ch/medien/medienkritik/die-usa-finanzieren-internationales-journalisten-kollektiv/" target="_blank" rel="noopener"><em>Infosperber</em></a> le 5 décembre 2024, traduit par <em>Bon Pour La Tête</em></p>
<hr />
<p>Parmi de nombreux autres médias, la <em>NZZ</em> et le <em>Tages-Anzeiger</em> ont diffusé à plusieurs reprises des révélations du réseau international de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Ce faisant, ils n'ont pas rendu transparent le fait que les services gouvernementaux américains paient la moitié du budget de l'OCCRP. L'UE et les Etats membres de l'UE financent les 20 % restants.</p>
<p>Avec un budget annuel de 20 millions d'euros et plus de 150 journalistes sur tous les continents, l'<a href="https://www.occrp.org/en">OCCRP</a> − en partie en collaboration avec le <a href="https://www.icij.org/">Réseau international des journalistes d'investigation</a> ICIJ − a lancé les plus grands projets internationaux de journalisme d'investigation de ces dernières années. Parmi eux, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Panama_Papers"><em>The Panama Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Pandora_Papers"><em>Pandora Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Suisse_Secrets"><em>Suisse Secrets</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/narcofiles-the-new-criminal-order"><em>Narco Files</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/the-pegasus-project/about-the-project"><em>Pegasus Project</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Cyprus_Confidential"><em>Cyprus Confidential </em></a>et la série <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Die_Geldw%C3%A4scherei"><em>Laundromat</em></a>, qui a révélé les systèmes de blanchiment d'argent des élites dirigeantes en Azerbaïdjan et en Russie.</p>
<h3><strong>Non sans conditions</strong></h3>
<p>Les agences gouvernementales américaines ne financent pas l'OCCRP sans contrepartie: l'<a href="https://www.usaid.gov/"> U.S. Agency for International Development</a> dispose d'un droit de veto sur la nomination des dirigeants de l'OCCRP. De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p>
<p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p>
<p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p>
<p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p>
<p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p>
<p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». C'est ce qu'a déclaré Leonard Novy, directeur de l'Institut allemand des médias et de la politique de communication, à la chaîne NDR. Cela laisse supposer que les journalistes peuvent être utilisés ou instrumentalisés à des fins politiques.</p>
<p>Sullivan et l'OCCRP ont également laissé les médias partenaires et leurs lecteurs dans l'ignorance de leur proximité avec le gouvernement américain. Selon Leonard Novy, l'organisation a ainsi dépassé les limites.</p>
<h3><strong>Sullivan n'a pas voulu parler clairement aujourd'hui encore</strong></h3>
<p>Sullivan a d'abord affirmé à la chaîne NDR que l'OCCRP avait «un groupe de donateurs largement répandu», parmi lesquels «aucun donateur individuel ne domine». Il a ajouté que «le gouvernement américain [...] est l'un des plus grands donateurs, mais ce n'est pas un pourcentage énorme». Confronté aux dernières découvertes, il a finalement reconnu l'importance du financement de Washington: «C'est le plus grand bailleur de fonds de l'OCCRP, oui, et ce depuis presque le début de notre histoire. [...] Je suis très reconnaissant au gouvernement américain.»</p>
<p>Par écrit, Sullivan a renchéri: «Nous avons dû décider si nous voulions accepter de l'argent du gouvernement ou ne pas exister.» Sur le site web de l'OCCRP, les montants des sponsors ne sont pas indiqués.</p>
<h3><strong>Conditions posées</strong></h3>
<p>Sullivan a confirmé à la NDR le pouvoir d'influence des autorités américaines: «Dans le cadre d'accords de coopération que nous n'aimons pas conclure, ils ont un droit de regard sur le choix des personnes [...] Ils peuvent mettre leur veto sur quelqu'un [...] Ils n'ont jamais mis leur veto sur quelqu'un.»</p>
<p>L'OCCRP ne peut pas enquêter sur des affaires américaines avec l'argent fourni par Washington. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Sullivan à la NDR. «Je pense que le gouvernement américain ne le permet pas. Mais même dans d'autres pays où ces dispositions n'existent pas, nous ne le faisons pas parce que cela vous place dans une situation de conflit d'intérêts et que vous préférez rester à l'écart de telles situations.»</p>
<p>Ainsi, le paradis fiscal américain du Delaware n'a jamais fait l'objet de toutes les recherches sur l'évasion fiscale et l'argent de la corruption.</p>
<p>L'OCCRP a tout de même effectué des recherches isolées aux Etats-Unis: par exemple sur les <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/meet-the-florida-duo-helping-giuliani-investigate-for-trump-in-ukraine">hommes d'affaires</a> qui avaient soutenu l'avocat de Donald Trump pour nuire à Joe Biden, ou sur la manière dont le Pentagone a dépensé des sommes énormes pour <a href="https://www.occrp.org/en/project/making-a-killing/revealed-the-pentagon-is-spending-up-to-22-billion-on-soviet-style-arms-for-syrian-rebels">fournir des armes</a> à des groupes rebelles en Syrie, ou encore sur un <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/flight-of-the-monarch-us-govt-contracted-airline-once-owned-by-criminals-with-ties-to-russian-mob">contrat</a> entre le gouvernement américain et une compagnie aérienne dont les propriétaires sont liés au crime organisé en Russie.</p>
<p>Ces recherches ont manifestement respecté une autre condition imposée par les autorités américaines à l'OCCRP: l'activité doit être «en accord avec la politique étrangère et les intérêts économiques des Etats-Unis et les promouvoir.» (<a href="https://www.govinfo.gov/content/pkg/COMPS-1071/pdf/COMPS-1071.pdf">US Foreign Assistance Act</a>).</p>
<h3><strong>Voici comment la «NZZ» et Tamedia ont présenté la source OCCRP</strong></h3>
<p><strong>«NZZ» du 19 juillet 2023</strong></p>
<p>«L'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) est un réseau d'organisations journalistiques fondé en 2006, basé dans de nombreux pays différents et fonctionnant sous cette forme en tant que filiale du Journalism Development Network à but non lucratif, dont le siège est dans le Maryland.»</p>
<p><strong>«Tages-Anzeiger» du 21 juin 2023</strong></p>
<p>«Grâce à l'organisation OCCRP, des journalistes femmes de plusieurs pays ont pu étudier ces données, dont <em>Der Standard</em> en Autriche et <em>Der Spiegel</em> en Allemagne. Pour la Suisse, le bureau de recherche de Tamedia et Paper Trail Media était de la partie.»</p>
<h3><strong>Informations complémentaires</strong></h3>
<p><strong>22 décembre 2022</strong> <a href="https://www.infosperber.ch/politik/welt/twitter-diente-jahrelang-als-gehilfe-des-pentagons/">Twitter a servi pendant des années d'auxiliaire au Pentagone</a>. Elon Musk a partiellement révélé les outils internes de Twitter. Ils prouvent des services d'hommes de main pour la propagande de l'armée américaine à l'étranger.</p>
<p><strong>12 février 2009</strong> <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/27-000-pr-berater-polieren-image-der-usa-631302390683">27 000 conseillers en relations publiques polissent l'image des Etats-Unis</a>. Des faits presque incroyables sur le travail de relations publiques du Pentagone.</p>
<p><strong>20 avril 2008</strong> <a href="https://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/gekaufte-meinung-pentagon-beschaeftigt-pr-armee-fuer-us-tv-a-548519.html">Le Pentagone emploie une armée de RP pour la télévision américaine</a>. Avec une gigantesque troupe de RP, le gouvernement Bush a trompé l'opinion publique américaine pendant des années.</p>',
'content_edition' => '',
'slug' => 'les-etats-unis-financent-un-collectif-international-de-journalistes',
'headline' => null,
'homepage' => null,
'like' => (int) 34,
'editor' => null,
'index_order' => (int) 1,
'homepage_order' => (int) 1,
'original_url' => '',
'podcast' => false,
'tagline' => null,
'poster' => null,
'category_id' => (int) 5,
'person_id' => (int) 85,
'post_type_id' => (int) 1,
'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {},
'comments' => [
[maximum depth reached]
],
'tags' => [[maximum depth reached]],
'locations' => [[maximum depth reached]],
'attachment_images' => [
[maximum depth reached]
],
'person' => object(App\Model\Entity\Person) {},
'category' => object(App\Model\Entity\Category) {},
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Posts'
},
(int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {
'id' => (int) 5280,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'notified' => null,
'free' => true,
'status' => 'PUBLISHED',
'priority' => null,
'readed' => null,
'subhead' => null,
'title' => 'Faites un cadeau de Noël indocile, offrez un abonnement à Bon pour la tête!',
'subtitle' => 'Qu'offrir à Pierre?, et à Suzette? A oncle Georges?, à tante Yvette? Qu'est-ce qui ferait plaisir au cousin Jonas et à la cousine Camille? Et au beau-frère Michael? Et à ma meilleure amie?, et à mon copain de toujours? Si faire un cadeau de Noël peut parfois se révéler être un vrai casse-tête, cela peut aussi être bon pour la tête!',
'subtitle_edition' => 'Qu'offrir à Pierre?, et à Suzette? A oncle Georges?, à tante Yvette? Qu'est-ce qui ferait plaisir au cousin Jonas et à la cousine Camille? Et au beau-frère Michael? Et à ma meilleure amie?, et à mon copain de toujours? Si faire un cadeau de Noël peut parfois se révéler être un vrai casse-tête, cela peut aussi être bon pour la tête!',
'content' => '<p>Offrez des points de vue qui sortent des sentiers battus, des analyses qui vont au-delà du ça va de soi, des articles d’auteurs et d’autrices qui ne craignent ni la contradiction ni le débat.</p>
<p>1 an : CHF 96.-</p>
<p>6 mois : CHF 48.-</p>
<p>3 mois : CHF 24.-</p>
<p>1 mois : CHF 8.-</p>
<p>Envoyez-nous un mail à [email protected] avec votre adresse postale et votre choix d’abonnement (1 an, 6 mois, 3 mois ou 1 mois).</p>
<p>Vous recevrez une facture par mail et nous vous enverrons par la poste une carte cadeau à glisser sous le sapin et indiquant à la personne qui la recevra comment faire pour accéder à Bon pour la tête.</p>',
'content_edition' => '',
'slug' => 'faites-un-cadeau-indocile-offrez-un-abonnement-a-bon-pour-la-tete',
'headline' => null,
'homepage' => null,
'like' => (int) 43,
'editor' => null,
'index_order' => (int) 1,
'homepage_order' => (int) 1,
'original_url' => '',
'podcast' => false,
'tagline' => null,
'poster' => null,
'category_id' => (int) 5,
'person_id' => (int) 85,
'post_type_id' => (int) 1,
'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {},
'comments' => [[maximum depth reached]],
'tags' => [[maximum depth reached]],
'locations' => [[maximum depth reached]],
'attachment_images' => [
[maximum depth reached]
],
'person' => object(App\Model\Entity\Person) {},
'category' => object(App\Model\Entity\Category) {},
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Posts'
}
]
$embeds = []
$images = [
(int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {
'id' => (int) 9340,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'name' => 'Робоча_поїздка_Президента_на_Харківщину_85.jpg',
'type' => 'image',
'subtype' => 'jpeg',
'size' => (int) 132599,
'md5' => '096d9c15e30773b99d6fdcf2655bdcf2',
'width' => (int) 1024,
'height' => (int) 683,
'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'title' => '',
'description' => 'Le Président Zelensky lors d'un déplacement dans l'oblast de Kharkiv, le 29 mai 2022.',
'author' => '',
'copyright' => '© President.gov.ua - source officielle',
'path' => '1655376438______85.jpg',
'embed' => null,
'profile' => 'default',
'_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {},
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Attachments'
}
]
$audios = []
$comments = [
(int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {
'id' => (int) 5160,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'status' => 'ACCEPTED',
'comment' => 'merci d'avoir partagé ce très bon article',
'post_id' => (int) 3648,
'user_id' => (int) 12568,
'user' => object(App\Model\Entity\User) {},
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Comments'
},
(int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {
'id' => (int) 5164,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'status' => 'ACCEPTED',
'comment' => 'C'est un mauvais article à la gloire d'un Zelenski devenu chef de guerre depuis son élection en 2019 sur la base de l'engagement à lutter pour la paix, soit le respect des accords de Minsk en particulier. Cet article ignore ce qui fait la réalité de cette guerre, le rôle déterminant des USA dans le but de mettre la Russie à genoux (par des sanctions qui atteignent essentiellement l'EU et le tiers-monde), la présence de néo-nazis aux sommets du pouvoir et de l'armée, le rôle de l'OTAN dans sa volonté d'encercler totalement la Russie et l'intervention occidentale depuis 2014 pour préparer l'armée ukrainienne à cette guerre . Ainsi que la loi de reconquête militaire du Donbass et de la Crimée promue par Zelenski au printemps 2021.
Heureusement que Guy Mettan est présent sur BPLT pour aborder plus correctement le cas Zelenski.',
'post_id' => (int) 3648,
'user_id' => (int) 13120,
'user' => object(App\Model\Entity\User) {},
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Comments'
}
]
$author = 'Bon pour la tête'
$description = 'Acteur et producteur à succès propulsé dans la vie politique par une série télévisée, Volodymyr Zelensky est depuis le 24 février le chef de guerre d’une nation qui résiste à une invasion russe. Entretien avec Régis Genté et Stéphane Siohan, auteurs d’une biographie du président ukrainien.'
$title = 'De quoi Zelensky est-il le nom? Entretien avec Régis Genté et Stéphane Siohan'
$crawler = true
$connected = null
$menu_blocks = [
(int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {
'id' => (int) 56,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'active' => true,
'name' => '#Trends',
'subtitle' => null,
'description' => null,
'color' => null,
'order' => null,
'position' => null,
'type' => 'menu',
'slug' => 'menu_tags',
'extern_url' => null,
'tags' => [
[maximum depth reached]
],
'posts' => [[maximum depth reached]],
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Blocks'
},
(int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {
'id' => (int) 55,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'active' => true,
'name' => 'Les plus lus cette semaine',
'subtitle' => null,
'description' => null,
'color' => null,
'order' => null,
'position' => null,
'type' => 'menu',
'slug' => 'menu_highlight',
'extern_url' => null,
'tags' => [[maximum depth reached]],
'posts' => [
[maximum depth reached]
],
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Blocks'
}
]
$menu = [
(int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {
'id' => (int) 2,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'name' => 'A vif',
'menu' => true,
'menu_order' => (int) 4,
'description' => 'Lorsque nos auteurs ont envie de réagir sur le vif à un événement, des concerts aux disparitions célèbres, ils confient leurs écrits à la rubrique "A vif", afin que ceux-ci soient publiés dans l’instant.',
'slug' => 'a-vif',
'attachment_id' => '0',
'lft' => null,
'rght' => null,
'parent_id' => null,
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Categories'
},
(int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {
'id' => (int) 3,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'name' => 'Chronique',
'menu' => true,
'menu_order' => (int) 5,
'description' => '<p>La réputation des chroniqueurs de Bon pour la tête n’est plus à faire: Tout va bien, Le billet du Vaurien, la chronique de JLK, ou encore Migraine et In#actuel, il y en a pour tous les goûts!</p>',
'slug' => 'chroniques',
'attachment_id' => '0',
'lft' => null,
'rght' => null,
'parent_id' => null,
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Categories'
},
(int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {
'id' => (int) 4,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'name' => 'Lu ailleurs',
'menu' => true,
'menu_order' => (int) 5,
'description' => 'Pourquoi ne pas mettre en avant nos collègues lorsque l'on est sensibles à leur travail? Dans la rubrique « Lu ailleurs » vous trouverez des reprises choisies par la rédaction et remaniées façon BPLT.',
'slug' => 'ailleurs',
'attachment_id' => '0',
'lft' => null,
'rght' => null,
'parent_id' => null,
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Categories'
},
(int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {
'id' => (int) 5,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'name' => 'Actuel',
'menu' => true,
'menu_order' => (int) 1,
'description' => 'Bon pour la tête n’a pas vocation à être un site d’actualité à proprement parler, car son équipe prend le temps et le recul nécessaire pour réagir à l’information.',
'slug' => 'actuel',
'attachment_id' => '0',
'lft' => null,
'rght' => null,
'parent_id' => null,
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Categories'
},
(int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {
'id' => (int) 6,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'name' => 'Culture',
'menu' => true,
'menu_order' => (int) 3,
'description' => '',
'slug' => 'culture',
'attachment_id' => '0',
'lft' => null,
'rght' => null,
'parent_id' => null,
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Categories'
},
(int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {
'id' => (int) 7,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'name' => 'Vos lettres',
'menu' => true,
'menu_order' => (int) 6,
'description' => 'Bon pour la tête donne la parole à ses lecteurs, qu’ils aient envie de partager leur avis, pousser un coup de gueule ou contribuer à la palette diversifiée d’articles publiés. A vous de jouer!',
'slug' => 'vos-lettres-a-bon-pour-la-tete',
'attachment_id' => '0',
'lft' => null,
'rght' => null,
'parent_id' => null,
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Categories'
},
(int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {
'id' => (int) 8,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'name' => 'Analyse',
'menu' => true,
'menu_order' => (int) 3,
'description' => '',
'slug' => 'analyse',
'attachment_id' => '0',
'lft' => null,
'rght' => null,
'parent_id' => null,
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Categories'
},
(int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {
'id' => (int) 10,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'name' => 'Science',
'menu' => true,
'menu_order' => null,
'description' => '',
'slug' => 'sciences',
'attachment_id' => '0',
'lft' => (int) 1,
'rght' => (int) 2,
'parent_id' => null,
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Categories'
},
(int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {
'id' => (int) 11,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'name' => 'Histoire',
'menu' => true,
'menu_order' => null,
'description' => '',
'slug' => 'histoire',
'attachment_id' => '0',
'lft' => (int) 3,
'rght' => (int) 4,
'parent_id' => null,
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Categories'
},
(int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {
'id' => (int) 12,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'name' => 'Humour',
'menu' => true,
'menu_order' => null,
'description' => '',
'slug' => 'humour',
'attachment_id' => '0',
'lft' => (int) 5,
'rght' => (int) 6,
'parent_id' => null,
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Categories'
},
(int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {
'id' => (int) 13,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'name' => 'Débat',
'menu' => true,
'menu_order' => null,
'description' => '',
'slug' => 'debat',
'attachment_id' => '0',
'lft' => (int) 7,
'rght' => (int) 8,
'parent_id' => null,
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Categories'
},
(int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {
'id' => (int) 14,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'name' => 'Opinion',
'menu' => true,
'menu_order' => null,
'description' => '',
'slug' => 'opinion',
'attachment_id' => '0',
'lft' => (int) 9,
'rght' => (int) 10,
'parent_id' => null,
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Categories'
},
(int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {
'id' => (int) 15,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'name' => 'Reportage',
'menu' => true,
'menu_order' => null,
'description' => '',
'slug' => 'reportage',
'attachment_id' => '0',
'lft' => (int) 11,
'rght' => (int) 12,
'parent_id' => null,
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
[maximum depth reached]
],
'[dirty]' => [[maximum depth reached]],
'[original]' => [[maximum depth reached]],
'[virtual]' => [[maximum depth reached]],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [[maximum depth reached]],
'[invalid]' => [[maximum depth reached]],
'[repository]' => 'Categories'
}
]
$tag = object(App\Model\Entity\Tag) {
'id' => (int) 804,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'name' => 'Ukraine',
'slug' => 'ukraine',
'_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {},
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
'*' => true,
'id' => false
],
'[dirty]' => [],
'[original]' => [],
'[virtual]' => [],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [],
'[invalid]' => [],
'[repository]' => 'Tags'
}
$edition = object(App\Model\Entity\Edition) {
'id' => (int) 66,
'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {},
'num' => (int) 65,
'active' => true,
'title' => 'Edition 65',
'header' => null,
'_joinData' => object(App\Model\Entity\EditionsPost) {},
'[new]' => false,
'[accessible]' => [
'*' => true,
'id' => false
],
'[dirty]' => [],
'[original]' => [],
'[virtual]' => [],
'[hasErrors]' => false,
'[errors]' => [],
'[invalid]' => [],
'[repository]' => 'Editions'
}
include - APP/Template/Posts/view.ctp, line 147
Cake\View\View::_evaluate() - CORE/src/View/View.php, line 1435
Cake\View\View::_render() - CORE/src/View/View.php, line 1393
Cake\View\View::render() - CORE/src/View/View.php, line 892
Cake\Controller\Controller::render() - CORE/src/Controller/Controller.php, line 791
Cake\Http\ActionDispatcher::_invoke() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 126
Cake\Http\ActionDispatcher::dispatch() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 94
Cake\Http\BaseApplication::__invoke() - CORE/src/Http/BaseApplication.php, line 256
Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
App\Middleware\IpMatchMiddleware::__invoke() - APP/Middleware/IpMatchMiddleware.php, line 28
Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Cake\Routing\Middleware\RoutingMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/RoutingMiddleware.php, line 164
Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Cors\Routing\Middleware\CorsMiddleware::__invoke() - ROOT/vendor/ozee31/cakephp-cors/src/Routing/Middleware/CorsMiddleware.php, line 32
Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Cake\Routing\Middleware\AssetMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/AssetMiddleware.php, line 88
Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@j3hdy 17.06.2022 | 16h35
«merci d'avoir partagé ce très bon article»
@Paul Véhunt 18.06.2022 | 17h13
«C'est un mauvais article à la gloire d'un Zelenski devenu chef de guerre depuis son élection en 2019 sur la base de l'engagement à lutter pour la paix, soit le respect des accords de Minsk en particulier. Cet article ignore ce qui fait la réalité de cette guerre, le rôle déterminant des USA dans le but de mettre la Russie à genoux (par des sanctions qui atteignent essentiellement l'EU et le tiers-monde), la présence de néo-nazis aux sommets du pouvoir et de l'armée, le rôle de l'OTAN dans sa volonté d'encercler totalement la Russie et l'intervention occidentale depuis 2014 pour préparer l'armée ukrainienne à cette guerre . Ainsi que la loi de reconquête militaire du Donbass et de la Crimée promue par Zelenski au printemps 2021.
Heureusement que Guy Mettan est présent sur BPLT pour aborder plus correctement le cas Zelenski.»