Actuel / «Comment on m’a jeté en prison». Entretien avec le président péruvien Pedro Castillo et son avocat
Place Manco Capac à Lima, le 24 décembre 2022. Les manifestants réclament la libération du président Castillo, l'ouverture d'une Assemblée constituante, et rappellent la mémoire des victimes de la répression du gouvernement Boluarte. © Mayimbú - CC BY-SA 4.0
Fin décembre, j’ai été mis en été contact avec l’ONG Red Nacional de Derechos Humanos basée à Caracas et Madrid pour réaliser une interview avec le président élu péruvien Pedro Castillo, emprisonné depuis le 7 décembre. M. Castillo étant privé d’accès aux médias, nous avons réalisé cet entretien par l’intermédiaire de son avocat, M. Wilfredo Robles. Voici les réponses qu’il nous a fait parvenir lundi 23 janvier.
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Je pense en particulier aux difficultés qui ont suivi les élections pour constituer un gouvernement viable, aux tensions au sein du Parlement et au jeu trouble de l'opposition de droite.</strong></p> <p><strong>Wilfredo Robles</strong>: La crise au Pérou ne date pas d’aujourd’hui. C'est une situation structurelle. Le pays a vécu sous une forme de dictature jusqu'à l'an 2000, avec un système étatique oppressif qui remonte à la présidence d’Alberto Fujimori et à la Constitution qu'il avait ajustée à ses intérêts pour se perpétuer au gouvernement en 1992. Après la destitution du dictateur Fujimori, les partis politiques de la gauche modérée et de la droite ont cohabité au pouvoir, avec des discours différents mais avec le même objectif pratique: conserver le pouvoir.</p> <p>En 2016, la crise politique s'est aggravée avec un conflit entre les pouvoirs législatif et exécutif, qui a mis au jour divers cas de corruption et provoqué une instabilité avec la succession de six Présidents en six ans. Actuellement, le Congrès (Parlement) est rejeté par 90% des Péruviens selon différents sondeurs. Le meilleur reflet de cet état d’esprit est la rue, où les gens sont descendus pour demander la démission de la présidente Dina Boluarte, la démission du Congrès et la libération du président constitutionnel Pedro Castillo.</p> <p>En ce qui concerne le mandat du président José Pedro Castillo Terrones, qui est mon client dans l'affaire judiciaire instruite arbitrairement contre lui, je peux dire qu’au cours de son mandat de 17 mois, son gouvernement a été soumis à un véritable blocus par les membres du Congrès d'extrême droite dirigés par l'opposante et candidate perdante à la présidence Keiko Fijimori. Avant même le début du mandat présidentiel, ils ont créé un climat de tension et ignoré le choix de la majorité de la volonté populaire, qui a donné la victoire au président Castillo. Comme ils avaient échoué à obtenir le soutien de la majorité de la population, ils ont opté pour un boycott grâce à la majorité des partis qui contrôle le Congrès.</p> <p>Le Congrès a lancé différentes enquêtes avec des vices de forme et selon des procédures illégales afin de bloquer le pouvoir exécutif. En un an, le Congrès a lancé trois procédures d'enquête contre la présidence, toutes restées sans fondements et sans preuves à ce jour. La famille de mon client, son épouse et ses proches, n'ont pas échappé à cette persécution politique, médiatique et judiciaire et ont été soumis à des vagues d’insultes nourries par des procédures destinées à alimenter la presse tabloïd et à influencer négativement l'opinion publique.</p> <p>Il est difficile de gérer un gouvernement avec un Congrès qui bloque toutes les initiatives du pouvoir exécutif. La stratégie de blocage du Congrès et les pressions politiques ont produit 70 changements de ministres en douze mois, signe clair d’un harcèlement contre le président Castillo et les 70 initiatives législatives qu’il a initiées, parmi lesquelles une réforme agraire prévoyant la remise d’une dette sociale qui aurait profité à plus de deux millions de frères paysans, une réforme universitaire qui aurait garanti l'accès universel et gratuit à l'enseignement supérieur, des réformes fiscales pour collecter les impôts dans les secteurs économiques ayant historiquement joui de privilèges fiscaux injustifiés. Dans aucun de ces cas, il n'a pu obtenir le vote de confiance du Congrès, créant une situation qui a bloqué le budget pour développer les réformes et les programmes pour lesquels il a été élu. </p> <p>Il y a aussi eu des pressions du secteur minier, une branche économique stratégique, qui a fait pression pour renouveler plus de cinquante concessions d'exploitation minière qui arrivaient à échéance en 2023. Le Président avait ordonné une révision de ces contrats afin qu’ils tiennent davantage compte de la justice sociale et que ces sociétés paient des impôts ajustés à la réalité du pays et à leurs profits, afin d’avoir un impact positif sur le développement de la population et de tenir compte des principes de la protection de l'environnement et du respect des droits de nos frères indigènes.</p> <p>Cette volonté a mis mal à l'aise le secteur minier qui entend continuer à exploiter les ressources naturelles du Pérou en toute impunité et sans aucun contrôle de l'Etat. La perte due à ces schémas fiscaux annuels a été estimée à 2,5 milliards de dollars pour les recettes publiques, sans compter l'exploitation minière illégale. La déforestation dont souffrent les ressources naturelles est féroce. On estime que la seule région de Madre de Dios (sud-ouest) connaît une déforestation de plus de 50'000 hectares. </p> <p>Seule une perception plus équitable des impôts aurait permis d’entreprendre des politiques sociales dans des secteurs aussi importants que l'éducation, l'accès au système de santé publique, les programmes de soins aux peuples autochtones, les communautés rurales, la restructuration de la police avec une vision humaniste, des politiques d'égalité femmes-hommes, la protection de nos enfants et de nos aînés.</p> <p>Le gouvernement de Castillo Terrones représentait un danger pour l'oligarchie et les puissances économiques du Pérou et ceux qui ont conspiré et financé le coup d'Etat contre le gouvernement légitime.</p> <p><strong>Pouvez-vous décrire en détail ce qui s'est passé le 7 décembre et les jours qui ont suivi? Les explications que nous avons en Europe n’étaient pas très précises et souvent biaisées en faveur de la nouvelle Présidente.</strong></p> <p>Le 7 décembre, mon client, Pedro Castillo Terrones, avait une audience à la Commission de la constitutionnalité pour présenter sa défense face à la procédure de destitution qui avait été entamée contre lui. La session plénière du Congrès avait été convoquée pour 15h00. Ce même jour vers 10h30 le Président a délivré un message à la nation, dans lequel il a décrit les faits et présenté les arguments juridiques pour dissoudre le Congrès en vertu de l’article 134 de la Constitution, de façon à lever le blocage du pouvoir législatif contre le pouvoir exécutif.</p> <p>L’article 134 est très clair: «Le président de la République est habilité à dissoudre le Congrès si celui-ci a censuré ou refusé sa confiance à deux Conseils des ministres. Le décret de dissolution contient l'appel aux élections pour un nouveau Congrès. Ces élections ont lieu dans un délai de quatre mois à compter de la date de dissolution, sans modification du système électoral préexistant. Le Congrès ne peut pas être dissous dans la dernière année de son mandat. Une fois le Congrès dissous, la Commission permanente reste en fonction, laquelle ne peut pas être dissoute non plus. Il n'y a pas d'autres formes de révocation du mandat parlementaire. Le Congrès ne peut être dissous s’il est en état de siège.» </p> <p>Le 7 décembre dans la journée, le bureau du Congrès a avancé la session plénière trois heures avant l’heure prévue, une fois le message du président Castillo livré, afin de discuter d'urgence de la destitution du Président sous prétexte de rébellion, en mettant de côté la procédure qu’il avait lui-même fixée. De façon tout à fait irrégulière, la majorité de droite du Congrès a approuvé la destitution, sans enquête préalable, violant son droit à la défense et en contrevenant aux dispositions de l'article 89 du Règlement du Congrès de la République, qui fixe les procédures à suivre, et sans respecter le droit d’immunité dont le Président jouit en vertu de son investiture à la tête de l'Etat. Toute la procédure constitutionnelle a été bafouée par la majorité qui contrôle le Congrès.</p> <p>«Ils ont suivi une procédure non valide dans le seul but d'approuver la destitution du Président sans se conformer aux procédures d'enquête constitutionnelle par la Commission de constitutionnalité, ni respecter mon droit à la légitime défense, ni attendre les conclusions du rapport de la commission <em>ad hoc</em>, dans le seul but de faire avancer la procédure de destitution, en violant mon droit à un examen circonstancié de mon cas et mes prérogatives en ma qualité de Président en exercice», déclare M. Castillo.</p> <p>Le Président a été arrêté alors qu'il sortait du palais du gouvernement, sur ordre verbal du procureur national. Le chef de l'Etat a été détenu sans autorisation préalable de levée de son immunité et en violant son droit à notifier que son arrestation était arbitraire, sans décision de justice, sans enquête préalable et alors qu'il était toujours en fonction en tant que Président constitutionnel. On a donc violé la doctrine du Groupe de travail des Nations Unies sur les détentions arbitraires.</p> <p><strong>En décembre dernier, il a beaucoup été dit dans les médias européens que vous aviez de fait organisé un coup d'Etat et que la nouvelle Présidente n'avait fait que réagir pour sauver la démocratie que vous menaciez. Comment pouvez-vous répondre à ces critiques?</strong></p> <p>C’est le Congrès qui a lancé le coup d'Etat législatif, en bloquant d'abord le pouvoir exécutif, en créant une crise des institutions démocratiques et enfin en violant la Constitution pour renverser le Président légitime élu. Le Congrès est dirigé par le militaire à la retraite José Williams Zapata, le même qui a fait l'objet d'une enquête en relation avec les massacres d'Accomarca et qui conserve une influence importante dans le haut commandement des Forces armées nationales. Le Congrès a aussi bloqué la politique internationale, en refusant au Président l'autorisation d'assister à des sommets de chefs d'Etat et à des visites officielles. Il lui a refusé une rencontre avec le pape François en octobre 2022 alors qu’il avait reçu une invitation depuis des mois et qu’une tournée en Europe était prévue. Il est clair qu’un coup d'Etat politique a été mené par le Congrès depuis le début du mandat du président Castillo. Ce Congrès est contrôlé par la candidate perdante Keiko Fujimori qui suit les mêmes idéaux que son père, le dictateur Alberto Fujimori. La dissolution du Congrès a été accompagnée par une convocation à de nouvelles élections, sachant que 70% de la population désapprouve son action lors de la journée du 7 décembre dernier.</p> <p>Tout comme le Congrès détient le pouvoir de destituer un Président suivant une procédure établie, il existe aussi un mécanisme de dissolution du Congrès, qui peut être activé lorsque les conditions juridiques sont remplies. C’est pour cette raison que dire que le président Castillo a fait un coup d'Etat est un non-sens juridique. L'oligopole de la presse à Lima se plie aux intérêts économiques dominants et rejoint le concert de la désinformation. Pour qu’il y ait coup d'Etat ou rébellion, il faut réunir une série de conditions telles que la violence et un soulèvement armé. Il faut qu’il y ait une organisation de personnes détenant un pouvoir politique et des armes pour que ce but puisse être réalisé. Ce n'est pas le cas.</p> <p>Lorsqu'il a adressé son message à la nation, il n'a à aucun moment appelé à un soulèvement militaire, ni à un soulèvement quelconque contre les pouvoirs de l'Etat. Alors que le coup d'Etat mené par le Congrès a reçu le soutien des hauts commandements militaires qui avaient conspiré contre le président Castillo. Il existe des preuves médiatiques et des enquêtes qui confirment que le coup d'Etat se préparait depuis des semaines en concertation avec l'ambassade des Etats-Unis à Lima, laquelle a rencontré à plusieurs reprises la vice-présidente Dina Boluarte et le ministre de la Défense, préparant la voie au processus de destitution qui avait commencé au Congrès. Plusieurs politiciens opposés au gouvernement du président Castillo ont été reçus à l'ambassade des Etats-Unis, dirigée par une ancienne agente de la CIA. Des vidéos de sécurité ont été publiées à ce sujet. (Cf. «Vijay Prashad, Les Etats-Unis et leur rôle dans le coup d'etat au Pérou», peoplesworld.org)</p> <p><strong>Pouvez-vous décrire la situation du Président en prison, l'absence de droits, le traitement que les autorités judiciaires et pénitentiaires lui ont réservé? Quelles sont les atteintes à ses droits et les violations de la loi constitutionnelle?</strong></p> <p>L’emprisonnement du président Castillo est arbitraire depuis le premier instant où il a été détenu sans ordonnance du tribunal et sans se conformer à la procédure légale. Comme je l'ai déjà dit, il s’agit d’une procédure entachée d’illégalité et qui résulte d’un complot entre le procureur national et le pouvoir judiciaire. Aujourd'hui, il n'y a plus d'Etat de droit mais un système judiciaire axé sur les pouvoirs économiques et la politique dictée par Fujimori. La mesure conservatoire de privation de liberté est un fait en soi, un acte considéré comme un préjugement, sans présentation d'actes concluants par le ministère public, en contradiction avec la jurisprudence de la Cour interaméricaine et du Groupe de travail sur les détentions arbitraires de l'ONU.</p> <p><strong>Son incarcération a provoqué une très forte réaction populaire avec de nombreuses manifestations, beaucoup de violences et des dizaines de morts. Pourquoi ces violences? Que pensez-vous de cette situation? Que dites-vous aux personnes qui vous soutiennent: comment réduire le niveau de violence?</strong></p> <p>Le soutien du peuple au président Castillo est significatif et authentique. Le peuple exige sa libération. Comme je l'ai déjà dit, le Congrès bénéficie d'un taux de désapprobation de plus de 85% de la population. En d'autres termes, il n'a pas de soutien populaire. Evidemment, le Président m'a dit qu'il était préoccupé par la répression contre les manifestations. Il y a des infiltrés qui ont créé le chaos. Le Président rejette toute violence, la voie doit être démocratique et pacifique, et sans répression dans les rues. En fait, la majorité des personnes réprimées sont nos frères indigènes, les communautés rurales et paysannes, historiquement marginalisées, discriminées et criminalisées en tant que terroristes grâce à une campagne organisée pour stigmatiser les manifestations et souvent pour procéder à des exécutions sommaires (56 morts à ce jour, <em>nda</em>).</p> <p><strong>Y a-t-il aussi une forte réaction de pays amis comme l'Argentine, la Bolivie ou le Mexique? Attendez-vous le soutien d'autres pays d'Amérique latine? De l'Organisation des Etats américains (OEA)? Quel rôle celle-ci a-t-elle joué?</strong></p> <p>Le président Castillo a envoyé une lettre pour convoquer la Communauté d'Etats latino-américains et caraïbes (CELAC) et discuter de la question lors de sa prochaine session. Nous espérons que la condamnation du coup d'Etat et la détention arbitraire du Président constitutionnel auront pu être mises à l'ordre du jour (la session a eu lieu les 23 et 24 janvier sans résultat connu au moment où nous rédigeons, <em>nda</em>). M. Castillo est kidnappé par la dictature de Boluarte et les forces armées. </p> <p>En ce qui concerne l'OEA, le Président avait demandé en octobre et novembre 2022 qu'une mission se rende dans le pays. Malheureusement, c'est une organisation dirigée par M. Luis Almagro, qui a soutenu les processus de déstabilisation dans la région, comme le coup d'Etat contre le président bolivien Evo Morales en 2019. La partialité de l'OEA est telle que le jour même où mon mandant, l'ONG Red Nacional de Derechos Humanos, a été emprisonné, la Commission interaméricaine (CIDH) a demandé des mesures très, très prudentes pour garantir les droits humains et cesser la détention arbitraire de M. Castillo.</p> <p>Mais après plus de 45 jours, cet organe est resté silencieux alors que les droits de l'homme de mon client continuent d'être violés. Le 21 décembre, à l'occasion de la visite technique de la CIDH au Pérou, au lieu d’insister auprès des médias pour qu'ils les accompagnent dans leur visite au Président, ils se sont rendus au centre de détention de Barbadillo à sept heures du matin sans ma présence en qualité d’avocat, au prétexte que mon client leur aurait indiqué que je serais averti si la visite avait lieu.</p> <p>Le rapport préliminaire de la CIDH ne mentionne pas la détention arbitraire de mon client, ni l’interdiction de s’adresser aux médias. Le rôle que joue cet organe est honteux. Cependant, nous continuerons d’insister jusqu'à ce que justice soit faite. Je suis convaincu que le coup d'Etat au Pérou répond à une stratégie du Commandement Sud (SouthCom) et du Département d'Etat états-unien visant à réactiver le plan Condor, renforcé par de nouvelles stratégies pour déstabiliser les gouvernements progressistes et pour s'emparer des ressources naturelles de la région. </p> <p>Le coup d'Etat contre Evo Morales en 2019, le siège que subit le président bolivien Luis Arce par des groupes fascistes, la tentative de coup d'Etat au Brésil et les tentatives de discrédit politique contre la camarade Cristina Fernández de Kirchner en Argentine ne sont pas des coïncidences. Ces nouveaux processus de déstabilisation s'accompagnent non seulement de l’aide des forces armées mais aussi de mesures coercitives des pouvoirs judiciaires et de coups d'Etat parlementaires sous l'influence des partis politiques d'extrême droite, partis qui reçoivent des financements de l'USAID (Agence des Etats-Unis pour le développement international, <em>ndlr</em>).</p> <p><strong>Qu'attendez-vous du public et des Etats européens et nord-américains? Du Conseil des Droits de l'Homme à Genève? Que peut faire la Suisse, qui héberge le Conseil des Droits de l’Homme à Genève?</strong> </p> <p>Mon client attend que justice soit faite et qu’on lui rende sa liberté. Les crimes qui lui sont imputés sont politiques et résultent d’un processus judiciaire biaisé en faveur du Congrès et de l'usurpatrice Dina Boluarte. Nous attendons davantage de solidarité avec le Pérou de la part de la communauté internationale. Il ne suffit pas de dénoncer les réseaux, il faut agir et exiger que les gouvernements condamnent la dictature actuelle et les violations des droits de l'homme et fassent libérer le président Castillo.</p> <p>L'Europe doit arrêter la vente d'armes et de matériel répressif à la dictature actuelle. Ce matériel est utilisé contre la population civile. L'Espagne est le principal fournisseur et ces armes sont utilisées par l'armée et la police contre les manifestatants.</p> <p>En ce qui concerne le Conseil des Droits de l'Homme des Nations unies (CDH), le Président, après son arrestation, a envoyé une lettre à cet organe qui était présidé par l'Argentine. Je l'ai apportée à l'ambassade d'Argentine à Lima et nous l'avons envoyée par courrier électronique à la mission accréditée à Genève. Malheureusement la demande n'a pas été traitée et nous n’en connaissons pas les raisons. Dans cette lettre, le Président a demandé la convocation d'une session urgente du CDH pour discuter de la situation au Pérou et approuver une mission internationale pour la détermination des faits concernant la violation des droits de l'homme. Ce mécanisme est sous l'autorité du CDH. Nous sommes conscients que le bureau de Boluarte travaille avec la Mission à Genève afin que ce processus n’avance pas. (Il s’agit des organes d'établissement des faits du HCDH mandatés par le Conseil des Droits de l'Homme (ohchr.org)).</p> <p>Du 18 au 20 janvier, une mission du Haut-Commissariat aux Droits de l'Homme (HCDH) basée à Genève s'est rendue au Pérou. Le Président a publié sur son compte Twitter et relayé par différents médias une lettre demandant que cette équipe du HCDH lui rende visite. Mais ils ont ignoré la demande. Il est inquiétant de constater que la mission de l'ONU dirigée par M. Cristian Salazar, procède avec sélectivité, contredisant la charte de l'ONU et ne répondant pas à la demande du président Castillo désirant qu’on lui rende visite en prison.</p> <p>Le 26 janvier prochain, le Pérou doit être soumis à l'Examen Périodique Universel, durant lequel le CDH procède à une évaluation générale de la situation du pays et de ses progrès dans le domaine des droits de l'homme. Nous demandons que les Etats élèvent la voix et dénoncent la violation des droits de l'homme au Pérou et l'enlèvement du président Castillo. Le CDH ne peut pas cohabiter avec des gouvernements terroristes comme celui de Dina Boluarte.</p> <p>De cette évaluation devrait découler une résolution du Conseil des Droits de l'Homme condamnant la violation des droits de l'homme et l'approbation d'une mission internationale d'enquête. Je le répète, le lobbying exercé par la mission péruvienne à Genève, avec les principaux alliés de la dictature, bloque toute résolution condamnant les crimes contre l'humanité du gouvernement <em>de</em> <em>facto</em>.</p> <p>Par ordre du Président, nous avons créé le Comité pour la Libération du Président Pedro Castillo Terrones, afin de présenter son cas dans les instances nationales et internationales pour sa libération. Cette organisation est coordonnée par le député Pasión Davila avec le soutien de plusieurs personnes qui ont soutenu le président Castillo.</p> <p>Concernant la Suisse, il est inquiétant que le conseiller fédéral suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, ait rencontré à Davos le chancelier du gouvernement péruvien <em>de facto</em>, légitimant ainsi un gouvernement qui contredit la tradition démocratique suisse. La société suisse est un exemple de démocratie avancée et je pense que les citoyens suisses ne seraient pas heureux que leur gouvernement reconnaisse et soutienne un gouvernement impliqué dans des crimes contre l'humanité.</p> <p>La Suisse entretient des relations étroites avec le Pérou, plus étroites que beaucoup ne l'imaginent, son principal intérêt étant le secteur minier. Selon la presse, ces dernières années, les raffineries d’or suisses ont eu comme fournisseurs importants des entreprises péruviennes telles que Minersur, Minera Laytaruma, La Arena, Compañia Minera Caraveli, Minera Confianza, Tulin Gold, Minera IRL, Comercializadora Tambo Real, entre autres.</p> <p>Je voudrais citer le célèbre chercheur suisse Mark Pieth dont le nouveau livre <em>Laundering Gold</em> met en évidence la manière dont les sociétés susmentionnées opèrent dans l'achat d'or dans le monde entier.</p> <p>Dans ce sens, notre appel à la société suisse est d'exiger que son gouvernement ait une attitude plus cohérente envers la démocratie et les droits de l'homme. Il est encore temps de renverser la politique étrangère erronée de soutien à la dictature de Boluarte. La Suisse est membre du Conseil de sécurité. Elle a commencé son mandat cette année et peut soumettre une demande d'enquête internationale sur les violations des droits de l'homme. Elle devrait être intéressée non seulement par l'or du Pérou, mais aussi par les mauvais traitements infligés à son peuple.</p> <p><strong>Selon vous, quelles sont les mesures les plus urgentes pour rétablir une démocratie effective au Pérou? Et comment lutter pour réduire les immenses inégalités qui minent la société péruvienne (et latino-américaine) et provoquent des violences sociales et politiques?</strong></p> <p>Dans son programme de campagne électorale, le président Castillo a proposé, en cas de victoire, de convoquer une constituante au Pérou pour refonder l'Etat, en suivant un processus démocratique et participatif. La Constitution actuelle, comme on l’a vu, est le fruit de la dictature de Fujimori en 1992. C'est une Constitution qui limite les actions de l'Etat et ne garantit pas l'Etat de droit ni la répartition équitable des richesses dans le pays. C'est une Constitution néolibérale qui protège les oligopoles et le petit groupe qui s’est historiquement enrichi au Pérou. Le peuple appelle à une nouvelle Constitution. On peut entendre cet appel dans les rues ou sur les réseaux sociaux. Mais malheureusement les patrons des médias au Pérou ne l’écoutent pas car ils obéissent aux intérêts de la dictature. </p> <p>Le principal instrument juridique et social est la Constitution, qui est un pacte social, qui recueille le sentiment, la définition et l'identité du peuple. La droite péruvienne s'est consacrée à semer la peur en disant que l'Assemblée constituante est un processus communiste ou résultant d’un système oppressif. Ce n'est pas ça. En fait, le fujimorisme a peur de la participation de la population aux prises de décision et au pouvoir de l'Etat, de reconnaître des droits qui ont été historiquement niés, comme ceux des communautés indigènes qui, selon le recensement de la population de 2017, comptent plus de 5'771'885 personnes (sur 34 millions d’habitants, <em>nda</em>).</p> <p>A ce propos, la Suisse est un bon modèle, avec son système de participation populaire aux prises de décision. Le peuple est fréquemment consulté, pour le budget et les politiques publiques. C’est un élément que l'on cherche à intégrer à travers l'Assemblée constituante. Le régime qui gouverne aujourd’hui le Pérou craint les élections et la volonté populaire et c'est pourquoi il réforme expressément la Constitution sans la soumettre au vote, en ajustant le texte constitutionnel à sa convenance, au mépris du droit.</p> <p>Les ressources naturelles sont pillées par l'industrie minière en toute impunité. Le président Castillo aurait dû signer le renouvellement de plus de cinquante grandes concessions minières et zones stratégiques, alors qu’il souhaitait une plus grande régulation de ce secteur et avait stoppé le processus de renouvellement dans l’espoir d’ajuster les contrats et de soumettre ce secteur à une plus grande tutelle de l'Etat et à des ajustements fiscaux qui profitent au développement des collectivités locales. Ce secteur n'aimait pas ça et a conspiré financièrement pour le renverser. (Voir «Pedro Castillo affirme qu'il obligera les sociétés minières à renégocier les contrats et que, si elles ne le veulent pas, "d'autres viendront" – Energiminas.» et «Pedro Castillo affirme que les Etats-Unis sont à l'origine de l'utilisation de l'armée lors des manifestations au Pérou - 16.12.2022, Sputnik Mundo (sputniknews.lat).»</p> <p>Le Congrès ouvrirait la voie à la paix et au dialogue en répondant aux demandes du peuple. Celles-ci sont au nombre de quatre, d’égale importance, à savoir la démission de Dina Boluarte; l’élection d'un nouveau bureau du Congrès; la convocation d’une Assemblée constituante et la libération du président Castillo.</p> <p>Durant la phase intermédiaire, un gouvernement de transition serait formé avec la participation du président Castillo.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'comment-on-m-a-jete-en-prison-entretien-avec-le-president-peruvien-pedro-castillo-et-son-avocat', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 481, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 5708, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Guy Mettan', 'description' => 'Fin décembre, j’ai été mis en été contact avec l’ONG Red Nacional de Derechos Humanos basée à Caracas et Madrid pour réaliser une interview avec le président élu péruvien Pedro Castillo, emprisonné depuis le 7 décembre. 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Après la destitution du dictateur Fujimori, les partis politiques de la gauche modérée et de la droite ont cohabité au pouvoir, avec des discours différents mais avec le même objectif pratique: conserver le pouvoir.</p> <p>En 2016, la crise politique s'est aggravée avec un conflit entre les pouvoirs législatif et exécutif, qui a mis au jour divers cas de corruption et provoqué une instabilité avec la succession de six Présidents en six ans. Actuellement, le Congrès (Parlement) est rejeté par 90% des Péruviens selon différents sondeurs. Le meilleur reflet de cet état d’esprit est la rue, où les gens sont descendus pour demander la démission de la présidente Dina Boluarte, la démission du Congrès et la libération du président constitutionnel Pedro Castillo.</p> <p>En ce qui concerne le mandat du président José Pedro Castillo Terrones, qui est mon client dans l'affaire judiciaire instruite arbitrairement contre lui, je peux dire qu’au cours de son mandat de 17 mois, son gouvernement a été soumis à un véritable blocus par les membres du Congrès d'extrême droite dirigés par l'opposante et candidate perdante à la présidence Keiko Fijimori. Avant même le début du mandat présidentiel, ils ont créé un climat de tension et ignoré le choix de la majorité de la volonté populaire, qui a donné la victoire au président Castillo. Comme ils avaient échoué à obtenir le soutien de la majorité de la population, ils ont opté pour un boycott grâce à la majorité des partis qui contrôle le Congrès.</p> <p>Le Congrès a lancé différentes enquêtes avec des vices de forme et selon des procédures illégales afin de bloquer le pouvoir exécutif. En un an, le Congrès a lancé trois procédures d'enquête contre la présidence, toutes restées sans fondements et sans preuves à ce jour. La famille de mon client, son épouse et ses proches, n'ont pas échappé à cette persécution politique, médiatique et judiciaire et ont été soumis à des vagues d’insultes nourries par des procédures destinées à alimenter la presse tabloïd et à influencer négativement l'opinion publique.</p> <p>Il est difficile de gérer un gouvernement avec un Congrès qui bloque toutes les initiatives du pouvoir exécutif. La stratégie de blocage du Congrès et les pressions politiques ont produit 70 changements de ministres en douze mois, signe clair d’un harcèlement contre le président Castillo et les 70 initiatives législatives qu’il a initiées, parmi lesquelles une réforme agraire prévoyant la remise d’une dette sociale qui aurait profité à plus de deux millions de frères paysans, une réforme universitaire qui aurait garanti l'accès universel et gratuit à l'enseignement supérieur, des réformes fiscales pour collecter les impôts dans les secteurs économiques ayant historiquement joui de privilèges fiscaux injustifiés. Dans aucun de ces cas, il n'a pu obtenir le vote de confiance du Congrès, créant une situation qui a bloqué le budget pour développer les réformes et les programmes pour lesquels il a été élu. </p> <p>Il y a aussi eu des pressions du secteur minier, une branche économique stratégique, qui a fait pression pour renouveler plus de cinquante concessions d'exploitation minière qui arrivaient à échéance en 2023. Le Président avait ordonné une révision de ces contrats afin qu’ils tiennent davantage compte de la justice sociale et que ces sociétés paient des impôts ajustés à la réalité du pays et à leurs profits, afin d’avoir un impact positif sur le développement de la population et de tenir compte des principes de la protection de l'environnement et du respect des droits de nos frères indigènes.</p> <p>Cette volonté a mis mal à l'aise le secteur minier qui entend continuer à exploiter les ressources naturelles du Pérou en toute impunité et sans aucun contrôle de l'Etat. La perte due à ces schémas fiscaux annuels a été estimée à 2,5 milliards de dollars pour les recettes publiques, sans compter l'exploitation minière illégale. La déforestation dont souffrent les ressources naturelles est féroce. On estime que la seule région de Madre de Dios (sud-ouest) connaît une déforestation de plus de 50'000 hectares. </p> <p>Seule une perception plus équitable des impôts aurait permis d’entreprendre des politiques sociales dans des secteurs aussi importants que l'éducation, l'accès au système de santé publique, les programmes de soins aux peuples autochtones, les communautés rurales, la restructuration de la police avec une vision humaniste, des politiques d'égalité femmes-hommes, la protection de nos enfants et de nos aînés.</p> <p>Le gouvernement de Castillo Terrones représentait un danger pour l'oligarchie et les puissances économiques du Pérou et ceux qui ont conspiré et financé le coup d'Etat contre le gouvernement légitime.</p> <p><strong>Pouvez-vous décrire en détail ce qui s'est passé le 7 décembre et les jours qui ont suivi? Les explications que nous avons en Europe n’étaient pas très précises et souvent biaisées en faveur de la nouvelle Présidente.</strong></p> <p>Le 7 décembre, mon client, Pedro Castillo Terrones, avait une audience à la Commission de la constitutionnalité pour présenter sa défense face à la procédure de destitution qui avait été entamée contre lui. La session plénière du Congrès avait été convoquée pour 15h00. Ce même jour vers 10h30 le Président a délivré un message à la nation, dans lequel il a décrit les faits et présenté les arguments juridiques pour dissoudre le Congrès en vertu de l’article 134 de la Constitution, de façon à lever le blocage du pouvoir législatif contre le pouvoir exécutif.</p> <p>L’article 134 est très clair: «Le président de la République est habilité à dissoudre le Congrès si celui-ci a censuré ou refusé sa confiance à deux Conseils des ministres. Le décret de dissolution contient l'appel aux élections pour un nouveau Congrès. Ces élections ont lieu dans un délai de quatre mois à compter de la date de dissolution, sans modification du système électoral préexistant. Le Congrès ne peut pas être dissous dans la dernière année de son mandat. Une fois le Congrès dissous, la Commission permanente reste en fonction, laquelle ne peut pas être dissoute non plus. Il n'y a pas d'autres formes de révocation du mandat parlementaire. Le Congrès ne peut être dissous s’il est en état de siège.» </p> <p>Le 7 décembre dans la journée, le bureau du Congrès a avancé la session plénière trois heures avant l’heure prévue, une fois le message du président Castillo livré, afin de discuter d'urgence de la destitution du Président sous prétexte de rébellion, en mettant de côté la procédure qu’il avait lui-même fixée. De façon tout à fait irrégulière, la majorité de droite du Congrès a approuvé la destitution, sans enquête préalable, violant son droit à la défense et en contrevenant aux dispositions de l'article 89 du Règlement du Congrès de la République, qui fixe les procédures à suivre, et sans respecter le droit d’immunité dont le Président jouit en vertu de son investiture à la tête de l'Etat. Toute la procédure constitutionnelle a été bafouée par la majorité qui contrôle le Congrès.</p> <p>«Ils ont suivi une procédure non valide dans le seul but d'approuver la destitution du Président sans se conformer aux procédures d'enquête constitutionnelle par la Commission de constitutionnalité, ni respecter mon droit à la légitime défense, ni attendre les conclusions du rapport de la commission <em>ad hoc</em>, dans le seul but de faire avancer la procédure de destitution, en violant mon droit à un examen circonstancié de mon cas et mes prérogatives en ma qualité de Président en exercice», déclare M. 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Comment pouvez-vous répondre à ces critiques?</strong></p> <p>C’est le Congrès qui a lancé le coup d'Etat législatif, en bloquant d'abord le pouvoir exécutif, en créant une crise des institutions démocratiques et enfin en violant la Constitution pour renverser le Président légitime élu. Le Congrès est dirigé par le militaire à la retraite José Williams Zapata, le même qui a fait l'objet d'une enquête en relation avec les massacres d'Accomarca et qui conserve une influence importante dans le haut commandement des Forces armées nationales. Le Congrès a aussi bloqué la politique internationale, en refusant au Président l'autorisation d'assister à des sommets de chefs d'Etat et à des visites officielles. Il lui a refusé une rencontre avec le pape François en octobre 2022 alors qu’il avait reçu une invitation depuis des mois et qu’une tournée en Europe était prévue. Il est clair qu’un coup d'Etat politique a été mené par le Congrès depuis le début du mandat du président Castillo. Ce Congrès est contrôlé par la candidate perdante Keiko Fujimori qui suit les mêmes idéaux que son père, le dictateur Alberto Fujimori. La dissolution du Congrès a été accompagnée par une convocation à de nouvelles élections, sachant que 70% de la population désapprouve son action lors de la journée du 7 décembre dernier.</p> <p>Tout comme le Congrès détient le pouvoir de destituer un Président suivant une procédure établie, il existe aussi un mécanisme de dissolution du Congrès, qui peut être activé lorsque les conditions juridiques sont remplies. C’est pour cette raison que dire que le président Castillo a fait un coup d'Etat est un non-sens juridique. L'oligopole de la presse à Lima se plie aux intérêts économiques dominants et rejoint le concert de la désinformation. Pour qu’il y ait coup d'Etat ou rébellion, il faut réunir une série de conditions telles que la violence et un soulèvement armé. Il faut qu’il y ait une organisation de personnes détenant un pouvoir politique et des armes pour que ce but puisse être réalisé. Ce n'est pas le cas.</p> <p>Lorsqu'il a adressé son message à la nation, il n'a à aucun moment appelé à un soulèvement militaire, ni à un soulèvement quelconque contre les pouvoirs de l'Etat. Alors que le coup d'Etat mené par le Congrès a reçu le soutien des hauts commandements militaires qui avaient conspiré contre le président Castillo. Il existe des preuves médiatiques et des enquêtes qui confirment que le coup d'Etat se préparait depuis des semaines en concertation avec l'ambassade des Etats-Unis à Lima, laquelle a rencontré à plusieurs reprises la vice-présidente Dina Boluarte et le ministre de la Défense, préparant la voie au processus de destitution qui avait commencé au Congrès. Plusieurs politiciens opposés au gouvernement du président Castillo ont été reçus à l'ambassade des Etats-Unis, dirigée par une ancienne agente de la CIA. 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La mesure conservatoire de privation de liberté est un fait en soi, un acte considéré comme un préjugement, sans présentation d'actes concluants par le ministère public, en contradiction avec la jurisprudence de la Cour interaméricaine et du Groupe de travail sur les détentions arbitraires de l'ONU.</p> <p><strong>Son incarcération a provoqué une très forte réaction populaire avec de nombreuses manifestations, beaucoup de violences et des dizaines de morts. Pourquoi ces violences? Que pensez-vous de cette situation? Que dites-vous aux personnes qui vous soutiennent: comment réduire le niveau de violence?</strong></p> <p>Le soutien du peuple au président Castillo est significatif et authentique. Le peuple exige sa libération. Comme je l'ai déjà dit, le Congrès bénéficie d'un taux de désapprobation de plus de 85% de la population. En d'autres termes, il n'a pas de soutien populaire. Evidemment, le Président m'a dit qu'il était préoccupé par la répression contre les manifestations. Il y a des infiltrés qui ont créé le chaos. Le Président rejette toute violence, la voie doit être démocratique et pacifique, et sans répression dans les rues. En fait, la majorité des personnes réprimées sont nos frères indigènes, les communautés rurales et paysannes, historiquement marginalisées, discriminées et criminalisées en tant que terroristes grâce à une campagne organisée pour stigmatiser les manifestations et souvent pour procéder à des exécutions sommaires (56 morts à ce jour, <em>nda</em>).</p> <p><strong>Y a-t-il aussi une forte réaction de pays amis comme l'Argentine, la Bolivie ou le Mexique? Attendez-vous le soutien d'autres pays d'Amérique latine? De l'Organisation des Etats américains (OEA)? Quel rôle celle-ci a-t-elle joué?</strong></p> <p>Le président Castillo a envoyé une lettre pour convoquer la Communauté d'Etats latino-américains et caraïbes (CELAC) et discuter de la question lors de sa prochaine session. Nous espérons que la condamnation du coup d'Etat et la détention arbitraire du Président constitutionnel auront pu être mises à l'ordre du jour (la session a eu lieu les 23 et 24 janvier sans résultat connu au moment où nous rédigeons, <em>nda</em>). M. Castillo est kidnappé par la dictature de Boluarte et les forces armées. </p> <p>En ce qui concerne l'OEA, le Président avait demandé en octobre et novembre 2022 qu'une mission se rende dans le pays. Malheureusement, c'est une organisation dirigée par M. Luis Almagro, qui a soutenu les processus de déstabilisation dans la région, comme le coup d'Etat contre le président bolivien Evo Morales en 2019. La partialité de l'OEA est telle que le jour même où mon mandant, l'ONG Red Nacional de Derechos Humanos, a été emprisonné, la Commission interaméricaine (CIDH) a demandé des mesures très, très prudentes pour garantir les droits humains et cesser la détention arbitraire de M. Castillo.</p> <p>Mais après plus de 45 jours, cet organe est resté silencieux alors que les droits de l'homme de mon client continuent d'être violés. Le 21 décembre, à l'occasion de la visite technique de la CIDH au Pérou, au lieu d’insister auprès des médias pour qu'ils les accompagnent dans leur visite au Président, ils se sont rendus au centre de détention de Barbadillo à sept heures du matin sans ma présence en qualité d’avocat, au prétexte que mon client leur aurait indiqué que je serais averti si la visite avait lieu.</p> <p>Le rapport préliminaire de la CIDH ne mentionne pas la détention arbitraire de mon client, ni l’interdiction de s’adresser aux médias. Le rôle que joue cet organe est honteux. Cependant, nous continuerons d’insister jusqu'à ce que justice soit faite. Je suis convaincu que le coup d'Etat au Pérou répond à une stratégie du Commandement Sud (SouthCom) et du Département d'Etat états-unien visant à réactiver le plan Condor, renforcé par de nouvelles stratégies pour déstabiliser les gouvernements progressistes et pour s'emparer des ressources naturelles de la région. </p> <p>Le coup d'Etat contre Evo Morales en 2019, le siège que subit le président bolivien Luis Arce par des groupes fascistes, la tentative de coup d'Etat au Brésil et les tentatives de discrédit politique contre la camarade Cristina Fernández de Kirchner en Argentine ne sont pas des coïncidences. Ces nouveaux processus de déstabilisation s'accompagnent non seulement de l’aide des forces armées mais aussi de mesures coercitives des pouvoirs judiciaires et de coups d'Etat parlementaires sous l'influence des partis politiques d'extrême droite, partis qui reçoivent des financements de l'USAID (Agence des Etats-Unis pour le développement international, <em>ndlr</em>).</p> <p><strong>Qu'attendez-vous du public et des Etats européens et nord-américains? Du Conseil des Droits de l'Homme à Genève? Que peut faire la Suisse, qui héberge le Conseil des Droits de l’Homme à Genève?</strong> </p> <p>Mon client attend que justice soit faite et qu’on lui rende sa liberté. Les crimes qui lui sont imputés sont politiques et résultent d’un processus judiciaire biaisé en faveur du Congrès et de l'usurpatrice Dina Boluarte. Nous attendons davantage de solidarité avec le Pérou de la part de la communauté internationale. Il ne suffit pas de dénoncer les réseaux, il faut agir et exiger que les gouvernements condamnent la dictature actuelle et les violations des droits de l'homme et fassent libérer le président Castillo.</p> <p>L'Europe doit arrêter la vente d'armes et de matériel répressif à la dictature actuelle. Ce matériel est utilisé contre la population civile. L'Espagne est le principal fournisseur et ces armes sont utilisées par l'armée et la police contre les manifestatants.</p> <p>En ce qui concerne le Conseil des Droits de l'Homme des Nations unies (CDH), le Président, après son arrestation, a envoyé une lettre à cet organe qui était présidé par l'Argentine. Je l'ai apportée à l'ambassade d'Argentine à Lima et nous l'avons envoyée par courrier électronique à la mission accréditée à Genève. Malheureusement la demande n'a pas été traitée et nous n’en connaissons pas les raisons. Dans cette lettre, le Président a demandé la convocation d'une session urgente du CDH pour discuter de la situation au Pérou et approuver une mission internationale pour la détermination des faits concernant la violation des droits de l'homme. Ce mécanisme est sous l'autorité du CDH. Nous sommes conscients que le bureau de Boluarte travaille avec la Mission à Genève afin que ce processus n’avance pas. (Il s’agit des organes d'établissement des faits du HCDH mandatés par le Conseil des Droits de l'Homme (ohchr.org)).</p> <p>Du 18 au 20 janvier, une mission du Haut-Commissariat aux Droits de l'Homme (HCDH) basée à Genève s'est rendue au Pérou. Le Président a publié sur son compte Twitter et relayé par différents médias une lettre demandant que cette équipe du HCDH lui rende visite. Mais ils ont ignoré la demande. Il est inquiétant de constater que la mission de l'ONU dirigée par M. Cristian Salazar, procède avec sélectivité, contredisant la charte de l'ONU et ne répondant pas à la demande du président Castillo désirant qu’on lui rende visite en prison.</p> <p>Le 26 janvier prochain, le Pérou doit être soumis à l'Examen Périodique Universel, durant lequel le CDH procède à une évaluation générale de la situation du pays et de ses progrès dans le domaine des droits de l'homme. Nous demandons que les Etats élèvent la voix et dénoncent la violation des droits de l'homme au Pérou et l'enlèvement du président Castillo. Le CDH ne peut pas cohabiter avec des gouvernements terroristes comme celui de Dina Boluarte.</p> <p>De cette évaluation devrait découler une résolution du Conseil des Droits de l'Homme condamnant la violation des droits de l'homme et l'approbation d'une mission internationale d'enquête. Je le répète, le lobbying exercé par la mission péruvienne à Genève, avec les principaux alliés de la dictature, bloque toute résolution condamnant les crimes contre l'humanité du gouvernement <em>de</em> <em>facto</em>.</p> <p>Par ordre du Président, nous avons créé le Comité pour la Libération du Président Pedro Castillo Terrones, afin de présenter son cas dans les instances nationales et internationales pour sa libération. Cette organisation est coordonnée par le député Pasión Davila avec le soutien de plusieurs personnes qui ont soutenu le président Castillo.</p> <p>Concernant la Suisse, il est inquiétant que le conseiller fédéral suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, ait rencontré à Davos le chancelier du gouvernement péruvien <em>de facto</em>, légitimant ainsi un gouvernement qui contredit la tradition démocratique suisse. La société suisse est un exemple de démocratie avancée et je pense que les citoyens suisses ne seraient pas heureux que leur gouvernement reconnaisse et soutienne un gouvernement impliqué dans des crimes contre l'humanité.</p> <p>La Suisse entretient des relations étroites avec le Pérou, plus étroites que beaucoup ne l'imaginent, son principal intérêt étant le secteur minier. Selon la presse, ces dernières années, les raffineries d’or suisses ont eu comme fournisseurs importants des entreprises péruviennes telles que Minersur, Minera Laytaruma, La Arena, Compañia Minera Caraveli, Minera Confianza, Tulin Gold, Minera IRL, Comercializadora Tambo Real, entre autres.</p> <p>Je voudrais citer le célèbre chercheur suisse Mark Pieth dont le nouveau livre <em>Laundering Gold</em> met en évidence la manière dont les sociétés susmentionnées opèrent dans l'achat d'or dans le monde entier.</p> <p>Dans ce sens, notre appel à la société suisse est d'exiger que son gouvernement ait une attitude plus cohérente envers la démocratie et les droits de l'homme. Il est encore temps de renverser la politique étrangère erronée de soutien à la dictature de Boluarte. La Suisse est membre du Conseil de sécurité. Elle a commencé son mandat cette année et peut soumettre une demande d'enquête internationale sur les violations des droits de l'homme. Elle devrait être intéressée non seulement par l'or du Pérou, mais aussi par les mauvais traitements infligés à son peuple.</p> <p><strong>Selon vous, quelles sont les mesures les plus urgentes pour rétablir une démocratie effective au Pérou? Et comment lutter pour réduire les immenses inégalités qui minent la société péruvienne (et latino-américaine) et provoquent des violences sociales et politiques?</strong></p> <p>Dans son programme de campagne électorale, le président Castillo a proposé, en cas de victoire, de convoquer une constituante au Pérou pour refonder l'Etat, en suivant un processus démocratique et participatif. La Constitution actuelle, comme on l’a vu, est le fruit de la dictature de Fujimori en 1992. C'est une Constitution qui limite les actions de l'Etat et ne garantit pas l'Etat de droit ni la répartition équitable des richesses dans le pays. C'est une Constitution néolibérale qui protège les oligopoles et le petit groupe qui s’est historiquement enrichi au Pérou. Le peuple appelle à une nouvelle Constitution. On peut entendre cet appel dans les rues ou sur les réseaux sociaux. Mais malheureusement les patrons des médias au Pérou ne l’écoutent pas car ils obéissent aux intérêts de la dictature. </p> <p>Le principal instrument juridique et social est la Constitution, qui est un pacte social, qui recueille le sentiment, la définition et l'identité du peuple. La droite péruvienne s'est consacrée à semer la peur en disant que l'Assemblée constituante est un processus communiste ou résultant d’un système oppressif. Ce n'est pas ça. En fait, le fujimorisme a peur de la participation de la population aux prises de décision et au pouvoir de l'Etat, de reconnaître des droits qui ont été historiquement niés, comme ceux des communautés indigènes qui, selon le recensement de la population de 2017, comptent plus de 5'771'885 personnes (sur 34 millions d’habitants, <em>nda</em>).</p> <p>A ce propos, la Suisse est un bon modèle, avec son système de participation populaire aux prises de décision. Le peuple est fréquemment consulté, pour le budget et les politiques publiques. C’est un élément que l'on cherche à intégrer à travers l'Assemblée constituante. Le régime qui gouverne aujourd’hui le Pérou craint les élections et la volonté populaire et c'est pourquoi il réforme expressément la Constitution sans la soumettre au vote, en ajustant le texte constitutionnel à sa convenance, au mépris du droit.</p> <p>Les ressources naturelles sont pillées par l'industrie minière en toute impunité. Le président Castillo aurait dû signer le renouvellement de plus de cinquante grandes concessions minières et zones stratégiques, alors qu’il souhaitait une plus grande régulation de ce secteur et avait stoppé le processus de renouvellement dans l’espoir d’ajuster les contrats et de soumettre ce secteur à une plus grande tutelle de l'Etat et à des ajustements fiscaux qui profitent au développement des collectivités locales. Ce secteur n'aimait pas ça et a conspiré financièrement pour le renverser. (Voir «Pedro Castillo affirme qu'il obligera les sociétés minières à renégocier les contrats et que, si elles ne le veulent pas, "d'autres viendront" – Energiminas.» et «Pedro Castillo affirme que les Etats-Unis sont à l'origine de l'utilisation de l'armée lors des manifestations au Pérou - 16.12.2022, Sputnik Mundo (sputniknews.lat).»</p> <p>Le Congrès ouvrirait la voie à la paix et au dialogue en répondant aux demandes du peuple. 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On fait semblant d'oublier que le camp de la mort de Treblinka était dirigé par une vingtaine de SS allemands et que l'extermination y était assurée par une centaine de gardiens ukrainiens et lituaniens.</p> <p>La célébration de l'Holodomor, du nom que les Ukrainiens donnent à la famine déclenchée par Staline contre la paysannerie en 1932, est un exemple typique de ces omissions volontaires. Elle attribue ce massacre par la disette aux seuls Russes et fait des Ukrainiens ses uniques victimes alors qu'il a aussi touché le sud de la Russie et le Kazakhstan et qu'il a été orchestré par un Géorgien, Staline, et exécuté par un Polonais, Kossior, qui dirigeait l'Ukraine à cette époque.</p> <p>Tous les jours des monuments sont abattus et d'autres édifiés à leur place, en catimini, dans le silence des médias occidentaux. Cette réécriture de l'histoire et cette guerre mémorielle n'ont pas échappé aux gens du Donbass, qui, fidèles à leur devise «Ne jamais oublier, ne jamais pardonner», réagissent en redoublant de foi commémorative et de monuments aux héros tombés sur le champ d'honneur.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950996_capturedcran2024042411.28.54.png" class="img-responsive img-fluid center " width="529" height="716" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>«Ne jamais oublier, ne jamais pardonner». Monument commémorant le massacre de la communauté juive de Lugansk. © G.M.</em></h4> <p>Le mémorial le plus troublant est sans doute celui du Puits de Mine 4/4 Bis à Donetsk. Je n'en avais jamais entendu parler et vous non plus je présume. Il ne figure dans aucun de nos livres d'histoire et il est introuvable sur Wikipedia. Or on estime que 75'000 à 102'000 personnes y ont été massacrées entre fin 1941 et 1943, soit deux fois à trois fois plus qu'à Babi Yar. L'ensemble de la communauté juive de la ville (appelée Stalino à l'époque) a été jetée dans cette fosse, ainsi que des dizaines de milliers de civils. Ce mémorial, ignoré par le gouvernement de Kiev après 1991 parce qu'il dérangeait le récit officiel et ne concernait que les russophones de l'est du pays, est en voie de réhabilitation depuis l'an dernier. Il suffit de se rendre sur ce site pour comprendre pourquoi les habitants du Donbass se sont soulevés en avril 2014 lorsque le régime issu de Maidan a voulu bannir leur langue et a envoyé les héritiers de leurs bourreaux pour les réprimer. </p> <p>On peut détruire les monuments mais pas le souvenir.</p> <p>A 70 kilomètres de Donetsk, dans la province de Horlivka, le monumental cénotaphe de Savur-Mohila est un autre témoignage des batailles du dernier siècle, érigé au sommet de la colline la plus haute du Donbass, sur l'emplacement de l'un des grands chocs de la Seconde guerre mondiale, qui eut lieu en juillet-août 1943, en même temps que la fameuse bataille de chars de Koursk qui devait briser la Wehrmacht. Une allée d'escaliers avec une immense flèche y avait été édifiée en 1963. 70 ans plus tard, en août 2014, la colline a fait l'objet d'une âpre bataille de position entre séparatistes et soldats kiéviens, avant d'être définitivement reprise par les républicains de Donetsk emmenés par leur prestigieux chef Alexandre Zakhartchenko. Les combats l'avaient saccagée. Après 2022, Poutine l'a fait reconstruire pour commémorer les deux guerres, la Grande Guerre patriotique de 1941-1945 et celle de la libération du Donbass de 2014-2022. De chaque côté de l'allée, de grandes stèles sculptées célèbrent les héros morts pour la liberté du Donbass entre 1941 et 2022.</p> <p>Mais c'est sans doute à Lougansk que ce choc mémoriel est le plus intense. J'y suis accueilli par Anna Soroka, historienne et combattante dans les régiments de la République dès 2014. Le premier monument commémore les 67 enfants tués par les miliciens ukrainiens des bataillons néonazis Kraken et Aïdar qui ont tenté de prendre la ville en 2014 et l'ont bombardée jusqu'en 2022. Il a été construit au milieu d'un parc qui sert de jardin d'enfants. Plusieurs gosses y ont été tués par un bombardement ciblé des Ukrainiens, les bâtiments avoisinants n'ayant pas été touchés. </p> <p>Les enfants sont en effet l'objet d'une guerre de l'information sans merci dans les deux camps. Les Ukrainiens ont déposé plainte pour crime de guerre contre les Russes et la Cour pénale internationale a inculpé Vladimir Poutine et la responsable russe de l'enfance pour kidnapping d'enfants ukrainiens. La propagande occidentale reprend en boucle ces accusations, au cinéma – le documentaire <em>ad hoc</em> vient de recevoir un Oscar – et dans les médias. Lesquels oublient naturellement de répercuter le point de vue des habitants du Donbass, pour lesquels ce sont les Ukrainiens qui prennent les enfants en otage. Il existe en effet en Ukraine une organisation de volontaires, appelés les Anges Blancs, calquée sur le modèle des fameux Casques Blancs syriens qui, on s'en souvient, étaient loin d'être des secouristes neutres et agissaient en fait pour le compte des groupes djihadistes. </p> <p>Ces détachements d'Anges Blancs (White Angels) ont été formés dès février 2022 par un certain Rustam Lukomsky. La presse anglo-saxonne les a mentionnés à quelques reprises. Pour ceux du Donbass, leur but consiste à forcer les parents des zones du front à se séparer de leurs enfants sous prétexte de les protéger. Les enfants sont donc isolés de leurs parents et «mis en sécurité» à l'arrière, où ils sont dès lors utilisés comme moyens de chantage contre leurs familles. Celles-ci se trouvent déchirées entre deux choix aussi insupportables l'un que l'autre: soit elles abandonnent leurs foyers pour rejoindre leurs enfants, soit elles y restent en se voyant forcées de collaborer avec l'armée ukrainienne qui les invite à dénoncer ou à saboter les mouvements de l'armée russe. On imagine la détresse des parents confrontés à un tel chantage. Des témoignages, comme ceux d'Olga V. Zubtsova de Bakhmut et d'Igor Litvinov d'Avdievka, confirment cette version des choses. Enfin, d'innombrables rumeurs circulent sur les réseaux sociaux, qui accusent ces prétendus Anges Blancs d'alimenter les réseaux de pédo-criminalité et le trafic d'enfants. Mais cela reste à prouver.</p> <p>Le deuxième monument se trouve dans un bois à la sortie de Lugansk. Comme le Puits de mine No 4 de Donetsk, il commémore le lieu du massacre de la communauté juive de Lugansk (environ 3'000 femmes et enfants essentiellement juifs) et de 8'000 adultes de diverses confessions pendant l'occupation nazie. «On ne peut pas comprendre pourquoi, aujourd'hui, Kiev honore les descendants de ceux qui ont tué tant des nôtres pendant la Deuxième Guerre mondiale», dit Anna Soroka. Abandonné aux ronces depuis 1991, le site a fait l'objet d'une restauration récente. 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Le 5 mai 2014, Ivan a été sorti de sa maison et exécuté pour l'exemple d'une balle dans la tête par les milices, parce que son fils s'était engagé auprès des républicains. Ses voisins avaient d'abord dû l'inhumer dans son jardin. Le site se trouve sur les lieux mêmes de la bataille et rend hommage aux 397 «victimes de l'agression ukrainienne» de cet été-là, ouvriers, creuseurs de tranchées, instituteurs, écoliers, médecins, infirmières, patients frappés par le bombardement de leur école et de leur hôpital (169 morts).</p> <p>En revenant en ville, nous passons devant le grand monument aux soldats soviétiques qui ont libéré la ville en 1943 et devant un char ukrainien décoré de fleurs posé sur un socle de béton en bordure de l'autoroute: les habitants du quartier l'ont posé là pour rappeler que ce char avait bombardé leurs maisons il y a dix ans. 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Il ne parlait pas un mot d'anglais et, sans faire de cas de mon russe misérable, il avait invité toute notre délégation à la noce. J'avais fait un petit discours de circonstance en l'honneur de la mariée et de ses parents. Depuis lors, Umar Ikromovitch est devenu un ami pour la vie, que ni la distance ni la fracture linguistique ne sauraient séparer. Une ou deux fois par an, aux fêtes importantes, il m'envoie des messages Telegram. En février, surprise, il me propose de me joindre à lui pour visiter ses réalisations dans le Donbass, dans lequel il n'était encore jamais allé. Umar emploie en effet quelques centaines d'ouvriers dans la région de Moscou et quelques dizaines dans la reconstruction du Donbass.</p> <p>Le 3 avril à trois heures du matin, il m'attendait donc avec Nikita, un de ses amis du ministère de la Défense, à la sortie de l'aéroport de Vnukovo, à Moscou, pour m'embarquer dans le Donbass. Nikita avait préparé le programme et fourni les autorisations nécessaires ainsi qu'un chauffeur aguerri, Volodia. Pendant dix heures d'affilée, avec une courte pause-café dans une station-service qui venait d'ouvrir, nous avons descendu à tombeau ouvert les 1'060 kilomètres de l'autoroute Prigogine qui relie Moscou à Rostov-sur-le-Don, celle-là même que le chef défunt de Wagner avait voulu remonter avec ses chars en juillet dernier.</p> <p>Rien n'est plus simple qu'une autoroute russe. C'est toujours tout droit, il n'y a pas un virage jusqu'à Rostov. Et comme celle-ci est impeccable, à part cinquante kilomètres de travaux peu avant Rostov, le trajet fut rapide et indolore, nous permettant de passer en quelques heures des dernières neiges moscovites aux douceurs du printemps de la mer d'Azov. 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Après Taganrog, la route longe la mer d'Azov et est encombrée par les convois de camions qui vont et viennent du Donbass. Elle est en plein travaux d'élargissement. Les véhicules militaires arborent un V ou un Z bien visibles. Checkpoints et contrôles divers se succèdent avant et après la frontière de la République de Donetsk. Sur les bas-côtés, de longues colonnes attendent la fouille. Grâce à nos laissez-passer, nous voici bientôt en territoire ex-ukrainien. Evgueni, un Russe de Vladivostok engagé volontaire auprès de la République de Donetsk, prend le relais. Il nous servira de guide et d'interprète tout au long de notre séjour. </p> <p>Peu avant midi, nous atteignons les faubourgs de Marioupol et entrons sur le territoire d'Azovstal, totalement dévasté. L'usine n'est plus que cheminées rouillées, entrelacs de tuyaux éventrés et de ferrailles tordues. Une vision d'apocalypse qui évoque immédiatement Stalingrad, l'usine de tracteurs, Vassili Grossmann et le <em>Voyage en Russie</em> de Steinbeck et Capa. Aucune des maisons et des immeubles d'habitation alentour n'a survécu. </p> <p>Le centre-ville a en revanche beaucoup mieux résisté, avec un taux de destruction qu'on peut estimer à cinquante pourcents à première vue. Il est en pleine rénovation. Sur la place centrale, la reconstruction du fameux théâtre – bombardé ou dynamité on ne sait trop – doit être achevée à la fin de l'année. Umar est content: les enfants et les jeunes mères se sont déjà emparés du parc et du terrain de jeux que son entreprise vient d'achever. Les lignes de bus, offerts par la ville de Saint-Pétersbourg, ont été rétablies. Les terrasses de café ont rouvert.</p> <p>Puis nous repartons pour l'ouest de la ville, qui offre un paysage très différent. Tout y est neuf. Les quartiers anciens ont déjà été rénovés et de nouveaux quartiers, des bouquets d'immeubles, une école, une crèche, un hôpital, y ont jailli de terre en moins d'une année. Une dame qui promène son chien nous explique qu'elle vient d'emménager dans son appartement tout neuf il y a quinze jours, après avoir vécu pendant des mois dans un taudis sans eau courante. </p> <p>Supervisés par une société publique du ministère de la Défense avec l'aide des villes et des provinces russes, les chantiers s'activent jour et nuit. Dix mille habitants ont déjà été relogés et la ville a retrouvé les deux tiers de sa population d'avant-guerre, soit 300'000 habitants. Durant l'après-midi, nous visiterons un second hôpital de 60 lits, entièrement neuf et démontable, très bien équipé et dirigé par des médecins volontaires provenant des différentes régions de Russie.</p> <p>Les constructions les plus spectaculaires concernent toutefois les écoles. En bordure de mer, une nouvelle académie de la marine accueillera sa première volée de cadets à la rentrée de septembre. Salles de cours, internat, salles de sports, salles d'entrainement, quatre immeubles de verre et d'acier rutilants sont sortis de terre en dix mois. Prévus pour 560 élèves en uniforme de 11 à 17 ans, ils accueilleront principalement des orphelins des deux guerres du Donbass, celle de 2014-2022 et celle de 2022-2024, me dit-on. Six jours d'enseignement par semaine à raison de huit à dix heures par jour, on n'aura guère le temps de s'y ennuyer. A la fin du cursus, les élèves pourront soit parfaire leur formation dans la marine soit entrer dans une université civile.</p> <p>La seconde école est plus classique mais encore plus spectaculaire. C'est un collège expérimental comme on n'en encore jamais vu en Russie (ni en Suisse à ma connaissance). Le design, remarquable, est très étudié. 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Seule difficulté, assure la directrice, celle de trouver des enseignants qui veuillent bien accepter de s'installer à Marioupol. Mais elle n'a pas l'air d'être du genre à s'effrayer devant la tâche.</p> <p>En fin d'après-midi, nous nous engageons sur l'autoroute toute neuve qui relie Marioupol à Donetsk, à 120 kilomètres, en faisant un petit arrêt dans la petite ville de Volnovakha, dont le palais de la culture a subi une frappe de HIMARS en novembre dernier. Le toit s'est écroulé et des échafaudages encombrent ce qui reste de la scène et de la salle. Par chance, la salve n'a fait ni mort ni blessé, le spectacle programmé ce jour-là ayant été déplacé à la dernière minute. Pour les habitants, pas de doute, les Ukrainiens cherchaient à tuer le plus de civils possibles. 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Toutes les deux à trois minutes, un coup part, faisant trembler les vitres et illuminant le ciel d'une lueur orangée: ce sont les artilleurs russes qui tirent sur les positions ukrainiennes, à quelques de kilomètres du centre-ville. Les Ukrainiens ripostent avec des missiles, des drones ou des roquettes HIMARS, ce qui enclenche les tirs de contre-batterie russes, à raison d'un ou deux par heure me semble-t-il.</p> <p>Le lendemain matin, on m'apprendra à distinguer les uns des autres. Les HIMARS sont silencieux jusqu'à l'explosion finale, les missiles SCALP français et Storm Shadow britanniques font un bourdonnement d'avion, de même que les missiles anti-missiles russes, tandis que les obus ordinaires tombent en sifflant. De toute façon, je n'ai aucun souci à me faire, m'assurent mes nouveaux amis. Ils m'ont logé dans le seul hôtel de la ville encore en mains américaines et jamais les Ukrainiens n'oseraient tirer sur une cible américaine. 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Pour avoir vécu plusieurs années en Amérique latine, je peux confirmer que tous les pays qui souhaitent se libérer de leurs exploitants, souvent locaux mais soutenus principalement par les USA, le Canada et l'Espagne qui défendent les intérêts de leurs entreprises. Clo48 a-t-il pris le temps de lire intégralement l'article car sa réaction est typique des gens seulement informés par la presse mainstream ou une classe dominante corrompue qui profite de la soumission de 80% de la population qui vit dans la pauvreté ? Je suis écoeuré par les organismes prétenduement protecteurs des droits de l'homme qui ne dénoncent que ceux qui dérangent ou font vaciller l'hégémonie américaine et ses vassaux. 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L'arrivée à la présidence d'un instituer des hauts-plateaux, moitié indien, qui parle quechua, avait tout pour réjouir, rétablir enfin un équilibre entre les couches populaires et le pouvoir. Mais ce fut un désastre. Castillo s'est montré totalement dépassé, sans aucun sens politique au-delà de la militance de base. A la différence de Boric au Chili et de Petro en Colombie, deux présidents de gauche, le Péruvien est resté enfermé dans de vieux schémas. Il a multiplié des initiatives comme une réforme agraire irréaliste, un combat contre les multinationales minières perdu d'avance. Le Colombien, sur ces mêmes terrains, agit avec une intelligence et une efficacité incomparables. Quant aux événements qui ont précipité le conflit, il faut dire que Castillo a soudainement annoncé la dissolution du Parlement sur un coup de tête, contre l'avis de ses plus proches collaborateurs qu'il a carrément bousculés. Ceux-ci se sont même demandé s'il avait toute sa tête. 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BPLT: Le public européen connait mal la situation au Pérou et ignore ce qui a amené à la crise du 7 décembre. Pouvez-vous expliquer comment, de votre point de vue, on est arrivé à cette crise? Je pense en particulier aux difficultés qui ont suivi les élections pour constituer un gouvernement viable, aux tensions au sein du Parlement et au jeu trouble de l'opposition de droite.
Wilfredo Robles: La crise au Pérou ne date pas d’aujourd’hui. C'est une situation structurelle. Le pays a vécu sous une forme de dictature jusqu'à l'an 2000, avec un système étatique oppressif qui remonte à la présidence d’Alberto Fujimori et à la Constitution qu'il avait ajustée à ses intérêts pour se perpétuer au gouvernement en 1992. Après la destitution du dictateur Fujimori, les partis politiques de la gauche modérée et de la droite ont cohabité au pouvoir, avec des discours différents mais avec le même objectif pratique: conserver le pouvoir.
En 2016, la crise politique s'est aggravée avec un conflit entre les pouvoirs législatif et exécutif, qui a mis au jour divers cas de corruption et provoqué une instabilité avec la succession de six Présidents en six ans. Actuellement, le Congrès (Parlement) est rejeté par 90% des Péruviens selon différents sondeurs. Le meilleur reflet de cet état d’esprit est la rue, où les gens sont descendus pour demander la démission de la présidente Dina Boluarte, la démission du Congrès et la libération du président constitutionnel Pedro Castillo.
En ce qui concerne le mandat du président José Pedro Castillo Terrones, qui est mon client dans l'affaire judiciaire instruite arbitrairement contre lui, je peux dire qu’au cours de son mandat de 17 mois, son gouvernement a été soumis à un véritable blocus par les membres du Congrès d'extrême droite dirigés par l'opposante et candidate perdante à la présidence Keiko Fijimori. Avant même le début du mandat présidentiel, ils ont créé un climat de tension et ignoré le choix de la majorité de la volonté populaire, qui a donné la victoire au président Castillo. Comme ils avaient échoué à obtenir le soutien de la majorité de la population, ils ont opté pour un boycott grâce à la majorité des partis qui contrôle le Congrès.
Le Congrès a lancé différentes enquêtes avec des vices de forme et selon des procédures illégales afin de bloquer le pouvoir exécutif. En un an, le Congrès a lancé trois procédures d'enquête contre la présidence, toutes restées sans fondements et sans preuves à ce jour. La famille de mon client, son épouse et ses proches, n'ont pas échappé à cette persécution politique, médiatique et judiciaire et ont été soumis à des vagues d’insultes nourries par des procédures destinées à alimenter la presse tabloïd et à influencer négativement l'opinion publique.
Il est difficile de gérer un gouvernement avec un Congrès qui bloque toutes les initiatives du pouvoir exécutif. La stratégie de blocage du Congrès et les pressions politiques ont produit 70 changements de ministres en douze mois, signe clair d’un harcèlement contre le président Castillo et les 70 initiatives législatives qu’il a initiées, parmi lesquelles une réforme agraire prévoyant la remise d’une dette sociale qui aurait profité à plus de deux millions de frères paysans, une réforme universitaire qui aurait garanti l'accès universel et gratuit à l'enseignement supérieur, des réformes fiscales pour collecter les impôts dans les secteurs économiques ayant historiquement joui de privilèges fiscaux injustifiés. Dans aucun de ces cas, il n'a pu obtenir le vote de confiance du Congrès, créant une situation qui a bloqué le budget pour développer les réformes et les programmes pour lesquels il a été élu.
Il y a aussi eu des pressions du secteur minier, une branche économique stratégique, qui a fait pression pour renouveler plus de cinquante concessions d'exploitation minière qui arrivaient à échéance en 2023. Le Président avait ordonné une révision de ces contrats afin qu’ils tiennent davantage compte de la justice sociale et que ces sociétés paient des impôts ajustés à la réalité du pays et à leurs profits, afin d’avoir un impact positif sur le développement de la population et de tenir compte des principes de la protection de l'environnement et du respect des droits de nos frères indigènes.
Cette volonté a mis mal à l'aise le secteur minier qui entend continuer à exploiter les ressources naturelles du Pérou en toute impunité et sans aucun contrôle de l'Etat. La perte due à ces schémas fiscaux annuels a été estimée à 2,5 milliards de dollars pour les recettes publiques, sans compter l'exploitation minière illégale. La déforestation dont souffrent les ressources naturelles est féroce. On estime que la seule région de Madre de Dios (sud-ouest) connaît une déforestation de plus de 50'000 hectares.
Seule une perception plus équitable des impôts aurait permis d’entreprendre des politiques sociales dans des secteurs aussi importants que l'éducation, l'accès au système de santé publique, les programmes de soins aux peuples autochtones, les communautés rurales, la restructuration de la police avec une vision humaniste, des politiques d'égalité femmes-hommes, la protection de nos enfants et de nos aînés.
Le gouvernement de Castillo Terrones représentait un danger pour l'oligarchie et les puissances économiques du Pérou et ceux qui ont conspiré et financé le coup d'Etat contre le gouvernement légitime.
Pouvez-vous décrire en détail ce qui s'est passé le 7 décembre et les jours qui ont suivi? Les explications que nous avons en Europe n’étaient pas très précises et souvent biaisées en faveur de la nouvelle Présidente.
Le 7 décembre, mon client, Pedro Castillo Terrones, avait une audience à la Commission de la constitutionnalité pour présenter sa défense face à la procédure de destitution qui avait été entamée contre lui. La session plénière du Congrès avait été convoquée pour 15h00. Ce même jour vers 10h30 le Président a délivré un message à la nation, dans lequel il a décrit les faits et présenté les arguments juridiques pour dissoudre le Congrès en vertu de l’article 134 de la Constitution, de façon à lever le blocage du pouvoir législatif contre le pouvoir exécutif.
L’article 134 est très clair: «Le président de la République est habilité à dissoudre le Congrès si celui-ci a censuré ou refusé sa confiance à deux Conseils des ministres. Le décret de dissolution contient l'appel aux élections pour un nouveau Congrès. Ces élections ont lieu dans un délai de quatre mois à compter de la date de dissolution, sans modification du système électoral préexistant. Le Congrès ne peut pas être dissous dans la dernière année de son mandat. Une fois le Congrès dissous, la Commission permanente reste en fonction, laquelle ne peut pas être dissoute non plus. Il n'y a pas d'autres formes de révocation du mandat parlementaire. Le Congrès ne peut être dissous s’il est en état de siège.»
Le 7 décembre dans la journée, le bureau du Congrès a avancé la session plénière trois heures avant l’heure prévue, une fois le message du président Castillo livré, afin de discuter d'urgence de la destitution du Président sous prétexte de rébellion, en mettant de côté la procédure qu’il avait lui-même fixée. De façon tout à fait irrégulière, la majorité de droite du Congrès a approuvé la destitution, sans enquête préalable, violant son droit à la défense et en contrevenant aux dispositions de l'article 89 du Règlement du Congrès de la République, qui fixe les procédures à suivre, et sans respecter le droit d’immunité dont le Président jouit en vertu de son investiture à la tête de l'Etat. Toute la procédure constitutionnelle a été bafouée par la majorité qui contrôle le Congrès.
«Ils ont suivi une procédure non valide dans le seul but d'approuver la destitution du Président sans se conformer aux procédures d'enquête constitutionnelle par la Commission de constitutionnalité, ni respecter mon droit à la légitime défense, ni attendre les conclusions du rapport de la commission ad hoc, dans le seul but de faire avancer la procédure de destitution, en violant mon droit à un examen circonstancié de mon cas et mes prérogatives en ma qualité de Président en exercice», déclare M. Castillo.
Le Président a été arrêté alors qu'il sortait du palais du gouvernement, sur ordre verbal du procureur national. Le chef de l'Etat a été détenu sans autorisation préalable de levée de son immunité et en violant son droit à notifier que son arrestation était arbitraire, sans décision de justice, sans enquête préalable et alors qu'il était toujours en fonction en tant que Président constitutionnel. On a donc violé la doctrine du Groupe de travail des Nations Unies sur les détentions arbitraires.
En décembre dernier, il a beaucoup été dit dans les médias européens que vous aviez de fait organisé un coup d'Etat et que la nouvelle Présidente n'avait fait que réagir pour sauver la démocratie que vous menaciez. Comment pouvez-vous répondre à ces critiques?
C’est le Congrès qui a lancé le coup d'Etat législatif, en bloquant d'abord le pouvoir exécutif, en créant une crise des institutions démocratiques et enfin en violant la Constitution pour renverser le Président légitime élu. Le Congrès est dirigé par le militaire à la retraite José Williams Zapata, le même qui a fait l'objet d'une enquête en relation avec les massacres d'Accomarca et qui conserve une influence importante dans le haut commandement des Forces armées nationales. Le Congrès a aussi bloqué la politique internationale, en refusant au Président l'autorisation d'assister à des sommets de chefs d'Etat et à des visites officielles. Il lui a refusé une rencontre avec le pape François en octobre 2022 alors qu’il avait reçu une invitation depuis des mois et qu’une tournée en Europe était prévue. Il est clair qu’un coup d'Etat politique a été mené par le Congrès depuis le début du mandat du président Castillo. Ce Congrès est contrôlé par la candidate perdante Keiko Fujimori qui suit les mêmes idéaux que son père, le dictateur Alberto Fujimori. La dissolution du Congrès a été accompagnée par une convocation à de nouvelles élections, sachant que 70% de la population désapprouve son action lors de la journée du 7 décembre dernier.
Tout comme le Congrès détient le pouvoir de destituer un Président suivant une procédure établie, il existe aussi un mécanisme de dissolution du Congrès, qui peut être activé lorsque les conditions juridiques sont remplies. C’est pour cette raison que dire que le président Castillo a fait un coup d'Etat est un non-sens juridique. L'oligopole de la presse à Lima se plie aux intérêts économiques dominants et rejoint le concert de la désinformation. Pour qu’il y ait coup d'Etat ou rébellion, il faut réunir une série de conditions telles que la violence et un soulèvement armé. Il faut qu’il y ait une organisation de personnes détenant un pouvoir politique et des armes pour que ce but puisse être réalisé. Ce n'est pas le cas.
Lorsqu'il a adressé son message à la nation, il n'a à aucun moment appelé à un soulèvement militaire, ni à un soulèvement quelconque contre les pouvoirs de l'Etat. Alors que le coup d'Etat mené par le Congrès a reçu le soutien des hauts commandements militaires qui avaient conspiré contre le président Castillo. Il existe des preuves médiatiques et des enquêtes qui confirment que le coup d'Etat se préparait depuis des semaines en concertation avec l'ambassade des Etats-Unis à Lima, laquelle a rencontré à plusieurs reprises la vice-présidente Dina Boluarte et le ministre de la Défense, préparant la voie au processus de destitution qui avait commencé au Congrès. Plusieurs politiciens opposés au gouvernement du président Castillo ont été reçus à l'ambassade des Etats-Unis, dirigée par une ancienne agente de la CIA. Des vidéos de sécurité ont été publiées à ce sujet. (Cf. «Vijay Prashad, Les Etats-Unis et leur rôle dans le coup d'etat au Pérou», peoplesworld.org)
Pouvez-vous décrire la situation du Président en prison, l'absence de droits, le traitement que les autorités judiciaires et pénitentiaires lui ont réservé? Quelles sont les atteintes à ses droits et les violations de la loi constitutionnelle?
L’emprisonnement du président Castillo est arbitraire depuis le premier instant où il a été détenu sans ordonnance du tribunal et sans se conformer à la procédure légale. Comme je l'ai déjà dit, il s’agit d’une procédure entachée d’illégalité et qui résulte d’un complot entre le procureur national et le pouvoir judiciaire. Aujourd'hui, il n'y a plus d'Etat de droit mais un système judiciaire axé sur les pouvoirs économiques et la politique dictée par Fujimori. La mesure conservatoire de privation de liberté est un fait en soi, un acte considéré comme un préjugement, sans présentation d'actes concluants par le ministère public, en contradiction avec la jurisprudence de la Cour interaméricaine et du Groupe de travail sur les détentions arbitraires de l'ONU.
Son incarcération a provoqué une très forte réaction populaire avec de nombreuses manifestations, beaucoup de violences et des dizaines de morts. Pourquoi ces violences? Que pensez-vous de cette situation? Que dites-vous aux personnes qui vous soutiennent: comment réduire le niveau de violence?
Le soutien du peuple au président Castillo est significatif et authentique. Le peuple exige sa libération. Comme je l'ai déjà dit, le Congrès bénéficie d'un taux de désapprobation de plus de 85% de la population. En d'autres termes, il n'a pas de soutien populaire. Evidemment, le Président m'a dit qu'il était préoccupé par la répression contre les manifestations. Il y a des infiltrés qui ont créé le chaos. Le Président rejette toute violence, la voie doit être démocratique et pacifique, et sans répression dans les rues. En fait, la majorité des personnes réprimées sont nos frères indigènes, les communautés rurales et paysannes, historiquement marginalisées, discriminées et criminalisées en tant que terroristes grâce à une campagne organisée pour stigmatiser les manifestations et souvent pour procéder à des exécutions sommaires (56 morts à ce jour, nda).
Y a-t-il aussi une forte réaction de pays amis comme l'Argentine, la Bolivie ou le Mexique? Attendez-vous le soutien d'autres pays d'Amérique latine? De l'Organisation des Etats américains (OEA)? Quel rôle celle-ci a-t-elle joué?
Le président Castillo a envoyé une lettre pour convoquer la Communauté d'Etats latino-américains et caraïbes (CELAC) et discuter de la question lors de sa prochaine session. Nous espérons que la condamnation du coup d'Etat et la détention arbitraire du Président constitutionnel auront pu être mises à l'ordre du jour (la session a eu lieu les 23 et 24 janvier sans résultat connu au moment où nous rédigeons, nda). M. Castillo est kidnappé par la dictature de Boluarte et les forces armées.
En ce qui concerne l'OEA, le Président avait demandé en octobre et novembre 2022 qu'une mission se rende dans le pays. Malheureusement, c'est une organisation dirigée par M. Luis Almagro, qui a soutenu les processus de déstabilisation dans la région, comme le coup d'Etat contre le président bolivien Evo Morales en 2019. La partialité de l'OEA est telle que le jour même où mon mandant, l'ONG Red Nacional de Derechos Humanos, a été emprisonné, la Commission interaméricaine (CIDH) a demandé des mesures très, très prudentes pour garantir les droits humains et cesser la détention arbitraire de M. Castillo.
Mais après plus de 45 jours, cet organe est resté silencieux alors que les droits de l'homme de mon client continuent d'être violés. Le 21 décembre, à l'occasion de la visite technique de la CIDH au Pérou, au lieu d’insister auprès des médias pour qu'ils les accompagnent dans leur visite au Président, ils se sont rendus au centre de détention de Barbadillo à sept heures du matin sans ma présence en qualité d’avocat, au prétexte que mon client leur aurait indiqué que je serais averti si la visite avait lieu.
Le rapport préliminaire de la CIDH ne mentionne pas la détention arbitraire de mon client, ni l’interdiction de s’adresser aux médias. Le rôle que joue cet organe est honteux. Cependant, nous continuerons d’insister jusqu'à ce que justice soit faite. Je suis convaincu que le coup d'Etat au Pérou répond à une stratégie du Commandement Sud (SouthCom) et du Département d'Etat états-unien visant à réactiver le plan Condor, renforcé par de nouvelles stratégies pour déstabiliser les gouvernements progressistes et pour s'emparer des ressources naturelles de la région.
Le coup d'Etat contre Evo Morales en 2019, le siège que subit le président bolivien Luis Arce par des groupes fascistes, la tentative de coup d'Etat au Brésil et les tentatives de discrédit politique contre la camarade Cristina Fernández de Kirchner en Argentine ne sont pas des coïncidences. Ces nouveaux processus de déstabilisation s'accompagnent non seulement de l’aide des forces armées mais aussi de mesures coercitives des pouvoirs judiciaires et de coups d'Etat parlementaires sous l'influence des partis politiques d'extrême droite, partis qui reçoivent des financements de l'USAID (Agence des Etats-Unis pour le développement international, ndlr).
Qu'attendez-vous du public et des Etats européens et nord-américains? Du Conseil des Droits de l'Homme à Genève? Que peut faire la Suisse, qui héberge le Conseil des Droits de l’Homme à Genève?
Mon client attend que justice soit faite et qu’on lui rende sa liberté. Les crimes qui lui sont imputés sont politiques et résultent d’un processus judiciaire biaisé en faveur du Congrès et de l'usurpatrice Dina Boluarte. Nous attendons davantage de solidarité avec le Pérou de la part de la communauté internationale. Il ne suffit pas de dénoncer les réseaux, il faut agir et exiger que les gouvernements condamnent la dictature actuelle et les violations des droits de l'homme et fassent libérer le président Castillo.
L'Europe doit arrêter la vente d'armes et de matériel répressif à la dictature actuelle. Ce matériel est utilisé contre la population civile. L'Espagne est le principal fournisseur et ces armes sont utilisées par l'armée et la police contre les manifestatants.
En ce qui concerne le Conseil des Droits de l'Homme des Nations unies (CDH), le Président, après son arrestation, a envoyé une lettre à cet organe qui était présidé par l'Argentine. Je l'ai apportée à l'ambassade d'Argentine à Lima et nous l'avons envoyée par courrier électronique à la mission accréditée à Genève. Malheureusement la demande n'a pas été traitée et nous n’en connaissons pas les raisons. Dans cette lettre, le Président a demandé la convocation d'une session urgente du CDH pour discuter de la situation au Pérou et approuver une mission internationale pour la détermination des faits concernant la violation des droits de l'homme. Ce mécanisme est sous l'autorité du CDH. Nous sommes conscients que le bureau de Boluarte travaille avec la Mission à Genève afin que ce processus n’avance pas. (Il s’agit des organes d'établissement des faits du HCDH mandatés par le Conseil des Droits de l'Homme (ohchr.org)).
Du 18 au 20 janvier, une mission du Haut-Commissariat aux Droits de l'Homme (HCDH) basée à Genève s'est rendue au Pérou. Le Président a publié sur son compte Twitter et relayé par différents médias une lettre demandant que cette équipe du HCDH lui rende visite. Mais ils ont ignoré la demande. Il est inquiétant de constater que la mission de l'ONU dirigée par M. Cristian Salazar, procède avec sélectivité, contredisant la charte de l'ONU et ne répondant pas à la demande du président Castillo désirant qu’on lui rende visite en prison.
Le 26 janvier prochain, le Pérou doit être soumis à l'Examen Périodique Universel, durant lequel le CDH procède à une évaluation générale de la situation du pays et de ses progrès dans le domaine des droits de l'homme. Nous demandons que les Etats élèvent la voix et dénoncent la violation des droits de l'homme au Pérou et l'enlèvement du président Castillo. Le CDH ne peut pas cohabiter avec des gouvernements terroristes comme celui de Dina Boluarte.
De cette évaluation devrait découler une résolution du Conseil des Droits de l'Homme condamnant la violation des droits de l'homme et l'approbation d'une mission internationale d'enquête. Je le répète, le lobbying exercé par la mission péruvienne à Genève, avec les principaux alliés de la dictature, bloque toute résolution condamnant les crimes contre l'humanité du gouvernement de facto.
Par ordre du Président, nous avons créé le Comité pour la Libération du Président Pedro Castillo Terrones, afin de présenter son cas dans les instances nationales et internationales pour sa libération. Cette organisation est coordonnée par le député Pasión Davila avec le soutien de plusieurs personnes qui ont soutenu le président Castillo.
Concernant la Suisse, il est inquiétant que le conseiller fédéral suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, ait rencontré à Davos le chancelier du gouvernement péruvien de facto, légitimant ainsi un gouvernement qui contredit la tradition démocratique suisse. La société suisse est un exemple de démocratie avancée et je pense que les citoyens suisses ne seraient pas heureux que leur gouvernement reconnaisse et soutienne un gouvernement impliqué dans des crimes contre l'humanité.
La Suisse entretient des relations étroites avec le Pérou, plus étroites que beaucoup ne l'imaginent, son principal intérêt étant le secteur minier. Selon la presse, ces dernières années, les raffineries d’or suisses ont eu comme fournisseurs importants des entreprises péruviennes telles que Minersur, Minera Laytaruma, La Arena, Compañia Minera Caraveli, Minera Confianza, Tulin Gold, Minera IRL, Comercializadora Tambo Real, entre autres.
Je voudrais citer le célèbre chercheur suisse Mark Pieth dont le nouveau livre Laundering Gold met en évidence la manière dont les sociétés susmentionnées opèrent dans l'achat d'or dans le monde entier.
Dans ce sens, notre appel à la société suisse est d'exiger que son gouvernement ait une attitude plus cohérente envers la démocratie et les droits de l'homme. Il est encore temps de renverser la politique étrangère erronée de soutien à la dictature de Boluarte. La Suisse est membre du Conseil de sécurité. Elle a commencé son mandat cette année et peut soumettre une demande d'enquête internationale sur les violations des droits de l'homme. Elle devrait être intéressée non seulement par l'or du Pérou, mais aussi par les mauvais traitements infligés à son peuple.
Selon vous, quelles sont les mesures les plus urgentes pour rétablir une démocratie effective au Pérou? Et comment lutter pour réduire les immenses inégalités qui minent la société péruvienne (et latino-américaine) et provoquent des violences sociales et politiques?
Dans son programme de campagne électorale, le président Castillo a proposé, en cas de victoire, de convoquer une constituante au Pérou pour refonder l'Etat, en suivant un processus démocratique et participatif. La Constitution actuelle, comme on l’a vu, est le fruit de la dictature de Fujimori en 1992. C'est une Constitution qui limite les actions de l'Etat et ne garantit pas l'Etat de droit ni la répartition équitable des richesses dans le pays. C'est une Constitution néolibérale qui protège les oligopoles et le petit groupe qui s’est historiquement enrichi au Pérou. Le peuple appelle à une nouvelle Constitution. On peut entendre cet appel dans les rues ou sur les réseaux sociaux. Mais malheureusement les patrons des médias au Pérou ne l’écoutent pas car ils obéissent aux intérêts de la dictature.
Le principal instrument juridique et social est la Constitution, qui est un pacte social, qui recueille le sentiment, la définition et l'identité du peuple. La droite péruvienne s'est consacrée à semer la peur en disant que l'Assemblée constituante est un processus communiste ou résultant d’un système oppressif. Ce n'est pas ça. En fait, le fujimorisme a peur de la participation de la population aux prises de décision et au pouvoir de l'Etat, de reconnaître des droits qui ont été historiquement niés, comme ceux des communautés indigènes qui, selon le recensement de la population de 2017, comptent plus de 5'771'885 personnes (sur 34 millions d’habitants, nda).
A ce propos, la Suisse est un bon modèle, avec son système de participation populaire aux prises de décision. Le peuple est fréquemment consulté, pour le budget et les politiques publiques. C’est un élément que l'on cherche à intégrer à travers l'Assemblée constituante. Le régime qui gouverne aujourd’hui le Pérou craint les élections et la volonté populaire et c'est pourquoi il réforme expressément la Constitution sans la soumettre au vote, en ajustant le texte constitutionnel à sa convenance, au mépris du droit.
Les ressources naturelles sont pillées par l'industrie minière en toute impunité. Le président Castillo aurait dû signer le renouvellement de plus de cinquante grandes concessions minières et zones stratégiques, alors qu’il souhaitait une plus grande régulation de ce secteur et avait stoppé le processus de renouvellement dans l’espoir d’ajuster les contrats et de soumettre ce secteur à une plus grande tutelle de l'Etat et à des ajustements fiscaux qui profitent au développement des collectivités locales. Ce secteur n'aimait pas ça et a conspiré financièrement pour le renverser. (Voir «Pedro Castillo affirme qu'il obligera les sociétés minières à renégocier les contrats et que, si elles ne le veulent pas, "d'autres viendront" – Energiminas.» et «Pedro Castillo affirme que les Etats-Unis sont à l'origine de l'utilisation de l'armée lors des manifestations au Pérou - 16.12.2022, Sputnik Mundo (sputniknews.lat).»
Le Congrès ouvrirait la voie à la paix et au dialogue en répondant aux demandes du peuple. Celles-ci sont au nombre de quatre, d’égale importance, à savoir la démission de Dina Boluarte; l’élection d'un nouveau bureau du Congrès; la convocation d’une Assemblée constituante et la libération du président Castillo.
Durant la phase intermédiaire, un gouvernement de transition serait formé avec la participation du président Castillo.
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Après la destitution du dictateur Fujimori, les partis politiques de la gauche modérée et de la droite ont cohabité au pouvoir, avec des discours différents mais avec le même objectif pratique: conserver le pouvoir.</p> <p>En 2016, la crise politique s'est aggravée avec un conflit entre les pouvoirs législatif et exécutif, qui a mis au jour divers cas de corruption et provoqué une instabilité avec la succession de six Présidents en six ans. Actuellement, le Congrès (Parlement) est rejeté par 90% des Péruviens selon différents sondeurs. Le meilleur reflet de cet état d’esprit est la rue, où les gens sont descendus pour demander la démission de la présidente Dina Boluarte, la démission du Congrès et la libération du président constitutionnel Pedro Castillo.</p> <p>En ce qui concerne le mandat du président José Pedro Castillo Terrones, qui est mon client dans l'affaire judiciaire instruite arbitrairement contre lui, je peux dire qu’au cours de son mandat de 17 mois, son gouvernement a été soumis à un véritable blocus par les membres du Congrès d'extrême droite dirigés par l'opposante et candidate perdante à la présidence Keiko Fijimori. Avant même le début du mandat présidentiel, ils ont créé un climat de tension et ignoré le choix de la majorité de la volonté populaire, qui a donné la victoire au président Castillo. Comme ils avaient échoué à obtenir le soutien de la majorité de la population, ils ont opté pour un boycott grâce à la majorité des partis qui contrôle le Congrès.</p> <p>Le Congrès a lancé différentes enquêtes avec des vices de forme et selon des procédures illégales afin de bloquer le pouvoir exécutif. En un an, le Congrès a lancé trois procédures d'enquête contre la présidence, toutes restées sans fondements et sans preuves à ce jour. La famille de mon client, son épouse et ses proches, n'ont pas échappé à cette persécution politique, médiatique et judiciaire et ont été soumis à des vagues d’insultes nourries par des procédures destinées à alimenter la presse tabloïd et à influencer négativement l'opinion publique.</p> <p>Il est difficile de gérer un gouvernement avec un Congrès qui bloque toutes les initiatives du pouvoir exécutif. La stratégie de blocage du Congrès et les pressions politiques ont produit 70 changements de ministres en douze mois, signe clair d’un harcèlement contre le président Castillo et les 70 initiatives législatives qu’il a initiées, parmi lesquelles une réforme agraire prévoyant la remise d’une dette sociale qui aurait profité à plus de deux millions de frères paysans, une réforme universitaire qui aurait garanti l'accès universel et gratuit à l'enseignement supérieur, des réformes fiscales pour collecter les impôts dans les secteurs économiques ayant historiquement joui de privilèges fiscaux injustifiés. Dans aucun de ces cas, il n'a pu obtenir le vote de confiance du Congrès, créant une situation qui a bloqué le budget pour développer les réformes et les programmes pour lesquels il a été élu. </p> <p>Il y a aussi eu des pressions du secteur minier, une branche économique stratégique, qui a fait pression pour renouveler plus de cinquante concessions d'exploitation minière qui arrivaient à échéance en 2023. Le Président avait ordonné une révision de ces contrats afin qu’ils tiennent davantage compte de la justice sociale et que ces sociétés paient des impôts ajustés à la réalité du pays et à leurs profits, afin d’avoir un impact positif sur le développement de la population et de tenir compte des principes de la protection de l'environnement et du respect des droits de nos frères indigènes.</p> <p>Cette volonté a mis mal à l'aise le secteur minier qui entend continuer à exploiter les ressources naturelles du Pérou en toute impunité et sans aucun contrôle de l'Etat. La perte due à ces schémas fiscaux annuels a été estimée à 2,5 milliards de dollars pour les recettes publiques, sans compter l'exploitation minière illégale. La déforestation dont souffrent les ressources naturelles est féroce. On estime que la seule région de Madre de Dios (sud-ouest) connaît une déforestation de plus de 50'000 hectares. </p> <p>Seule une perception plus équitable des impôts aurait permis d’entreprendre des politiques sociales dans des secteurs aussi importants que l'éducation, l'accès au système de santé publique, les programmes de soins aux peuples autochtones, les communautés rurales, la restructuration de la police avec une vision humaniste, des politiques d'égalité femmes-hommes, la protection de nos enfants et de nos aînés.</p> <p>Le gouvernement de Castillo Terrones représentait un danger pour l'oligarchie et les puissances économiques du Pérou et ceux qui ont conspiré et financé le coup d'Etat contre le gouvernement légitime.</p> <p><strong>Pouvez-vous décrire en détail ce qui s'est passé le 7 décembre et les jours qui ont suivi? Les explications que nous avons en Europe n’étaient pas très précises et souvent biaisées en faveur de la nouvelle Présidente.</strong></p> <p>Le 7 décembre, mon client, Pedro Castillo Terrones, avait une audience à la Commission de la constitutionnalité pour présenter sa défense face à la procédure de destitution qui avait été entamée contre lui. La session plénière du Congrès avait été convoquée pour 15h00. Ce même jour vers 10h30 le Président a délivré un message à la nation, dans lequel il a décrit les faits et présenté les arguments juridiques pour dissoudre le Congrès en vertu de l’article 134 de la Constitution, de façon à lever le blocage du pouvoir législatif contre le pouvoir exécutif.</p> <p>L’article 134 est très clair: «Le président de la République est habilité à dissoudre le Congrès si celui-ci a censuré ou refusé sa confiance à deux Conseils des ministres. Le décret de dissolution contient l'appel aux élections pour un nouveau Congrès. Ces élections ont lieu dans un délai de quatre mois à compter de la date de dissolution, sans modification du système électoral préexistant. Le Congrès ne peut pas être dissous dans la dernière année de son mandat. Une fois le Congrès dissous, la Commission permanente reste en fonction, laquelle ne peut pas être dissoute non plus. Il n'y a pas d'autres formes de révocation du mandat parlementaire. Le Congrès ne peut être dissous s’il est en état de siège.» </p> <p>Le 7 décembre dans la journée, le bureau du Congrès a avancé la session plénière trois heures avant l’heure prévue, une fois le message du président Castillo livré, afin de discuter d'urgence de la destitution du Président sous prétexte de rébellion, en mettant de côté la procédure qu’il avait lui-même fixée. De façon tout à fait irrégulière, la majorité de droite du Congrès a approuvé la destitution, sans enquête préalable, violant son droit à la défense et en contrevenant aux dispositions de l'article 89 du Règlement du Congrès de la République, qui fixe les procédures à suivre, et sans respecter le droit d’immunité dont le Président jouit en vertu de son investiture à la tête de l'Etat. Toute la procédure constitutionnelle a été bafouée par la majorité qui contrôle le Congrès.</p> <p>«Ils ont suivi une procédure non valide dans le seul but d'approuver la destitution du Président sans se conformer aux procédures d'enquête constitutionnelle par la Commission de constitutionnalité, ni respecter mon droit à la légitime défense, ni attendre les conclusions du rapport de la commission <em>ad hoc</em>, dans le seul but de faire avancer la procédure de destitution, en violant mon droit à un examen circonstancié de mon cas et mes prérogatives en ma qualité de Président en exercice», déclare M. Castillo.</p> <p>Le Président a été arrêté alors qu'il sortait du palais du gouvernement, sur ordre verbal du procureur national. Le chef de l'Etat a été détenu sans autorisation préalable de levée de son immunité et en violant son droit à notifier que son arrestation était arbitraire, sans décision de justice, sans enquête préalable et alors qu'il était toujours en fonction en tant que Président constitutionnel. On a donc violé la doctrine du Groupe de travail des Nations Unies sur les détentions arbitraires.</p> <p><strong>En décembre dernier, il a beaucoup été dit dans les médias européens que vous aviez de fait organisé un coup d'Etat et que la nouvelle Présidente n'avait fait que réagir pour sauver la démocratie que vous menaciez. Comment pouvez-vous répondre à ces critiques?</strong></p> <p>C’est le Congrès qui a lancé le coup d'Etat législatif, en bloquant d'abord le pouvoir exécutif, en créant une crise des institutions démocratiques et enfin en violant la Constitution pour renverser le Président légitime élu. Le Congrès est dirigé par le militaire à la retraite José Williams Zapata, le même qui a fait l'objet d'une enquête en relation avec les massacres d'Accomarca et qui conserve une influence importante dans le haut commandement des Forces armées nationales. Le Congrès a aussi bloqué la politique internationale, en refusant au Président l'autorisation d'assister à des sommets de chefs d'Etat et à des visites officielles. Il lui a refusé une rencontre avec le pape François en octobre 2022 alors qu’il avait reçu une invitation depuis des mois et qu’une tournée en Europe était prévue. Il est clair qu’un coup d'Etat politique a été mené par le Congrès depuis le début du mandat du président Castillo. Ce Congrès est contrôlé par la candidate perdante Keiko Fujimori qui suit les mêmes idéaux que son père, le dictateur Alberto Fujimori. La dissolution du Congrès a été accompagnée par une convocation à de nouvelles élections, sachant que 70% de la population désapprouve son action lors de la journée du 7 décembre dernier.</p> <p>Tout comme le Congrès détient le pouvoir de destituer un Président suivant une procédure établie, il existe aussi un mécanisme de dissolution du Congrès, qui peut être activé lorsque les conditions juridiques sont remplies. C’est pour cette raison que dire que le président Castillo a fait un coup d'Etat est un non-sens juridique. L'oligopole de la presse à Lima se plie aux intérêts économiques dominants et rejoint le concert de la désinformation. Pour qu’il y ait coup d'Etat ou rébellion, il faut réunir une série de conditions telles que la violence et un soulèvement armé. Il faut qu’il y ait une organisation de personnes détenant un pouvoir politique et des armes pour que ce but puisse être réalisé. Ce n'est pas le cas.</p> <p>Lorsqu'il a adressé son message à la nation, il n'a à aucun moment appelé à un soulèvement militaire, ni à un soulèvement quelconque contre les pouvoirs de l'Etat. Alors que le coup d'Etat mené par le Congrès a reçu le soutien des hauts commandements militaires qui avaient conspiré contre le président Castillo. Il existe des preuves médiatiques et des enquêtes qui confirment que le coup d'Etat se préparait depuis des semaines en concertation avec l'ambassade des Etats-Unis à Lima, laquelle a rencontré à plusieurs reprises la vice-présidente Dina Boluarte et le ministre de la Défense, préparant la voie au processus de destitution qui avait commencé au Congrès. Plusieurs politiciens opposés au gouvernement du président Castillo ont été reçus à l'ambassade des Etats-Unis, dirigée par une ancienne agente de la CIA. 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La mesure conservatoire de privation de liberté est un fait en soi, un acte considéré comme un préjugement, sans présentation d'actes concluants par le ministère public, en contradiction avec la jurisprudence de la Cour interaméricaine et du Groupe de travail sur les détentions arbitraires de l'ONU.</p> <p><strong>Son incarcération a provoqué une très forte réaction populaire avec de nombreuses manifestations, beaucoup de violences et des dizaines de morts. Pourquoi ces violences? Que pensez-vous de cette situation? Que dites-vous aux personnes qui vous soutiennent: comment réduire le niveau de violence?</strong></p> <p>Le soutien du peuple au président Castillo est significatif et authentique. Le peuple exige sa libération. Comme je l'ai déjà dit, le Congrès bénéficie d'un taux de désapprobation de plus de 85% de la population. En d'autres termes, il n'a pas de soutien populaire. Evidemment, le Président m'a dit qu'il était préoccupé par la répression contre les manifestations. Il y a des infiltrés qui ont créé le chaos. Le Président rejette toute violence, la voie doit être démocratique et pacifique, et sans répression dans les rues. En fait, la majorité des personnes réprimées sont nos frères indigènes, les communautés rurales et paysannes, historiquement marginalisées, discriminées et criminalisées en tant que terroristes grâce à une campagne organisée pour stigmatiser les manifestations et souvent pour procéder à des exécutions sommaires (56 morts à ce jour, <em>nda</em>).</p> <p><strong>Y a-t-il aussi une forte réaction de pays amis comme l'Argentine, la Bolivie ou le Mexique? Attendez-vous le soutien d'autres pays d'Amérique latine? De l'Organisation des Etats américains (OEA)? Quel rôle celle-ci a-t-elle joué?</strong></p> <p>Le président Castillo a envoyé une lettre pour convoquer la Communauté d'Etats latino-américains et caraïbes (CELAC) et discuter de la question lors de sa prochaine session. Nous espérons que la condamnation du coup d'Etat et la détention arbitraire du Président constitutionnel auront pu être mises à l'ordre du jour (la session a eu lieu les 23 et 24 janvier sans résultat connu au moment où nous rédigeons, <em>nda</em>). M. Castillo est kidnappé par la dictature de Boluarte et les forces armées. </p> <p>En ce qui concerne l'OEA, le Président avait demandé en octobre et novembre 2022 qu'une mission se rende dans le pays. Malheureusement, c'est une organisation dirigée par M. Luis Almagro, qui a soutenu les processus de déstabilisation dans la région, comme le coup d'Etat contre le président bolivien Evo Morales en 2019. La partialité de l'OEA est telle que le jour même où mon mandant, l'ONG Red Nacional de Derechos Humanos, a été emprisonné, la Commission interaméricaine (CIDH) a demandé des mesures très, très prudentes pour garantir les droits humains et cesser la détention arbitraire de M. Castillo.</p> <p>Mais après plus de 45 jours, cet organe est resté silencieux alors que les droits de l'homme de mon client continuent d'être violés. Le 21 décembre, à l'occasion de la visite technique de la CIDH au Pérou, au lieu d’insister auprès des médias pour qu'ils les accompagnent dans leur visite au Président, ils se sont rendus au centre de détention de Barbadillo à sept heures du matin sans ma présence en qualité d’avocat, au prétexte que mon client leur aurait indiqué que je serais averti si la visite avait lieu.</p> <p>Le rapport préliminaire de la CIDH ne mentionne pas la détention arbitraire de mon client, ni l’interdiction de s’adresser aux médias. Le rôle que joue cet organe est honteux. Cependant, nous continuerons d’insister jusqu'à ce que justice soit faite. Je suis convaincu que le coup d'Etat au Pérou répond à une stratégie du Commandement Sud (SouthCom) et du Département d'Etat états-unien visant à réactiver le plan Condor, renforcé par de nouvelles stratégies pour déstabiliser les gouvernements progressistes et pour s'emparer des ressources naturelles de la région. </p> <p>Le coup d'Etat contre Evo Morales en 2019, le siège que subit le président bolivien Luis Arce par des groupes fascistes, la tentative de coup d'Etat au Brésil et les tentatives de discrédit politique contre la camarade Cristina Fernández de Kirchner en Argentine ne sont pas des coïncidences. Ces nouveaux processus de déstabilisation s'accompagnent non seulement de l’aide des forces armées mais aussi de mesures coercitives des pouvoirs judiciaires et de coups d'Etat parlementaires sous l'influence des partis politiques d'extrême droite, partis qui reçoivent des financements de l'USAID (Agence des Etats-Unis pour le développement international, <em>ndlr</em>).</p> <p><strong>Qu'attendez-vous du public et des Etats européens et nord-américains? Du Conseil des Droits de l'Homme à Genève? Que peut faire la Suisse, qui héberge le Conseil des Droits de l’Homme à Genève?</strong> </p> <p>Mon client attend que justice soit faite et qu’on lui rende sa liberté. Les crimes qui lui sont imputés sont politiques et résultent d’un processus judiciaire biaisé en faveur du Congrès et de l'usurpatrice Dina Boluarte. Nous attendons davantage de solidarité avec le Pérou de la part de la communauté internationale. Il ne suffit pas de dénoncer les réseaux, il faut agir et exiger que les gouvernements condamnent la dictature actuelle et les violations des droits de l'homme et fassent libérer le président Castillo.</p> <p>L'Europe doit arrêter la vente d'armes et de matériel répressif à la dictature actuelle. Ce matériel est utilisé contre la population civile. L'Espagne est le principal fournisseur et ces armes sont utilisées par l'armée et la police contre les manifestatants.</p> <p>En ce qui concerne le Conseil des Droits de l'Homme des Nations unies (CDH), le Président, après son arrestation, a envoyé une lettre à cet organe qui était présidé par l'Argentine. Je l'ai apportée à l'ambassade d'Argentine à Lima et nous l'avons envoyée par courrier électronique à la mission accréditée à Genève. Malheureusement la demande n'a pas été traitée et nous n’en connaissons pas les raisons. Dans cette lettre, le Président a demandé la convocation d'une session urgente du CDH pour discuter de la situation au Pérou et approuver une mission internationale pour la détermination des faits concernant la violation des droits de l'homme. Ce mécanisme est sous l'autorité du CDH. Nous sommes conscients que le bureau de Boluarte travaille avec la Mission à Genève afin que ce processus n’avance pas. (Il s’agit des organes d'établissement des faits du HCDH mandatés par le Conseil des Droits de l'Homme (ohchr.org)).</p> <p>Du 18 au 20 janvier, une mission du Haut-Commissariat aux Droits de l'Homme (HCDH) basée à Genève s'est rendue au Pérou. Le Président a publié sur son compte Twitter et relayé par différents médias une lettre demandant que cette équipe du HCDH lui rende visite. Mais ils ont ignoré la demande. Il est inquiétant de constater que la mission de l'ONU dirigée par M. Cristian Salazar, procède avec sélectivité, contredisant la charte de l'ONU et ne répondant pas à la demande du président Castillo désirant qu’on lui rende visite en prison.</p> <p>Le 26 janvier prochain, le Pérou doit être soumis à l'Examen Périodique Universel, durant lequel le CDH procède à une évaluation générale de la situation du pays et de ses progrès dans le domaine des droits de l'homme. Nous demandons que les Etats élèvent la voix et dénoncent la violation des droits de l'homme au Pérou et l'enlèvement du président Castillo. Le CDH ne peut pas cohabiter avec des gouvernements terroristes comme celui de Dina Boluarte.</p> <p>De cette évaluation devrait découler une résolution du Conseil des Droits de l'Homme condamnant la violation des droits de l'homme et l'approbation d'une mission internationale d'enquête. Je le répète, le lobbying exercé par la mission péruvienne à Genève, avec les principaux alliés de la dictature, bloque toute résolution condamnant les crimes contre l'humanité du gouvernement <em>de</em> <em>facto</em>.</p> <p>Par ordre du Président, nous avons créé le Comité pour la Libération du Président Pedro Castillo Terrones, afin de présenter son cas dans les instances nationales et internationales pour sa libération. Cette organisation est coordonnée par le député Pasión Davila avec le soutien de plusieurs personnes qui ont soutenu le président Castillo.</p> <p>Concernant la Suisse, il est inquiétant que le conseiller fédéral suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, ait rencontré à Davos le chancelier du gouvernement péruvien <em>de facto</em>, légitimant ainsi un gouvernement qui contredit la tradition démocratique suisse. La société suisse est un exemple de démocratie avancée et je pense que les citoyens suisses ne seraient pas heureux que leur gouvernement reconnaisse et soutienne un gouvernement impliqué dans des crimes contre l'humanité.</p> <p>La Suisse entretient des relations étroites avec le Pérou, plus étroites que beaucoup ne l'imaginent, son principal intérêt étant le secteur minier. Selon la presse, ces dernières années, les raffineries d’or suisses ont eu comme fournisseurs importants des entreprises péruviennes telles que Minersur, Minera Laytaruma, La Arena, Compañia Minera Caraveli, Minera Confianza, Tulin Gold, Minera IRL, Comercializadora Tambo Real, entre autres.</p> <p>Je voudrais citer le célèbre chercheur suisse Mark Pieth dont le nouveau livre <em>Laundering Gold</em> met en évidence la manière dont les sociétés susmentionnées opèrent dans l'achat d'or dans le monde entier.</p> <p>Dans ce sens, notre appel à la société suisse est d'exiger que son gouvernement ait une attitude plus cohérente envers la démocratie et les droits de l'homme. Il est encore temps de renverser la politique étrangère erronée de soutien à la dictature de Boluarte. La Suisse est membre du Conseil de sécurité. Elle a commencé son mandat cette année et peut soumettre une demande d'enquête internationale sur les violations des droits de l'homme. Elle devrait être intéressée non seulement par l'or du Pérou, mais aussi par les mauvais traitements infligés à son peuple.</p> <p><strong>Selon vous, quelles sont les mesures les plus urgentes pour rétablir une démocratie effective au Pérou? Et comment lutter pour réduire les immenses inégalités qui minent la société péruvienne (et latino-américaine) et provoquent des violences sociales et politiques?</strong></p> <p>Dans son programme de campagne électorale, le président Castillo a proposé, en cas de victoire, de convoquer une constituante au Pérou pour refonder l'Etat, en suivant un processus démocratique et participatif. La Constitution actuelle, comme on l’a vu, est le fruit de la dictature de Fujimori en 1992. C'est une Constitution qui limite les actions de l'Etat et ne garantit pas l'Etat de droit ni la répartition équitable des richesses dans le pays. C'est une Constitution néolibérale qui protège les oligopoles et le petit groupe qui s’est historiquement enrichi au Pérou. Le peuple appelle à une nouvelle Constitution. On peut entendre cet appel dans les rues ou sur les réseaux sociaux. Mais malheureusement les patrons des médias au Pérou ne l’écoutent pas car ils obéissent aux intérêts de la dictature. </p> <p>Le principal instrument juridique et social est la Constitution, qui est un pacte social, qui recueille le sentiment, la définition et l'identité du peuple. La droite péruvienne s'est consacrée à semer la peur en disant que l'Assemblée constituante est un processus communiste ou résultant d’un système oppressif. Ce n'est pas ça. En fait, le fujimorisme a peur de la participation de la population aux prises de décision et au pouvoir de l'Etat, de reconnaître des droits qui ont été historiquement niés, comme ceux des communautés indigènes qui, selon le recensement de la population de 2017, comptent plus de 5'771'885 personnes (sur 34 millions d’habitants, <em>nda</em>).</p> <p>A ce propos, la Suisse est un bon modèle, avec son système de participation populaire aux prises de décision. Le peuple est fréquemment consulté, pour le budget et les politiques publiques. C’est un élément que l'on cherche à intégrer à travers l'Assemblée constituante. Le régime qui gouverne aujourd’hui le Pérou craint les élections et la volonté populaire et c'est pourquoi il réforme expressément la Constitution sans la soumettre au vote, en ajustant le texte constitutionnel à sa convenance, au mépris du droit.</p> <p>Les ressources naturelles sont pillées par l'industrie minière en toute impunité. Le président Castillo aurait dû signer le renouvellement de plus de cinquante grandes concessions minières et zones stratégiques, alors qu’il souhaitait une plus grande régulation de ce secteur et avait stoppé le processus de renouvellement dans l’espoir d’ajuster les contrats et de soumettre ce secteur à une plus grande tutelle de l'Etat et à des ajustements fiscaux qui profitent au développement des collectivités locales. Ce secteur n'aimait pas ça et a conspiré financièrement pour le renverser. (Voir «Pedro Castillo affirme qu'il obligera les sociétés minières à renégocier les contrats et que, si elles ne le veulent pas, "d'autres viendront" – Energiminas.» et «Pedro Castillo affirme que les Etats-Unis sont à l'origine de l'utilisation de l'armée lors des manifestations au Pérou - 16.12.2022, Sputnik Mundo (sputniknews.lat).»</p> <p>Le Congrès ouvrirait la voie à la paix et au dialogue en répondant aux demandes du peuple. Celles-ci sont au nombre de quatre, d’égale importance, à savoir la démission de Dina Boluarte; l’élection d'un nouveau bureau du Congrès; la convocation d’une Assemblée constituante et la libération du président Castillo.</p> <p>Durant la phase intermédiaire, un gouvernement de transition serait formé avec la participation du président Castillo.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'comment-on-m-a-jete-en-prison-entretien-avec-le-president-peruvien-pedro-castillo-et-son-avocat', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 481, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 5708, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Guy Mettan', 'description' => 'Fin décembre, j’ai été mis en été contact avec l’ONG Red Nacional de Derechos Humanos basée à Caracas et Madrid pour réaliser une interview avec le président élu péruvien Pedro Castillo, emprisonné depuis le 7 décembre. 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La stratégie de blocage du Congrès et les pressions politiques ont produit 70 changements de ministres en douze mois, signe clair d’un harcèlement contre le président Castillo et les 70 initiatives législatives qu’il a initiées, parmi lesquelles une réforme agraire prévoyant la remise d’une dette sociale qui aurait profité à plus de deux millions de frères paysans, une réforme universitaire qui aurait garanti l'accès universel et gratuit à l'enseignement supérieur, des réformes fiscales pour collecter les impôts dans les secteurs économiques ayant historiquement joui de privilèges fiscaux injustifiés. Dans aucun de ces cas, il n'a pu obtenir le vote de confiance du Congrès, créant une situation qui a bloqué le budget pour développer les réformes et les programmes pour lesquels il a été élu. </p> <p>Il y a aussi eu des pressions du secteur minier, une branche économique stratégique, qui a fait pression pour renouveler plus de cinquante concessions d'exploitation minière qui arrivaient à échéance en 2023. Le Président avait ordonné une révision de ces contrats afin qu’ils tiennent davantage compte de la justice sociale et que ces sociétés paient des impôts ajustés à la réalité du pays et à leurs profits, afin d’avoir un impact positif sur le développement de la population et de tenir compte des principes de la protection de l'environnement et du respect des droits de nos frères indigènes.</p> <p>Cette volonté a mis mal à l'aise le secteur minier qui entend continuer à exploiter les ressources naturelles du Pérou en toute impunité et sans aucun contrôle de l'Etat. La perte due à ces schémas fiscaux annuels a été estimée à 2,5 milliards de dollars pour les recettes publiques, sans compter l'exploitation minière illégale. La déforestation dont souffrent les ressources naturelles est féroce. 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Les explications que nous avons en Europe n’étaient pas très précises et souvent biaisées en faveur de la nouvelle Présidente.</strong></p> <p>Le 7 décembre, mon client, Pedro Castillo Terrones, avait une audience à la Commission de la constitutionnalité pour présenter sa défense face à la procédure de destitution qui avait été entamée contre lui. La session plénière du Congrès avait été convoquée pour 15h00. Ce même jour vers 10h30 le Président a délivré un message à la nation, dans lequel il a décrit les faits et présenté les arguments juridiques pour dissoudre le Congrès en vertu de l’article 134 de la Constitution, de façon à lever le blocage du pouvoir législatif contre le pouvoir exécutif.</p> <p>L’article 134 est très clair: «Le président de la République est habilité à dissoudre le Congrès si celui-ci a censuré ou refusé sa confiance à deux Conseils des ministres. Le décret de dissolution contient l'appel aux élections pour un nouveau Congrès. 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De façon tout à fait irrégulière, la majorité de droite du Congrès a approuvé la destitution, sans enquête préalable, violant son droit à la défense et en contrevenant aux dispositions de l'article 89 du Règlement du Congrès de la République, qui fixe les procédures à suivre, et sans respecter le droit d’immunité dont le Président jouit en vertu de son investiture à la tête de l'Etat. Toute la procédure constitutionnelle a été bafouée par la majorité qui contrôle le Congrès.</p> <p>«Ils ont suivi une procédure non valide dans le seul but d'approuver la destitution du Président sans se conformer aux procédures d'enquête constitutionnelle par la Commission de constitutionnalité, ni respecter mon droit à la légitime défense, ni attendre les conclusions du rapport de la commission <em>ad hoc</em>, dans le seul but de faire avancer la procédure de destitution, en violant mon droit à un examen circonstancié de mon cas et mes prérogatives en ma qualité de Président en exercice», déclare M. Castillo.</p> <p>Le Président a été arrêté alors qu'il sortait du palais du gouvernement, sur ordre verbal du procureur national. Le chef de l'Etat a été détenu sans autorisation préalable de levée de son immunité et en violant son droit à notifier que son arrestation était arbitraire, sans décision de justice, sans enquête préalable et alors qu'il était toujours en fonction en tant que Président constitutionnel. On a donc violé la doctrine du Groupe de travail des Nations Unies sur les détentions arbitraires.</p> <p><strong>En décembre dernier, il a beaucoup été dit dans les médias européens que vous aviez de fait organisé un coup d'Etat et que la nouvelle Présidente n'avait fait que réagir pour sauver la démocratie que vous menaciez. Comment pouvez-vous répondre à ces critiques?</strong></p> <p>C’est le Congrès qui a lancé le coup d'Etat législatif, en bloquant d'abord le pouvoir exécutif, en créant une crise des institutions démocratiques et enfin en violant la Constitution pour renverser le Président légitime élu. Le Congrès est dirigé par le militaire à la retraite José Williams Zapata, le même qui a fait l'objet d'une enquête en relation avec les massacres d'Accomarca et qui conserve une influence importante dans le haut commandement des Forces armées nationales. Le Congrès a aussi bloqué la politique internationale, en refusant au Président l'autorisation d'assister à des sommets de chefs d'Etat et à des visites officielles. Il lui a refusé une rencontre avec le pape François en octobre 2022 alors qu’il avait reçu une invitation depuis des mois et qu’une tournée en Europe était prévue. Il est clair qu’un coup d'Etat politique a été mené par le Congrès depuis le début du mandat du président Castillo. Ce Congrès est contrôlé par la candidate perdante Keiko Fujimori qui suit les mêmes idéaux que son père, le dictateur Alberto Fujimori. La dissolution du Congrès a été accompagnée par une convocation à de nouvelles élections, sachant que 70% de la population désapprouve son action lors de la journée du 7 décembre dernier.</p> <p>Tout comme le Congrès détient le pouvoir de destituer un Président suivant une procédure établie, il existe aussi un mécanisme de dissolution du Congrès, qui peut être activé lorsque les conditions juridiques sont remplies. C’est pour cette raison que dire que le président Castillo a fait un coup d'Etat est un non-sens juridique. L'oligopole de la presse à Lima se plie aux intérêts économiques dominants et rejoint le concert de la désinformation. Pour qu’il y ait coup d'Etat ou rébellion, il faut réunir une série de conditions telles que la violence et un soulèvement armé. Il faut qu’il y ait une organisation de personnes détenant un pouvoir politique et des armes pour que ce but puisse être réalisé. Ce n'est pas le cas.</p> <p>Lorsqu'il a adressé son message à la nation, il n'a à aucun moment appelé à un soulèvement militaire, ni à un soulèvement quelconque contre les pouvoirs de l'Etat. Alors que le coup d'Etat mené par le Congrès a reçu le soutien des hauts commandements militaires qui avaient conspiré contre le président Castillo. Il existe des preuves médiatiques et des enquêtes qui confirment que le coup d'Etat se préparait depuis des semaines en concertation avec l'ambassade des Etats-Unis à Lima, laquelle a rencontré à plusieurs reprises la vice-présidente Dina Boluarte et le ministre de la Défense, préparant la voie au processus de destitution qui avait commencé au Congrès. Plusieurs politiciens opposés au gouvernement du président Castillo ont été reçus à l'ambassade des Etats-Unis, dirigée par une ancienne agente de la CIA. Des vidéos de sécurité ont été publiées à ce sujet. (Cf. «Vijay Prashad, Les Etats-Unis et leur rôle dans le coup d'etat au Pérou», peoplesworld.org)</p> <p><strong>Pouvez-vous décrire la situation du Président en prison, l'absence de droits, le traitement que les autorités judiciaires et pénitentiaires lui ont réservé? Quelles sont les atteintes à ses droits et les violations de la loi constitutionnelle?</strong></p> <p>L’emprisonnement du président Castillo est arbitraire depuis le premier instant où il a été détenu sans ordonnance du tribunal et sans se conformer à la procédure légale. Comme je l'ai déjà dit, il s’agit d’une procédure entachée d’illégalité et qui résulte d’un complot entre le procureur national et le pouvoir judiciaire. Aujourd'hui, il n'y a plus d'Etat de droit mais un système judiciaire axé sur les pouvoirs économiques et la politique dictée par Fujimori. La mesure conservatoire de privation de liberté est un fait en soi, un acte considéré comme un préjugement, sans présentation d'actes concluants par le ministère public, en contradiction avec la jurisprudence de la Cour interaméricaine et du Groupe de travail sur les détentions arbitraires de l'ONU.</p> <p><strong>Son incarcération a provoqué une très forte réaction populaire avec de nombreuses manifestations, beaucoup de violences et des dizaines de morts. Pourquoi ces violences? Que pensez-vous de cette situation? Que dites-vous aux personnes qui vous soutiennent: comment réduire le niveau de violence?</strong></p> <p>Le soutien du peuple au président Castillo est significatif et authentique. Le peuple exige sa libération. Comme je l'ai déjà dit, le Congrès bénéficie d'un taux de désapprobation de plus de 85% de la population. En d'autres termes, il n'a pas de soutien populaire. Evidemment, le Président m'a dit qu'il était préoccupé par la répression contre les manifestations. Il y a des infiltrés qui ont créé le chaos. Le Président rejette toute violence, la voie doit être démocratique et pacifique, et sans répression dans les rues. En fait, la majorité des personnes réprimées sont nos frères indigènes, les communautés rurales et paysannes, historiquement marginalisées, discriminées et criminalisées en tant que terroristes grâce à une campagne organisée pour stigmatiser les manifestations et souvent pour procéder à des exécutions sommaires (56 morts à ce jour, <em>nda</em>).</p> <p><strong>Y a-t-il aussi une forte réaction de pays amis comme l'Argentine, la Bolivie ou le Mexique? Attendez-vous le soutien d'autres pays d'Amérique latine? De l'Organisation des Etats américains (OEA)? Quel rôle celle-ci a-t-elle joué?</strong></p> <p>Le président Castillo a envoyé une lettre pour convoquer la Communauté d'Etats latino-américains et caraïbes (CELAC) et discuter de la question lors de sa prochaine session. Nous espérons que la condamnation du coup d'Etat et la détention arbitraire du Président constitutionnel auront pu être mises à l'ordre du jour (la session a eu lieu les 23 et 24 janvier sans résultat connu au moment où nous rédigeons, <em>nda</em>). M. Castillo est kidnappé par la dictature de Boluarte et les forces armées. </p> <p>En ce qui concerne l'OEA, le Président avait demandé en octobre et novembre 2022 qu'une mission se rende dans le pays. Malheureusement, c'est une organisation dirigée par M. Luis Almagro, qui a soutenu les processus de déstabilisation dans la région, comme le coup d'Etat contre le président bolivien Evo Morales en 2019. La partialité de l'OEA est telle que le jour même où mon mandant, l'ONG Red Nacional de Derechos Humanos, a été emprisonné, la Commission interaméricaine (CIDH) a demandé des mesures très, très prudentes pour garantir les droits humains et cesser la détention arbitraire de M. Castillo.</p> <p>Mais après plus de 45 jours, cet organe est resté silencieux alors que les droits de l'homme de mon client continuent d'être violés. Le 21 décembre, à l'occasion de la visite technique de la CIDH au Pérou, au lieu d’insister auprès des médias pour qu'ils les accompagnent dans leur visite au Président, ils se sont rendus au centre de détention de Barbadillo à sept heures du matin sans ma présence en qualité d’avocat, au prétexte que mon client leur aurait indiqué que je serais averti si la visite avait lieu.</p> <p>Le rapport préliminaire de la CIDH ne mentionne pas la détention arbitraire de mon client, ni l’interdiction de s’adresser aux médias. Le rôle que joue cet organe est honteux. Cependant, nous continuerons d’insister jusqu'à ce que justice soit faite. Je suis convaincu que le coup d'Etat au Pérou répond à une stratégie du Commandement Sud (SouthCom) et du Département d'Etat états-unien visant à réactiver le plan Condor, renforcé par de nouvelles stratégies pour déstabiliser les gouvernements progressistes et pour s'emparer des ressources naturelles de la région. </p> <p>Le coup d'Etat contre Evo Morales en 2019, le siège que subit le président bolivien Luis Arce par des groupes fascistes, la tentative de coup d'Etat au Brésil et les tentatives de discrédit politique contre la camarade Cristina Fernández de Kirchner en Argentine ne sont pas des coïncidences. Ces nouveaux processus de déstabilisation s'accompagnent non seulement de l’aide des forces armées mais aussi de mesures coercitives des pouvoirs judiciaires et de coups d'Etat parlementaires sous l'influence des partis politiques d'extrême droite, partis qui reçoivent des financements de l'USAID (Agence des Etats-Unis pour le développement international, <em>ndlr</em>).</p> <p><strong>Qu'attendez-vous du public et des Etats européens et nord-américains? Du Conseil des Droits de l'Homme à Genève? Que peut faire la Suisse, qui héberge le Conseil des Droits de l’Homme à Genève?</strong> </p> <p>Mon client attend que justice soit faite et qu’on lui rende sa liberté. Les crimes qui lui sont imputés sont politiques et résultent d’un processus judiciaire biaisé en faveur du Congrès et de l'usurpatrice Dina Boluarte. Nous attendons davantage de solidarité avec le Pérou de la part de la communauté internationale. Il ne suffit pas de dénoncer les réseaux, il faut agir et exiger que les gouvernements condamnent la dictature actuelle et les violations des droits de l'homme et fassent libérer le président Castillo.</p> <p>L'Europe doit arrêter la vente d'armes et de matériel répressif à la dictature actuelle. Ce matériel est utilisé contre la population civile. L'Espagne est le principal fournisseur et ces armes sont utilisées par l'armée et la police contre les manifestatants.</p> <p>En ce qui concerne le Conseil des Droits de l'Homme des Nations unies (CDH), le Président, après son arrestation, a envoyé une lettre à cet organe qui était présidé par l'Argentine. Je l'ai apportée à l'ambassade d'Argentine à Lima et nous l'avons envoyée par courrier électronique à la mission accréditée à Genève. Malheureusement la demande n'a pas été traitée et nous n’en connaissons pas les raisons. Dans cette lettre, le Président a demandé la convocation d'une session urgente du CDH pour discuter de la situation au Pérou et approuver une mission internationale pour la détermination des faits concernant la violation des droits de l'homme. Ce mécanisme est sous l'autorité du CDH. Nous sommes conscients que le bureau de Boluarte travaille avec la Mission à Genève afin que ce processus n’avance pas. (Il s’agit des organes d'établissement des faits du HCDH mandatés par le Conseil des Droits de l'Homme (ohchr.org)).</p> <p>Du 18 au 20 janvier, une mission du Haut-Commissariat aux Droits de l'Homme (HCDH) basée à Genève s'est rendue au Pérou. Le Président a publié sur son compte Twitter et relayé par différents médias une lettre demandant que cette équipe du HCDH lui rende visite. Mais ils ont ignoré la demande. Il est inquiétant de constater que la mission de l'ONU dirigée par M. Cristian Salazar, procède avec sélectivité, contredisant la charte de l'ONU et ne répondant pas à la demande du président Castillo désirant qu’on lui rende visite en prison.</p> <p>Le 26 janvier prochain, le Pérou doit être soumis à l'Examen Périodique Universel, durant lequel le CDH procède à une évaluation générale de la situation du pays et de ses progrès dans le domaine des droits de l'homme. Nous demandons que les Etats élèvent la voix et dénoncent la violation des droits de l'homme au Pérou et l'enlèvement du président Castillo. Le CDH ne peut pas cohabiter avec des gouvernements terroristes comme celui de Dina Boluarte.</p> <p>De cette évaluation devrait découler une résolution du Conseil des Droits de l'Homme condamnant la violation des droits de l'homme et l'approbation d'une mission internationale d'enquête. Je le répète, le lobbying exercé par la mission péruvienne à Genève, avec les principaux alliés de la dictature, bloque toute résolution condamnant les crimes contre l'humanité du gouvernement <em>de</em> <em>facto</em>.</p> <p>Par ordre du Président, nous avons créé le Comité pour la Libération du Président Pedro Castillo Terrones, afin de présenter son cas dans les instances nationales et internationales pour sa libération. Cette organisation est coordonnée par le député Pasión Davila avec le soutien de plusieurs personnes qui ont soutenu le président Castillo.</p> <p>Concernant la Suisse, il est inquiétant que le conseiller fédéral suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, ait rencontré à Davos le chancelier du gouvernement péruvien <em>de facto</em>, légitimant ainsi un gouvernement qui contredit la tradition démocratique suisse. La société suisse est un exemple de démocratie avancée et je pense que les citoyens suisses ne seraient pas heureux que leur gouvernement reconnaisse et soutienne un gouvernement impliqué dans des crimes contre l'humanité.</p> <p>La Suisse entretient des relations étroites avec le Pérou, plus étroites que beaucoup ne l'imaginent, son principal intérêt étant le secteur minier. Selon la presse, ces dernières années, les raffineries d’or suisses ont eu comme fournisseurs importants des entreprises péruviennes telles que Minersur, Minera Laytaruma, La Arena, Compañia Minera Caraveli, Minera Confianza, Tulin Gold, Minera IRL, Comercializadora Tambo Real, entre autres.</p> <p>Je voudrais citer le célèbre chercheur suisse Mark Pieth dont le nouveau livre <em>Laundering Gold</em> met en évidence la manière dont les sociétés susmentionnées opèrent dans l'achat d'or dans le monde entier.</p> <p>Dans ce sens, notre appel à la société suisse est d'exiger que son gouvernement ait une attitude plus cohérente envers la démocratie et les droits de l'homme. Il est encore temps de renverser la politique étrangère erronée de soutien à la dictature de Boluarte. La Suisse est membre du Conseil de sécurité. Elle a commencé son mandat cette année et peut soumettre une demande d'enquête internationale sur les violations des droits de l'homme. Elle devrait être intéressée non seulement par l'or du Pérou, mais aussi par les mauvais traitements infligés à son peuple.</p> <p><strong>Selon vous, quelles sont les mesures les plus urgentes pour rétablir une démocratie effective au Pérou? Et comment lutter pour réduire les immenses inégalités qui minent la société péruvienne (et latino-américaine) et provoquent des violences sociales et politiques?</strong></p> <p>Dans son programme de campagne électorale, le président Castillo a proposé, en cas de victoire, de convoquer une constituante au Pérou pour refonder l'Etat, en suivant un processus démocratique et participatif. La Constitution actuelle, comme on l’a vu, est le fruit de la dictature de Fujimori en 1992. C'est une Constitution qui limite les actions de l'Etat et ne garantit pas l'Etat de droit ni la répartition équitable des richesses dans le pays. C'est une Constitution néolibérale qui protège les oligopoles et le petit groupe qui s’est historiquement enrichi au Pérou. Le peuple appelle à une nouvelle Constitution. On peut entendre cet appel dans les rues ou sur les réseaux sociaux. Mais malheureusement les patrons des médias au Pérou ne l’écoutent pas car ils obéissent aux intérêts de la dictature. </p> <p>Le principal instrument juridique et social est la Constitution, qui est un pacte social, qui recueille le sentiment, la définition et l'identité du peuple. La droite péruvienne s'est consacrée à semer la peur en disant que l'Assemblée constituante est un processus communiste ou résultant d’un système oppressif. Ce n'est pas ça. En fait, le fujimorisme a peur de la participation de la population aux prises de décision et au pouvoir de l'Etat, de reconnaître des droits qui ont été historiquement niés, comme ceux des communautés indigènes qui, selon le recensement de la population de 2017, comptent plus de 5'771'885 personnes (sur 34 millions d’habitants, <em>nda</em>).</p> <p>A ce propos, la Suisse est un bon modèle, avec son système de participation populaire aux prises de décision. Le peuple est fréquemment consulté, pour le budget et les politiques publiques. C’est un élément que l'on cherche à intégrer à travers l'Assemblée constituante. Le régime qui gouverne aujourd’hui le Pérou craint les élections et la volonté populaire et c'est pourquoi il réforme expressément la Constitution sans la soumettre au vote, en ajustant le texte constitutionnel à sa convenance, au mépris du droit.</p> <p>Les ressources naturelles sont pillées par l'industrie minière en toute impunité. Le président Castillo aurait dû signer le renouvellement de plus de cinquante grandes concessions minières et zones stratégiques, alors qu’il souhaitait une plus grande régulation de ce secteur et avait stoppé le processus de renouvellement dans l’espoir d’ajuster les contrats et de soumettre ce secteur à une plus grande tutelle de l'Etat et à des ajustements fiscaux qui profitent au développement des collectivités locales. Ce secteur n'aimait pas ça et a conspiré financièrement pour le renverser. (Voir «Pedro Castillo affirme qu'il obligera les sociétés minières à renégocier les contrats et que, si elles ne le veulent pas, "d'autres viendront" – Energiminas.» et «Pedro Castillo affirme que les Etats-Unis sont à l'origine de l'utilisation de l'armée lors des manifestations au Pérou - 16.12.2022, Sputnik Mundo (sputniknews.lat).»</p> <p>Le Congrès ouvrirait la voie à la paix et au dialogue en répondant aux demandes du peuple. Celles-ci sont au nombre de quatre, d’égale importance, à savoir la démission de Dina Boluarte; l’élection d'un nouveau bureau du Congrès; la convocation d’une Assemblée constituante et la libération du président Castillo.</p> <p>Durant la phase intermédiaire, un gouvernement de transition serait formé avec la participation du président Castillo.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'comment-on-m-a-jete-en-prison-entretien-avec-le-president-peruvien-pedro-castillo-et-son-avocat', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 481, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 5708, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4888, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Le Donbass, au cœur de la guerre mémorielle', 'subtitle' => 'Entre Russie et Occident, entre Ukrainiens de Kiev et ex-Ukrainiens redevenus Russes, la bataille n'est pas seulement militaire, elle est aussi mémorielle. 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On fait semblant d'oublier que le camp de la mort de Treblinka était dirigé par une vingtaine de SS allemands et que l'extermination y était assurée par une centaine de gardiens ukrainiens et lituaniens.</p> <p>La célébration de l'Holodomor, du nom que les Ukrainiens donnent à la famine déclenchée par Staline contre la paysannerie en 1932, est un exemple typique de ces omissions volontaires. Elle attribue ce massacre par la disette aux seuls Russes et fait des Ukrainiens ses uniques victimes alors qu'il a aussi touché le sud de la Russie et le Kazakhstan et qu'il a été orchestré par un Géorgien, Staline, et exécuté par un Polonais, Kossior, qui dirigeait l'Ukraine à cette époque.</p> <p>Tous les jours des monuments sont abattus et d'autres édifiés à leur place, en catimini, dans le silence des médias occidentaux. Cette réécriture de l'histoire et cette guerre mémorielle n'ont pas échappé aux gens du Donbass, qui, fidèles à leur devise «Ne jamais oublier, ne jamais pardonner», réagissent en redoublant de foi commémorative et de monuments aux héros tombés sur le champ d'honneur.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950996_capturedcran2024042411.28.54.png" class="img-responsive img-fluid center " width="529" height="716" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>«Ne jamais oublier, ne jamais pardonner». Monument commémorant le massacre de la communauté juive de Lugansk. © G.M.</em></h4> <p>Le mémorial le plus troublant est sans doute celui du Puits de Mine 4/4 Bis à Donetsk. Je n'en avais jamais entendu parler et vous non plus je présume. Il ne figure dans aucun de nos livres d'histoire et il est introuvable sur Wikipedia. Or on estime que 75'000 à 102'000 personnes y ont été massacrées entre fin 1941 et 1943, soit deux fois à trois fois plus qu'à Babi Yar. L'ensemble de la communauté juive de la ville (appelée Stalino à l'époque) a été jetée dans cette fosse, ainsi que des dizaines de milliers de civils. Ce mémorial, ignoré par le gouvernement de Kiev après 1991 parce qu'il dérangeait le récit officiel et ne concernait que les russophones de l'est du pays, est en voie de réhabilitation depuis l'an dernier. Il suffit de se rendre sur ce site pour comprendre pourquoi les habitants du Donbass se sont soulevés en avril 2014 lorsque le régime issu de Maidan a voulu bannir leur langue et a envoyé les héritiers de leurs bourreaux pour les réprimer. </p> <p>On peut détruire les monuments mais pas le souvenir.</p> <p>A 70 kilomètres de Donetsk, dans la province de Horlivka, le monumental cénotaphe de Savur-Mohila est un autre témoignage des batailles du dernier siècle, érigé au sommet de la colline la plus haute du Donbass, sur l'emplacement de l'un des grands chocs de la Seconde guerre mondiale, qui eut lieu en juillet-août 1943, en même temps que la fameuse bataille de chars de Koursk qui devait briser la Wehrmacht. Une allée d'escaliers avec une immense flèche y avait été édifiée en 1963. 70 ans plus tard, en août 2014, la colline a fait l'objet d'une âpre bataille de position entre séparatistes et soldats kiéviens, avant d'être définitivement reprise par les républicains de Donetsk emmenés par leur prestigieux chef Alexandre Zakhartchenko. Les combats l'avaient saccagée. Après 2022, Poutine l'a fait reconstruire pour commémorer les deux guerres, la Grande Guerre patriotique de 1941-1945 et celle de la libération du Donbass de 2014-2022. De chaque côté de l'allée, de grandes stèles sculptées célèbrent les héros morts pour la liberté du Donbass entre 1941 et 2022.</p> <p>Mais c'est sans doute à Lougansk que ce choc mémoriel est le plus intense. J'y suis accueilli par Anna Soroka, historienne et combattante dans les régiments de la République dès 2014. Le premier monument commémore les 67 enfants tués par les miliciens ukrainiens des bataillons néonazis Kraken et Aïdar qui ont tenté de prendre la ville en 2014 et l'ont bombardée jusqu'en 2022. Il a été construit au milieu d'un parc qui sert de jardin d'enfants. Plusieurs gosses y ont été tués par un bombardement ciblé des Ukrainiens, les bâtiments avoisinants n'ayant pas été touchés. </p> <p>Les enfants sont en effet l'objet d'une guerre de l'information sans merci dans les deux camps. Les Ukrainiens ont déposé plainte pour crime de guerre contre les Russes et la Cour pénale internationale a inculpé Vladimir Poutine et la responsable russe de l'enfance pour kidnapping d'enfants ukrainiens. La propagande occidentale reprend en boucle ces accusations, au cinéma – le documentaire <em>ad hoc</em> vient de recevoir un Oscar – et dans les médias. Lesquels oublient naturellement de répercuter le point de vue des habitants du Donbass, pour lesquels ce sont les Ukrainiens qui prennent les enfants en otage. Il existe en effet en Ukraine une organisation de volontaires, appelés les Anges Blancs, calquée sur le modèle des fameux Casques Blancs syriens qui, on s'en souvient, étaient loin d'être des secouristes neutres et agissaient en fait pour le compte des groupes djihadistes. </p> <p>Ces détachements d'Anges Blancs (White Angels) ont été formés dès février 2022 par un certain Rustam Lukomsky. La presse anglo-saxonne les a mentionnés à quelques reprises. Pour ceux du Donbass, leur but consiste à forcer les parents des zones du front à se séparer de leurs enfants sous prétexte de les protéger. Les enfants sont donc isolés de leurs parents et «mis en sécurité» à l'arrière, où ils sont dès lors utilisés comme moyens de chantage contre leurs familles. Celles-ci se trouvent déchirées entre deux choix aussi insupportables l'un que l'autre: soit elles abandonnent leurs foyers pour rejoindre leurs enfants, soit elles y restent en se voyant forcées de collaborer avec l'armée ukrainienne qui les invite à dénoncer ou à saboter les mouvements de l'armée russe. On imagine la détresse des parents confrontés à un tel chantage. Des témoignages, comme ceux d'Olga V. Zubtsova de Bakhmut et d'Igor Litvinov d'Avdievka, confirment cette version des choses. Enfin, d'innombrables rumeurs circulent sur les réseaux sociaux, qui accusent ces prétendus Anges Blancs d'alimenter les réseaux de pédo-criminalité et le trafic d'enfants. Mais cela reste à prouver.</p> <p>Le deuxième monument se trouve dans un bois à la sortie de Lugansk. Comme le Puits de mine No 4 de Donetsk, il commémore le lieu du massacre de la communauté juive de Lugansk (environ 3'000 femmes et enfants essentiellement juifs) et de 8'000 adultes de diverses confessions pendant l'occupation nazie. «On ne peut pas comprendre pourquoi, aujourd'hui, Kiev honore les descendants de ceux qui ont tué tant des nôtres pendant la Deuxième Guerre mondiale», dit Anna Soroka. Abandonné aux ronces depuis 1991, le site a fait l'objet d'une restauration récente. Il ne figure pas sur nos applications de recherche. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950577_img_4160.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4><em><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950703_img_4161.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></em></h4> <h4 style="text-align: center;"><em>Monument en hommage aux victimes du massacre du Puits de Mine 4/4 Bis à Donetsk. © G.M.</em></h4> <p>Un peu plus loin, de l'autre côté de la route, les autorités de la république ont érigé un vaste mémorial en l'honneur des combattants et des civils tués par la guerre de 2014-2022. Près de 400 tombes sont alignées de part et d'autre de l'allée qui mène de la statue inspirée de Rodin près de l'entrée, à la flèche centrale et à la chapelle ardente. On s'arrête près de la tombe d'Ivan Selikhov. Anna a personnellement connu la plupart des personnes enterrées ici. Le 5 mai 2014, Ivan a été sorti de sa maison et exécuté pour l'exemple d'une balle dans la tête par les milices, parce que son fils s'était engagé auprès des républicains. Ses voisins avaient d'abord dû l'inhumer dans son jardin. Le site se trouve sur les lieux mêmes de la bataille et rend hommage aux 397 «victimes de l'agression ukrainienne» de cet été-là, ouvriers, creuseurs de tranchées, instituteurs, écoliers, médecins, infirmières, patients frappés par le bombardement de leur école et de leur hôpital (169 morts).</p> <p>En revenant en ville, nous passons devant le grand monument aux soldats soviétiques qui ont libéré la ville en 1943 et devant un char ukrainien décoré de fleurs posé sur un socle de béton en bordure de l'autoroute: les habitants du quartier l'ont posé là pour rappeler que ce char avait bombardé leurs maisons il y a dix ans. En contrebas, un champ toujours jonché de mines est fortement déconseillé aux promeneurs.</p> <p>Le dernier monument de ce tour de ville funèbre est sans doute le plus emblématique du destin tragique du Donbass durant ces dernières cent années. Il s'agit du mémorial de Hostra Mohyla posé sur une petite colline au sud-est de la ville. Plusieurs monuments de facture diverse y rappellent le souvenir des diverses communautés rayées de la carte au fil des décennies. Mais le plus grand, qui coiffe le sommet du complexe, donne la clé de la psychologie des habitants de la région. Il présente quatre statues géantes de soldats, héros en armes des quatre guerres qui marquent la conscience collective du Donbass: un combattant de la guerre civile, un soldat soviétique de la Grande Guerre patriotique, un militant de la résistance anti-kiévienne de 2014-2018, et enfin un combattant de la guerre de libération de l'oblast de 2022 à nos jours.</p> <p>Pour ce site comme pour les autres, malgré sa popularité auprès des habitants, on ne trouve absolument aucune information sur les moteurs de recherche occidentaux. Google et Wikipedia ignorent ou ont banni ces sites de leur répertoire. Seule la Stiftung Denkmal für die ermordeten Juden Europas fournit quelques éléments sur les victimes juives.</p> <p>On comprend dès lors mieux pourquoi la Russie, et ses nouveaux citoyens des provinces de l'est ukrainien, n'abandonneront jamais leur combat contre Kiev et contre l'Occident sans l'avoir gagné. 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Il ne parlait pas un mot d'anglais et, sans faire de cas de mon russe misérable, il avait invité toute notre délégation à la noce. J'avais fait un petit discours de circonstance en l'honneur de la mariée et de ses parents. Depuis lors, Umar Ikromovitch est devenu un ami pour la vie, que ni la distance ni la fracture linguistique ne sauraient séparer. Une ou deux fois par an, aux fêtes importantes, il m'envoie des messages Telegram. En février, surprise, il me propose de me joindre à lui pour visiter ses réalisations dans le Donbass, dans lequel il n'était encore jamais allé. Umar emploie en effet quelques centaines d'ouvriers dans la région de Moscou et quelques dizaines dans la reconstruction du Donbass.</p> <p>Le 3 avril à trois heures du matin, il m'attendait donc avec Nikita, un de ses amis du ministère de la Défense, à la sortie de l'aéroport de Vnukovo, à Moscou, pour m'embarquer dans le Donbass. Nikita avait préparé le programme et fourni les autorisations nécessaires ainsi qu'un chauffeur aguerri, Volodia. Pendant dix heures d'affilée, avec une courte pause-café dans une station-service qui venait d'ouvrir, nous avons descendu à tombeau ouvert les 1'060 kilomètres de l'autoroute Prigogine qui relie Moscou à Rostov-sur-le-Don, celle-là même que le chef défunt de Wagner avait voulu remonter avec ses chars en juillet dernier.</p> <p>Rien n'est plus simple qu'une autoroute russe. C'est toujours tout droit, il n'y a pas un virage jusqu'à Rostov. Et comme celle-ci est impeccable, à part cinquante kilomètres de travaux peu avant Rostov, le trajet fut rapide et indolore, nous permettant de passer en quelques heures des dernières neiges moscovites aux douceurs du printemps de la mer d'Azov. 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Après Taganrog, la route longe la mer d'Azov et est encombrée par les convois de camions qui vont et viennent du Donbass. Elle est en plein travaux d'élargissement. Les véhicules militaires arborent un V ou un Z bien visibles. Checkpoints et contrôles divers se succèdent avant et après la frontière de la République de Donetsk. Sur les bas-côtés, de longues colonnes attendent la fouille. Grâce à nos laissez-passer, nous voici bientôt en territoire ex-ukrainien. Evgueni, un Russe de Vladivostok engagé volontaire auprès de la République de Donetsk, prend le relais. Il nous servira de guide et d'interprète tout au long de notre séjour. </p> <p>Peu avant midi, nous atteignons les faubourgs de Marioupol et entrons sur le territoire d'Azovstal, totalement dévasté. L'usine n'est plus que cheminées rouillées, entrelacs de tuyaux éventrés et de ferrailles tordues. Une vision d'apocalypse qui évoque immédiatement Stalingrad, l'usine de tracteurs, Vassili Grossmann et le <em>Voyage en Russie</em> de Steinbeck et Capa. Aucune des maisons et des immeubles d'habitation alentour n'a survécu. </p> <p>Le centre-ville a en revanche beaucoup mieux résisté, avec un taux de destruction qu'on peut estimer à cinquante pourcents à première vue. Il est en pleine rénovation. Sur la place centrale, la reconstruction du fameux théâtre – bombardé ou dynamité on ne sait trop – doit être achevée à la fin de l'année. Umar est content: les enfants et les jeunes mères se sont déjà emparés du parc et du terrain de jeux que son entreprise vient d'achever. Les lignes de bus, offerts par la ville de Saint-Pétersbourg, ont été rétablies. Les terrasses de café ont rouvert.</p> <p>Puis nous repartons pour l'ouest de la ville, qui offre un paysage très différent. Tout y est neuf. 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En bordure de mer, une nouvelle académie de la marine accueillera sa première volée de cadets à la rentrée de septembre. Salles de cours, internat, salles de sports, salles d'entrainement, quatre immeubles de verre et d'acier rutilants sont sortis de terre en dix mois. Prévus pour 560 élèves en uniforme de 11 à 17 ans, ils accueilleront principalement des orphelins des deux guerres du Donbass, celle de 2014-2022 et celle de 2022-2024, me dit-on. Six jours d'enseignement par semaine à raison de huit à dix heures par jour, on n'aura guère le temps de s'y ennuyer. A la fin du cursus, les élèves pourront soit parfaire leur formation dans la marine soit entrer dans une université civile.</p> <p>La seconde école est plus classique mais encore plus spectaculaire. C'est un collège expérimental comme on n'en encore jamais vu en Russie (ni en Suisse à ma connaissance). Le design, remarquable, est très étudié. 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Les pistes montent jusqu'à 3'200 mètres et mènent au belvédère qui permet d'embrasser les sommets des Monts célestes qui culminent à 5'000 mètres.</p> <p>Un bon dénivelé, une neige dure mais pas glacée, du soleil en quantité, pas de queue, des abonnements abordables (une vingtaine de francs pour la journée), les conditions de ce début mars étaient bonnes, et même très bonnes. Sur les pistes et dans les restaurants, beaucoup de jeunes surfeurs kazakhs et des Russes de la Sibérie voisine, quelques Chinois et des Indiens venus en curieux ou en voyage de motivation payé par leur entreprise.</p> <p>A une trentaine de kilomètres d'Almaty, la région du parc naturel d'Alatau offre aussi des équipements très complets, sur des pentes plus boisées qui descendent jusqu'aux fameux vergers de pommiers kazakhs. Il faut savoir que l'ancien nom russe d'Alma-Ata signifie «père des pommes» et qu'Almaty veut dire «pleine de pommes» en langue turcique. 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De là une assez bonne route mène en cinq heures à Karakol, petite bourgade située à l'extrême est du pays, près de la frontière du Sinkiang chinois. Nous sommes toujours sur la branche nord des Monts célestes, qui forment un fer à cheval autour du lac salé d'Issyk-Koul, le plus vaste et le plus haut du monde (1600 mètres d'altitude) après le Titicaca. Ses eaux sont froides mais on peut s'y baigner à toutes saisons, ou presque. </p> <p>Karakol est l'une des vingt-trois stations de ski kirghizes. Située à 1'760 mètres d'altitude, elle est peuplée de quelque 70'000 habitants et d'autant de chevaux. </p> <p>Les Kirghizes sont les rois du cheval, à qui ils peuvent faire faire à peu près n'importe quoi. Un ancien Président kirghize a en effet fondé les Jeux Mondiaux Nomades, qui rassemblent tous les deux ans les peuples de la steppe autour des sports équestres, du tir à l'arc et de diverses joutes qui rappellent nos très suisses luttes à la culotte. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
7 Commentaires
@Clo48 27.01.2023 | 03h14
«Il y a les pour ou contre Castillo, comme il y a la fracture entre la capitale et le reste du pays, surtout après le temps de la corruption du clan Fujimori. Cela dit, qu’a fait Castillo depuis son accession au pouvoir? Mal entouré, au contraire de Keiko Fujimori, jamais le pays n’aura connu autant de mises à l’écart successives de ministres pour corruption, voisinage avec des groupes terroristes ou incompétence. Avec Castillo - tout sauf une victime - c’était la voie ouverte à un nouveau Venezuela avec la résurgence du Sentier Lumineux: l’aurait-on oublié? »
@Apitoyou 27.01.2023 | 08h49
«Merci pour cette mise à niveau de l’information. Pour le peu que la presse « établie » donnait en Suisse, en France, ou ailleurs il était impossible de comprendre la situation politique au Pérou. Malheureusement on distingue bien le rôle maléfique traditionnel des USA dans l’ombre de cet article.»
@DBT 27.01.2023 | 15h17
«Merci M. Mettan pour avoir donné la parole à Pedro Castillo par l'intermédiaire de son avocat. Pour avoir vécu plusieurs années en Amérique latine, je peux confirmer que tous les pays qui souhaitent se libérer de leurs exploitants, souvent locaux mais soutenus principalement par les USA, le Canada et l'Espagne qui défendent les intérêts de leurs entreprises. Clo48 a-t-il pris le temps de lire intégralement l'article car sa réaction est typique des gens seulement informés par la presse mainstream ou une classe dominante corrompue qui profite de la soumission de 80% de la population qui vit dans la pauvreté ?
Je suis écoeuré par les organismes prétenduement protecteurs des droits de l'homme qui ne dénoncent que ceux qui dérangent ou font vaciller l'hégémonie américaine et ses vassaux. Ouvrez les yeux, le monde a tout à perdre en suivant aveuglément les intérêts économiques et militaires d'outre-atlantique.»
@willoft 27.01.2023 | 20h29
«Toute ressemblance ne serait qu'un un pur hasard.
Mais, ça fait quand même penser à la défense de la démocracie euro, via l'Ukranio américano zelenska...!»
@jacques 28.01.2023 | 08h55
«La version donnée par Castillo et son avocat est par définition unilatérale. Elle éclaire peu la réalité des faits. Que la classe politique ait de quoi affliger les Péruviens, c'est certain. Elitaire, corrompue, intriguant, elle-même divisée. L'arrivée à la présidence d'un instituer des hauts-plateaux, moitié indien, qui parle quechua, avait tout pour réjouir, rétablir enfin un équilibre entre les couches populaires et le pouvoir. Mais ce fut un désastre. Castillo s'est montré totalement dépassé, sans aucun sens politique au-delà de la militance de base. A la différence de Boric au Chili et de Petro en Colombie, deux présidents de gauche, le Péruvien est resté enfermé dans de vieux schémas. Il a multiplié des initiatives comme une réforme agraire irréaliste, un combat contre les multinationales minières perdu d'avance. Le Colombien, sur ces mêmes terrains, agit avec une intelligence et une efficacité incomparables. Quant aux événements qui ont précipité le conflit, il faut dire que Castillo a soudainement annoncé la dissolution du Parlement sur un coup de tête, contre l'avis de ses plus proches collaborateurs qu'il a carrément bousculés. Ceux-ci se sont même demandé s'il avait toute sa tête. Ce qui ressemble fort à un coup d'Etat improvisé n'avait aucune chance. Son arrestation est certes discutable, la répression violente des protestations est choquante. Mais voyons la réalité en face. Les groupes mobilisés n'ont aucune proposition concrète sinon celle du chaos. Ils veulent paralyser le pays. Faisant de facto payer le prix de leur turbulence aux plus pauvres. Bloquer les aéroports, comme celui de Cuzco, ne les mettra pas au pouvoir mais ruinera l'économie. Le Pérou ne doit pas devenir un nouveau Venezuela, un pays "révolutionnaire" qu'ont quitté et quittent des millions de personnes pour fuir la misère. Mais que leurs amis se rassurent, Maduro et ses potes se portent fort bien. Pas mal d'entre eux ont même des comptes en Suisse. »
@jacques 28.01.2023 | 09h06
«Dernier développement: le Congrès péruvien a rejeté la proposition de la présidente d'avancer les élections à décembre 2023. Par 65 voix contre 45. Une demande de l'opposition pour sortir de la crise. C'est donc l'impasse, la violence se prolongera. Or l'approvisionnement de plusieurs villes est bloqué par les manifestations, les prix s'envolent. Les appels au dialogue restent sans réponses. »
@Alain Bron 28.01.2023 | 16h53
«Merci pour cet éclairage, même s'il ne prétend pas à l'objectivité.
Ça fait un moment que j'essaie de comprendre ce qui ce passe au Pérou (nième intervention américaine en amsud ou autre chose ?) et ce n'est effectivement pas les informations distillées en Europe qui permettent de se faire une idée.
Un dossier plus complet et équilibré serait utile !»