Actuel / Corne de l’Afrique: l’amour ne dure qu’un an?
Le président de l'Erythrée, Issayas Afeworki (à gauche), et le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed à Gondar (Ethipoie), le 9 novembre 2018. © Eduardo Soteras/ AFP
Sonia Le Gouriellec, Sciences Po – USPC
À l’été 2018, les observateurs ne cachaient pas leur surprise de voir enfin se résoudre un conflit vieux de vingt ans qui a constitué un véritable nœud de crispation dans les tensions régionales. Le président érythréen Issayas Afeworki foulait le tapis rouge déployé pour l’accueillir à l’aéroport d’Addis Abeba. Il était reçu chaleureusement par le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et l’ambassade érythréenne rouvrait dans la foulée ses portes.
Le chef du gouvernement éthiopien annonçait alors son intention d’appliquer l’accord de paix signé en 2000 et de restituer à l’Érythrée la ville de Badmé, objet du conflit frontalier entre 1998 et 2000 et à l’origine d’une situation de «ni guerre ni paix» pendant vingt ans entre les deux pays. Quelques semaines plus tard, le 16 septembre 2018, à Jeddah (Arabie saoudite), l’accord de paix entre les deux États était symboliquement signé.
Il y a un an, nous analysions ce processus de paix à travers une dynamique globale dans laquelle s’inscrit la région et à laquelle venaient s’adjoindre des nécessités nationales. Aujourd’hui, qu’en est-il?
Une zone stratégique et attractive
La Corne de l’Afrique étant une zone stratégique du système international, elle attire régulièrement de nouveaux acteurs :
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les États du Golfe, avides d’asseoir leur hégémonie régionale;
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des puissances globales comme la Chine dont les investissements se sont multipliés ces dernières années sur «l’autoroute commerciale» que représente la mer Rouge;
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et enfin des partenaires occidentaux, peu à l’aise avec l’initiative chinoise de «nouvelles routes de la Soie», perçue comme un «cheval de Troie» chinois et dont le principal objectif, selon eux, serait de déployer son expansionnisme en Afrique.
Il convient d’ajouter à ce tableau le fait que les régimes de la Corne ont besoin de soutiens financiers extérieurs pour se maintenir – ce qui rend le parrainage du processus par des acteurs externes indispensable. Et l’on constate que le processus n’échappe pas, loin de là, à des considérations strictement économiques d’autant que la coopération économique était un des piliers de l’accord de paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée.
Les facteurs internes du rapprochement
Des contraintes nationales, par ailleurs, sont venues se greffer à cette dynamique régionale et globale, comme la nécessité pour le régime érythréen de sortir de son isolement international, et pour l’Éthiopie de faire face aux contestations sociales et à une crise monétaire sévère. L’ensemble de ces facteurs réunis explique et rend évident un tel mode de rapprochement entre les deux pays.
Et pourtant, un an plus tard, la situation paraît s’être figée. Certes, le processus de paix a permis la réouverture des ambassades, la création d’une liaison aérienne entre les deux pays et l’amnistie aux rebelles réfugiés en Érythrée, mise en œuvre. Des opportunités commerciales et financières ont également émergé. Ainsi, l’Érythrée est aujourd’hui mieux approvisionnée.
Mais à la faveur de l’ouverture de la frontière, pendant plusieurs mois des centaines d’Érythréens ont quitté chaque jour leur pays pour s’installer en Éthiopie. Et aujourd’hui, la frontière est de nouveau fermée, sans raison officielle.
L’Érythrée, la variable inconnue de l’équation sécuritaire
Plus que jamais, la variable inconnue dans l’équation sécuritaire régionale reste «l’Érythrée d’Afeworki», difficile à cerner.
Cet État est effectivement sorti de son isolement international, mais le service national, qui a causé la fuite de milliers d’Érythréens depuis son instauration, n’est pas pour autant aboli, alors même que les raisons de sa mise en place sont censées ne plus exister avec l’accord de paix.
Il n’y a toujours pas de Constitution ni d’élection, et le même Président est au pouvoir depuis l’indépendance en 1993. Les groupes religieux qui appellent à la réforme sont ciblés par des campagnes d’arrestations et de harcèlement.
Les Érythréens restent très inquiets pour la souveraineté du pays, acquise de longue lutte au début des années 1990 et les frustrations se multiplient. Ainsi, l’accord passé entre l’Éthiopie et la France pour la formation d’une marine éthiopienne a causé de nombreux débats quant à l’accès à la mer qu’envisagerait le régime éthiopien pour cette marine: le port érythréen d’Assab ou Djibouti?
Crise fédérale en Éthiopie
L’Éthiopie connaît, quant à elle, une crise politique majeure. Le 22 juin 2019, un coup d’État a révélé les limites de la politique réformatrice du premier ministre Abiy Ahmed. Alors qu’à Bahar Dar, dans le nord du pays, le gouverneur de la région Amhara a été assassiné, au même moment, dans la capitale, le chef d’état-major était tué par son garde du corps.
D’après René Lefort, cette tentative de coup d’État serait le symptôme de l’échec de la décolonisation interne de l’Éthiopie depuis la fin du XIXe siècle. À cette période, le pouvoir était centralisé sur les hauts plateaux abyssins. Les Amhara et les Tigréens se partageaient le pouvoir et ont, petit à petit, conquis les périphéries en y installant un système de type colonial. La Constitution de 1995 n’est pas parvenue à résoudre ce différend historique entre communautés. Les élites éthiopiennes se doivent de prendre conscience du problème si elles veulent éviter un éclatement du pays.
Le pays de 105 millions d’habitants traverse une crise fédérale qu’Abiy Ahmed est bien en peine de régler. Depuis 1995, la Constitution reconnaît sur des bases ethniques neuf régions, mais à l’intérieur de celles-ci les mouvements ethno-nationalistes s’opposent aux unionistes, comme dans la région Amhara.
Malgré ces fortes dissensions internes, le premier ministre éthiopien n’hésite pas à jouer les médiateurs dans plusieurs conflits, tant au Soudan qu’entre la Somalie et le Kenya.
Inquiétude à Djibouti
Du côté de Djibouti, les interrogations demeurent. L’euphorie, liée à la place accordée au pays dans l’initiative chinoise des nouvelles routes de la Soie, a laissé place à l’inquiétude face à l’ampleur de la dette contractée.
Malgré un rapprochement de façade, les relations restent tendues avec l’Érythrée, et la question du retour des prisonniers du conflit frontalier de 2008 entre les deux pays n’est pas réglée. Le régime d’Ismaïl Omar Guelleh (dit «IOG»), au pouvoir depuis 1999, s’est trouvé marginalisé lors des discussions de paix régionales, alors même que le pays s’est construit une identité de «havre de paix» dans une région plus qu’instable.
Son différend commercial et personnel avec les Émirats arabes unis ne semble pas étranger à cette mise à l’écart. Beaucoup d’accrochages ont en effet émaillé les relations entre le prince héritier Mohammed ben Zayed et IOG, dont le plus important reste la nationalisation du port, en 2018.
Une occasion historique
On doit, malgré tout, se féliciter de l’accord de paix signé à l’été 2018 entre l’Érythrée et l’Éthiopie. Il représente en effet une occasion historique pour les États et les peuples de la région. Mais cette paix reste précaire et de nombreux dossiers sont en suspens: accès aux ports érythréens, délimitation de la frontière, etc.
Une période de transition s’est ouverte, en parallèle de ce processus régional, pour chacun des régimes de la région. La consolidation de la paix dépendra en grande partie de l’achèvement de cette période de transition. Or, les contestations populaires demeurent dans chacun des États et les précédents soudanais et algériens ont crispé les régimes locaux. Il faut espérer que le «vent de paix» ne laisse pas place à un orage.
Sonia Le Gouriellec, Maître de conférence à l'Université catholique de Lille, Sciences Po – USPC
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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Aujourd’hui, qu’en est-il?<br /><br /></p> <h2>Une zone stratégique et attractive</h2> <p>La Corne de l’Afrique étant une zone stratégique du système international, elle attire régulièrement de nouveaux acteurs :</p> <ul> <li> <p>les États du Golfe, <a href="https://www.irsem.fr/institut/actualites/note-de-recherche-n-75-2019.html">avides d’asseoir leur hégémonie régionale</a>;</p> </li> <li> <p>des puissances globales comme la <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/ei/2018-v49-n3-ei04602/1059934ar/resume/">Chine dont les investissements se sont multipliés</a> ces dernières années sur «l’autoroute commerciale» que représente la mer Rouge;</p> </li> <li> <p>et enfin des partenaires occidentaux, peu à l’aise avec l’initiative chinoise de «nouvelles routes de la Soie», perçue comme un «cheval de Troie» chinois et dont le principal objectif, selon eux, serait de déployer son expansionnisme en Afrique.</p> </li> </ul> <p>Il convient d’ajouter à ce tableau le fait que les régimes de la Corne ont besoin de soutiens financiers extérieurs pour se maintenir – ce qui rend le parrainage du processus par des acteurs externes indispensable. 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Certes, le processus de paix a permis la <a href="https://www.aljazeera.com/news/2018/07/eritrea-reopens-embassy-ethiopia-thaw-relations-180716065621148.html">réouverture des ambassades</a>, la création d’une liaison aérienne entre les deux pays et l’amnistie aux rebelles réfugiés en Érythrée, mise en œuvre. Des opportunités commerciales et financières ont également émergé. Ainsi, l’Érythrée est aujourd’hui mieux approvisionnée.</p> <p>Mais à la faveur de l’ouverture de la frontière, pendant plusieurs mois des centaines d’Érythréens ont quitté chaque jour leur pays pour s’installer en Éthiopie. Et aujourd’hui, la frontière est de nouveau fermée, sans raison officielle.<br /><br /></p> <h2>L’Érythrée, la variable inconnue de l’équation sécuritaire</h2> <p>Plus que jamais, la variable inconnue dans l’équation sécuritaire régionale reste «l’Érythrée d’Afeworki», difficile à cerner.</p> <p>Cet État est effectivement sorti de son isolement international, mais le service national, qui a causé la fuite de milliers d’Érythréens depuis son instauration, n’est pas pour autant aboli, alors même que les raisons de sa mise en place sont censées ne plus exister avec l’accord de paix.</p> <p>Il n’y a toujours pas de Constitution ni d’élection, et le même Président est au pouvoir depuis l’indépendance en 1993. Les <a href="https://www.infochretienne.com/erythree-le-gouvernement-ferme-21-etablissements-de-sante-chretiens-et-force-les-malades-a-quitter-leurs-lits/">groupes religieux</a> qui appellent à la réforme sont ciblés par des campagnes d’arrestations et de harcèlement.</p> <p>Les Érythréens restent très inquiets pour la souveraineté du pays, acquise de longue lutte au début des années 1990 et les <a href="https://africanarguments.org/2019/07/08/eritrea-and-ethiopia-a-year-of-peace-a-year-of-dashed-hopes/">frustrations se multiplient</a>. Ainsi, l’accord passé entre l’Éthiopie <a href="https://www.lepoint.fr/economie/france-ethiopie-en-quoi-consiste-l-accord-de-defense-signe-entre-les-deux-pays-13-03-2019-2300692_28.php">et la France pour la formation d’une marine éthiopienne</a> a causé de nombreux débats quant à l’accès à la mer qu’envisagerait le régime éthiopien pour cette marine: le port érythréen d’Assab ou Djibouti?<br /><br /></p> <h2>Crise fédérale en Éthiopie</h2> <p>L’Éthiopie connaît, quant à elle, une crise politique majeure. Le <a href="https://www.reuters.com/article/us-ethiopia-security/ethiopia-airs-voice-of-alleged-coup-leader-killed-in-crackdown-idUSKCN1TU0HP">22 juin 2019, un coup d’État</a> a révélé les limites de la politique réformatrice du premier ministre Abiy Ahmed. Alors qu’à Bahar Dar, dans le nord du pays, le gouverneur de la région Amhara a été assassiné, au même moment, dans la capitale, le chef d’état-major était tué par son garde du corps.</p> <p><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-enjeux-internationaux/ethiopie-le-risque-dune-balkanisation-est-africaine">D’après René Lefort</a>, cette tentative de coup d’État serait le symptôme de l’échec de la décolonisation interne de l’Éthiopie depuis la fin du XIX<sup>e</sup> siècle. À cette période, le pouvoir était centralisé sur les hauts plateaux abyssins. Les Amhara et les Tigréens se partageaient le pouvoir et ont, petit à petit, conquis les périphéries en y installant un système de type colonial. La Constitution de 1995 n’est pas parvenue à résoudre ce différend historique entre communautés. Les élites éthiopiennes se doivent de prendre conscience du problème si elles veulent éviter un éclatement du pays.</p> <p>Le pays de 105 millions d’habitants traverse une <a href="https://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2016-2-page-5.htm">crise fédérale</a> qu’Abiy Ahmed est bien en peine de régler. Depuis 1995, la Constitution reconnaît sur des bases ethniques neuf régions, mais à l’intérieur de celles-ci les mouvements ethno-nationalistes s’opposent aux unionistes, comme dans la région Amhara.</p> <p>Malgré ces fortes dissensions internes, le premier ministre éthiopien n’hésite pas à jouer les médiateurs dans plusieurs conflits, tant au <a href="https://www.aljazeera.com/news/2019/06/sudan-military-council-accepts-au-ethiopia-proposal-190629083457578.html">Soudan</a> qu’entre la <a href="https://www.theeastafrican.co.ke/news/ea/Ethiopia-s-Abiy-steps-up-mediation-in-Kenya--Somalia-sea-row-/4552908-5189392-10hwo8j/index.html">Somalie et le Kenya</a>.<br /><br /></p> <h2>Inquiétude à Djibouti</h2> <p>Du côté de Djibouti, les interrogations demeurent. L’euphorie, liée à la place accordée au pays dans l’initiative chinoise des nouvelles routes de la Soie, a laissé place à l’inquiétude face à l’ampleur de la dette contractée.</p> <p>Malgré un rapprochement de façade, les relations restent tendues avec l’Érythrée, et la question du retour des prisonniers du conflit frontalier de 2008 entre les deux pays n’est pas réglée. Le régime d’Ismaïl Omar Guelleh (dit «IOG»), au pouvoir depuis 1999, s’est trouvé marginalisé lors des discussions de paix régionales, alors même que le pays s’est construit une identité de «havre de paix» dans une région plus qu’instable.</p> <p>Son différend commercial et personnel avec les Émirats arabes unis ne semble pas étranger à cette mise à l’écart. 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La consolidation de la paix dépendra en grande partie de l’achèvement de cette période de transition. Or, les contestations populaires demeurent dans chacun des États et les précédents soudanais et algériens ont crispé les régimes locaux. Il faut espérer que le «vent de paix» ne laisse pas place à un orage.</p> <hr /> <p><img src="https://counter.theconversation.com/content/120244/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/sonia-le-gouriellec-215316">Sonia Le Gouriellec</a>, Maître de conférence à l'Université catholique de Lille, <em><a href="http://theconversation.com/institutions/sciences-po-uspc-2196">Sciences Po – USPC</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="http://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. 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Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p> <p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. 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Sur la même période, l’espérance de vie à 65 ans, âge minimal de ces militantes, est passée de 18,4 à 22,5 années. Il ne semble pas que «le climat» ait eu des conséquences fâcheuses sur leur droit à la vie.</p> <p>En recoupant les données de l’OFS et de Météosuisse, on peut observer la nature cyclique du nombre de décès par semaine des personnes de plus de 65 ans en Suisse, de 2010 à 2024 (Figure).</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713434705_capturedcran2024041812.04.17.png" class="img-responsive img-fluid center " width="784" height="554" /></p> <p>La courbe noire pleine montre que les périodes hivernales restent les plus fatales, toutes causes confondues, pouvant parfois accroître la mortalité de 72% par rapport aux périodes estivales. Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p> <p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p> <p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. 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Elles séjournent dans un univers peuplé d’illusions où seules les impressions du sujet construisent son milieu, où les slogans inconsistants balaient les données factuelles, où la Suisse parviendrait par sa «politique climatique» à influencer la régulation des climats de la Terre. Oui, la CEDH a bien approuvé la guerre contre la réalité menée par le climatisme, nouvelle religion de certaines classes aisées des pays les plus riches.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Masselot et al. (2023) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 7, e-271-281</h4> <h4><sup>2</sup>Zhao et al. (2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-cedh-aurait-elle-engage-une-guerre-contre-le-monde-des-realites', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 40, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4878, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Cuba entre famine et abondance', 'subtitle' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. 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La loi est issue d'une initiative populaire approuvée en 2012 et combattue par les bourgeois.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Enfin, lors de la dernière session, le Conseil des États a transmis une motion visant à contraindre toutes les communes à maintenir la vitesse maximale à 50 km/h dans les localités. Ce faisant, il a fait fi de deux piliers fondamentaux de notre système politique : l'autonomie communale et le fédéralisme.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En somme, cela montre clairement ce qui se passe dans le camp bourgeois : une profonde réticence à accepter les défaites et à mettre en œuvre les décisions populaires de manière constructive avec l'adversaire politique, conformément à notre démocratie de concordance. Au lieu de cela, il place de plus en plus souvent ses propres objectifs et intérêts au-dessus des principes démocratiques et adapte les règles du jeu dans le processus de décision parlementaire à ce qui sert ses propres intérêts, grâce à de larges majorités.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Un opportunisme dangereux</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>L'attitude de plus en plus opportuniste de la majorité bourgeoise vis-à-vis des principes de la politique étatique est dangereuse. Elle conduit à des décisions à la légitimité douteuse, déforme la législation, dévalorise nos fondements constitutionnels et endommage la confiance de la population dans le processus politique et dans le fonctionnement des institutions démocratiques.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Cette situation est d'autant plus grave que la Suisse ne connaît pas de juridiction constitutionnelle. Le Tribunal fédéral n'est pas habilité à contrôler les lois fédérales. Le gardien suprême de la Constitution est le Parlement lui-même. Il est à la fois législateur et juge et peut, de fait, édicter des lois fédérales non conformes à la Constitution sans avoir à craindre de sanctions. Les membres du Conseil des États et du Conseil national portent donc une grande responsabilité et devraient d'autant plus être un exemple en matière de respect de la Constitution et d'esprit démocratique. Mais beaucoup ne le sont pas !</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que de nombreux représentants bourgeois du peuple se soient détournés de cette attitude fondamentale est probablement dû surtout à l'évolution politique des dernières décennies. Celle-ci est marquée par deux courants profonds : premièrement, une politique économique, fiscale, financière et sociale néolibérale prononcée et, deuxièmement, une radicalisation dans l'éventail des partis de droite avec un effet d'aspiration sur les partis bourgeois. Ces deux phénomènes ont affaibli la conscience de la nécessité du respect de la Constitution et de l'esprit démocratique.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Néolibéraux et droits de l'Homme</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Tout d'abord, le néolibéralisme : il a conduit à un déchaînement du pouvoir économique, avec pour conséquence que l'État démocratique est devenu le serviteur de groupes et de branches et que le lobbying s'est propagé jusque dans les ramifications les plus fines de la politique et de l'administration. 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Car ici aussi, seul compte le fait de s'imposer - avec ou contre la démocratie et la constitution.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie au cas par cas, en fonction de l'idéologie, des intérêts particuliers et des calculs de pouvoir ? Et ce à une époque où il serait plus que jamais nécessaire de défendre les valeurs et les principes démocratiques ? 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Si l’Allemagne et les autres membres de l’alliance nouent bien des partenariats avec des Etats du Pacifique, et conduisent des exercices militaires dans la zone, ce n’est pas à la hauteur de la «menace chinoise».</p> <p>La nature de cette menace? Elle n’est pas directement militaire mais plutôt économique. «Si Pékin était en mesure de bloquer les voies commerciales dans la mer de Chine méridionale, la circulation des marchandises en Europe serait en péril».</p> <p>Autre question qui n’était pas d’actualité il y a 75 ans: la contribution des Etats-Unis. Le <a href="https://www.telegraph.co.uk/opinion/2024/04/03/europe-must-step-up-to-keep-the-us-in-nato/" target="_blank" rel="noopener"><em>Daily Telegraph</em></a> regrette que l’Europe ne fasse aucun effort pour s’assurer que le plus grand contributeur de l’OTAN ne s’en détache pas. L’heure est grave, puisqu’on parle de «passer à la caisse». 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