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Analyse / Liban-Gaza: l’horreur quotidienne et l’impasse diplomatique


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Jours après jours, l'armée israélienne détruit systématiquement des pans entiers du Liban. Au sud, près de la frontière avec Israël, tout est rasé, maisons, écoles, hôpitaux, mairies, mosquées et églises. La banlieue sud de Beyrouth est attaquée tous les jours. Dans la seule nuit de mardi trente immeubles se sont effondrés. La plaine de la Bekaa est dévastée. A Gaza, après plus d’un an, la guerre se poursuit dans les ruines. Quand donc les armes pourraient-elle enfin se taire? Malek El-Khoury, très informé, familier de la Suisse,nous adresse cette analyse depuis Beyrouth.



Ce n’est qu’à partir du 20 janvier 2025 (date de l'entrée en fonction effective de Donald Trump) que l’on pourra savoir quelle option sera appliquée et suivie par le tandem Israël-USA, ou plutôt Netanyahou-Trump. 

D’ici là, vu que les options de cessez-le-feu sont toutes dans l’impasse, les guerres dans la région continueront et même risquent d’être encore plus violentes, vu qu’Israël voudra gagner un maximum de points afin d’avoir le plus de cartes en main pour discuter avec son «ami» Trump.

Entre-temps, au Liban (comme à Gaza), les frappes aériennes incessantes continuent de tuer, détruire, brûler et raser. Israël est en train de transformer le Sud-Liban, y compris des villes comme Tyr ou Nabatieh, en des terrains vagues sans habitations ni plantations, détruisant aussi le patrimoine culturel et social de cette région. Les deux autres régions visées par les avions israéliens sont la Bekaa et la banlieue Sud. Cette dernière est pratiquement vidée de ses habitants, mais continue d’être systématiquement détruite, immeuble après immeuble. Quant à la Bekaa, la ville de Baalbeck (les ruines ne semblent pas encore être affectées ni directement touchées) est sensiblement détruite, surtout la vieille ville qui contient dans ses sous-sols une richesse de patrimoine colossal.

Cela ne suffit pas aux Israéliens. Ils frappent l’intérieur des terres libanaises, dans les zones de non-guerre de manière sporadique prétextant poursuivre un responsable du Hezbollah (HA), quitte à tuer en dommage collatéral des civils innocents, ou alors en visant des lieux séparant des endroits où habitent (souvent cohabitent) des déplacés et des locaux, dans le but de semer la zizanie entre plusieurs catégories de la population libanaise, souvent communautaires. L’autre objectif déclaré est de provoquer la confusion et la dislocation de la communauté chiite, environnement naturel de HA.

A Gaza la guerre continue, avec toujours les mêmes objectifs pas encore atteints (éradiquer Hamas et libérer les otages) auxquels s’ajoute un nouveau but, raser complètement le tiers nord de Gaza pour pouvoir y installer de nouvelles colonies et de nouveaux colons. (C’est aussi un des objectifs affichés des ministres d’extrême droite pour le Sud-Liban).

Jusqu’à maintenant, la seule chose qu’Israël ait réussi à faire c’est détruire pour détruire, tuer pour tuer, raser pour raser. Aucun des objectifs affichés n’a été atteint. Même si les deux mouvements (Hamas et HA) ont été décapités et sont très affaiblis, ils ne sont pas encore arrivés au point de n’avoir plus la capacité de résister. Les otages (carte de pression de Hamas dans les négociations) ne sont pas libérés. Aucun territoire n’est encore colonisé. Du moins jusqu’à maintenant.

Ce maigre résultat politique satisfera-t-il Trump pour permettre à son ami de continuer ou pensera-t-il que tous ces efforts et sommes colossales englouties dans la guerre n’ont pas le retour sur investissement attendu?

Evidemment Netanyahou pourra aussi lui proposer d’annexer les Territoires Occupés ainsi que le tiers nord de Gaza et puis chasser les Palestiniens vers l’Egypte, la Jordanie et/ou le reste du monde, argument qui peut influencer Trump pour qui la cause palestinienne n’existe pas. Rappelons-nous que c’est Trump I qui a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et y a déplacé l’ambassade américaine.

Personne ne se fait d'illusions sur des cessez-le-feu rapides. Cependant les scandales entourant Netanyahou et son cabinet, les pertes humaines et matérielles de part et d’autre (y compris en Israël), la crainte de l’inconnu après le 20 janvier prochain, l’apparition de la Russie comme partie prenante des négociations, pourraient produire des surprises que j’appellerais «magiques» afin d’arrêter cette guerre au cours de laquelle personne n’a rien gagné. Au contraire, tout le monde y a perdu.

Même si nous ne croyons pas à la magie, espérons-la et souhaitons-la. Surtout si elle nous permet de respirer et de vivre normalement. 

Beyrouth le 12.11.24

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@von 21.11.2024 | 13h18

«Depuis la nuit des temps, toutes les civilisations qui se sont succèdées sur la planète ont vécu les mêmes cycles: un début, souvent autour d'un homme ou d'une idéologie, suivi d'une croissance rapide du pouvoir, allant de pair avec l'asservissement des peuples environnants et l'acquisition d'une grande richesse. La fin est toujours brutale, soit que les ennemis du pays conquérant aient fini par vaincre l'envahisseur, soit que les luttes internes pour le pouvoir aient conduit le pays à l'autodestruction. Les Sumériens, les Egyptiens, les Grecs, les Etrusques, les Romains, les Nabatéens, Les Minoens, les Aztèques, les Mayas en sont quelques exemples: ils ont tous mal fini.
Il existe cependant une exception de génocide réussi: celle des Amérindiens, anéantis par les blancs arrivés d'Europe au 16ème siècle. Il est tentant de faire la comparaison avec ce qui se passe actuellement en Palestine, mais il y a une différence de taille: celle de la grandeur du territoire. Aux USA, le pays est immense et deux civilisations, les blancs et les peaux rouges, pouvaient tout à fait cohabiter sans se gêner. Malheureusement pour ces derniers, leurs terres renfermaient des richesses, du pétrole et des minerais entre autres, et c'est ce que les blancs convoitaient. Il n' en est pas de même en Palestine, où ceux qui y habitaient avant l'arrivée des Juifs doivent faire place nette pour que les nouveaux-venus puissent s'établir. Un peuple doit donc en remplacer un autre, ce qui implique que les Palestiniens, poussée hors de chez eux par les Israéliens, n'aient que deux choix possibles: partir ailleurs (mais où) ou tous mourir. En 1948, lors de la renaissance d'Israël, 750'000 Palestiniens durent quitter leurs maisons pour aller se réfugier dans les pays environnants. L'UNRWA avait alors été créé par l'ONU pour s'en occuper, avec la bénédiction des Israéliens, trop contents de ne pas avoir à financer eux-mêmes cette émigration forcée. On en voit aujourd'hui le résultat: Israël interdit l'UNRWA car il est sur le point de réussir à détruire tous ceux qui résistent à sa colonisation.
Est-ce à dire qu'Îsraël va réussir à s'implanter durablement en Palestine? Il est évident que non car les peuples spoliés vont vouloir se venger du malheur incommensurable que les Juifs d'Israël leur ont fait. Avec sa pratique d'éliminer 10 ennemis pour un de ses soldats tué, la progression du nombre des ennemis d'Îsraël n'est pas linéaire mais exponentielle. Il arrivera fatalement un jour où il sera débordé et anéanti à son tour. En attendant, il devra vivre éternellement sur pied de guerre, avec la peur au ventre. Ce n'est pas une vie enviable que se prépare le peuple juif. Parce que ce peuple ne comprend pas seulement les Israéliens, mais aussi les Juifs de la diaspora, qui eux aussi tremblent pour leurs enfants.
Finalement, les priorités sont faciles à déterminer. Pour Israël, c'est vivre en sécurité sur le territoire qui lui a été accordé par la Société des Nations. Pour les Palestiniens, c'est vivre librement et de manière indépendante sur les terres qui leur appartiennent encore. Pour la diaspora juive, c'est pouvoir vivre sans la peur de connaître à nouveau des persécutions. Que faire alors? Se massacrer gaiement jusqu'au dernier ou changer de paradigme en faisant ami-ami? La réponse est évidente non?
"La paix est le seul horizon possible. Sinon nos petits enfants connaîtront des malheurs terribles en Israël" (Ytzhak Rabin)

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