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Des films et des séries à gros budget ont récemment mis en scène et dramatisé des institutions qui, dans un passé encore proche, étaient entourées d'un sacre absolu, comme la papauté ou la monarchie anglaise. Ils masquent mal notre nostalgie collective.



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Après la série Young Pope, et les films Two Popes ou Habemus Papam, nos écrans viennent de nous livrer Conclave, un film de l'Allemand Edward Berger sur la cérémonie du même nom. Impensables il n'y a pas vingt ans, par simple manque d'intérêt, ces œuvres filmées nous invitent à visiter le Vatican en coulisse. Servis par des acteurs de grande renommée − Jude Law, Anthony Hopkins, Michel Piccoli ou Ralph Fiennes − ces séries et ces films ont en commun de ne pas nous servir des actes d'accusation en règle contre la plus vieille institution de l'histoire. Pas un n'a la prétention d'être un réquisitoire, ni contre le Vatican, ni contre l'Eglise catholique, ni même contre la foi. Chacun explore, souvent avec un humour décalé et une authentique érudition, une facette ou l'autre de ces hommes et de ces rites d'un autre âge. Et c'est peut-être là que se trouve la clé de compréhension de toutes ces œuvres: elles n'ont même pas besoin d'être critiques. Manifestement, le mal est fait. Progrès scientifiques et scandales de pédophilie organisée aidant, l'église catholique est passée en moins d'un demi-siècle de force structurante de la société en hobby dominical pour une frange d'originaux − moins de 7% de la population de la France, autrefois fille aînée de l'Eglise.

Il en va de même pour une autre vénérable institution, la monarchie anglaise. La série à succès The Crown, les films The Queen ou The King's Speech explorent tous en détail les dessous de la cour de St James. Comme le Vatican, Buckingham est exploré avec des budgets titanesques, des acteurs célèbres et parvient à drainer des audiences record. Et comme dans le cas des papes, les monarques anglais sont dépeints comme des humains au destin extraordinaire mais sans acrimonie ou esprit de revanche. Il est certain que le soutien des Anglais, et des peuples des onze autres monarchies européennes encore en exercice, reste majoritaire. Mais on devine bien, lorsqu'on observe l'histoire, que ces modes de gouvernement ne résisteront probablement pas au monde qui vient.

Disséquées comme un vulgaire insecte

C'est par leur existence même que ces œuvres sont accablantes pour les institutions qu'elles décrivent. En explorant la vie d'Elisabeth II ou d'un pape imaginaire ou réel, ces films indiquent que ceux-ci sont déjà devenus des objets de musée, sous globe et pourvus de petites notices explicatives. Plus rien de sacré ne les habite, plus aucune révérence n'est désormais nécessaire. On ne retient plus son souffle, on n'a plus besoin de baisser la tête ou de parler à voix basse. On les observe tranquillement dans son canapé en se demandant oisivement comment ces êtres de chair et de sang ont pu, dans un passé pas si lointain, exercer un tel pouvoir et inspirer une telle déférence.

Le ton de toutes ces productions est plutôt compatissant. Bien évidemment celles-ci ne manquent pas d'ironie et d'humour mordant à l'occasion. Mais pas une ne tombe dans le cynisme anticlérical ou dans le républicanisme antimonarchiste. C'est plutôt l'approche d'un entomologiste qui s'impose, notamment dans le travail visuel, toujours léché et attaché à l'exactitude des détails de décor, de rite, de langage et de costume. Conclave, la dernière de ces productions en date, imagine un scénario haletant dans un environnement parfaitement conforme aux arcanes vaticanes, jusqu'au rite du retrait et de la destruction de l'anneau pontifical. The Crown restitue, au-delà des personnages, une atmosphère à couper au couteau, dans laquelle l'enjeu principal consiste pour les individus à trouver leur expression dans un rôle qu'ils ne doivent qu'aux hasards de la généalogie. Two Popes imagine des dialogues ciselés et passionnants entre Benoît XVI et François I, laissant au spectateur tout loisir d'en tirer ses conclusions. On cherche en vain un propos programmatique, un plaidoyer pour le matérialisme, contre la religion ou la royauté. Ces femmes et ces hommes sont de purs objets de drame, victimes et agents à parts égales.

La fin d’un monde

De toutes ces productions se dégage un fort relent de nostalgie toutefois, non pas pour les institutions qu'elles décrivent, mais pour ce qui en constituait le socle: le sacré, l'indiscutable et le traditionnel. Notre époque semble avoir fait son deuil des rois, des reines et des papes. Et pas une de ces œuvres ne pourrait être interprétée comme un appel réactionnaire à un retour au passé, pas plus qu'elles ne se réjouissent de leur perte presque complète, sous nos latitudes en tous les cas, de pertinence. On y décèle pourtant un sanglot pour le temps (béni?) des hiérarchies, des ordres établis et du consensus. A ce titre, The Crown est le plus parlant, ne serait-ce que par sa taille et son budget. La reine, interprétée par trois actrices successives, apparaît comme l'involontaire charnière entre le sacré et le relatif, spectatrice contrariée du passage rapide de l'Empire et de sa pompe au Brexit et à sa vulgarité populiste.

Seule parmi ces œuvres à proposer une projection dans l'avenir, la série Young Pope esquisse un regain de fascination pour la foi catholique. Servie par Jude Law, extraordinaire dans son rôle de serviteur de dieu avec la beauté du diable, scénarisée par l'excellent Paolo Sorrentino, Young Pope ose imaginer un retour à une tradition centrée sur le mystère, le dogmatique et l'invisible. Il parvient ainsi à nous prouver que ces institutions sont peut-être bien mortes aujourd'hui, mais qu'elles sont avant tout notre création. Tant qu'il y aura des hommes, nous murmure-t-il, ceux-ci auront besoin de se créer des dieux.

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