Culture / L’érotique Valentina de Crepax, toute en jambes et en couleurs
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Les Editions Dargaud ont décidé de publier l’intégrale des aventures de Valentina, l’érotique héroïne du dessinateur milanais Guido Crepax. Une édition en 12 volumes, par ordre chronologique, de 1965 à 1993, et pour la première fois en couleurs. Les deux premiers volumes sont en librairie.
Valentina Rosselli est née en 1965, à Milan. Elle est née déjà âgée d’une vingtaine d’années, avec une coupe au carré, d’interminables jambes menant à des fesses rondes – «les plus belles de l’histoire de la bande dessinée», disait Georges Wolinski – et à une toison pubienne aux poils fins. Plus haut, des seins menus et des yeux mélancoliques. Valentina est une jeune femme moderne, intelligente, élégante, délicieusement impudique, tout à fait érotique. C’est une petite-bourgeoise milanaise, photographe professionnelle, aventurière, plutôt libérée sur le plan des mœurs.
Valentina est née de la main de Guido Crepax (1933-2003), un des auteurs majeurs de la bande dessinée, un de ceux qui en ont fait «le neuvième art». Comme sa créature, Crepax est Milanais. Architecte de formation, il commence à faire de la BD dès 1959. En 1965, il est contacté par la toute nouvelle revue Linus, éditée, entre autres, par Umberto Eco. Et Valentina fut.
A l’époque, l’impression couleurs est un luxe que Linus ne peut pas s’offrir à toutes les pages. L’héroïne de Crepax nait ainsi en noir et blanc, et c’est ainsi qu’elle évoluera, qu’elle vieillira même, puisque le dessinateur a décidé que son personnage serait, comme lui, soumis à la loi du temps qui passe.
Crepax n’était pas opposé à la couleur
La publication, par les Editions Dargaud, d’une intégrale chronologique de Valentina est une double bonne surprise. D’abord parce que douze volumes, c’est la promesse d’une passionnante (re)découverte, de nombreuses émotions et de beaucoup de plaisir. Ensuite parce que Valentina se présente aujourd’hui à nous en couleurs. Il y aura certainement des «puristes» pour s’en offusquer: grand bien leur fasse. Crepax n’était pas opposé à la couleur, il savait très bien l’utiliser dans d’autres publications. Et depuis la mort du dessinateur, en 2003, son épouse et leurs trois enfants ont créé l’Archivio Crepax, qui veille au respect de l’œuvre du maestro: «Dans ce cadre, un ambitieux travail de scanning des originaux en noir et blanc, et de mise en couleurs a été entamé, explique l’éditeur Dargaud. La logique et simple: suivre l’esprit appliqué par Crepax, selon les époques, dans ses bandes dessinées et illustrations en couleurs. Tout en mettant en relief l’atmosphère de chaque histoire, la caractère dramatique de certaines scènes et les états d’âme des personnages. L’ambiance chromatique de chaque récit captera également l’évolution graphique de l’auteur, ainsi que les mouvements artistiques de chaque époques.» C’est réussi. La couleur n’enlève rien à l’érotisme de Valentina ni à l’originalité de ses aventures.
Les Editions Dargaud proposent aujourd’hui les deux premiers volumes de l’intégrale, c’est-à-dire des récits de 1965 à 1968. Valentina y passe de son époque, de la modernité de la fin des années soixante, à des mondes oniriques, magiques, fantastiques, mythologiques. Elle entraine ainsi le lecteur dans une exploration tant du présent conscient que de l’inconscient. A la fin de chaque volume, des dossiers bien documentés permettent d’entrer dans le détail, de découvrir les références culturelles et la trajectoire artistique de Crepax.
Psychanalyse et politique
Sur l’inconscient, justement, le dessinateur explique que bien que n’ayant jamais été chez un psychanalyste, la psychanalyse le fascine: «Je suis convaincu que nous sommes entourés d’un environnement hostile qui tend à notre destruction. (…) Les protagonistes des mes histoires sont presque toujours plongés dans une jungle d’embuscades réelles ou psychologiques. Par ailleurs, il n’y a presque jamais de bons et de méchants, tous les personnages sont ambivalents ou polyvalents. (…) Pourtant, j’aime aussi mes peurs et je ne voudrais pas m’en défaire définitivement.»
Politiquement, Guido Crepax a soutenu à une époque les luttes menées par les groupes d’extrême gauche italiens, en particulier celles des trotskystes, en dessinant des affiches et des illustrations pour des publications de contre information.
Fantasme masculin ou féminisme?
Se pose ici la question féministe. Valentina a un physique de top model, elle est toujours bien vêtue, toujours bien dévêtue, correspondant parfaitement à des fantasmes masculins plutôt basiques. Femme libre, faisant ce qu’elle veut de sa vie et de sa sexualité, elle a été parfois mal accueillie par les militantes des mouvements de libération de la femme, accusée d’être «un phénomène pour voyeurs». Dans le deuxième volume de l’intégrale, le témoignage de la journaliste féministe Patrizia Carrano est intéressant: «Pendant de nombreuses années, Valentina a été considérée par les femmes les plus rebelles et déterminées parfois comme un démon à combattre et parfois comme une alliée dont elles pouvaient être fières. (…) Peut-être qu’involontairement Crepax a marché en véritable annonciatrice – et le féminin n’est pas une erreur – sur cette quête étroite, pointue, inaccessible. Il l’a fait pendant plus de trente ans. Sans jamais glisser, sans jamais se blesser, sans jamais nous blesser. Il a dessiné Valentina à plat ventre, sur le dos, il l’a déshabillée, empaquetée, il lui a mis puis enlevé jarretières et porte-jarretelles, la mettant toujours en lumière grâce à un regard tout à fait autre, différent. Raison pour laquelle Valentina est entrée dans les profondeurs de l’imaginaires féminin.»
L’intégrale de la Valentina de Crepax est l’occasion de se régaler des courbes de l’héroïne, d’apprécier sa liberté sexuelle, d’être ému par l’érotisme soft mais aiguisé du dessinateur, de fantasmer, de découvrir des mondes étranges, parfois familiers. De voir tout ça pour la première fois en couleurs. Surtout, c’est le rappel pour ceux qui les ont vécues que dans les années 60 et 70, la dialectique était partout, et que si elle ne cassait pas des briques, elle aiguillonnait tant les corps que les esprits.
L’intégrale Valentina, Editions Dargaud. Volume 1 (1965-1966): «Le virage de Lesmo» – «Les souterrains» - «Valentina perdue au pays des soviet». 224 pages. Volume 2 (1966-1968): «Ciao Valentina» - «La Descente» - «Un poco loco» - «Funny Valentine» - «La loi de la pesanteur» - «Valentina et le chat botté». 224 pages.
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C’est tout à fait réjouissant pour ses lecteurs, aussi pour celles et ceux qui, comme nous à Bon pour la tête, aiment passionnément les aventures éditoriales. Celle que mènent depuis dix ans Christine Mercier et Justin Favrod est exemplaire en plus d’être réussie. «Pour maintenir le niveau actuel de plus de 4100 abonnements, il nous faut en gagner un nouveau par jour. (…) Nous courons les marchés et les foires pour distribuer la revue et montrer que, loin de s’adresser aux spécialistes, elle ambitionne de distraire et de cultiver le plus grand nombre», explique Christine dans son édito. Et qui l'a vue en action sait qu’elle ne se paie pas de mots. 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Peut-être pas… Qui dit Noël, dit, entre autres, téléfilms de Noël et <a href="https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2024-12-06/cinq-choses-etonnantes-que-vous-ignorez-peut-etre-sur-les-telefilms-de-noel-e0034476-c288-4b47-beeb-f9a71a886c7d" target="_blank" rel="noopener"><em>Ouest France</em></a> en dévoile les dessous. «Ils utilisent de la fausse neige», révèle le quotidien français. Je citerais bien une fois de plus Guy Debord – «Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation» – mais j’ai peur de lasser. Par contre, je vous encourage à chercher, cette année, ce qui sera par vous directement vécu durant les fêtes de Noël. Je suis prêt à tout entendre – surtout si c’est salace – mais à celles et ceux qui évoqueront la «magie de Noël» je demanderai des précisions et ne me contenterai pas de trucs éculés, de fausse neige. 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