Actuel / Vaste farce à Genève: des millions pour une passerelle fantôme
Le projet original (2008): la passerelle des sports d'une longueur de 185 mètres doit accueillir piétons, cyclistes et véhicules d'entretien.
© Charpente-Concept Genève
La passerelle des Sports aujourd'hui. © DR
La passerelle en 2019, une image de synthèse issue du projet CEVA. © Bureau MSV & Archigraphie
C’est l’histoire d’une passerelle pour piétons et cyclistes qui a déjà coûté près de 11 millions aux contribuables genevois et ne sert toujours à rien. Un ouvrage en bois, reliant le stade de Genève au Bachet-de-Pesay, construit dans la précipitation malgré la controverse, pour l’Euro 2008. Mais qui n’a pas pu être utilisé pendant le championnat d’Europe, pour des motifs alambiqués de «sécurité». Un pont, coupé en son extrémité nord depuis 2011, qui n’a plus été entretenu depuis. Une vaste farce dont Genève n’a pas fini d’entendre parler, puisque sa réouverture prévue à la fin 2019 pour l'inauguration du futur RER genevois, Léman Express, nécessitera encore l’injection de quelques deniers publics.
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Les cinq projets primés mettent un coup de projecteur sur plusieurs incohérences et dénoncent un certain laxisme des autorités cantonales et communales. La première <em>brique d’or</em> a couronné l’ancien «Hôtel California» des Pâquis dans la catégorie de la spéculation la plus lucrative. 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Comment peut-on vivre après de telles violences et se reconstruire une vie dans la résilience? Les psychologues et les travailleurs sociaux rencontrés en Calabre sont unanimes: «Il faudra du temps, déplore une jeune psychologue active dans plusieurs centres. Les pays d’accueil devront investir pour que ces personnes n’évoluent pas en marge et dans la précarité. La communauté internationale doit s’engager pour faire cesser ce massacre. Des vies sont brisées chaque jour. Sans véritable accompagnement, certains ne s’en remettront jamais et seront à vie à charge de la société.»</p><p>Abraham, par exemple, est un miraculé. Aujourd’hui hébergé dans un appartement de Lamezia Terme, cet Ivoirien garde des séquelles psychologiques et physiques de son passage en Libye. Plus précisément à la frontière avec le Niger où il a failli être abattu. «On a fui le pays avec ma femme, car ma vie était en danger suite à des problèmes familiaux, explique-t-il. 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Parfois on nous faisait travailler dehors, il fallait nettoyer des cours, porter des pierres. C’était compliqué, avec les enfants et si on montrait des signes de faiblesse ou de rébellion, on était immédiatement mis en joue. Je me souviens même d’un gamin qui pointait son arme sur mon fils de 4 ans. Ils sont tous fous là-bas.» Un matin, comme des centaines d’autres captifs, Victorine est emmenée avec ses enfants. «Des types nous ont réveillé vers 4h du matin. Arrivée sur la plage j’ai compris. Enceinte, je portais mes deux petits de 2 ans, j’étais terrorisée. Dans la file, son fils Jonathan 4 ans, donnait la main à une jeune femme. «Elle m’avait proposé de l’accompagner, je n’arrivais pas à le tenir. Il est monté sur un bateau avec elle et là, un Libyen a baissé son fusil et dit «stop». J’ai hurlé que mon fils était dans le bateau, il m’a posé son pistolet sur la tempe. Je me suis tue, j’étais désespérée. 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C’est une obligation légale et humanitaire.» Elle ajoute: «Aujourd’hui, ces personnes sont là et une fois qu’elles ont traversé le Niger et la Libye ce ne sont plus des migrants économiques mais des miraculés qui ont droit à une protection humanitaire après ce qu’ils ont traversé.»</p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1508430512_catane_011.jpg">En un an, le HCR constate une augmentation nette des sévices sur les migrants après leur passage en Libye: «Aucun n’arrive sans séquelle, physique et/ou psychologique.» © Magali Girardin<br></h4><h3>L’impuissance de la communauté internationale</h3><p>Marco Rotunno, en poste à Catane pour le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), abonde. La situation en Libye s’aggrave. Les 3 et 4 octobre, il a participé au débarquement de plus de 700 migrants à Catane. 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Diplomatiquement, elle renvoie la balle au HCR, au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ou à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), saluant leur travail sur place.</p><p>Les appels à sanctionner la Libye se multiplient, mais restent sans effet.</p><p>Dans le journal d’Afrique de l’Ouest <em>Ouestafnews</em>, du 30 juin dernier, Boubacar Sèye président d’Horizons Sans Frontières dénonçait le «jeu hypocrite que jouent les Occidentaux et les chefs d’Etats africains sur la question». Les morts se comptent désormais par dizaines dans le désert libyen et en Méditerranée. Plus de 2800 depuis le début de l’année. Chaque semaine, un nouveau drame est recensé. Tellement banal qu’il n’occupe que quelques lignes dans les journaux et passe encore parfois furtivement entre le fromage et le dessert aux informations. Pourtant près de 110'000 migrants sont arrivés en Italie par la mer depuis le début de l’année, 2655 sont morts pendant la traversée.»</p><p>En juillet, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini soulignait, dans un interview au journal <em>Le Monde</em>, l’impossibilité de signer un accord migratoire avec un pays en plein chaos. «Il est impensable d’imaginer pouvoir bloquer la route de la Méditerranée centrale par un accord tant que la crise en Libye n’est pas résolue.» Depuis, plus rien. 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Les drames des Africains en Libye passent au second plan.</p><p><strong>Compliqué en effet de négocier à la fois la fin des trafics et des violences à l’encontre des migrants et des accords visant à solliciter une aide en matière d’antiterrorisme avec des fractions armées souvent elles-mêmes à la tête de ces trafics. </strong><br></p><p>En Libye, la plupart des personnes qui détiennent un pouvoir sont corrompues. Police, garde-côtes, militaires ou simples citoyens, beaucoup profitent d’une manière ou d’une autre de l’exploitation des migrants. Ces gens sont devenu des butins, des monnaies d’échange. <br></p><p><strong>Vous pointez des mafias locales?</strong> <br></p><p>Pas que, de puissants réseaux italiens sont aussi en Libye. Sans compter que de nombreux pays européens ont clairement encore des intérêts en Libye.<br></p><p><strong>Vous dites que la situation économique de la Libye a favorisé l’émergence de ces «puissants émirs de guerre» exploitant les noirs africains, les rendant encore plus vulnérables...</strong></p><p>Tous les Libyens ne sont pas des monstres, précise-t-il. Il y a beaucoup de jeunes, de médecins, d’universitaires qui créent des associations pour venir en aide à ces Africains. Mais la précarité de leur propre quotidien tient leurs priorités. 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De curieux instruments à vent aux noms poétiques, tel la serinette, servant à apprendre à siffler aux serins, dont il détaille volontiers le mécanisme. «Certains orgues sont à cylindres, d’autres à carton perforé, à lecture pneumatique ou à peigne. Et aujourd’hui il y en a même dotés d’une puce électronique», précise-t-il dans un élan d’enthousiasme.</p><h3>Cartons en accordéon ou galettes</h3><p>Incollable sur le mécanisme et sur les morceaux de son impressionnante collection, il raconte l’instrument magique, en tournant la manivelle, glissant les cartons pliés ou tournant les galettes en carton. Les pièces de cet ancien inspecteur de la police genevoise sont uniques et manuelles. Une collection d’une dizaine d’orgues de rue aux tailles diverses, qu’il caresse comme des bijoux. «Enfant j’étais fasciné par les lanternes magiques, plus tard j’ai collectionné les phonographes, jusqu’au jour où l’orgue de barbarie s’est imposé, se souvient-il. 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De petits trous qu’il découpe avec une précision chirurgicale, à l’aide d’une drôle de machine à pédale. «C’est un copain qui m’a bricolé ça un jour pour que je puisse faire mes cartons», plaisante-t-il en traçant les espaces à couper au millimètre près.</p><h3>Inspiré du métier à tisser</h3><p>Jean Ketterer est aussi intarissable sur l’histoire de son instrument fétiche. «L’orgue est ancestral, on a découvert qu’un calife en avait offert un à Pépin le Bref, assure-t-il. Mais les premiers orgues de barbarie au carton perforé, sont apparus au début du XVIIIe. Directement inspirés des métiers à tisser.»</p><p>Mais malheureusement, en 2017, faire danser dans les fêtes populaires ou jouer les troubadours n’intéresse plus grand monde. «Cela fait déjà des années que "noteur-arrangeur" n’est plus un métier, regrette celui qui a pourtant tenté, en vain, de transmettre sa passion. 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Du côté de Carouge ou de Lancy, les habitants sont excédés et les réactions fusent. «La passerelle des sports, vous connaissez?» «C’est un scandale! Ce pont a couté des millions et pourrit sur place», lance d’emblée un employé de la zone industrielle située face à la passerelle fantôme. Un ouvrage recouvert de bois, aujourd’hui amputé, sclérosé dans le paysage urbain, construit dans la précipitation il y a neuf ans. Officiellement pour les spectateurs rejoignant le stade pour les matchs de l’Euro 2008.
Construite pour l'Euro, fermée pour l'Euro
Le hic, c’est que la passerelle n’a jamais été foulée par un fan de foot: le pont de bois est resté fermé pendant l’Euro. Principales raisons invoquées à l’époque: la largeur de cinq mètres ne permettrait pas d’intervenir en cas de «bagarre», de malaise ou, selon la police, de «mouvement de foule»
Premier couac et incompréhension au sein de la population. «Comment a-t-on pu investir autant pour un truc inutile, alors qu’il y a tant de besoins à Genève?, s’interroge une assistante sociale. Impossible d’obtenir un crédit pour construire, par exemple, un vrai centre pour accueillir les sans-abris, par contre on jette des millions par la fenêtre pour des projets absurdes.»
Côté politique, les accusations de copinage entre l’ancien député PLR, Thomas Büchi, concepteur de la partie bois du projet et son collègue de parti, Mark Muller, alors conseiller d’Etat ressurgissent. «C’était complètement absurde de construire cette passerelle à cette époque, alors qu’une modification complète du périmètre était prévue avec la nouvelle gare, tonne Rémy Pagani, maire de Genève, ancien député d’extrême gauche et fervent opposant au projet. On a voulu créer d’urgence une «œuvre», totalement inutile, pour faire plaisir à certains.»
On ne peut toutefois pas jeter complètement la pierre à Mark Muller, qui a hérité d’un projet porté avant lui par le socialiste Laurent Moutinot. Une décision validée par le parlement cantonal en 1999 à travers un plan localisé puis, en 2002, par un crédit de construction initial de plus de 7,6 millions.
Le projet étant lancé, la volonté de vouloir terminer l’ouvrage pour l’Euro était plutôt légitime. La responsabilité des cafouillages qui ont suivi n’a en revanche jamais pu être clairement établie. «Ce projet était bancal dès le départ, confie un proche du dossier. Les services cantonaux voulaient un ouvrage en acier et le Grand Conseil a imposé une option bois.» S’en est suivi un bras de fer entre les différents intervenants selon l’expert. «Il y avait comme une volonté de faire capoter le projet».
Aucune vision globale ni anticipation
Le plus choquant pour les contribuables, reste le manque de vision des concepteurs. Alors que l’on parle depuis plus de cent ans du CEVA (Cornavin Eaux-Vives Annemasse), aujourd'hui Léman Express, que les réserves territoriales sont actives depuis le milieu du siècle dernier, personne n’a voulu admettre l’absurdité de construire une passerelle à plus de dix millions pour devoir l’amputer et la transformer à grand frais, moins de trois ans après sa construction.
Et sans aucun respect pour la courbe initiale. «Avec ses 185 mètres, il était le plus long pont de bois d’une seule portée, rappelle un ingénieur. Son dessin initial lui conférait un aspect suspendu et léger, presque en équilibre, en écho avec la route de Jeunes qui monte. L’arrimage prévu à la nouvelle gare par un prolongement béton-verre lui fera perdre beaucoup de son charme.»
Confié à une importante entreprise du bâtiment, la réalisation du projet avait été menée conjointement avec Charpente-concept, la société de Thomas Büchi. «Je précise d’emblée que je n’étais plus député à ce moment-là! Lâche ce dernier, agacé. C’est avec la société mandataire que avons étudié et présenté une variante en structure bois sur la base de l’étude initiale prévue en acier.» Selon l’ingénieur et designer du bois, le coût de l’alternative en bois était identique. «Les attaques politiques sont faciles et inévitables lorsqu’un projet capote ainsi et je suis moi-même assez choqué de voir cet ouvrage à l’abandon, non entretenu après avoir été inutilisé pendant près de dix ans. Mais je le répète, Charpente-concept n’est pas le maître d’ouvrage, ni l’entreprise mandatée. Nous ne sommes pas associés au projet CEVA. Nous avons par contre planifié le démontage de la partie manquante.»
«Ferme-t-on la passerelle sur l’autoroute lors de gros événements à Palexpo ou à l’Arena?»
En 2008, déjà, Thomas Büchi s’insurgeait contre la fermeture imposée pendant l’Euro. «La structure ne présentait aucun risque pour la sécurité des personnes, elle peut supporter plus de 500 kg de surcharge par m2, assure-t-il. Mais la police craignait des bousculades et des piétinements.»
Des motifs qui laissent toutefois sceptiques des spécialistes de la sécurité. «Oui, on peut être confronté à des mouvements de foules, confirme un ancien policier. Mais il suffit de réguler les passages à l’entrée de la passerelle et il n’y a pas de problème. Est-ce qu’on ferme celle qui passe au-dessus de l’autoroute lors de gros événements à Palexpo ou à l’Arena? Par définition une voie piétonne est un espace sécurisé destiné à drainer et contrôler la foule.» Pour lui aussi, ce qui s’est passé à la Praille pendant l’Euro est incompréhensible. «Si la crainte était vraiment le manque d’issue de secours, il suffisait de créer une voie fermée sur une largeur d’un mètre et contenir les spectateurs sur les quatre mètres restants en régulant les entrées.» Dubitatif, il poursuit: «D’ailleurs que se passera-t-il avec le CEVA lorsque des milliers de fans ou spectateurs descendront des trains en sous-sol? Il faudra bien les canaliser…»
Aujourd’hui, les réactions sont toujours aussi acerbes, avec toutefois un zeste de malaise. «Personne à droite ne vous dira que c’est une immense connerie, inutile, qui a coûté des millions à la collectivité, confie un élu du PLR embarrassé. Pas même moi!» Une espèce d’omerta sur un dossier que tout le monde qualifie individuellement et en off de «ridicule».
18 mois d'utilisation = plus d'un demi-million par mois!
Après l’Euro, la passerelle a pu être ouverte au public, mais fermée lors de chaque manifestation importante au stade. «Alors qu’elle avait été construite pour ça!» martèlent des riverains.
Une fois la première polémique passée, les plus réticents ont toutefois reconnu l’utilité de ce passage sécurisé de mobilité douce, détaché de cet important carrefour routier. Les usagers se sont appropriés ce passage. L’aspect bois du mélèze et la courbe dessinée par l’objet apportent un peu de vivant et de légèreté dans la grisaille des voies ferrées et du bitume.
Même la ville de Lancy, sceptique au départ, s'est ralliée à l’idée avec le temps. «On souhaitait plutôt une liaison par-dessus les voies ferrées, directement sur l’avenue Eugène Lance, confie l’ancien maire PDC, François Lance. Plus logique qu’un pont qui longe la route.»
Député et membre de la commission des travaux, le Lancéen reconnaît aussi toutefois l’inconséquence de ce projet. «Il n’y a pas eu de véritable réflexion, regrette-t-il. On a voulu faire plaisir à certains… Ce d’autant que figure dans le projet Praille Acacias Vernets (PAV) (important plan d’aménagement urbain cantonal, ndlr) une voie à mobilité douce reliant Lancy-Palettes à la Praille, qui fera doublon.»
En 2011, lorsque la passerelle est amputée en prévision de la future gare routière du Bachet, le ton est rapidement remonté. Une installation à près de onze millions d’argent public qui n’a pu être utilisée qu’un an et demi en tout et pour tout, si l’on compte les nombreuses fermetures, ça passe assez mal. «Je trouvais l’emplacement bizarre, mais finalement c’était vraiment pratique pour venir sur Carouge depuis La Chapelle ou Plan-les-Ouates en toute sécurité, assure une jeune femme accompagnée des deux fillettes à vélo. Et voilà qu’ils la ferment!»
«Aujourd’hui c’est un cauchemar pour les cyclistes, je ne laisserai plus mon fils venir seul à la Praille, ajoute une autre mère, sortant du centre commercial à pied. Le trottoir est trop petit pour faire cohabiter cyclistes et piétons, reste la voie de bus ou la route des Jeunes, très dangereuse.»
«Genève vit au-dessus de ses moyens»
Autant d’inconséquences et de cafouillages répercutés au Grand Conseil qui, en novembre 2015, adopte la loi de bouclement dans la douleur. «Personne ne voulait traiter ce dossier», se souvient un membre de la commission. Plusieurs partis montent déjà au front en commission et refusent même l’entrée en matière. «On se moque des citoyens en dilapidant les deniers publics, assène le MCG Sandro Pistis après avoir vertement enjoint le parlement à refuser le projet de loi, entérinant une dépense finale de 8,981 millions pour la passerelle, montant qui ne comprend pas les frais annexes.
La loi passe finalement en 3e débat par 29 oui, 20 non et 10 abstentions après un vote aux extraits, soit article par article. «C’est dire si le sujet était sensible, se souvient l’écologiste Mathias Buschbeck, fervent opposant depuis le départ. Il y a, à Genève, cette mauvaise habitude de pousser des projets absurdes ou non aboutis, souvent sans aucune vraie réflexion. Et une fois qu’ils sont réalisés, on n’a souvent d’autre choix que d’en assumer les coûts et les conséquences.» Rémy Pagani abonde. «Genève vit au-dessus de ses moyens, insiste-t-il. Lorsque je m’opposais à cette construction mégalomane, tout comme à celle du stade de Genève, les partisans argumentaient par le prestige et l’image du canton.»
Difficile même pour la droite d’assumer cette débâcle. Mais finalement ce sont les Verts, divisés, qui font basculer le vote et accepter la loi.
Aller simple pour l'étranger?
Reste qu’aujourd’hui, la fermeture prolongée et la coupure de la passerelle attise les rumeurs, dont celle du démantèlement du pont afin d'en faire don à l'étranger. Des hypothèses fermement contestées par Thierry Michel, directeur des grands projets au Département de l’environnement, des transports et de l’agriculture (DETA). «Elle rouvrira bien en décembre 2019, lors de la mise en service de la gare du Bachet, assure-t-il. Une liaison avec la partie bois existante est en cours de réalisation.» Des travaux à quelques milliers de francs seulement, selon le spécialiste. «Sans la passerelle, la construction d’un parapet d’un coût équivalent aurait été nécessaire.»
Quant à la remise en service et révision complète du pont, elles relèveront d’un de ces tours de passe-passe dont Genève est coutumier. Selon les services cantonaux, l’inspection générale prévue en 2018 devrait coûter entre 15 000 et 20 000 francs. Cette expertise indispensable à la réouverture déterminera les travaux nécessaires. Au vu du manque d’entretien des dernières années, le montant de la facture pourrait très vite grimper.
Afin de financer ces travaux inévitables en s’économisant un passage difficile devant le Grand-conseil, le Canton a habilement réussi à refiler la patate chaude au dossier CEVA. Qu’est-ce que quelques dizaines, centaines de milliers, voire millions de francs dans un budget de plus d’un milliard et demi?
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Alors que l’on parle depuis plus de cent ans du CEVA (Cornavin Eaux-Vives Annemasse), aujourd'hui Léman Express, que les réserves territoriales sont actives depuis le milieu du siècle dernier, personne n’a voulu admettre l’absurdité de construire une passerelle à plus de dix millions pour devoir l’amputer et la transformer à grand frais, moins de trois ans après sa construction.</p><p>Et sans aucun respect pour la courbe initiale. «Avec ses 185 mètres, il était le plus long pont de bois d’une seule portée, rappelle un ingénieur. Son dessin initial lui conférait un aspect suspendu et léger, presque en équilibre, en écho avec la route de Jeunes qui monte. L’arrimage prévu à la nouvelle gare par un prolongement béton-verre lui fera perdre beaucoup de son charme.»</p><p>Confié à une importante entreprise du bâtiment, la réalisation du projet avait été menée conjointement avec Charpente-concept, la société de Thomas Büchi. «Je précise d’emblée que je n’étais plus député à ce moment-là! 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Dont une tour, des activités commerciales et de services, une crèche et une école, le tout sur 48'000 m<sup>2</sup>. «Reste l’espace de quelques arbres en pot et de deux mini îlots de verdure, ayant même contraint les promoteurs à prévoir la réalisation du préau de l’école sur le toit du bâtiment», ironise le collectif, défendant une baisse de la densité. </p><h3>Pipeau d'or pour une volte-face</h3><p>Le conseiller d’Etat, Serge Dal Busco a reçu, lui, le <em>pipeau d’or</em> pour sa volte-face dans le dossier du 154 route de Malagnou. Une bâtisse désaffectée de l’Université, occupée depuis 2012 par les membres d‘un projet d’habitat collectif et autogéré. En 2016, suite à plusieurs menaces d’expulsion, les résidents avaient pu obtenir un contrat de bail jusqu’en 2020. Mais peu après, le Canton est intervenu pour attribuer le bâtiment à l’Hospice général afin d’y loger des migrants. «C’est honteux de la part de l’Etat de jouer une précarité contre une autre.», s’indigne Brigitte Studer, membre du collectif. <br></p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w650/1509716812_154routedemalagnoupasdequartierpourlesalternatives.jpg" width="771" height="473">Dans la catégorie «pas de quartier pour les alternatives», le bâtiment de route de Malagnou 154 a été primé. © DR<br></h4><br><p>Deux autres <em>briques d’or</em> ont encore été décernées. La première à un projet de surélévation à la rue Butini qui, en lieu et place de quatre appartements, a donné naissance à une «grande villa» avec vue sur le lac. Selon le collectif les propriétaires ont été récemment sommés de modifier cette surélévation pour remettre les quatre appartements prévus sur le marché locatif et de supprimer les quelques modifications non conformes effectuées dans l’immeuble.</p><p>Le dernier prix a été remis à une investisseuse suisse alémanique, présentée, l'été dernier, comme sémillante philanthrope par la <em>Tribune de Genève</em>, proposant des appartements meublés dans un immeuble surélevé et rénové de la rue de Lausanne. «Elle a réussi à faire de juteux bénéfices en rénovant et soutirant du marché locatif genevois des appartements loués très cher, soit entre 4900 et 5800 francs mensuels pour un trois-pièces, détaille Guy Valante expliquant que ces logements ne sont pas adressés aux Genevois. Pour pouvoir obtenir un bail, on a dû faire appeler quelqu’un des États-Unis. La société propriétaire a reçu une amende de quelques dizaines de milliers de francs, mais continue son business lucratif et hors la loi d’appart hôtel, alors que des Genevois sont à la rue.»</p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1509716824_img_6618.jpeg">Aucun des lauréats du premier concours «des pires projets immobiliers» genevois ne s’était déplacé ce matin pour la cérémonie organisée aux Canons, dans la Vieille Ville. © Isabel Jan-Hess<br></h4><p>Le collectif à l’origine du «prix des pires projets immobiliers» poursuit son combat en faveur du droit au logement dans un rapport non marchand, une équité et une juste répartition territoriale. 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Mais mon seul salut a été d’embarquer sur un de ces bateau de la mort, après des mois de tortures.»</p><p>Tous ces rescapés rencontrés en Calabre partagent ces mêmes souvenirs traumatiques. «Déjà au Niger, les conditions de vie étaient difficiles, les trafiquants nous vendaient, raconte Sekou, 18 ans, aujourd’hui accueilli dans un village de montagne près de Reggio di Calabria. «J’ai quitté Gao à l’âge de 14 ans et suivi un passeur qui me promettait du travail, confie-t-il avec des regrets. Gao est aujourd’hui une ville morte, dévastée par Boko Haram. Ils tuent tous ceux qui refusent de se soumettre à leurs lois divines. Ils ont fermé la plupart des commerces et sociétés qui s’y étaient développées. A Gao sois tu meurs soit tu pars.» Rapidement pris dans les mailles des filets de trafiquants, Sekou traverse les frontières du Mali et du Niger. «Dès l’arrivée en Libye nous avons été battus, enfermés et contraints de travailler, se remémore-t-il, le regard dans le vide. Un jour j’étais épuisé, ils m’ont électrocuté pour me réveiller. Ils rigolaient et envoyaient des décharges, c’était horrible, j’étais comme brulé à l’intérieur.»</p><h3>A 8 ans, des séquelles irréversibles</h3><p>Des brûlures, Philippe, 8 ans, en porte sur une bonne partie du corps. Repêché dans le coma par les gardes côtes italiens, il a survécu à la noyade, mais garde des séquelles des coups portés en Libye et des brûlures liées au naufrage de sa barques surchargée. «Ils nous avaient entassés, malgré mes supplications à ne pas nous embarquer, se souvient Rosie sa maman. Je tenais ma fille de 4 ans et Philippe pour éviter qu’ils tombent, mais lorsque le boudin s’est dégonflé, on a tous fini à l’eau, sans gilet de sauvetage. Les gens ont paniqué et vidé les bidons d’essence qui, au contact du sel, nous a tous brûlés. Mais Dieu était avec nous, on est arrivé en Italie et mes enfants peuvent espérer avoir un avenir.»</p><p>Mais quel avenir? Quelle génération est-on en train de créer? Comment peut-on vivre après de telles violences et se reconstruire une vie dans la résilience? Les psychologues et les travailleurs sociaux rencontrés en Calabre sont unanimes: «Il faudra du temps, déplore une jeune psychologue active dans plusieurs centres. Les pays d’accueil devront investir pour que ces personnes n’évoluent pas en marge et dans la précarité. La communauté internationale doit s’engager pour faire cesser ce massacre. Des vies sont brisées chaque jour. Sans véritable accompagnement, certains ne s’en remettront jamais et seront à vie à charge de la société.»</p><p>Abraham, par exemple, est un miraculé. Aujourd’hui hébergé dans un appartement de Lamezia Terme, cet Ivoirien garde des séquelles psychologiques et physiques de son passage en Libye. Plus précisément à la frontière avec le Niger où il a failli être abattu. «On a fui le pays avec ma femme, car ma vie était en danger suite à des problèmes familiaux, explique-t-il. Arrivé au Niger, on n’avait rien, alors j’ai accepté de travailler pour des passeurs sans scrupule. Un jour, ils ont violé ma femme devant moi et m’ont poursuivi pour me tuer, sans aucune raison. Ils ont tiré à plusieurs reprises, j’ai été touché au pied, mais j’ai pu m’échapper.» En Libye, Abraham n’a pas reçu de soins, les blessures se sont aggravées conduisant à une amputation partielle à son arrivée en Italie. «Je ne sais pas ce que je vais devenir, heureusement ma femme a pu rejoindre sa famille en Côte d’Ivoire. J’aimerais sortir de ce cauchemar qui me réveille chaque nuit, j’ai peur que ça recommence.» </p><h3> «Enceinte, elle a été piétinée à mort sous mes yeux»</h3><p>Maike, 17 ans, a quitté la Guinée-Conakry à l’âge de 13 ans. Enfant des rues, il a été séduit par un recruteur. «Il nous disait qu’on aurait du travail, une belle vie, on n’a pas hésité.» Mais la balade se transforme vite en calvaire. «On travaillait pour avoir à manger et ils nous vendaient à des passeurs différents dans chaque région. C’est très bien organisé.» Après plusieurs années de travail forcé, de privation de nourriture et de violences quotidiennes, Maike embarque un matin, contre son gré. «J’ai vu des hommes devenir des bêtes, c’est chacun pour soi, si tu veux survire là-bas.» Son souvenir le plus marquant reste celui de la traversée. «On était beaucoup trop dans cette barque. Il y avait une très jeune femme enceinte. Lorsque le fumée d’un bateau a été repérée au loin, tout le monde s’est levé en criant et le balancement a précipité la femme au fond du bateau. Elle a été piétinée à mort sous mes yeux! Je n’ai rien pu faire, je m’en veux chaque jour.» L’adolescent au look branché des jeunes de son âge, peine à retenir ses larmes. «Tous les matins au réveil, je revois ces images et je n’arrive pas encore à croire que je suis en Italie.» Sa thérapie? Le rap et les cours d’alphabétisation et d’italien qu’il suit avec brio. Depuis son arrivée au village de Riacce, il chante, tourne des clips avec ses compagnons d’exil qu’il poste sur YouTube. «Je suis content de pouvoir aller à l’école et la musique m’aide à avancer et à éloigner les démons.»</p><p>Viktorine, 34 ans, évoque aussi le piège libyen. «On s’est enfuis en Algérie avec mon mari, explique cette chrétienne, mère de quatre enfants. Avec l’arrivée de Boko Haram dans notre région du Cameroun, on n’avait d’autre choix que de fuir, raconte-t-elle encore bouleversée. J’avais refusé de me convertir à l’islam et d’être excisée, je recevais des menaces qui touchaient toute la famille.» C’est en Algérie que des rabatteurs les attirent en Libye. «On nous a dit qu’il y avait du travail, que nos enfants seraient mieux que dans le ghetto dans lequel nous vivions près d’Oran. La frontière à peine franchie, la famille est séparée et enfermée. «Mon mari a été kidnappé et emmené par des arabes armés, se souvient-elle encore effrayée. Il a été brutalement entassé dans un pickup, rempli d’hommes noirs menottés. Nous, les femmes et les enfants, on nous a amené dans un centre effrayant, où j’ai vécu au milieu des rats, essayant de protéger mes enfants jour et nuit.»</p><h3>Des jeunes filles livides, mutiques<br></h3><p>S’ils n’ont pas subi de violences sexuelles, ils ont souffert de malnutrition et surtout assisté à des tortures. «Tous les jours il y avait des hommes qui emmenaient des jeunes filles qui revenaient livides et mutiques. 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Des bateaux sont affrétés pour porter secours à ces malheureux et, au lieu d’une reconnaissance de leur engagement, ces associations se voient accusées de favoriser l’arrivée de migrants économiques en Europe en garantissant leur prise en charge en mer. «Le triste scénario est récurrent», déplore Mathilde Auvillain, coordinatrice à Catane des opérations de secours en mer de l’<em>Aquarius</em>, affrété par SOS Méditerranée. Celui de migrants africains, entassés sur des barques de fortune jusqu’à 200 parfois, avec un pseudo pilote, formé à l’arrache et un ou deux téléphones portables avec le numéro du Centre de coordination des secours en mer (MRCC), basé à Rome. «Le MRCC a l’obligation de décrocher et répondre aux appels en détresse, précise celle qui a elle-même porté secours à de nombreux candidats à l’exil. Selon la position, ils intiment l’ordre au bateau le plus proche de prendre en charge les naufragés. 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Pire, certains à l’image de la communauté européenne ce printemps, négocient des accords avec les pseudos gouvernements locaux libyens qui se partagent le pays pour qu’ils gardent ces milliers d'Africains sauvagement exploités. La semaine dernière, en visite au Niger pour apporter une aide de 7'500'000 francs à un projet d'appui à la sécurité alimentaire, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga se disait bouleversée par les témoignages de migrants passés par la Libye, reconnaissant qu’aucune autorité ne contrôle le pays. Si elle admet leur situation «épouvantable» dans des centres de détention et confirme que la situation chaotique en Libye déstabilise toute cette région historique de migration, elle n’apporte aucune solution, ni proposition. Diplomatiquement, elle renvoie la balle au HCR, au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ou à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), saluant leur travail sur place.</p><p>Les appels à sanctionner la Libye se multiplient, mais restent sans effet.</p><p>Dans le journal d’Afrique de l’Ouest <em>Ouestafnews</em>, du 30 juin dernier, Boubacar Sèye président d’Horizons Sans Frontières dénonçait le «jeu hypocrite que jouent les Occidentaux et les chefs d’Etats africains sur la question». Les morts se comptent désormais par dizaines dans le désert libyen et en Méditerranée. Plus de 2800 depuis le début de l’année. Chaque semaine, un nouveau drame est recensé. Tellement banal qu’il n’occupe que quelques lignes dans les journaux et passe encore parfois furtivement entre le fromage et le dessert aux informations. Pourtant près de 110'000 migrants sont arrivés en Italie par la mer depuis le début de l’année, 2655 sont morts pendant la traversée.»</p><p>En juillet, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini soulignait, dans un interview au journal <em>Le Monde</em>, l’impossibilité de signer un accord migratoire avec un pays en plein chaos. «Il est impensable d’imaginer pouvoir bloquer la route de la Méditerranée centrale par un accord tant que la crise en Libye n’est pas résolue.» Depuis, plus rien. 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Sans compter que de nombreux pays européens ont clairement encore des intérêts en Libye.<br></p><p><strong>Vous dites que la situation économique de la Libye a favorisé l’émergence de ces «puissants émirs de guerre» exploitant les noirs africains, les rendant encore plus vulnérables...</strong></p><p>Tous les Libyens ne sont pas des monstres, précise-t-il. Il y a beaucoup de jeunes, de médecins, d’universitaires qui créent des associations pour venir en aide à ces Africains. Mais la précarité de leur propre quotidien tient leurs priorités. 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De curieux instruments à vent aux noms poétiques, tel la serinette, servant à apprendre à siffler aux serins, dont il détaille volontiers le mécanisme. «Certains orgues sont à cylindres, d’autres à carton perforé, à lecture pneumatique ou à peigne. Et aujourd’hui il y en a même dotés d’une puce électronique», précise-t-il dans un élan d’enthousiasme.</p><h3>Cartons en accordéon ou galettes</h3><p>Incollable sur le mécanisme et sur les morceaux de son impressionnante collection, il raconte l’instrument magique, en tournant la manivelle, glissant les cartons pliés ou tournant les galettes en carton. Les pièces de cet ancien inspecteur de la police genevoise sont uniques et manuelles. Une collection d’une dizaine d’orgues de rue aux tailles diverses, qu’il caresse comme des bijoux. «Enfant j’étais fasciné par les lanternes magiques, plus tard j’ai collectionné les phonographes, jusqu’au jour où l’orgue de barbarie s’est imposé, se souvient-il. C’était en 1973 à Carouge, à l’occasion d’une exposition de phonographes. J’ai vendu tous mes appareils et acheté mon premier instrument.»</p><p>A 82 ans, ce mélomane averti ne compte plus les festivals auxquels il a participé. «Au début on gagnait un peu d’argent qui finançait le voyage, sourit-t-il. Aujourd’hui, les gens ne donnent plus rien, la dernière fois que je suis allé à une manifestation en France, j’ai tout juste pu me payer deux verres! Mais c’était sympa!»</p><p>Lorsqu’il se met à jouer, son visage s’éclaire, il est en apesanteur sur Nabucco. Cet autodidacte connaît par cœur chacune des centaines de partitions qu’il a lui-même créées ou transcrites. Et si une note déraille, il opère immédiatement une retouche au carton abîmé. Loin du poinçonneur des Lilas, Jean Ketterer affectionne la perforation en rectangle. De petits trous qu’il découpe avec une précision chirurgicale, à l’aide d’une drôle de machine à pédale. «C’est un copain qui m’a bricolé ça un jour pour que je puisse faire mes cartons», plaisante-t-il en traçant les espaces à couper au millimètre près.</p><h3>Inspiré du métier à tisser</h3><p>Jean Ketterer est aussi intarissable sur l’histoire de son instrument fétiche. «L’orgue est ancestral, on a découvert qu’un calife en avait offert un à Pépin le Bref, assure-t-il. Mais les premiers orgues de barbarie au carton perforé, sont apparus au début du XVIIIe. Directement inspirés des métiers à tisser.»</p><p>Mais malheureusement, en 2017, faire danser dans les fêtes populaires ou jouer les troubadours n’intéresse plus grand monde. «Cela fait déjà des années que "noteur-arrangeur" n’est plus un métier, regrette celui qui a pourtant tenté, en vain, de transmettre sa passion. Noter, arranger ou jouer de l’orgue de barbarie, aujourd’hui ça ne rapporte plus que du plaisir.» Une réalité qui n’entame en rien la joie de vivre de ce retraité, presque aussi connu au bout du Léman que son cousin Claude Ketterer, ancien maire de Genève.</p><p></p><hr><p></p><h2>Précédemment dans Bon pour la tête</h2><p>Métiers oubliés, métiers d'avenir (1): <a href="https://bonpourlatete.com/actuel/les-fees-du-regard-perdu-ou-les-filles-aux-yeux-de-verre">Les fées du regard de verre</a></p><p>Métiers oubliés, métiers d'avenir (2): <a href="https://bonpourlatete.com/actuel/le-secret-bien-garde-de-la-fee-verte">Le secret bien gardé de la fée verte</a></p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'le-poinconneur-de-cartons', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 1061, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 385, 'homepage_order' => (int) 386, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => 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