Analyse / L’adieu mou à l’Europe
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Les tueurs de l’accord-cadre négocié par la Suisse et l’UE ont gagné. Cette harmonisation des relations avec nos principaux partenaires est quasiment enterrée. Sans débat. Sans vote populaire. A la suite de manœuvres attendues ou surprenantes. Du fait d’un gouvernement sans courage, sans vision, flottant au gré des humeurs populaires supposées. C’est un chapitre très problématique qui s’ouvre dans l’histoire si délicate de notre intégration dans le Vieux-Continent. Avec en vue des conséquences pas roses du tout.
Depuis le début de la construction européenne, la Suisse l’a vue d’un mauvais œil. A son fondement elle tenta même, avec les Britanniques notamment, un contre-projet: l’Association européenne de libre-échange. Depuis lors désertée par la plupart de ses membres et tombée dans l’insignifiance. Lorsque l’UE prit vraiment forme et s’élargit, il y eut panique à bord. Mais une planche de salut lui fit tendue: l’adhésion à l’Espace économique européen. Qui permettait d’avoir un pied dedans et un pied dehors. Le Conseil fédéral défendit ardemment cette voie en 1991 mais elle échoua devant l’opposition alémanique et conservatrice. S’ensuivirent des années difficiles pour l’économie. Mais une décennie plus tard, les Suisses parvinrent à boucler une série d’accords avec les Européens. Cela déboucha sur une période de prospérité et de croissance. A la longue, l’UE se lassa cependant de ce patchwork de textes sans cesse à rediscuter. D’où la demande de les intégrer dans un accord permettant leur évolution, assurant des échanges simples et sûrs. Sept ans de négociations et ce fut enfin sous toit. Mais dès 2019 toutes sortes de milieux ont joint leur mauvaise humeur. Et le Conseil fédéral se refusa à soumettre l’accord signé devant le Parlement et le peuple. La faiblesse et l’opportunisme du chef du DFAE y est pour beaucoup, mais les six autres ont été aussi frileux. Curieuse attitude: comme s’il n’y avait plus besoin de voter, seulement de humer et suivre le vent du moment.
Le bal des tueurs
L’histoire de cette panade vaut d’être racontée. Au début, Ignazio Cassis soutenait son secrétaire d’Etat, Roberto Balzaretti, le grand artisan de l’accord. Certes, l’UDC et une partie de la droite ferraillaient contre sa politique, mais cela paraissait surmontable. C’est alors qu’entra en scène Pierre-Yves Maillard, le nouveau président de l’Union syndicale suisse. Il ne supportait pas Balzaretti qui lui apparaissait comme un donneur de leçon. Entre les deux mâles alpha, cela tourna à l’aigre et le Tessinois, lâché par son patron, dut prendre ses cliques et ses claques. Le poids lourd de la gauche, qui a renié depuis longtemps ses vagues velléités pro-européennes, fut rejoint par le président du PS, Christian Levrat, tout aussi frileux sur le sujet. Le basculement de cette gauche dans l’opposition à l’accord a été fatal à celui-ci. L’UDC se trouvait un allié de fait! La gauche se mit à entonner un discours, largement mensonger, sur la menace du dumping salarial. Alors qu’il est bien précisé que les travailleurs européens en Suisse doivent être mis aux conditions définies sur place. Mais l’arme était lancée dans les milieux syndicaux depuis longtemps sur la défensive… et sans guère voir les conséquences d’une rupture, qui à terme leur fera mal aussi.
Un autre personnage a joué un rôle-clé dans l’ébranlement de l’accord conclu. L’ancien et puissant Secrétaire d’Etat Michael Ambühl qui avait négocié à divers titres les accords bilatéraux 1 et 2 entre 1992 et 2005. Ce diplomate subtil, à la voix douce et l’esprit vif, est aujourd’hui professeur à l’ETH où il enseigne l’art de la négociation. Il a notamment été consulté par Boris Johnson lors de la préparation du Brexit. Ambühl ne croit plus à l’accord-cadre forgé par son élève d’hier, Balzaretti. Il a un plan B en tête. Un accord plus modeste qui garantirait néanmoins le libre commerce… en échange d’une contribution financière accrue aux fonds structurels européens qui profitent beaucoup à l’Est. Il n’y aurait pas d’arbitrage en cas de différends mais chaque partie pourrait prendre des mesures de rétorsion. Un tribunal arbitral jugerait de leur opportunité. Tout cela reste encore flou et hypothétique, mais cela échauffe les esprits. Jusqu’au cœur du DFAE: la nouvelle négociatrice avec Bruxelles, Livia Leu, est très proche de son mentor d’hier, Michael Ambühl.
Celui-ci trouve aussi des oreilles bienveillantes à gauche. Les tueurs de l’accord-cadre Christian Levrat et Pierre-Yves Maillard se disent très intéressés. Même le nouveau co-président du PS, le jeune néo-marxiste Cédric Wermuth qui ne cache pas son total désintérêt pour ce dossier, opine du bonnet devant l’évocation de ce plan B.
Surgirent aussi ces derniers temps en Suisse alémanique divers groupuscules anti-accord, hors de la mouvance blochérienne. Notamment «Autonomiesuisse», fondé par un entrepreneur en logistique argovien. Certains évoquent le sacro-saint souverainisme, d’autres des intérêts économiques particuliers. Leur force? Ils sont conseillés par deux poids lourds: Ambühl et un certain Carl Baudenbacher, ancien juge à la cour de justice de l’AELE, longtemps professeur de droit à l’université de St.Gall. Sans compter l’ex-conseiller fédéral Schneider-Ammann qui tenu à ajouter bruyamment un clou dans le cercueil. Dès lors, le Conseil fédéral se réfugia dans la procrastination, demandant à l’UE des «éclaircissements» puis des modifications de fond. Ce qui irrita nos partenaires après tant et tant d’années de négociations.
Des secteurs pénalisés, notamment celui de la recherche
L’avenir? Ceux qui rêvaient d’une solution à la britannique doivent déchanter: la Grande-Bretagne est pénalisée, elle voit partir de nombreux travailleurs européens, elle s’empêtre dans les formalités administratives à la frontière, avec des dizaines de milliers de fonctionnaires supplémentaire. Les dirigeants économiques suisses s’inquiètent. Un peu tard. Si l’on reste dans le brouillard, tout le secteur de la recherche et des hautes écoles, découplé des programmes européens va souffrir, la pharma va être lourdement pénalisée, le secteur des machines aussi, des crises s’annoncent qui s’ajouteront à la panne dite sanitaire.
Cela a déjà commencé. La secrétaire d’Etat à la recherche, Martina Hiramaya, n’arrive pas à décrocher un rendez-vous à Bruxelles pour parler de la participation de la Suisse au programme «Horizon Europe» où hier encore elle avait une belle place, gagnante au plan financier. Que les pontes des hautes écoles, des universités, des instituts de recherche ne disent leur inquiétude qu’à voix basse est étonnant. Ils devraient taper sur la table assez fort pour réveiller le Conseil fédéral somnolent.
Le 26 mai 2021 arrive à échéance un accord-clé: celui de la reconnaissance mutuelle. En clair, tout produit aux normes suisses est automatiquement reconnu et admis dans toute l’Europe. Rien ne dit qu’il sera prolongé. Un secteur est particulièrement inquiet: les «medtech». L’UE introduit de nouvelles exigences pour les appareils médicaux (implants mammaires, peacemakers, etc…). L’accord avec la Suisse est indispensable… sauf qu’il est suspendu en raison de la pagaille diplomatique actuelle. Suspense.
Des partisans résolus de l’accord, il en reste. Nombreux. Dans les milieux économiques, universitaires et politiques. Mais ces défenseurs, comme tétanisés, se font peu entendre, et d’une voix bien timide.
Un processus de délitement progressif
Si le Conseil fédéral laisse couler l’accord-cadre, il n’y aura pas de catastrophe. Nombre de vieux textes resteront en vigueur, cahin-caha, sans mise à jour. Le processus de délitement sera progressif. Pour les multinationales, ce ne sera pas un souci, elles ont un pied partout. Pour les PME en revanche, toutes sortes de tracasseries administratives les pénaliseront. Elles seront tentées de délocaliser une partie de leurs activités. En douce.
Que les milieux financiers espèrent qu’en se tenant à l’écart des règles européennes ils feront leur beurre, c’est incompréhensible. Qu’ils fantasment sur le modèle de Singapour, c’est leur affaire. Que la gauche syndicaliste en revanche ne voie pas le péril à terme pour l’emploi est affligeant.
Ceux qui font passer par-dessus tout une Suisse «souveraine» feraient bien de se frotter les yeux. Ce terme a toujours été relatif. L’aspiration helvétique est depuis longtemps d’avoir un pied dedans, un pied dehors. Et l’on voudrait maintenant le poser nulle part ou à tâtons dans un champ improbable? Refuser un accord clair, c’est en fait aller vers toutes sortes d’atteintes à notre souveraineté et à notre dignité. Il faudra quémander ceci ou cela. Avec, du côté européen, des concessions et des demandes ponctuelles, des tracasseries en tout cas. La souveraineté aura un piteux visage.
Enfin, au-delà des textes, il y a l’état d’esprit. Un bon climat entre nous et nos partenaires, cela aide. On l’a vu par exemple lors de la crise sanitaire. Mais tous les Etats européens ne nous considèrent pas d’un aussi bon œil que nous l’imaginons. A l’Est notamment, où tous doivent s’aligner sur des règles parfois contestées, on se demande pourquoi il faudrait faire des faveurs à la Suisse. Le temps n’est plus où, pour créer la sympathie, il suffisait d’inviter à une fondue les dirigeants allemands, français et italiens.
Le nombrilisme est agréable quand on reste chez soi à se caresser le ventre en ronronnant d’autosatisfaction. Quand on met le nez hors frontières, quand on sent sur la peau les grands vents du changement, il devient un piège.
Dans quel monde vivent donc nos prétendus Sages? A l’heure où les Européens, nous y compris, sont soumis aux pressions américaines et chinoises. A l’heure où les géants mondiaux investissent nos vies sans quasiment payer d’impôts. A l’heure où l’effort écologique est requis au-delà de toutes les frontières. Qu’importe, notre triste gouvernement reste collé sur l’embrouillamini des chiffres de la pandémie et sur les humeurs populaires du moment. Un pouvoir d’Etat digne de ce nom met les cartes sur la table, ouvre le débat et se soumet ensuite à la décision du peuple. En toute clarté. Au lieu de cela, le nôtre patauge dans les non-dits. Pitoyable.
Quatre points posent problèmes aux adversaires de l’accord-cadre
1 - La protection des salaires. Le principe «travail égal, salaire égal» est acquis. Mais la Suisse souhaite que les entreprises étrangères en mission temporaire annoncent leur arrivée huit jours avant, l’UE en demande quatre. Autre exigence: ces entreprises paient d’avance une garantie en cas de contestation sur les salaires. L’UE dit non.
2 - La Suisse et l’UE sont d’accord sur le principe que des aides d’Etat aux entreprises privées ne doivent pas fausser le jeu de la concurrence. Mais à Berne, on craint que les collectivités publiques ne puissent plus aider les banques cantonales, les entreprises d’électricité, le secteur de l’aviation. Mais il faut noter que l’UE fait de nombreuses dérogations au principe. La Suisse en décrocherait aussi.
3 - La citoyenneté européenne. L’UE attend que les travailleurs européens établis en Suisse bénéficient de notre système social, notamment en cas de chômage. Et qu’en cas de délit, ils ne puissent pas être facilement expulsés. Ces règles s’appliquent à l’intérieur de l’UE.
4 - L’arbitrage. En cas de désaccords, plusieurs niveaux paritaires de conciliations sont prévus. Si le différend subsiste, c’est la Cour de justice européenne qui tranche. A noter que l’application des accords actuel a suscité très peu de procédures, toutes résolues à l’amiable.
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A la longue, l’UE se lassa cependant de ce patchwork de textes sans cesse à rediscuter. D’où la demande de les intégrer dans un accord permettant leur évolution, assurant des échanges simples et sûrs. Sept ans de négociations et ce fut enfin sous toit. Mais dès 2019 toutes sortes de milieux ont joint leur mauvaise humeur. Et le Conseil fédéral se refusa à soumettre l’accord signé devant le Parlement et le peuple. La faiblesse et l’opportunisme du chef du DFAE y est pour beaucoup, mais les six autres ont été aussi frileux. Curieuse attitude: comme s’il n’y avait plus besoin de voter, seulement de humer et suivre le vent du moment.</p> <h3><strong>Le bal des tueurs</strong></h3> <p>L’histoire de cette panade vaut d’être racontée. Au début, Ignazio Cassis soutenait son secrétaire d’Etat, Roberto Balzaretti, le grand artisan de l’accord. Certes, l’UDC et une partie de la droite ferraillaient contre sa politique, mais cela paraissait surmontable. C’est alors qu’entra en scène Pierre-Yves Maillard, le nouveau président de l’Union syndicale suisse. Il ne supportait pas Balzaretti qui lui apparaissait comme un donneur de leçon. Entre les deux mâles alpha, cela tourna à l’aigre et le Tessinois, lâché par son patron, dut prendre ses cliques et ses claques. Le poids lourd de la gauche, qui a renié depuis longtemps ses vagues velléités pro-européennes, fut rejoint par le président du PS, Christian Levrat, tout aussi frileux sur le sujet. Le basculement de cette gauche dans l’opposition à l’accord a été fatal à celui-ci. L’UDC se trouvait un allié de fait! La gauche se mit à entonner un discours, largement mensonger, sur la menace du dumping salarial. Alors qu’il est bien précisé que les travailleurs européens en Suisse doivent être mis aux conditions définies sur place. Mais l’arme était lancée dans les milieux syndicaux depuis longtemps sur la défensive… et sans guère voir les conséquences d’une rupture, qui à terme leur fera mal aussi.</p> <p>Un autre personnage a joué un rôle-clé dans l’ébranlement de l’accord conclu. L’ancien et puissant Secrétaire d’Etat Michael Ambühl qui avait négocié à divers titres les accords bilatéraux 1 et 2 entre 1992 et 2005. Ce diplomate subtil, à la voix douce et l’esprit vif, est aujourd’hui professeur à l’ETH où il enseigne l’art de la négociation. Il a notamment été consulté par Boris Johnson lors de la préparation du Brexit. Ambühl ne croit plus à l’accord-cadre forgé par son élève d’hier, Balzaretti. Il a un plan B en tête. Un accord plus modeste qui garantirait néanmoins le libre commerce… en échange d’une contribution financière accrue aux fonds structurels européens qui profitent beaucoup à l’Est. Il n’y aurait pas d’arbitrage en cas de différends mais chaque partie pourrait prendre des mesures de rétorsion. Un tribunal arbitral jugerait de leur opportunité. Tout cela reste encore flou et hypothétique, mais cela échauffe les esprits. Jusqu’au cœur du DFAE: la nouvelle négociatrice avec Bruxelles, Livia Leu, est très proche de son mentor d’hier, Michael Ambühl.</p> <p>Celui-ci trouve aussi des oreilles bienveillantes à gauche. Les tueurs de l’accord-cadre Christian Levrat et Pierre-Yves Maillard se disent très intéressés. Même le nouveau co-président du PS, le jeune néo-marxiste Cédric Wermuth qui ne cache pas son total désintérêt pour ce dossier, opine du bonnet devant l’évocation de ce plan B.</p> <p>Surgirent aussi ces derniers temps en Suisse alémanique divers groupuscules anti-accord, hors de la mouvance blochérienne. Notamment «Autonomiesuisse», fondé par un entrepreneur en logistique argovien. Certains évoquent le sacro-saint souverainisme, d’autres des intérêts économiques particuliers. Leur force? Ils sont conseillés par deux poids lourds: Ambühl et un certain Carl Baudenbacher, ancien juge à la cour de justice de l’AELE, longtemps professeur de droit à l’université de St.Gall. Sans compter l’ex-conseiller fédéral Schneider-Ammann qui tenu à ajouter bruyamment un clou dans le cercueil. Dès lors, le Conseil fédéral se réfugia dans la procrastination, demandant à l’UE des «éclaircissements» puis des modifications de fond. Ce qui irrita nos partenaires après tant et tant d’années de négociations.</p> <h3>Des secteurs pénalisés, notamment celui de la recherche </h3> <p>L’avenir? Ceux qui rêvaient d’une solution à la britannique doivent déchanter: la Grande-Bretagne est pénalisée, elle voit partir de nombreux travailleurs européens, elle s’empêtre dans les formalités administratives à la frontière, avec des dizaines de milliers de fonctionnaires supplémentaire. Les dirigeants économiques suisses s’inquiètent. Un peu tard. Si l’on reste dans le brouillard, tout le secteur de la recherche et des hautes écoles, découplé des programmes européens va souffrir, la pharma va être lourdement pénalisée, le secteur des machines aussi, des crises s’annoncent qui s’ajouteront à la panne dite sanitaire.</p> <p>Cela a déjà commencé. La secrétaire d’Etat à la recherche, Martina Hiramaya, n’arrive pas à décrocher un rendez-vous à Bruxelles pour parler de la participation de la Suisse au programme «Horizon Europe» où hier encore elle avait une belle place, gagnante au plan financier. Que les pontes des hautes écoles, des universités, des instituts de recherche ne disent leur inquiétude qu’à voix basse est étonnant. Ils devraient taper sur la table assez fort pour réveiller le Conseil fédéral somnolent.</p> <p>Le 26 mai 2021 arrive à échéance un accord-clé: celui de la reconnaissance mutuelle. En clair, tout produit aux normes suisses est automatiquement reconnu et admis dans toute l’Europe. Rien ne dit qu’il sera prolongé. Un secteur est particulièrement inquiet: les «medtech». L’UE introduit de nouvelles exigences pour les appareils médicaux (implants mammaires, peacemakers, etc…). L’accord avec la Suisse est indispensable… sauf qu’il est suspendu en raison de la pagaille diplomatique actuelle. Suspense.</p> <p>Des partisans résolus de l’accord, il en reste. Nombreux. Dans les milieux économiques, universitaires et politiques. Mais ces défenseurs, comme tétanisés, se font peu entendre, et d’une voix bien timide.</p> <h3>Un processus de délitement progressif </h3> <p>Si le Conseil fédéral laisse couler l’accord-cadre, il n’y aura pas de catastrophe. Nombre de vieux textes resteront en vigueur, cahin-caha, sans mise à jour. Le processus de délitement sera progressif. Pour les multinationales, ce ne sera pas un souci, elles ont un pied partout. Pour les PME en revanche, toutes sortes de tracasseries administratives les pénaliseront. Elles seront tentées de délocaliser une partie de leurs activités. En douce.</p> <p>Que les milieux financiers espèrent qu’en se tenant à l’écart des règles européennes ils feront leur beurre, c’est incompréhensible. Qu’ils fantasment sur le modèle de Singapour, c’est leur affaire. Que la gauche syndicaliste en revanche ne voie pas le péril à terme pour l’emploi est affligeant.</p> <p>Ceux qui font passer par-dessus tout une Suisse «souveraine» feraient bien de se frotter les yeux. Ce terme a toujours été relatif. L’aspiration helvétique est depuis longtemps d’avoir un pied dedans, un pied dehors. Et l’on voudrait maintenant le poser nulle part ou à tâtons dans un champ improbable? Refuser un accord clair, c’est en fait aller vers toutes sortes d’atteintes à notre souveraineté et à notre dignité. Il faudra quémander ceci ou cela. Avec, du côté européen, des concessions et des demandes ponctuelles, des tracasseries en tout cas. La souveraineté aura un piteux visage.</p> <p>Enfin, au-delà des textes, il y a l’état d’esprit. Un bon climat entre nous et nos partenaires, cela aide. On l’a vu par exemple lors de la crise sanitaire. Mais tous les Etats européens ne nous considèrent pas d’un aussi bon œil que nous l’imaginons. A l’Est notamment, où tous doivent s’aligner sur des règles parfois contestées, on se demande pourquoi il faudrait faire des faveurs à la Suisse. Le temps n’est plus où, pour créer la sympathie, il suffisait d’inviter à une fondue les dirigeants allemands, français et italiens.</p> <p>Le nombrilisme est agréable quand on reste chez soi à se caresser le ventre en ronronnant d’autosatisfaction. Quand on met le nez hors frontières, quand on sent sur la peau les grands vents du changement, il devient un piège.</p> <p>Dans quel monde vivent donc nos prétendus Sages? A l’heure où les Européens, nous y compris, sont soumis aux pressions américaines et chinoises. A l’heure où les géants mondiaux investissent nos vies sans quasiment payer d’impôts. A l’heure où l’effort écologique est requis au-delà de toutes les frontières. Qu’importe, notre triste gouvernement reste collé sur l’embrouillamini des chiffres de la pandémie et sur les humeurs populaires du moment. Un pouvoir d’Etat digne de ce nom met les cartes sur la table, ouvre le débat et se soumet ensuite à la décision du peuple. En toute clarté. Au lieu de cela, le nôtre patauge dans les non-dits. Pitoyable.</p> <hr /> <h2>Quatre points posent problèmes aux adversaires de l’accord-cadre</h2> <p><strong>1 -</strong> <strong>La protection des salaires.</strong> Le principe «travail égal, salaire égal» est acquis. Mais la Suisse souhaite que les entreprises étrangères en mission temporaire annoncent leur arrivée huit jours avant, l’UE en demande quatre. Autre exigence: ces entreprises paient d’avance une garantie en cas de contestation sur les salaires. L’UE dit non.</p> <p><strong>2 -</strong> La Suisse et l’UE sont d’accord sur le principe que des <strong>aides d’Etat aux entreprises privées</strong> ne doivent pas fausser le jeu de la concurrence. Mais à Berne, on craint que les collectivités publiques ne puissent plus aider les banques cantonales, les entreprises d’électricité, le secteur de l’aviation. Mais il faut noter que l’UE fait de nombreuses dérogations au principe. La Suisse en décrocherait aussi.</p> <p><strong>3 -</strong> <strong>La citoyenneté européenne.</strong> L’UE attend que les travailleurs européens établis en Suisse bénéficient de notre système social, notamment en cas de chômage. Et qu’en cas de délit, ils ne puissent pas être facilement expulsés. Ces règles s’appliquent à l’intérieur de l’UE.</p> <p><strong>4 -</strong> <strong>L’arbitrage.</strong> En cas de désaccords, plusieurs niveaux paritaires de conciliations sont prévus. Si le différend subsiste, c’est la Cour de justice européenne qui tranche. 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Informer les enfants sur la sexualité, d’accord, mais pourquoi pas aussi sur nos comportements individuels et collectifs entre tensions et rapprochements? Autrement dit, apprendre à se parler pour de bon. Se dire, pour citer le chef soufi, que «la paix, c’est plus que l’absence de guerre» ou «passer du je au nous». Mais évidemment il y a plusieurs façons d’interpréter le mot. Comme le faisait remarquer la vice-maire de Genève, Christina Kitsos: «Quand on prétend chercher la paix en prolongeant la guerre, c’est paradoxal!»</span></p> <p><span>Au Palais des Nations le débat volait haut. Mené par le cinéaste romand Philippe Nicolet, avec des intervenants et intervenantes d’horizons très divers. Entre autres Jakob Kellenberger, ex-diplomate et ex-président du CICR, fort de son expérience de négociateur («une négociation n’a de chance que si elle a le droit d’échouer»), penché sur la façon de «déradicaliser» un conflit, insistant sur la crédibilité des efforts dans la durée. En écho avec le propos de Bentounes: «faire de l’ennemi son partenaire». Voilà un homme qui en connaît un bout sur l’art de la médiation, autre thème largement traité lors de cette session. Un exercice qui va bien au-delà du champ politique, fort utile au quotidien. </span></p> <p><span>Témoignage fort aussi de la Palestinienne Hiba Qasas, directrice de l’ONG internationale «Principles for peace». Sans complaisances, dépassionnée, à la fois réaliste et idéaliste. Puisse-t-elle entrer un jour en politique au service de son pays en devenir! L’intervention fine de Bariza Khiari, ex-sénatrice de Paris (une déçue de Macron…), présidente de la Fondation Alphil, dédiée à la préservation et la valorisation du patrimoine mondial, sut rappeler l’importance de la mémoire. Qui paraît manquer chez tant de dirigeants va-t-en-guerre d’aujourd’hui. L’histoire des nations peut diviser mais aussi réunir quand elle s’écrit avec d’autres, quand elle met en lumière l’entrelacs des civilisations au fil du temps. La culture de la paix s’enracine dans la culture tout court. Sans les livres, sans les philosophes, sans les arts, on reste prisonnier des certitudes bornées et des passions du présent.</span></p> <p><span>A noter que cette fin de semaine, ces préoccupations font <a href="https://2024.16mai.org" target="_blank" rel="noopener">l’objet d’autres discussions</a>, en divers lieux du bout du lac. Beaucoup ricaneront. Ils traiteront Bentounes de «doux rêveur» comme le fait le <em>Nouvel Obs</em>. Ils renverront ses amis de tous poils aux réalités terre-à-terre, à la raison cynique ou aux discours standardisés. Tout ce baratin pacifiste, c’est du brassage d’air, diront-ils. 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Parce que cette coopération militaire nous rassure dans des temps incertains? Parce que nous serions protégés au cas où les Russes se pointeraient à Romanshorn? Pour l’heure, leur «victoire» en Ukraine se borne à conquérir quelques villages à proximité de la malheureuse Kharkiv accablée de bombes. A quelques dizaines de kilomètres de la frontière avec la Russie et de Belgorod, ville russe maintes fois atteinte par les drones et missiles ukrainiens que la défense antiaérienne ne parvient pas tous à intercepter. Mais voilà… tant de voix s’élèvent en Europe pour prédire que l’armada de Poutine va nous envahir! Alors que le Kremlin compte aussi ses morts, n’arrive plus à cacher ses difficultés à renouveler les effectifs, contraints d’aller chercher drones et munitions en Iran ou en Corée du Nord…</span></p> <p><span>Le constat politique, lui, n’est pas hypothétique mais bien réel. 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Syndicats et autorités politiques ont pourtant tout fait pour sauver l’entreprise historique, aux mains d’une multinationale qui compare avantages et inconvénients de chaque lieu de production. Ici, hauts salaires, franc fort et dans ce cas, retard technologique. Donc, départ. Chapeau aux travailleurs qui cherchaient des solutions, des innovations. Les voilà licenciés. Les messages de solidarité font du bien mais n’assurent pas leur avenir. Qu’ils puissent être aidés à rebondir.</span></p> <p><span>Est-ce à dire que notre pays est menacé de désindustrialisation comme il en est beaucoup question chez nos voisins? Gare aux réponses trop simples. Les faits. Face au secteur des services comptant les banques et les assurances, le tourisme, le commerce de gros et de détail, l'administration publique et les assurances sociales, qui pèse pour 75% du PIB, l’industrie résiste, avec environ 24% (contre moins de 14% en France!). 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Le groupe pharmaceutique Lonza, dont le siège est à Bâle mais le site de production à Viège, y a investi plus d’un milliard de francs. Un nouveau complexe de production high-tech fournit des solutions adaptées pour le développement et la fabrication de nouveaux médicaments. Ce site et ses possibilités inédites dans la pharma ancrent Viège et le Valais au cœur des chaînes mondiales de création de valeur. Les investissements dans la recherche et la formation ont joué un rôle majeur pour le développement économique du canton. A la génération précédente, c’est la HES, la Haute école spécialisée, qui a formé des ingénieurs précieux pour alimenter une industrie en plein essor. Petit à petit tout un écosystème propice à l’émergence d’idées innovantes s’est installé en Valais. La Fondation The Ark favorise l’établissement et l’éclosion de start-ups dans les domaines de l’informatique, de l’énergie, des sciences de la vie et de l’environnement. 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Ou leur politique dite verte conduira-t-elle à la décroissance? La concentration des efforts sur la course aux armements et l’aide à l’Ukraine, telle qu’elle est brandie aujourd’hui, peut aider certains secteurs industriels mais coûtera extrêmement cher. On articule à Bruxelles le chiffre de 100 milliards à cette fin d’ici 2029. Ce sera forcément au détriment d’autres attentes, dans les infrastructures, l’éducation, la recherche, la cohésion sociale. Sans compter que la transition écologique, nous assure-t-on, nécessitera en plus une pluie de milliards. Quelles priorités fixera le nouveau Parlement? Selon les choix, les retombées sur l’économie suisse seront différentes. Le surarmement de l’Europe ne nous rapporte quasiment rien, sa santé économique et sociale nous est bien plus bien profitable.</span></p> <p><span>Deuxième point. Le fonctionnement même de l’Union. Deux tendances s’affrontent. 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Je pense que cette affaire est moins pliée qu'on ne le dit. Toutes sortes de compromis sont encore possibles. A te lire, on ne comprend quand même pas très bien comment deux groupuscules, trois has been, un mâle alpha syndicaliste et un lâche socialiste, même pas synchronisés, sont parvenus à tétaniser les milieux économiques, universitaires et politiques du pays, si sûrs d'eux quand il s'agissait de défendre la libre circulation des personnes. 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Des peanuts en réalité: <a href="https://blogs.letemps.ch/francois-schaller/2020/02/02/acces-au-marche-europeen-3-les-derisoires-privileges-de-larm/" target="_blank" rel="noopener">https://cutt.ly/BcfGeHD</a> La pharma aussi : en fait, la pharma est soumise à d'autres accords de reconnaissance mutuelle qui n'ont pas été annulés s'agissant de l'UE et du Royaume-Uni (les rapports de force sont difficiles à mettre en oeuvre dans un domaine aussi sensible, même l'OMS pourrait s'en mêler). S'agissant des technologies médicales (medtechs), les problèmes ont été anticipés: 90% des homologations se font déjà en Europe, ce qui ne représente qu'une légère augmentation de coût dans un secteur à marges élevées: <a href="https://blogs.letemps.ch/francois-schaller/2021/02/28/swiss-medtech-exportations-ok-importations-danger/" target="_blank" rel="noopener">https://cutt.ly/4cfH7Ur</a> le danger vient plutôt d'une surréaction de la bureaucratie bernoise sur les importations. 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Comment peut-on logiquement se fâcher avec un partenaire avec lequel nous gagnons environ un franc sur trois?... Il est vrai qu'historiquement, la Suisse a toujours eu une politique de méfiance à l'égard de la CEE, et c'est au titre de cette méfiance, qu'elle a adhéré à l'AELE proposée à l'époque par le Royaume Uni. c'est amusant de constater que l'accord de l'EEE a été signé, d'abord entre l'UE (ex CEE) et l'AELE. En 1992, les adversaires à l'EEE, préconisaient, comme alternative, une voie bilatérale!... Soit. C'est ce qui a été obtenu de haute lutte après une grosse décennie de négociations assez pitoyables il faut bien le dire, et plusieurs votations à la clé. À ce sujet il serait mesquin de ne pas saluer la patience des négociateurs de l'UE vis-à-vis de la Suisse. Depuis 2012, dans l'esprit d'une clarification de nos relations avec l'UE, et surtout une mise à jour constante de nos accords bilatéraux, vitaux pour notre pays, est en négociation. 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Mais quand j'entend Maillard, au nom de la défense (supposée) des travailleurs suisses, s'y opposer, et Christian Levrat constater qu'il n'y a pas de majorité pour l'approuver, j'en viens à me demander ou ces gens ont-ils pu aller chercher tant de veulerie, et ne même pas commencer le début d'une analyse sur le bien-fondé de cet accord, et de le défendre avec énergie et persuasion! 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De deux, si l'on est démocrate, on ne peut pas envisager et surtout pas se réjouir de la disparition de l'UE: la démocratie est un système fragile qui nécessite l'union de tous les pays qui la pratiquent, au risque réel sinon de se voir imposer un régime autocrate par tous les despotes de ce monde, à l'exemple de Hong Kong par la Chine. De trois, l'UE n'a que les compétences que les états lui délèguent et je ne vois pas en quoi elle n'est pas démocratique. Et finalement, il n'y a aucun pays parmi les 27 où il n'y ait pas une large majorité des peuples favorables à leur maintien dans l'union (Hongrie et Pologne compris). 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
11 Commentaires
@Apitoyou 02.04.2021 | 07h19
«Merci de nous avoir éclairé sur ce brouillard fédéral,...bien entretenu par les médias helvétiques.»
@Francois 02.04.2021 | 09h58
«
Cher Jacques, merci de me donner l'occasion de ramener ma science (et ma fraise). Je pense que cette affaire est moins pliée qu'on ne le dit. Toutes sortes de compromis sont encore possibles. A te lire, on ne comprend quand même pas très bien comment deux groupuscules, trois has been, un mâle alpha syndicaliste et un lâche socialiste, même pas synchronisés, sont parvenus à tétaniser les milieux économiques, universitaires et politiques du pays, si sûrs d'eux quand il s'agissait de défendre la libre circulation des personnes. Tu dis: "Tout le secteur de la recherche et des hautes écoles va souffrir" On va beaucoup l'entendre, oui, mais les faits sont silencieux et surtout têtus, voir: https://cutt.ly/NcfDjrx , https://cutt.ly/LcfD2EB, ou encore: https://cutt.ly/EcfFbIX Les hautes écoles et la recherche subventionnée donnent surtout l'impression de défendre un léger différentiel dans leur confort de financement. Tu écris que le secteur des machines sera lourdement pénalisé. Des peanuts en réalité: https://cutt.ly/BcfGeHD La pharma aussi : en fait, la pharma est soumise à d'autres accords de reconnaissance mutuelle qui n'ont pas été annulés s'agissant de l'UE et du Royaume-Uni (les rapports de force sont difficiles à mettre en oeuvre dans un domaine aussi sensible, même l'OMS pourrait s'en mêler). S'agissant des technologies médicales (medtechs), les problèmes ont été anticipés: 90% des homologations se font déjà en Europe, ce qui ne représente qu'une légère augmentation de coût dans un secteur à marges élevées: https://cutt.ly/4cfH7Ur le danger vient plutôt d'une surréaction de la bureaucratie bernoise sur les importations. Tu rappelles que la Suisse a connu des difficultés économiques dans les années 1990 à cause du rejet de l'EEE en 1992. Cette fameuse causalité est un mythe politique facilement déconstructible: https://cutt.ly/UcfKolR Les chiffres macroéconomiques montrent que les difficultés venaient de la profonde crise immobilière, bancaire et économique déclenchée en 1990 déjà. Elles se ont résorbées cinq ans avant l'application progressive des Accords bilatéraux I. En fait, si les milieux économiques, universitaires et politiques se taisent à ce stade, c'est probablement qu'ils se sentent un peu à court d'arguments, et que la répétition des mêmes poncifs erronés et anxiogènes hors campagnes de votation risque de lasser. Cela pourrait changer rapidement. Bien à toi, et bonne chance à Bon pour la tête.
»@[email protected] 02.04.2021 | 10h51
«Merci vraiment pour cet éclairage. Je n'avais même pas compris la signification d'accord cadre.
C'est curieux, triste, ou révoltant, selon l'humeur, la difficulté à accéder et à comprendre ce qui se joue dans ce pays et ce, pour ses propres citoyens.
Moi qui suis "étrangère." .. J'ai souvent le sentiment que la Suisse n'aime pas "bien" ses citoyens. Un fonctionnement trouble, rendant fastidieux tout desir de comprendre. Une rigidité imperméable à toute forme de critique, voire simple interrogation. Le tout mâtiné , il faut bien l'avouer d'une certaine incompétence lorsqu'elle doit s'exprimer clairement face à ses "partenaires".
Ceci explique sans doute le désintérêt du citoyen lambda envers ses propres dirigeants.
Dommage.
»
@Philippe37 02.04.2021 | 12h46
«Moi je veux bien mais l’Europe UE fait mollement envie...on a déjà assez de lobbies chez nous qui dictent la loi à des politiques obéissants sous couvert d’intérêt général naturellement, sans s’appuyer encore ceux de Bruxelles (voir les coups de gueule de l’euro députée Michele Rivassi à propos des pharmas). L’Europe des Consciences a toujours existé. Elle se joue des frontières. Laissons ces combats d’arrière-garde. Donnons corps à cette Europe des coeurs. »
@hermes 02.04.2021 | 15h26
«Je vous remercie M. Pilet pour cet excellent article. Le problème avec l'UE, c'est que le Suisse n'a toujours pas compris ce qu'est une souveraineté réelle , abruti qu'il est depuis trente ans par une propagande udcéiste qui s'en tamponne de la souveraineté du peuple pour autant que soit garantie la défense des intérêts de ses multimillionnaires. Ce vrai débat sur la souveraineté devrait être la tâche de l'élite politique de ce pays, laquelle préfère plaire à ses électeurs et orchestrer le repli sur soi.
Le Suisse devrait pourtant comprendre que toutes les démocraties du monde sont aujourd'hui menacées par les cleptofascistes et cleptomarxistes au pouvoir dans les grands pays du monde dont l'un - les USA- vient avec Biden de sauver sa démocratie.
Alors dans ce contexte, la Suisse peut bien prétendre défendre seule sa souveraineté et sa démocratie directe mais le jour n'est pas très éloigné où elle devra choisir de se soumettre aux autocrates ou de s'adosser à l'UE pour défendre sa démocratie.
Ainsi vont les rapports de force et tout le reste n'est que futilité, relativisme et démission.»
@Eggi 02.04.2021 | 19h33
«En toute modestie, j'ajouterai aux excellentes contributions de Jacques (Pilet), François et Hermes sur la Suisse et l'Europe que le Conseil fédéral est composé de femmes et d'hommes issus de partis politiques dont aucun n'a, aujourd'hui, une vision claire de ce que devrait être une politique à la fois efficace et visionnaire sur la place de notre pays dans son continent. Quant au peuple suisse, souverain -ce que d'aucuns contestent-, peut-on raisonnablement lui attribuer une opinion majoritaire sur le sujet? Alors même que la votation sur l'adhésion à l'Espace Economique Européen, à laquelle fait allusion Monsieur Pilet, a en réalité débouché sur un résultat très serré (les Romands et les citadins l'ayant plébiscitée). D'où un certain optimisme de ma part: il y a plusieurs mouvements politiques pro-européens de plus en plus influents (Libero ou le Nouveau Mouvement Européen par exemples) qui se font entendre dans le débat public et la mouvance écologique, qui prend une place importante sur l'échiquier politique, ne peut être que favorable à un renforcement de l'Europe, là où les solutions aux défis climatiques et environnementaux ne peuvent pas être que nationales.»
@willoft 02.04.2021 | 19h57
«S'il est bien du droit de la Suisse, de voter avec ses pieds, qu'ils soient UDC ou PDC, on peut néanmoins comprendre l'exaspération de l'UE, après sept ans de dialogue de couleuvre!
Suisse ,bouge-toi.
Las, seuls des lobbyistes, paxyés grassement font la sourde oreille :))))»
@Richard Golay 03.04.2021 | 08h39
«Merci pour cet éclairage et la réflexion proposée.
Je note un oubli important dans le rappel historique : le Conseil fédéral annonce, le 10 mai 1991, son intention d'adhérer au processus d'intégration européenne. Le 19 octobre 1991, le Conseil fédéral décide que l’option de l'adhésion à l’Union européenne était l'objectif final de la Suisse, l'adhésion à l’espace économique européen (EEE ; rejetée le 6 décembre 1991) devant constituer une étape vers celle-ci. Ce choix a constitué probablement une erreur politique et a fait pencher la balance vers le non.
Ce qui est profondément gênant est que Monsieur Pilet n'apporte pas un regard critique et pragmatique sur l'évolution de l'UE depuis 30 ans. Le jour où les politiques sociales et écologiques auront le même poids que la politique économique dans les décisions de l'UE, le jour où les institutions européennes seront démocratiques, le projet européen trouvera peut-être un soutien auprès du peuple suisse et de l'ensemble des peuples européens. Sans cette réorientation, il est probable que l'UE disparaisse à moyen terme.»
@Bournoud 06.04.2021 | 21h50
«Merci de donner la possibilité de réagir à ce gâchis politique! Comment , dans un pays censé être "raisonnable" et pondéré, a-t-on pu sombrer au niveau zéro d'une politique de proximité?... Comment peut-on logiquement se fâcher avec un partenaire avec lequel nous gagnons environ un franc sur trois?... Il est vrai qu'historiquement, la Suisse a toujours eu une politique de méfiance à l'égard de la CEE, et c'est au titre de cette méfiance, qu'elle a adhéré à l'AELE proposée à l'époque par le Royaume Uni. c'est amusant de constater que l'accord de l'EEE a été signé, d'abord entre l'UE (ex CEE) et l'AELE.
En 1992, les adversaires à l'EEE, préconisaient, comme alternative, une voie bilatérale!... Soit. C'est ce qui a été obtenu de haute lutte après une grosse décennie de négociations assez pitoyables il faut bien le dire, et plusieurs votations à la clé. À ce sujet il serait mesquin de ne pas saluer la patience des négociateurs de l'UE vis-à-vis de la Suisse.
Depuis 2012, dans l'esprit d'une clarification de nos relations avec l'UE, et surtout une mise à jour constante de nos accords bilatéraux, vitaux pour notre pays, est en négociation. En 2018 (5 ans après!...) bingo, la négociation abouti à un accord tout à fait équilibré ente les deux parties!
Nous sommes maintenant en 2021! Et l'accord n'a même pas encore été soumis au parlement! Que se passe-t-il? Notre gouvernement est-il conscient de le situation?... Il est clair que la politique (ou l'absence de politique) européenne gouvernementale, depuis 1992, est calquée sur celle de Blocher, mais quand même un peu de décence!... Je constate tout de même, que tous les partis gouvernementaux ont une écrasante responsabilité dans ce fiasco. Il y a bien eu quelques velléités de quelques courageux parlementaires (hélas trop peu nombreux) pour défendre une politique européenne cohérente, mais l'incohérence a régné en maîtresse durant ces 30 dernières années au sein de nos instances politiques!
Et maintenant, on voit toute sorte d'avis, pour la plupart fallacieux pour combattre cet accord. Que l'UDC soit contre, c'est normal, c'est leur fond de commerce! Mais quand j'entend Maillard, au nom de la défense (supposée) des travailleurs suisses, s'y opposer, et Christian Levrat constater qu'il n'y a pas de majorité pour l'approuver, j'en viens à me demander ou ces gens ont-ils pu aller chercher tant de veulerie, et ne même pas commencer le début d'une analyse sur le bien-fondé de cet accord, et de le défendre avec énergie et persuasion!
Rémy Bournoud»
@willoft 08.04.2021 | 23h32
«Vous êtes de bons tis gars et garces BLT et même avec une AVS réduite, vous soutiens à full.
Suerte :)»
@hermes 09.04.2021 | 16h19
«Je souhaite réagir aux propos de Richard Golay du 3 avril dernier. De un, M. Golay commente l'actualité européenne comme si la Suisse était spectatrice de l'UE alors qu'elle en est une actrice par sa position géographique et son interdépendance économique. De deux, si l'on est démocrate, on ne peut pas envisager et surtout pas se réjouir de la disparition de l'UE: la démocratie est un système fragile qui nécessite l'union de tous les pays qui la pratiquent, au risque réel sinon de se voir imposer un régime autocrate par tous les despotes de ce monde, à l'exemple de Hong Kong par la Chine. De trois, l'UE n'a que les compétences que les états lui délèguent et je ne vois pas en quoi elle n'est pas démocratique. Et finalement, il n'y a aucun pays parmi les 27 où il n'y ait pas une large majorité des peuples favorables à leur maintien dans l'union (Hongrie et Pologne compris). Par ailleurs, il n'y aurait pas eu de majorité au RU pour le Brexit si leurs medias de caniveau n'étaient pas tombés depuis trop longtemps sous la coupe de milliardaires désireux de s'affranchir de toutes contraintes pour accélérer leur enrichissement personnel.»