Média indocile – nouvelle formule

A vif


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Quand une énorme machine grince depuis trente ans, quand ses coûts grimpent et grimpent jusqu’à faire souffrir ses usagers, le bon sens dicterait d’en changer le modèle. En Suisse, non. L’assurance-maladie est un monument écrasant que l’on n’arrive même plus à retaper ici et là. Et si l’on allait voir ailleurs comment cela se passe chez des voisins comparables? Histoire de piquer des idées, de préparer une véritable réforme.



Le malheureux Alain Berset part, comme ses prédécesseurs, sur un aveu d’échec. Il accuse le Parlement, les groupes d’intérêts mais tient dur comme fer au système, déconseille vivement d’en changer. Avis partagé par tous les acteurs de la santé. Car en fait, comme le dit avec audace le président du Centre, Gerhard Pfister, «personne n’a vraiment intérêt à baisser les coûts». Médecins, hôpitaux, cantons, assurances, tout un monde tire profit, à hue et à dia, du colosse tel qu’il fonctionne aujourd’hui. Seuls les assurés contraints de payer râlent, s’indignent. En vain.

Se gargariser dans la conviction d’avoir «le meilleur réseau de soins du monde» – ce qui reste à prouver – ne suffit plus à justifier le statu quo. Le plus cher en tout cas en Europe. Comment cela se passe-t-il dans des pays plus ou moins comparables par la taille et le fonctionnement démocratique? Comme l’Autriche, les Pays-Bas, la Suède, le Danemark et d’autres.

Les systèmes diffèrent. Caisse unique ici, là caisses locales ou associatives régies par la loi. Partout existe aussi la possibilité de compléter l’assurance de base par des complémentaires. Mais toujours, quelques principes posent le cadre. Et ils diffèrent des nôtres.

Partout les assurés paient en fonction de leurs revenus. Quasiment partout les employeurs ajoutent une contribution à celle des salariés, comme cela se passe chez nous pour l’AVS. Partout les pouvoirs publics, à quelque échelon que ce soit, ont pleinement la main sur la machine. Dans le cas, comme celui de l’Autriche par exemple, où il existe de nombreuses caisses locales et professionnelles, la loi définit strictement les règles de fonctionnement. Pas question de les voir s’affronter à coup de marketing, de voir leurs patrons s’attribuer des rémunérations de ministres, pas question de les laisser gérer leurs réserves à leur guise. La concurrence entre elles est un leurre, une aberration.

Caisse unique ou pas, caisse publique ou pas, ce n’est pas forcément le débat. L’urgence est d’amener le principe de justice sociale: chacun paie selon ses moyens. Il est intolérable que la femme de ménage débourse la même prime de base que le milliardaire. Ensuite, pour une vraie sécurité sociale, envisager une contribution de l’employeur. On entend déjà les hauts cris!

Enfin un détail qui n’en est pas un. Partout autour de nous, l’assurance de base couvre les soins dentaires et les lunettes. Quand on voit tant de gens renoncer au dentiste faute de moyens, la Suisse n’a pas de quoi être trop fière de son système.

Ce propos élémentaire, on ne l’entend pas. Nous restons le nez collé sur la machine grinçante sans songer qu’elle pourrait être revue de fond en comble. La gauche préfère soutenir l’initiative «Maximum 10% du revenu pour les primes d’assurance-maladie». Quelques rares voix socialistes commencent à demander enfin que ces primes soit fixées en fonction du revenu. Elles ne sont guère relayées. Pourtant si l’on y songe, ce serait le moyen de soulager enfin les classes moyennes, les plus affectées, le moyen de faire payer une contribution même minime, même symbolique, aux plus défavorisés. Alors qu’aujourd’hui, cantons et Confédération doivent totalement prendre en charge les coûts d’assurance-maladie pour un habitant sur quatre, parfois un sur trois. Rien que pour les cantons romands, 2,8 milliards à cette fin! Au bout du compte, avec les contributions augmentées des plus aisés, les budgets publics pourraient bien sortir gagnants de la petite révolution.

Bien sûr il s’agit aussi de réformer, outre l’assurance, le fonctionnement-même de la galaxie des soins. Eviter les visites médicales qui doublonnent, contenir les prix excessifs des médicaments, etc… On connaît tous ces vœux raisonnables jamais réalisés du fait d’un Parlement paralysé par les lobbies antagonistes et manipulateurs. Sur ce terrain aussi, aller voir ailleurs comment les autres se débrouillent ferait du bien à tous les discoureurs patentés qui opposent, chacun pour soi, leurs prétendues solutions et finalement laissent tout en place. Jusqu’à la prochaine explosion de colère.

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

7 Commentaires

@JoelSutter 29.09.2023 | 10h04

«Bonjour, effectivement, réformer le système, observer ce qui marche mieux autour de nous, c’est ce qu’il faudrait faire.
Mais comment faire bouger le gouvernement, alors qu’une grande proportion de « conseillers » émargent plus ou moins des assurances maladies? Et aussi avec les lobbies qui leur tournent autour, au Palais Fédéral… il faudra y réfléchir d’ici le 22 octobre!
C’est un peu « cliché », mais, en attendant, nous, les habitants, on continue à supporter les augmentations. »


@Spark 29.09.2023 | 10h39

«Qu'ils nous autorisent à nous assurer à l'étranger et là les primes baisseront de 40%»


@RAS 29.09.2023 | 18h57

«Comment le lobbysme a détruit la LAMAL
La loi Lamal fut acceptée en 1994 et adoptée en 1996
Ruth Dreifuss élue au CF en mars 1993 réélues en 1995 et 1998
Elle dirigea le DFI de 1993 à 2002
Dès 2003 Pascal Couchepin Conseiller Fédéral et ancien président de Martigny (1984 à 1998) a siégé dans différents organes du GM, reprend le DFI après Ruth Dreifuss
Initialement, le GM avait ses bureaux à Sion, puis dès 1998 les nouveaux bureaux du GM sont inaugurés à Martigny.
Dès ce changement de direction au DFI les changements de réglementations instaurées par le DFI ont transformé la LAMAL en objet de rentabilité pour certains.
Ruth Dreifuss était opposée à des assemblages de caisse maladie, ainsi qu’à l’obligation de constituer des réserves uniquement pour les caisses de plus de 50'000 assurés.
Ruth Dreifuss était opposée à des regroupements de caisse comme la structure particulière qui se mettais en place dans le cadre du GM
Dès l’arrivée de M.Couchepin, Le DFI a donc accepté le principe d’assemblage de caisse en limitant à plus de 50'000 assurés les caisses ayant l’obligation de faire des réserves, donc pour la structure du GM plusieurs millions d’économie. Ce qui permit au GM dont dix caisses étaient concernées d’atténuer leurs primes.
Autre spécialité, le DFI le 3 juin 2005 M.Couchepin annonçait le retrait, pour le premier juillet de cinq thérapies alternatives des prestations remboursées par l’assurance de base.
Le 6 juin déjà, le GM annonçait la création d’une assurance complémentaire pour les 5 disciplines et déjà le 9 juin la publicité pour ce produit.
M.Couchepin fut mis en cause par différents milieux pour avoir informé son ami Marcel Revaz directeur du GM. Une sous- commission de gestion du Conseil des États à blanchi M.Couchepin.
Il s’en suivit une réaction populaire et des récoltes de signatures ainsi qu’une votation qui permit de réintégrer certaines couvertures annulées. M.Couchepin a laissé à son successeur M.Burkalter le soins de respecter la volonté populaire.
Pour rappel:
Le 17 juin 2005 une interpellation au conseil national par Cécile Bühlmann (groupe des VERT-E-S)
Au cours des semaines passées, plusieurs médias suisses - dont l'hebdomadaire "Facts", dans son édition du 26 mai 2005 - ont parlé du "Groupe de réflexion santé" de l'assureur-maladie qu'est le Groupe Mutuel. Ce groupe de réflexion se composerait de parlementaires des groupes UDC, RL et PDC et il exercerait en tant que lobby une influence considérable sur les débats lors des séances de commissions consacrées à la réforme en cours de la LAMal et, en fin de compte, sur les débats parlementaires. Ce qui pose particulièrement des problèmes, ce sont le montant élevé des honoraires ("Facts" parle de 10 000 francs par séance) et le manque de transparence.
Ces parlementaires qui perçoivent des honoraires aussi élevés se sont mobilisés contre une optimisation de la compensation des risques, position en faveur de laquelle le Groupe Mutuel milite sans ménager ses efforts et qui accentue la désolidarisation dans l'assurance de base. A cela s'ajoute le fait que le conseiller fédéral Pascal Couchepin lui-même n'aurait pas pris en toute indépendance plusieurs décisions - par exemple à propos des médecines complémentaires ou des rabais dans l'assurance de base - à la suite de contacts avec ce groupe de réflexion ou avec le Groupe Mutuel.
A cet égard, je prie le Conseil fédéral de répondre aux questions suivantes :
1. Ce "Groupe de réflexion santé" ou certains de ces membres ont-ils jamais exercé une influence directe sur le Département fédéral de l'intérieur ou, en particulier, sur l'Office fédéral de la santé publique à l'occasion de la révision en cours de la LAMal?
2. Peut-on affirmer que la décision du conseiller fédéral Pascal Couchepin relative à la baisse des rabais possibles dans l'assurance de base a été prise en toute indépendance par rapport au Groupe Mutuel ?
3. Peut-on aussi s'attendre à ce que la discussion sur la compensation des risques se déroule en toute objectivité, en se basant sur les faits, indépendamment des intérêts particuliers d'une seule caisse-maladie comme le Groupe Mutuel ?

07.10.2005
CONSEIL NATIONAL
Discussion reportée
• 09.06.2006
Classé car l’auteur a quitté le conseil
Un peu facile, car actuellement le Groupe de réflexion santé existe toujours.

»


@Zabou 21 01.10.2023 | 12h19

«Cher Monsieur Pilet, il y a une solution pour provoquer l'effondrement de cette machine......: que les 80% des suisses arrêtent de payer leur prime... très utopique me direz-vous ? Les primes ont augmenté de 140% depuis 1996...mais à ce rythme, dans quelques années, qui pourra continuer de payer sa prime n'est-ce pas? »


@Eggi 01.10.2023 | 16h04

«Je ne vois pas comment le fait de répartir d'une autre façon (même en fonction du revenu des assurés) la charge des coûts de la santé les fera baisser...»


@markefrem 01.10.2023 | 20h16

«J'abonde dans le sens évoqué par @EGGI, d'autant en surajoutant d'autres prestations très coûteuses (lunettes, dentiste)»


@stef 03.12.2023 | 19h00

«@Eggi: il n'est plus question de faire baisser les coûts ‼️
Avec le vieillissement de la population et les progrès (coûteux) de la médecine, c'est complètement illusoire.
Non, l'urgence est de rendre supportable le coût des primes à la majorité de la population: la classe moyenne.
Et seule des primes en fonction du revenu peut y parvenir ‼️»


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