Culture / Croire faire un voyage: une résidence artistique au Musée Jenisch
© Anne Voeffray
Une longue méditation active à l’abri du monde. Etre bouleversée par des rencontres d’œuvres et de visiteurs dans un lieu hors de l’espace et du temps. «On croit qu'on va faire un voyage mais bientôt, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait.»
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Le petit groupe s’amasse devant ma table de travail. Une jeune fille lève immédiatement la main et affirme, péremptoire: «C’est le visage d’une personne morte avec du sable dessus!» Stupéfaction. Il va falloir adapter mon discours, revoir ma copie instantanément. En effet, c’est un tirage photographique intitulé, selon la suggestion d’une amie, «Autoportrait du Fayoum». Hommage aux peintures, en Egypte ancienne, qui représentaient les personnes mortes pour s’en souvenir. C’est l’une des définitions de la photographie, outre l’écriture avec la lumière. Photographier c’est se souvenir d’instants passés, morts et renouvelés aujourd’hui. <i>Memento mori</i>.</p> <p>Deux sœurs souhaitent voir un grand tirage noir et blanc d’une toile d’araignée issu de <a href="http://annevoeffrayphoto.ch/magma-3/"><i>Magma</i></a> et s’exclament: «On dirait une gravure!» Merci pour le compliment.</p> <p>Une femme malentendante comprend avec clairvoyance la problématique du cadre qui m’occupe. 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Plier bagage, chargée, fatiguée, mais intensément contente.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1673518328_capturedcran2023011211.11.20.png" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>© Claudine Hildbrand-Leyvraz, 2022</em></h4> <hr /> <h4>«On croit qu'on va faire un voyage mais bientôt, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait.», Nicolas Bouvier dans <em>L'Usage du monde</em>, 1963.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'croire-faire-un-voyage-une-residence-artistique-au-musee-jenisch', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 351, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 6493, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4347, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Vers un réenchantement du système de santé grâce à la crise écologique?', 'subtitle' => 'Pollution des sols, de l’eau, de l’air, effondrement de la biodiversité, raréfaction des ressources fossiles, émissions de CO2: la crise environnementale a un impact négatif sur le vivant, sur la santé des populations d’ici et d’ailleurs. 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L’écosystème foisonnant du <a href="https://www.samw.ch/fr/Projets/Apercu-des-projets/Forum-durabilite-systeme-sante.html">«Forum suisse pour la durabilité du système de santé: comment réussir la transformation?»</a> pose sur la table ces constats alarmants et invite les professionnels à questionner leurs valeurs et réinventer leurs pratiques: entre économie, technologie et réenchantement.</p> <h3>Les médicaments? Un éléphant dans la pièce</h3> <p>Issus des industries pharmaceutiques, les médicaments sont comme <a href="https://www.youtube.com/watch?v=bhhGZtdvs80">«An Elephant in the Room»</a> de Banksy, comme le déplore <a href="https://saez.ch/article/doi/saez.2019.17459">René Jaccard</a>. Ce dont personne ne parle. Ce qui prend pourtant presque toute la place. En effet, certaines molécules chimiques ont un éco-bilan toxique catastrophique, si l’on prend en compte tous les éléments de leur cycle de vie: extraction, production, transport, conservation, emballage, distribution, destruction.</p> <p>Les entreprises pharmaceutiques, <a href="https://theconversation.com/lindustrie-pharmaceutique-emet-plus-de-gaz-a-effet-de-serre-que-lindustrie-automobile-118251">plus polluantes que l’industrie automobile</a>, seraient responsables de près du tiers de l’empreinte carbone des systèmes de santé, sans compter les pollutions chimiques sur leurs sites de production. Prescrits aux humains et administrés au bétail, les <a href="https://www.revmed.ch/livres/sante-et-environnement/partie-2-environnement-sante-et-societe-perspectives-multidisciplinaires/perspective-des-risques-environnementaux-pour-la-sante-humaine/29-ecotoxicologie-des-medicaments#tab=tab-toc">médicaments ingérés, une fois excrétés, finissent dans l’environnement</a> impactant négativement la flore et la faune terrestre et aquatique. Les chercheurs observent une absence problématique de transparence de la part des industriels de la chimie. Ce ne sont pas les <a href="https://bonpourlatete.com/actuel/big-pharma-quel-bilan-ecologique">procès perdus</a> par les industriels de la pharma, représentant pourtant des milliards, qui ont le moindre impact sur leurs méthodes, tant ces amendes sont ridicules au regard des profits engrangés. Cette opacité, associée à une carence de surveillance et de réglementation étatique, contribue à une <a href="https://recheck.substack.com/p/reglementation-des-produits-pharmaceutiques?utm_source=profile&utm_medium=reader2">baisse de confiance</a> de la population face aux produits pharmaceutiques et leurs pourvoyeurs.</p> <p>L’impact de nos médicaments sur le vivant est <a href="https://www.samw.ch/fr/Projets/Apercu-des-projets/Forum-durabilite-systeme-sante.html">étudié par Unisanté</a>. Contrairement aux pesticides, les micropolluants pharmacologiques ne sont pas limités quantitativement et ne sont ni filtrés, ni traités par les stations d’épuration en Suisse. Tifaine Charmillot et ses collègues observent des conséquences sanitaires, telles que la résistance aux antibiotiques ou les troubles de la fertilité dûs aux perturbateurs endocriniens, sans compter les effets plus dramatiques encore pour les pays producteurs des matières premières comme l’Inde ou la Chine. Selon <a href="https://www.unil.ch/fbm/fr/home/menuinst/la-releve-academique/nominations--promotions/professeurs-a-a-z/d-g/dacremont-valerie.html">Valérie D’Acremont</a>, la source du problème provient bien moins des exigences des patients que des médecins prescripteurs de produits pharmaceutiques. Nos médecins pourraient pourtant supprimer, substituer, proposer des alternatives non pharmacologiques ou diminuer les doses médicamenteuses. Le réflexe de l’ordonnance en fin de consultation est ancré dans les pratiques. Au détriment du vivant.</p> <p>Leur but n’étant pas que philanthropique, nous sommes pourtant devenus dépendants des industriels. Dans le documentaire <i>36.9° </i><a href="https://www.youtube.com/watch?v=LtGg6CRV2xw"><i>Médicaments: autopsie d’une pénurie</i></a>, ces derniers admettent ouvertement être tournés vers un profit pour eux-mêmes et leurs actionnaires, les attirant vers des produits novateurs et onéreux, au détriment d’un service sociétal de maintien d’une offre d’anciens médicaments génériques accessibles, bon marché et produits localement. Les populations se trouvent désarmées face aux pénuries et dépossédées de leur souveraineté sanitaire quand bien même elles sont contraintes de les financer largement à travers leurs cotisations à l’assurance maladie obligatoire. Les géants de la pharma mondialisée, couplés au pouvoir technocratique médical et au pouvoir politique: voici le nouveau trio.</p> <h3>La «santé» au défi des «solutions»</h3> <p>Tout en étant à la source du problème, vu le modèle productiviste dans lequel nos sociétés sont empêtrées, le solutionnisme techno-scientifique nous promet de résoudre le «nouveau» défi environnemental. En 1974 déjà, le philosophe André Gorz, dans un article intitulé <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2010/04/GORZ/19027">«Leur écologie et la nôtre»</a> prévoyait «la récupération de l’écologie par l’industrie et les groupes financiers»: c’est-à-dire par le capitalisme, actuellement, le néolibéralisme mondialisé. L’innovation technologique nous sauverait, du changement climatique comme de la maladie. Certes, comme l’affirme un médecin institutionnel, dans le cadre de la biomédecine: «La technologie peut amener sa contribution. On n’a pas envie de revenir à l’âge de pierre». Mais la tentation de maintenir l’expert techno-médical au centre, au détriment du patient, reste présente chez certains professionnels. Ce réflexe pourrait s’expliquer par le souhait de préserver une vision prestigieuse de la médecine avec ses <a href="https://www.lemanbleu.ch/fr/Actualite/Archives/Deux-professeurs-des-HUG-dans-un-clip-de-rap.html">privilèges symboliques et économiques</a>.</p> <p>Nous relevons un impensé au cœur de certaines propositions: croire que<i> l’</i><a href="https://www.antithese.info/videos-antithese/solange-ghernaouti"><i>intelligence artificielle</i></a> ou le développement de nouvelles <i>app</i> pour évaluer nos émissions de CO<sub>2</sub> vont nous aider à solutionner les problèmes… écologiques! Ces idées paradoxales omettent non seulement l’impact de notre cyberdépendance, les risques relatifs à l’exploitation de nos données personnelles, mais aussi les répercussions de la digitalisation de nos vies sur l’environnement: comme l’extraction de terres rares pour la fabrication des outils numériques ou la consommation gourmande en électricité et en eau pour refroidir les installations des centres de données. A l’ère du <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2019/01/ZUBOFF/59443">capitalisme de surveillance</a> décrit par Shoshana Zuboff, il ne s’agit pas d’être technophobes, mais de réfléchir à «(…) la possibilité même d’un épanouissement démocratique et humain». <a href="https://applicationspub.unil.ch/interpub/noauth/php/Un/UnPers.php?PerNum=3413&LanCode=37">Solange Ghernaouti</a> préconise même une <i>retenue numérique</i>, car <a href="https://makeamove.fr/transition-ecologique/numerique-et-environnement-les-meilleurs-ennemis-du-monde/">«La numérisation de toutes nos activités engendre toujours plus de destruction, d’exploitation et de consommation de ressources naturelles.»</a></p> <p>Comme s’interrogent <a href="https://www.google.ch/books/edition/Il_faut_s_adapter_Sur_un_nouvel_imp%25C3%25A9rat/R4F-DwAAQBAJ?hl=fr&gbpv=1&printsec=frontcover">Barbara Stiegler</a> ou <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Y8ffYfySvRU">Roland Gori</a>, faut-il s’adapter constamment, se réformer, faire des efforts, réduire, se restreindre, faire des économies? Faut-il imposer de nouvelles normes, de nouvelles obligations, de nouvelles restrictions? Faut-il faire <i>moins</i>? Cette ritournelle des nouvelles politiques publiques: <a href="https://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/la-fin-de-l-abondance-la-formule-du-president-macron-ne-passe-pas-pour-l-opposition_5325610.html">«la fin de l’abondance!»</a>, est un vœu pieux, triste et désespérant. L’enjeu est bien, non pas de surveiller, punir, contraindre et compresser des soignants déjà sous pression, mais se demander comment faire autrement et faire envie aux personnels de santé, à ceux qui risquent d’être désignés comme réfractaires au changement et qui, à raison, verront d’un mauvais œil toute nouvelle bureaucratie au nom du climat. Comment donc, non pas seulement faire <i>moins</i>, mais faire <i>mieux</i> avec créativité et joyeusement?</p> <h3>Vers un nouveau paradigme réenchanté?</h3> <p>La tâche est grande, afin de dépasser le cercle des convaincus au sein d’un système de santé largement conservateur et rigide. Il est urgent de sensibiliser les jeunes médecins en formation: repenser les définitions de la santé, de la maladie, du soin, débiomédicaliser, développer une vision holiste, inter ou transdisciplinaire, développer un nouveau paradigme pour une médecine et des soins durables <i>low tech</i>, ainsi que des approches alternatives de soins et de promotion de la santé. Pour <a href="https://www.unil.ch/fbm/fr/home/menuinst/la-releve-academique/nominations--promotions/professeurs-a-a-z/l-p/monod-stefanie.html">Stéfanie Monod</a>, il est temps de remplacer «notre vieux système de soins hospitalo-centrés», par un nouveau modèle qui réponde mieux aux <a href="https://promotionsante.ch/sites/default/files/2022-11/Document_de_travail_053_PSCH_2021_06_-_Promouvoir_la_sante_et_prevenir_les_maladies.pdf">besoins de notre société</a> et fasse une large place à la promotion de la santé.</p> <p>Il s’agit aussi de simplifier le système de santé, afin d’améliorer la qualité des soins tout en diminuant les coûts. Comme le rappelle <a href="https://sbk-asi.ch/fr/asi/organisation/zentralvorstand/sophie-ley">Sophie Ley</a>, il serait temps de prendre soin de la durabilité des soignantes et soignants – ne trouvant plus le sens de leur engagement dans un contexte désenchanté – en leur offrant l’occasion de survivre plus que deux ans dans leur métier. La discrépance entre leur excellente formation professionnelle humaniste et la réalité triviale trop souvent déshumanisée du terrain est un élément largement sous-estimé par les politiques qui se contentent, en réponse à la pénurie, de préconiser l’augmentation du nombre de professionnels formés. Une hémorragie ne se traite pas uniquement en administrant du sang neuf.</p> <p>La question fondamentale reste bien celle que formulait Gorz: «Que voulons-nous? (…) Réforme ou révolution?» Dans cette filiation, Pierre-Yves Maillard accuse avec énergie le système structurel absurde de payement à l’acte. Inhérent à cette idéologie capitaliste de la croissance financière, ce système incitatif à produire des consommables techniques et quantitatifs, conduit à l’augmentation continuelle des primes d’assurance maladie. Etant pourtant la source du problème, il dénonce le fait que personne ne souhaite changer cette donnée de base, surtout pas la FMH! Il propose de repenser la mission des hôpitaux avec une logique de service public: notamment grâce à un renforcement des soins de prévention et des soins palliatifs dignes de ce nom.</p> <p>Ces enjeux seront exercés au sein d’une assemblée citoyenne académique, avant d’être traités en partenariat avec l’ensemble de la société, dans une démarche de participation citoyenne éco-créative. Jurgen Habermas, cité par <a href="https://www.unisante.ch/fr/propos-dunisante/unisante-bref/direction/membre/senn-nicolas">Nicolas Senn</a>, nous rappelle que le nombre de votes ne suffit pas à donner de la légitimité mais nécessite une bonne délibération, contrairement à ce qui est avancé dans cet éditorial sur la <a href="https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2022/revue-medicale-suisse-803/la-democratie-sanitaire-suisse-au-service-de-la-sante-des-personnes-et-de-la-population">Démocratie sanitaire</a> en Suisse. Une véritable démocratie sanitaire, outre un débat ouvert aux alternatives, nécessite également une information transparente, afin de proposer un choix pouvant conduire à un consentement totalement libre et éclairé. Il serait ainsi bon de développer des assemblées citoyennes, avec une gouvernance partagée, afin de réfléchir ensemble à quelles valeurs cultiver. Comment valoriser et réenchanter nos existences de patients, de soignants? Quelle place pour la Beauté, la Nature, l’Amour, l’Art, l’Ethique?</p> <p>Ces réflexions socio anthropologiques et philosophiques sont en effet vouées à se déplacer du cercle de la santé publique vers la société civile, afin de créer le monde que l’on souhaite voir advenir. Au nom du bien commun, au sein de ce qu’Ivan Illich nomme <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/nemesis-medicale-ivan-illich/9782757890608"><i>Némesis médicale</i></a>, souhaitons-nous toujours des médicaments issus de la dernière technologie, mais générant souvent des effets secondaires, tout en étant très coûteux pour la société et très polluants pour notre environnement? Avons-nous encore confiance dans une recherche médicale désinvestie par le financement public au profit d’un «partenariat» avec le privé et engendrant des <a href="https://bullmed.ch/article/doi/bms.2021.19677">conflits d’intérêts</a>? Croyons-nous encore à l’idéologie du progrès, sachant qu’il contribue parallèlement à la destruction du vivant? Rêvons-nous de télémédecine? Avons-nous envie de finir nos jours dans un EMS en relation avec des robots de compagnie? Désirons-nous vivre le plus longtemps possible même en mauvaise santé? <i>In fine</i>, croyons-nous, grâce à un acharnement thérapeutique, <i></i>accéder à la vie éternelle et ainsi être sauvés de notre propre mort?</p> <p>Comment réenchanter le système de santé? Même si c’est insuffisant et peu désirable, dans un premier temps, analyser chaque acte, tout en gardant l’approche biomédicale classique, car chaque geste individuel et collectif compte. Sans doute aussi, faire de la place au sein de la recherche et des pratiques cliniques à ces <a href="https://www.unige.ch/biblio/files/2016/3886/3173/MAC_v4.pdf">médecines alternatives complémentaires, «douces», parallèles, naturelles, intégratives, holistes, ancestrales</a>, retrouvées dans la bibliothèque d’UNIGE, inscrites dans notre Constitution et auxquelles la population suisse est très attachée. Nous entendrons parler de ces autres médecines qui pourraient accompagner la débiomédicalisation subie (à cause des futures possibles restrictions ou coupures énergétiques) ou souhaitée pour leurs qualités intrinsèques. Nous pouvons faire de ces crises multiples, une chance, afin de <a href="https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/19961/Le-temps-des-peurs">réenchanter</a> le monde, littéralement, <i>re-magifier</i> la vie.</p> <p>Les savoirs médicaux ancestraux, empiriquement efficaces, peu onéreux et non polluants, sont souvent non prouvés scientifiquement. Prises dans un cercle vicieux, les médecines naturelles sont une potentielle menace pour l’industrie du médicament. Elles se trouvent ainsi discréditées par des lobbys pharmaceutiques qui ne vont pas leur offrir de financement pour leurs éventuelles recherches scientifiques. Par ailleurs, le modèle économique néolibéral est souvent le même et l'impact environnemental rarement abordé. Comment s’y retrouver? Comment trouver ce juste milieu pour une personne atteinte dans sa santé, ou simplement désireuse de la conserver, entre des réponses qui semblent si opposées et en l’absence d’information transparente et loyale? Il s’agirait sans doute d’éviter de confronter médecine allopathique et médecine naturelle qui ont tout intérêt à se compléter. C'est le modèle global de l’industrie de la maladie qui doit être revu, afin d'envisager au mieux la santé, notamment en termes d’<a href="https://www.katharinezywert.com/">équité</a>, ici comme ailleurs. Au sein d’un nouveau paradigme en santé qui existe déjà à l’état embryonnaire, voici quelques exemples d’initiatives biologiques, locales, scientifiques, opulentes et sources de joie.</p> <p>Relevant le défi de <a href="https://lecourrier.ch/2017/06/27/valider-les-traitements-non-brevetables-un-defi/">valider des traitements non brevetables</a> par la recherche scientifique et grâce au soutien financier de la <a href="https://antenna.ch/fr/">fondation Antenna</a>, Bertrand Graz a développé une <a href="https://natural-self-care.org/">pharmacie verte</a> – plantes médicinales économiques, locales et naturelles – facile à utiliser en soin de premier recours par tout le monde même les plus démunis. Cet outil se trouve être, en outre, très utile en cas de rupture d’approvisionnement de médicaments allopathiques. De son côté, <a href="https://www.medecin-corsier.ch/equipe.php">Rola Darwiche</a> a développé un «jardin de santé», puis un parc permaculturel composé de plantes comestibles et médicinales, autour de son cabinet médical en campagne genevoise. Elle invite à la réflexion autour des «prescriptions vertes» en partenariat et en cocréation fertile avec ses patients-experts. Cette démarche lui a permis la création de l’observatoire citoyen de la santé <a href="http://www.onehealthpermaculture.com/"><i>One Health Permaculture</i></a>. L’étude validée avec la médecine basée sur les preuves d’<a href="https://asc-geneve.org/">Anne Laure Cavin</a> teste quant à elle l’efficacité de produits naturels hypoglycémiants pour patients diabétiques. Les premiers résultats sont positifs. Les patients sont enthousiastes, ont moins d’effets secondaires, développent une meilleure souveraineté en santé et prennent mieux soin d’eux. Enfin, deux initiatives inspirantes du point de vue de leur démarche communautaire et participative sont citées en exemple par Nicolas Senn: le <a href="https://www.levillage2sante.fr/">Village 2 Santé</a> en France et la <a href="https://www.antennetournesol.be/">Maison médicale antenne Tournesol</a> en Belgique.</p> <h3>Funambulisme réenchanteur</h3> <p>De l’ego (médecine) à l’éco (médecine), que nous soyons soignants ou patients, nous voici sur le fil du funambule citoyen. Comme l’écrivait le philosophe <a href="https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-essais/Cahiers-de-prison">Antonio Gramsci</a>: «Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître dans ce clair-obscur surgissent les monstres». En vue de ce nouveau paradigme, nous observons une confrontation de visions du monde qu’il s’agira de mener sur le terrain démocratique et avec transparence. Quelles articulations entre les initiatives venant d’en haut, potentiellement autoritaires et désincarnées, et celles venant d’en bas, plurielles, locales et fertiles?</p> <p>A la grâce des différentes crises, les participants à ce colloque s’accordent à souhaiter privilégier la salutogenèse de leurs patients, les ressources naturelles régionales et la souveraineté pharmaceutique, tout en limitant les gaspillages et pollutions induites par leurs pratiques. Nous avons tenté de dessiner non seulement ce à quoi il s’agirait de renoncer, mais surtout esquisser quelques voies alternatives vers un autre projet de société. Ce que Gorz, Illich et de nombreux citoyens appellent de leurs vœux depuis longtemps. 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Nous étions deux à nous sentir, comme ces millions d’abeilles, pris au piège d’un monde dont on ne sait plus faire partie en l’état et cherchant nos ressources propres afin d’y survivre malgré tout.</p> <p>Les abeilles vivent et travaillent en communauté, avec solidarité, autonomie et conscience des générations futures. Afin de polliniser nos écosystèmes mal en point, quelques apiculteurs atypiques tentent de les protéger de l’activité des autres humains avides ou poussés aux rendements: offrir aux colonies d’abeilles un habitat traditionnel dans les arbres et à proximité de cultures biologiques diversifiées; les laisser coexister avec leurs divers micro-organismes viraux ou bactériens; arrêter de traiter leurs maladies avec des médicaments qui contribuent à les affaiblir et les décimer; soutenir leur immunité naturelle, leur propolis étant le meilleur médicament; leur offrir une alimentation saine, leur miel exempt de sucre ajouté.</p> <p>Cette comparaison apicole devrait nous permettre d’imaginer un traitement bienveillant et intelligent similaire dans la <i>crise</i> sanitaire actuelle, semblant entrer en <i>chronicité</i>. Les scandales liés à <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/02/16/monsanto-un-demi-siecle-de-scandales-sanitaires_1643081_3244.html">Montsanto</a> ou <a href="https://www.24heures.ch/monde/europe/allemand-bayer-embourbe-scandale-glyphosate/story/23960649">Bayer</a> et la mise sous tutelle de l’agriculture par les géants de l’agro-business n’étant plus un secret d’Etat, il semblerait que nous ayons davantage de difficulté à admettre ceux associés aux industries pharmaceutiques à qui l’on accorde une confiance quasi aveugle. </p> <p>L’entreprise <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pfizer">Pfizer</a> a été condamnée à un total de plus de 6 milliards de dollars pour: corruption de médecins et de dirigeants gouvernementaux, publicité mensongère omettant de graves effets secondaires, fausses études, création d’un virus synthétique ayant contaminé trois de ses employés, etc. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pfizer">«Cet aspect a été soulevé par le Parlement Européen lors du choix des fabricants de vaccins contre le Covid-19, mais n'a pas été retenu comme critère de sélection.»</a> Le parallèle pourrait se faire également entre le bétail et la masse des humains. Soigner quelques individus malades s’avère moins rentable que vendre des traitements préventifs à tous sur du long terme. Une stratégie commerciale efficace permettant de juteux profits.</p> <h3>Quel bilan écologique de la solution vaccinale unique?</h3> <p>Imprégnée par l’idéologie du <a href="https://blog.mondediplo.net/covid-19-le-solutionnisme-n-est-pas-la-solution">solutionnisme technologique</a>, la <a href="https://www.bmj.com/content/371/bmj.m4425">«science»</a> actuelle — financée massivement par les grandes entreprises pharmaceutiques et escortée par des politiques démunis — a perdu le chemin de l’art médical et opté pour une politique du tout vaccinal. Eloignée de la médecine, elle nous montre ses limites, tant sur le plan sanitaire qu’écologique, comme pour les abeilles. </p> <p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652618336084">industries pharmaceutiques étant parmi les plus polluantes de notre planète</a>, plus que le secteur automobile, ne serait-il pas temps d’effectuer un bilan écologique de la production de milliards de vaccins, du coût énergétique de leur transport par camions frigorifiques, de leur conservation entre -60° à -80° et de la gestion de leurs déchets? 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Sa <a href="https://www.rts.ch/info/regions/valais/9359659-lonza-et-le-valais-savaient-pour-la-pollution-au-mercure-depuis-40-ans.html">pollution au mercure</a> — plusieurs dizaines de tonnes déversées dans le Rhône — continue de ressurgir ici et là. Pendant des années, Lonza aurait également pollué les eaux avec un solvant cancérigène, le <a href="https://www.24heures.ch/suisse/lonza-accusee-pollue-leau-potable-hautvalais/story/20625630">1,4-dioxane</a> et avec un autre produit toxique et cancérigène, la <a href="https://www.letemps.ch/suisse/hautvalais-se-decouvre-une-nouvelle-pollution">benzidine</a>. Ni la population, ni les professionnels de la santé n’ont accès à l’entier des composants des vaccins de Moderna. 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Comme les tomates hors-sols, les vaccins semblent déjà être disponibles pour les années à venir en toute saison.</p> <p>La seule solution vaccinale, adoptée localement et à l’échelle de la planète, contribue à creuser notre propre tombe en accroissant notre dépendance énergétique et en persévérant à détruire le vivant.</p> <h3>Omerta politique sur les questions écologiques?</h3> <p>Pourquoi cette problématique des productions des <i>big pharma</i>, pourtant fondamentalement liée aux questions biologiques, est-elle absente des prises de position officielles des partis écologistes? Nous avons entendu vaguement çà et là que la destruction du vivant aurait favorisé l’émergence de ce coronavirus, ou de ses variants, et contribuerait ainsi à nous exposer à l’avènement de nouveaux virus dans le futur. 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Le solutionnisme sanitaire-sécuritaire peut-il faire l’économie d’un examen de conscience écologique?</p> <p>Quelques Verts minoritaires soufflent leur désaccord vis-à-vis de cet aveuglement irresponsable, sous le couvert de l’anonymat, craignant peut-être un lynchage médiatique ou les possibles représailles des membres du parti. «Avant d’être formalisé par un décret de censure ou de s’incarner sous les traits d’un fonctionnaire du Parti, l’étiolement de la liberté d’expression s’éprouve comme une ambiance, un sentiment d’intimidation, un embarras presque mondain qui fait s’évapore» (<a href="https://reporterre.net/La-discussion-du-Covid-19-est-placee-sous-couvre-feu">Célia Izoard</a>). Nous estimons que cette loi du silence mériterait d’être posée sur la table du débat démocratique. </p> <h3>Quelles alternatives à la solution vaccinale unique?</h3> <p>Comme celle des apiculteurs conscients des enjeux favorisant les ressources propres des abeilles, pourrions-nous nous inspirer d’une bioéthique du vivant dans la gestion politique de la «pandémie», face à ce que l’on devrait plutôt appeler <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)32000-6/fulltext">«syndémie»</a>? Malgré les promesses, l’éradication de ce parasite de coronavirus à l’aide de l’imposition de la solution vaccinale unique bien que toujours <a href="https://www.infovac.ch/fr/infovac/actualites/955-vaccins-contre-le-covid-19-liste-des-essais-cliniques">en phases expérimentales</a>, d’exclusions sociales et de surveillance généralisée des individus, ne fonctionne malheureusement pas si bien. Tout comme pour les abeilles, ne vaudrait-il pas mieux se familiariser avec l’idée que les virus et bactéries, sont des entités avec lesquelles il va nous falloir non pas lutter, mais <a href="https://www.24heures.ch/sarah-gilbert-nous-allons-apprendre-a-vivre-avec-le-virus-914508407239">cohabiter</a>?</p> <p>Il existe pourtant des alternatives: offrir une politique de prévention en renforçant nos défenses immunitaires naturelles à l’aide des médecines complémentaires faisant partie intégrante de notre Constitution suisse (art. 118a); développer une promotion de la santé auprès des personnes souffrant de ces <i>maladies de civilisation</i>, notamment la <a href="https://www.federationdesdiabetiques.org/information/diabete/chiffres-monde"><i>pandémie</i> de diabète</a>, alors que les confinements ont exacerbé leurs risques vis-à-vis du virus; proposer une vaccination ciblée aux populations à risque (ce qui est fait) et laisser vivre les autres en leur permettant de développer leur immunité; <i>soigner</i> à domicile, précocement, les gens ayant contracté le virus plutôt que les enfermer seuls chez eux sans surveillance ni soins médicaux; <a href="https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/amtliches-bulletin/amtliches-bulletin-die-verhandlungen?SubjectId=53466">renforcer notre système hospitalier défaillant</a> — cause des semi-confinements successifs — suite aux politiques d’austérité déployées depuis plus de vingt ans; améliorer enfin les conditions de travail des soignants; <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2020/03/SHAH/61547">développer l’écologie</a> en protégeant les habitats des animaux sauvages et en évitant les dangers de l’élevage industriel.</p> <hr /> <h4><a href="http://annevoeffrayphoto.ch" target="_blank" rel="noopener">Le site personnel d'Anne Voeffray</a>.</h4>', 'content_edition' => 'Nous étions deux dans la salle d’un cinéma indépendant lors de la projection du documentaire de Perrine Bertrand et Yan Grill, «Etre avec les abeilles». 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Dès lors, comment créer un lien avec des personnes masquées, apeurées ou angoissées, alors que l’injonction est à la «distanciation sociale» et comment offrir des espaces de liberté, de rêve, de réflexion commune, quand nos corps et nos esprits sont soumis à l’appel général au «confinement»? 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Rire et rêver d’un autre monde. Les concerts spontanés aux balcons nous ont offert des moments de grâce. Les enfants qui jouaient à nouveau dans les rues et dessinaient à la craie sur le bitume semblent être des images rêvées. Même les oiseaux devenaient plus lyriques dans un ciel non délimité par les traces des avions. </p> <p>Il serait intéressant d’étudier comment et avec quelles reconfigurations une période de crise aiguë change le rapport entre désir de consommation et nécessité de création artistique. J’aime imaginer que des anonymes, privés des offres culturelles habituelles, se mettent à peindre, à chanter, à cuisiner… La mise entre parenthèses des offres culturelles nous offre un temps retrouvé, celui de l’ennui et peut-être aussi celui de la création.</p> <p>Quelques initiatives individuelles — «The garden» du photographe Erik Madigan rendant hommage à sa mère morte du Covid — ou collectives — «Temps suspendu», appel à projet lancé par la plateforme pour la photographie en Suisse PHOTOAGORA —, ne suffisent pas à cacher le relatif silence de certains artistes. S’agit-il d’y lire le signe d’une inquiétude face à leur avenir financier et donc créatif? Comment en effet questionner le système, ses choix politiques passés et présents discutables, lorsque celui-ci nous plonge dans la précarité? Je ne parlerai pas ici des artistes institutionnalisés qui ne peuvent se permettre la remise en question de la main qui les nourrit… L’impossible transposition de la danse sur un écran virtuel pose également la question de la nécessité du corps à corps avec le public. Même la photographie a besoin d’un support tactile: avoir envie de toucher une image, être touché par elle. Le Conseil fédéral suisse ayant considéré en effet que les restrictions n’empêchent pas les photographes d’exercer leur métier, comment réaliser des portraits, comme un pas de danse à deux, tout en respectant la «distanciation sociale»? Comment transmettre l’amour de la photographie lors d’ateliers, alors que le collectif est banni? </p> <p>La créativité en temps de crise de la plupart des politiques culturelles et des institutions muséales devrait être analysée sociologiquement. Comment celles-ci, malgré le soutien financier public dont elles ont continué à bénéficier durant leur fermeture imposée, outre les visites virtuelles, la diffusion en ligne de spectacles et la mise à disposition de certaines archives, ont-elles su réinventer de nouveaux espaces temporaires et virtuels d’exposition, ouverts aux artistes locaux ou au public? <i>L’Institut pour la photographie</i> de Lille a développé un nouveau format de capsules «Une photographie, des regards», qui associe le son aux visuels des expositions d’<i>extraORDINAIRE</i>: une manière didactique originale et inspirante de développer son regard et la lecture critique des images. Le groupe indépendant néerlandais <i>Tussen kunst & Quanrantaine</i> a invité les créateurs en herbe à s’inspirer d’œuvres célèbres à l’aide d’objets de leur quotidien créant ainsi une immense et foisonnante banque de données d’autoportraits de confinement sur Instagram. 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Il nous accompagne à nous familiariser avec l’idée selon laquelle, les virus et bactéries, depuis toujours, actuellement et à l’avenir, sont des entités avec lesquelles il va nous falloir cohabiter (David Le Breton). L’art, consommé ou créé, peut nous encourager à oublier un instant notre propre corps, puis de le redéployer dans ce monde mouvant où chacun de nos gestes se trouve gouverné par d’autres (biopolitique, Michel Foucault), afin de se le réapproprier différemment. Il peut nous aider à penser (panser) notre finitude en proposant une mise en lien de notre être avec le cosmos. 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Amenés à puiser dans leurs réserves financières, s’ils en ont, ils se trouvent souvent réduits à quémander des aides privées ou s’endetter, alors que les milliards pleuvent sur les compagnies d’aviation et autres multinationales. Nourritures du corps versus celles de l’esprit, nos dirigeants semblent omettre le fait pourtant scientifiquement prouvé (voir les 146 pages du rapport de l’OMS sur cette question) que l’art est décidément bon pour la santé!</p> <p style="text-align: center;"><em>«Art is a Guaranty of Sanity», Louise Bourgeois</em></p> <hr /> <h4 style="text-align: left;">Ce texte a été rédigé au printemps 2020, lors du premier semi-confinement. Il est, de l'aveu-même de son auteure, toujours malheureusement d'actualité.</h4> <hr /> <p style="text-align: left;">Pour aller plus loin:</p> <p style="text-align: left;"><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1612804933_9782360851089b.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="225" height="360" /></p> <p style="text-align: left;">Vient d'être publié l'ouvrage collectif <a href="https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=67648&razSqlClone=1" target="_blank" rel="noopener"><em>A quoi sert (encore) l'art en temps de crise sanitaire?</em></a> sous la direction de Christophe Pittet, Paris, Téraèdre, 2021.</p> <p style="text-align: left;"><a href="http://museejenisch.ch/fre/evenement/jeudis_inedits_vernissage_du_livre_a_quoi_sert_encore_l_art_en_temps_de_crise_sanitaire" target="_blank" rel="noopener">Le vernissage de l'ouvrage</a> aura lieu le 9 septembre au Musée Jenisch de Vevey. </p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'l-art-au-temps-du-coronavirus', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 572, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 3037, 'homepage_order' => (int) 3037, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => '', 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 6493, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 9865, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => '©Anne-Voeffray-DSCF2002.JPG', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 3993465, 'md5' => 'fa896878ebd10cf5d13e5d724654e7ce', 'width' => (int) 5790, 'height' => (int) 3860, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => '© Anne Voeffray', 'author' => '', 'copyright' => '', 'path' => '1673517640_annevoeffraydscf2002.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 5756, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => '… merci pour cette écriture de l’intérieur ✨', 'post_id' => (int) 4030, 'user_id' => (int) 3626, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' } ] $author = 'Anne Voeffray' $description = 'Une longue méditation active à l’abri du monde. 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Lundi
C’est le rêve! Arriver en résidence artistique au musée un jour de fermeture au public. Entrer par la porte de service. Croiser les fourmis de l’ombre, régisseurs, personnel administratif, directrice. Puis le silence et l’espace. Installer son matériel dans la pièce réservée à la collection du musée. Aiguilles, fils, colle, punaises, pièces, peinture, pinceaux.
Déposer mon autoportrait sur lequel je vais «intervenir» en peignant, en collant et en brodant. Ce tirage photographique est destiné à devenir une vanité contemporaine. Alentour, les paysages de Giacometti, Hodler, Vallotton et d’autres des XVIIIème et XIXème siècles. Une œuvre me fait de l’œil. L’huile noire sur fond blanc d’Ariane Laroux, Rencontrer Germaine Tillon. Christiane Brunner, lorsque j’étais allée la photographier chez elle pour le projet Sorcières, m’avait offert le superbe livre de cette dernière. Et puis, les portraits de Courbet, Arlaud, Hodler, Barraud. Des figures d’hommes austères, sérieux, qui tiennent leur rang. Cuno Amiet peint son frère César de manière plus introspective, intime. La broderie de Mariam Pernath me rappelle à mon projet, sous le regard franc de Berthe par Edmond Bille, père de Corinna que j’aime tant.
Méditation. Oter des chapeaux des punaises. Sale boulot? Long travail! Savourer l’espace, le vide. Un tableau est décroché. Il part en voyage à New York. Qui va le remplacer? En quelques heures, se sentir à la maison. A la place, le portrait d’un inconnu en noir et blanc ressemblant à Germinal Roaux. Pas de cartel, pas de nom. Ne pas demander. Préférer le mystère de la présence anonyme.
Le soir vient. Les bruits s’estompent comme la lumière naturelle, puis disparaissent. Finir d’ôter les capuchons de trois cent punaises. Aucun bruit. Penser, rêver que l’on m’a oubliée. Passer la nuit ici? Saluer Michel (Foucault) et ses hétérotopies. Le musée, espace hors du temps, héberge l’imaginaire.
Punaises, colle et pièces © Anne Voeffray
Mardi
En chemin, appréhender devoir partager avec le public «mon» nouveau lieu créatif, «mes» amies Berthe et la sculpture sans nom du hall. D’ailleurs, si nous sommes amies, quel est son nom? Qui est-elle? D’où vient-elle?
Sans public, avec la seule présence des deux femmes de ménage discrètes, déposer de la peinture dorée sur le cadre blanc de mon tirage. Comme prévu, dans un premier temps, c’est laid… Détériorer, détruire pour créer ensuite autre chose. Vertige. Courage. S’amuser avec la lumière de la pièce. Lorsque je ne bouge pas, la lumière s’estompe et la mocheté aussi. A cet instant, l’homme chargé de la maintenance de la maison surgit et m’explique les capteurs…
Une résidence artistique est jusqu’ici une cure, une retraite, une méditation avec soi, l’autre et le monde silencieux des œuvres. Accepter et faire confiance. Une purge et un remède. Un soin de son passé et celui de ses ancêtres. Ma mère, sculptrice de tissus, m’accompagne et je lui rendrai hommage avec mes fils d’or brodés sur mon tirage. Ce lieu est un Temple. L’est-il aussi, encore, pour les femmes de ménage, les techniciens, les administratrices du Lieu? Le public va arriver avec ses regards multiples. Sera-t-il curieux, instruit, cultivé, instinctif, bavard, consommateur, introspectif, amateur, religieux, hautain, ami?
Une porte s’est ouverte à ma droite. Il y a un jeune homme une canne à pêche à la main et des voiles au loin. Un Bocion. Nous allons pouvoir cohabiter.
Le premier couple de visiteurs me demande si je fais de la restauration d’art. En quelque sorte oui, je restaure l’un de mes tirages «raté» – imprimé de manière décalée – avec l’envie de réaliser une pièce unique. Rêve de tout photographe désireux de créer de la rareté à partir du multiple qu’est la photographie. Une vieille dame répond, à regret, à mon bonjour. Certaines personnes préfèrent peut-être les artistes morts. Je suis vivante. Un monsieur n’ose presque pas entrer. Ne pas déranger, ne pas faire de bruit. Aimer le silence, guetter le calme, rechercher le refuge. Nous sommes semblables. Broder, rêver et songer au sublime film Brodeuses d’Eléonore Faucher. L’homme a disparu comme un chat. Un visiteur prend mon livre Sorcières entre ses mains et dit, sur un ton mi-péremptoire mi-amusé: «Elles ont été exécutées en raison de leur Q.I. trop élevé!» Rires.
L’amie © Anne Voeffray
Mercredi
Tout le monde est là ce matin, bien tranquille. Mon autoportrait en plan, au centre, entouré de la statue sans nom, des paysages lourdement encadrés et des visages de mes amis peints.
Une artiste en déshérence momentanée, également en résidence dans une galerie en ville, vient me parler. Le manque d’inspiration arrive à tous les artistes. Ça ira… Continuer, toujours. Communier. Elle s’installe un moment sur le canapé, remercie, repart, semble satisfaite.
Un autre artiste partage avec moi mille cinq cent idées à la seconde, toutes hors du cadre. Justement, je m’y remets à mon cadre. Il sera peut-être trop clinquant, trop kitsch, trop brillant, trop chargé. Assumer. Se souvenir de l’exposition L’art brut s’encadre imaginée par Michel Thévoz. Coller des centaines de pièces de monnaie collectionnées depuis des années sur des punaises décapsulées. Arte povera. Avoir la tête qui tourne. Penser à Niki de Saint Phalle, morte des effluves toxiques de ses peintures? Ou d’une vie trop intense? Envier Ai Weiwei qui engage de petites mains pour s’acquitter de ces tâches ingrates. Mais… aimerais-je toute sa vie à lui? Non.
Un monsieur, après avoir tout regardé dans le détail – tirages, livres, notes d’intentions – repart en me lançant joyeusement: «Heureusement, il y a des artistes qui voient plus loin que le bout de leur nez!»
© Nastasia Louveau, Mosaïc Room, 2022
Jeudi
Avant-dernier jour. Comment rester, me cacher dans un coin, me substituer à une œuvre?
Un vieux monsieur me demande: «Est-ce que vous faites du raccommodage?» Rires à lui et sourire intérieur à ma mère. Un couple arrive. Elle a des étoiles plein les yeux autour des Sorcières. Lui: «Vous aimez la Beauté!» Oui, ce n’est pas un vilain mot pour moi. Et, de nos jours, nous en avons besoin. Soit pas de cadre, soit un cadre trop imposant. Essayer. Défendre la matérialité, de la monnaie (lu un article disant que défendre le cash serait une thèse complotiste, sourire intérieur), comme des brodeuses et couturières «en voie de disparition», face à l’injonction à l’immatérialité, la numérisation dans le monde de l’art, et ailleurs. Le monsieur me demande combien je suis payée pour animer le musée. Je ris. Il ajoute malicieux: «Vous vivez de prestige et d’eau fraiche!»
Percer mon tirage avec les punaises. Le geste n’est pas anodin. Penser à mon prochain atelier créatif Destruction & Création.
© Sara Terrier, Musée Jenisch, 2022
Vendredi
Se souvenir du film d’animation Le tableau de Jean-François Laguionie. En notre absence, les personnages peints ont une vie sociale, des conflits, des émotions, collaborent, tombent amoureux. Et lorsque l’on entre dans la salle du musée, ils reprennent leurs poses, se remettent en représentation. Ce qui explique sans doute pourquoi ils ne sont pas exactement les mêmes lorsqu’on les revoit, teintés de leurs vies parallèles.
Une classe d’enfants de neuf ans emplit l’espace du musée de ses cris joyeux. Le petit groupe s’amasse devant ma table de travail. Une jeune fille lève immédiatement la main et affirme, péremptoire: «C’est le visage d’une personne morte avec du sable dessus!» Stupéfaction. Il va falloir adapter mon discours, revoir ma copie instantanément. En effet, c’est un tirage photographique intitulé, selon la suggestion d’une amie, «Autoportrait du Fayoum». Hommage aux peintures, en Egypte ancienne, qui représentaient les personnes mortes pour s’en souvenir. C’est l’une des définitions de la photographie, outre l’écriture avec la lumière. Photographier c’est se souvenir d’instants passés, morts et renouvelés aujourd’hui. Memento mori.
Deux sœurs souhaitent voir un grand tirage noir et blanc d’une toile d’araignée issu de Magma et s’exclament: «On dirait une gravure!» Merci pour le compliment.
Une femme malentendante comprend avec clairvoyance la problématique du cadre qui m’occupe. Elle met en lien celui de l’autoportrait du Fayoum et celui qui entoure les Sorcières. Elle-même fait partie de cette marge. Un jeune homme – lunettes de soleil roses à miroirs et perfecto blanc – fait irruption. Il me demande de faire son portrait, avec l’un de mes pinceaux dans sa main, devant un tableau à l’huile Portrait du Professeur Emile Yung de Ferdinand Hodler, 1890.
Claudine est une scintillante artiste d’un certain âge, qui grave et travaille avec fils, cheveux, poils. Elle s’amuse de me découvrir dans la pénombre, comprend mon travail instantanément et repart, dans un éclat de rire, les Sorcières à la main. Elle m’enverra un courrier au musée.
Dire au revoir à l’équipe, à l’amie sculptée et aux autres peintes. Plier bagage, chargée, fatiguée, mais intensément contente.
© Claudine Hildbrand-Leyvraz, 2022
«On croit qu'on va faire un voyage mais bientôt, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait.», Nicolas Bouvier dans L'Usage du monde, 1963.
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Le petit groupe s’amasse devant ma table de travail. Une jeune fille lève immédiatement la main et affirme, péremptoire: «C’est le visage d’une personne morte avec du sable dessus!» Stupéfaction. Il va falloir adapter mon discours, revoir ma copie instantanément. En effet, c’est un tirage photographique intitulé, selon la suggestion d’une amie, «Autoportrait du Fayoum». Hommage aux peintures, en Egypte ancienne, qui représentaient les personnes mortes pour s’en souvenir. C’est l’une des définitions de la photographie, outre l’écriture avec la lumière. Photographier c’est se souvenir d’instants passés, morts et renouvelés aujourd’hui. <i>Memento mori</i>.</p> <p>Deux sœurs souhaitent voir un grand tirage noir et blanc d’une toile d’araignée issu de <a href="http://annevoeffrayphoto.ch/magma-3/"><i>Magma</i></a> et s’exclament: «On dirait une gravure!» Merci pour le compliment.</p> <p>Une femme malentendante comprend avec clairvoyance la problématique du cadre qui m’occupe. 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Plier bagage, chargée, fatiguée, mais intensément contente.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1673518328_capturedcran2023011211.11.20.png" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>© Claudine Hildbrand-Leyvraz, 2022</em></h4> <hr /> <h4>«On croit qu'on va faire un voyage mais bientôt, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait.», Nicolas Bouvier dans <em>L'Usage du monde</em>, 1963.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'croire-faire-un-voyage-une-residence-artistique-au-musee-jenisch', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 351, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 6493, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4347, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Vers un réenchantement du système de santé grâce à la crise écologique?', 'subtitle' => 'Pollution des sols, de l’eau, de l’air, effondrement de la biodiversité, raréfaction des ressources fossiles, émissions de CO2: la crise environnementale a un impact négatif sur le vivant, sur la santé des populations d’ici et d’ailleurs. 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L’écosystème foisonnant du <a href="https://www.samw.ch/fr/Projets/Apercu-des-projets/Forum-durabilite-systeme-sante.html">«Forum suisse pour la durabilité du système de santé: comment réussir la transformation?»</a> pose sur la table ces constats alarmants et invite les professionnels à questionner leurs valeurs et réinventer leurs pratiques: entre économie, technologie et réenchantement.</p> <h3>Les médicaments? Un éléphant dans la pièce</h3> <p>Issus des industries pharmaceutiques, les médicaments sont comme <a href="https://www.youtube.com/watch?v=bhhGZtdvs80">«An Elephant in the Room»</a> de Banksy, comme le déplore <a href="https://saez.ch/article/doi/saez.2019.17459">René Jaccard</a>. Ce dont personne ne parle. Ce qui prend pourtant presque toute la place. En effet, certaines molécules chimiques ont un éco-bilan toxique catastrophique, si l’on prend en compte tous les éléments de leur cycle de vie: extraction, production, transport, conservation, emballage, distribution, destruction.</p> <p>Les entreprises pharmaceutiques, <a href="https://theconversation.com/lindustrie-pharmaceutique-emet-plus-de-gaz-a-effet-de-serre-que-lindustrie-automobile-118251">plus polluantes que l’industrie automobile</a>, seraient responsables de près du tiers de l’empreinte carbone des systèmes de santé, sans compter les pollutions chimiques sur leurs sites de production. Prescrits aux humains et administrés au bétail, les <a href="https://www.revmed.ch/livres/sante-et-environnement/partie-2-environnement-sante-et-societe-perspectives-multidisciplinaires/perspective-des-risques-environnementaux-pour-la-sante-humaine/29-ecotoxicologie-des-medicaments#tab=tab-toc">médicaments ingérés, une fois excrétés, finissent dans l’environnement</a> impactant négativement la flore et la faune terrestre et aquatique. Les chercheurs observent une absence problématique de transparence de la part des industriels de la chimie. Ce ne sont pas les <a href="https://bonpourlatete.com/actuel/big-pharma-quel-bilan-ecologique">procès perdus</a> par les industriels de la pharma, représentant pourtant des milliards, qui ont le moindre impact sur leurs méthodes, tant ces amendes sont ridicules au regard des profits engrangés. Cette opacité, associée à une carence de surveillance et de réglementation étatique, contribue à une <a href="https://recheck.substack.com/p/reglementation-des-produits-pharmaceutiques?utm_source=profile&utm_medium=reader2">baisse de confiance</a> de la population face aux produits pharmaceutiques et leurs pourvoyeurs.</p> <p>L’impact de nos médicaments sur le vivant est <a href="https://www.samw.ch/fr/Projets/Apercu-des-projets/Forum-durabilite-systeme-sante.html">étudié par Unisanté</a>. Contrairement aux pesticides, les micropolluants pharmacologiques ne sont pas limités quantitativement et ne sont ni filtrés, ni traités par les stations d’épuration en Suisse. Tifaine Charmillot et ses collègues observent des conséquences sanitaires, telles que la résistance aux antibiotiques ou les troubles de la fertilité dûs aux perturbateurs endocriniens, sans compter les effets plus dramatiques encore pour les pays producteurs des matières premières comme l’Inde ou la Chine. Selon <a href="https://www.unil.ch/fbm/fr/home/menuinst/la-releve-academique/nominations--promotions/professeurs-a-a-z/d-g/dacremont-valerie.html">Valérie D’Acremont</a>, la source du problème provient bien moins des exigences des patients que des médecins prescripteurs de produits pharmaceutiques. Nos médecins pourraient pourtant supprimer, substituer, proposer des alternatives non pharmacologiques ou diminuer les doses médicamenteuses. Le réflexe de l’ordonnance en fin de consultation est ancré dans les pratiques. Au détriment du vivant.</p> <p>Leur but n’étant pas que philanthropique, nous sommes pourtant devenus dépendants des industriels. Dans le documentaire <i>36.9° </i><a href="https://www.youtube.com/watch?v=LtGg6CRV2xw"><i>Médicaments: autopsie d’une pénurie</i></a>, ces derniers admettent ouvertement être tournés vers un profit pour eux-mêmes et leurs actionnaires, les attirant vers des produits novateurs et onéreux, au détriment d’un service sociétal de maintien d’une offre d’anciens médicaments génériques accessibles, bon marché et produits localement. Les populations se trouvent désarmées face aux pénuries et dépossédées de leur souveraineté sanitaire quand bien même elles sont contraintes de les financer largement à travers leurs cotisations à l’assurance maladie obligatoire. Les géants de la pharma mondialisée, couplés au pouvoir technocratique médical et au pouvoir politique: voici le nouveau trio.</p> <h3>La «santé» au défi des «solutions»</h3> <p>Tout en étant à la source du problème, vu le modèle productiviste dans lequel nos sociétés sont empêtrées, le solutionnisme techno-scientifique nous promet de résoudre le «nouveau» défi environnemental. En 1974 déjà, le philosophe André Gorz, dans un article intitulé <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2010/04/GORZ/19027">«Leur écologie et la nôtre»</a> prévoyait «la récupération de l’écologie par l’industrie et les groupes financiers»: c’est-à-dire par le capitalisme, actuellement, le néolibéralisme mondialisé. L’innovation technologique nous sauverait, du changement climatique comme de la maladie. Certes, comme l’affirme un médecin institutionnel, dans le cadre de la biomédecine: «La technologie peut amener sa contribution. On n’a pas envie de revenir à l’âge de pierre». Mais la tentation de maintenir l’expert techno-médical au centre, au détriment du patient, reste présente chez certains professionnels. Ce réflexe pourrait s’expliquer par le souhait de préserver une vision prestigieuse de la médecine avec ses <a href="https://www.lemanbleu.ch/fr/Actualite/Archives/Deux-professeurs-des-HUG-dans-un-clip-de-rap.html">privilèges symboliques et économiques</a>.</p> <p>Nous relevons un impensé au cœur de certaines propositions: croire que<i> l’</i><a href="https://www.antithese.info/videos-antithese/solange-ghernaouti"><i>intelligence artificielle</i></a> ou le développement de nouvelles <i>app</i> pour évaluer nos émissions de CO<sub>2</sub> vont nous aider à solutionner les problèmes… écologiques! Ces idées paradoxales omettent non seulement l’impact de notre cyberdépendance, les risques relatifs à l’exploitation de nos données personnelles, mais aussi les répercussions de la digitalisation de nos vies sur l’environnement: comme l’extraction de terres rares pour la fabrication des outils numériques ou la consommation gourmande en électricité et en eau pour refroidir les installations des centres de données. A l’ère du <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2019/01/ZUBOFF/59443">capitalisme de surveillance</a> décrit par Shoshana Zuboff, il ne s’agit pas d’être technophobes, mais de réfléchir à «(…) la possibilité même d’un épanouissement démocratique et humain». <a href="https://applicationspub.unil.ch/interpub/noauth/php/Un/UnPers.php?PerNum=3413&LanCode=37">Solange Ghernaouti</a> préconise même une <i>retenue numérique</i>, car <a href="https://makeamove.fr/transition-ecologique/numerique-et-environnement-les-meilleurs-ennemis-du-monde/">«La numérisation de toutes nos activités engendre toujours plus de destruction, d’exploitation et de consommation de ressources naturelles.»</a></p> <p>Comme s’interrogent <a href="https://www.google.ch/books/edition/Il_faut_s_adapter_Sur_un_nouvel_imp%25C3%25A9rat/R4F-DwAAQBAJ?hl=fr&gbpv=1&printsec=frontcover">Barbara Stiegler</a> ou <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Y8ffYfySvRU">Roland Gori</a>, faut-il s’adapter constamment, se réformer, faire des efforts, réduire, se restreindre, faire des économies? Faut-il imposer de nouvelles normes, de nouvelles obligations, de nouvelles restrictions? Faut-il faire <i>moins</i>? Cette ritournelle des nouvelles politiques publiques: <a href="https://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/la-fin-de-l-abondance-la-formule-du-president-macron-ne-passe-pas-pour-l-opposition_5325610.html">«la fin de l’abondance!»</a>, est un vœu pieux, triste et désespérant. L’enjeu est bien, non pas de surveiller, punir, contraindre et compresser des soignants déjà sous pression, mais se demander comment faire autrement et faire envie aux personnels de santé, à ceux qui risquent d’être désignés comme réfractaires au changement et qui, à raison, verront d’un mauvais œil toute nouvelle bureaucratie au nom du climat. Comment donc, non pas seulement faire <i>moins</i>, mais faire <i>mieux</i> avec créativité et joyeusement?</p> <h3>Vers un nouveau paradigme réenchanté?</h3> <p>La tâche est grande, afin de dépasser le cercle des convaincus au sein d’un système de santé largement conservateur et rigide. Il est urgent de sensibiliser les jeunes médecins en formation: repenser les définitions de la santé, de la maladie, du soin, débiomédicaliser, développer une vision holiste, inter ou transdisciplinaire, développer un nouveau paradigme pour une médecine et des soins durables <i>low tech</i>, ainsi que des approches alternatives de soins et de promotion de la santé. Pour <a href="https://www.unil.ch/fbm/fr/home/menuinst/la-releve-academique/nominations--promotions/professeurs-a-a-z/l-p/monod-stefanie.html">Stéfanie Monod</a>, il est temps de remplacer «notre vieux système de soins hospitalo-centrés», par un nouveau modèle qui réponde mieux aux <a href="https://promotionsante.ch/sites/default/files/2022-11/Document_de_travail_053_PSCH_2021_06_-_Promouvoir_la_sante_et_prevenir_les_maladies.pdf">besoins de notre société</a> et fasse une large place à la promotion de la santé.</p> <p>Il s’agit aussi de simplifier le système de santé, afin d’améliorer la qualité des soins tout en diminuant les coûts. Comme le rappelle <a href="https://sbk-asi.ch/fr/asi/organisation/zentralvorstand/sophie-ley">Sophie Ley</a>, il serait temps de prendre soin de la durabilité des soignantes et soignants – ne trouvant plus le sens de leur engagement dans un contexte désenchanté – en leur offrant l’occasion de survivre plus que deux ans dans leur métier. La discrépance entre leur excellente formation professionnelle humaniste et la réalité triviale trop souvent déshumanisée du terrain est un élément largement sous-estimé par les politiques qui se contentent, en réponse à la pénurie, de préconiser l’augmentation du nombre de professionnels formés. Une hémorragie ne se traite pas uniquement en administrant du sang neuf.</p> <p>La question fondamentale reste bien celle que formulait Gorz: «Que voulons-nous? (…) Réforme ou révolution?» Dans cette filiation, Pierre-Yves Maillard accuse avec énergie le système structurel absurde de payement à l’acte. Inhérent à cette idéologie capitaliste de la croissance financière, ce système incitatif à produire des consommables techniques et quantitatifs, conduit à l’augmentation continuelle des primes d’assurance maladie. Etant pourtant la source du problème, il dénonce le fait que personne ne souhaite changer cette donnée de base, surtout pas la FMH! Il propose de repenser la mission des hôpitaux avec une logique de service public: notamment grâce à un renforcement des soins de prévention et des soins palliatifs dignes de ce nom.</p> <p>Ces enjeux seront exercés au sein d’une assemblée citoyenne académique, avant d’être traités en partenariat avec l’ensemble de la société, dans une démarche de participation citoyenne éco-créative. Jurgen Habermas, cité par <a href="https://www.unisante.ch/fr/propos-dunisante/unisante-bref/direction/membre/senn-nicolas">Nicolas Senn</a>, nous rappelle que le nombre de votes ne suffit pas à donner de la légitimité mais nécessite une bonne délibération, contrairement à ce qui est avancé dans cet éditorial sur la <a href="https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2022/revue-medicale-suisse-803/la-democratie-sanitaire-suisse-au-service-de-la-sante-des-personnes-et-de-la-population">Démocratie sanitaire</a> en Suisse. Une véritable démocratie sanitaire, outre un débat ouvert aux alternatives, nécessite également une information transparente, afin de proposer un choix pouvant conduire à un consentement totalement libre et éclairé. Il serait ainsi bon de développer des assemblées citoyennes, avec une gouvernance partagée, afin de réfléchir ensemble à quelles valeurs cultiver. Comment valoriser et réenchanter nos existences de patients, de soignants? Quelle place pour la Beauté, la Nature, l’Amour, l’Art, l’Ethique?</p> <p>Ces réflexions socio anthropologiques et philosophiques sont en effet vouées à se déplacer du cercle de la santé publique vers la société civile, afin de créer le monde que l’on souhaite voir advenir. Au nom du bien commun, au sein de ce qu’Ivan Illich nomme <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/nemesis-medicale-ivan-illich/9782757890608"><i>Némesis médicale</i></a>, souhaitons-nous toujours des médicaments issus de la dernière technologie, mais générant souvent des effets secondaires, tout en étant très coûteux pour la société et très polluants pour notre environnement? Avons-nous encore confiance dans une recherche médicale désinvestie par le financement public au profit d’un «partenariat» avec le privé et engendrant des <a href="https://bullmed.ch/article/doi/bms.2021.19677">conflits d’intérêts</a>? Croyons-nous encore à l’idéologie du progrès, sachant qu’il contribue parallèlement à la destruction du vivant? Rêvons-nous de télémédecine? Avons-nous envie de finir nos jours dans un EMS en relation avec des robots de compagnie? Désirons-nous vivre le plus longtemps possible même en mauvaise santé? <i>In fine</i>, croyons-nous, grâce à un acharnement thérapeutique, <i></i>accéder à la vie éternelle et ainsi être sauvés de notre propre mort?</p> <p>Comment réenchanter le système de santé? Même si c’est insuffisant et peu désirable, dans un premier temps, analyser chaque acte, tout en gardant l’approche biomédicale classique, car chaque geste individuel et collectif compte. Sans doute aussi, faire de la place au sein de la recherche et des pratiques cliniques à ces <a href="https://www.unige.ch/biblio/files/2016/3886/3173/MAC_v4.pdf">médecines alternatives complémentaires, «douces», parallèles, naturelles, intégratives, holistes, ancestrales</a>, retrouvées dans la bibliothèque d’UNIGE, inscrites dans notre Constitution et auxquelles la population suisse est très attachée. Nous entendrons parler de ces autres médecines qui pourraient accompagner la débiomédicalisation subie (à cause des futures possibles restrictions ou coupures énergétiques) ou souhaitée pour leurs qualités intrinsèques. Nous pouvons faire de ces crises multiples, une chance, afin de <a href="https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/19961/Le-temps-des-peurs">réenchanter</a> le monde, littéralement, <i>re-magifier</i> la vie.</p> <p>Les savoirs médicaux ancestraux, empiriquement efficaces, peu onéreux et non polluants, sont souvent non prouvés scientifiquement. Prises dans un cercle vicieux, les médecines naturelles sont une potentielle menace pour l’industrie du médicament. Elles se trouvent ainsi discréditées par des lobbys pharmaceutiques qui ne vont pas leur offrir de financement pour leurs éventuelles recherches scientifiques. Par ailleurs, le modèle économique néolibéral est souvent le même et l'impact environnemental rarement abordé. Comment s’y retrouver? Comment trouver ce juste milieu pour une personne atteinte dans sa santé, ou simplement désireuse de la conserver, entre des réponses qui semblent si opposées et en l’absence d’information transparente et loyale? Il s’agirait sans doute d’éviter de confronter médecine allopathique et médecine naturelle qui ont tout intérêt à se compléter. C'est le modèle global de l’industrie de la maladie qui doit être revu, afin d'envisager au mieux la santé, notamment en termes d’<a href="https://www.katharinezywert.com/">équité</a>, ici comme ailleurs. Au sein d’un nouveau paradigme en santé qui existe déjà à l’état embryonnaire, voici quelques exemples d’initiatives biologiques, locales, scientifiques, opulentes et sources de joie.</p> <p>Relevant le défi de <a href="https://lecourrier.ch/2017/06/27/valider-les-traitements-non-brevetables-un-defi/">valider des traitements non brevetables</a> par la recherche scientifique et grâce au soutien financier de la <a href="https://antenna.ch/fr/">fondation Antenna</a>, Bertrand Graz a développé une <a href="https://natural-self-care.org/">pharmacie verte</a> – plantes médicinales économiques, locales et naturelles – facile à utiliser en soin de premier recours par tout le monde même les plus démunis. Cet outil se trouve être, en outre, très utile en cas de rupture d’approvisionnement de médicaments allopathiques. De son côté, <a href="https://www.medecin-corsier.ch/equipe.php">Rola Darwiche</a> a développé un «jardin de santé», puis un parc permaculturel composé de plantes comestibles et médicinales, autour de son cabinet médical en campagne genevoise. Elle invite à la réflexion autour des «prescriptions vertes» en partenariat et en cocréation fertile avec ses patients-experts. Cette démarche lui a permis la création de l’observatoire citoyen de la santé <a href="http://www.onehealthpermaculture.com/"><i>One Health Permaculture</i></a>. L’étude validée avec la médecine basée sur les preuves d’<a href="https://asc-geneve.org/">Anne Laure Cavin</a> teste quant à elle l’efficacité de produits naturels hypoglycémiants pour patients diabétiques. Les premiers résultats sont positifs. Les patients sont enthousiastes, ont moins d’effets secondaires, développent une meilleure souveraineté en santé et prennent mieux soin d’eux. Enfin, deux initiatives inspirantes du point de vue de leur démarche communautaire et participative sont citées en exemple par Nicolas Senn: le <a href="https://www.levillage2sante.fr/">Village 2 Santé</a> en France et la <a href="https://www.antennetournesol.be/">Maison médicale antenne Tournesol</a> en Belgique.</p> <h3>Funambulisme réenchanteur</h3> <p>De l’ego (médecine) à l’éco (médecine), que nous soyons soignants ou patients, nous voici sur le fil du funambule citoyen. Comme l’écrivait le philosophe <a href="https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-essais/Cahiers-de-prison">Antonio Gramsci</a>: «Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître dans ce clair-obscur surgissent les monstres». En vue de ce nouveau paradigme, nous observons une confrontation de visions du monde qu’il s’agira de mener sur le terrain démocratique et avec transparence. Quelles articulations entre les initiatives venant d’en haut, potentiellement autoritaires et désincarnées, et celles venant d’en bas, plurielles, locales et fertiles?</p> <p>A la grâce des différentes crises, les participants à ce colloque s’accordent à souhaiter privilégier la salutogenèse de leurs patients, les ressources naturelles régionales et la souveraineté pharmaceutique, tout en limitant les gaspillages et pollutions induites par leurs pratiques. Nous avons tenté de dessiner non seulement ce à quoi il s’agirait de renoncer, mais surtout esquisser quelques voies alternatives vers un autre projet de société. Ce que Gorz, Illich et de nombreux citoyens appellent de leurs vœux depuis longtemps. 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Nous étions deux à nous sentir, comme ces millions d’abeilles, pris au piège d’un monde dont on ne sait plus faire partie en l’état et cherchant nos ressources propres afin d’y survivre malgré tout.</p> <p>Les abeilles vivent et travaillent en communauté, avec solidarité, autonomie et conscience des générations futures. Afin de polliniser nos écosystèmes mal en point, quelques apiculteurs atypiques tentent de les protéger de l’activité des autres humains avides ou poussés aux rendements: offrir aux colonies d’abeilles un habitat traditionnel dans les arbres et à proximité de cultures biologiques diversifiées; les laisser coexister avec leurs divers micro-organismes viraux ou bactériens; arrêter de traiter leurs maladies avec des médicaments qui contribuent à les affaiblir et les décimer; soutenir leur immunité naturelle, leur propolis étant le meilleur médicament; leur offrir une alimentation saine, leur miel exempt de sucre ajouté.</p> <p>Cette comparaison apicole devrait nous permettre d’imaginer un traitement bienveillant et intelligent similaire dans la <i>crise</i> sanitaire actuelle, semblant entrer en <i>chronicité</i>. Les scandales liés à <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/02/16/monsanto-un-demi-siecle-de-scandales-sanitaires_1643081_3244.html">Montsanto</a> ou <a href="https://www.24heures.ch/monde/europe/allemand-bayer-embourbe-scandale-glyphosate/story/23960649">Bayer</a> et la mise sous tutelle de l’agriculture par les géants de l’agro-business n’étant plus un secret d’Etat, il semblerait que nous ayons davantage de difficulté à admettre ceux associés aux industries pharmaceutiques à qui l’on accorde une confiance quasi aveugle. </p> <p>L’entreprise <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pfizer">Pfizer</a> a été condamnée à un total de plus de 6 milliards de dollars pour: corruption de médecins et de dirigeants gouvernementaux, publicité mensongère omettant de graves effets secondaires, fausses études, création d’un virus synthétique ayant contaminé trois de ses employés, etc. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pfizer">«Cet aspect a été soulevé par le Parlement Européen lors du choix des fabricants de vaccins contre le Covid-19, mais n'a pas été retenu comme critère de sélection.»</a> Le parallèle pourrait se faire également entre le bétail et la masse des humains. Soigner quelques individus malades s’avère moins rentable que vendre des traitements préventifs à tous sur du long terme. Une stratégie commerciale efficace permettant de juteux profits.</p> <h3>Quel bilan écologique de la solution vaccinale unique?</h3> <p>Imprégnée par l’idéologie du <a href="https://blog.mondediplo.net/covid-19-le-solutionnisme-n-est-pas-la-solution">solutionnisme technologique</a>, la <a href="https://www.bmj.com/content/371/bmj.m4425">«science»</a> actuelle — financée massivement par les grandes entreprises pharmaceutiques et escortée par des politiques démunis — a perdu le chemin de l’art médical et opté pour une politique du tout vaccinal. Eloignée de la médecine, elle nous montre ses limites, tant sur le plan sanitaire qu’écologique, comme pour les abeilles. </p> <p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652618336084">industries pharmaceutiques étant parmi les plus polluantes de notre planète</a>, plus que le secteur automobile, ne serait-il pas temps d’effectuer un bilan écologique de la production de milliards de vaccins, du coût énergétique de leur transport par camions frigorifiques, de leur conservation entre -60° à -80° et de la gestion de leurs déchets? 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Sa <a href="https://www.rts.ch/info/regions/valais/9359659-lonza-et-le-valais-savaient-pour-la-pollution-au-mercure-depuis-40-ans.html">pollution au mercure</a> — plusieurs dizaines de tonnes déversées dans le Rhône — continue de ressurgir ici et là. Pendant des années, Lonza aurait également pollué les eaux avec un solvant cancérigène, le <a href="https://www.24heures.ch/suisse/lonza-accusee-pollue-leau-potable-hautvalais/story/20625630">1,4-dioxane</a> et avec un autre produit toxique et cancérigène, la <a href="https://www.letemps.ch/suisse/hautvalais-se-decouvre-une-nouvelle-pollution">benzidine</a>. Ni la population, ni les professionnels de la santé n’ont accès à l’entier des composants des vaccins de Moderna. 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Comme les tomates hors-sols, les vaccins semblent déjà être disponibles pour les années à venir en toute saison.</p> <p>La seule solution vaccinale, adoptée localement et à l’échelle de la planète, contribue à creuser notre propre tombe en accroissant notre dépendance énergétique et en persévérant à détruire le vivant.</p> <h3>Omerta politique sur les questions écologiques?</h3> <p>Pourquoi cette problématique des productions des <i>big pharma</i>, pourtant fondamentalement liée aux questions biologiques, est-elle absente des prises de position officielles des partis écologistes? Nous avons entendu vaguement çà et là que la destruction du vivant aurait favorisé l’émergence de ce coronavirus, ou de ses variants, et contribuerait ainsi à nous exposer à l’avènement de nouveaux virus dans le futur. 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Le solutionnisme sanitaire-sécuritaire peut-il faire l’économie d’un examen de conscience écologique?</p> <p>Quelques Verts minoritaires soufflent leur désaccord vis-à-vis de cet aveuglement irresponsable, sous le couvert de l’anonymat, craignant peut-être un lynchage médiatique ou les possibles représailles des membres du parti. «Avant d’être formalisé par un décret de censure ou de s’incarner sous les traits d’un fonctionnaire du Parti, l’étiolement de la liberté d’expression s’éprouve comme une ambiance, un sentiment d’intimidation, un embarras presque mondain qui fait s’évapore» (<a href="https://reporterre.net/La-discussion-du-Covid-19-est-placee-sous-couvre-feu">Célia Izoard</a>). Nous estimons que cette loi du silence mériterait d’être posée sur la table du débat démocratique. </p> <h3>Quelles alternatives à la solution vaccinale unique?</h3> <p>Comme celle des apiculteurs conscients des enjeux favorisant les ressources propres des abeilles, pourrions-nous nous inspirer d’une bioéthique du vivant dans la gestion politique de la «pandémie», face à ce que l’on devrait plutôt appeler <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)32000-6/fulltext">«syndémie»</a>? Malgré les promesses, l’éradication de ce parasite de coronavirus à l’aide de l’imposition de la solution vaccinale unique bien que toujours <a href="https://www.infovac.ch/fr/infovac/actualites/955-vaccins-contre-le-covid-19-liste-des-essais-cliniques">en phases expérimentales</a>, d’exclusions sociales et de surveillance généralisée des individus, ne fonctionne malheureusement pas si bien. Tout comme pour les abeilles, ne vaudrait-il pas mieux se familiariser avec l’idée que les virus et bactéries, sont des entités avec lesquelles il va nous falloir non pas lutter, mais <a href="https://www.24heures.ch/sarah-gilbert-nous-allons-apprendre-a-vivre-avec-le-virus-914508407239">cohabiter</a>?</p> <p>Il existe pourtant des alternatives: offrir une politique de prévention en renforçant nos défenses immunitaires naturelles à l’aide des médecines complémentaires faisant partie intégrante de notre Constitution suisse (art. 118a); développer une promotion de la santé auprès des personnes souffrant de ces <i>maladies de civilisation</i>, notamment la <a href="https://www.federationdesdiabetiques.org/information/diabete/chiffres-monde"><i>pandémie</i> de diabète</a>, alors que les confinements ont exacerbé leurs risques vis-à-vis du virus; proposer une vaccination ciblée aux populations à risque (ce qui est fait) et laisser vivre les autres en leur permettant de développer leur immunité; <i>soigner</i> à domicile, précocement, les gens ayant contracté le virus plutôt que les enfermer seuls chez eux sans surveillance ni soins médicaux; <a href="https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/amtliches-bulletin/amtliches-bulletin-die-verhandlungen?SubjectId=53466">renforcer notre système hospitalier défaillant</a> — cause des semi-confinements successifs — suite aux politiques d’austérité déployées depuis plus de vingt ans; améliorer enfin les conditions de travail des soignants; <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2020/03/SHAH/61547">développer l’écologie</a> en protégeant les habitats des animaux sauvages et en évitant les dangers de l’élevage industriel.</p> <hr /> <h4><a href="http://annevoeffrayphoto.ch" target="_blank" rel="noopener">Le site personnel d'Anne Voeffray</a>.</h4>', 'content_edition' => 'Nous étions deux dans la salle d’un cinéma indépendant lors de la projection du documentaire de Perrine Bertrand et Yan Grill, «Etre avec les abeilles». 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Dès lors, comment créer un lien avec des personnes masquées, apeurées ou angoissées, alors que l’injonction est à la «distanciation sociale» et comment offrir des espaces de liberté, de rêve, de réflexion commune, quand nos corps et nos esprits sont soumis à l’appel général au «confinement»? 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Rire et rêver d’un autre monde. Les concerts spontanés aux balcons nous ont offert des moments de grâce. Les enfants qui jouaient à nouveau dans les rues et dessinaient à la craie sur le bitume semblent être des images rêvées. Même les oiseaux devenaient plus lyriques dans un ciel non délimité par les traces des avions. </p> <p>Il serait intéressant d’étudier comment et avec quelles reconfigurations une période de crise aiguë change le rapport entre désir de consommation et nécessité de création artistique. J’aime imaginer que des anonymes, privés des offres culturelles habituelles, se mettent à peindre, à chanter, à cuisiner… La mise entre parenthèses des offres culturelles nous offre un temps retrouvé, celui de l’ennui et peut-être aussi celui de la création.</p> <p>Quelques initiatives individuelles — «The garden» du photographe Erik Madigan rendant hommage à sa mère morte du Covid — ou collectives — «Temps suspendu», appel à projet lancé par la plateforme pour la photographie en Suisse PHOTOAGORA —, ne suffisent pas à cacher le relatif silence de certains artistes. S’agit-il d’y lire le signe d’une inquiétude face à leur avenir financier et donc créatif? Comment en effet questionner le système, ses choix politiques passés et présents discutables, lorsque celui-ci nous plonge dans la précarité? Je ne parlerai pas ici des artistes institutionnalisés qui ne peuvent se permettre la remise en question de la main qui les nourrit… L’impossible transposition de la danse sur un écran virtuel pose également la question de la nécessité du corps à corps avec le public. Même la photographie a besoin d’un support tactile: avoir envie de toucher une image, être touché par elle. Le Conseil fédéral suisse ayant considéré en effet que les restrictions n’empêchent pas les photographes d’exercer leur métier, comment réaliser des portraits, comme un pas de danse à deux, tout en respectant la «distanciation sociale»? Comment transmettre l’amour de la photographie lors d’ateliers, alors que le collectif est banni? </p> <p>La créativité en temps de crise de la plupart des politiques culturelles et des institutions muséales devrait être analysée sociologiquement. Comment celles-ci, malgré le soutien financier public dont elles ont continué à bénéficier durant leur fermeture imposée, outre les visites virtuelles, la diffusion en ligne de spectacles et la mise à disposition de certaines archives, ont-elles su réinventer de nouveaux espaces temporaires et virtuels d’exposition, ouverts aux artistes locaux ou au public? <i>L’Institut pour la photographie</i> de Lille a développé un nouveau format de capsules «Une photographie, des regards», qui associe le son aux visuels des expositions d’<i>extraORDINAIRE</i>: une manière didactique originale et inspirante de développer son regard et la lecture critique des images. Le groupe indépendant néerlandais <i>Tussen kunst & Quanrantaine</i> a invité les créateurs en herbe à s’inspirer d’œuvres célèbres à l’aide d’objets de leur quotidien créant ainsi une immense et foisonnante banque de données d’autoportraits de confinement sur Instagram. 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Il nous accompagne à nous familiariser avec l’idée selon laquelle, les virus et bactéries, depuis toujours, actuellement et à l’avenir, sont des entités avec lesquelles il va nous falloir cohabiter (David Le Breton). L’art, consommé ou créé, peut nous encourager à oublier un instant notre propre corps, puis de le redéployer dans ce monde mouvant où chacun de nos gestes se trouve gouverné par d’autres (biopolitique, Michel Foucault), afin de se le réapproprier différemment. Il peut nous aider à penser (panser) notre finitude en proposant une mise en lien de notre être avec le cosmos. 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Amenés à puiser dans leurs réserves financières, s’ils en ont, ils se trouvent souvent réduits à quémander des aides privées ou s’endetter, alors que les milliards pleuvent sur les compagnies d’aviation et autres multinationales. Nourritures du corps versus celles de l’esprit, nos dirigeants semblent omettre le fait pourtant scientifiquement prouvé (voir les 146 pages du rapport de l’OMS sur cette question) que l’art est décidément bon pour la santé!</p> <p style="text-align: center;"><em>«Art is a Guaranty of Sanity», Louise Bourgeois</em></p> <hr /> <h4 style="text-align: left;">Ce texte a été rédigé au printemps 2020, lors du premier semi-confinement. Il est, de l'aveu-même de son auteure, toujours malheureusement d'actualité.</h4> <hr /> <p style="text-align: left;">Pour aller plus loin:</p> <p style="text-align: left;"><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1612804933_9782360851089b.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="225" height="360" /></p> <p style="text-align: left;">Vient d'être publié l'ouvrage collectif <a href="https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=67648&razSqlClone=1" target="_blank" rel="noopener"><em>A quoi sert (encore) l'art en temps de crise sanitaire?</em></a> sous la direction de Christophe Pittet, Paris, Téraèdre, 2021.</p> <p style="text-align: left;"><a href="http://museejenisch.ch/fre/evenement/jeudis_inedits_vernissage_du_livre_a_quoi_sert_encore_l_art_en_temps_de_crise_sanitaire" target="_blank" rel="noopener">Le vernissage de l'ouvrage</a> aura lieu le 9 septembre au Musée Jenisch de Vevey. </p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'l-art-au-temps-du-coronavirus', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 572, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 3037, 'homepage_order' => (int) 3037, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => '', 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 6493, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 9865, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => '©Anne-Voeffray-DSCF2002.JPG', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 3993465, 'md5' => 'fa896878ebd10cf5d13e5d724654e7ce', 'width' => (int) 5790, 'height' => (int) 3860, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => '© Anne Voeffray', 'author' => '', 'copyright' => '', 'path' => '1673517640_annevoeffraydscf2002.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 5756, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => '… merci pour cette écriture de l’intérieur ✨', 'post_id' => (int) 4030, 'user_id' => (int) 3626, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' } ] $author = 'Anne Voeffray' $description = 'Une longue méditation active à l’abri du monde. 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1 Commentaire
@LaNomade 16.01.2023 | 08h01
«… merci pour cette écriture de l’intérieur ✨»