A vif / Annie Leibovitz, reine d'Arles
Une tournée américaine des Rolling Stones, comme exposée à la Fondation Luma d'Arles, par Annie Leibovitz. © Luc Debraine (exposition Annie Leibovitz, The Early Years 1970-1983, Archive Project #1)
Chaque jour, un écho des Rencontres de la photographie d’Arles, en Provence. Le festival, en pleine semaine d'ouverture, est marqué comme d’accoutumée par une forte présence suisse. Aujourd’hui, l'exposition titanesque d'Annie Leibovitz à la Fondation Luma, dans la Grande Halle du parc des Ateliers. Un road trip en 3000 photos, avec Mick Jagger ou Norman Mailer au volant.
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Ou l’exercice d’admiration qui consiste à surprendre Robert Frank en train de filmer «Cocksucker Blues».</p><p>Les photos? Du reportage énergique, au plus près de ses sujets, en noir et blanc, rarement en couleur. Une proximité inimaginable aujourd’hui, où la presse est tenue à distance des stars par des cohortes de communicants et des services d’ordre. «Le noir et blanc de ces années-là était l’esquisse préparatoire de ce que j’ai fait plus tard, qui était beaucoup plus formaliste, notait l’autre soir Annie Leibovitz. Mais il était plein de vie. La photo numérique dont je tire aujourd’hui parti est beaucoup moins réelle». Bel aveu de lucidité, tant on peut préférer les débuts rugueux d’Annie Leibovitz à ses portraits hollywoodiens d’aujourd’hui. 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Alors qu’il était dans l’Himalaya, en 1986, dans un monastère reculé (comme dans les romans d’aventure), un groupe de Chinois a débarqué dans le lieu saint. </p><p> «Nous avons engagé la conversation, racontait l’autre jour Michel Comte au téléphone depuis Zurich, où il vient de se réinstaller, ne supportant plus l’Amérique de Trump. C’étaient des scientifiques. Ils m’ont dit que la Chine n’était pas au Tibet pour des raisons politiques ou religieuses. Mais parce que la région était la réserve d’eau de leur pays. Et que cette réserve serait un jour, dans 20 ou 25 ans, menacée par un phénomène climatique : la fonte des glaciers». </p><h3>Le grand-père aviateur</h3><p> Le mauvais augure est tombé dans l’oreille d’un montagnard. Michel Comte a toujours pratiqué la grimpe, la randonnée dans les Grisons, l’échappée vers les sommets. Il a commencé à s’intéresser aux glaciers, dans les Alpes, l’Himalaya, la Colombie-Britanniques, les Andes, le Spitzberg. En trente ans d’observations, de photographies aériennes ou sur le terrain, il a constaté leur recul de plus en plus rapide, désormais alarmant. </p><p>La sensibilisation à ce péril majeur a une autre cause, encore plus ancienne. Enfant, Michel Comte aimait la compagnie de son grand-père, le pionnier de l’aviation suisse Alfred Comte, l’un des co-créateurs de la compagnie Swissair. Le Jurassien (les Comte sont originaires de Courtételle) avait notamment traversé les Alpes en 1914. Il montrait au jeune Michel les photos prises lors du vol, cet été-là. Le cœur du massif était blanc, couvert de glaciers intacts. «Lorsque je suis retourné 100 ans plus tard aux mêmes endroits, également pendant l’été, tout était noir. La glace avait comme disparu», note le photographe. </p><p>Celui-ci a décidé de réagir, à sa manière visuelle, émotionnelle, esthétique. Il expose depuis quelques jours ses photographies prises depuis 30 ans au musée d’art contemporain de Rome, le Maxxi. Michel Comte ne s’inscrit pas dans la tradition de la photo naturaliste ou de paysage, mais dans une appréhension plus personnelle du phénomène climatique. Il alterne les plans larges et serrés, la nuit et le jour, les détails et les structures, le noir & blanc et la couleur, parfois en grande nappe abstraite. </p><h3>Land Art</h3><p>Enveloppé dans une feuille d’aluminium protecteur, grâce à un photomontage, le glacier Aialik en Alaska ressemble à une installation de Land Art. Un genre apprécié depuis longtemps par Michel Comte. Ces dernières années, abandonnant la mode et les portraits, le photographe s’est tourné vers l’art contemporain. Son exposition «Light» au Maxxi est comporte du mapping vidéo, de la sculpture, des sons, des installations, comme ces petites montagnes en glace qui fondent dans une vitrine. </p><p>Dès le 28 novembre, Michel Comte interviendra aussi à la Triennale de Milan, avec une autre installation, cette fois monumentale: «Black Light, White Light». 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Nous avons ainsi droit à la pire photo d’Allen Ginsberg, le poète beat, à n’avoir jamais atterri dans un musée.</p><p> L’exposition Gus Van Sant pourrait ainsi être embarrassante. Surtout que les autres clichés du cinéaste ne rattrapent guère ses Polaroid de casting. Mis à part de beaux agrandissements de portraits noir et blanc, comme celui de David Bowie, ou quelques photos de tournages. Bien heureusement, dans son ensemble, l’exposition travaille à la rédemption de ces images faibles. Elle les insère avec habileté dans une énergie expressive beaucoup plus large, Gus Van Sant étant à la fois réalisateur, peintre, dessinateur, romancier, poète ou musicien. <span style="color: inherit; font-family: "Domaine Disp"; font-size: 2.6rem;"><br></span></p><h3>Pop, beat, rock</h3><p> C’est une présentation chorale, un montage syncopé d’impressions, de mouvements, de désirs qui donne la juste mesure d’un créateur sensible, toujours attentif à l’humain. A partir de là, le visiteur s’y retrouve dans l’audace formelle de Gus Van Sant (65 ans). Son goût des marges, l’acuité de son observation des dynamiques de groupes, sa tendresse et sa violence entremêlées, sa capacité à rendre la psyché d’une époque, la finesse de ses gros plans comme le souffle de ses paysages. Pop, beat, rock, hollywoodien, indépendant ou expérimental, le multinstrumentiste de Portland est un artiste. </p><p>L’exposition est si ample qu’elle joue au passe-muraille. Elle s’étend à la Cinémathèque suisse, à Lausanne toujours, mais aussi dans d’autres villes suisses grâce à une rétrospective inédite de la vingtaine de films de Gus Van Sant, dont plusieurs ont été restaurés. Elle a été présentée pour la première fois l’an dernier à la Cinémathèque française de Paris avant de faire halte au Musée de l’Elysée, cet automne. </p><p>Par l’identité du musée lausannois, le travail photographique de Gus Van Sant est mis en exergue. Alors que dans les faits, il n’est que la partie d’un plus grand tout. Le risque de la surévaluation de ces photographies d’un auteur connu, entouré d’acteurs ou d’artistes qui le sont tout autant, s’atténue de lui-même.</p><h3>Les liens étroits de la photo et du cinéma </h3><p> L’histoire de la relation entre la photo et le cinéma est riche d’exemples fameux. Elle est parfois contaminée par l’égo d’un réalisateur qui, flatté par un musée ou une galerie, se prend aussi pour un bon photographe. Cette complaisance est toutefois est moins pire que celle d’acteurs persuadés d’être la réincarnation de Henri Cartier-Bresson. </p><p>Reste que le cinéma fourmille d’exemples d’excellents réalisateurs - Stanley Kubrick, Robert Frank, Agnès Varda, William Klein, Anton Corbijn ou Spike Jonze - qui ont commencé par être photographes. 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La comparaison ne tourne pas à l’avantage de Gus Van Sant, tant le réalisateur allemand était dans les années 1970-1980 d’une toute autre dextérité avec son appareil à developpement instantané. </p><p>De plus, Wim Wenders ne s’est jamais pris pour un vrai photographe. Il rappelle que le Polaroid, une invention qui fêtera l’an prochain ses 70 ans, était dans sa jeunesse un accessoire de la vie courante, très populaire. Consigner son journal intime dans un carré photosensible à larges marges était la norme du moment. </p><p>Par après, Wenders a oublié ses Polaroid, avant de les redécouvrir, médusé par leur force évocatrice. Pas celle des images en elles-mêmes, ni celle de la nostalgie, mais par la capacité de ces instantanés à faire ressurgir des histoires qui ont conduit à l’acte photographique. Comme une rencontre avec une jeune femme sur la route ou la découverte d’un bar dans un désert de l’ouest américain. 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Mêlant reportage, chronique et portrait, attentif à la société et culture sud-américaines, Gatopardo pratique un journalisme narratif de qualité. </p><p>A preuve le <a href="https://www.gatopardo.com/portafolio/estructura/diseno-suizo/">récent reportage</a> de Rigoberto De La Rocha sur le site web du mensuel: le journaliste a sillonné la Suisse à la recherche du meilleur du design dans le pays, passant de Lausanne à Zurich à la recherche de créativités affirmées, mais aussi différenciées. Une Suisse qui était l’invitée de la récente Design Week de Mexico, où trois expositions lui étaient consacrées. 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Avant de filer à Zurich rencontrer l’éditeur Lars Müller, les deux créatrices des lunettes Sol Sol Ito ou les stylistes de la marque Qwstion et de l’atelier En Soie. </p><p>Ponctué d’impeccables portraits noir & blanc, le reportage de Gatopardo donne la mesure de l’esprit et de l'esthétique soignée du périodique mexicain, à découvrir. </p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'le-design-suisse-vu-du-mexique', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 862, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 520, 'homepage_order' => (int) 530, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 50, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 449, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CULTURE / Photographie', 'title' => 'L'appel de la toundra', 'subtitle' => 'Rencontre avec le naturaliste-photographe Yann Laubscher, surtout avec ses images des confins sauvages de la Russie, exposées à Nyon. 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On en le saura pas, ou pas tout à fait. C’est tout aussi bien. </p><h3>Tangente russe</h3><p><a href="http://www.yannlaubscher.ch/">Yann Laubscher</a> reste vague sur les photographies qu’il expose à la <a href="http://www.focale.ch/">galerie Focale</a>, à Nyon. En le pressant un peu, le jeune Lausannois consent à donner quelques informations. Après un master en sciences naturelles, il a pris la tangente en Russie, dans ses confins ultimes. C'était en 2010. Il s’est joint à ces jeunes gens qui, depuis Saint-Pétersbourg, perpétuent une tradition soviétique. Dans les années 1960, des familles ou groupes d’amis échappaient l’été au régime de plomb en partant dans la nature, le silence, la solitude. </p><p>Des jours et des jours de transsibérien, puis de camion, enfin la Sibérie, le Kamtchatka, l’Oural. L’autarcie, la navigation sur des radeaux, le campement sous tente ou dans les cabanes des chasseurs. Enfin libres. Malgré les moustiques, malgré les ours, malgré le manque de nourriture. </p><br><p>Des jours et des jours de transsibérien, puis de camion, enfin la Sibérie, le Kamtchatka, l’Oural. L’autarcie, la navigation sur des radeaux, le campement sous tente ou dans les cabanes des chasseurs. Enfin libres. Malgré les moustiques, malgré les ours, malgré le manque de nourriture. </p><p>Sur place, Yann Laubscher a commencé à prendre des photos. Il n’y connaissait rien. Mais il a pris goût à cette quête visuelle, à la fois comme protagoniste d’une aventure et son observateur distancié. En rentrant, il s’est inscrit à l’école de photo de Vevey, rédigeant en fin d’étude un mémoire sur les liens entre l’exploration et la photographie. Depuis, le jeune homme continue à se rendre chaque année aux franges inhabitées de la Russie. 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Yann Laubscher travaille à la chambre, trimbalant un trépied de radeau en toundra. Il tire aussi parti d’un Hasselblad moyen format, dont le format carré tient les visages avec fermeté. Comme les films sont parfois endommagés par les aléas des expéditions, certaines des images ont des stigmates, des aberrations lumineuses qui ajoutent au trouble. Rien n’est certain, tout est précaire dans cette évasion sans horizon connu. </p><p>Nous sommes dans le Grand Dehors. 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C’est une exposition «off» plutôt que «in». Elle n’est pas pleinement intégrée au programme officiel des Rencontres d’Arles 2017, mais comme elle est proposée sur place, à la Fondation Luma de Maja Hoffmann, c’est tout comme. Grâce à son Programme d’archives vivantes, Luma a acquis le vaste fonds d’Annie Leibovitz, en particulier les premières années professionnelles de la photographe américaine.
Annie Leibovitz a commencé très jeune, alors qu’elle était encore étudiante à l’Ecole d’art de San Francisco, à travailler pour le magazine Rolling Stone. Influencée par Cartier-Bresson et Robert Frank, elle prend la route en compagnie des ténors du Nouveau Journalisme (Hunter S. Thompson, Tom Wolfe ou Norman Mailer). «J’avais un cadre rectangulaire en guise de regard, complètement obsédée par le désir de prendre des photos», racontait Annie Leibovitz jeudi soir dans le Théâtre antique d’Arles, où elle projetait ses images.
Elle prend la route avec les Rolling Stones, le Grateful Dead, Bruce Springsteen, les Beach Boys, Jefferson Airplane. «Route» n’est pas un vain mot: sur le siège passager, Annie Leibovitz shoote Brian Wilson, Mick Jagger, Peter Falk, Martin Sheen, Wim Wenders, Tommy Lee Jones, Marvin Gaye ou Nick Nolte au volant. «On the road again», le tropisme américain par excellence.
Au plus près de ses sujets
Titanesque, en plus de 3000 photos alignées par rangs serrés, l’exposition est un voyage dans les Etats-Unis des années 1970. C’est un long récit avec un début en compagnie de la naissance d’un magazine rock et une fin à l'orée des 80's. Une histoire entremêlée de photos plus intimes, de ses parents par exemple. Ou l’exercice d’admiration qui consiste à surprendre Robert Frank en train de filmer «Cocksucker Blues».
Les photos? Du reportage énergique, au plus près de ses sujets, en noir et blanc, rarement en couleur. Une proximité inimaginable aujourd’hui, où la presse est tenue à distance des stars par des cohortes de communicants et des services d’ordre. «Le noir et blanc de ces années-là était l’esquisse préparatoire de ce que j’ai fait plus tard, qui était beaucoup plus formaliste, notait l’autre soir Annie Leibovitz. Mais il était plein de vie. La photo numérique dont je tire aujourd’hui parti est beaucoup moins réelle». Bel aveu de lucidité, tant on peut préférer les débuts rugueux d’Annie Leibovitz à ses portraits hollywoodiens d’aujourd’hui. Question de goût.
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Alors qu’il était dans l’Himalaya, en 1986, dans un monastère reculé (comme dans les romans d’aventure), un groupe de Chinois a débarqué dans le lieu saint. </p><p> «Nous avons engagé la conversation, racontait l’autre jour Michel Comte au téléphone depuis Zurich, où il vient de se réinstaller, ne supportant plus l’Amérique de Trump. C’étaient des scientifiques. Ils m’ont dit que la Chine n’était pas au Tibet pour des raisons politiques ou religieuses. Mais parce que la région était la réserve d’eau de leur pays. Et que cette réserve serait un jour, dans 20 ou 25 ans, menacée par un phénomène climatique : la fonte des glaciers». </p><h3>Le grand-père aviateur</h3><p> Le mauvais augure est tombé dans l’oreille d’un montagnard. Michel Comte a toujours pratiqué la grimpe, la randonnée dans les Grisons, l’échappée vers les sommets. Il a commencé à s’intéresser aux glaciers, dans les Alpes, l’Himalaya, la Colombie-Britanniques, les Andes, le Spitzberg. En trente ans d’observations, de photographies aériennes ou sur le terrain, il a constaté leur recul de plus en plus rapide, désormais alarmant. </p><p>La sensibilisation à ce péril majeur a une autre cause, encore plus ancienne. Enfant, Michel Comte aimait la compagnie de son grand-père, le pionnier de l’aviation suisse Alfred Comte, l’un des co-créateurs de la compagnie Swissair. Le Jurassien (les Comte sont originaires de Courtételle) avait notamment traversé les Alpes en 1914. Il montrait au jeune Michel les photos prises lors du vol, cet été-là. Le cœur du massif était blanc, couvert de glaciers intacts. «Lorsque je suis retourné 100 ans plus tard aux mêmes endroits, également pendant l’été, tout était noir. La glace avait comme disparu», note le photographe. </p><p>Celui-ci a décidé de réagir, à sa manière visuelle, émotionnelle, esthétique. Il expose depuis quelques jours ses photographies prises depuis 30 ans au musée d’art contemporain de Rome, le Maxxi. Michel Comte ne s’inscrit pas dans la tradition de la photo naturaliste ou de paysage, mais dans une appréhension plus personnelle du phénomène climatique. Il alterne les plans larges et serrés, la nuit et le jour, les détails et les structures, le noir & blanc et la couleur, parfois en grande nappe abstraite. </p><h3>Land Art</h3><p>Enveloppé dans une feuille d’aluminium protecteur, grâce à un photomontage, le glacier Aialik en Alaska ressemble à une installation de Land Art. Un genre apprécié depuis longtemps par Michel Comte. Ces dernières années, abandonnant la mode et les portraits, le photographe s’est tourné vers l’art contemporain. Son exposition «Light» au Maxxi est comporte du mapping vidéo, de la sculpture, des sons, des installations, comme ces petites montagnes en glace qui fondent dans une vitrine. </p><p>Dès le 28 novembre, Michel Comte interviendra aussi à la Triennale de Milan, avec une autre installation, cette fois monumentale: «Black Light, White Light». 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Nous avons ainsi droit à la pire photo d’Allen Ginsberg, le poète beat, à n’avoir jamais atterri dans un musée.</p><p> L’exposition Gus Van Sant pourrait ainsi être embarrassante. Surtout que les autres clichés du cinéaste ne rattrapent guère ses Polaroid de casting. Mis à part de beaux agrandissements de portraits noir et blanc, comme celui de David Bowie, ou quelques photos de tournages. Bien heureusement, dans son ensemble, l’exposition travaille à la rédemption de ces images faibles. Elle les insère avec habileté dans une énergie expressive beaucoup plus large, Gus Van Sant étant à la fois réalisateur, peintre, dessinateur, romancier, poète ou musicien. <span style="color: inherit; font-family: "Domaine Disp"; font-size: 2.6rem;"><br></span></p><h3>Pop, beat, rock</h3><p> C’est une présentation chorale, un montage syncopé d’impressions, de mouvements, de désirs qui donne la juste mesure d’un créateur sensible, toujours attentif à l’humain. A partir de là, le visiteur s’y retrouve dans l’audace formelle de Gus Van Sant (65 ans). Son goût des marges, l’acuité de son observation des dynamiques de groupes, sa tendresse et sa violence entremêlées, sa capacité à rendre la psyché d’une époque, la finesse de ses gros plans comme le souffle de ses paysages. Pop, beat, rock, hollywoodien, indépendant ou expérimental, le multinstrumentiste de Portland est un artiste. </p><p>L’exposition est si ample qu’elle joue au passe-muraille. Elle s’étend à la Cinémathèque suisse, à Lausanne toujours, mais aussi dans d’autres villes suisses grâce à une rétrospective inédite de la vingtaine de films de Gus Van Sant, dont plusieurs ont été restaurés. Elle a été présentée pour la première fois l’an dernier à la Cinémathèque française de Paris avant de faire halte au Musée de l’Elysée, cet automne. </p><p>Par l’identité du musée lausannois, le travail photographique de Gus Van Sant est mis en exergue. Alors que dans les faits, il n’est que la partie d’un plus grand tout. Le risque de la surévaluation de ces photographies d’un auteur connu, entouré d’acteurs ou d’artistes qui le sont tout autant, s’atténue de lui-même.</p><h3>Les liens étroits de la photo et du cinéma </h3><p> L’histoire de la relation entre la photo et le cinéma est riche d’exemples fameux. Elle est parfois contaminée par l’égo d’un réalisateur qui, flatté par un musée ou une galerie, se prend aussi pour un bon photographe. Cette complaisance est toutefois est moins pire que celle d’acteurs persuadés d’être la réincarnation de Henri Cartier-Bresson. </p><p>Reste que le cinéma fourmille d’exemples d’excellents réalisateurs - Stanley Kubrick, Robert Frank, Agnès Varda, William Klein, Anton Corbijn ou Spike Jonze - qui ont commencé par être photographes. 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Mêlant reportage, chronique et portrait, attentif à la société et culture sud-américaines, Gatopardo pratique un journalisme narratif de qualité. </p><p>A preuve le <a href="https://www.gatopardo.com/portafolio/estructura/diseno-suizo/">récent reportage</a> de Rigoberto De La Rocha sur le site web du mensuel: le journaliste a sillonné la Suisse à la recherche du meilleur du design dans le pays, passant de Lausanne à Zurich à la recherche de créativités affirmées, mais aussi différenciées. Une Suisse qui était l’invitée de la récente Design Week de Mexico, où trois expositions lui étaient consacrées. 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Avant de filer à Zurich rencontrer l’éditeur Lars Müller, les deux créatrices des lunettes Sol Sol Ito ou les stylistes de la marque Qwstion et de l’atelier En Soie. </p><p>Ponctué d’impeccables portraits noir & blanc, le reportage de Gatopardo donne la mesure de l’esprit et de l'esthétique soignée du périodique mexicain, à découvrir. </p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'le-design-suisse-vu-du-mexique', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 862, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 520, 'homepage_order' => (int) 530, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 50, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 449, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CULTURE / Photographie', 'title' => 'L'appel de la toundra', 'subtitle' => 'Rencontre avec le naturaliste-photographe Yann Laubscher, surtout avec ses images des confins sauvages de la Russie, exposées à Nyon. 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On en le saura pas, ou pas tout à fait. C’est tout aussi bien. </p><h3>Tangente russe</h3><p><a href="http://www.yannlaubscher.ch/">Yann Laubscher</a> reste vague sur les photographies qu’il expose à la <a href="http://www.focale.ch/">galerie Focale</a>, à Nyon. En le pressant un peu, le jeune Lausannois consent à donner quelques informations. Après un master en sciences naturelles, il a pris la tangente en Russie, dans ses confins ultimes. C'était en 2010. Il s’est joint à ces jeunes gens qui, depuis Saint-Pétersbourg, perpétuent une tradition soviétique. Dans les années 1960, des familles ou groupes d’amis échappaient l’été au régime de plomb en partant dans la nature, le silence, la solitude. </p><p>Des jours et des jours de transsibérien, puis de camion, enfin la Sibérie, le Kamtchatka, l’Oural. L’autarcie, la navigation sur des radeaux, le campement sous tente ou dans les cabanes des chasseurs. Enfin libres. Malgré les moustiques, malgré les ours, malgré le manque de nourriture. </p><br><p>Des jours et des jours de transsibérien, puis de camion, enfin la Sibérie, le Kamtchatka, l’Oural. L’autarcie, la navigation sur des radeaux, le campement sous tente ou dans les cabanes des chasseurs. Enfin libres. Malgré les moustiques, malgré les ours, malgré le manque de nourriture. </p><p>Sur place, Yann Laubscher a commencé à prendre des photos. Il n’y connaissait rien. Mais il a pris goût à cette quête visuelle, à la fois comme protagoniste d’une aventure et son observateur distancié. En rentrant, il s’est inscrit à l’école de photo de Vevey, rédigeant en fin d’étude un mémoire sur les liens entre l’exploration et la photographie. Depuis, le jeune homme continue à se rendre chaque année aux franges inhabitées de la Russie. Il est aussi naturaliste et éducateur, travaillant à la <a href="http://www.maisondelariviere.ch">Maison de la Rivière</a> de Tolochonaz et au <a href="http://www.jorat.org">Parc naturel du Jorat</a>.</p><h3>Films voilés</h3><p> Sa photographie documentaire a déjà été plusieurs fois récompensée. Je me souviens d’avoir vu ses portraits et paysages russes en 2015 à la BNF de Paris. Yann Laubscher venait de recevoir en France une récompense de la <a href="http://boursedutalent.com">Bourse du Talent</a>. Il a également reçu cette année-là le prix <a href="http://www.prixcameraclara.com/artistes/2015_laubscher.html">Camera Clara</a>, avant d’être le lauréat en 2016 du <a href="https://www.globetrotter.ch/de/1665/Globetrotter-World-Photo-%7C-Yann-Laubscher.htm">Globetrotter World Photo</a>. </p><p>A la galerie Focale de Nyon, les portraits alternent avec les paysages, la couleur avec le noir et blanc, le plan serré avec le plan moyen ou large. 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