Actuel / L’écoterrorisme: fantasme sécuritaire ou danger imminent?
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«Ecoterrorisme». Le mot est lâché de plus en plus souvent par des politiciens au verbe gros et à la pensée confuse. Un petit livre précis, nerveux et intelligent, «La Nuit nous sauvera» de Philippe Ségur, nous dit de quoi il retourne vraiment en matière de terrorisme et de climat.
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Entre deux morceaux – histoire de tenir son public sous courant continu et de laisser ses musiciens souffler un brin –, elle entame des monologues plus ou moins délirants.</p> <p>Celui qu’elle a lancé ce soir-là fera son petit effet. Se glissant dans la peau du président Macron, <a href="https://youtu.be/WYWOnk4oyqQ">elle vaticine</a>: «<i>Je pense que ce que le peuple veut, ce dont le peuple a envie, c'est qu'on m'accroche à vingt mètres du sol telle une piñata<strong><sup>1</sup></strong> humaine géante, et qu'on soit tous ici présents munis d'énormes battes avec des clous au bout comme dans </i>Clockwork Orange (<i>titre original du film </i>Orange mécanique)<i>. 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Aussitôt hérissées sur les réseaux sociaux, les protestations indignées semblaient voir dans ce récitatif lyncheur la marque de notre époque vouée aux incivilités et à la violence.</p> <h3>Les rois de France malmenés en chanson</h3> <p>Pourtant, rien de nouveau sous le soleil de Satan. La chanson fut toujours le véhicule préféré de la provoc’ politique. Sans remonter au Déluge, citons <a href="https://www.periegete.com/sur-lair-du-une-monarchie-absolue-temperee-par-des-chansons-part-2-le-roi-de-france/">les chants pimentés</a> qui enflammèrent les rues de Paris lors de la Fronde. A preuve, cet extrait d’une chanson qui remonte à l’an 1648. 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En France, on serait tenté de paraphraser: tout commence et<i> </i>tout finit par des chansons, même les Rois de droit divin, à l’exemple de cette chanson révolutionnaire qui s’est répandue sur les boulevards à la suite de l’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793: «<i>Le vingt et un janvier/ Sept cent quatre vingt treize,/ Capet, tyran dernier,/ Qu</i>’<i>on nommait Louis Seize,/ A reçu ses étrennes/ Pour avoir conspiré./ Ce fuyard de Varennes est donc guillotiné.»</i></p> <p>Et là pas question de le guillotiner façon Izïa «avec toute la grâce et la gentillesse des gens du Sud»!</p> <h3>Brassens et les pandores</h3> <p>Plus récemment, sous la IVème République française, Georges Brassens n’y est pas allé de main morte avec cette incarnation bleu-marine (n’y voyez aucune allusion malsonnante) de l’Etat qu’est la Gendarmerie Nationale. Rafraichissons les mémoires par quelques extraits de <a href="https://youtu.be/KzmnDy7zzDw">cette chanson intitulée <i>Hécatombe</i></a> qui narre la déconvenue de la maréchaussée aux prises avec les harpies du marché de Brive-la-Gaillarde.</p> <p><i>(…)</i></p> <p><i>En voyant ces braves pandores</i></p> <p><i>Etre à deux doigts de succomber,</i></p> <p><i>Moi, j'bichais, car je les adore</i></p> <p><i>Sous la forme de macchabés.</i></p> <p><i>(…)</i></p> <p><i>Jugeant enfin que leurs victimes</i></p> <p><i>Avaient eu leur content de gnons,</i></p> <p><i>Ces furies, comme outrage ultime,</i></p> <p><i>En retournant à leurs oignons,</i></p> <p><i>Ces furies, à peine si j'ose</i></p> <p><i>Le dire, tellement c'est bas,</i></p> <p><i>Leur auraient même coupé les choses:</i></p> <p><i>Par bonheur ils n'en avaient pas!</i></p> <p><i>Leur auraient même coupé les choses:</i></p> <p><i>Par bonheur ils n'en avaient pas!</i></p> <p>Les rappeurs d’aujourd’hui ont-ils été aussi loin dans leurs diatribes antiflics que le père Brassens en 1952, date de la sortie du disque?</p> <h3>L’«Hécatombe» fait scandale 60 ans plus tard!<b></b></h3> <p>A l’époque, cette chanson était, l’on s’en doute, interdite d’antenne. Mais c’est tout. Il est symptomatique de constater qu’elle n’a intéressé la justice qu’à la nôtre, d’époque!</p> <p>Le 27 mai 2011, il s’est trouvé un juge à Toulouse pour <a href="https://www.lepoint.fr/societe/chanter-peut-etre-un-delit-11-06-2011-1341035_23.php">condamner</a> un garçon de 27 ans pour outrage, à 40 heures de travaux d’intérêt général et 100 euros d’amende. Son crime? Avoir chanté <i>Hécatombe</i> au passage de trois policiers. Et ce n’est pas tout. Peu après, 29 choristes de la «Canaille du Midi» ont été interpelés pour avoir chanté la même chanson devant le commissariat central de Toulouse en guise de protestation contre la condamnation du jeune homme.</p> <h3>Le rock et sa «Graine de violence» </h3> <p>Le «récitatif halluciné» d’Izïa Higelin s’inscrit aussi dans la culture rock, imprégnée de violence. Cela dit, ce n’est pas le rock qui est à la source de la violence. Elle sourd de la société étatsunienne où il est né. S’il existait auparavant, c’est à partir du film <i>Graine de violence </i>(titre original<i>: Blackboard Jungle</i>), réalisé par Richard Brooks, que le rock n’roll a commencé à se diffuser grâce au célèbre <i>Rock around the Clock </i>chanté par Bill Haley.</p> <p>Dans les pays de langue française, la violence rock a surgi sur la scène médiatique dès le début des années 1960. L’exemple le plus hirsute nous est offert par le concert de Vince Taylor, dans le contexte d’un festival international du rock, qui s’est tenu – enfin qui a tenté de se tenir! – au Palais des Sports de Paris, le 18 novembre 1961. <a href="https://journals.openedition.org/criminocorpus/4301?lang=de#ftn2%20" target="_blank" rel="noopener">Rappel des faits</a>:</p> <p><i>La salle est dévastée avant que Vince Taylor, en vedette, ne monte sur scène. Dans le public, des jeunes femmes et des jeunes hommes, blousons noirs ou sans blousons apparents, déboulonnent les sièges ou en arrachent quelques morceaux, s</i>’<i>en servent de projectiles, visent la scène et les forces de police. On veut se débarrasser de ces rangées de sièges encombrants, on veut créer de l</i>’<i>espace pour danser, on se bouscule, on se chamaille, on se bagarre, on veut aussi s</i>’<i>approcher des artistes en débordant le service de sécurité, et pourquoi pas braver au passage les forces de police qui commencent à frapper pour éviter que tout dégénère dans un lieu de concert qui devient arène. </i>Bis repetita placent<i>, car la première édition du 24 février avait elle aussi très mal tournée à l</i>’<i>issue de la prestation de Johnny Hallyday. Deux mots sont repris dans les médias: fanatisme et hystérie. Voici ce que l</i>’<i>on entend à la radio le 19 novembre 1961, le lendemain, dans </i>Interactualités<i>: «la police a dû intervenir en masse pour empêcher les fans – si vous préférez les fanatiques – de Monsieur Vince Taylor de tout massacrer; ce ne fut plus du délire, ce fut de l</i>’<i>hystérie».</i></p> <p>Horrifiés, les médias pour croulants (terme qui était utilisé par les vieux de maintenant pour qualifier ceux d’alors) vouent cette «musique de sauvages» aux gémonies. Le préfet de police parisien Maurice Papon, de triste mémoire, souhaite même l’interdiction des concerts de rock en France. Le rock devient le vecteur de la rage de vivre de toute une génération coincée dans des carcans moraux hérités du XIXème siècle. Une rage qui explosera en Mai-68. Vince Taylor payera cher les fauteuils brisés, poursuivant une carrière en dents de scie alors qu’il était promis à la gloire rockeuse. Le chanteur se retirera à Lutry avec sa famille en 1983 pour y mener une vie plus tranquille, consacrée à la mécanique aéronautique. Il y décèdera le 27 août 1991 à l’âge de 52 ans des suites d’un cancer aux os.</p> <h3>Scopitone de Vince Taylor</h3> <p>En replaçant l’«affaire Itzïa» dans sa perspective historique, il apparaît que les indignations qu’elle a suscitées sont disproportionnées. Certes, balancer de tels propos sur le président Macron alors que nombre d’élus subissent actuellement des violences n’est pas la marque d’une vive intelligence. Toutefois, les agresseurs de maires n’ont pas attendu la rockeuse pour passer à l’acte. La fille de Jacques Higelin a tenté d’expliquer son sulfureux propos lors d’une interview donnée à <i>Ouest-France: </i><i></i></p> <p><i>«C'est une histoire, un liant improvisé et surréaliste entre deux titres, qui parle de tout et de rien et qu'il ne faut surtout pas prendre au premier degré.» </i>C’est ignorer qu’aujourd’hui l’usage intensif des réseaux ainsi, peut-être, qu’une certaine décérébration induite par près de septante ans de télévision à haute dose, ont tué le second degré. Dans un monde où la culture littéraire s’effiloche, on prend tout au pied de la lettre. Un pied qui fait boiter notre sens de l’humour.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>D’origine mexicaine, la piñata est un objet creux fourré de friandise que les enfants tentent de casser au moyen de bâtons afin de s’emparer de son contenu, une fois à terre. Evidemment, comparer le président de la République à un objet creux plein de friandise, ce n’est pas très gentil. 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Elle sera l’un des emblèmes de la Résistance et contribuera à populariser l’héroïsme du Groupe Manouchian durant les derniers mois de l’occupation nazie en France.</p> <p>Toutefois, après la Libération, Missak Manouchian et ses camarades tombent dans l’oubli. Quelques publications évoquent le groupe sans que cela ne perce vraiment le silence. Certes, en 1950, Paul Eluard lui consacre <a href="http://www.groupemarat.com/pdf/marat-poemes_affiche_rouge.pdf" target="_blank" rel="noopener">un poème</a> intitulé «Légion». Mais le Parti communiste français a d’autres chats dissidents à fouetter.</p> <h3>«Les procès de Moscou à Paris»</h3> <p>Au début des années 1950, le PCF mène une série de purges internes – appelées «les procès de Moscou à Paris» – destinées à discréditer par la calomnie de grandes figures communistes de la Résistance intérieure, tels Charles Tillon, André Marty, Auguste Lecœur et Georges Guingouin, le chef des maquis limousins. Ces héros faisaient trop d’ombre au patron du PCF, Maurice Thorez, qui avait passé la Seconde guerre mondiale à l’abri du Kremlin.</p> <p>Après la mort de Staline en 1953, le vent tourne. Par l’action des rescapés de la FTP-MOI, notamment les frères Raymond et Claude Lévy, la mémoire des fusillés au Mont-Valérien commence à être reconnue. Une rue du Groupe-Manouchian est inaugurée le 6 mars 1955 dans le XXème arrondissement de Paris. Claude Lévy invite Louis Aragon à cette occasion mais le poète séjourne alors en URSS. 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C’est sous cet intitulé que la chanson et le poème d’Aragon seront connus désormais.</p> <h3>La chanson interdite sous de Gaulle</h3> <p>Comme rien n’est simple dans l’histoire de la Résistance, le pouvoir gaulliste a interdit la diffusion de «L’Affiche rouge» dès la sortie du disque en 1961. Ce qui, d’ailleurs, n’a pas manqué de lui assurer une belle publicité puisque les soixante-huitards auront ce chant superbe en tête lors de leurs manifs. Ce n’est qu’à l’arrivée de François Mitterrand à l’Elysée en 1981 que ce bâillon radiophonique a été enlevé.</p> <p>«Onze ans déjà que cela passe vite onze ans» versifie Aragon en 1955. Cela passe d’autant plus vite que le poète communiste n’a pas toujours été prompt à se battre pour la mémoire du Groupe Manouchian. Le journaliste et écrivain Jean-Paul Liégeois, spécialiste de la chanson française, rappelle cette anecdote dans un article paru en juin 1985 dans l’hebdomadaire socialiste <em>L’Unité</em>:</p> <p><i>«En 1953, les frères Claude et Raymond Lévy (…) obtiennent le prix Fénéon pour un manuscrit de dix nouvelles consacré à des histoires vraies de la Résistance. (…) Plusieurs éditeurs se proposent [de le] publier. Communistes, les frères Lévy choisissent les Editeurs français réunis. Patron de la maison, Aragon les reçoit et leur dit: "On ne peut pas laisser croire que la Résistance française a été faite comme ça, par autant d’étrangers. Il faut franciser un peu." Disciplinés, ils ont accepté.»</i></p> <p>Entre 1953 et 1955, l’ombre de Staline avait commencé à se faire un peu moins épaisse…</p> <h3>Quelle est la responsabilité du PCF dans l’arrestation des 23?</h3> <p>Une accusation plus grave a été portée contre la direction du PCF notamment par un témoignage de Mélinée Manouchian. Il figure dans le film de Serge Mosco Boucault, <em>Des terroristes à la retraite</em>, sorti en 1985 par la chaîne télévisée Antenne2. </p> <p>Il s’en est suivi une vive polémique sur l’éventuelle responsabilité du Parti communiste français dans l’arrestation de Missak Manouchian. L’un des passages de la dernière lettre du condamné à sa femme interpelle: </p> <p><i>«Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus.»</i></p> <p>Adam Rayski, responsable de la section juive du PCF de 1941 à 1949, donne cet éclairage lors d’<a href="https://www.lhistoire.fr/qui-trahi-manouchian" target="_blank" rel="noopener">une interview</a> qu’il a accordée au mensuel <i>L’Histoire</i> en décembre 1985:</p> <p><i>«En mai 1943, devant le bilan des pertes des organisations juives, j'ai demandé le repli, le transfert de notre direction dans la zone Sud. Le Parti a refusé, qualifiant cette attitude de "capitularde". Le PC voulait continuer à frapper dans la capitale, avec ce qui restait son unique bras séculier: les FTP-MOI. Stratégiquement, la direction, pour affirmer sa suprématie vis-à-vis de Londres et du Conseil national de la Résistance, désirait capitaliser les actions d'éclat de la MOI. La direction nationale juive est partie </i>in extremis <i>pour Lyon, mais les FTP ont continué à lutter sur place avec acharnement. Le Parti a sous-estimé l'impératif de la guérilla urbaine – savoir décrocher – et a tiré un rendement politique maximum des coups d'éclat de la MOI. </i></p> <p><i>A terme, c'était donc bien une grave erreur politique. La part de responsabilité du PC dans les arrestations de résistants – dont les 23 de l'Affiche rouge – est indiscutable. Mais ne parlons pas à propos du Parti de trahison; ne parlons pas non plus d'abandon et encore moins de sacrifice prémédité.»</i></p> <p>Le 21 février 2024, Missak Manouchian ne sera pas seul à entrer eu Panthéon. Mélinée son épouse, résistante comme lui, l’accompagnera<sup><strong>1</strong></sup>. Ainsi que tous ceux qui ont donné «leur cœur avant le temps».</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Elle décède à Paris en 1989 à l’âge de 76 ans. 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Ce qui ne devait, ne pouvait arriver, est bel et bien survenu: Pierre Maudet a été réélu au Conseil d’Etat genevois. Malgré les ennuis judiciaires, malgré les mensonges. Nouvelle «Genferei»? Incursion des vilaines manières françaises dans le monde enchanté de Heidi?', 'subtitle_edition' => 'Et voilà Piogre tout ébouriffé et la Suisse alémanique déboussolée une fois de plus par le sempiternel «Sonderfall Genf». Ce qui ne devait, ne pouvait arriver, est bel et bien survenu: Pierre Maudet a été réélu au Conseil d’Etat genevois. Malgré les ennuis judiciaires, malgré les mensonges. Nouvelle «Genferei»? Incursion des vilaines manières françaises dans le monde enchanté de Heidi?', 'content' => '<p>Les médias d’outre-Sarine n’ont pas manqué de souligner que ce ne serait certes pas à Saint-Gall que l’on aurait élu l’équivalent local d’un Maudet. Il n’y a qu’en France qu’un politicien poursuivi par la justice peut triompher dans les urnes (les exemples ne manquent pas en effet). En France et donc aujourd’hui à Genève, cet éternel cancre de l’helvétitude propre sur elle.</p> <p>Il est vrai que le Foron<strong><sup>2</sup></strong> tient plus du ruisseau que du fleuve et que les Genevois franchissent tout le temps la frontière, ne serait-ce que pour faire leur tiercé. Ça laisse des traces, forcément…</p> <p>Aux yeux de certains, Genève n’est déjà plus en France mais pas encore en Suisse. Toutefois, cette tentative d’explication se révèle un brin paresseuse. Comme toujours en politique (et dans d’autres domaines où règne l’humain), les explications fourmillent.</p> <h3>Vote massif pour le seul Maudet</h3> <p>A noter, pour mesurer l’ampleur du succès de Pierre Maudet, qu’au second tour, 6'383 personnes ont voté exclusivement en sa faveur, sans ajouter d’autres candidats, soit <a href="https://www.lematin.ch/story/2e-tour-6383-personnes-nont-vote-que-pour-pierre-maudet-307555816986" target="_blank" rel="noopener">36 fois plus que la moyenne de ses concurrents</a>. On ne saurait donc parler d’une victoire au rabais. Cela démontre aussi que ce n’est pas parce qu’un politicien est vilipendé par les médias qu’il en devient impopulaire.</p> <p>Parmi les nombreuses causes de cette réélection, nous hasarderons celle-ci: la vieille nostalgie du radicalisme à la Genevoise que Pierre Maudet a su habilement ranimer. La fusion à Genève entre les radicaux et les libéraux ne s’est pas conclue de gaieté de cœur le 24 mai 2011. Les deux partis cantonaux ne pouvaient guère faire autrement, la fusion ayant été actée sur le plan fédéral dès 2008. L’opinion largement partagée à l’époque affirmait que les profondes divergences qui les avaient opposés appartenaient au passé et que désormais plus grand-chose ne les séparait au XXIème siècle. </p> <h3>Culture historique divergente entre radicaux et libéraux</h3> <p>Mais l’appartenance politique n’est pas faite que de calcul rationnel, elle est aussi l’expression de la culture d’un groupe. Cette culture est d’autant plus prégnante qu’elle est ancrée profondément dans l’histoire.</p> <p>Issus tous deux deux du libéralisme né au début du XIXème siècle, ils ont rapidement divergé. Les libéraux du Parti démocratique (futur Parti libéral) étaient principalement issus des milieux patriciens et de la haute finance, regardant surtout vers les investissements à l’étranger. (A lire <a href="https://www.letemps.ch/opinions/radicaux-liberaux-geneve-un-mariage-une-fusion" target="_blank" rel="noopener">cette interview</a> de l’historien Olivier Meuwly dans <em>Le Temps</em>).</p> <p>Les radicaux, eux, venaient du faubourg populaire de Saint-Gervais composé d’artisans, d’horlogers, de cabinotiers. L’opposition entre «la fabrique» radicale et les patriciens a structuré une grande partie du XIXème siècle genevois et a fait sentir ses effets jusqu’au XXème.</p> <h3>L'héritage révolutionnaire de James Fazy</h3> <p>Le Parti radical et son fondateur James Fazy ont conduit la Révolution de 1846 qui a établi les fondations de la Genève moderne. Les radicaux étaient donc de fervents progressistes ennemis des conservatismes. L’autre grande figure du radicalisme à la genevoise, Georges Favon, se situait d’ailleurs à gauche sur l’échiquier politique en concluant des alliances avec les socialistes, force alors émergente. Le Parti radical genevois était à la fois partisan de la libre entreprise et d’une régulation raisonnée (et si possible raisonnable!) par l’Etat de certains secteurs de l’économie libérale.</p> <p>Cette divergence de politique économique entre les radicaux et les démocrates (libéraux) de l’époque est notamment illustrée par cet extrait de l’histoire de la Banque cantonale genevoise tirée du site de la BCGe:</p> <p>«<em>Le régime radical instauré par James Fazy souhaitait développer l'économie. Les banquiers privés genevois n'entendaient pas investir dans un canton dont le gouvernement leur était hostile. Pour améliorer le commerce, moderniser l'agriculture, mécaniser l'industrie, il fallait des crédits. Pour James Fazy, le crédit était l'art de multiplier les capitaux. Il décida de créer la Caisse hypothécaire, en faveur des agriculteurs. 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Il n’en demeure pas moins que les imprégnations socio-culturelles persistent et que le retour de Pierre Maudet au pouvoir signifie aussi que la greffe du Parti libéral-radical n’a pas aussi bien réussi qu’espéré à sa création.</p> <p>Pierre Maudet a donc surfé avec succès sur cette nostalgie. Et ce n’est certes pas un hasard s’il a intitulé son mouvement «Liberté et justice sociale». C’était la devise du «vieux» Parti radical («Liberté humaine et justice sociale»). Sur le site du mouvement, Maudet affiche clairement ce retour aux sources en se disant inspiré par «l’essence républicaine du radicalisme genevois». </p> <h3>La droite doit-elle se réjouir?</h3> <p>La réélection de Pierre Maudet a privé la gauche de sa majorité au gouvernement genevois. La droite doit-elle s’en réjouir? A première vue, la réponse semble affirmative. Toutefois, si l’on consulte le programme du mouvement Liberté et justice sociale, il apparaît que Pierre Maudet va piocher ses projets dans de nombreux azimuts. </p> <p>Ainsi, il propose la création d’une caisse-maladie cantonale publique, idée déjà défendue par l’ancien conseiller d’Etat MCG Mauro Poggia et par… le Parti du Travail! </p> <p>En outre, la gauche genevoise ayant abandonné la défense de la laïcité, Pierre Maudet (concepteur de la Loi sur la laïcité de l’Etat<sup>4</sup>) ne manquera sans doute pas de porter ce sujet sur le devant de la scène politique.</p> <p>Bref, entre les trois conseillers d’Etat de droite et les trois «ministres» de gauche, Pierre Maudet ne manquera pas de faire monter les enchères.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Pour les non-Piogriens: surnom de la République et canton de Genève; histoire de varier un peu les qualificatifs « bateaux » du genre « Cité de Calvin », « la Ville du bout du lac , «la Cité du Jet d’eau».</h4> <h4><sup>2</sup>Toujours pour les non-Piogriens: le Foron est le modeste cours d’eau qui sépare Genève de la Haute-Savoie, à Ambilly, aux portes d’Annemasse.</h4> <h4><sup>3</sup>Trace anecdotique mais parlante de cette culture, la section eaux-vivienne du Parti radical genevois s’appelait «Association radicale-socialiste des Eaux-Vives».</h4> <h4><sup>4</sup>Par souci de transparence déontologique, l’auteur de cet article signale qu’il a présidé le collège d’experts auteur du rapport sur la laïcité à Genève, à la demande de Pierre Maudet en 2013-2014.</h4>', 'content_edition' => 'Les médias d’outre-Sarine n’ont pas manqué de souligner que ce ne serait certes pas à Saint-Gall que l’on aurait élu l’équivalent local d’un Maudet. 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Le 2 novembre dernier, l’UDC fulminait un communiqué pour dénoncer les «terroristes climatiques» qui collaient leurs mains à des routes suisses afin de protester contre l’inertie des pouvoirs face au dérèglement climatique.
Plus récemment, le ministre français Gérald Darmanin a qualifié d’«écoterroristes » les manifestants qui s’opposaient à l’installation d’une retenue d’eau à Saint-Soline dans le département des Deux-Sèvres. Même si cette manif fut violente (200 blessés du côté des manifestants et 47 parmi les forces de l’ordre), la formule du ministre Darmanin est, au minimum, disproportionnée. Celle utilisée par l’UDC pour fustiger les «colleurs manuels» se contente d’être simplement ridicule.
Le terrorisme défini par les codes pénaux
En effet, toutes deux sont fort éloignées des seules définitions qui vaillent, celles des textes légaux. L’article 260 ter du Code pénal suisse (organisations criminelles et terroristes) réprime quiconque participant à une organisation qui poursuit le but, notamment «de commettre des actes de violence criminels visant à intimider une population ou à contraindre un Etat ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque». Formulation voisine du Code pénal français (article 421-1) disposant que le terrorisme est un acte ayant pour but de «troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur».
Il en va de même du Code pénal belge qui, au premier alinéa de son article 137, décrit le terrorisme comme une infraction «commise intentionnellement dans le but d'intimider gravement une population ou de contraindre indûment des pouvoirs publics ou une organisation internationale à accomplir ou à s'abstenir d'accomplir un acte (…)».
Infiltration et passage à l’acte
Cela signifie-t-il que la notion même d’écoterrorisme est dénuée de tout fondement? Dans La Nuit nous sauvera Philippe Ségur apporte les éléments qui détermineront le lecteur à trouver sa réponse. Son propos est illustré par une brève fiction. Sa formation juridique terminée, Fredéric Weissman en suit une autre pour devenir technicien nucléaire. Il se fait engager à la centrale atomique de Nogent-sur-Seine, à 110 kilomètres de Paris, puis fait partie d’un petit groupe bien décidé à frapper fort pour éveiller les consciences assoupies face à la catastrophe climatique. Weissman attendra dix ans pour passer à l’action en faisant exploser un réacteur de cette centrale, prélude à une attaque écoterroriste de grande ampleur qui va plonger la France dans une nuit de chaos.
Les nouvelles puissances impériales
Philippe Ségur retrace le cheminement psychologique du technicien nucléaire. Elevé par des parents artistes «baba-cool» qui s’étaient installés dans l’Aude à l’écart de la civilisation urbaine, il remet en cause leur façon pacifiste de voir les choses du monde. Pour Frédéric Weissman, ce pacifisme a permis aux «nouvelles puissances impériales» – les GAFAM, les firmes pharmaceutiques, les banques, les fonds d’investissements, Vanguard, BlackRock, Tencent – d’appliquer «à marche forcée leur programme de transformation de l’être humain en insecte cybernétique».
La colère froide du technicien ne se limite pas à l’environnement ou au climat, elle sourd aussi de cette angoisse de la dépossession de l’être humain au profit de forces manipulatrices, d’autant plus inquiétantes qu’elles se révèlent hors de portée des Etats ou des pouvoirs judiciaires.
Et comme elles sont hors de portée, autant tout faire exploser, au sens propre du terme. C’est le seul moyen d’arrêter ce «capitalisme à l’insatiable voracité», comme le proclame le juriste et technicien nucléaire:
«Nous les humains, nous étions des êtres dangereux et fragiles. Une espèce proliférante qui ne parvenait pas à placer son intelligence au service du bien commun. Notre histoire témoignait du fait que les tentatives altruistes, les forts et beaux mouvements de générosité et d’entraide qui l’avaient illuminée étaient sans cesse déviés de leur course et corrompus par les logiques puissantes des intérêts particuliers.»
Le sacrifice sur l’autel de l’Histoire
Cette profession de foi du héros de La Nuit nous sauvera illustre cette leçon de l’Histoire: toute idéologie peut croître vers son extrême pour aboutir à la situation inverse du but qu’elle visait.
Pour sauver l’humain, il faut tuer des humains. En l’occurrence, l’humain au singulier relève de l’entité fictive; les humains au pluriel, eux, sont faits de chair, de sang et d’émotions. C’est donc au nom d’une entité fictive que l’on procède à leur sacrifice.
Au début du XXème siècle, il s’agissait aussi de passer les vies humaines par pertes et profits dans le grand livre de l’Histoire: de l’aspiration au communisme à la réalité stalinienne.
L’omelette et ses œufs
A la suite de son récit, Philippe Ségur en tire leçon dans sa postface:
«Le rejet radical du système industriel et du capitalisme néolibéral, non content de se nourrir de deux siècles de pensée contestataire, peut d’autant plus facilement s’hybrider avec la cause environnementaliste que les gouvernants occidentaux ont fait, depuis plus de vingt ans, la promotion de cette dernière sans lui trouver de véritable solution et paraissent donc, à tort ou à raison, la trahir.»
Dès lors, «le mal résultant de la non-commission de l’acte terroriste serait plus grand que l’acte terroriste lui-même». Justification classique de la violence politique: On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Reste à savoir qui est le cuisinier et qui sont les œufs!
Ségur décrit trois facteurs déterminants qui ont permis l’émergence des courants terroristes dans le passé: une cause à défendre, une culture commune, une situation de rupture sociale. «Or, il se pourrait que ces trois conditions soient à nouveau réunies ou qu’elles soient en passe de l’être», ajoute Philippe Ségur dans sa postface.
Coincés entre deux folies
Alors, sommes-nous condamnés à être coincés entre la folie vorace du capitalisme néolibéral et la folie justicière de l’écoterrorisme? A la fin de La Nuit nous sauvera, l’écrivain distingue quelques lueurs d’espoir. L’inquiétude environnementale et le souci grandissant pour la nature «traduisent chez les jeunes générations une conscience plus vive et par là plus raffinée du rôle et du sens de la présence de l’être humain sur la Terre. Il y a là matière à mobiliser pour demain des énergies vouées non pas à détruire mais à créer».
Pour demain? Ne sera-ce pas trop tard? Décidément, entre les dettes publiques et le dérèglement climatique nous faisons porter à nos enfants et petits-enfants le poids de tous nos excès.
Le pire n’est pas certain. Ce n’est pas une raison d’éviter de se mobiliser maintenant pour alléger cette charge. La nuit nous pend au nez.
«La Nuit nous sauvera», Philippe Ségur, Editions Buchet-Chastel, 64 pages.
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Entre deux morceaux – histoire de tenir son public sous courant continu et de laisser ses musiciens souffler un brin –, elle entame des monologues plus ou moins délirants.</p> <p>Celui qu’elle a lancé ce soir-là fera son petit effet. Se glissant dans la peau du président Macron, <a href="https://youtu.be/WYWOnk4oyqQ">elle vaticine</a>: «<i>Je pense que ce que le peuple veut, ce dont le peuple a envie, c'est qu'on m'accroche à vingt mètres du sol telle une piñata<strong><sup>1</sup></strong> humaine géante, et qu'on soit tous ici présents munis d'énormes battes avec des clous au bout comme dans </i>Clockwork Orange (<i>titre original du film </i>Orange mécanique)<i>. 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Aussitôt hérissées sur les réseaux sociaux, les protestations indignées semblaient voir dans ce récitatif lyncheur la marque de notre époque vouée aux incivilités et à la violence.</p> <h3>Les rois de France malmenés en chanson</h3> <p>Pourtant, rien de nouveau sous le soleil de Satan. La chanson fut toujours le véhicule préféré de la provoc’ politique. Sans remonter au Déluge, citons <a href="https://www.periegete.com/sur-lair-du-une-monarchie-absolue-temperee-par-des-chansons-part-2-le-roi-de-france/">les chants pimentés</a> qui enflammèrent les rues de Paris lors de la Fronde. A preuve, cet extrait d’une chanson qui remonte à l’an 1648. Elle exprime une certaine animosité envers Anne d’Autriche, Reine de France et Régente du Royaume: «<i>Mais je voudrais bien étrangler/ Notre putain de Reine.»</i></p> <p>En comparaison, Izïa Higelin ferait presque petite chanteuse du Couvent des Oiseaux.</p> <p>D’aucuns ont d’ailleurs qualifié la France d’Ancien régime de «monarchie absolue tempérée par les chansons», compte tenu de la fréquence des airs irrespectueux envers le Trône et l’Autel.</p> <p>Louis XV, dit «le Bien-Aimé», fut la cible préférée des chansonniers de la rue parisienne. En voici un édifiant extrait: «<i>Louis, du nom de Bien-Aimé,/ Ton peuple te déclare indigne./ Sans doute on t</i>’<i>avait mal nommé,/ Louis, du nom de Bien-Aimé;/ par ton sceptre on est opprimé,/ Si l</i>’<i>on est traître, fourbe insigne,/ Louis, du nom de Bien-Aimé,/ Ton peuple te déclare indigne […] Putains, maquereaux ou prélats/ Sont les seuls que ta main caresse.»</i></p> <p>«Tout finit par des chansons» disait Beaumarchais. En France, on serait tenté de paraphraser: tout commence et<i> </i>tout finit par des chansons, même les Rois de droit divin, à l’exemple de cette chanson révolutionnaire qui s’est répandue sur les boulevards à la suite de l’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793: «<i>Le vingt et un janvier/ Sept cent quatre vingt treize,/ Capet, tyran dernier,/ Qu</i>’<i>on nommait Louis Seize,/ A reçu ses étrennes/ Pour avoir conspiré./ Ce fuyard de Varennes est donc guillotiné.»</i></p> <p>Et là pas question de le guillotiner façon Izïa «avec toute la grâce et la gentillesse des gens du Sud»!</p> <h3>Brassens et les pandores</h3> <p>Plus récemment, sous la IVème République française, Georges Brassens n’y est pas allé de main morte avec cette incarnation bleu-marine (n’y voyez aucune allusion malsonnante) de l’Etat qu’est la Gendarmerie Nationale. Rafraichissons les mémoires par quelques extraits de <a href="https://youtu.be/KzmnDy7zzDw">cette chanson intitulée <i>Hécatombe</i></a> qui narre la déconvenue de la maréchaussée aux prises avec les harpies du marché de Brive-la-Gaillarde.</p> <p><i>(…)</i></p> <p><i>En voyant ces braves pandores</i></p> <p><i>Etre à deux doigts de succomber,</i></p> <p><i>Moi, j'bichais, car je les adore</i></p> <p><i>Sous la forme de macchabés.</i></p> <p><i>(…)</i></p> <p><i>Jugeant enfin que leurs victimes</i></p> <p><i>Avaient eu leur content de gnons,</i></p> <p><i>Ces furies, comme outrage ultime,</i></p> <p><i>En retournant à leurs oignons,</i></p> <p><i>Ces furies, à peine si j'ose</i></p> <p><i>Le dire, tellement c'est bas,</i></p> <p><i>Leur auraient même coupé les choses:</i></p> <p><i>Par bonheur ils n'en avaient pas!</i></p> <p><i>Leur auraient même coupé les choses:</i></p> <p><i>Par bonheur ils n'en avaient pas!</i></p> <p>Les rappeurs d’aujourd’hui ont-ils été aussi loin dans leurs diatribes antiflics que le père Brassens en 1952, date de la sortie du disque?</p> <h3>L’«Hécatombe» fait scandale 60 ans plus tard!<b></b></h3> <p>A l’époque, cette chanson était, l’on s’en doute, interdite d’antenne. Mais c’est tout. Il est symptomatique de constater qu’elle n’a intéressé la justice qu’à la nôtre, d’époque!</p> <p>Le 27 mai 2011, il s’est trouvé un juge à Toulouse pour <a href="https://www.lepoint.fr/societe/chanter-peut-etre-un-delit-11-06-2011-1341035_23.php">condamner</a> un garçon de 27 ans pour outrage, à 40 heures de travaux d’intérêt général et 100 euros d’amende. Son crime? Avoir chanté <i>Hécatombe</i> au passage de trois policiers. Et ce n’est pas tout. Peu après, 29 choristes de la «Canaille du Midi» ont été interpelés pour avoir chanté la même chanson devant le commissariat central de Toulouse en guise de protestation contre la condamnation du jeune homme.</p> <h3>Le rock et sa «Graine de violence» </h3> <p>Le «récitatif halluciné» d’Izïa Higelin s’inscrit aussi dans la culture rock, imprégnée de violence. Cela dit, ce n’est pas le rock qui est à la source de la violence. Elle sourd de la société étatsunienne où il est né. S’il existait auparavant, c’est à partir du film <i>Graine de violence </i>(titre original<i>: Blackboard Jungle</i>), réalisé par Richard Brooks, que le rock n’roll a commencé à se diffuser grâce au célèbre <i>Rock around the Clock </i>chanté par Bill Haley.</p> <p>Dans les pays de langue française, la violence rock a surgi sur la scène médiatique dès le début des années 1960. L’exemple le plus hirsute nous est offert par le concert de Vince Taylor, dans le contexte d’un festival international du rock, qui s’est tenu – enfin qui a tenté de se tenir! – au Palais des Sports de Paris, le 18 novembre 1961. <a href="https://journals.openedition.org/criminocorpus/4301?lang=de#ftn2%20" target="_blank" rel="noopener">Rappel des faits</a>:</p> <p><i>La salle est dévastée avant que Vince Taylor, en vedette, ne monte sur scène. Dans le public, des jeunes femmes et des jeunes hommes, blousons noirs ou sans blousons apparents, déboulonnent les sièges ou en arrachent quelques morceaux, s</i>’<i>en servent de projectiles, visent la scène et les forces de police. On veut se débarrasser de ces rangées de sièges encombrants, on veut créer de l</i>’<i>espace pour danser, on se bouscule, on se chamaille, on se bagarre, on veut aussi s</i>’<i>approcher des artistes en débordant le service de sécurité, et pourquoi pas braver au passage les forces de police qui commencent à frapper pour éviter que tout dégénère dans un lieu de concert qui devient arène. </i>Bis repetita placent<i>, car la première édition du 24 février avait elle aussi très mal tournée à l</i>’<i>issue de la prestation de Johnny Hallyday. Deux mots sont repris dans les médias: fanatisme et hystérie. 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La fille de Jacques Higelin a tenté d’expliquer son sulfureux propos lors d’une interview donnée à <i>Ouest-France: </i><i></i></p> <p><i>«C'est une histoire, un liant improvisé et surréaliste entre deux titres, qui parle de tout et de rien et qu'il ne faut surtout pas prendre au premier degré.» </i>C’est ignorer qu’aujourd’hui l’usage intensif des réseaux ainsi, peut-être, qu’une certaine décérébration induite par près de septante ans de télévision à haute dose, ont tué le second degré. Dans un monde où la culture littéraire s’effiloche, on prend tout au pied de la lettre. Un pied qui fait boiter notre sens de l’humour.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>D’origine mexicaine, la piñata est un objet creux fourré de friandise que les enfants tentent de casser au moyen de bâtons afin de s’emparer de son contenu, une fois à terre. Evidemment, comparer le président de la République à un objet creux plein de friandise, ce n’est pas très gentil. 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La seule femme du groupe, Olga Bancic, roumaine juive et communiste, sera guillotinée à Stuttgart le 10 mai de la même année, les nazis estimant sans doute qu’une femme n’avait pas droit à «l’honneur» d’être fusillée comme un combattant.</p> <h3>La propagande qui va à fin contraire</h3> <p>Juste avant d’être passés par les armes, Manouchian et dix autres condamnés sont photographiés. Les officiers de la Gestapo militaire les ont choisis en fonction de leurs patronymes aux consonances de toute évidence étrangères ou juives.</p> <p>Les Allemands les utiliseront pour créer une affiche de propagande destinée à séparer les «vrais Français» de ces «métèques» présentés comme des criminels. Elle deviendra la célèbre «Affiche rouge» qui aboutira à l’effet inverse du but recherché par la Geheime Feldpolizei. 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Ces héros faisaient trop d’ombre au patron du PCF, Maurice Thorez, qui avait passé la Seconde guerre mondiale à l’abri du Kremlin.</p> <p>Après la mort de Staline en 1953, le vent tourne. Par l’action des rescapés de la FTP-MOI, notamment les frères Raymond et Claude Lévy, la mémoire des fusillés au Mont-Valérien commence à être reconnue. Une rue du Groupe-Manouchian est inaugurée le 6 mars 1955 dans le XXème arrondissement de Paris. Claude Lévy invite Louis Aragon à cette occasion mais le poète séjourne alors en URSS. 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Le journaliste et écrivain Jean-Paul Liégeois, spécialiste de la chanson française, rappelle cette anecdote dans un article paru en juin 1985 dans l’hebdomadaire socialiste <em>L’Unité</em>:</p> <p><i>«En 1953, les frères Claude et Raymond Lévy (…) obtiennent le prix Fénéon pour un manuscrit de dix nouvelles consacré à des histoires vraies de la Résistance. (…) Plusieurs éditeurs se proposent [de le] publier. Communistes, les frères Lévy choisissent les Editeurs français réunis. Patron de la maison, Aragon les reçoit et leur dit: "On ne peut pas laisser croire que la Résistance française a été faite comme ça, par autant d’étrangers. Il faut franciser un peu." Disciplinés, ils ont accepté.»</i></p> <p>Entre 1953 et 1955, l’ombre de Staline avait commencé à se faire un peu moins épaisse…</p> <h3>Quelle est la responsabilité du PCF dans l’arrestation des 23?</h3> <p>Une accusation plus grave a été portée contre la direction du PCF notamment par un témoignage de Mélinée Manouchian. Il figure dans le film de Serge Mosco Boucault, <em>Des terroristes à la retraite</em>, sorti en 1985 par la chaîne télévisée Antenne2. </p> <p>Il s’en est suivi une vive polémique sur l’éventuelle responsabilité du Parti communiste français dans l’arrestation de Missak Manouchian. L’un des passages de la dernière lettre du condamné à sa femme interpelle: </p> <p><i>«Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus.»</i></p> <p>Adam Rayski, responsable de la section juive du PCF de 1941 à 1949, donne cet éclairage lors d’<a href="https://www.lhistoire.fr/qui-trahi-manouchian" target="_blank" rel="noopener">une interview</a> qu’il a accordée au mensuel <i>L’Histoire</i> en décembre 1985:</p> <p><i>«En mai 1943, devant le bilan des pertes des organisations juives, j'ai demandé le repli, le transfert de notre direction dans la zone Sud. Le Parti a refusé, qualifiant cette attitude de "capitularde". Le PC voulait continuer à frapper dans la capitale, avec ce qui restait son unique bras séculier: les FTP-MOI. Stratégiquement, la direction, pour affirmer sa suprématie vis-à-vis de Londres et du Conseil national de la Résistance, désirait capitaliser les actions d'éclat de la MOI. La direction nationale juive est partie </i>in extremis <i>pour Lyon, mais les FTP ont continué à lutter sur place avec acharnement. Le Parti a sous-estimé l'impératif de la guérilla urbaine – savoir décrocher – et a tiré un rendement politique maximum des coups d'éclat de la MOI. </i></p> <p><i>A terme, c'était donc bien une grave erreur politique. La part de responsabilité du PC dans les arrestations de résistants – dont les 23 de l'Affiche rouge – est indiscutable. 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Chaque Etat est ainsi <a href="https://www.uscirf.gov/" target="_blank" rel="noopener">passé à la loupe</a>.</p> <h3>Dix-sept champions de l’intolérance</h3> <p>Cette Commission classe les pays en fonction de l’intensité de leurs mesures discriminatoires en matière de croyances. Les champions de l’intolérance sont classés dans la catégorie «pays particulièrement préoccupants» (CPC). Un cran en-dessous figurent les Etats qui filent un mauvais coton et doivent faire l’objet d’un examen ultérieur. Ils sont classés dans la «liste spéciale de surveillance» (SWL).</p> <p>L’USCIRF dénonce dix-sept Etats «particulièrement préoccupants». 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C’est pourquoi des Etats officiellement athées, comme la Chine et la Corée du Nord, attachent tellement d’importance à, sinon éradiquer, du moins contrôler très sévèrement toute activité religieuse. </p> <p>Prier, c’est aussi s’échapper. Communier, c’est aussi rompre, ne serait-ce qu’en un instant fugace, le lien avec le Chef. Celui-ci n’accepte aucun concurrent. Et le rival est d’autant plus dangereux qu’il est invisible donc insaisissable.</p> <p>D’autres Etats autoritaires ne répriment pas toutes les religions. Leur but est d’ériger la confession majoritaire en unique religion d’Etat afin de la transformer en facteur d’identité nationale. L’aspiration spirituelle doit alors absolument se circonscrire dans un cadre étroit. 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L’opposition entre «la fabrique» radicale et les patriciens a structuré une grande partie du XIXème siècle genevois et a fait sentir ses effets jusqu’au XXème.</p> <h3>L'héritage révolutionnaire de James Fazy</h3> <p>Le Parti radical et son fondateur James Fazy ont conduit la Révolution de 1846 qui a établi les fondations de la Genève moderne. Les radicaux étaient donc de fervents progressistes ennemis des conservatismes. L’autre grande figure du radicalisme à la genevoise, Georges Favon, se situait d’ailleurs à gauche sur l’échiquier politique en concluant des alliances avec les socialistes, force alors émergente. 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Il n’en demeure pas moins que les imprégnations socio-culturelles persistent et que le retour de Pierre Maudet au pouvoir signifie aussi que la greffe du Parti libéral-radical n’a pas aussi bien réussi qu’espéré à sa création.</p> <p>Pierre Maudet a donc surfé avec succès sur cette nostalgie. Et ce n’est certes pas un hasard s’il a intitulé son mouvement «Liberté et justice sociale». C’était la devise du «vieux» Parti radical («Liberté humaine et justice sociale»). Sur le site du mouvement, Maudet affiche clairement ce retour aux sources en se disant inspiré par «l’essence républicaine du radicalisme genevois». </p> <h3>La droite doit-elle se réjouir?</h3> <p>La réélection de Pierre Maudet a privé la gauche de sa majorité au gouvernement genevois. La droite doit-elle s’en réjouir? A première vue, la réponse semble affirmative. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@Chan clear 17.05.2023 | 09h25
«Merci pour ce résumé, une piste de lecture intéressante entre ecoanxiété et écoterrorisme ce vocabulaire de notre époque revient très souvent dans les conversations .»
@stef 31.05.2023 | 22h26
«La contestation - légitime - ne vas faire que croître au fur et à mesure que le néolibéralisme ne saura pas se raisonner.
Le dérèglement climatique va finir par mettre tout le monde d'accord !»