Analyse / La contemplation: une force pour une vie meilleure
Caspar David Friedrich, "Les frères Tourgeniev et V. Zhukovsky", 1827.
Après la crise du coronavirus, avec son lot de restrictions et de conséquences encore à venir, une guerre enflamme l’est de l’Europe. Le monde qui nous entoure est désespérant. Et puis, au-delà de ces problèmes collectifs, il y a les peines et les souffrances de chacun. C’est étouffant. Que faire? Pas de solution miracle. Il y a pourtant une attitude qui peut nous aider à tenir le coup: contempler.
Fatigués… nous sommes fatigués. Les larmes et les cris nous entourent quand ils ne nous atteignent pas directement. Nous courons, nous courons, nous courons derrière on-ne-sait-plus quel but. Il y a la famille, le travail, les soucis du quotidien. On se donne pour réussir et pour soutenir nos proches, et l’on finit par se retrouver face à une apparente absence de sens.
Pourquoi suis-je né dans telle famille? Pourquoi est-ce que je ne trouve pas l’amour dont j’ai toujours rêvé? Pourquoi est-ce qu’on ne m’aime pas en retour de la manière dont j’aimerais qu’on m’aime? Pourquoi est-ce que je ne me sens pas compris? Pourquoi ai-je épousé un jour cette femme? Pourquoi mes enfants se fichent-ils de moi? Pourquoi je n’arrive pas à leur donner tout l’amour que je voudrais? Pourquoi ne m’aiment-ils pas autant que je le souhaiterais?
Pourquoi se donner tant de peine s’il n’y a que des joies éphémères? si après quelques rayons de lumière, c’est la nuit qui revient toujours et encore? Au bout d’un moment, le nœud dans la gorge ne cesse de se resserrer, les larmes ne coulent même plus, parce qu’il n’y a plus que du vide. Et ce sont les dépressions et les burnout qui font rage. Notre regard en devient complètement métamorphosé: on ne voit plus ses amis, on ne voit plus ce qui nous fait du bien, on ne voit plus ce qui est important pour nous.
Tout n’est pourtant pas si noir. Il y a la main d’un ami sur votre épaule, une discussion profonde et agréable autour d’un bon verre, il y a le sourire d’un enfant, il y a la gentillesse d’un collègue qui a un geste attentionné pour vous, une chanson qu’on adore qui passe à la radio. Il y a encore les divertissements, et tout ce qui peut encore nous offrir un moment d’évasion et d’insouciance.
Mais la déprime guette toujours. C’est le combat d’une vie. Et n’allons pas croire ces magiciens qui promettent en un livre le bonheur clefs en mains. Il reste que le bonheur est le but de tout homme, et que malgré le combat permanent, il est possible de trouver la paix en soi. Quels moyens pour cela? A chacun d’accomplir son chemin. Et si sur ce chemin nous nous arrêtons un instant pour découvrir ou redécouvrir la contemplation, je suis convaincu que cela pourra aider.
La contemplation?
Bien, mais en quoi est-ce que cela consiste de contempler? Que signifie ce mot qui nous paraît réservé aux grandes âmes ou aux amateurs d’art? Contempler, dans son sens le plus général, signifie: «regarder quelque chose avec attention et longuement dans un état de méditation».
Dans un sens plus spirituel, il y a l’acception que donnent au nom les religions et différents courants philosophiques. En matière religieuse, bien qu’il y ait toute une théologie de la contemplation, nous pouvons résumer la contemplation religieuse à l’état de paix intérieure dans la prière, que ce soit dans l’extase d’une révélation, dans le silence pour retrouver Dieu au plus profond de son âme ou dans l’expérience de foi de se savoir aimé sans conditions et accompagné par Dieu dans les épreuves.
En philosophie, même si chaque philosophe a eu son mot à dire sur la contemplation, le sens le plus classique qu’on lui donne remonte à Platon et à Aristote. Chez Platon, la contemplation consiste à voir les réalités pour ce qu’elles sont. La contemplation est la lumière dans notre regard qui nous fait sortir de l’illusion, et nous permet d’embrasser la vérité.
Chez Aristote, toujours dans une même ordre d’idées, contempler est l’acte le plus noble de l’homme. Celui qui contemple s’efforce, par la pratique des vertus, de poser le regard sur le bien véritable et sur ce qui est vrai afin de s’en approcher.
Ce qu’on peut en retenir: contempler c’est poser un regard ajusté sur le monde qui nous entoure, sur les personnes que nous fréquentons et sur soi-même. Le regard ajusté consiste à voir le réel, et donc à sortir des projections et des illusions. Le regard ajusté vise le bien véritable et le désire librement. Si le regard juste voit aussi ce qui ne va pas, il garde pour objectif le bien et le bonheur de celui qui regarde. Se fixer sur un mal ou un défaut, sans savoir en sortir pour se tourner vers ce qu’il y a de plus lumineux, ce n’est pas être dans la contemplation.
L'expérience de la contemplation dans ma vie
Il y a la théorie et il y a la pratique. Comment faire concrètement pour contempler? Et qu’est-ce qui vaut la peine d’être contemplé? Ai-je seulement le temps de m’arrêter pour contempler? Ne serait-ce pas plus utile et fructueux de faire autre chose? Soit d’avancer dans les tâches ménagères ou le travail, ou de prendre le temps de simplement se divertir?
La contemplation ne demande aucun prérequis. Même sans le savoir, chacun en fait l’expérience dans sa vie. Chacun a pu déjà vivre des grands moments de contemplation, ou chacun a pu du moins déjà entrer dans une attitude de contemplation dans des situations banales du quotidien. Il est vrai toutefois que la société occidentale actuelle est à contre-courant de l’attitude contemplative. La surconsommation, l’impulsivité face à nos désirs, la frénésie du rythme de vie et le zapping général ne laissent en effet pas la place à la contemplation.
Si la contemplation ne demande aucun prérequis chez la personne, elle a ses conditions. Dans le concret d’une existence humaine, elles correspondent au calme, au silence, à l’attention au regard fixé sur ce qui est concret. Même s’il y autant de façons de contempler qu’il y a de contemplateurs, une bonne attitude de contemplation peut être guidée par un certain ordre.
Pour faire l’expérience de la contemplation dans ma vie, je peux commencer à contempler la personne que je suis en premier lieu. Ensuite, contempler autrui. Enfin, contempler le monde et ce qui me dépasse.
La contemplation de soi
Il ne s’agit ni d’égocentrisme, ni de nombrilisme. La contemplation de soi, c’est apprendre à poser un regard juste sur soi, et donc apprendre à se connaître, pour apprendre à s’aimer tel que l’on est. Pour se connaître, il n’est pas nécessaire d’avoir suivi un gourou, d’être passé par la psychanalyse ou de revisiter et d’analyser chaque étape de sa vie depuis l’enfance.
Se connaître, c’est poser le regard concret sur soi en commençant par écouter son corps. Comment est-ce que je me sens aujourd’hui? De quoi ai-je besoin? Mon corps a-t-il besoin de détente ou plutôt de mouvement? Ai-je des tensions qui se logent dans mon corps? Que puis-je entreprendre pour déloger ces tensions? Cela peut passer par un massage de la partie tendue ou par du sport. Et comment est-ce que je me sens émotionnellement? Suis-je stressé, angoissé? Il faut commencer par identifier mes malaises, frustrations et tensions tant corporels qu’émotionnels pour se prendre charge. S’écouter demande de s’arrêter un instant.
Une fois que j’ai posé le regard sur mon état actuel, je peux commencer à écouter mes désirs. Qu’est-ce que je veux concrètement aujourd’hui? Quel objectif m’est-il possible d’atteindre, via des actions simples, pour ce jour? Qu’est-ce que je choisis librement et à quoi suis-je conscient de renoncer pour poser mon choix? Et que je veille à regarder ce que je veux moi, pour être bien, sans penser à ce que tel autre aurait dit, pensé, voulu ou comment il va réagir, etc. Je me concentre sur moi, car je suis le premier responsable de moi-même: je suis mon propre pourvoyeur de soin.
Connaître qui je suis, c’est encore relire les actes d’une journée écoulée. Sans partir dans l’analyse ou l’imagination, il s’agit simplement de poser le regard sur une action du jour, en apparence banale, où je peux voir une lumière de moi. Servir un café, passer le balai, ou un adresser un sourire sont autant d’actions où j’ai pu apporter une petite lumière. Et que dit cette lumière de moi? Qui suis-je vraiment dans mes actions concrètes? Il y a du mauvais aussi, certes, mais pour apprendre à se connaître, il faut toujours commencer par voir ce qu’il y a de bien en nous, de voir ce qui nous tire vers le haut. Et ce n’est qu’une fois que j’aurai pour socle mes lumières et mes forces, que je pourrai affronter mes côtés les plus obscurs.
Une bonne connaissance de soi, permet de nourrir la confiance en soi et la paix intérieur. C’est cela déjà la contemplation de soi.
La contemplation d'autrui
Une fois que je suis à l’aise avec moi-même, que j’accueille mes frustrations et mes faiblesses, je suis dans un état disposé à vivre une vraie ouverture à l’autre. Si je suis en paix avec moi-même, si je sais ce que je veux et que j’accepte mon renoncement pour poser ma décision libre, je suis nettement moins enclin à cultiver envers autrui de la jalousie, de la malveillance, du mépris, en somme de l’hostilité.
C’est dans la mesure où j’ai un véritable amour pour moi tel que je suis, que je peux aimer l’autre tel qu’il est, avec ses lumières et avec ses faiblesses. C’est dans l’amour de l’autre, que je peux entrer dans une contemplation de qui il est vraiment. Je peux contempler sa personne toute entière, pour ce qu’elle physiquement et spirituellement. Je contemple son corps, son visage, ses yeux, son sourire, ce qu’il accomplit de bon au quotidien, comme je peux contempler le lien qui nous unit et poser le regard sur ce qu’il y a de sain et de beau dans notre relation. Je trouve du sens à ma présence auprès de cette personne. Je vois le bien qu’elle me fait et le bien que je lui fais. Je vis l’expérience d’une amitié intégrale.
La contemplation de ce qui me dépasse
Dans la contemplation de l’autre, il y a l’ouverture à ce qui est extérieur à moi. Quand je découvre la beauté d’un visage, je suis ensuite apte à lever les yeux sur l’environnement qui m’entoure. Les passants dans une rue, la nature, la montagne, le ciel, les fleurs, etc. Tout ce qui en somme peut paraître bien kitsch peut être reconnu dans sa vraie grandeur par la contemplation. Je m’arrête, et je regarde la puissance d’un chêne et je m’émeus devant la force d’une telle création.
C’est à ce stade que je m’ouvre à la contemplation de ce qui me dépasse encore davantage que la nature environnante: au tout-autre. Là, je pose le regard sur l’immensité de la vie, sur la joie de respirer, sur la jouissance de boire une boisson fraîche, sur la libération d’un rire entre amis, sur la valeur inestimable d’un amour inconditionnel.
Le programme paraît chargé. Il l’est sans doute. Mais nous avons la vie devant nous, et désormais une force supplémentaire pour avancer: celle de savoir contempler et poser le regard dans la simplicité.
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En matière religieuse, bien qu’il y ait toute une théologie de la contemplation, nous pouvons résumer la contemplation religieuse à l’état de paix intérieure dans la prière, que ce soit dans l’extase d’une révélation, dans le silence pour retrouver Dieu au plus profond de son âme ou dans l’expérience de foi de se savoir aimé sans conditions et accompagné par Dieu dans les épreuves.</p> <p>En philosophie, même si chaque philosophe a eu son mot à dire sur la contemplation, le sens le plus classique qu’on lui donne remonte à Platon et à Aristote. Chez Platon, la contemplation consiste à voir les réalités pour ce qu’elles sont. La contemplation est la lumière dans notre regard qui nous fait sortir de l’illusion, et nous permet d’embrasser la vérité.</p> <p>Chez Aristote, toujours dans une même ordre d’idées, contempler est l’acte le plus noble de l’homme. Celui qui contemple s’efforce, par la pratique des vertus, de poser le regard sur le bien véritable et sur ce qui est vrai afin de s’en approcher. </p> <p>Ce qu’on peut en retenir: contempler c’est poser un regard ajusté sur le monde qui nous entoure, sur les personnes que nous fréquentons et sur soi-même. Le regard ajusté consiste à voir le réel, et donc à sortir des projections et des illusions. Le regard ajusté vise le bien véritable et le désire librement. Si le regard juste voit aussi ce qui ne va pas, il garde pour objectif le bien et le bonheur de celui qui regarde. Se fixer sur un mal ou un défaut, sans savoir en sortir pour se tourner vers ce qu’il y a de plus lumineux, ce n’est pas être dans la contemplation. </p> <h3>L'expérience de la contemplation dans ma vie</h3> <p>Il y a la théorie et il y a la pratique. Comment faire concrètement pour contempler? Et qu’est-ce qui vaut la peine d’être contemplé? Ai-je seulement le temps de m’arrêter pour contempler? Ne serait-ce pas plus utile et fructueux de faire autre chose? Soit d’avancer dans les tâches ménagères ou le travail, ou de prendre le temps de simplement se divertir?</p> <p>La contemplation ne demande aucun prérequis. Même sans le savoir, chacun en fait l’expérience dans sa vie. Chacun a pu déjà vivre des grands moments de contemplation, ou chacun a pu du moins déjà entrer dans une attitude de contemplation dans des situations banales du quotidien. Il est vrai toutefois que la société occidentale actuelle est à contre-courant de l’attitude contemplative. La surconsommation, l’impulsivité face à nos désirs, la frénésie du rythme de vie et le zapping général ne laissent en effet pas la place à la contemplation. </p> <p>Si la contemplation ne demande aucun prérequis chez la personne, elle a ses conditions. Dans le concret d’une existence humaine, elles correspondent au calme, au silence, à l’attention au regard fixé sur ce qui est concret. Même s’il y autant de façons de contempler qu’il y a de contemplateurs, une bonne attitude de contemplation peut être guidée par un certain ordre. </p> <p>Pour faire l’expérience de la contemplation dans ma vie, je peux commencer à contempler la personne que je suis en premier lieu. Ensuite, contempler autrui. Enfin, contempler le monde et ce qui me dépasse. </p> <h3>La contemplation de soi</h3> <p>Il ne s’agit ni d’égocentrisme, ni de nombrilisme. La contemplation de soi, c’est apprendre à poser un regard juste sur soi, et donc apprendre à se connaître, pour apprendre à s’aimer tel que l’on est. Pour se connaître, il n’est pas nécessaire d’avoir suivi un gourou, d’être passé par la psychanalyse ou de revisiter et d’analyser chaque étape de sa vie depuis l’enfance.</p> <p>Se connaître, c’est poser le regard concret sur soi en commençant par écouter son corps. Comment est-ce que je me sens aujourd’hui? De quoi ai-je besoin? Mon corps a-t-il besoin de détente ou plutôt de mouvement? Ai-je des tensions qui se logent dans mon corps? Que puis-je entreprendre pour déloger ces tensions? Cela peut passer par un massage de la partie tendue ou par du sport. Et comment est-ce que je me sens émotionnellement? Suis-je stressé, angoissé? Il faut commencer par identifier mes malaises, frustrations et tensions tant corporels qu’émotionnels pour se prendre charge. S’écouter demande de s’arrêter un instant. </p> <p>Une fois que j’ai posé le regard sur mon état actuel, je peux commencer à écouter mes désirs. Qu’est-ce que je veux concrètement aujourd’hui? Quel objectif m’est-il possible d’atteindre, <i>via</i> des actions simples, pour ce jour? Qu’est-ce que je choisis librement et à quoi suis-je conscient de renoncer pour poser mon choix? Et que je veille à regarder ce que je veux moi, pour être bien, sans penser à ce que tel autre aurait dit, pensé, voulu ou comment il va réagir, etc. Je me concentre sur moi, car je suis le premier responsable de moi-même: je suis mon propre pourvoyeur de soin. </p> <p>Connaître qui je suis, c’est encore relire les actes d’une journée écoulée. Sans partir dans l’analyse ou l’imagination, il s’agit simplement de poser le regard sur une action du jour, en apparence banale, où je peux voir une lumière de moi. Servir un café, passer le balai, ou un adresser un sourire sont autant d’actions où j’ai pu apporter une petite lumière. Et que dit cette lumière de moi? Qui suis-je vraiment dans mes actions concrètes? Il y a du mauvais aussi, certes, mais pour apprendre à se connaître, il faut toujours commencer par voir ce qu’il y a de bien en nous, de voir ce qui nous tire vers le haut. 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Scientifiquement, un chien ou toute autre bête, ne peut parler; mais en littérature, oui, si le texte indique que c’est tel chien qui narre, il en est alors réellement ainsi. En effet, la fiction peut dire vrai, même pour des faits qui ne sont pas observables dans la réalité du monde humain.</p> <p>A titre d’exemple, citons un passage vibrant de beauté, qui sonne comme évidence: «L’humain est un corridor étroit, il faut s’y engager pour espérer le rencontrer. Il faut avancer dans le noir, sentir les odeurs de tous les animaux morts, entendre les cris, les grincements de dents et les pleurs. […] L’humain est un corridor et tout humain pleure son ciel disparu. Un chien sait cela et c’est pour cela que son affection pour l’humain est infinie.» (p.149) Il semblerait véritablement que nous entendons la voix d’un chien. Chien dont on découvre qu’il prend en pitié l’homme au vu de sa condition de détresse permanente. 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[…] Tu n’as pas besoin de t’occuper de lui, il s’occupera de toi.» (p.357)</p> <h3>La nécessité du témoignage</h3> <p>A travers l’animal, l’homme est appelé à se retrouver lui-même. Cela nous montre que l’homme, dans <i>Anima</i>, ne peut s’en sortir tout seul. N’y aurait-il pas un dieu qui viendrait au secours de Wahhch et des autres humains égarés? Ce dieu, ce serait les animaux. Outre l’hommage à la culture amérindienne, omniprésente dans le roman, ou à la religion animiste, nous ne pouvons nous résoudre à n’y voir qu’un éloge de l’animalité. A travers les bêtes qui guident, qui discernent et qui rendent justice – comme ces charognards qui déchiquètent l’homme, l’imposteur, le père abusif qui a déchiqueté autrefois la famille de Wahhch au Liban – nous voyons un appel urgent à prendre de la distance par rapport à une humanité atroce et malade.</p> <p>Que la sagesse qui permet cette prise de distance vienne du Ciel ou des bêtes, peu importe. Ce qui importe réellement pour Wahhch et pour les hommes de façon générale, c’est de laisser mourir la part qui est cassée en soi, pour passer des ténèbres à la lumière. «Passe par les ténèbres et tu trouveras la lumière.» (p.348) Comment notre protagoniste vit-il cette pâque, passant de l’esclavage à la terre promise? Par la douleur. C’est dans les douleurs de l’enfantement que la femme donne la vie. C’est dans les douleurs du retour aux origines mais avant cela de l’abus sexuel qu’il subit, que Wahhch sait qui il est, qu’il casse la malédiction des meurtres et des viols, pour retrouver la raison, son nom et son âme.</p> <p>En quoi est-ce une invitation pour le lecteur à retrouver son âme et par là retrouver l’unité en soi? C’est une invitation, dans la mesure où nous assistons, par le roman, au témoignage de Wahhch mais aussi indirectement à celui de Wajdi Mouawad et en somme à celui de tous ceux qui ont vécu des drames. 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Pourtant, quand on s’y plonge, on se retrouve un univers bâti par un style sec, élégant, précis. J’attendais de retrouver ce cher Luc Lang après avoir été édifié par son roman <em>La tentation</em> (2019), prix Médicis, qui m’avait offert ma première expérience de western en littérature. Il revient, toujours avec une violence maîtrisée, en offrant à ses lecteurs <em>Le récit du combat</em> (2023). Son écriture habituellement sobre laisse place, cette fois, à une sobriété ouverte sur un certain lyrisme. En témoignent les premières pages du récit où l’auteur revient sur une scène de plage lors de son enfance. Il y découvre, sous le soleil chaud au bord d’une eau fraîche, le corps musclé et puissant de celui qui devient peu à peu son père, le judoka Robert. On se croit face à la sensualité de <em>Noces</em> (1936) d’Albert Camus. 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Lorsqu’un matin, peu avant l’aube, sans doute échappé d’un cauchemar, je me réveille en sursaut, déjà dressé dans le lit tel un mort surgi du tombeau, avec cette phrase interrogative aux lèvres qui me vrille le cerveau : Qu’as-tu fait de ta vie ? »</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-combats-d-une-vie-de-romancier', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 43, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 6269, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [[maximum depth reached]], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4795, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => '«Pulp Fiction» 30 ans plus tard', 'subtitle' => '«Pulp Fiction», Quentin Tarantino, avec John Travolta, Samuel L. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@Ernest 04.03.2022 | 17h35
«Quel texte magnifique, je ne peux que d’adhérer à tout ce que vous avez écrit. Bravo et merci!
E. Imhof»
@Mboldrums 05.03.2022 | 10h57
«Merci.»