Lu ailleurs / «Traiter le Covid comme la grippe»: l'idée audacieuse de Pedro Sánchez
Mesures sanitaires à Valence, en mars 2020. © DR
Le quotidien espagnol «El Pais» rend compte d’un changement de perspective dans la gestion de la crise du coronavirus dans le pays. Dans un futur encore indéterminé mais proche, il en ira du Covid comme de la grippe: une surveillance sérieuse mais plus au cas par cas, une façon de sortir de l’état d’urgence permanent. «Risqué» pour les observateurs, «prématuré» selon l’opposition au premier ministre espagnol.
Depuis quelques semaines, les experts annoncent la possibilité d’un passage de la pandémie de Covid-19 au stade endémique. C’est dans cet esprit que l’Espagne a dévoilé son nouveau système de surveillance et de réaction face au virus: au lieu d’un décompte quotidien des cas et de la persistance d’un état d’urgence, anxiogène et épuisant pour tout le monde, la maladie sera scrutée comme le sont déjà depuis plusieurs années les vagues de grippe saisonnière, par un réseau de médecins et d’hôpitaux «sentinelles». Un certain nombre de cabinets médicaux et de centres hospitaliers serviront d’échantillon représentatif, à la manière des sondages, pour mesurer l’évolution de la maladie dans la population non plus le nez collé aux chiffres remontés des laboratoires mais statistiquement, par «extrapolations». Une façon de rendre également la peur du virus endémique.
La raison invoquée? De plus en plus de personnes ont été en contact avec le virus et ont développé une immunité, soit après avoir guéri, soit en ayant reçu le vaccin. Il en résulte une dissymétrie entre les protocoles sanitaires, de plus en plus complexes et laxistes, et les restrictions, toujours plus strictes. De plus, souligne Amparo Larrauri, chef du groupe de surveillance des maladies respiratoires, l’énorme contagiosité du virus (et en particulier du variant Omicron) et la proportion croissante de cas positifs mais asymptomatiques, rendent quasi intenable la surveillance telle qu’elle est pratiquée depuis le début de la pandémie.
Concrètement, ce système permettra d’éviter la saturation des infrastructures de santé, cabinets, pharmacies, laboratoires, centres de test et services hospitaliers, actuellement débordés par la sixième vague. Mais rien ne changera dans la prise en charge et le traitement des cas graves, insistent les experts espagnols.
Pedro Sánchez s’appuie également sur la létalité du virus, actuellement «proche de 1%» pour enclencher cette stratégie que les experts du pays préparent depuis l’été 2020. Il s’agit bel et bien d’une «nouvelle réalité» poursuit M. Larrauri, qui explique que si l’Espagne est prête à la transition, elle demeure tenue par ses engagements internationaux.
Mais s’il est entendu pour le gouvernement Sánchez que le nouveau système ne sera pas mis en place avant la fin de la vague actuelle, certains alertent déjà sur un excès de confiance. Le quotidien libéral-conservateur La Vanguardia souligne le visage «peu amical» que nous montrent le virus et ses mutations, et affirme qu’il serait prématuré de «libérer les protagonistes» de leurs «obligations».
De fait, le glissement stratégique de l’Espagne est surtout sémantique. Au début de la pandémie, comparer le virus SARS-CoV-2 avec celui de la grippe revenait à en minimiser la gravité, à tort nous a enseigné l’expérience. Ce n’est pas l’idée de Pedro Sánchez. Au contraire: il s’agit de mettre en place une surveillance sanitaire pérenne et viable dans le temps long, conciliable avec le retour à une relative «normalité». «Il faut normaliser et surveiller le Covid, (...) en effectuant des tests PCR sur les patients hospitalisés et en continuant à étudier le virus et ses mutations» expose Iván Sanz, responsable du Centre national de la grippe à Valladolid. Sous-entendu: et ficher la paix aux autres...
«Cet expert nous rappelle que la grippe n'est pas une blague. Et traiter le Covid comme cette maladie, c'est encore la prendre au sérieux», poursuit l’article.
La leçon à tirer de la manœuvre espagnole? Pour peut-être la première fois depuis près de deux ans, nous avons le choix: intégrer la lutte contre le Covid-19 à un arsenal solide et sûr de veille en santé publique, ou continuer à prolonger l’état d’urgence indéfiniment, multiplier les protocoles et les restrictions, avec toujours un train de retard sur l’épidémie.
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Ils étaient également près de 3’000 Barcelonais à se réunir devant la mairie début juillet pour tâcher d’attirer l’attention médiatique sur la question.</p> <p>La mairie, <span>quant à elle, e</span><span>nvisage d’augmenter le montant de la taxe de séjour pour les visiteurs qui débarquent des bateaux de croisière. Cette taxe rapporte actuellement une centaine de millions d’euros, soit la troisième ressource économique de la ville. 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Voire contre-productive pour les associations de résidents qui craignent que leur ville ne se transforme en «Venise-land», le droit de péage constituant le ticket d'entrée pour ce parc d'attraction. «Nous avons atteint un point de non-retour» déplorent les Vénitiens. «Notre ville se meurt pour le profit de quelques uns». Des services de santé ont en effet dû fermer leurs portes, les boutiques de souvenirs kitsch remplacent les enseignes locales: la vie quotidienne devient impossible.</p> <p>De fait, le pari de Carlos Ramirez et de ses voisins a réussi: plusieurs agences de voyages et compagnies aériennes avertissent désormais leurs clients. Il règne en Catalogne un «climat hostile» à leur venue. «Barcelone a à présent mauvaise réputation. De plus en plus de visiteurs ont peur de s’y rendre», explique Antje Martins, spécialiste du tourisme à l’université du Queensland. D’autres professionnels craignent même que la ville ne se retrouve «isolée» et que l’attitude des résidents n’entache la réputation de toute l’Espagne.</p> <p>Car cette révolte s'inscrit dans un paradoxe économique. Barcelone vit largement du tourisme, comme de nombreuses autres régions européennes. Comment concilier prospérité et tranquillité? L’exaspération des habitants ne se dirige d’ailleurs pas vers les touristes eux-mêmes, mais plutôt vers les autorités qui n’ont pas engagé de réflexion profonde – et politique – sur un modèle touristique durable à adopter pour atteindre une forme de consensus entre visiteurs et habitants, un équilibre vivable à long terme. Il s’agit d’un problème structurel. </p> <p>En sus des logements confisqués et de la dévitalisation des centres-villes, la question du respect de l’environnement et des habitants par les visiteurs commence à être abordée et regardée en face. La manne financière du tourisme ne justifie plus tous les excès et toutes les indulgences. A Florence, une touriste mimant une scène sexuelle avec une statue représentant Bacchus a fait scandale. La dégradation d’une fontaine du XVIème siècle par un autre visiteur l’été dernier a soulevé l'indignation des Florentins.</p> <p>Carlos a lui aussi constaté que les touristes se «lâchaient» une fois sur leur lieu de villégiature, s’autorisaient «ici ce qu’ils ne se permettent pas chez eux». «Nous nous sentons véritablement insultés». </p> <p>Amsterdam, la ville du «quartier rouge» et des coffee-shops, a décidé de répliquer: une campagne de «non promotion» lancée en 2023 visait spécialement les jeunes hommes, principaux responsables des nuisances selon les habitants. Les enterrements de vie de garçon ont quelque peu cessé d’empoisonner le quotidien et les nuits des riverains des bars et boîtes de nuit.</p> <p>Une autre stratégie consiste à augmenter drastiquement les prix pour se débarrasser des foules. Mais la gentrification qui s’en suit est encore un fléau pour les locaux. Ainsi à Majorque, tout est désormais «hors de prix» afin de dissuader les «touristes alcoolisés» d’envahir l'île et ses plages. Seulement cette inflation ne bénéficie pas aux habitants.</p> <p>Quelles que soient les méthodes employées, une intervention politique semble indispensable aux habitants de ces zones exposées à la surfréquentation. D’Amsterdam à Venise en passant par Palma de Majorque, tous sont décidés à poursuivre leur combat, «jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli». Un équilibre d’avant EasyJet et AirBnB.</p> <hr /> <h4><a href="https://edition.cnn.com/2024/07/27/travel/why-europe-has-become-an-epicenter-for-anti-tourism-protests-this-summer/index.html" target="_blank" rel="noopener">Lire l'article original</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'surtourisme-un-point-de-non-retour-pour-l-europe', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 152, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 4670, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5065, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les amères retombées des Jeux de Tokyo 2020', 'subtitle' => '«Les Echos» s’est interrogé dans une récente série d’été sur les retombées de l’organisation des Jeux olympiques sur les villes hôtes. 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